Bullshit Detector Daredevil par Chip Zdarsky
1ère publication le 11/05/21 – MAJ le 07/01/24
Un bullshit DD-tector par JP NGUYEN et BRUCE LITVO : Marvel
VF Panini
En 2019, la série DAREDEVIL a été relancée dans un 6ème volume, sous la plume de Chip Zdarsky et les crayons de Marco Checchetto. Le recueil regroupant les cinq premiers épisodes de ce run ont été chroniqués par Présence ici.
Dans cet article, nous couvrirons les numéros suivants, qui ont été regroupés dans plusieurs recueils, dont nous vous proposons un très rapide résumé.
Attention, ne craignant aucune punition divine, nous nous adonnerons au péché du Spoiler !
NO DEVILS, ONLY GOD (6-10) : Matt Murdock se retire de la vie super-héroïque et débute une relation avec Mindy Libris, une bibliothécaire dont la famille fait partie de la Mafia. L’histoire n’est pas tout à fait claire sur le fait que la fille soit moche ou mal dessinée par Lalit Kumar Sharma.
THROUGH HELL (11-15) : Celui-qui-ne-s’appelle-plus-Daredevil s’entraîne avec Elektra (qui, depuis le run de Charles Soule, a oublié que Matt était DD) (mais qui n’est foutue de reconnaître des cheveux roux qui dépassent de son masque – Bruce…) alors que dans Hell’s Kitchen naissent des imitateurs, qui ont tout compris aux fondamentaux du DD moderne : porter un masque rouge et se prendre des dérouillées… Matt rompt avec Mindy et Wilson Fisk se met à fréquenter la haute société, en particulier les richissimes Stromwyns.
END OF HELL (16-20) : Titre trompeur car ce n’est pas la fin du run de Zdarsky. Belle Libris, la petite fille de Mindy, est victime d’un enlèvement commandité par le Hibou. Les Stromwyns, désireux de s’emparer d’Hell’s Kitchen, provoquent un chaos total dans le quartier en envoyant une équipe composée de Bullseye, Bullet, Crossbones, Stilt-Man et Rhino.
TRUTH/DARE (21-25 + Annual) : Mike Murdock, le frère inventé de Matt, a réellement pris vie (Charles Soule, ton héritage impitoyable…). Et le vrai Matt ? Il tergiverse pour se rendre aux autorités et effectuer une peine de prison pour le meurtre accidentel de Leo Carraro… Matt roquant finalement le rouge pour l’orange, c’est une certaine Ninja Grecque qui va assurer l’intérim à Hell’s Kitchen.
DOING TIME (recueil prévu, numéros 26-32, en cours de parution) : DD en prison (mais il garde son masque !), c’est Elektra qui va s’occuper de la cuisine de l’Enfer…
JP : Hum… Tête-à-cornes occupe une place particulière dans mon panthéon des héros marvéliens. J’ai un attachement très fort au personnage et n’ayant pas du tout accroché à l’écriture de Charles Soule, j’avais approché ce nouveau run comme l’opportunité de retrouver ce Diable Rouge qui hante mon imaginaire depuis tant d’années. Erreur ! « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ! » Même si je continue à survoler en ligne les numéros, je n’adhère pas du tout à la caractérisation du personnage par Chip Zdarsky et je ne suis pas du tout emballé par l’histoire qui nous est contée… Je tenterai d’articuler mon propos en cinq points.
1 Dans la continuité de Charles Soule
JP: C’est bien fait pour ma gueule, j’ai pendant longtemps chéri la continuité. Or, après plus de 55 ans d’existence, cela n’a plus trop de sens… Mais, « logiquement », Chip Zdarsky reprend là où Charles Soule avait lâché la grappe du pauvre Matt Murdock. Et on hérite donc de situations complètement absurdes où Elektra a oublié que Matt était Daredevil et est quand même sortie avec les deux, les considérant comme deux ex différents ! Mieux ! (enfin, je me comprends) On a maintenant un frère jumeau imaginaire qui a fini par s’incarner par, je crois, la magie des pierres des Nornes d’Asgard…
Et puis, le côté catho de Matt est autant sinon plus mis en avant qu’avec Soule. Sur ce point, je n’ai jamais apprécié le choix soulien (et saoulant) de faire de Matt une grenouille de bénitier et je vous jure que pendant plus de quarante ans, les auteurs avaient réussi à raconter des histoires d’un gars déguisé en diable et fréquentant régulièrement les églises sans en faire un total cul-béni.
Bruce : Lorsque j’ai lu ce volume 5 avec des épisodes centrés autour de Mike Murdock, le bouquin a failli voler à travers mon salon.
A partir de Frank Miller, DD a connu des hauts et des bas, mais de tous les héros Marvel, mis à part la saga KRUEL qui partait en cacahuètes, le personnage a toujours été cohérent dans sa continuité.
Le frère jumeau, à l’origine c’était un stratagème pour donner le change sur la double identité de Matt et se foutre littéralement de la gueule de Karen Page. C’est l’arroseur arrosé : en développant cette idée, c’est Marvel qui se torche avec Matt et s’adonne à tout ce que je déteste désormais : le comics qui se commente lui-même à coups de fan service et de clone / frère caché / univers alternatifs. Tout le run de Slott très original sur Spider-Man a été parasité par des armadas d’ersatz et Zdarsky se vautre de manière prévisible avec sa commande : donner une consistance, une enfance à un personnage imaginaire. La vanne est ouverte pour, je ne sais pas, une Scarlett DD ?
2 L’influence de la série Netflix
JP : Oui, Netflix a joué un rôle non négligeable dans ce virage plus « catho-pratiquant » : la série s’ouvrait d’ailleurs sur une confession de Matt auprès du père Lanthom. Dans le run de Zdarsky, c’est un autre ecclésiastique de service qui se charge de donner la réplique à un Murdock paumé 95% du temps.
Faut dire, il n’arrête pas de se prendre des coups, car côté baston, il n’assure plus trop le cachou (du moins jusque vers l’épisode 15). Et même après, à part quelques séquences bien WTF du genre de celle où il neutralise le Rhino (un type qui boxe dans la même catégorie que Hulk) avec son câble de billy-club, DD-Matt reste dépeint comme un combattant laborieux, qui n’a pas bien retenu qu’en matière de mandales et bagarres de rue, mieux vaut donner que recevoir.
On retrouve aussi Wesley, l’assistant de Wilson Fisk, que Karen Page avait, au passage, accidentellement exécuté dans la série sans que le remord ne la ronge pour avouer son crime… Dans ce run, il est en vie et joue toujours les utilités auprès de l’ex-Kingpin, toujours Maire de New-York et recherchant la respectabilité (bon, avec un petit meurtre sous accès de rage, mais promis, il fait un gros travail sur lui-même).
Bruce Je ne reviendrai pas sur la révulsion que ce show Netflix m’inspire. Je le détestais déjà à ses débuts inoffensifs qui proposait une vision sans coca ni cola du personnage. Je le hais désormais pour avoir fixé les prochaines années du personnage à venir. Ce costume ridicule qui vient non pas du run de Miller et JrJr mais de l’un des pires épisodes du show TV HULK dans les 70’s.
C’est bien simple : Zdarsky écrit ni plus ni moins que la saison 4 du show Netflix. Un Matt Murdock nul en tout qui ne bosse jamais, ne sait plus voltiger ou se servir de son radar et qui se fait moraliser par une dizaine de personnages tous plus con…descendants à son égard.
On a déjà lu ça 1000 fois et c’est bien le problème de ce run en forme de pain surprise qui tente de recycler 60 ans de continuité sans jamais frôler l’âme du personnage.
Ce n’est qu’une énième dépression de DD qui finalement tourne en rond malgré cette nouvelle sauce, du fan service sous couvert de fausses bonnes idées. On fait croire aux lecteurs qu’on va de l’avant alors que c’est l’exact inverse. La nostalgie dissimulée, c’est un peu le fond de commerce de Zdarsky qui avait déjà signé SPIDER-MAN LIFE STORY pour lequel tout le monde a crié au chef d’œuvre.
3 Des personnages inintéressants
JP : Quand l’histoire ne montre par DD-Matt en train de s’interroger sur l’existence de Dieu ou de se vautrer dans la culpabilité et l’auto-flagellation, nous avons droit à des caricatures de personnages secondaires tous aussi insipides les uns que les autres. Le flic incorruptible, la fille de mafieux, les gros riches et méchants. Foggy Nelson ne fait que quelques apparitions et ne sert pas à grand-chose.
