1ère publication le 03/08/15- Mise à jour le 04/01/19
Doc Savage Arrive ! par Michael Anderson
AUTEUR : TORNADO
VF : Warner Home Video
Cet article portera sur le film réalisé en 1975 d’après le personnage créé par Lester Dent dans les années 30.
Attention : vous devez impérativement commencer par regarder la bande-annonce avant de lire ce qui va suivre. Car vous ne savourerez réellement le contenu de l’article que si vous avez au préalable visionné le trailer, et en VF de surcroit, car cette VF vaut le détour, comme nous allons le voir plus loin !
Vraiment, nous insistons ! D’abord parce que cette bande-annonce est courte (deux minutes et des brouettes), ensuite parce qu’elle vaut son pesant de cacahuètes (pour citer l’ami Présence) !
Doc Savage : Man of Bronze (Doc Savage Arrive en VF) est un film d’aventure réalisé en 1975 par Michael Anderson. Il s’agit d’un projet produit par George Pal, réalisateur et producteur spécialisé jadis dans le cinéma fantastique, à qui l’on doit quelques chefs d’œuvres du genre (La Guerre des Mondes, La machine A Explorer le Temps).. Pour autant, loin d’être un chef d’œuvre, Doc Savage Arrive est depuis des lustres tombé dans le club privé des meilleurs nanars de l’histoire du cinéma…
Au départ, le personnage de Doc Savage, héros et aventurier séminal (en chemise déchirée), est une icône de la littérature pulp créée par Lester Dent. Il sera ensuite adapté en comic book chez Marvel Comics, avant de rejoindre le 7° art en 1975.
Projet atypique, le film de Michael Anderson ressemble dans sa bande-annonce à un précurseur de la saga Indiana Jones, alors qu’en réalité il prend des airs de parodie, tant il est truffé de gags à prendre au second degré (qui lorgnent clairement du côté de la série TV Batman des années 60). Hélas, n’est pas Blake Edwards ou Billy Wilder qui veut, et le sens de l’humour de Michael Anderson et George Pal ne fait pas toujours mouche, donnant plutôt l’impression au spectateur que les passages rigolos sont involontaires, propulsant ainsi l’ensemble dans une sphère passablement ringarde…
Ringard, Doc Savage Arrive l’est à plus d’un titre. Le pire est – en tout cas en VF – sa bande-son, dominée par une abominable chanson-titre qui revient en boucle et qui semble tout droit sortie d’une chorale qui hésiterait entre les Chœurs de l’Armée Rouge et les Compagnons de la chanson !
Second élément dans la liste des ratés, la compagnie des joyeux drilles qui accompagnent le héros, composée de scouts quadragénaires dont le sens de la répartie est aussi léger et spirituel qu’une émission de Patrick Sébastien. Du scientifique à lunettes qui invente des superlatifs ridicules (du genre « c’est extra-super-méga-giga-fétatoire ») toutes les trente secondes au savant qui ne se déplace jamais sans son bébé porcinet, en passant par l’avocat qui ne parle que dans un jargon juridique de pacotille, c’est un festival de blagues à Toto ! Enfin, les méchants, qui possèdent tous le charisme d’une huitre, ne feraient pas peur à votre grand-mère et, pour terminer, vont et viennent au gré d’un script d’un ennui confondant… La liste pourrait durer encore longtemps, mais je préfère m’arrêter ici…
En VF, le film gagne un troisième degré d’humour surréaliste grâce à la traduction et à ses doubleurs déchainés. On le sait bien, les années 70 furent un âge d’or en la matière et l’on ne compte plus les productions qui furent encore meilleures en VF qu’en VO (si, si, c’est vrai !), comme par exemple les séries Amicalement vôtre et Starsky et Hutch, ou même certains films comme Frankenstein Junior.
Dans Doc Savage Arrive, le casting de doubleurs se lâche complètement et en particulier Georges Aminel, qui s’occupe de doubler le héros. S’il ne sait pas encore à cette époque qu’il sera bientôt la voix française de Dark Vador, Aminel se souvient qu’il fut celle de Sylvestre le chat et se met à zozoter de manière ostentatoire, offrant ainsi au personnage plusieurs tirades hilarantes (« Ze zuis Glark Zavaze zunior ») ! Autour de ce héros zozotant (et pourtant superbe sous les traits de ce Tarzan de Ron Ely qui ne zozote nullement dans la VO !), les autres membres du casting en rajoutent également des tonnes. Sans doute estimaient-ils que le second degré voulu par les auteurs du film n’était pas assez poussé. Et sans doute se sont-ils chargés de combler les manques !
Un monologue grandiloquent avec ….un cheveu sur la langue !
Parallèlement à cette avalanche de partis-pris contre-productifs (ou comment rassembler tout ce qu’il est possible de trouver afin de tuer le « mythe Doc Savage » !), il y avait pourtant quelques idées attachantes. L’acteur principal incarnait ainsi un héros parfait, fort et charmant à la fois, semblant sortir tout droit d’une couverture de pulp magazine, et tout son attirail doré, orné du poinçon « Doc Savage », collait au poil de cette imagerie « année 30 », dans un New-York art-déco du plus bel effet. Les passages dans la jungle nous réservaient quelques jolis décors de type « grande aventure », dont deux ou trois superbes peintures sur verre en forme de falaises escarpées.
Afin de donner au héros un côté iconique, toujours au second degré, Ron Ely ne cessait enfin de jouer des muscles et de charmer son auditoire, faisant craquer sa chemise (comme le faisait le personnage à l’origine !) sous ses mouvements félins et briller ses yeux par dessus un sourire ravageur…
A l’arrivée, Doc Savage Arrive est un nanar décalé complètement improbable, une sorte de mélange ni fait ni à faire entre second degré assumé et humour involontaire (et entre les deux, la marge est parfois ténue !). Le film souffre avant tout d’un script lénifiant et d’un casting en roue libre, le tout enrobé de quelques rares effets spéciaux extrêmement kitsch. Ceux qui n’ont vu que la bande-annonce (j’espère que vous ne l’avez pas ratée…) ont probablement fantasmé sur un ancêtre méconnu d’Indiana Jones (la bande-annonce, cette coquine, étant bien plus rythmée et efficace que le film en entier, où le beau héros apparait seul dans une sélection des plus belles images !).
Les autres se souviendront d’un spectacle bicéphale parfois attachant, souvent ennuyeux, plein de bonnes idées jamais complètement exploitées (tout un tas de gadgets hérités de James Bond dont on aurait aimé voir le héros se servir !) et, au final, d’une sorte de cartoon raté perdu entre les pulps et le feuilleton ringard à la Papa Schultz…
Quant au réalisateur Michael Anderson, que dire… Il s’agit à la fois d’un réalisateur ayant livré quelques films marquants dans le genre qui nous intéresse (Le Tour du Monde en 80 Jours, Orca, L’Âge de Cristal), sans toutefois avoir jamais brillé par son art. Fidèle à lui-même, il nous emballe notre Doc Savage de manière ennuyeuse, avec une bonne louche de kitsch instantané.
Le projet était pourtant vraiment bon. Le producteur George Pal essuya ainsi son dernier échec, le studio Warner Bros décidant, au dernier moment, de faire des économies en divisant le budget du film par deux !
Doc Savage Arrive dort ainsi depuis dans les annales du nanar, demeurant éternellement le fantasme de ce qu’il aurait pu être…
Comme nous sommes chez Bruce Lit, et bien que la chose mériterait sans doute un article détaillé (un jour, peut-être), nous terminerons par un petit tour d’horizon du côté des comics.
Selon notre bon vieux Wikipedia, « Doc Savage est un médecin, un chirurgien, un scientifique, un aventurier, un inventeur, un explorateur, un chercheur et un musicien. Une équipe de scientifiques (réunie par son père) a, dès sa naissance, entraîné son corps et son esprit pour leur donner des capacités quasi surhumaines. Il en a gardé une énorme force physique, une très grande endurance, une mémoire photographique, la maîtrise des arts martiaux et de larges connaissances scientifiques. Il redresse les torts et punit les méchants… » Bref, un pur super-héros !
Bien après que La majeure partie des 190 romans de la série ait été écrite par Lester Dent entre 1933 et 1949 (et diffusée dans les Pulps Streets & Smith de l’époque), le personnage échoua dans les pages de l’éditeur Marvel Comics.
Entre 1972 et 1973, le scénariste Steve Englehart et les dessinateurs Ross Andru & Jim Mooney adaptent ses aventures (Gardner F. Fox reprend ensuite le script et plusieurs dessinateurs se succèdent avant l’arrêt de cette première version de seulement huit épisodes). Cette première série, moi, elle ne me plaira sûrement pas, tant le style infantile du sieur Englehart m’est insupportable…
On retrouve Clark Savage Jr en 1975 (l’année du film ! avec l’affiche de ce dernier en couverture !) dans une nouvelle série publiée, non pas en comics, mais en magazine (à côté de Playboy sur les rayons du libraire) sous les auspices du scénariste Doug Moench et des artistes John Buscema & Tony DeZuniga (huit épisodes aussi). Cette fois, je pense que j’aimerais beaucoup, puisque je suis assez preneur du style de Mister Moench et que les artistes en question nous avaient livré à l’époque un superbe Savage Sword of Conan et un très chouette Tarzan (style narratif un peu plus adulte dans les magazines que dans les comics de toute manière) !
La plupart de ces comics publiés chez Marvel ont été traduits en français :
1) Marvel’s Doc Savage (#1-8) dans Titans, chez Lug (Titans #4 à 11)
2) Marvel’s Doc Savage Magazine (#1-3, 1975) dans La Planète des singes, toujours chez Lug, (entre 1977 et 1978).
3) Marvel’s Two-in-One (#21, 1976) dans Spécial Strange (#15). Dans ce one-shot, Doc Savage fait équipe avec la Chose des Fantastic Four !
Il faut attendre ensuite plus de trente ans, en 2010, avant que DC Comics ne récupère la franchise et la transpose dans sa ligne de comics Firts Wave, dans laquelle cohabitent les super-héros de l’époque des pulps. Soit Doc Savage, le Spirit et… Batman ! Après deux mini-séries écrites par Brian Azzarello et dessinées par Rags Morales (dans un style affreux), notre Doc bénéficie de trois tomes pour lui tout seul. A ce jour, les critiques sont plutôt mauvaises. Mais… ceci est une autre histoire.
Ah ouais… quand même…
Je ne sais pas quoi penser du doublage… Apparemment, le film d’origine assumait déjà son style décalé/ridicule. Mais avec le doublage…
Si on peut en rire aujourd’hui, j’imagine que les fans du perso durent à l’époque être bien déçus…
Pour ma part, je connais assez peu ce perso et plutôt à travers ses ersatzs : Doc Brass dans Planetary et Tom Strong.
Oh là là, cette bande annonce…Je ne connaissais ni le héros papier, ni le héros cinéma, en tout cas je me marre comme une baleine….sauvage. J’admire vraiment ta culture du nanar, la mienne étant loin d’être aussi étendue.
Ai je bien lu ? Le réalisateur de ce machin a signé le film « Orca » que j’ai toujours trouvé magnifique ?
Oui, oui, c’est bien lui…
Arf ! Incroyable ! J’ai revu la BO, c’est édifiant : le serpent laser, Savage qui s’acharne à la machette sur de pauvres plantes absolument pas sur son passage, le fameux zozotement. C’est incroyable tellement c’est beau ! Mais quelle mouche a fouetté le doubleur ? La WB n’a pas fait un procès à ce gars ?????
Et puis tu as vu ce truc où, c’est passé à la TV chez Eddy Mitchell ?
Et pourtant, je suis admiratif de la culture nanar. On parle quand même de millions de pognon jeté à la poubelle ! Il y a quelque chose pourtant de fondamentalement touchant là dedans. A l’inverse de la culture blockbuster de maintenant où chaque centime est amorti, c’est réjouissant de voir qu’un film peut se vautrer, cela redonne une dimension humaine à la chose, de non mathémathique, d’inexact…..
Aaaah Doc Zavaz… pardon Savage ! Alors que la chronique et les extraits de ce film me faisaient bien marrer sur Nanarland, j’ai fini par enfin le voir au bout de quelques années.
Tornado résume parfaitement ce film atypique, que l’on sent à la fois fidèle dans les apparences au matériel d’origine mais totalement fauché au niveau des moyens ou du scénario qui devient carrément ronflant dans son dernier tiers. On retiendra quand même quelques tentatives esthétiques comme le repaire du héros avec son aigle sculpté sur la façade, mais aussi de beaux ratés comme l’ouverture du film qui se fait avec un plan montrant le Doc en pleine méditation yoga… en slip sur la banquise devant un igloo par lequel il entre dans sa Forteresse de solitude ! Hé oui, L’Homme d’Acier ne doit pas à l’Homme de Bronze que son prénom, Doc Savage a préfiguré de nombreux traits de la mythologie de Superman qui sont aujourd’hui solidement établis sans que le lecteur moyen ne connaisse forcément la filiation.
Le film vaut le coup d’oeil principalement pour ce fameux doublage, véritable festival de grand-guignolerie surréaliste. Laissons d’ailleurs le Doc conclure cet article par un compliment qui ira à son auteur : https://www.youtube.com/watch?v=vYkhUeJps2c
Comme Bruce je ne connaissais rien de ce personnage, mais la BA est terrible ! C’est vraiment hilarant, le zozotement étant la cerise sur le gâteau ! Merci Tornado de nous faire découvrir de telles pépites !
Merci pour cette bande annonce exceptionnelle.
Ce que tu décris de l’équipe de Doc Savage est totalement conforme à ce que j’ai pu en voir dans les comics, y compris le savant qui ne se déplace jamais sans son porcelet.
En plus des comics que tu cites, DC Comics avait tenté une opération de rapatriement de Doc Savage à l’époque actuelle, dans une minisérie de Dennis O’Neil et des frères Kubert (1987), suivie par une série de 24 épisodes écrite par Mike W. O’Barr.
Un éditeur que je ne connais pas Millennium Publications avait sorti plusieurs histoires courtes au début des années 1990. Dark Horse avait publié des récits plus classiques (2 miniséries) au milieu des années 1990. Enfin, Dynamite a repris la license et recommencé à publier des comics de Doc Savage fin 2013.
@Bruce : J’ai d’abord vu la bande-annonce en louant une vidéo-cassette, j’avais quoi, douze ou treize ans. C’était la grande époque des « Indiana Jones » et la bande annonce en question m’avait vraiment fait fantasmé.
Et puis, peu de temps après, la vidéo est sortie chez mon Vidéo-club de quartier. Je l’ai loué et copié sur VHS ! Du haut de mas 12/13 ans, j’avais été déçu tout en aimant bien le film quand même !
@Marti : C’est vrai que les ressemblances avec Superman sont incroyables ! Même prénom, même surnom ou presque (« man of bronze » pour l’un, « man of steel » pour l’autre !), et même forteresse de la solitude dans le même pôle-nord !!! C’est ça un héros séminal ! Il est la source ! 🙂
@Présence : Merci pour toutes ces précisions quant à la vie éditoriale du « Doc » dans le monde des comics. J’ai fait quelques recherches, mais je n’ai pas trouvé le quart de tout ce qui a été fait apparemment. Quand je dis que ça mériterait un article rien que pour ça !
N’empêche, quand j’étais gamin, ce personnage me fascinait. Mais impossible de dire pourquoi, en dehors du fait que je le voyais dans les pages de « Titans » et de « La Planète des Singes » (deux magazines que mon grand frère lisait !).
J’avais également été fasciné par ce bel homme se découpant sur un fond bleu, les pieds dans le sable, et un épisode qui ne ressemblait à rien de tout ça dans les pages de Titans. Pour avoir lu les épisodes d’Englehart, je confirme que c’est assez mauvais.
J’ai té regardé la bande annonce en VO : le second degré y est aussi épais que dans la version VF.
On recommence en français : j’ai été regarder la bande annonce en VO.
Titans était le mensuel spatial que je ne lisais jamais….
Il semblerait que la question du prénom soit un peu plus complexe que cela : les deux héros le devraient à l’acteur-star de l’époque de leur création, Clark Gable !
Le Doc a laissé sa marque dans de nombreux comics, que ce soit comme inspiration (difficile de ne pas voir dans la bande formée par Doc Savage, sa cousine et ses Fabulous Five les ancêtres des groupes de super-aventuriers comme les Challengers of the Unknown ou les Fantastic Four !) ou qu’il lui soit rendu hommage : ainsi, Dave Stevens a représenté l’inventeur du jetpack du Rocketeer sous les traits de l’Homme de Bronze !
Sinon, personne n’a relevé alors j’insiste : Celui qui double Doc Savage en VF c’est Georges Aminel, la voix de Sylvestre le chat, et de Dark Vador !
« Nan, ze zuiz don bère ! »
S’il avait doublé Dark Vador comme ça, cela aurait eu moins de classe. A côté de ça les traductions « Chiktabba », « Millenium Condor » et compagnie apparaisse comme un moindre mal !
N’oubliez pas de regarder la bande annonce !!! 😀
Tiens il a été mis a jour aussi cet article ? C’était visible nulle part.
ça a l’air puissamment ridicule ce film. Je ne l’ai jamais vu. Je ne suis pas fan des VF qui en rajoutent dans le comique involontaire ou ridicule. C’est pas une question d’être puriste, c’est juste que j’ai la sensation de ne pas voir le film tel qu’il est. Et même s’il est raté à la base, je tiens à savoir si tel ou tel passage est vraiment drôle ou mal foutu avant le passage des doubleurs VF qui n’ont rien à voir avec la production du film. Car après tout, n’importe quel film doublé en russe devient drôle par exemple^^ Z’avez jamais entendu un doublage russe ? Par dessus les voix anglaises comme des reportages, et avec le même ton monocorde du mec vautré dans son sofa qui récite le script.
Après pour rigoler, ça peut toujours être marrant de se farcir la VF.
@Matt: L’article est mentionné sur Facebook (je me demandais à qui s’adressais Tornado, j’ai ma réponse).
Des années 60 aux années 80, on a eu une génération de doubleurs exceptionnelle en France (rien à voir avec la mode actuelle de prendre des présentateurs TV). Georges Aminel excellait autant en Sylvestre le chat qu’en Dark Vador, Roger Carel était capable de doubler n’importe quel caractère, et certains doubleurs sont devenus de très grands acteurs de théâtre (comme Pierre Arditi).
Pour doubler « Doc Savage Arrive », les acteurs ont choisi le 2nd degré et ça apporte une plus-value à un film complètement fou et décalé. C’est un coup de génie. J’ai lu plusieurs critiques qui mettaient l’accent sur le talent de ces doubleurs, capables d’improviser et de rehausser la qualité d’un film ou d’une série. Plus d’un critique trouve que « Frankenstein Junior » est encore meilleur en VF, ou que « Starsky & Hutch » prend une dimension carrément supérieure avec la complicité de ses deux doubleurs principaux.
A partir du moment où l’on accepte le procédé de la traduction, on peut aussi partir du principe que ça devient un élément important de la forme du film.
Bah oui et non.
Ou du moins j’estime qu’il faut aussi voir le film en VO pour mesurer ce que la VF apporte. Parce qu’elle peut enlever quelque chose aussi. Et à ce moment là, ça ne me semble par normal qu’on démolisse la forme d’un film sur sa mauvaise VF.
Alors….peut-on étendre cette théorie à Ken le survivant?
Bon avant de subir une fatwa, je vais avouer qu’en fait je ne suis pas dut out fan de la série originale et que seules les facéties débilo-décadentes de la VF m’ont rendu cette série supportable.
Je trouvais d’ailleurs bien plus malsain ainsi d’ailleurs, c’est un peu comme si l’asile d’Arkham avait lâché ses portes su la planète entière.
La vraie histoire avec tous ces histoires, tu es mon frère que j’adore mais que je dois tuer…..ça m’a laissé froid.
Savez vous que la famille de Maurice Sarfati a reçu plein de lettre de condoléances de la part des fans de NIkki Larson lors de son décès… ils n’avaient jamais réalisé la portée des conneries qu’ils improvisaient en studio…drôle d’épitaphe pour celui qui fut le premier doubleur de Robert de Niro
Ken le survivant, je ne supporte pas la VF. C’est trop n’importe quoi, même si je comprends qu’on peut trouver ça drôle si on n’aime pas la série. Mais les épisodes sont ultra censurés aussi. De 25m ça passe à 15min parfois.
Nicky Larson, c’est un peu différent. Même si parfois ça m’agace parce qu’on sent que l’épisode est sérieux et que le méchant est fort et dangereux, à d’autres moments c’est bien marrant. Et le doubleur de Nicky Larson, lui il est super bon !
L’article de JP sur Ken : http://www.brucetringale.com/juste-une-mise-au-poing/
Et celui de bibi : http://www.brucetringale.com/la-legende-de-lhomme-aux-7-cicatrices/
@Matt : « Ou du moins j’estime qu’il faut aussi voir le film en VO pour mesurer ce que la VF apporte ».
Mais c’est une belle formule de puriste ça ! 😉
On en a certainement déjà parlé, mais pour ma part je peux aimer les deux. En revanche je suis systématiquement attaché à ma première expérience. Si j’ai découvert le film en VO et que j’en suis tombé amoureux comme ça, je ne veux plus le voir autrement. Et inversement pour la VF. Par contre, si j’ai trouvé la VF merdique, je vais systématiquement rechercher à revoir le film (ou la série) en VO.
N’empêche que je persiste et signe : Les doubleurs VF des années 60, 70 et 80, c’était du haut niveau !
Et ce « Doc Savage Arrive » demeure un joli cas où la VF tire le film vers une dimension extraordinaire, lui apportant certainement un supplément d’âme (j’ai regardé des extraits en VO, et le charme n’était pas au rendez-vous).
Alors quand on est curieux ou qu’on veut juger un film équitablement, on est puriste ? Je commence à détester ce mot.
C’est juste que pour moi, un mec qui dit « pouah ce film c’est de la merde, les dialogues sont à chier et les acteurs jouent mal » et qui avoue ne pas avoir vu la VO, ça m’agace. Parce qu’il juge sur une VF qui est peut être responsable du problème. Après s’il ne veut pas le voir autrement, il a le droit. Mais qu’il ne vienne pas juger le film là dessus. C’est ça que j’entendais par « il faut avoir vu la VO pour voir ce que la VF apporte (ou retire) ». Le principe simple du « quand on sait pas, on ferme sa g… »
Moi aussi je suis attaché à des VF. Mais rarement par nostalgie. Quand je revois les mangas de mon enfance, y’a des paquets de VF merdiques que je ne supporte plus. La VF de Cowboy Bebop par contre je l’aime bien.
Je suis assez d’accord avec Tornado pour les doubleurs des années 60 à 80. J’ai énormément de mal à regarder Retour vers le futur ou Amicalement vôtre en VO.
Mais chacun fait ce qu’il veut. Moi je parlais juste du cas ou tu viens critiquer le film ou écrire un article. Juger les mauvais dialogues ou les mauvais jeux d’acteur, à moins que l’acteur soit complètement bourré, c’est quand même mieux avec les vraies voix des gens et les répliques originales du script. Regardez les trad de Coulomb ! Si elle traduisait des films, on serait bon pour se marrer sur le film le plus sérieux du monde.^^
Mais ceux qui sont bien contents avec les VF, tant mieux. Je ne regarde pas souvent les films américains en VO d’ailleurs. Les films asiatiques beaucoup plus, parce que les VF sonnent souvent bizarres à cause de la grande différence entre nos langues et des libertés de traduction pour coller aux mouvements des lèvres. Les animes j’ai pris l’habitude de les voir en VO. Dans ce domaine il y a beaucoup de mauvaises VF. Du coup même plus envie d’essayer. Et puis je me suis habitué à force de regarder du fansub (des séries traduites par les fans qui ne sortent pas chez nous. Non c’est pas illégal…enfin…pas trop. Y’a pas d’autre moyen de toutes façons. Certaines séries n’arrivent jamais chez nous. Un paquet même.)
*** « tout un tas de gadgets hérités de James Bond »
Ben, non, justement. Chronologie. Il n’est en fait pas impossible que Ian Fleming ait fortement louché sur Doc en écrivant James Bond – qui n’avait d’ailleurs pas autant de gadgets dans les romans que dans les films. De même que Superman et Batman doivent énormément à Doc Savage: il ne faut pas demander ce que lisaient les jeunes Shuster et Siegel quand ils étaient plus jeunes encore, quand on voit que Superman bénéficie dans les glaces de l’Arctique d’une Forteresse de la Solitude qui existait déjà là sous le même nom en 1933 dès le premier numéro de Doc Savage; et on peut se douter des lectures de quiconque faisait Batman pour Kane – Jerry Robinson, sans doute? – quand on voit que la ceinture de gadgets de Batman évoque étrangement le gilet de gadgets de Doc, et que certains ennemis de Doc – comme les géants créés par un savant fou des « Monstres » – se retrouvent dès les premiers Batman (qui tapent aussi allègrement dans les romans du Shadow, d’ailleurs).
*** « Il faut attendre ensuite plus de trente ans, en 2010, avant que DC Comics ne récupère la franchise et la transpose dans sa ligne de comics Firts Wave »
Ouais. Enfin non, pas vraiment: pendant ces trente ans, la franchise a déjà été adaptée par nombre de petits éditeurs (je n’ai que Millennium qui me revienne à l’esprit sans faire de recherches) qui ont sorti un peu de tout, généralement du pas très bon, voire de l’abominable, tant en adaptation des romans d’origine qu’en aventures originales. Mais il faudrait aussi se souvenir de la reprise par DC dès les années 80, pendant leur deuxième version du Shadow – on a même droit à un crossover entre les deux. Regrettablement, l’idée était d’amener Doc à l’époque actuelle, et le scénario alambiqué et improbable de Denny O’Neil n’a pas vraiment fonctionné; on dira juste que les fils Kubert qui officiaient au dessin n’ont pas laissé une version immortelle de Doc (on est reparti dans le modèle Bama), ni de ses aides (grotesques). Ça a été réédité il y a qqs années en trade sous le titre « The Silver Pyramid », et c’est pas indispensable.
« First Wave », beaucoup plus tard, a été un chaos absolu, mal géré par Azzarello (qui a gaiement saccagé the Avenger, autre héros des pulps, en en faisant un psychopathe de plus, de façon à replonger tout ça dans le polar noir glauque, comme d’hab avec Azza…): au bout d’une quinzaine d’épisodes de Doc, on ne connaissait toujours pas les opposants dans la guerre qui avait formaté les débuts de la série. Ça, c’est de la gestion bien fichue de l’information. :-/
Le problème de Doc en comics, c’est qu’en dehors des couvertures hyper-réalistes, magnifiques mais infidèles, de Jim Bama, sorti de sa chemise déchirée, il n’a pas de visuel fort (durant les années 40, il a sa propre série, mais pour rester au niveau des autres personnages de l’époque, le malheureux se retrouve affublé d’une cagoule, et d’un joyau magique qui lui permet de voler), alors que le Shadow a un costume frappant (qui lui permettra d’ailleurs d’être publié en France, même si c’est sous le nom de… Judex!) qui soutient mieux des adaptations visuelles. Les boucles de ceinture et gadgets marqués du logo Doc Savage dans le film de Pal, loin de « coll[er] au poil de cette imagerie « année 30 » », sont une des débilités profondes du film à attribuer directement à l’influence kitsch et délétère de la série « Batman ». Dans les romans, Doc emploie du matériel résolument banalisé, plutôt que cette batterie d’accessoires de clown.
Je ne sais pas ce que Shane Black va faire du personnage: d’un côté, il est supposé être un fan absolu de la série; de l’autre, son Doc Savage sera joué par Dwayne Johnson, ce qui annonce un visuel basé sur les couvertures de Bama. Y a d’emblée un côté grand écart qui s’annonce. Si ce film se fait un jour.
Mais qu est ce que ça fait du bien un bon nanars…
Je n ai pas eu la chance de voir ce film mais cette bande annonce est un régal. Et cet article excellent. Ze dit brazo.
Merci 🙂
Toujours pas de sortie DVD pour ce film en revanche… 🙁
Ce remaster m’a permis de revisiter tout ça.
Le teaser reste irrésistible. Doc Savage arrive…..en France seulement….Même la promo est ratée. Le monteur du trailer a dû s’absenter car il y au moins deux scènes de dialogues interminables. Tu évoques les choeurs de l’armée rouge pour la chanson du film…Moi ça m’évoquerait plutôt MARÉCHAL NOUS VOILA, une hypothèse corroborée par le monologue grandiloquent très famille-patrie.
Dommage car l’acteur de manque pas de superbe et m’évoque par moment Marlon Brando (mais pas autant que Richard Harris dans ORCA).