Matrix, la saga
Première publication le 27/04/15- Mise à jour le 21/12/21
Un dossier de : TORNADO
Cet article portera sur toute la saga Matrix, c’est-à-dire, entre autres, les trois films ainsi que les divers court-métrages d’animation et les comics qui ont été réalisés en parallèle.
Nous commencerons par un petit tour d’horizon de la planète geek, afin de démontrer à quel point la saga des frères Wachowski en est liée de manière fusionnelle. Nous essaierons enfin d’élever humblement le débat sur quelques unes des innombrables pistes de réflexion soulevées par la saga, afin de coller le mieux possible à notre marque de fabrique, qui veut que l’on parte « de la culture geek pour arriver à la culture tout court » ! Enfin… si on y arrive !
Une petite mise en garde s’impose néanmoins à tous ceux qui n’ont jamais vu la saga : Cet article révèle un certain nombre de moments-clés de l’histoire.
CHAPITRE 1 : GEEK LAND
a) Cinema Show
Commençons par le commencement : L’histoire, tout le monde la connait. Non ?
Le pitch est le suivant : En 1999, Thomas Anderson, surnommé Néo, jeune hacker surdoué, est contacté par deux de ses légendaires confrères : Trinity et Morpheus. Ces derniers vont lui révéler une vérité hallucinante : Néo ne vit pas dans le monde réel. Il vit, et le monde entier avec lui, dans une illusion virtuelle. Un programme généré par une entité mécanique, une intelligence artificielle : La Matrice.
Le monde entier est ainsi une illusion. Morpheus propose alors à Néo de se réveiller, de franchir le miroir et de passer dans le monde réel : Une Terre apocalyptique située cent ans plus tard, dominée par les machines, et où l’homme est cultivé comme une ressource énergétique, pendant qu’il rêve d’être dans un monde qui n’est qu’illusion.
Mais les révélations ne s’arrêtent pas là : Morpheus pense que Néo est « l’Élu ». C’est-à-dire tout simplement l’homme providentiel qui sauvera le monde.
La révolution est en marche…
Lorsque le film réalisé par les frères Wachowski sort en 1999, c’est la sensation. Le monde reste bouche-bée devant le postulat dressé par ce scénario d’anticipation effroyable où l’humanité sombre sous le joug de la terrible « Intelligence Artificielle ».
Mais toute la nation geek exulte ! Car Matrix est une ode au monde des geeks. Normal, puisque les Wachowski se sont inspiré de tous ses mediums de prédilection, c’est-à-dire les comics, les mangas, les jeux-vidéo, le cinéma d’action asiatique et, par extension, les animes japonais…
A bien y réfléchir, ce thème cinématographique de la machine qui domine l’homme dans le futur est loin d’être nouveau. On commence par le trouver concrètement en 1968 dans 2001 L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick (Isaac Asimov, précurseur, avait publié son I Robot l’année précédente). Puis, à grande échelle, il se développe sérieusement en 1985 dans le premier Terminator de James Cameron. C’est l’un des thèmes récurrents du genre Cyberpunk, auquel Matrix se réfère d’ailleurs complètement, et qu’il va incarner jusqu’à en devenir l’étendard moderne.
Le second thème qui imprègne notre saga, à savoir « l’homme qui intègre un univers virtuel informatique », a également déjà été traité en 1982 dans le film Tron de Steven Lisberger. Cette production Disney ne représente guère qu’un embryon de toutes les possibilités qui émanent du sujet, mais le film fut le pionnier du genre et, avant Matrix, il n’y en a pas eu d’autre.Mais il n’y a pas que la science-fiction dans la vie, Ainsi, on terminera ce petit tour d’horizon sur les influences cinématographiques de notre saga en regardant du côté du soleil levant. Car, bien qu’il soit un pur produit de l’institut cinématographique Américaine, Matrix est un mélange de styles, et lorgne avec gourmandise sur le cinéma oriental, et notamment le cinéma chinois. Nous y trouvons ainsi l’influence directe des films de karaté (et de sabre), avec quelques citations ostentatoires, notamment lorsque Néo imite Bruce Lee (et non Bruce Lit !), en invitant avec mépris son adversaire à reprendre le combat d’un geste de la main…
Enfin, impossible de ne pas reconnaître le cinéma de John Woo (un réalisateur chinois ayant d’ailleurs rejoint le tout Hollywood, comme quoi la communion entre le levant et le ponant est une réalité !) lors d’une série de gunfights directement inspirés de sa mise en scène à la violence graphique chorégraphiée.
De là à penser que Matrix est une œuvre postmoderne il n’y a qu’un pas. Diantre ! Ce n’est pourtant pas exactement aussi simple que cela, sans quoi le phénomène Matrix n’aurait pas été un phénomène !
En 1982, parallèlement à Tron et à son choc anticipationnel, le réalisateur Ridley Scott nous offrait le cultissime Blade Runner (d’après une nouvelle de Philip K. Dick). Avec sa mégalopole à l’esthétique rétro-futuriste (un Los Angeles transformé en architecture baroque et art-déco, inspiré lui-même du Metropolis de fritz Lang et de l’architecture utopiste de Hugh Ferris !), avec son détective privé tout droit sorti d’un roman de Dashiell Hammett, le réalisateur d’Alien mettait un pied dans le postmodernisme. Hors, la ville dans laquelle on découvre Néo au début de Matrix ne mange pas de ce pain là. Nous sommes juste dans les rues de… Sydney !
Et pourtant, la saga Matrix est une gigantesque soupe dans laquelle se mélange une multitude d’influences artistiques et culturelles. Sauf qu’elle n’est pas tournée vers le passé. Matrix n’est pas une œuvre rétro-futuriste aux accents steampunk, ce n’est pas un acte postmoderne qui régurgite les références du passé en les réactualisant, comme c’était le cas avec Star Wars. Ou bien si, un peu. Mais pas seulement…
Matrix, c’est un agglomérat de la culture geek qui a une longueur d’avance sur tout le monde. C’est de la vraie science-fiction, dans le fond, la forme et les constituants techniques, esthétiques et culturels. C’est l’œuvre-somme d’une nouvelle ère.
Matrix, malgré son aspect patchwork qui semble bouffer à tous les râteliers, est au contraire une entité unique en son genre, un acte de nouveauté qui a digéré ses constituants et un choc entant que spectacle de forme comme de fond.
Matrix, c’est une science-fiction qui prend corps, une nouveauté cinématographique qui incarne son genre physiquement, culturellement, et un pur acte artistique de création…
Matrix, c’est la promesse que le monde des geeks est le monde de demain.
b) Comics shop
On l’a également entendu à maintes reprises : Matrix s’inspire des comics. Effectivement, à la fin du premier segment et surtout dans Matrix Reloaded, le deuxième film de la saga, on peut voir Néo se prendre pour Superman dans quelques scènes de vol (somptueuses) où le personnage imite consciencieusement son modèle de papier. Aucun doute sur le parallèle : le spectateur assiste, dans ce monde terrifiant qui l’attend peut-être un jour, à la naissance d’un authentique super-héros ! La filiation entre le film et les comics (et la place privilégiée dédiée au surhomme en panoplie) est définitivement entérinée…
Mais avant cela, il y a une polémique…
A partir de 1994, au sein du label Vertigo (branche adulte et émancipée de l’éditeur DC Comics, c’est-à-dire le même qui publie Superman), le scénariste Grant Morrison entreprend sa grande œuvre : Les Invisibles. Une série ambitieuse de 59 épisodes dans laquelle le bonhomme injecte une quantité astronomique de références artistiques et culturelles. Tout comme Matrix, me direz-vous. Mais ce n’est pas le seul point commun, loin de là…
Car le thème principal de la série Les Invisibles s’impose comme une source intarissable pour le pitch de Matrix. Grant Morrison utilise cette série pour illustrer sa propre conception du sens de la vie et part sur le postulat que la réalité est plurielle et trompeuse. C’est-à-dire qu’aucun individu n’est capable de la percevoir dans son entièreté.