Elektra ? Elle coupe la pointe de ses saïs pour en réduire la létalité ! A vrai dire, plus que le tranchant des armes de la belle grecque, c’est sans doute davantage la passion de ce lecteur qui s’est émoussée. Dans cette variation autour des déboires du Diable de Hell’s Kitchen, je ne parviens pas à me raccrocher à un quelconque enjeu.
Daredevil a peut-être tué un malfrat par accident ? Et il va en taule pour se punir ? Dans le même monde où le Caïd massacre un type dans une baraque cossue et s’en sort tranquille ? Juste après que des gros pétés de thune aient envoyé un commando de super-criminels mettre Hell’s Kitchen à feu et à sang ? Au passage, Spider-Man, écrit comme un gros connard lorsqu’il faut remonter les bretelles à DD le gros maladroit criminel, brille par son absence lorsque Bullseye and co déclenchent leur émeute… No, this Marvel is not for old readers.
Bruce : Pour Elektra, c’est compliqué, c’est un personnage qui après Miller et quelques épisodes de Larry Hama pour WOLVERINE n’a jamais été bien écrit. Tout simplement parce que l’essence du personnage réside dans son mystère et ses silences. C’est une ninja, un personnage de l’ombre auquel même Ann Nocenti ne s’est pas attaquée. Ici, Zdarsky offre enfin à Murdock sa 1ère relation sexuelle avec Elektra en 40 ans…
Une fois que c’est fait, c’est aussi stupide et inutile que ressusciter le fils Stryker pour GOD LOVES MAN KILLS 2 . Les fans sont contents pour 2 pages, les autres déploreront que cette tension érotique entre les 2 élèves de Stick soit annihilée. Il n’y a plus de différence de traitement entre un coup d’un soir, cette morue de Mindy Libris et Elektra…
La chatte noire fait une brève apparition dans le volume 5. Peut-être va-t-elle passer elle aussi à la casserole qui sait ?
Quant à Wilson Fisk, alors qu’en son temps, il était l’homme capable de faire ou défaire une élection présidentielle, le voilà capable de subir une humiliation de deux mafieux en cols blancs. Les fans de Nocenti rient sous cape.
Là encore, le faire se battre côte à côte avec Murdock comme en prison avec Brubaker banalise le personnage quand les face à face entre Matt et Fisk à la grande époque se comptaient sur les doigts d’une main. Il n’y a plus ce jeu d’échecs à distance mais deux super héros de plus qui se battent dans la rue.
Dommage : Netfilx a montré avec LE JEU DE LA DAME que les échecs plaisaient au public.
4 Rien de nouveau in the Kitchen
JP : Mais non , JP, t’es qu’un vieux con ! Regarde toutes les trouvailles géniales du run de Zdasrky !
Daredevil, meurtrier, « à l’insu de son plein gré » ! – Ben euh, dès ses origines, DD tue un criminel, le Fixer, en lui foutant la trouille de sa vie… Et dans MAN WITHOUT FEAR, il fait aussi accidentellement passer une prostituée par la fenêtre…
Bruce : Pour expier ce meurtre, il change de costume et valse avec la folie chez De Matteis. Vous voulez VRAIMENT comparer la qualité d’écriture de Chip Zdarsky avec celle JM de Matteis ?!
JP : Daredevil associé à un flic incorruptible ! – Dans le run de Bendis, y’avait les agents Driver et Del Toro et ils étaient mieux écrits (bigre…)
Bruce : Je me rappelle d’ailleurs avoir admiré le twist de Bendis où il mettait Driver à mort. J’attends qu’une chose, c’est que l’agent North connaisse le même sort. A bien des égards, ce run est le sien, pas celui de Matt Murdock.
JP : Daredevil dans un combat de rue épique face à une adversité incroyable ! – Toujours avec Bendis/Maleev, il y avait une baston contre 50 yakuzas boostés aux hormones mutantes. Hell’s Kitchen en proie au chaos, Miller et Mazzucchelli nous l’avaient formidablement montré avec l’assaut de Nuke dans BORN AGAIN. C’était quand même autre chose que Bullseye dans son costume Monoprix et son attelage hétéroclite…
Bruce : Moi, c’est le fait que DD demande à Elektra de le coatcher, la nana la plus fiable et équilibrée de l’univers Marvel quoi…
Et rien ne me fera jamais oublié la baston d’anthologie de Matt contre les salauds d’Inferno. Un monument d’art dramatique sublimé par les larmes de Thyphoid Mary qui lui donne le coup de grâce.
JP : Daredevil qui va en prison ! – Comme dans THE DEVIL IN CELL BLOCK-D, la meilleure histoire de Ed Brubaker sur DD et à une hauteur azuréenne en comparaison à la copie de Zdarsky…
Bruce : Sans oublier les vertiges du jugement de Bob Gale où DD s’attaque lui-même en justice..
JP: Daredevil possédé par une force maléfique (épisodes 26-27, liés à l’Event KING IN BLACK et une invasion de symbiote) – Je me rappelle d’un truc qui s’appelait SHADOWLAND, et il me semble que c’était déjà pas terrible.
Bruce : Et puis Mindy Libris, on en parle ? Cette nana sans aucune saveur ou intellect que Matt drague, s’amourache, saute pour réaliser que euh…c’est pas la femme de l’année ni de la journée.
C’est comme si Zdarsky n’avait pas tenu compte du cas Milla Donovan, la pauvre femme de Matt qui n’aura pas servi à grand-chose sinon se faire interner et oublier.
5 Des dessins inégaux
JP: Visuellement, j’aime bien le style de Marco Checchetto. Je lui pardonne même de positionner le billy-club holster sur la jambe droite alors qu’il était sur la gauche pendant des décennies. C’est vous dire jusqu’ou va ma bienveillance pour ce dessinateur… Ses personnages ont la classe, il est à l’aise dans les décors urbains et lors des scènes d’action, il sait fort bien retranscrire les mouvements et la vitesse. Mais il ne dessine pas tous les numéros et chaque dessinateur intérimaire « jure » affreusement.
De plus, même si j’apprécie le look, l’esthétique adoptée par le dessinateur italien, au niveau narration, ça fait le job, sans plus… Je n’ai pas ressenti de moment particulier, de claque particulièrement mémorable. Après, il est toujours difficile de séparer totalement ce qui est raconté de comment c’est raconté…
Bruce : Dans le volume 5, 4 dessinateurs pour 5 épisodes. C’est la valse de l’interim de dessinateurs éjectables d’un run sans identité graphique. Comment ça, c’est synchro avec le scénario ?
Conclusion :
JP: Dans ma mémoire de lecteur, Daredevil restera toujours le héros du NEVER GIVE UP. Celui qui, au fond du trou, au cœur des ténèbres, continue à se battre, pour aider les autres et faire triompher la justice. Au fil des années, j’ai construit une image mentale très forte du personnage et même s’il faut bien que de nouveaux auteurs gagnent leur croûte en écrivant de nouvelles histoires, je n’adhère pas aux changements qui ont été impulsés par Charles Soule et poursuivis par Chip Zdarsky. A la place d’une figure capable de nous inspirer, on ne retrouve qu’un pantin nous faisant soupirer.
Bruce : Le run de Mark Waid n’était pas parfait mais osait mettre Matt Murdock face à une situation inédite : sortir Matt Murdock de ses batailles de crottes de nez et ses épisodes dépressifs. Le DDphile ne croit pas une seule seconde à ces nouvelles menaces puisque Matt les a déjà vécues en mieux. Il ne semble pas s’en rappeler et tout le monde y compris la plupart des lecteurs semble l’avoir oublié. Il ne reste que nous JP !
JP : « Déjà vécu en mieux… », ça m’évoque des propos de Warren Ellis dans une interview il y a quelques années… Il s’amusait du fait que les fans de comics réclamaient de la nouveauté alors que pour, lui, les lecteurs se satisfont pleinement de l’illusion du changement : ils veulent simplement la même histoire, mais mieux racontée ou dessinée. Là où le Bill-Club blesse, c’est que dans le cas de DD, nous avons seulement droit à des vieux restes mal réchauffés… C’est sans doute ça, la Cuisine de l’Enfer ?
La BO du jour :
Chouette article les gars
Comme JP j’ai un lien fort, pour le moins, avec ce perso
J’ai peut être un peu plus d’indulgence de principe, ne serait ce que parce que je sais qu’à nos âges on ne devrait plus lire de super héros 🙂 que l’illusion du changement est inévitable et que tout passe donc les runs se succèdent
cela dit, je vous rejoins sur pas mal de points (tous? pas loin)
Soule a abimé le perso et de ce fait je mettais pas mal d’espoirs en Zdarsky
Les débuts m’ont semblé bien, et puis c’est parti en vrille
j’en rétiens surtout l’absurdité du frère jumeau, le traitement d’Elektra et de la prison pour cause de dépression
Vous mettez le doigt sur le bon argument : tout a déjà été fait, en mieux
Dur de se renouveler, mais quitte à reprendre des recettes du passé, autant faire un pas de côté comme Waid ou Bruebaker, là Zdarsky patauge dans le déjà vu, il ne contourne pas la bouillasse il fonce dedans
Dommage, mais du coup je suis curieux de voir qui prendra la suite, et comment
Pour rester fidèle à ma réputation je dirais que mon rêve serait de voir un editor dire « oh mais Romita Jr est de retour chez nous, demandons lui donc un p’tit run avec Nocenti » pour un plaisir nostalgique et, forcément, intéressant:)
Merci d’être passé Phil !
Tu as vu, j’ai essayé de faire preuve de progressisme dans mon orthodoxie Daredevilienne : je tolère le changement de jambe pour le billy-club holster !
j’en ai été très agréablement surpris
j’ai pris le relais : j’ai « engueulé » Klaus qui l’a carrément oublié sur une com
Oh je suis pas fan du tout des retours d’équipe créative à succès. Mis à part Garth ennis sur Punisher, c’est rarement gage de succès.
J’attendais ce bullshit detector avec impatience. Avant de continuer, je précise que je n’ai pas lu ce run. Mais autant de désaccord avec la majorité des lecteurs du run méritait explication.
J’ai l’impression que ce sentiment est principalement lié au fait qu’effectivement, ce personnage est imprimé dans votre cerveau, et que sa fin, il l’a déjà eu. Que le meilleur a déjà été donné et que faire suite n’a aucun sens ni intérêt, si ce n’est pour des histoires courtes et plutôt hors-continuité.
J’ai toujours un peu de mal avec l’aspect « c’est nul, ce sont les autres qui ont des goûts de chiottes », mais c’est ce qui se passe quand on aime passionnément, je suppose.
Enfin du coup, ça réveille mon côté ado rebelle et j’ai envie d’aller lire ça juste parce que l’interdit, ça donne envie 😉 . Et puis surtout j’ai envie de me faire ma propre opinion, sachant que je n’ai lu aucun run de DD !
Cela dit, j’ai bien envie de lire celui de Waid. (oui, traitez-moi de débile, les vieux comics, je n’y arrive pas ! Si je l’avais lu il y a 30 ans, ok, mais là, c’est trop tard… ça me rappelle quand je suis passée des relectures de mes Special Strange sous Byrne/Claremont à l’Opération Tolérance Zéro de Lobdell et Pacheco… le choc visuel, j’ai mis des semaines à arriver au bout… J’ai l’impression que le chemin inverse n’est plus possible…)
Tu touches du doigt un truc, pour aimer, faut avoir lu c’est rare la greffe réussie » en tout chez la plupart des gens. je sais que j’ai ma période « grosse passion » qui fait que lisait tout ce que je pouvais et même ce que j’aimais pas par souci de documentation historique.
C’est comme ça que j’ai fait la collection rouge de Hachette, pour lire des arcs soit célèbres soit autonomes…
Silver Surfer est un personnage dont j(aime certains arcs mais sur lequel je n’ai pas de « connexion »
Matt Murdock, c’est un compagnon que j’ai suivi avec Miller gamin, dont j’ai été frustré quand il a été censuré, j’ai donc pris l’un mes premiers comics « librairie » avec la réédition Bethy. on s’est jeté sur les Fall From Grace , les VI etc…
donc celui qui ne respecte pas LE truc qui fait de DD un personnage unique, ben il est jeté à la poubelle surtout que, finalement il a quand même été très bien servi de son histoire éditoriale.
j’ai feuilleté les épisode actuels, j’ai pas trouvé ça attirant, parce que ça n’ pas l »air de décoller en fait et puis oui le Matt en civil avec un masque qui tombe tout ce qui bouge comme un héros de manga « harem »
cette dépossession de l’aura de mystère qu’a pu avoir Elektra en en faisant une héroïne lambda…
Autant pour le run de Miller tu devrais faire l’effort (et surtout lire BORN AGAIN), autant tu peux foncer sur les runs de Bendis, Maleev, Brubaker et Lark.
Je vais me permettre aussi et cela même si ça me coûte:
si tu as une sensibilité de lectrice moderne les Daredevil de la collection Marvel Knights
donc grosso-modo Kevin/Smith, Le run de Bendis (ouch!) et celui de Brubaker qu’on peut presque enchaîner avec celui de Mark Waid. il y a un creux de qualité durant la période SHADOWLAND, mais rétrospectivement, on a lu vachement pire aussi.
LE SEUL PRÉREQUIS INDISPENSABLE à la fois qualitatif et historique, c’est BORN AGAIN, ça fait parti de devoirs à faire. déjà parce que ça fait parti des tous meilleurs comics de super héros de tous les temps et je ne prend même pas de risque à la dire, c’est un consensus.
ça me fait mal au ventre de ne pas conseiller les runs de Miller et Nocenti mais oui, ça peut être perçu comme trop vieux…. ( snif snif bouh!)
Et par ailleurs tu dois lire BATMAN YEAR ONE par les mêmes auteurs que BORN AGAIN, Miller et Mazzucchelli. Et crois-moi ça ne fait pas du tout old school.
BOOOORRRRRRNNNNNN
AAAGAAAAIIIIIINNNNN….
on se demande pourquoi les fans de Marvel sont appelés « zombies »
Au passage, j’ai oublié de féliciter le duo pour leur humour, et leur titre ! J’avoue que sans Tornado, je serais passée à côté ! Depuis je ne peux m’empêcher d’en rire ^^ . (le problème des jeux de mots, c’est que ça marche souvent mieux à l’oral qu’à l’écrit, et que quand je lis, je « n’entends » pas…)
La BO : un clip qui mérite que je prenne le temps de regarder et d’écouter avec attention !!
Juste pour revenir sur la discussion d’hier parce que peut-être je n’ai pas été assez clair.
Je n’ai pas voulu dire qu’on ne devait pas comparer, en fait. Il me parait tout à fait normal de dire à quelqu’un, jeune ou pas jeune, que s’il a aimé un truc qui vient de sortir, il y a un précédent encore bien meilleur lorsque c’est le cas.
Non, en fait ce qui est rédhibitoire et totalement inentendable pour un néophyte, c’est de lui dire que ce qu’il vient de lire, c’est nul, parce que si Daredevil a dit « noir », c’est nul parce que dans l’épisode #496 de l’année 1983 il a dit « blanc », et dans l’épisode #512 de l’année 1988, il a dit « gris clair » (et il a même dit « blanc cassé » dans l’épisode #232 de l’année 1976). Et donc, parce qu’il a dit « noir » dans ton histoire, là, et ben elle est nulle !
Pour avoir eu plusieurs témoignages de lecteurs ayant lu ce genre de critique sur le blog, je peux vous assurer que ce sont des critères qu’ils n’entendent pas, qu’ils ne comprennent pas, et qu’ils trouvent vraiment agressifs.
Personnellement, je suis totalement convaincue par ton argumentaire (que je trouve très drôle au demeurant, mais très juste aussi 😉 ) .
En définitive, on peut tout à fait comprendre que, lorsqu’une action ou un élément de dialogue soit contredit, ce soit très agaçant pour un lecteur de longue date s’étant vraiment investi dans la continuité d’un personnage ou d’une série. Et s’il disait seulement qu’il trouve ça « agaçant », ça ne gênerait sûrement personne. Mais ça n’a rien à voir avec la qualité intrinsèque d’une bande-dessinée, quoi !
Ouais, enfin, si Astérix se mettait à dire « j’adore César », tu crois pas qu’il y aurait des lecteurs qui tiqueraient ?
Alors oui, j’exagère, mais exprès et au final, ça reste une question de sensibilité. Je ne dis pas que tout le monde doit détester telle ou telle version de DD. Je dis pourquoi, moi, je n’aime pas. Et je vois pas pourquoi ça choquerait des gens… La critique universelle et 100% objective, ça n’existe pas trop.
Et désolé si ma formulation est lapidaire, je passe en coup de vent.
Mais je suis pas fâché, peace and love everybody.
