1ère publication le 03/08/15- Mise à jour le 04/01/19
Doc Savage Arrive ! par Michael Anderson
AUTEUR : TORNADO
VF : Warner Home Video
Cet article portera sur le film réalisé en 1975 d’après le personnage créé par Lester Dent dans les années 30.
Attention : vous devez impérativement commencer par regarder la bande-annonce avant de lire ce qui va suivre. Car vous ne savourerez réellement le contenu de l’article que si vous avez au préalable visionné le trailer, et en VF de surcroit, car cette VF vaut le détour, comme nous allons le voir plus loin !
Vraiment, nous insistons ! D’abord parce que cette bande-annonce est courte (deux minutes et des brouettes), ensuite parce qu’elle vaut son pesant de cacahuètes (pour citer l’ami Présence) !
Doc Savage : Man of Bronze (Doc Savage Arrive en VF) est un film d’aventure réalisé en 1975 par Michael Anderson. Il s’agit d’un projet produit par George Pal, réalisateur et producteur spécialisé jadis dans le cinéma fantastique, à qui l’on doit quelques chefs d’œuvres du genre (La Guerre des Mondes, La machine A Explorer le Temps).. Pour autant, loin d’être un chef d’œuvre, Doc Savage Arrive est depuis des lustres tombé dans le club privé des meilleurs nanars de l’histoire du cinéma…
Au départ, le personnage de Doc Savage, héros et aventurier séminal (en chemise déchirée), est une icône de la littérature pulp créée par Lester Dent. Il sera ensuite adapté en comic book chez Marvel Comics, avant de rejoindre le 7° art en 1975.
Projet atypique, le film de Michael Anderson ressemble dans sa bande-annonce à un précurseur de la saga Indiana Jones, alors qu’en réalité il prend des airs de parodie, tant il est truffé de gags à prendre au second degré (qui lorgnent clairement du côté de la série TV Batman des années 60). Hélas, n’est pas Blake Edwards ou Billy Wilder qui veut, et le sens de l’humour de Michael Anderson et George Pal ne fait pas toujours mouche, donnant plutôt l’impression au spectateur que les passages rigolos sont involontaires, propulsant ainsi l’ensemble dans une sphère passablement ringarde…
Ringard, Doc Savage Arrive l’est à plus d’un titre. Le pire est – en tout cas en VF – sa bande-son, dominée par une abominable chanson-titre qui revient en boucle et qui semble tout droit sortie d’une chorale qui hésiterait entre les Chœurs de l’Armée Rouge et les Compagnons de la chanson !
Second élément dans la liste des ratés, la compagnie des joyeux drilles qui accompagnent le héros, composée de scouts quadragénaires dont le sens de la répartie est aussi léger et spirituel qu’une émission de Patrick Sébastien. Du scientifique à lunettes qui invente des superlatifs ridicules (du genre « c’est extra-super-méga-giga-fétatoire ») toutes les trente secondes au savant qui ne se déplace jamais sans son bébé porcinet, en passant par l’avocat qui ne parle que dans un jargon juridique de pacotille, c’est un festival de blagues à Toto ! Enfin, les méchants, qui possèdent tous le charisme d’une huitre, ne feraient pas peur à votre grand-mère et, pour terminer, vont et viennent au gré d’un script d’un ennui confondant… La liste pourrait durer encore longtemps, mais je préfère m’arrêter ici…
En VF, le film gagne un troisième degré d’humour surréaliste grâce à la traduction et à ses doubleurs déchainés. On le sait bien, les années 70 furent un âge d’or en la matière et l’on ne compte plus les productions qui furent encore meilleures en VF qu’en VO (si, si, c’est vrai !), comme par exemple les séries Amicalement vôtre et Starsky et Hutch, ou même certains films comme Frankenstein Junior.
Dans Doc Savage Arrive, le casting de doubleurs se lâche complètement et en particulier Georges Aminel, qui s’occupe de doubler le héros. S’il ne sait pas encore à cette époque qu’il sera bientôt la voix française de Dark Vador, Aminel se souvient qu’il fut celle de Sylvestre le chat et se met à zozoter de manière ostentatoire, offrant ainsi au personnage plusieurs tirades hilarantes (« Ze zuis Glark Zavaze zunior ») ! Autour de ce héros zozotant (et pourtant superbe sous les traits de ce Tarzan de Ron Ely qui ne zozote nullement dans la VO !), les autres membres du casting en rajoutent également des tonnes. Sans doute estimaient-ils que le second degré voulu par les auteurs du film n’était pas assez poussé. Et sans doute se sont-ils chargés de combler les manques !
Un monologue grandiloquent avec ….un cheveu sur la langue !
Parallèlement à cette avalanche de partis-pris contre-productifs (ou comment rassembler tout ce qu’il est possible de trouver afin de tuer le « mythe Doc Savage » !), il y avait pourtant quelques idées attachantes. L’acteur principal incarnait ainsi un héros parfait, fort et charmant à la fois, semblant sortir tout droit d’une couverture de pulp magazine, et tout son attirail doré, orné du poinçon « Doc Savage », collait au poil de cette imagerie « année 30 », dans un New-York art-déco du plus bel effet. Les passages dans la jungle nous réservaient quelques jolis décors de type « grande aventure », dont deux ou trois superbes peintures sur verre en forme de falaises escarpées.
Afin de donner au héros un côté iconique, toujours au second degré, Ron Ely ne cessait enfin de jouer des muscles et de charmer son auditoire, faisant craquer sa chemise (comme le faisait le personnage à l’origine !) sous ses mouvements félins et briller ses yeux par dessus un sourire ravageur…
A l’arrivée, Doc Savage Arrive est un nanar décalé complètement improbable, une sorte de mélange ni fait ni à faire entre second degré assumé et humour involontaire (et entre les deux, la marge est parfois ténue !). Le film souffre avant tout d’un script lénifiant et d’un casting en roue libre, le tout enrobé de quelques rares effets spéciaux extrêmement kitsch. Ceux qui n’ont vu que la bande-annonce (j’espère que vous ne l’avez pas ratée…) ont probablement fantasmé sur un ancêtre méconnu d’Indiana Jones (la bande-annonce, cette coquine, étant bien plus rythmée et efficace que le film en entier, où le beau héros apparait seul dans une sélection des plus belles images !).
Les autres se souviendront d’un spectacle bicéphale parfois attachant, souvent ennuyeux, plein de bonnes idées jamais complètement exploitées (tout un tas de gadgets hérités de James Bond dont on aurait aimé voir le héros se servir !) et, au final, d’une sorte de cartoon raté perdu entre les pulps et le feuilleton ringard à la Papa Schultz…
Quant au réalisateur Michael Anderson, que dire… Il s’agit à la fois d’un réalisateur ayant livré quelques films marquants dans le genre qui nous intéresse (Le Tour du Monde en 80 Jours, Orca, L’Âge de Cristal), sans toutefois avoir jamais brillé par son art. Fidèle à lui-même, il nous emballe notre Doc Savage de manière ennuyeuse, avec une bonne louche de kitsch instantané.
Le projet était pourtant vraiment bon. Le producteur George Pal essuya ainsi son dernier échec, le studio Warner Bros décidant, au dernier moment, de faire des économies en divisant le budget du film par deux !
Doc Savage Arrive dort ainsi depuis dans les annales du nanar, demeurant éternellement le fantasme de ce qu’il aurait pu être…
Comme nous sommes chez Bruce Lit, et bien que la chose mériterait sans doute un article détaillé (un jour, peut-être), nous terminerons par un petit tour d’horizon du côté des comics.
Selon notre bon vieux Wikipedia, « Doc Savage est un médecin, un chirurgien, un scientifique, un aventurier, un inventeur, un explorateur, un chercheur et un musicien. Une équipe de scientifiques (réunie par son père) a, dès sa naissance, entraîné son corps et son esprit pour leur donner des capacités quasi surhumaines. Il en a gardé une énorme force physique, une très grande endurance, une mémoire photographique, la maîtrise des arts martiaux et de larges connaissances scientifiques. Il redresse les torts et punit les méchants… » Bref, un pur super-héros !
Bien après que La majeure partie des 190 romans de la série ait été écrite par Lester Dent entre 1933 et 1949 (et diffusée dans les Pulps Streets & Smith de l’époque), le personnage échoua dans les pages de l’éditeur Marvel Comics.
Entre 1972 et 1973, le scénariste Steve Englehart et les dessinateurs Ross Andru & Jim Mooney adaptent ses aventures (Gardner F. Fox reprend ensuite le script et plusieurs dessinateurs se succèdent avant l’arrêt de cette première version de seulement huit épisodes). Cette première série, moi, elle ne me plaira sûrement pas, tant le style infantile du sieur Englehart m’est insupportable…
On retrouve Clark Savage Jr en 1975 (l’année du film ! avec l’affiche de ce dernier en couverture !) dans une nouvelle série publiée, non pas en comics, mais en magazine (à côté de Playboy sur les rayons du libraire) sous les auspices du scénariste Doug Moench et des artistes John Buscema & Tony DeZuniga (huit épisodes aussi). Cette fois, je pense que j’aimerais beaucoup, puisque je suis assez preneur du style de Mister Moench et que les artistes en question nous avaient livré à l’époque un superbe Savage Sword of Conan et un très chouette Tarzan (style narratif un peu plus adulte dans les magazines que dans les comics de toute manière) !
La plupart de ces comics publiés chez Marvel ont été traduits en français :
1) Marvel’s Doc Savage (#1-8) dans Titans, chez Lug (Titans #4 à 11)
2) Marvel’s Doc Savage Magazine (#1-3, 1975) dans La Planète des singes, toujours chez Lug, (entre 1977 et 1978).
3) Marvel’s Two-in-One (#21, 1976) dans Spécial Strange (#15). Dans ce one-shot, Doc Savage fait équipe avec la Chose des Fantastic Four !
Il faut attendre ensuite plus de trente ans, en 2010, avant que DC Comics ne récupère la franchise et la transpose dans sa ligne de comics Firts Wave, dans laquelle cohabitent les super-héros de l’époque des pulps. Soit Doc Savage, le Spirit et… Batman ! Après deux mini-séries écrites par Brian Azzarello et dessinées par Rags Morales (dans un style affreux), notre Doc bénéficie de trois tomes pour lui tout seul. A ce jour, les critiques sont plutôt mauvaises. Mais… ceci est une autre histoire.
Oui, tu as raison pour Maréchal Nous Voilà. Tu peux remplacer la référence in-situ, si tu veux 😉
Je suis d’accord avec toi aussi pour l’acteur. Il n’a pas eu la chance d’obtenir des rôles intéressants dans sa carrière (quasiment aucun rôle principal en dehors de Doc Savage et Tarzan). C’est dommage. J’aimais beaucoup sa version de Tarzan quand j’étais gamin. Ma préférée après celle de Weissmüller.
NON ! Ze Change plus rien !