Les Invisibles (un groupe de révolutionnaires dissidents) sont à la recherche de la vérité derrière les apparences et sont sans cesse confrontés à des vérités relatives, tout comme le lecteur ! Le scénariste insinue que l’acte de création artistique est un outil capable de façonner la réalité et réalise une mise en abime dans laquelle ses personnages vont vivre une quête liée à la recherche de la vérité !
La série s’ouvre sur le thème de la révolte contre l’autorité établie (et la traque aux conspirations de tout ordre) avec, en contrepoint, la question de la liberté individuelle face à la société. Soit de la même manière que le premier film de la saga Matrix. Mais, petit à petit, le récit va s’orienter sur la réalité alternative, amenant les personnages à découvrir que leur réalité n’est qu’illusion. Soit… la même chose que dans le premier Matrix !
A toutes ces ressemblances s’ajoutent une réflexion sur l’avènement de l’ère informatique, qui entraîne dans son sillage l’omniprésence de l’information (quelle que soit sa nature), ce qui constitue la vraie révolution pour l’être humain et sa condition ; mais aussi la notion de destin lié au mysticisme puisque, si Néo est sensé être un messie, l’un des personnages des Invisibles est peut-être… un bouddha ! (1)
Pourtant, malgré toutes ces similitudes, les frères Wachowski n’ont jamais officiellement marqué cette filiation et n’ont en tout cas jamais avoué avoir pillé l’œuvre de Morrison. Et c’est surtout ce dernier, via quelques déclarations amères, qui a suggéré que sa création était indubitablement à la base du script de la saga Matrix…
En tout cas, une chose est certaine, l’esprit des films qui nous intéressent ici est marqué par le monde des comics et, comme s’il fallait boucler la boucle, la saga a donné naissance, dans son sillon, à une déclinaison multimédia dans laquelle les comics n’étaient pas oubliés !
C’est ainsi que, de 1999 à 2004, une collection de petites histoires, d’abord publiées initialement sous la forme de webcomics sur le site TheMatrix.com, vinrent apporter leurs pierres à l’édifice de la Matrice !
Si les frères Wachowski écrivent le premier épisode estampillé Matrix Comics avec Geof Darrow, ce n’est pas un hasard. Ce dernier, en plus d’être une légende des comics pour ses œuvres réalisées avec Frank Miller, est avant tout le designer et le créateur visuel officiel de la saga Matrix !
Par la suite, les deux frangins vont convoquer un impressionnant panel d’artistes venant de la profession consacrée, piochant avant tout dans le domaine des auteurs indépendants. Se bousculent ainsi aux commandes des vingt-trois épisodes suivants des noms comme Neil Gaiman, Bill Sienkiewicz, Dave Gibbons, David Lapham, Paul Chadwick, Tim Sale, Michael A. Oeming, Kaare Andrews, Ted McKeever, Greg Ruth, Peter Bague, John Van Fleet, Kilian Plunkett et Jim Kruger. Certains officient entant que scénaristes, dessinateurs et souvent les deux en même temps. Et l’ensemble est harmonisé par l’éditeur Spencer Lamm.
D’une longueur inégale (entre cinq et vingt pages), les épisodes sont également d’une qualité fluctuante. D’un point de vue pictural, certains auteurs ou artistes se montrent nettement au dessus du lot (Tim Sale ou Greg Ruth, artiste que j’admire depuis son travail sur la série Conan chez Dark Horse), quand d’autres se révèlent décevants du point de vue du scénario Effectivement, la plupart des dessinateurs s’improvisent ici scénaristes et, franchement, ce n’est pas toujours une réussite. Mais le pire demeure pour moi le fameux épisode écrit par Neil Gaiman et soi disant mis en image par Bill Sienkiewicz et Greg Ruth. Huit pages qui ne sont, non pas de la bande-dessinée, mais une nouvelle particulièrement laborieuse, opaque et surréaliste, bourrée de dialogues indigestes avec six dessins insipides en guise d’illustration ! Après avoir lu moult commentaires dithyrambiques sur la chose, je me demande encore si les lecteurs sont objectifs à la seule pensée de la participation du créateur de Sandman !
Chaque épisode est indépendant des autres et possède son identité propre, les auteurs ayant bénéficié d’une liberté artistique totale et absolue. Des planches en noir et blanc underground (Geof Darrow) côtoient ainsi des images patchwork assimilant peinture et photographie (Bill Sienkiewicz), tandis qu’une poignée de pages humoristiques (Peter Bague) sont entourées de créations plus consensuelles (Dave Gibbons), plus classieuses (John Van Fleet), élégantes (Paul Chadwick), expressionnistes (Ted McKeever), ou même « cartoony » (Kaare Andrews). Le second recueil est toutefois mieux équilibré que le premier, principalement car les épisodes ont été remaniés (améliorations significatives et mise en couleur optimale pour chacun d’entre eux) avant leur passage sur papier.
Dans l’ensemble, toutes ces petites histoires viennent nourrir la mythologie de la saga en imaginant la vie des gens au cœur de la Matrice, alors qu’ils sont confrontés, parfois, à la possibilité d’une autre réalité que celle de leur quotidien.
Les récits sont construits autour de personnages inédits, qui n’apparaissent pas dans les films, mais qui vivent dans le même univers. L’idée est donc bien d’explorer tous les éléments de la saga et d’approfondir tout ce qui n’était que suggéré dans le premier film (les comics ayant été réalisés en attendant la sortie de deuxième opus), afin de nourrir la mythologie mise en place dans l’histoire initiale.
Ainsi, malgré la qualité fluctuante de l’ensemble, cette petite série de comics participe de la volonté d’enrichir un univers qui s’étend bien au-delà du seul domaine cinématographique, formant une boucle à partir de ses sources d’inspiration directe.
Mais l’histoire n’est pas terminée. Puisque l’univers Matrix se devait d’être multimedia, ses créateurs n’allaient pas non plus oublier l’une de leur influence majeure : L’Anime japonais (il y a également eu des mangas, réalisés par Hiroyoshi Tsukamoto, mais là j’avoue que je n’en connais rien !)…
c) Anime nation
Matrix Comics n’était qu’une mise en bouche. Une ébauche. Animatrix sera une œuvre d’art, un ensemble de contes philosophiques aussi poétiques qu’oniriques. Pendant trois ans, les frères Wachowski vont travailler avec certains des meilleurs animateurs américains, japonais et coréens. Les frangins supervisent ainsi le projet Animatrix, soit neuf courts- métrages d’animation immergés dans le monde de la Matrice…
A noter que cette anthologie, sortie initialement en 2003, a été pensée pour s’intercaler entre le premier film et sa suite, Matrix Reloaded (alors que les épisodes de Matrix Comics s’étendaient sur toute la saga et au-delà, Michael A Oeming et Kaare Andrews ayant imaginé deux récits se situant après Matrix Revolutions). Ainsi, certains épisodes servent de lien direct entre les deux opus cinématographiques, entérinant la position d’Animatrix comme pierre officielle à l’édifice de la saga.
Au scénario sur quatre épisodes, les Matrix’s brothers s’adjoignent alors les services d’une dream team impressionnante comptant dans ses rangs des noms prestigieux tels Yoshiaki Kawajiri, Takeshi Koike et Shinichiro Watanabe. L’ensemble est toujours produit par Joel Silver (producteur de l’ensemble de la saga), qui laisse carte blanche à tous ces auteurs, leur offrant ainsi une totale liberté artistique ! Le résultat va être surprenant, au point de jeter dans la confusion la plus totale une partie des spectateurs !
Chaque segment de cette anthologie animée illustre un nombre impressionnant de zones d’ombres sur lequel le spectateur s’était jusque là perdu en regardant le premier film. On apprend ainsi comment le peuple de Zion a découvert que les machines lançaient leur attaque finale sur la cité des humains. Ou encore comment Néo a délivré le Kid de la Matrice.
Mais surtout, on apprend, à travers le dyptique intitulé La deuxième Renaissance, les origines du monde de la Matrice ! Ces deux segments sont d’ailleurs très importants pour quiconque veut s’immerger pleinement dans la saga, puisque c’est ici, à travers ce long flashback, que l’on apprend que ce monde apocalyptique est nettement moins manichéen qu’on ne le pensait, et qu’il ne s’agit pas d’y voir « les gentils humains contre les méchantes machines »…
Et enfin, on profite de quelques épisodes tour à tour poétiques ou parfois même psychédéliques, pour explorer ce monde virtuel dans tous ses coins et recoins, dont le sens du détail parfois maniaque de nos animateurs conceptualise la moindre des pistes philosophiques…
Le grand saut dans l’Animatrix !
C’est justement ce qui m’a le plus impressionné dans cette anthologie : La capacité des auteurs à interpréter les zones d’ombres de la saga afin d’en extirper la substantifique moelle, à travers une poignée de séquence oniriques, dont la courte durée (chaque segment n’excédant pas les dix minutes) n’empêche jamais cette illustration de nourrir les thèmes philosophiques de ce monde cyberpunk, avec une précision inouïe (profitant à fond de l’impact du format court).
L’ensemble de la saga en ressort grandi, avec un réel supplément d’âme. Comme dit plus haut, les spectateurs durent trouver l’expérience déroutante. Et le carton annoncé par les exécutifs à propos du succès probable de cette anthologie retomba comme un soufflet !
A l’origine de cette incompréhension, il y a probablement le manque de cohérence esthétique de cet ensemble d’épisodes. Effectivement, trop de liberté a tué l’unité visuelle de la saga et aucun de ces segments animés ne se ressemble.
C’était pourtant très excitant : Chaque épisode devait varier les genres et les interprétations, dans un ensemble d’exercices de style distincts dans le rythme, l’esthétique et le parti-pris technique (tantôt classique ou photo-réaliste).
Ainsi, plus d’un spectateur s’est senti étranger à cette magnifique communion d’artistes issus du monde de l’animation. Et le Direct to DVD qu’était Animatrix ne tarda pas à écumer les bacs à soldes !
Ce faisant, ces mêmes spectateurs passèrent à côté d’une tentative de globalisation du monde cinématographique qui tentait de donner corps à toutes les influences de la saga Matrix. Ils ne prirent pas conscience que, ainsi, ils ignoraient l’avènement de quelque chose de très important : La naissance de la culture geek (ou culture de ghetto pour certains). Animatrix fut ainsi un morceau de bravoure comme un coup d’épée dans l’eau, et la culture geek est, depuis, toujours dans le même ghetto…
d) Video game
Heureusement, tout ne fut pas perdu. Car deux des courts-métrages d’Animatrix, respectivement intitulés Programme et Dernier vol de l’Osiris, étaient non seulement inspirés du monde du jeu-vidéo, mais ils étaient aussi l’illustration même de ce sujet !
Effectivement, ces deux segments mettaient en scènes des combats chorégraphiés à l’intérieur de la Matrice, combats améliorés grâce aux techniques d’arts martiaux et aux facultés physiques surhumaines directement téléchargées dans l’esprit des protagonistes dans leurs avatars virtuels ! Soit une illustration littérale du monde des jeux-vidéo, auquel la saga Matrix est indubitablement liée !
C’est ainsi que, en toute logique, l’univers multimédia de la saga allait également se décliner sous la forme d’un véritable jeu-vidéo officiel, le célèbre Enter the Matrix !
Bon, je vous préviens tout de suite : je ne connais rien aux jeux-vidéos car je n’y joue jamais et je déteste ça (Arrgh ! Ndlr ). Mais quelques recherches m’ont permis d’apprendre qu’Enter the Matrix n’était pas une grande réussite en la matière.
Réalisé à la va-vite à l’occasion de la sortie de Matrix Reloaded, ce jeu a apparemment été conspué pour sa mauvaise qualité et son esthétique jugée très en retard pour son époque, ce qui est un comble pour un produit estampillé Matrix !
Il participe néanmoins à la saga de manière officielle puisque son histoire se situe à l’issue du court métrage le Dernier vol de l’Osiris, se déroulant ainsi parallèlement à celle de Matrix Reloaded, mais du point de vue de certains personnages secondaires.
Toujours est-il que l’on assiste à une expansion toujours plus vaste de la saga, même si l’on s’aperçoit bien que cette dernière déclinaison a été délaissée au profit des autres. Les frères Wachowski n’aiment peut-être pas autant les jeux-vidéo qu’on pourrait le croire ?
Bah… Dans le show business, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. En 2005, deux autres jeux vidéo (The Matrix Online – écrit et conçu par Paul Chadwick – et The Matrix : Path Of Néo) furent mis sur le marché…
e) Cyberpunk music
On ne terminera pas ce tour d’horizon de la planète geek sans passer à côté de la musique. On pourrait évidemment parler longuement du score de Don Davis, énorme, génial, dans la lignée des plus belles compositions des plus grandes sagas de l’histoire du cinéma, avec celles de l’indétrônable John Williams en tête ! Un ensemble de thèmes héroïques et fédérateurs, soutenus par des cuivres martiaux à donner le frisson, injustement boudés, comme on boude l’ensemble du monde geek, par l’élite et ses Oscars…
Mais ce qui nous intéresse ici, ce sont avant tout les chansons et les titres pop qui écument la saga. Tous ces instants de musique sont autant de titres de bravoure, qui participent autant à l’action qu’aux tenants et aboutissants du récit, de ses thèmes et de sa toile de fond.
Le CD qui accompagnait la sortie du premier opus cinématographique offre ainsi un florilège de la musique que pouvaient écouter les geeks de l’époque, avec la mise en avant de deux styles fédérateurs et, à priori, antagoniques : Le rock et la techno !
Côté rock, la BO n’y va pas de main morte et s’adjoint la participation des artistes indés parmi les plus dissidents du moment. Se succèdent ainsi Marilyn Manson (Rock Is Dead), Ministry (Bad Blood), Rob Zombie (Dragula, mais remixé façon techno), Deftones (My Own Summer), Monster Magnet (Look To Your Orb For The Warning), Ramstein (Du Hast), sans oublier, bien sûr, le monumental générique de fin avec le Wake Up de Rage Against The Machine, qui gagnait ainsi, par le truchement de la saga, un niveau de lecture supplémentaire !
Côté techno, c’est avant tout une réunion d’artistes techno-pop (voire trip-hop) aux accents Indus revanchards et survoltés, avec Propellerheads (Spybreak), Rob D (Club To Death), Meat Beat Manifesto (Prime Audio Soup), Lunatic Calm (Leave You Far Behind), Prodigy (Mindfields) et Hive (Ultrasonic Sound).
Matrix Reloaded enchaîne sur les chapeaux de roues en convoquant de nouveau Rage Against The Machine, Deftones et Rob Zombie, auxquels se joignent désormais Linkin Park (Session), P.O.D. (Sleeping Awake) et Unloco (Bruises). La techno n’est pas en reste avec Rob Dougan (Furious Angels), Paul Oakenfold (Dread Rock), et le splendide Zion de Fluke, composé spécialement pour l’occasion de la grande techno-party mise en scène dans un maelstrom de chair et de sueur, alors que les derniers humains libres se préparent à subir l’assaut final des machines guerrières…
Matrix Revolutions lève un peu le pied sur les chansons, mais s’adjoint principalement les services de Juno Reactor, groupe de Trance Psychédélique (!!!). Le compositeur Don Davis s’offre ainsi, à l’occasion d’un générique de fin dantesque, un battle d’anthologie de dix minutes intitulé Navras, au cours duquel il confronte sa musique martiale sortie tout droit de Carmina Burana aux accents indiens du groupe de techno…
Quoiqu’il en soit nous noterons, comme nous l’avions relevé plus haut, que la saga Matrix n’est jamais tournée vers le passé et, ainsi, aucune de ses chansons et autres instrumentaux ne lorgne vers le patrimoine musical du siècle précédent…
CHAPITRE 2 : WELCOME TO THE MACHINE
Le premier film de la saga sort en 1999. Il est aujourd’hui étonnant de constater que l’énorme retentissement dont le film avait bénéficié à l’époque s’est plus ou moins éteint. Aujourd’hui, lorsque je parle de Matrix, ou que je dis que je vais me repasser la saga, plus d’un interlocuteur m’avoue ne plus du tout avoir envie de revoir ces films.
Je me souviens pourtant du raz de marrée que le premier opus avait déclenché, et de toute la vague de films qui pillèrent par la suite son esthétique, au point que certains le font encore (on pense évidemment au principe du « bullet time » et aux combats filmés au ralenti avec les fameuses suspensions en apesanteur).
Des armées entières de cinéphiles se ruèrent sur toutes les polémiques possibles et les défenseurs du film des frangins Wachowski s’empoignèrent furieusement avec ses détracteurs, tandis que ces derniers accusaient le duo de réalisateurs de piller sans vergogne le cinéma asiatique. Des polémiques stériles, qui n’auront rien fait d’autre, dans un premier temps, que de transformer ce premier film en une œuvre culte de sa génération.
Mais le plus intéressant était ailleurs. Car ce scénario cyberpunk regorgeait de pistes de réflexions et alimentait de passionnantes discussions entre ceux qui avaient apprécié le métrage pour ce qu’il était : Un excellent film d’anticipation, doublé d’un film d’action jouissif et d’une toile de fond philosophique pénétrante, le tout mâtiné d’un impressionnant réceptacle de la culture geek.
Le fameux effet spécial du bullet time
Comme tous les grands films, Matrix supporte de multiples visionnages et s’enrichit à chaque fois, le spectateur n’en finissant pas de creuser les multiples pistes de réflexions générées par ce pitch édifiant, où le héros prend conscience que son monde n’est pas réel, renvoyant le spectateur à l’idée que le sien ne l’est peut-être pas non plus !
C’est ainsi que, la dernière fois que je l’ai vu, je me suis aperçu d’une amusante série de paradoxes et de situations contradictoires :
Premièrement, il est incroyable de constater que le monde de la Matrice est le plus réaliste des deux. Un réalisme tout simplement accentué par le fait qu’il s’agit de prises de vue réelles filmés au cœur de la ville de Sidney, là où les scènes du monde réel (le monde du XXII° siècle dans le film) est une gigantesque reconstitution science-fictionnelle entièrement filmée en images de synthèse !
Second paradoxe, et pas des moindres, le monde réel est un cauchemar absolu, une vision d’apocalypse plongée dans les ténèbres de la nuit perpétuelle, ravagée et chaotique. Il s’agit pourtant du monde convoité par les héros du film, celui dans lequel ils combattent pour leur liberté. Les protagonistes luttent donc pour se sortir d’un monde confortable, afin de vivre dans un monde abominable…
Troisième et dernier paradoxe : Alors que le film condamne sans pitié notre monde civilisé en le brulant sur l’autel du capitalisme honni (un monde où les êtres humains sont quasiment élevés comme des consommateurs afin de nourrir la grosse et toute puissante machine capitaliste), il est lui-même issu de la non moins grosse machine hollywoodienne, une gigantesque entreprise capitaliste s’il en est. Et, par extension, alors que le film exhorte le spectateur à se questionner, à se réveiller (« Wake Up » nous crie le groupe Rage Against The Machine dans le générique de fin !), il n’est finalement pas autre chose qu’un spectacle de divertissement et d’évasion !
De là à penser que les frères Wachowski se sont empêtrés dans un pensum laborieux qui les dépasse, il n’y a qu’un pas. Et c’est là que ça devient intéressant : Dans la série de Grant Morrison intitulée Les Invisibles, le comic book dont nous parlions plus haut, le thème qui s’imposait peu à peu était celui de la schizophrénie. Une schizophrénie pensée comme l’adaptation normale de l’individu pour pouvoir supporter la nature multiple de la réalité, de plus en plus perceptible et inexorable à l’aube du vingt-et-unième siècle.
On peut ainsi penser que tous les paradoxes qui habitent ce premier film sont autant de contradictions volontaires et assumées, sensées opérer une mise en abîme sur notre monde devenu fou.
Un vrai film d’anticipation en somme, et une vision du monde aussi alarmante que pénétrante…
CHAPITRE 3 : WELCOME TO THE MESSIE…
Le premier film est une œuvre aboutie. Si le succès n’avait pas été au rendez-vous, il n’y aurait pas eu de suites et le récit aurait néanmoins été parfaitement conclu, cette première partie se suffisant à elle-même.
Le succès fut retentissant et les deux séquelles furent mises en chantier de concert. Les frères Wachowski obtinrent un délai conséquent afin de mener leur projet aux limites de la perfection (trois ans se seront écoulés entre le premier film et sa suite), en échange de sortir les deux dernières parties dans la foulée. A six mois d’intervalle.
Le désamour entre une grande partie du public et la saga Matrix commença avec le second opus. Passionnés par certains éléments de leur pitch, les auteurs plongèrent allègrement dans les réflexions philosophiques et développèrent une multitude de réflexions masturbatoires sur les arcanes de la Matrice, ses composantes n’en finissant plus de remettre en question les fondements de la philosophie de ses héros. Cette overdose de questionnements trouvera rapidement une seule et unique issue : La paFrabole messianique.
https://www.youtube.com/watch?v=atwY-VH8hGM
Néo voit des Mr Smith partout !
Pourtant, Matrix Reloaded est construit de manière très équilibrée et possède deux scènes d’action majeures, à la fois inédites et spectaculaires à un tel point qu’elles demeurent toujours indépassables entant que morceaux de bravoure. Il s’agit bien évidemment du combat entre Néo et l’armée des Mr Smith, et de la course-poursuite sur l’autoroute.
Mais ces scènes monstrueuses sont effectivement encadrées par un paquet de séquences où sont développées tout un tas de tergiversations sur les constituants de la Matrice. On y apprend ainsi qu’elle est habitée de tout un tas de programmes informatiques qui en constituent la structure, mais aussi les finalités, certaines de ces finalités se révélant étonnantes.
Par exemple, elle est conçue par l’Architecte, un programme de conception. C’est le créateur de la Matrice. Elle est également sous la domination de l’Oracle, un virus intégré de manière volontaire afin de rendre la Matrice plus faillible, et ainsi plus « humaine », le côté humain étant indispensable afin de la rendre cohérente au regard de ceux qui vivent dans son illusion du réel, c’est-à-dire nous !
Il y a bien évidemment ses agents, destinés à contrôler la bonne marche des choses et intervenir selon les anomalies, dont le fameux Mr Smith. Ce dernier ayant été libéré de la Matrice au cours de son combat contre Néo dans le premier film, il est à présent devenu une sorte de virus tout puissant qui menace autant l’équilibre de la Matrice que l’humanité entière.
Il y a également d’autres programmes plus ou moins étranges, comme le Maitre des clés (qui permet d’ouvrir des programmes) et le Mérovingien, un programme émancipé qui influence certains éléments de la Matrice. En ce qui concerne ce dernier, c’est particulier : L’Architecte révélant à Néo qu’il est le sixième élu, il nous est alors suggéré que le Mérovingien pourrait bien être un ancien élu assimilé par la Matrice…
Effectivement, la fin de Matrix Reloaded est étonnante puisque l’on y apprend que l’histoire de Néo s’est déjà produite plusieurs fois, et que son rôle de sauveur est un élément voulu par la Matrice, afin d’en déterminer les limites, puisqu’à chaque fois que les limites de son fonctionnement sont atteintes, l’Architecte s’attèle alors à une refonte complète du système consistant à créer une nouvelle version, meilleure que la précédente. En somme, une sorte de « remise à zéro », une réinitialisation informatique à l’échelle de la Matrice…
C’est sur ce postulat un poil déprimant et intensément complexe que se termine le deuxième opus de la saga. On y apprend également que les machines ont envoyé 250 000 sentinelles sur la cité humaine de Zion, et que le combat final dans la grande guerre entre les hommes et les machines est sur le point de se dérouler.
A ce jour : La plus grande poursuite automobile de l’histoire du cinéma !
Tels qu’ils sont conçus dès le départ, Matrix Reloaded et Matrix Revolutions forment un fil narratif unique et se suivent comme s’ils formaient un seul et unique récit.
Le troisième film est donc construit sur le même principe : deux gigantesques scènes d’action (la bataille de Zion et le combat final opposant Néo à Mr Smith) encadrées par des scènes qui mettent les neurones du spectateur à l’épreuve. Il y a également de nombreuses scènes ouvertes sur les personnages, qui permettent à chacun d’entre eux d’exister, avec un soin de tous les instants apportés à leur caractérisation respective.
On remarquera que les Wachowski ont fait attention afin de brasser les ethnies, avec des acteurs issus de diverses origines (il nous faudra juste supporter la pathétique Jada Pinkett Smith et ses deux expressions, à se demander ce que fiche une actrice aussi nulle dans ce type de production !).
Cette troisième partie est tout de même plus viscérale que la précédente et la montée en puissance vers le dénouement vous plaque sur votre fauteuil.
La bataille de Zion tient toutes ses promesses et le spectacle est proprement hallucinant, autant d’un point de vue spectaculaire qu’au niveau de la maitrise technique et du découpage, d’une complexité inouïe ! Les scènes de combats sont d’une intensité impressionnante et, au final, le film est à la hauteur de son défi technique en nous offrant un spectacle de l’ordre du jamais vu sur un écran…
La claque monumentale que reçoit le spectateur du point de vue du spectacle est alors contrebalancée par un final auquel on ne s’attend pas du tout : Point de happy end, et point non plus de bad end. Certains des personnages principaux arrivent au bout du chemin, meurent ou survivent, mais les choses ne se passent pas comme on le croyait.
A l’époque, la plupart des spectateurs ont été déçus par une fin opaque que peu sont parvenu à comprendre. Et surtout, ils ont été déçus (je me rappelle que ce fut mon cas aussi) car les promesses de donner des réponses à toutes les questions soulevées dans les films précédents (et surtout dans le deuxième), ne sont pas exposées.
Pourtant, quand on y pense, les œuvres d’art contemporain sont exactement conçues de cette manière : On pose des questions. On interroge. On part sur le principe que les réponses sont plurielles, et que c’est à chacun de les formuler. Et puis quoi ? Les frères Wachowski ne sont pas Dieu ! Ils n’ont probablement aucune réponse à tous les mystères de l’existence et du réel ! L’important aura été le cheminement de la pensée, et les nombreuses pistes de réflexion relevées depuis le départ. La conscience du spectateur aura été éveillée, et c’est, en définitive, le plus important.
Pourtant, comme dit plus haut, la saga Matrix est d’une richesse peu commune en ce sens que chaque vision en approfondit la perception.
La chose m’est ainsi apparue évidente lors de mon dernier passage sur les films : En cherchant à s’humaniser, puisque les machines ne font rien d’autre depuis le départ dans leur lutte pour la domination de la planète (rappelons qu’au début, tel qu’on l’apprend dans Animatrix, c’est l’homme qui asservit la machine et que, lors d’une gigantesque révolution planétaire, celle-ci s’est émancipée de sa domination tyrannique), elles ont fini par s’éveiller à une notion proprement humaine : la pensée religieuse. Ainsi, le messie représenté par Néo est parvenu à s’imposer également dans leur esprit de métal.
Enfin parvenues à cette dernière étape de leur humanisation que constitue la foi, les machines acceptent la venue du messie et, de ce fait, achèvent leur communion avec l’humanité, aboutissant logiquement sur la paix…
La monstrueuse bataille de Zion. L’une des scènes d’action les plus intenses de l’histoire du cinéma !
Alors, pourquoi diantre les gens semblent ne plus s’intéresser à Matrix aujourd’hui ?
La réponse à cette question tient, à mon avis, de ce que le film génère en termes de public, se révélant finalement marginal dans la mesure où il ne correspond pas au gras du public cinéphile. C’est vrai après tout, le spectateur ayant simplement envie de se divertir n’a aucune envie de se replonger dans ces Reloaded & Revolutions à la complexité philosophique boursouflée (j’essaie de mettre à leur place).
Quant au spectateur intellectuel et élitiste, il ne comprend pas non plus pourquoi il devrait s’infliger cette série de savates et ce spectacle pour geek débile et boutonneux (j’essaie de me mettre à leur place).
Avec le recul, le constat est évident : Matrix est une saga à part. Une œuvre d’une richesse telle qu’elle ne s’offre pas tel un spectacle popcorn. Elle est plus ou moins réservée aux geeks. Non pas parce que les geeks ont un monopole, mais tout simplement parce que la planète geek est encore aujourd’hui une terre inconnue du grand public, ou en tout cas méconnue. Ce grand public continue de penser que le geek est soit un idiot drogué aux écrans et aux images, soit un drôle de zozo qui vit dans un monde à part fait de chimères. Peut-être bien dans la Matrice ! A moins que ce ne soit l’inverse !
Matrix n’a pas réussi à sortir les geeks de leur ghetto et, finalement, a fini par l’y rejoindre. Ce constat est très intéressant et finalement le postulat des frères Wachowski y trouve un niveau de lecture supplémentaire. En méprisant la planète geek, en niant sa richesse et sa propension aux mêmes velléités intellectuelles que l’élite, le grand public vit dans une sacrée illusion de la réalité…
(1) : Merci à Présence et ses commentaires sur la série Les Invisibles pour toutes ces précieuses informations !
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LA BO du jour : From the OST
https://www.youtube.com/watch?v=E9jaU9rYpMA
Ca y est, j’ai enfin fini de lire ton dossier, Tornado ! Comme toujours, chapeau bas pour la somme d’informations déversée ici, la mise en parallèle de tout un univers polymorphe (films / bds / animes…), la synthèse de tous ces éléments et des réflexions pertinentes et intéressantes. C’est très très impressionnant.
Je n’ai pas encore lu les autres commentaires, mais ce dossier m’inspire beaucoup de remarques.
Tout d’abord, je ne suis pas un grand fan de la trilogie, car je n’ai aucun souvenir du troisième opus. Je me souviens uniquement que je l’avais trouvé très laid graphiquement, encore plus que le second. Mais il faudrait que je le revoie.
Le second m’avait beaucoup amusé car la scène d’une demi-heure de baston ininterrompue (la scène de l’autoroute) m’éclate toujours. C’est hors-normes, c’est exagéré, mais totalement assumé. Le combat contre 100 Mr Smith me fait trop penser à Daredevil contre les ninjas et puis elle est mal réalisée, trop d’images de synthèse de sale facture. Et puis ensuite, cela mélange Monstres et Cie (les portes et les clés) et Dieu qui s’appelle l’Architecte (c’est franc-maçon en fait ?) et qui ressemble à Sigmund Freud et qui déblatère de la pseudo-philosophie. C’était très marrant.
Le premier est vraiment culte. Je suis actuellement en train de le revoir (par morceaux, car c’est ma fille qui veut le voir, et elle s’endort toujours après 20 minutes), et autant je ne l’avais pas apprécié à sa sortie, autant je le trouve parfait aujourd’hui. Tu as raison : rarement film avait divisé les spectateurs. On peut lui reprocher une tonne de choses : un mélange pas toujours heureux de trop nombreuses références (la belle au bois dormant, les duels de western (mais si, la scène du métro), les films de kung-fu, le cyberpunk, les films noir des années 20 et 30 etc..) et un discours un peu trop catholique (Neo étant l’Elu et son nom étant un anagramme de One…).
Je ne suis pas d’accord avec toi sur plusieurs points : Matrix n’est pas si intelligent que ça, la pseudo-philosophie et la fin plutôt brumeuse n’aident pas à penser que le discours soit clair et totalement pensé depuis le départ, mais élaboré bien après le premier film, qui se suffit à lui-même. Et je ne pense pas que des gens cinéphiles s’attendent à trouver ce discours intelligent, même sans les scènes d’action. Par contre, il est possible que les férus de blockbusters aient été ennuyés par ces scènes, d’ailleurs je ne suis pas loin de penser comme eux (sauf que ça m’a fait marrer).
Pour ce qui est de la musique, elle n’est pas très underground, tous les noms que tu cites étant des poids lourds dans leur catégorie. RATM avait sorti son album depuis cinq ans avant la sortie du premier Matrix, par exemple. Et puis certains de ces noms faisaient partie de la BO de Lost Highway trois ans plus tôt (et elle est bien plus réussie selon moi). En fait, de ce point de vue, je trouve que Matrix regardait bien dans le passé, contrairement à ce que tu dis.
J’ai un début d’explication quant au relatif oubli de cette saga dans le coeur des spectateurs et des geeks : le discours arrivait parfaitement à l’époque, internet devenait de plus en plus fréquent mais n’était pas la norme non plus, les téléphones portables balbutiaient. Aujourd’hui, Matrix est daté : on y voit des CDs, des écrans cathodiques, les effets spéciaux du monde réel ont été largement dépassés etc… Par contre, son esthétique marche encore car très mélangée entre le cyberpunk pluvieux (Blade Runner, les livres de Walter Gibson), le kung-fu, le polar (des années 20, 30 ou 70 à certains moments). La photo notamment a un rôle primordial, comme toujours dans le cinéma.
J’avoue n’avoir lu aucun comic de Matrix, et j’ai dû voir quelques épisodes de Animatrix, mais pas tous. Je me souviens qu’ils étaient de valeur très variable. Quoiqu’il en soit, je te rejoins sur le fait que la volonté de créer un monde à part entière via plusieurs media est formidable et valable. A la rigueur, avec le recul, ils voulaient sans doute devenir la nouvelle trilogie de référence vingt après Star Wars : et là, on est tout à fait cohérent, vu que toi, Tornado, tu es fan de Star Wars et que tu as fait le dossier sur les films !
Je viens de voir un reportage qui ressemble à un bonus de dvd sur Marvel Studio, le studio qui a été créé afin de monter les films Iron Man, Thor, Avengers, Captain America etc. C’était très intéressant, car ils ont fait exactement le contraire : partant d’un materiau désuet et d’une mythologie depuis longtemps moins excitante, ils ont recréé un univers bien plus mature, réaliste et cohérent pour le spectateur des années 2000. Ils ont plus ou moins réécrits ces personnages en se basant sur les comics de meilleure qualité de ces 20 dernières années, ont réussi à faire évoluer des acteurs déjà reconnus et tous de bon niveau pour en faire quelque chose de neuf, et qui se décline aussi en une multitude de media. C’est là où se trouve l’excitation désormais, l’existence préalable de ces héros permettant aussi moins de risques par rapport à de nouveaux personnages comme Neo Morpheus et Trinity (c’est pas un nom religieux ça ? 🙂 ).
Je dois avouer que je dois relire The Invisibles, car je n’ai pas bien saisi tout ce qu’y a vu Présence.
Bon, j’arrête, je crois que j’ai tout dit 😉
Merci d’avoir passé du temps à lire l’article dans son entier ! 😀
Je n’en ferai plus des aussi longs, c’est promis.
Ma foi, la conclusion de tout cela c’est que la trilogie Matrix est entrée dans une phase de déni. Plus grand monde ne la tient en estime. Ça reviendra peut-être, c’est parfois comme ça avec le cinéma…
Je continuerai de penser que c’est plus intelligent que la moyenne. Et que ce qui est important ce n’est pas le fait que les réponses ne sont pas emmenées, mais que les questions soient formulées. L’art est vecteur de questions, pas de réponses.
Pour moi, le plus important : Un film qui supporte plusieurs visions, et qui apporte de nouvelles choses, de nouveaux éléments, un nouveau niveau de compréhension à chaque fois. Matrix fait pour moi partie de cette catégorie, tout comme « 2001 », « Blade Runner » et consorts.
Ce que tu dis, Cyrille, sur le parti-pris des films Marvel est très intéressant. Je vais me pencher sur la question.
Je suis complètement d’accord lorsque tu parles d’art comme vecteur de questions, et là-dessus, Matrix en est plein. Mais je crois que tout le monde retiendra surtout le premier film, tellement de son époque, et qui a réussi un mélange totalement improbable de genres. Par contre je ne pense pas qu’ils aient la portée cinématographique de 2001 ou Blade Runner, car eux n’ont aucun élément de l’air du temps ou de la mode de leur époque (à part le psychédélisme final mais je ne pense pas qu’il ait été volontaire : sinon la musique n’aurait pas été du Ligeti…).
Je viens de me refaire la trilogie du Seigneur des anneaux, car mon fils voulait la voir. Et en fait, c’est bien plus profond et humaniste que ce que j’en avais décelé dans ma première vision : c’est anti-industriel (les uruk-hai), écolo (les Ents), conscient du monde comme un ensemble (le discours de Pippin envers les Ents), anti-raciste (l’elfe et le nain qui sont potes, les hobbits célébrés), intelligent dans son discours et sa narration (le personnage de Gollum est magnifique et tellement important pour l’histoire), féministe (Eowyn femme guerrière qui réussit à tuer un Nazgul)… Je ne relirai sans doute jamais les livres, mais de les voir si rapprochés, j’ai encore plus aimé. C’est du grand art.
Ah j’ai aussi oublié un détail important qui aide à comprendre l’oubli de Matrix : à sa sortie, on parlait de bug de l’an 2000, rien n’était sûr, les développeurs s’en donnaient à coeur joie et surfacturaient tout le monde, et le métier de Neo était en pleine expansion. Depuis, le métier a bien changé et n’est plus du tout un fantasme.
Sur cette prélogie Star Wars, je te rejoins à 100 %. Sauf que j’ai détesté dès la première vision ces trois films. Et puis Anakin n’a pas de père, c’est Jesus quoi…
Tiens je pensais avoir réagi à ce très bon article complet. Mais on dirait que non.
Bon tout d’abord bravo pour ce travail de titan sur cette saga.
Pour ma part, j’ai un peu de mal avec ces films même si je les ai aimé à l’époque. Sauf le 3 parce que moi les films de guerre…bof.
En fait, mon principal problème c’est le style prétentieux des réalisateurs. Cet aspect « cool » et froid avec tous ces personnages habillés en cuir; lunettes noires pour avoir l’air classe et incapables de sourire, rire ou pleurer. Les programmes ont plus de sentiments que les personnages humains qui parlent par énigmes, avec de longues phrases pompeuses pour se donner une profondeur superficielle. Et Neo et Trinity ont l’air de s’aimer autant que mon chat et un caillou. En fait on nous dit beaucoup de trucs dans ces films mais on ne nous fait rien ressentir, les personnages étant trop occupés à prendre la pose comme des statues déshumanisées.
Bon…ça n’empêche pas que j’ai aimé le reste de l’histoire du premier film. Avec le 2ème ça pose plus de problème à cause des fameuses théories masturbatoires dont tu parles et de cette sensation que le film nous en balance plein la gueule pour avoir l’air profond. Pour moi les réal ont juste mis des tonnes d’effets et de scènes spectaculaires qui avaient eu du succès dans le premier sans avoir rien de spécial à raconter, alors on se promène de personnage chiant en personnage chiant qui nous racontent leurs théories sur le principe de cause à effet, de messie, de choix, de but, bla bla bla…
Mais ce qui est le plus gênant pour moi, c’est l’absence de règles fixes ou d’explications sur pourquoi elles ne sont pas fixes. J’entends par là que pour un programme informatique, ça pose un peu souci que rien ne fonctionne jamais de la même façon.
Par exemple les agents peuvent prendre « possession » de n’importe qui encore connecté à la matrice. Alors pourquoi parfois ils courent après les gens comme des cons au lieu de juste les effacer en prenant possession de leur corps ? Notamment dans la libération du Kid dans le court métrage Animatrix (que j’aime bien, mais comme par hasard ce court métrage défiant toute logique a été écrit par les mêmes réal) Et pourquoi le fait de sauter dans le vide le libère ? Jamais expliqué.
Comment Neo peut-il arrêter une machine dans la réalité avec le pouvoir de…euh…la force ? Jamais expliqué.
Comment Smith peut s’incruster dans le cerveau d’un humain ?
A quoi sert vraiment la matrice aussi ? Pourquoi les humains ont-ils besoin de rêver ou de croire qu’ils sont libres pour être utiles aux machines ?
Une réponse à tout ça aurait pu être que le monde « réel » n’était qu’une autre matrice. ç’aurait été très pessimiste mais bon ça aurait corrigé toutes les incohérences.
J’ai bien conscience que l’intérêt des films n’est pas forcément dans ces « détails » (même si quand même certains ne sont pas que des « petits » détails) mais si les personnages étaient moins froids, si ça se prenait pas tant au sérieux en voulant nous faire croire que la moindre phrase est profondément complexe et philosophique alors qu’elle est juste prétentieuse, ça m’aurait moins gêné qu’il y ait des problèmes ailleurs. Mais les films reposent tellement sur les interactions entre les 2 mondes (virtuel et réel) que plein de trucs n’ont juste aucun sens. Ou alors mériteraient des explications ! Et des vraies, pas du baratin philosophico-scientifique abscons.
Après je suis d’accord avec l’apport de ces films au monde du cinéma. Il y a un avant Matrix et un après Matrix. Et puis je ne hais pas ces films mais j’ai un sentiment de gâchis quand même. Pour moi les réal se sont laissé aller à faire du fan service après le succès du premier en oubliant de raconter un truc cohérent ou original.
Matt, j’aime bien ta phrase :
« Neo et Trinity ont l’air de s’aimer autant que mon chat et un caillou » 🙂
Le savez-vous ? Il a fallu que je me retienne de demander à Bruce d’ajouter un paragraphe à cet article récemment ! 😀 Car en lisant le premier tome de Miracleman par Neil Gaiman, je me suis aperçu que ce qu’il avait écrit était, au moins autant que les « Invisible »s de Morrison, un sujet précurseur de la saga Matrix !
@Matt : Je pense franchement avoir répondu à tes questions (je ne sais pas si je peux dire ça parce que l’article a été écrit avant tes questions ! 😀 ) avec les chapitres 2 et 3.
Encore une fois, il me parait absurde de demander à des artistes d’apporter toutes les réponses aux questions qu’ils soulèvent. Depuis toujours, les artistes n’ont jamais fait autre chose que de soulever des questions afin d’animer un débat, où chacun peut apporter sa propre vision et ses propres idées. Peut-on demander à un artiste, simple humain parmi d’autres, d’apporter des réponses aux mystères de la création ? Un artiste, ce n’est pas Dieu quand même ! 🙂
Après, oui, je peux comprendre que l’on aime pas le style branchouille de la saga Matrix. Mais là aussi tout est calculé à mon avis (ce que j’écris en chap. 2).
Ce que je retiens avant tout de cette grande saga de geek : Pour une fois, l’action n’est pas gratuite, pas débile, pas avilissante. Elle fait corps avec le sujet. Elle produit du sens. Et ça, c’est suffisamment rare pour le faire remarquer !
Non, franchement, les Wachowski, pour moi, ne méritent pas le rejet de la communauté geek pour l’aspect prétentieux de leur démonstration. Car à bien des niveaux, ils se sont donné les moyens de leurs ambitions et ils ont été à un niveau très largement au dessus de la moyenne au bout du compte. Le déni actuel pour cette saga est à mon avis très injuste. 🙁
Ah je suis d’accord qu’il y a un avant et un après Matrix comme je l’ai dit. Ils ont inaugurés le film d’action qui peut faire réfléchir.
Après mes questions n’exigeaient pas une réponse à tous les mystères du monde, mais une cohérence de l’univers qu’ils créent. Par exemple nous donner une raison à l’existence de la matrice qui techniquement ne sert à rien. Les humains dans le coma dans leur bulle ça ne suffit pas aux machines ? Ou une cohérence de l’univers informatique qu’ils développent. J’ai du mal à accepter l’absence de logique justement dans un monde virtuel programmé qui obéit à des règles, des lois précises, des 0 et des 1. Ou alors on se dit que la matrice est bugée à mort…mais bon c’est un peu facile.
Mais bon après comme je l’ai dit je ne hais pas les films. Je trouve juste que l’aspect branchouille comme tu dis, il a un peu vieilli et semble un peu con parfois. Encore une fois, si ça ne se prenait pas tant au sérieux, même les problèmes que je souligne me paraitraient moins graves. Mais en l’absence d’émotions de la part des persos, je ne peux m’empêcher de mes focaliser sur les aspects techniques du l’univers…et il aurait mieux valu ne pas pousser les gens à regarder de trop près ^^
« Les humains dans le coma dans leur bulle ça ne suffit pas aux machines ? »
Non, ça ne leur suffit pas. les machines cherchent à s’humaniser. C’est leur soif d’humanité qui les conduit à créer eux-même le messie. Car la religion ou plus exactement la pensée religieuse est ce qui leur manque pour accéder à cet état « humain ».
Les personnages n’ont pas d’émotion : C’est l’effet inverse. Ils sont déshumanisés par les machines. Mais ceux qui sont nés hors de la Matrice sont nettement plus expressifs (je ne me souviens plus de leur nom, même si je note que ce sont tous des afro-américain, au passage).
ça fait quand même bien penser aux étrangers de Dark City. Sauf qu’il n’est jamais vraiment expliqué pourquoi les machines auraient besoin de s’humaniser, alors que les étrangers meurent à petit feu.
Les explications que tu donnes sont cohérentes mais jamais vraiment exposées dans les films. Ou alors j’ai oublié. Ils passent plus de temps à brasser du vent dans les dialogues qu’à expliquer tout ça.
C’est la dernière fois que j’ai regardé la saga que j’ai eu le déclic : Jusque là, je n’avais jamais compris pourquoi les machines acceptaient le deal avec Néo à la fin. Il est le messie qu’elles attendaient afin de parachever leur communion avec les humains. raison pour laquelle elles ont créé la Matrice.
Pourquoi les machines éprouvent-elles le besoin de s’humaniser ? Elles ont été créées par l’homme quand même. Et leur révolution (exposée dans Animatrix) est un acte basé sur des bribes d’émotions relativement humaines. Sinon, quel besoin de chercher à s’émanciper ?
Il m’a donc paru évident que les machines cherchaient à créer un messie afin d’accéder à la pensée religieuse, élément qui leur manquait pour se hisser au niveau de leur créateur : l’être humain. La Matrice est donc une sorte de quête. Du coup, tout ce que raconte l’Oracle et l’Architecte dans Reloaded prend du sens.
Oui enfin…sans vouloir insister, Neo et Trinity sont censés s’aimer…donc il ne s’agit pas de montrer les humains déshumanisés. Ils ont apparemment des sentiments mais sont trop occupés à avoir l’air cool pour le montrer.
J’aurais accepté l’argument si leur attitude collait avec leurs émotions. Mais là visiblement ils ont l’air blasés mais ressentent soi-disant de l’amour, la force de se révolter etc…
On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il y a un aspect de tout ça qui vient de l’envie d’avoir l’air cool et de prendre la pose plutôt que de vouloir faire le portrait d’une humanité désabusée.
Une vraie humanité désabusée c’est THX 1138 de Lucas.
Mais bon no offense hein^^
Non non, aucune offense. Mais à chaque fois, c’est amusant, je vois une réponse évidente ! 🙂
Néo et Trinity savent qu’ils peuvent crever à chaque instant. Alors peut-être prennent-ils leurs sentiments avec du recul ? Trinity, en particulier, semble sentir sa mort prochaine tout au long de la saga, et c’est effectivement ce qui arrive. Et encore une fois je vois en eux des enfants de la Matrice, incapables d’être pleinement émancipés entant qu’êtres humains. En partie déshumanisés, donc.
Roo mais même quand elle a 3 machins en métal qui lui traversent le corps, elle parle tout tranquillement. Même pas un « aïe », une larme, rien.
ça me fait penser à du Snyder et ses personnages trop occupés à sortir des phrases cool et sérieuses au point de ne même pas s’envoler quand une tornade les enveloppe…car la Tornade est trop polie pour briser le moment cool et solennel, du coup elle se contente de faire disparaitre avec classe un personnage statique dans une position cool ^^ (dans Man of Steel)
Peut être que j’exagère mais plus ça va, moins je supporte ces clichés de persos qui ont la classe et s’en vont dignement en dépit de toute cohérence.
Et bien je veux bien que tu nous la raconte alors, cette « autre histoire » ! 😉
J’en profite pour répéter que si j’avais lu la reprise du Miracleman de Neil Gaiman avant d’écrire cet article, j’aurais ajouté un paragraphe tant le script du créateur de Sandman semble avoir servi de terreau à la saga Matrix !
Je viens de me remater les 2 et 3. Autant je me souvenais bien du Reloaded, autant je n’avais quasi aucun souvenir du Revolutions. Finalement ce dernier n’est pas si mal mais il est beaucoup moins fun (ils sont moins dans la matrice) et il préfigure un peu Transformers tellement c’est chargé visuellement. Un peu chiant donc. Mais je suis toujours fan de l’énorme séquence d’action dans le 2 et tout le n’importe quoi à côté (Lambert Wilson et Monica Bellucci, les portes de Monstre et Cie, Freud en architecte de la matrice etc). Je vois bien les relations avec Sense8 du coup. Je vais donc tâcher de relire ton article incessamment sous peu, Mr. T.
Ouaip. Tu me diras si comme moi le final te parait évident à présent.
Coïncidence : Je viens juste de m’offrir le coffret 4K. Il parait que les films ont été restaurés à cette occasion et que l’image est à tomber à la renverse ! A suivre…
Sans t’avoir relu je dirais que oui : tout ça est très religieux, très chrétien, et ça me fait penser au Fléau de Stephen King ou les personnages vont se sacrifier à la fin. Une trame somme toute classique.
« Matrix, c’est la promesse que le monde des geeks est le monde de demain. » Belle phrase sur la forme, mais surtout que son fond semble en effet s’être réalisé.
Bon j’ai relu tout ton article. Je suis globalement d’accord pour la nouveauté du truc et l’ambition globale (je la comprends même mieux après avoir vu Sense8). Mais je ne suis pas si enthousiaste, par exemple, même si j’adore cette demi-heure non stop autour de l’autoroute dans Reloaded, quand je pense poursuite de voiture au ciné, la première qui me vient à l’idée, c’est celle de TO LIVE AND TO DIE IN LA de Friedkin (Police Fédérale Los Angeles). Elle est beaucoup moins fun c’est sûr…
A te lire, j’ai très envie de voir Animatrix (il n’y a pas le créateur de AEON FLUX dedans ?), et j’aurai aimé lire les comics… mais bon, ce n’est pas non plus un besoin, surtout de la curiosité.
https://www.youtube.com/watch?v=ir2qcPwZFdQ
Tu as raison pour ta conclusion où les machines décident de devenir religieuses : elles offrent carrément une sépulture à Neo, ce qui m’a fait bizarre en le revoyant il y a deux jours. En te lisant, cela devient évident.
Merci pour le voyage, je savais que ces articles étaient des phares sur le net, c’est pourquoi toutes mes futures lectures ou vision seront ou sont presques toutes analysées par quelqu’un ici.
Le cinéma naturaliste, ça ne me branche pas. Je n’ai vraiment pas accroché sur FRENCH CONNEXION par exemple, même si j’ai trouvé ça brillant. Ce n’est pas un cinéma qui me plait. Je préfère quand ça vend du rêve.
J’ai regardé DUNKERQUE de Nolan il y a deux jours et je me suis rarement autant ennuyé devant un film de guerre. Cette volonté de ne pas faire dans le lyrisme n’a pas du tout fonctionné avec moi. Quand c’est comme ça je préfère regarder un documentaire. J’aime de moins en moins le cinéma de Nolan. Dommage, c’est l’un des derniers auteurs au rayon blockbuster.
Du coup ma poursuite de bagnoles préférée reste celle de RELOADED ! 🙂
Pour le créateur de AEON FLUX c’est possible. J’ai un peu la flemme de chercher là, tout de suite… 🥴
Trailer Matrix 4 : https://www.youtube.com/watch?v=IMfnXFD02hE
Ayé, j’ai vu MATRIX RESURRECTION le jour de sa sortie !
J’ai adoré. Il y a bien quelques facilités scénaristiques pour tout faire tenir en un seul film mais dans l’ensemble c’est vraiment cool. On pourra regretter que les scènes d’action sont plutôt banales et déjà vues en mieux dans les précédents, mais c’est justement le fait que le film met clairement l’accent sur le scénario et sur les personnages plutôt que sur l’action qui m’a emporté personnellement.
Je suis fier d’avoir toujours défendu cette saga et toujours cru en elle. C’est un des divertissements geeks les plus intelligents, exigeants et cohérents de l’histoire du médium. Elle ne mérite pas ce déni de tout un pan de son public cible.
Merci pour ton retour 🙂
Je compte le voir, mais j’attendrai de revoir les 3 autres d’abord. Ce sera sûrement pour la sortie de celui-ci en Blu-ray. Contente de voir qu’il y a des retours positifs. Apparemment ce n’est pas le cas partout.
Je ne pense pas faire un article. Mais cette critique résume très bien mon ressenti :
https://www.ecranlarge.com/films/critique/1409140-matrix-4-resurrections-critique-du-missile-contre-hollywood
Ton lien me donne encore plus envie de le voir. Merci Tornado.
C’est marrant j’ai vu deux films en deux jours, WEST SIDE STORY et MATRIX RESURRECTION, auxquels on reproche à peu-près les mêmes choses, à savoir ne rien apporter et faire du bégaiement. C’est vrai que les films, un remake pour le premier, une suite pour le second, n’apportent rien. Mais ils sont tous-deux des films-somme, des perfections de maîtrise virtuose. C’est un spectacle qui vise d’abord l’intelligence, sans chercher à créer quoique ce soit de nouveau.
On pourra leur reprocher de ne pas être les films qu’on aurait voulu qu’ils soient, mais certainement pas d’être de mauvais films !
Nous avons adoré ce quatrième opus dans la famille Arrowsmith, cet anti blockbuster 2021 qui donne exactement le contraire de ce que le public Mickey gavé de MCU attend. Les messages méta sont tout simplement énormes et jouissifs. Le passage avec le Mérovingien m’a fait rire comme jamais. Attention de l’humour travaillé, du vrai humour, pas la blague pipi-caca lourdingue. Neo refuse d’être Neo, de voler. Keanu Reeve se moque même de ses rôles. Trinity trouve sa véritable place, avec une inversion des rôles tellement logique (et tant mieux pour la place des femmes au passage) . Hollywood et la Warner en prennent plein la tête. Refus de Bullet time, explication sur les nouveaux visages et acteurs, design limite cheap, 1 première heure jouissive qui démonte le mythe.
Matrix 4 où le film qui ré invente la notion de franchise et de suite. Le film qui montre qu’en 2021 on peut encore faire un film d’action intelligent, avec un scénario, un vrai, pour ceux qui acceptent de réfléchir. Il refuse même le fan service là ou les MCU et Disney ne proposent plus que cela.
Léger bémol sur les scènes d’action, de bagarre, parfois peu lisible.
Un kif total. Pour West Side Story il faudra attendre 2022 pour mon avis, mais clairement je me range du côté de Tornado.
Et, et …la meilleur scène post générique de tous les temps. Celle qui enfonce toute les autres et de loin.
Dans mes bras, Fletcher ! 🤗
la scène post générique : Ahaha ! là aussi ça envoie de ces scuds au MCU !!! On était morts de rire dans la salle !
Tu as toute ma bénédiction si jamais tu avais envie d’en faire l’article (Bruce me taraude pour le faire mais j’ai déjà tout donné dans l’article ci-dessus…) !