Pas de soucis. Je fais juste le relais de copains qui sont venus sur le blog et qui ont « tiqué » sur ce point. Moi je vous comprends parce que je les ai lus les arcs. Eux, non. Et du coup ils ne comprennent pas des critiques où ils ont l’impression, en gros, qu’on leur dit genre « t’y comprends rien ton truc c’est pourri parce que t’as pas lu le machin historique de l’année bidule et du mois machin et du jour idoine ». Astérix c’est une vingtaine d’albums avec Goscinny & Uderzo. Une série Marvel c’est des centaines d’épisodes.
Mais encore une fois c’est pas grave. Mes copains en question ont oublié l’article en deux jours. Par contre ils ont pris le blog en grippe… (mais pas moi, hein… 😉 )
On parle tous de quelque part. Chacun a son parcours de lecteur et sa grille de lecture. Il ne me semble pas avoir très souvent asséné péremptoirement que c’était nul point barre. J’essaie la plupart du temps de formuler que, de mon point de vue, j’ai aimé ou pas parce que. Et même si il y a pas tous les tortillages de cul dans les phrases, ça restera toujours mon idée. Toutes mes critiques sont subjectives. Et ma subjectivité n’est forcément pas partagée par tous et c’est normal. Mais si j’enlevais cette subjectivité je n’aurais plus aucun plaisir ou intérêt à écrire des articles.
Ils ont pris le blog en grippe parce qu’on ne partage pas les mêmes critères ? Ils font ce qu’ils veulent, ils sont libres. Mais je ne vais pas rajouter systématiquement une mention : « ce n’est que mon avis de lecteur de plus de quarante ans, qui a lu ceci cela, qui a tel bien etc, vous avez le droit de penser autrement. »
Hey, pour un gars ayant écrit la chronique sur le Phoenix noir, tu devrais te rappeler qu’un article ne peut pas plaire à tout le monde ;-)!
Je crois connaître ces personnes Tornado…
Dommage de ne pas trinquer avec eux cette année.
Je mettrai un bémol à tout ça en tentant une synthèse :
Les comics ne sont pas gravés dans le marbre et doit satisfaire anciens et nouveaux lecteurs. Il s’agit d’une industrie qui s’adresse à la fois à tout le monde et personne.
La continuité s’étire sur 80 ans et il serait illusoire et non spontané de demander à un auteur de lire TOUS les comics d’une série qu’il va scénariser.
Mais dans les faits, c’est ce qui fait la différence : quand Grant Morrison écrit Batman son écriture est nettement plus riche que lorsque il bosse ses Xmen.
Les séries et les persos ont évolué tout en gardant un cahier des charges. L’auteur peut s’en éloigner tout en restant fidèle à l’esprit comme Slott sur Silver Surfer.
Les connaisseurs peuvent faire figure de jazzmen aigris qui méprisent de jeunes punks qui ne connaissent pas leurs gammes.
Mais désormais, et c’est notable depuis 3 ans, les éditions Leclerc, Carrefour, Urban, Panini et j’en passe propose des éditions Best Of qui, comme en musique, permettent d’avoir un vocabulaire commun entre néophytes et spécialistes.
Personne ne peut désormais passer à côté des meilleures histoires de Joker, DD ou Miles Morales.
Les Ultimates tout le monde connaît.
Je ne juge pas un auteur en fonction de ce qu’il apporte à la continuité. Tout le monde s’en branle ou presque.
Moi, je pense en moments et je pense qu’on sera d’accord Tornado !
Un exemple concret : j’ai relu hier une intégrale Spiderman où il rencontre Felicia Hardy, pense pouvoir perdre May et se bat contre le Caid et Mysterio (je crois que tu adores ces histoires).
Les moments ? Spider-MAn poursuit le tueur de son oncle, manque d’être noyé, se bat avec un bras cassé.
La continuité : Peter flirte avec Betyy et bidule, se dispute avec ses copains et postule pour un poste de….
Tout ça on s’en fout, on peut même sauter tous ces narratifs de l’époque pour se concentrer sur ce que traverse le héros.
Bel article, j’aime beaucoup la forme.
Alors, pour la série Netflx, je l’ai apprécié dans sa proposition et j’ai fait mon deuil quant à retrouver mes héros papiers sur petit ou grand écran.
Je les visualise sans objectif précis et me laisse surprendre.
Pour le comics, je n’ai lu que le 1er et j’avais bien apprécié le ton même si c’était très différent de ce que je connais.
Pour le reste, Panini ne m’a jamais motivé à continuer quelque série qui soit.
Par contre, au delà du partie pris, je salue votre travail car j’ai appris, à mon sens, grâce à vos ce qu’est un vrai critique littéraire.
Car vous prenez le temps de lire, des œuvres où beaucoup comme moi auraient abandonné.
Donc vous lisez, analysez et vos donnez votre en tant que passionné.
Car comme vous l’aviez évoqué, vous donnez une chance pour vous surprendre.
Bon, certes, ce n’est point le cas mais ce fut très instructif.
merci à vous et bonne année !
Bon argumentaire, merci pour l’article.
Sans aller aussi loin, je m’ennuie clairement dans ce run, entre les passages totalement ésotériques ou wtf (Mike, mais aussi l’armée de zombies…) et le volet catholique exacerbé et peu subtil. Justement dans le show Netflix (au risque de m’attirer les foudres de Bruce et de JP) j’avais apprécié le raccord avec la foi, qui apportait une dimension philosophique intéressante. Mais si la foi est subtile, la religion en revanche… J’aimais aussi le côté street level, terre à terre qui est balayé avec cette overdose d’ésotérisme et de magie.
Bon tout de même, l’art de Marco Checchetto, dynamique, esthétique et maîtrisé,vrattrape beaucoup. Je crois que je suis ce run désormais rien que pour ça 🙂
J’ai pris le temps d’écrire ce commentaire pour bien exprimer ce que j’ai ressenti en lisant cet article puis ce que j’ai ressenti en le lisant une deuxième fois quinze jours après environ en ayant aussi lu les commentaires.
Il y a quelques minutes encore, j’écoutais la BO du film Shame, qui me rend toujours triste en me rappelant que les frère et sœur joués par Carey Mulligan et Michael Fassbender ont subi un grand traumatisme dans leur enfance dont le réalisateur ne donne pas de détails mais qui a bousillé leur vie. J’ai eu (et j’ai) le même problème que ces deux personnages, et les super-héros m’ont sauvé, ou plutôt aidé, en me tenant compagnie et me soutenant à l’époque et aujourd’hui. Et DD fait parti de cette « béquille » qui m’aide pour mon handicap.
Je suis toujours très reconnaissant de lire les articles du site Bruce Lit, car je n’arrive pas à avoir du recul sur les comics que j’ai lu. J’ai ce problème depuis toujours, depuis presque 40 ans.
En dévorant le run de Zdarsky, j’arrivais seulement à me dire : « oh, Checchetto il dessine bien les cheveux d’Elektra » ; ou « j’aime bien quand DD il a des relations sexuelles, avec n’importe qui (Mindy ou la femme de l’épisode 1 au bar), ça le rend plus humain » ; ou encore « putain, pourquoi Zdarsky fait hésiter DD de longue, fait chier, j’en ai marre, mon DD c’est un homme qui sait ce qu’il veut, qui sait où il va et qui ne pleurniche pas pendant 5 épisodes d’affilé ».
Voilà, pourquoi j’aime vos articles, parce que vous mettez des mots qui me permettent de comprendre mes sensations ; ça m’énerve depuis que je suis gamin de ne pas arriver à comprendre ce que je ressens (comme les deux héros de Shame). Donc grâce à vous ou à Wolf in Motion sur YouTube ou encore beaucoup d’autres personnes sur Internet entre autres, je peux vivre ma passion un peu plus intensément.
J’ai commencé la lecture de DD par Ahmed et je ne sais pas quoi en penser ; j’espère que le TPB volume 2 bientôt en vente éclaircira un peu son travail et j’espère que ça ne va pas seulement tourné autour des 7 pêchés capitaux.
Merci de nous avoir lus et merci pour ce retour.
Avec le temps, il arrive de moins en moins souvent que je ressente l’urgence de partager mon opinion et mes analyses dans un article… En cause, l’usure et un certain fatalisme, « j’ai aimé ou pas, les autres peuvent penser ce qu’ils veulent »
Du coup, avoir un lecteur qui vous dit que votre prose peut lui faire du bien, c’est un supplément de motivation.
ON fait dans la maïeutique sur ce site.