Tarzan par Joe Kubert tome 1
Par : TORNADO
VO : Dark Horse
VF : Delirium
1ère publication le 18/09/18- MAJ le 17/07/19
Cet article portera sur le premier tome de la série TARZAN, réalisée par Joe Kubert dans les années 70 et publiée initialement par l’éditeur National Periodic Publications Inc.
C’est Dark Horse Comics qui possède à présent les droits de la série.
En VF, le run de Joe Kubert est publié en deux tomes chez Delirium.
Nous vous proposons ici la critique du premier tome (sachant que le second sort en novembre 2018). Il regroupe les épisodes #207 à 218 de la série.
Pour ceux qui l’ignorent, Joe Kubert (1926 – 2012) fut l’un des dessinateurs marquants de l’Âge d’argent du comic book. Principalement connu aujourd’hui pour avoir fondé la KUBERT SCHOOL of CARTOON & GRAPHIC ART, il est également le père d’Adam & Andy Kubert, deux stars des comics de super-héros des années 90, encore en activité aujourd’hui.
L’éditeur Delirium continue sur sa lancée et nous offre petit à petit une splendide collection vintage de comics qui, en dehors des super-héros Marvel et DC, ont su marquer leur époque.
Il s’agit d’ailleurs de bandes-dessinées qui n’étaient pas destinées aux enfants, et qui échappaient au fameux Comics Code Authority dont l’emprise sur le medium était alors terrible en ces années 60 et 70.
Aux côtés des mythiques anthologies Creepy,Eerie et Vampirella (les trois magazines de feu l’éditeur Warren), nous trouvons donc désormais ce run mythique du dessinateur Joe Kubert (ici également scénariste) sur la série Tarzan, qui dura de 1972 à 1976, recouvrant les numéros #207 à 249.
Une fois de plus, Delirium gratifie ses lecteurs d’un somptueux recueil grand format. Ne cédant pas à la mode calamiteuse du retour au papier mat, l’éditeur français nous offre ici une publication définitive et exhaustive puisque, contrairement aux autres collections susnommées, il a pris soin d’insérer les couvertures originales en début de chaque épisode, en plus d’un sommaire détaillé, d’une introduction de Joe Kubert et d’une dizaine de pages de bonus (des crayonnés essentiellement).
Il y aura deux tomes au total mais on peut d’ors et déjà donner ses cinq étoiles à cette collection pour la qualité de sa reliure qui en fait un magnifique objet de collection pour les nostalgiques qui lisaient ces épisodes dans les années 70, lorsqu’ils étaient publiés chez Sagédition auprès de Super-Souris, Bugs Bunny et Titi & Sylvestre !
Pour ce qui est de la bande-dessinée en elle-même, il est certain que le temps a fait son office et l’ensemble respire aujourd’hui la naïveté de son époque en matière de comics. Contrairement aux super-héros de la même période, du genre CAPTAIN AMERICA ou SUPERMAN (et encore que les puristes qui défendent ces comics-là ne seront sans doute pas d’accord avec moi), ce TARZAN ne souffre pas d’une lourdeur infantile et les dialogues ont beau être un peu grandiloquents, ils ne sont pas ridiculement ampoulés.
En grand fan énamouré du personnage depuis sa plus tendre enfance, