Civil War par Mark Millar, Steve McNiven et collectif
TEAMUP : CYRILLE M + JP NGUYEN
VO : Marvel
VF : Panini Comics/Marvel France
1ère publication le 27/04/16 – MAJ le 24/05/20
Ce comics est disponible à la commande chez ATTILAN COMICS
En 2006 (14 ans déjà !), Marvel orchestra un évènement éditorial majeur en scindant ses héros en deux camps, respectivement menés par Captain America et Iron Man. Pour quelles raisons ces alliés historiques se sont-ils affrontés ? Qu’est-ce qui a déclenché cette guerre entre super-héros et quelle en fut l’issue ? Etait-ce une histoire bien écrite et/ou dessinée ? Et qui c’est qu’avait la plus grosse entre Steve Rogers et Tony Stark ?
Les réponses à presque toutes ces questions suivront dans cet article, rédigé par Little Jay et Big C, nos journalistes d’investigation, qui ont mené l’enquête (et remplacé au pied levé Laurent Delahouseofhem et Christophe Hondeplate, partis couvrir la Robo-Cop21), recueillant les témoignages de plusieurs vétérans de cette Civil War.
Big C : Est-ce qu’on va spoiler dans cet article ?
Little Jay : Ben tu sais, la guerre, c’est pas rigolo…
BC : J’voulais dire « spoiler » pas « se poiler »
LJ : Ben qu’est-ce qu’on risque ? Tu crois que si on se poêlait il pourrait nous en cuire ?
BC : Laisse tomber… Avertissement au lecteur : spoilers ahead !
Nous commençons notre enquête en rencontrant madame Miriam Sharpe, citoyenne américaine qui a activement milité pour le SHRA (SuperHuman Registration Act), une loi dont l’adoption divisa profondément la communauté super-héroïque Marvel.
Little Jay : Madame Sharpe, quelle est l’origine de votre engagement pour le SHRA ?
Miriam Sharpe : Un jour, quand j’habitais à Stamford, dans le Connecticut, mon fils Damian est parti à l’école et n’est jamais revenu. Il a été assassiné, comme des centaines d’autres personnes ce jour-là, victime d’une altercation entre les New Warriors et un super-criminel dénommé Nitro. L’équipe des Warriors n’était qu’une bande de jeunes, insuffisamment entraînés et recherchant uniquement le feu des projecteurs. Leur inconséquence leur fut fatale mais ils ont entraîné bien trop de personnes avec eux. En mémoire de mon fils, j’ai mené bataille pour que ces prétendus héros ne puissent plus mettre en danger des vies innocentes. En s’enregistrant et en dévoilant leur identité au gouvernement américain, ils se soumettaient à une autorité supérieure et devraient répondre des conséquences de leurs actes.
LJ : Ce fut une tragédie et sachez que je respecte votre peine, cependant, il faut que je vous questionne sur le fondement de cette loi, qui fit l’objet de débats passionnés à l’époque. Le problème posé était donc : comment contrôler ces justiciers masqués qui se battaient en duel dans nos rues et qui ne répondaient pas des conséquences de leurs actes… et votre réponse fut : les faire s’enregistrer auprès du gouvernement. Ma question est : pensez-vous vraiment qu’on puisse faire confiance au gouvernement ?
MS : Nos représentants ne sont pas parfaits, mais nous les avons élus. Ils agissent à visage découvert et ne sont pas au-dessus des lois. On ne peut pas laisser des inconnus aux pouvoirs meurtriers déclencher des rixes à leur guise. L’exercice de la violence physique légitime doit être le monopole de l’état.
LJ : Théorie du sociologue allemand Max Weber…
MS : Oui, j’y souscris totalement !
LJ : Pourtant, quand l’état cautionne la torture, déclenche des guerres sous de faux prétextes, laisse des dizaines de bavures policières sans punition, on peut comprendre une certaine défiance de la part des citoyens. La désobéissance civile pourrait même alors apparaître comme un devoir moral.
MS : Vos propos m’apparaissent comme profondément anti-américains.
LJ : Aussi anti-américain que… Captain America ?
MS : Cet entretien est terminé.
Nous nous dirigeons maintenant vers le quartier d’ultra haute-sécurité d’une prison pour super-criminels (nous ne pouvons en divulguer la localisation exacte). C’est ici que nous retrouvons, Nitro, l’homme qui a mis le feu aux poudres. A la clé, pas de révélations explosives, mais un entretien détonnant…
Little Jay : Votre carrière de super-criminel est jalonnée de hauts-faits. Vous êtes à l’origine de la mort de Captain Marvel et avez failli honorer un contrat sur la tête de Daredevil, l’homme sans peur. Mais depuis une dizaine d’années, vous êtes surtout reconnu comme étant l’homme qui a pulvérisé la ville de Stamford et déclenché une réaction en chaîne qui a abouti à la « Civil War » entre les super-héros des Etats-Unis.
Nitro : Tu as l’air de connaître mon pedigree, dans les grandes lignes, au moins. Tu écris un livre sur les super-vilains ? J’aurais un chapitre pour moi ?
LJ : En fait, je prépare un reportage plutôt centré sur les conséquences de Stamford…
Nitro : Ah ben t’es comme les autres, tu m’as catalogué comme meurtrier de masse…
LJ : Et, ce n’est pas ainsi que vous vous définissez ?
Nitro : Tu m’prends pour qui ? Crâne Rouge ? Thanos ? J’ai jamais voulu en arriver là, moi. J’étais qu’un tueur à gages. Mais les types de Damage Control m’ont filé de la MGH pour booster mes capacités et… ça a méchamment merdé…
LJ : Vous n’ambitionniez donc pas de passer à la postérité avec un tel décompte de victimes à votre passif ?
Nitro : Depuis que j’ai eu mes pouvoirs, je voulais juste en profiter pour avoir la belle vie. Argent facile, tout ça. J’voulais pas être un demi-sel mais pas un Caïd, non plus.
LJ : En faire, ni trop, ni trop peu…
Nitro : T’es un marrant, toi !
LJ : Chui comme toi, j’aime m’éclater ! Mais, ne nous dispersons pas trop, quel est votre point de vue sur l’incident de Stamford et tout ce qui a suivi ?
Nitro : J’vais pas dire que c’est pas ma faute… Mais ça aurait pu arriver avant. A moi ou à d’autres. J’comprends pas pourquoi ils ont attendu ça pour passer leur loi liberticide. Il leur fallait sans doute un prétexte, une bonne occase pour s’écharper entre héros, de se faire la guerre… Tout ça pour quoi ? Ils se sont rabibochés quelques temps après et maintenant, ils sont à nouveau copains comme cochons. Rien n’a changé, sauf que moi je me suis fait couper une main par Wolverine et torturer par Penance.
LJ : La communauté super-héroïque s’est donc désagrégée avant de se rassembler ? Un peu comme vous, quoi ?
Nitro : Tu abuserais pas un peu des jeux de mots, toi ?
LJ : Oh, ni trop, ni trop peu…
Nitro ; Allez dégage, tu m’fatigues…
Notre prochain vétéran de Civil War n’est autre que Reed Richards, l’homme élastique des Quatre Fantastiques, scientifique de génie et bourreau de travail, qui a toujours œuvré pour le bien du plus grand nombre. Un humaniste convaincu qui a rejoint Iron Man dans sa croisade pour le recensement des super-héros.
Big C : Monsieur Richards, aviez-vous les mêmes raisons que Madame Sharpe d’agréer au SHRA ?
Reed Richards : En tant que membre des FF, les requêtes de Madame Sharpe m’ont interpellé. J’ai toujours utilisé la science comme une probable solution aux diverses problématiques que l’humanité rencontre chaque jour, une réserve d’appuis pour la justice, l’égalité, la sécurité. Il ne m’était jamais apparu avant le terrible drame de Stamford que les super-héros agissaient en toute impunité. Qu’ils se dévoilent permettait l’égalité face à la justice et une chance d’être acceptés parmi la population, de nous présenter sous un jour nouveau.
BC : Mais l’histoire nous a prouvé que malgré de bonnes intentions, la législation systématique n’est jamais une solution, surtout lorsque les lois sont votées sous le coup de l’émotion. N’avez-vous pas imaginé que le SHRA puisse être détourné de son utilité première, ou être amendé, et devenir ainsi liberticide ?
RR : Je crois aux lois, ce sont elles qui forgent une société et qui nous permettent de définir les lignes à suivre, celles à ne pas dépasser. Recenser les super-héros permettait de ne plus agir impunément, d’interpeller un homme ou une femme masquée qui décide soudainement de se faire juge, juré et bourreau. Il nous l’a été assez reproché, non ?
BC : Mais le masque protège également la famille et les amis d’être des cibles potentielles.
RR : Les FF n’ont jamais caché leurs identités.
BC : Mais vous êtes tous des super-héros.
RR : C’est vrai. Et cette loi ne s’applique qu’aux super-héros.
BC : Alors pourquoi leurs proches devraient en pâtir ? Le SHRA ne deviendrait-il pas une excuse pour une chasse aux sorcières de grande ampleur, déclenchant paranoïa massive, délations abusives et oppression d’une communauté ? Ne sont-ce pas là les principales caractéristiques d’une dictature ?
RR : Jusqu’alors, ce sont les super-héros qui étaient considérés comme fascistes. Le recensement ne pouvait que renverser cette situation.
Little Jay : Encore quelques questions s’il vous plaît, Mister Richards… Des années avant le SHRA, vous aviez témoigné devant la cour suprême contre une loi similaire. Quelle logique dans ce choix ? Pourquoi agir à l’encontre de la communauté super-héroïque et ne rien faire contre la circulation des armes à feux aux Etats-Unis ?
RR : Ce sont des questions passionnantes mais la loi des hommes n’est pas mon domaine de prédilection, je préfère les lois de la physique et je dois absolument vous laisser car j’ai une expérience de surgénération extra-quantique à aller surveiller de toute urgence…
Susan Richards : Je peux prendre le relais, si vous voulez !
LJ et BC : Madame Richards ! On ne vous avait pas vue !
BC : Merci de votre proposition, nous serons ravis d’avoir votre point de vue, surtout que vous, vous avez décidé de rejoindre les frondeurs de Captain America. Qu’est-ce qui vous a poussé à changer de camp ?
Susan Richards : La mort de Bill Foster, Goliath. Que Reed soit le principal responsable de cette perte m’a bouleversée. Mon mari est un homme de bien, et jamais il n’a souhaité la mort d’un autre, même s’il s’agissait du Docteur Fatalis. Ses expériences sur le clone robotique de Thor n’ont pas réussi à synthétiser la miséricorde ou la pitié, l’empathie envers la vie. C’est un échec cuisant, et la preuve qu’être un héros, ce n’est pas une question de capacités.
BC : Mais au départ, vous trouviez que cette nouvelle loi était nécessaire ?
SR : Stamford m’a profondément touchée. La colère de Madame Sharpe était justifiée. Les civils n’ont pas la possibilité de cacher leurs actions derrière un masque, de disparaître…
BC : Oui pas comme vous c’est sûr…
SR : Mais ils peuvent avoir peur et je les comprends. Je n’excuse pas ceux qui tentèrent de lyncher mon frère Johnny et l’envoyèrent à l’hôpital, mais je les comprends. Cette hystérie anti-héros devenait très inquiétante et il fallait agir. La déchéance de l’identité secrète me paraissait un moindre mal. Et puis j’avais une grande confiance en Tony Stark.
BC : Vous parlez de déchéance d’identité, cela rappelle le projet de la déchéance de nationalité qui est en cours en France pour les terroristes. Le parallèle est troublant : le drame de Stamford s’apparente également à du terrorisme. Pensiez-vous que le SHRA aurait vraiment pu éradiquer ce genre de situation ?
SR : Votre parallèle entre double identité et double nationalité est un peu biaisé. Chez vous, la double nationalité en elle-même n’est pas remise en cause. Elle ne pourrait être perdue qu’en cas d’action terroriste. Le SHRA mettait de facto fin à la double identité. Le point commun que je vois, c’est que ces lois n’adressent pas le fond du problème. Nous n’avons pas besoin de plus de législateurs, mais d’hommes de bien. Et Cap en est un, ce n’est plus à prouver.
BC : Daredevil se bat contre Spider-Man, Susan Richards se confronte à son propre mari : la situation était fratricide, voire pire. N’aviez-vous pas vu cette problématique avant la mort de Goliath ?
SR : Je n’ai jamais voulu de mal à Reed ! Je l’ai même protégé. Et non, personne ne pensait que cela dégénèrerait autant, Reed le premier.
BC : Donc vous vous êtes remis ensemble ?
SR : A votre avis ?
BC : Ah… heu… j’avais des invitations pour l’avant-première du dernier film des frères Coen mais bon c’est pas…
SR : Excusez-moi, mais j’ai à faire.
Très gentiment, la famille Richards accepte de nous donner un moyen de contacter Spider-Man, que tout le monde – y compris Jonah Jameson – connaît également sous le nom de… hmmm c’est bizarre,le nom m’échappe, pourtant j’aurais juré le connaître par cœur !
Big C : Je peux vous appeler Spidey ?
Spider-Man : Ca collera mieux que Strange ou Titans….
Big C : Ok heu bon alors, Spidey, vous avez rejoint Captain America mais après avoir publiquement soutenu le camp de Tony Stark. N’était-il pas trop tard ?
SM : Non, il n’est jamais trop tard. Si une relation ne colle plus, ça sert à rien de continuer. Avec Tony, on était au bout de notre histoire.
BC : J’ai le sentiment que Iron Man vous a servi de père de substitution, est-ce le cas ?
SM : Si tu veux, c’est pas à moi d’analyser ça, et je ne m’allonge toujours pas sur un divan si tu veux tout savoir. A part ça je ne fais plus pipi au lit.
BC : Parce que rejoindre Captain America, c’est un peu rejoindre le grand-père !
SM : Hein ?
BC : Bah oui, Cap, c’est le père de Tony Stark, quelque part, sa caution héroïque qu’il ne sera jamais, lui, le bien-né, génie scientifique, mégalomane et entrepreneur richissime. Cap a les valeurs que Stark essaie d’atteindre !
SM : Ecoute, si tu veux décortiquer leur relation, t’as qu’à leur proposer tes services pour une thérapie de couple… Sinon, toi, comment ? Little Jay ? T’as une vraie question ?
LJ : On dit qu’un grand pouvoir implique une grande responsabilité. Mais il y a différentes façons d’aborder cette responsabilité, me semble-t-il. Un héros doit protéger les innocents mais aussi préserver sa famille. La vôtre a, je crois, beaucoup souffert, pendant et après cette guerre… Si c’était à refaire ?
SM : Tante M… euh, je veux dire, une personne qui m’est très chère, qui m’a élevée, a été gravement blessée. La femme qui partageait ma vie m’a quitté peu après… Alors oui, le bilan n’est pas génial mais il faut aller de l’avant, on ne peut pas rester tourné vers le passé. Je me suis reconstruit, j’avance au jour le jour…
LJ : Votre vie d’avant ne vous manque jamais ?
SM : Parfois j’aimerais bien la retrouver, ne serait-ce que pour un seul jour…
LJ : On pourrait peut-être essayer de t’arranger le coup avec ton ex, t’as son 06 ? Nan, je te promets, on lui comptera pas fleurette, c’est juste une aide béné… Hummmpphhh Hummphhh (pas facile de parler la bouche entoilée…)
Après avoir attendu que la toile se dissolve, nous avons suivi le conseil de Spidey et obtenu un entretien avec Steve Rogers et Tony Stark (en prétendant les interroger pour Sciences et Vie Senior).
Tony Stark : Alors messieurs, vous venez sans doute grapiller quelques scoops sur mes futures innovations technologiques qui vont métamorphoser le quotidien ? Laquelle vous intéresserait ? Le répulseur pour faire la vaisselle ? L’inducteur d’images de fausse moustache ?
Steve Rogers : Tony, ils ont demandé une interview commune, ça doit pas être pour tes inventions…
LJ : Mr Rogers a raison, Mr Stark, nous effectuons plutôt une enquête, scientifique, rassurez-vous, mais davantage sociologique, sur les impacts de la dynamique négative de vos relations inter-personnelles sur la cohésion de la communauté super-héroïque, dans un passé pas si lointain ?
TS : Vous voulez qu’on parle de Civil War ? Quelle surprise ! Qui s’intéresse encore à ces évènements poussiéreux ! Je m’apprêtais à vous présenter ma Key-Note pour 2016 et voilà que vous souhaitez remonter à Mathusalem… Heu, n’y vois rien de personnel, Cap !
SR : Et pourquoi voulez-vous revenir sur ce passé-là ?
LJ : Pour essayer de comprendre comment deux alliés historiques ont pu en arriver là, mettant la lutte contre le Mal au second plan pour s’entre-déchirer dans des confrontations extrêmement violentes…
TS : Cette vision me parait quelque peu partiale et exagérée.
SR : Pas du tout, Tony, ce type est dans le vrai. Autant l’avouer : nous avons déconné dans les grandes largeurs. Ce n’était pas la première fois mais ça a atteint des proportions inégalées. Tu as voulu faire les choses à ta façon, avec tes tractations en loucedé dans le bureau ovale et la construction de ton goulag dans le Zone Négative, et plutôt que d’essayer de te raisonner ou d’utiliser les voies légales et le débat public, je me suis lancé dans une guerilla parfaitement stérile, causant des tas de dégâts et la mort inutile de notre ancien allié commun, Goliath.
LJ : Vous faites-là preuve d’une grande lucidité et d’une honnêteté qui vous honore, Captain, mais comment êtes vous parvenu à renouer des liens avec votre allié devenu ennemi ?
SR : Déjà, peu après la fin de la guerre, je suis mort.
LJ : C’est un peu une habitude, chez vous.
SR : Hmmf, bref, j’ai pris du recul et plutôt que de ressasser le passé, pour l’intérêt supérieur du bien commun, il était préférable de renouer les alliances entre héros.
BC : Avez-vous, de la même manière, renoué avec le Punisher ? Lui qui a refusé toute compromission avec des vilains lors de Civil War, allant jusqu’à les abattre dans votre QG ?
SR : Le Punisher est un cas à part, ses actions ne parlent pas pour lui. Il sauve Spidey après sa trahison, mais abat froidement des personnes venues parlementer. J’aurais dû voir ceci comme le premier signe que nous allions droit dans le mur.
BC : « Tu ne tueras point… » Vous vous êtes érigé comme gardien des tables de la loi mais il semble que vous respectiez davantage la loi de Dieu que la loi des hommes…
SR : La religion fait partie de l’Amérique, ses valeurs déteignent forcément sur ma personnalité, surtout qu’elle était encore très respectée à mon époque. Mais il ne me semble pas qu’elles soient obsolètes : nous avons tous une idée du partage, du bien commun, du Bien et du Mal.
BC : Tony, en ayant voulu remplacer Cap à la tête des Avengers, vouliez-vous vous affranchir d’un poids paternel ?
TS : Ecoutez, n’essayez même pas de me parler de mon père ok ? Si j’ai pris les rênes, c’est parce que je savais que Stamford – ou quelque autre catastrophe liée aux super-héros – allait arriver. J’ai préféré prendre les devants, trouver un moyen de mettre les politiciens de notre côté. La solution mise en place n’était pas la bonne, c’est tout. Si j’avais eu un deuxième essai, j’aurai proposé une puce GPS, ce qui nous permettait de conserver notre identité secrète. Je pense que ç’eût été mieux accepté par la communauté super-héroïque. C’est un regret.
SR : Je ne pense pas, Tony. Je ne suis pas une Toyota, ni même une Dodge. Tu ne peux pas vouloir tout contrôler et tenir les gens en laisse !
TS : Ah ah, Steve, tu sais bien que cela aurait été plus subtil, bien sûr !
BC : Pour en revenir aux derniers moments de Civil War, après de longs moments immersifs, semblables à un thriller politique, comment expliquez-vous cet assaut frontal contre la Zone Négative, rassemblant de plus en plus de combattants des deux côtés, comme dans un banal blockbuster ?
SR : Chaque camp avait infiltré une taupe chez l’adversaire et noué des alliances pour accroître sa force de frappe. J’avais même envoyé Susan Richards quérir l’aide de Namor, le prince d’Atlantis… Mais la bataille a dégénéré et tout ce chaos m’a fait réaliser l’impasse dans laquelle nous nous trouvions.
TS : Je trouve qu’on a bien rigolé quand même. J’ai vraiment cru que tu allais m’achever.
SR : Dois-je te rappeler que j’ai ensuite été incarcéré, puis assassiné, laissant deux équipes perdues, sans vrai leader, avant que tout ne revienne à une situation normale ? Alors, je pense que tu ferais bien d’éditer la définition de rigolade dans ton dictionnaire personnel…
TS : Désolé, Steve, j’essayais de dédramatiser pour minimiser mes erreurs de l’époque. Je dois l’admettre, j’ai eu tort.
SR : Allons Tony, ne ressassons pas le passé, nous aussi, nous avions eu Thor (Hercule lui a d’ailleurs bien décalqué sa caboche…)
Steve et Tony se tombent dans les bras devant nos deux reporters un peu embarrassés, avant que Stark ne se ressaisisse, essuie un début de larmes avant de s’adresser à eux :
TS : Ecoutez, c’est bien gentil tout ça, mais vous êtes sûr que vous ne voulez pas une démonstration de mon mixer à positrons ?
LJ : Euh, désolé Monsieur Stark, on risque d’être en retard à notre prochain rendez-vous !
Notre prochain interviewé exerce le métier d’avocat et pourra nous donner sa vision très personnelle sur le SHRA, dont il a vécu les évènements de façon très particulière… Bizarrement, il ne nous donne pas rendez-vous à son cabinet, mais dans un rade un peu glauque, le Josie’s.
Matt Murdock : Bonjour messieurs, en préambule, je dois vous avertir que je ne répondrais à aucune question sur Daredevil.
LJ : Euh… même sur le Daredevil qui opérait pendant la Civil War ? Vous étiez à l’époque en détention préventive à Ryker’s, alors ce ne pouvait pas être vous ! Certains prétendent que c’est Danny Rand, alias Iron Fist, qui avait revêtu votre costume de diable rouge…
MM : Je ne souhaite ni infirmer ni confirmer cette affirmation.
LJ : D’un point de vue légal, que pensez-vous des justiciers qui œuvrent pour le bien mais dissimulent leur identité ? En dehors de vos démêlés personnels, vous avez aussi plaidé contre Daredevil, dans l’affaire Claude Hunger vs Daredevil (arc Playing to the Camera). Partagez-vous toujours le même point de vue que votre client d’alors ?
MM : Je crois en la Justice et je crois en la Loi. C’est un élément très important de la civilisation, qui empêche le chaos et la domination par les plus forts. Mais la loi est imparfaite car écrite par les hommes, imparfaits également.
LJ : Alors que préconisez-vous ?
MM : Il faut se battre. Se battre farouchement pour ses idées, mais ne jamais perdre de vue la fin ni les moyens.
LJ : On dirait que, pour concilier justice et loi, qui parfois s’opposent, vous vous êtes constitué votre propre code… Alors, donnez-nous votre avis sur le SHRA ?
MM : Si je n’avais pas été détenu à l’époque du SHRA, j’aurais sans doute milité contre cette loi, par tous les moyens que j’aurais jugés utiles pour défendre ma cause, tout en restant dans les limites légales.
LJ : Ou alors sans vous faire prendre… Ce système de double-pensée (à la fois dans et hors la loi) n’est-il pas hypocrite ?
MM : Chacun essaye de trouver son équilibre, et il y a des lignes à ne pas franchir, une en particulier : le meurtre. Tuer de sang froid, en cumulant les rôles de juge, jury et bourreau, c’est participer à la fin de la civilisation
LJ : Si vous étiez Daredevil, vous ne tueriez jamais ?
MM : Je ne souhaite ni infirmer ni confirmer cette affirmation.
BC : Maître Murdock, auriez-vous pu devenir l’avocat de toute la communauté super-héroïque ? Quels moyens auriez-vous mis à disposition contre le recensement super-héroïque ?
MM : J’aurai pris avec plaisir la défense de toutes les personnes concernées par le SHRA. J’aurai invoqué le 14ème amendement, qui définit la citoyenneté, les clauses de privilèges et d’immunité.
BC : Qu’avez-vous pensé de la décision finale de Captain America de se livrer aux autorités ? Etait-ce la chose à faire ?
MM : Vu de l’extérieur – oui, même si j’étais emprisonné – tout cela était allé trop loin bien avant. La mort de Goliath n’aurait jamais dû avoir lieu. L’entêtement n’est jamais une solution.
BC : Avoir publiquement nié être Daredevil malgré de fortes présomptions et avoir poursuivi les tabloïds, n’était-ce pas une marque d’entêtement ?
MM : Je vous avais dit que je ne répondrai pas aux questions sur Daredevil.
BC : Alors, je crois qu’on va vous laisser finir votre bière ! Merci Maître Murdock, on se revoit quand vous voulez !
Avant de quitter le bar, Josie la proprio nous interpelle : « Psst, y’a un type dans l’arrière salle qui a entendu votre conversation avec Murdock et qui souhaiterait vous parler aussi… »
Frank Castle : Vous vous rencardez sur la Civil War ? Je l’ai faite aussi, celle-là.
LJ : Vous étiez dans le camp de Captain America mais il vous a finalement livré aux autorités, suite à un désaccord sur les méthodes opérationnelles, je crois.
FC : J’ai exécuté des criminels qui voulaient s’allier à nous. Le Captain est contre le meurtre. Je le comprends, il est comme Murdock, il pense qu’il y a une limite à ne pas franchir. Que devenir un meurtrier nous rend pareil à nos ennemis.
LJ : Et ils ont tort ?
FC : Pas forcément, mais quelqu’un doit faire le sale boulot. Et un criminel mort est hors d’état de nuire.
LJ : Et sur quel critère décidez-vous de qui doit mourir ?
FC : C’est simple, si tu as fait du mal, tu dois être puni. A la mesure de ton crime.
LJ : Et cette mesure est à votre appréciation ? Votre jugement est-il infaillible ? Et si un jour vous vous trompiez ? Si vous exécutiez un innocent ?
FC : Je prépare mes opérations. Je ne laisse rien au hasard. Je ne suis pas un amateur.
LJ : Pour en venir au SHRA, pourquoi avoir rejoint le camp de Captain America ? Vous menez une vie clandestine mais n’avez pas d’identité secrète. SHRA ou pas, vous êtes un paria.
FC : Stark et sa clique étaient à la botte du gouvernement. Je l’ai été, moi aussi. J’ai fait la guerre pour eux. Je n’ai plus aucune confiance en eux pour désigner les bonnes cibles.
BC : Alors en qui peut-on avoir confiance ?
FC : Entre un ancien marchand d’armes et un vétéran de la Seconde Guerre mondiale, mon choix a été rapide.
BC : Cap s’est battu contre les nazis et vous, vous avez fait le Vietnam, Ce sont deux guerres très différentes…
FC : C’est ptêt pour ça qu’on est très différent, lui et moi…
BC : Regrettez-vous que Cap vous ait exclu ?
FC : Non, il a défendu ses valeurs, il est resté fidèle à ce qu’il est, et moi à ce que je suis. Au moins, je leur aurais donné un coup de main pour préparer l’attaque du Baxter Building et délivrer leurs équipiers.
BC : Pas un peu déçu d’avoir loupé la grande bataille finale ? C’était assez grandiose. Une sorte de mini 11 septembre, mais provoqué uniquement par des héros !
FC : Je ne partage pas ton enthousiasme sur ce sujet.
LJ : Euh, je crois qu’il faudrait qu’on y aille, Big C…
Nous terminons notre série d’entretiens avec Robert Baldwin, seul survivant des New Warriors de l’incident de Stamford.
LJ : Robert, en tant que Speedball, vous avez combattu Terrax le Conquérant, un héraut de Galactus et d’autres menaces d’ampleur comme l’invasion de New York par la Dark Force ou encore le Sphinx… Vous doutiez-vous qu’un duel contre un vilain du niveau de Nitro puisse aussi mal tourner ?
RB : Non, avec Nita et Fighter, on était quand même rôdés. Les medias nous ont fait passer pour des amateurs mais on avait quand même pas mal d’expérience. Mais on était filmé pour la télé-réalité et ça nous déconcentrait pas mal et puis, Nitro était boosté au MGH ce jour-là…
LJ : Pourquoi avoir accepté de participer à ce reality-show ?
RB : Dwayne, je veux dire Night Fighter, était rincé financièrement et combattre le crime, parcourir le monde en jet, avoir une base secrète, ça demande de l’argent.
LJ : Vous ne recherchiez donc pas la gloire ?
RB : Vous savez ce que ça m’a coûté d’être un super-héros ? Quand un gang a appris mon identité, ils ont kidnappé mon père. Vous croyiez que je prenais ça comme un jeu ? Je le faisais par conviction. Mais ce jour-là, je sais pas… le scénariste devait pas être de notre côté, alors ça a merdé. On a merdé. J’ai merdé, si j’avais été plus rapide, plus efficace, Nitro aurait pas eu le temps de déclencher son attaque…
LJ : Seul survivant des évènements, vous avez beaucoup culpabilisé, je crois…
RB : Oui, je me suis fait du mal, j’ai traîné avec des ordures et fait des trucs pas reluisants, notamment pour les Thunderbolts de Norman Osborn.
LJ : Et aujourd’hui ?
RB : Je peux pas faire comme si rien ne s’était passé mais je souhaite pas être réduit à ce seul souvenir. Je suis devenu un super-héros pour mettre ma vie et mes pouvoirs au service du bien et c’est ce que je souhaite continuer à faire.
BC : Et n’auriez vous pas pu atteindre cet objectif autrement ? Faire le bien nécessite-t-il de mettre un costume coloré pour faire le mariole devant les caméras ?
RB : Je vous ai dit que c’était pour se refaire après la banqueroute de Dwayne…
BC : Justement, d’autres sources de financement aux méthodes moins tapageuses n’étaient-elles pas envisageables ? La télé-réalité, avec ses célébrités jetables et son argent facile, était-ce une bonne inspiration pour la jeunesse de ce pays ?
RB : Vous m’attribuez trop de mérite, la jeunesse de ce pays n’a pas besoin de moi pour se trouver des modèles pourris…
BC : Merci Speedball pour votre temps et votre accueil !
Big C et Little Jay retournent à leur bureau et débriefent sur leur enquête, devant une bouteille de Lagavulin.
LJ : Qu’est-ce que tu mates ?
BC : Photos d’archive, par un certain Steve McNiven. On lui doit toutes les meilleures images de Civil War. Regarde moi ces cadrages, ces compositions…
LJ : Oui, on se croirait presque au cinoche, ce type-là aime bien en mettre plein les mirettes. Et il capte parfaitement les poses iconiques. Ca me rappelle un autre gus, Bryan Hitch, qui avait bossé sur les reportages de The Authority ou Ultimates. Criant de réalisme.
BC : Sauf que McNiven abuse des cases sur toute la longueur de la planche, ce qui est dynamique, mais restreint également le nombre d’informations. Quand même, c’était quelque chose, cette Civil War…
LJ : Tu trouves ? Moi, ça me fait bizarre de me dire que tout ce beau monde s’en est mis plein tronche avant de se raviser et de tous redevenir potes. C’est vrai que le principe part d’une bonne idée : intégrer du réalisme, comme il a pu le faire dans Ultimates et Authority, c’est tellement post 9/11. Du terrorisme, directement dû aux super-héros. Mais tout ça pour ça… Tu y crois, toi ?
BC : Ben, faut quand même se rappeler que c’est du comics. Et le scénariste Mark Millar, a livré un produit assez conforme à ses autres prestations sur des séries comme Ultimates ou Kick Ass : un pitch qui déménage, un rythme trépidant mais une fin un peu expédiée et une exploration plutôt superficielle des thématiques qui s’offraient à lui… D’ailleurs, les dernières planches rappellent fortement celles de son run sur The Authority : deux personnes qui discutent depuis un vaisseau spatial en contemplant la beauté du monde. C’est très kitsch. Et très royaliste…
LJ : Puisqu’on tombe le masque du journaliste, je dois te dire, qu’en tant que lecteur, je n’ai pas trop aimé sa gestion des personnages, qu’il a manipulés à sa guise pour les faire coller à son intrigue. Ils ont beau avoir pris position autour de cette fameuse loi du SHRA, j’trouve qu’ils n’ont pas beaucoup réfléchi aux conséquences de leurs actes…
BC : Ben, on vient un peu de faire pareil, avec cette série de fausses interviews. On a exprimé des points de vue en se cachant derrière des personnages…
LJ : Ouais, mais on a essayé de respecter leur voix …
BC : Pourquoi nos choix seraient meilleurs que ceux de Millar ?
LJ : Minute, t’es de quel côté, toi ?
BC : Ne sombrons pas dans le manichéisme !
LJ : Ok, ok, occupons-nous plutôt de cette bouteille de whisky… Attends, faut qu’on se mette d’accord sur une BO… J’veux pas taper chez les Guns ‘n Roses, c’est trop prévisible, que dirais tu de « Both Sides of the Story » ?
BC : Du Phil Collins ? Banco ! Mais Big Boss Bruce n’acceptera jamais non ?
LJ : T’as vu la longueur de l’article ? Chui sûr qu’il lira jamais tout jusqu’au bout…(Wrong ! Ndr)
BC : Euh, s’il y a encore quelqu’un, je fais une dédicace à Sonia !
LJ : Et buvons à sa santé, alors !
Pour moi Civil War est bien une des dernières bonnes histoires de Marvel Comics, une logique de continuité suivant toutes ces batailles de super-slips qui ont mis en dangers des millers d’innocents depuis les débuts de l’Unvers Marvel.
C’est bien raconté, bien dessiné, mais tant qu’à faire pourquoi ne pas faire une chasse aux mutants aussi ?Après tout, tout le monde a peur d’eux depuis que Claremont en a fait les plus grands persécutés de l’univers Marvel dans les années 80.
Civil War est en bonne place dans ma bédéthèque, mais c’est une histoire qui aurait déjà pu etre développée après une des multiples catastrophes provoquées par des combats de super-slips : rien que le destruction partielle du WTC par Cable et sa X-Force aurait dut mettre le feu aux poudres en 1992.
2006. Comme ça parait loin maintenant.
Je suis à nouveau complètement sous le charme de l’intelligence de cette interview : à la fois le rythme de lecture donné par la discussion, et le découpage par interviewés qui donne une vision de l’histoire sous plusieurs angles. Chapeau bas.
En lisant ces interviews de bout en bout, je reste très impressionné par la solidité du concept de guerre civile entre superhéros, et par son architecture éditoriale. L’article fait ressortir à quel point la coordination entre le récit principal et les séries mensuelles a été bien menée. Voilà un événement dont l’ampleur et la nature justifiaient qu’il y ait des répercussions dans toutes les séries. D’un autre côté, l’article fait tout aussi bien ressortir les artifices de la mécanique, avec des choix de camp parfois arbitraires, et une polarisation importante du récit sur les individus dotés de pouvoirs, excluant les individus normaux.
