GOTHAM BY MIDNIGHT par Ray Fawkes, Ben Templesmith et Juan Ferreyra
Un article de JB VU VANVO : DC Comics
VF : /
© DC Comics
Cet article portera sur l’intégralité de la série GOTHAM BY MIDNIGHT (n°1 à 12 et un Annual). Intégralement écrit par Ray Fawkes, ce titre a vu se succéder plusieurs artistes : Ben Templesmith pour les 5 premiers numéros, Juan Ferreyra pour le reste de la série régulière, Christian Duce mis en couleur par Lee Loughridge pour l’Annual. Sauf erreur de ma part, ce comic book reste inédit en VF.
Gotham City est connu pour être une ville corrompue, où règne la criminalité. Mais beaucoup ignorent que des créatures surnaturelles menacent également la ville. Le Commissaire Gordon a créé le Precinct 13, surnommé “L’Équipe de Minuit”, pour lutter contre les spectres et démons qui hantent les recoins de Gotham. Et dernièrement, l’escouade de Jim Corrigan voit une hausse des manifestations étranges et inexplicables : des enfants qui ne parlent qu’un langage inconnu ; une épidémie propagée par une ombre. Alors que la ville est littéralement rattrapée par les fantômes du passé, L’Équipe de Minuit est mise en péril par un audit des affaires internes après le limogeage de Jim Gordon. Mais la véritable menace vient peut-être de l’intérieur…
À l’image du story-arc CATWOMAN ETERNAL, GOTHAM BY MIDNIGHT est un spin-off du titre hebdomadaire BATMAN ETERNAL. En effet, on y découvre tout d’abord Jim Corrigan, qui aide Batman à combattre l’antagoniste de BATMAN: THE CULT, Deacon Blackfire. De plus, l’événement déclencheur de l’histoire est le remplacement de Gordon au poste de commissaire, qui se produit durant BATMAN ETERNAL. Enfin, la série se produit durant et après BATMAN: ENDGAME et l’on aperçoit le mécha-Batman qui remplace le protecteur de Gotham City après quelques numéros.
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Côté graphique, Ben Templesmith est parfaitement casté. Ceux qui ont déjà lu les titres horrifiques qu’il a illustrés (30 JOURS DE NUIT, WORMWOOD) savent que son style se marie parfaitement avec le body horror, la transformation charnelle, ou encore que son trait retranscrit la folie qui peut posséder certains personnages. De plus, avec FELL, il a déjà mis en scène une ville en pleine déliquescence. Pourtant, lorsqu’il reprend la partie graphique de la série, Juan Ferreyra ne démérite pas. S’il a un style plus proche du comic books, il propose quelques scènes saisissantes : 2 humains fusionnés en un seul être que l’on croirait sorti d’un film de Carpenter, ou encore une scène d’interrogatoire qui vire à la boucherie. L’annual fait figure d’outsider avec un style bien trop propre sur lui de Christian Duce.
Dès la première page du comic book, le titre adopte le principe d’une série TV. Chaque page liminaire propose 4 cases posant les personnages et la situation, à la manière du pré-générique d’une série policière. Elle en reprend les codes avec l’arrivée d’un nouveau venu dans l’Équipe de Minuit, qui va permettre de présenter au lecteur les personnages et les rouages du Précinct 13. On arrive d’ailleurs à un premier problème de la série. Si l’équipe est composée de 5 membres (6 en comptant Rook), il y a clairement un privilégié. Jim Corrigan, hôte du Spectre, est le plus familier des lecteurs. Nous découvrons rapidement qu’il est bien différent de ses précédentes incarnations : Corrigan ne parvient pas à contrôler le Spectre, qui a une légère tendance à provoquer des dommages collatéraux lorsqu’il apparaît. Après tout, c’est la force divine qui a détruit Sodome et Gomorrhe ou déclenché le Déluge… Dès lors, Jim Corrigan utilise surtout l’Équipe de Minuit pour désamorcer toute menace surnaturelle avant que le Spectre ne se manifeste et provoque un massacre.
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À côté de la double figure du flic vétéran Corrigan et de la bombe atomique que représente le Spectre, le reste de l’équipe fait pâle figure et est généralement réduit à jouer les utilités. L’agent Drake (aucun rapport avec Tim) ressent parfois le besoin de pousser un cri qui paralyse toute menace alentour. Le hic, c’est que le cri est toujours suivi d’une ou plusieurs morts… Un pouvoir bien utile si l’on a besoin d’un deus ex machina. La sœur Justine, à la personnalité discrète, est très effacée et participe peu aux enquêtes de terrain – elle servira davantage de ressort dramatique que de véritable protagoniste. Le Docteur Tarr est une sorte de savant fou, bien trop fasciné par les expériences qu’il mène sur les manifestations paranormales, et sortira un techno-mystico blabla expliquant la menace du jour. Le Lieutenant Weaver, responsable de l’unité du Precinct 13, n’a guère droit qu’à un flashback et fait bien peu pour cadrer son équipe. Quant à Rook, il ne parvient pas à sortir de son rôle d’empêcheur de tourner en rond malgré les missions auxquelles il participe.
La série démarre pourtant sur les chapeaux de roue. Les 5 premiers numéros suivent des menaces surnaturelles liées entre elles. Des enfants enlevés à leur famille et qui ne parviennent plus à réintégrer leur famille. Une épidémie de variole. Un parasite démoniaque transmis par la consommation d’alcool. Chaque manifestation paranormale mène les héros vers la véritable cause de ces incidents : chaque manifestation surnaturelle symbolise un crime contre l’humanité perpétré par les colons contre les populations natives. Les victimes de ces crimes prennent forme physique pour crier vengeance, et le jugement du Spectre risque de ne pas être en faveur de Gotham…
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La suite reste sur le même thème : la manifestation physique de maux de la société actuelle, qu’il s’agisse de la déshumanisation des employés au sein des entreprises, des médias qui tendent à susciter la violence sous prétexte de la dénoncer, de l’apathie du citoyen moyen ou encore des violences policières. En parallèle, l’enquête interne sur le Precinct 13 semble émaner d’une cabale contre nos héros. L’Annual fait un peu figure d’outsider : il ne suit pas le format habituel de la série (pas de première page teaser) et l’antagoniste, le Gentleman Ghost, ramène nos protagonistes dans le monde des superhéros.
Puis viennent les 4 derniers numéros… Je n’en ai pas vu confirmation (pas de lettre au lecteur de la part des auteurs), mais j’ai l’impression que la série a été annulée. Dès lors, Ray Fawkes précipite la fin de la série : arrestation de Drake et de Corrigan sans que l’on sache qui est aux manettes de la cabale, modification radicale du lien entre Corrigan et le Spectre et retour de la menace du premier arc. Tout va bien trop vite, les changements sont trop brutaux pour laisser au lecteur le temps de souffler. Et surtout, la conclusion de GOTHAM BY MIDNIGHT ressemble beaucoup trop à celle du premier arc. Si la série avait duré une trentaine de numéros, cela aurait été une belle façon de boucler la boucle, mais après à peine 5 numéros, on a une impression de redondance sans imagination. En bref, un titre qui aurait pu devenir prenant sur la durée, mais dont l’annulation a étouffé les ambitions.
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BO du jour :
Hum hum, du Batman horrifique ? Je m’éclipse discrètement tel un Dark Knight sur le toit du commissariat après avoir parlé à Gordon…
PS : typiquement, je préfère les dessins à la Hitch comme hier que ceux du jour…
Salut JB,
Le concept de cette série aurait pu être sympa si celui-ci avait été un peu plus original. Au final ce n’est qu’un mélange de Ghostbusters et Gotham central ?
Je ne suis que moyennement étonné que la série se soit arrêté rapidement.
Ils n’ont pas retenu la leçon ! Gotham Central s’était déjà arrêté prématurément . Pourtant la série était de qualité et, pour le coup, un peu plus originale.
Je pense que le lecteur lambda de comics est en attente d’histoires avec un personnage principal emblématique. Ici le personnage c’est la ville !
Personnellement, je suis friand de récits du type Gotham Central, malheureusement je ne représente pas la majorité du lectorat de comics de super héros.😞.
Les dessins de Ben Templesmith ont du caractère. Pas sûr, non plus, qu’ils plaisent à tout le monde !
La BO: Le petit logo Ghostbusters avec ce dessin représentant un fantôme amusant sortant du cercle rouge d’un panneau de signalisation laissait présager le fameux titre de RAY PARKER JUNIOR ! Ce n’est pas le cas…dommage 😀
Malgré son arrêt, Gotham Central a quand même reçu une conclusion avec l’hebdo 52 pour le destin de Renée Montoya, les séries dédiées au Spectre en ce qui concerne Crispus Allen, jusqu’aux retrouvailles de Final Crisis et les back-ups de Detective Comics.
Pour la BO, je retiens surtout le passage à environ 2min19, qui marque dans le film la scène où, après désactivation de la « prison » des fantômes, les spectres envahissent la ville ^^
Merci pour les précisions sur la chanson, ça me revient maintenant ! Je la trouve très inspirée par des titres de Phil Collins, notamment IN THE AIR TONIGHT.
Ca ne m’avait pas du tout intéressé à l’époque. Tu me confirmes.
Oh, ça se laisse lire, c’est surtout que ça tourne court ^^
Salut JB.
J’ai et j’ai lu 🙂
Bon depuis ‘annonce dimanche je n’en suis qu’au 4 de ma relecture.
Je découvre qu’il y a un annual. Il ne me semble pas l’avoir acheté à l’époque (j’ai déjà bien sué pour retrouver ces numéros, il n’y aura mas un second chambardement de cartons pour vérifier). Par contre il y a un récit introductif de 8 pages qui existe (publié il me semble dans certains comics DC à l’époque).
Pris à l’époque car le concept m’intéressait et surtout pour les dessins de Ben Templesmith qui a pris la fâcheuse habitude de ne pas aller au bout des séries qu’il commence.
Je te rejoins complétement sur tes arguments. En fait si Fawkes avait réussi des récit complets en 1 seul numéro comme Ellis pour FELL cela aurait pu être plus passionnant. Mais c’est trop décompressé et il ne passe finalement pas grand chose dans chaque numéro. On sent bien une inflexion dans l’écriture dès le départ de Templesmith. Fawkes avait il un plan ?
Par contre j’approuve le choix de prendre Juan Ferreyra comme dessinateur. C’est un univers qui lui est familier (les 3 séries COLDER, KISS ME SATAN). Très client de cet artiste.
La BO : je valide évidemment.
L’annual est très oubliable, le Gentleman Ghost faisant un peu tâche parmi les autres menaces surnaturelles de la série.
Je pense sincèrement qu’il y avait un plan global, chaque épisode y va de sa petite révélation. Puis la série pète un câble et pousse l’accélérateur à fond pour arriver à sa conclusion bâclée en quelques numéros
Ah mais quel dommage…
Tout à fait le genre de série dérivée qui m’intéresse !
Ces dernières années, ce sont ces séries qui ont retenu mon attention (GOTHAM CENTRAL, BATWOMAN, GOTHAM ACADEMY). Des séries avec une vie bien à elles et souvent un gros potentiel fantastique, qui pouvaient exister dans leur coin.
A chaque fois, l’éditeur les a annulées… Comme je l’ai déjà dit à maintres reprises, j’ai une poisse insensée avec mes séries coup de coeur et la plupart sont annulées…
Faut dire que, d’après ce que j’ai compris, les lecteurs (le gros des lecteurs) veulent lire les principales séries connectées et délaissent justement celles qui ne le sont pas (il y a eu BATMAN LE CHEVALIER NOIR également, qui s’est fait régulièrement défoncer alors que franchement c’était une très bonne série, tout ça parce qu’elle n’était pas connectée aux autres et que les fanboys préféraient la zapper…). Je vis donc, hélas pour moi, sur une autre planète que ceux-là…
Merci pour le topo. À la fois ça fait très envie, mais à la fois ça calme les ardeurs avec cette annulation et ce baclage manifeste…
La BO : Aucun souvenir de ce truc !
Il y a également Arkham Manor, relativement court (6 numéros + 1 one-shot Endgame) et inédit en VF, je crois. Batman & Robin Eternal était assez sympa et permet surtout de ramener Cassie Cain au lieu de cette enquiquineuse d’Harper Row.
Mais bon, je suis très client des miniséries obscures (Doomed, qui n’a même pas l’honneur d’une entrée sur la liste des titres New52 sur Wikipedia, Bloodties version Rebirth, la série Pandora du même Fawkes, Talon de Snyder et Tynion, très bon, …)
Ah j’ai pensé à GOTHAM AFTER MIDNIGHT avec le titre. Mais pas du tout.
Connais pas ce comics.
Mais si c’est interrompu…je passe.
GOTHAM CENTRAL, comme il y a plusieurs histoires, ça se lit malgré l’absence de fin. Mais ça manque effectivement d’une conclusion vu qu’il me semble qu’il y a de la corruption dans tous les sens et que l’intrigue n’est jamais bouclée, et les inspecteurs démissionnent (ou un truc comme ça, ça date déjà de quelques années ma lecture.)
J’ai un peu l’impression que GOTHAM BY MIDNIGHT avait la même ambition que GOTHAM CENTRAL avec son ambiance de série « chorale » à la LAW AND ORDER. Avec la fin abrupte, au final, plusieurs personnages sont laissés en plan et leur histoire avortée.
Jamais entendu parler…
ça pourrait me parler, Gotham/fantastique, c’est un bon mariage
Je préférerais lire la fin de FELL ceci-dit…
Tout ça m’a tout l’air d’un coït interrompu…D’ailleurs, sans faire de lien de cause à effet, c’est sans doute l’article le plus court de JB.
Dommage, tout ça semblait bien sombre et bien sanglant mais sans doute trop trash pour le bien sage Black Label.
Cet article portera sur l’intégralité de la série : cool, je n’avais lu que les épisodes 1 à 5, je vais ainsi pouvoir découvrir la suite.
Jim Corrigan utilise surtout l’Équipe de Minuit pour désamorcer toute menace surnaturelle avant que le Spectre ne se manifeste et provoque un massacre. […] À côté de la double figure du flic vétéran Corrigan et de la bombe atomique que représente le Spectre, le reste de l’équipe fait pâle figure et est généralement réduit à jouer les utilités. – Un des gros problèmes du Spectre : son niveau de puissance, tellement élevé qu’il est souvent cantonné à une intervention finale, en tant que deus ex machina.
J’ai l’impression que la série a été annulée : c’est ce que j’ai redouté dès les premiers épisodes, et encore plus avec le départ de Ben Templesmith.
Ma conclusion de l’époque : Ce premier tome d’enquête de l’unité spécialisée dans les affaires surnaturelles offre le plaisir de voir Ben Templesmith donner son interprétation de l’univers partagé DC. Son approche graphique est toujours aussi personnelle et immersive, élevant la qualité du récit de plusieurs crans. Ray Fawkes imagine une enquête assez originale mais dont l’intérêt diminue à chaque apparition du Spectre, entité trop puissante qui neutralise une bonne partie du suspense.
L’avis complet :
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J’étais passé à côté et j’aime bien Templesmith. faut vraiment que j’aille y voir.
Merci JB pour la présentation ! Jamais entendu parler de cette bd évidemment, je ne suis pas trop les sorties VO (juste VF avec Comixity). Je ne connais que les dessins de Ben Templesmith via le FELL de Warren Ellis. Je ne connais pas les autres auteurs ici présents.
Je ne connais pas non plus les autres titres qui font lien avec ce spin-off (à part LE CULTE) mais je connais bien le générique de NY Section Criminelle (LAW AND ORDER : CRIMINAL INTENT en VO) : merci pour le sourire.
Precinct 13 fait directement référence au ASSAUT de Carpenter, pas étonnant donc pour une série horrifique.
Le dessin est assez différent mais je pense malgré tout beaucoup à THE GOON en regardant les scans. Tout ça me semble très sympathique et je pourrais tout à fait lire ça. Merci encore. En parlant de fin précipitée, j’ai vu une série belge que j’aime bien (UNITE 42) qui a eu exactement le même problème et un peu la même fin…
La BO : forcément, vu ton titre. Je ne me souvenais pas de cette chanson. Spa mal.