L’accumulation des points de vue montre également à quel point le concept de départ est riche, permettant de sonder ce qui fait la nature d’une société, ce qui en assure sa cohésion, pointant du doigt la position discutable tout en étant indispensable de l’activité citoyenne. Mark Millar n’a peut-être pas été à la hauteur de l’enjeu philosophique et politique (mais il était obligé de revenir à une forme de statu quo exploitable par Marvel par la suite), mais il réussit à porter la narration d’un bout à l’autre. D’un autre côté quel écrivain aurait pu développer toute l’histoire des sciences politiques dans une histoire de superhéros en 7 épisodes ?
Big C ? C’est quand même un peu connoté comme surnom, surtout pour des lecteurs de Garth Ennis…
Merci Présence !
Je dois préciser que, à l’origine… « C’était pas ma guerreuh ! »
En fait, Cyrille devait faire un teamup avec le Boss mais celui-ci était rincé, alors il m’a proposé de le remplacer.
Merci à Cyrille pour sa collaboration toujours fluide. C’était marrant de se prendre pour les personnages, le temps de quelques répliques… Mais mis bout-à-bout, c’est devenu un article un peu fleuve. En le relisant, je me demande si certains blocs de textes n’auraient pas du être aérés avec plus d’images…
Anyway, merci de nous avoir lus.
Exact. Je tiens donc à préciser que l’idée de base a été changée, que je n’ai aucune connaissance de la continuité et que JP a tout revu : au final je participe à hauteur de 20% de cet article, le reste c’est JP. A la relecture il me fait toujours autant bidonner ! Merci JP d’y avoir apposé mon nom !
Comment ? C’est JP qui a inséré toutes les blagues ? Du ni trop, ni trop peu (très bien trouvée, sans parler de se disperser) aux dénégations plausibles systématiques de Matt Murdock, en passant par la transparence de Sue ou les Keynote de Stark ? C’est une vraie machine, ce JP.
Affirmatif !
Irrésistible ! Hypra efficace !Plein de petites détails qui méritent relecture ! Notamment, l’oubli du vrai nom de Spidey, mince je l’ai sur le bout de la langue, je le connaissais Parcoeur euh….Pierre Stylo ? Bon ça va me revenir.
Sur l’article, c’est drôle, enlevé mais pas que…il y a un vrai exercice de style à trouver la voix des personnages et l’on y sent une certaine jubilation. Ah…cette femme tout sauf invisible.
J’ai bien aimé les références à l’actualité, Max Weber ainsi que la la légitimité de l’état à user de la violence.
Je pense sincèrement que dans son échec à écrire une histoire profonde, le Civil War de Millar reste une réussite malgré plein de défauts : je pense notamment à Matt Murdock qui le temps d’une séquence est prêt à adopter une nouvelle identité….n’importe quoi. De même, il est stupide de ne pas y avoir inclus les Xmen, le groupe par excellence victime de discrimination. On sent bien là une paresse de Millar de pas de se prendre la tête avec cette équipe.
Civil War écrit par Straczynski aurait été sans doute plus profond. Ici l’idée de départ est géniale, comme toujours chez Millar, avant de tourner au WTF…Parce que, à bien des égards, il s’agit ici d’une manifestation musclée de super héros qui merdoie ( que fait le service d’ordre ? Les revendications de nos amis aux congés payés, ils sont où ?) ou au pire d’une cour de recréation un peu dangereuse.
Oui, oui, je sais ! ON est dans le super héroïsme et les codes qui vont avec. Et il y a quand même un souci de faire apparaître le pouvoir en place, les civils, des Tie In sublimes avec Spider-Man et Penance.
Dans le meilleur des mondes écrit pour Image ou Vertigo Civil War, c’était magnifique, parce que retour au statu quo oblige, Cap fait la paix avec Stark, tout le monde est amnistié et fuck les victimes…Le problème, c’est que là, à force de jouer l’actualité, la distance super héroïque disparaît….Et le retour à l’amitié est impossible après ces dégâts. D’ailleurs depuis cette date, nos héros ne font que s’engueuler entre eux….Civil War marque donc pour moi, la date de non retour, celle de la mort de Marvel qui a été trop loin et a a fait de ses héros des anti-héros, des connards arrogants et stupides bien obligés de justifier leur inefficacité lors du 11 septembre.
La vraie réussite de CW est là dedans à mon sens : en la consécration de inefficacité des Super Héros aux prises avec les problématiques politiques du réel.
@Cyrille: attention, les crédits injustifiés, c’est le point de départ des Clash des plus grands groupes de rock !
Ah ah ! 🙂
Bien d’accord avec toi Bruce, les super-héros dans le fond ça sert à rien !!
D’où ma démoralisation par rapport aux super-slips.
Mince 10 ans déjà ? Comme le temps passe ! Incroyable…
Bon ceci dit excellent article, drôle et particulièrement bien vu. Le concept de civil war s’y prête à merveille ! Bravo pour ce travail en équipe les gars 😉
Personnellement je garde un assez bon souvenir de cette série (scénario et dessin) elle aurait pu être excellente si elle n’avait pas eu une fin totalement adhérente ! « Tout ça pour ça » aurais-je envie de dire !
Pfff Je comprends bien qu’il fallait un prétexte pour amener la « mort » de Captain America mais bon… (du reste tel Superman je n’ai jamais compris comment le capitaine américain a fait pour revenir d’entre les morts !)
Bref une jolie queue de poisson en guise de conclusion qui gâche un peu cette mini-série.
De plus comme le souligne Bruce avant CW l’affrontement entre héros n’était que très ponctuel il a eu tendance à se répéter un peu trop souvent à partir de là…
Bon qui va voir le film ?
Excellent !
Cela faisait un moment que je réclamais un article sur cette mini-série pour le blog, parce que je n’avais pas du tout envie de le faire moi-même. Ayant déjà lu et relu cette série, écrit et réécrit le commentaire Amazon, j’avais envie de lire ce qu’en pensaient les copains.
Durant les 3/4 de l’article de Cyrille et JP, je me marrais souvent, j’étais impressionné par la réflexion politique, mais j’étais déçu de ne pas y trouver une critique directe du comics. Et puis voilà qu’elle m’attendait à la fin !
Super ! 5 étoiles !
Et bien je crois que nous tenons là une histoire Marvel qui semble faire l’unanimité quant à ses défauts et ses qualités.
D’accord pour dire que c’est la dernière bonne histoire de l’éditeur. Pour l’anecdote, c’est à cause de Civil War que je suis revenu très sérieusement à Marvel. Je m’étais remis à lire des comics depuis à peu-près un an mais je ne voulais que du lourd. Du « Watchmen », du « Hellblazer », ce genre de choses. Et puis « paf ! », un pote me prête « CW » et je me dis « punaise ! Marvel c’est devenu génial, adulte, réflexif et tout ! ». Et hop, j’ai replongé jusqu’à il n’y a pas longtemps (quasiment 10 ans, donc…).
Avec le recul, c’est sûr que cette histoire n’est pas si profonde que ça et la séparation en deux camps est complètement incohérente et mal fichue, la moitié (le camp pro-recensement) devenant soudain des vilains n’hésitant pas à s’allier avec d’authentiques vilains pour combattre leurs frères héros.
Par contre, l’idée de génie de Millar aura été pour moi de faire de Cap l’étendard de la résistance alors qu’on s’attendait à le voir de l’autre côté. Ça, c’était une magnifique leçon pour une Amérique ayant soudain quitté l’utopie du rêve américain pour entrer de plein pieds dans l’ère post 11 septembre. Une vrai superbe métaphore…
Je suis totalement d’accord avec toi pour avoir fait de Cap l’étendard de la rébellion. Et merci !
Pas si surprenant, je trouve. Le Captain America moderne a été « recréé » dans les années 60, et en tant que tel porte en lui les idéaux contestataires de la jeunesse américaine de l’époque.
Ah ! Une dernière chose : Moi c’est le dessin de Mc Niven qui ne me fait plus aucun effet. Je trouve que tout ça a très mal vieilli et que tous ces personnages sont souvent figés et lisses comme des statues de cire. Des statues grecques ça aurait été bien. Mais des statues de cire…
Le Facebook du soir :
« Civil Wars » 3/5
10 ans plus tard, 2 reporters (Jean-Pascal Nguyen & Cyrille M) interrogent Miriam Sharpe, Nitro et une demi douzaine de superhéros sur les événements de la Guerre Civile (de Mark Millar & Steve McNiven).
@Tornado: même experience. Je revenais à Marvel après avoir quelques années en me disant, ouah, cette fois ci, il se passe vraiment quelque chose ! Les personnages avaient avancé quoi ! Spider Man démasqué, Stark ministre, Cap’ on the run ! Si Civil War avait achevé l’univers Marvel, c’eut été sans doute la meilleure fin possible. Hélas, de Civil War jaillirent les pires histoires à venir. Bientôt OMD viendrait mettre la fin à l’ère adulte de Marvel. En attendant, CW aura permis la fantatsique mini série Thunderbolts, là dessus, je pense que personne ne me contredira (à part JP ?).
Bruce, si tu parles de la série Thunderbolts par Ellis et Deodato, j’étais fan, j’ai les 2 TPB…
Donc, personne pour me contredire, wow, je me sens vachement Tony Stark sur ce coup là !
Ah si moi je déteste les Thunderbolts et je déteste Deodato mais bon ça n’empêchera personne de dormir je pense 😉
Je te rejoins tardivement. J’ai profondément détesté cette période, qui n’avait plus grand chose à voir avec les runs de Busiek et Nicieza
Civil War, c’est le moment où j’ai arrêté de lire du Marvel en VO…
la guéguerre des héros entre eux….l’espèce de milice qui en est ressorti…
J’ai détestée cette histoire, ses conséquences et l’univers « Marvel Central » depuis…
je me contente plus que des séries autonomes pas trop impactées…genre Silver Surfer ou Ant-Man…typiquement ce qui sort en Hors série en fait…
.
Civil War c’est une superbe idée mais pas compatible avec l’univers Marvel.
Quelques histoires sont quand même chouettes comme les Thunderbolts de Ellis et Le prisonnier de Jenkins.
Accessoirement, j’y croyais très fort à cette histoire à son début.
Le Wookie en bas de la dernière image c’est sensé être Sasquatch ?
Sauf si c’est vraiment un Wookie. Mais il me paraît trop visible au premier plan pour être un easter egg. Donc sans doute un Sasquatch oui. Pas super bien fait.
Rigolo ça, ça tombe juste pendant la rediff’ de King Kong sur fb !
Attention les Wookies vont te traiter de raciste si tu les compares à des gorilles^^
Excellent article, vraiment bien faites ces fausses interviews. Et on ne s’attend pas au côté méta où on fait le parallèle entre les faux journalistes et les auteurs de comics.
Bravo à vous deux, donc !
Civil War, c’est la seule saga que j’ai achetée en kiosque après 20 ans de pause. Je n’étais pas fan de la mise en page, (20 ans, forcément, ça fait un choc). C’était quand même un choc, à l’époque. Je suivais Civil War et son frontline. Le côté « il faut acheter les séries de tous les héros pour tout suivre » m’a saoulé, par contre. On a fini par revendre la saga et apparemment il me manquait un numéro… -_- . Bref !
Cette saga se suffit à elle-même et j’en suis restée là dans le monde de Marvel…
Enfin, je note que la BO n’apparaît pas à la fin de l’article !
J’ai refeuilleté ça cette année en bibli et je suis encore plus sévère qu’à l’époque, c’est tellement putassier sans aucun autre fond que de vouloir détruire l’univers Marvel…
Ça dépend Eddy, si tu mets l’attachement aux personnages, voire à leur caractérisation en « off », c’est quand même de la bonne BD. Et le rôle De Captain America est super bien écrit.
Merci Kaori, mais c’est JP qui a presque tout fait 😉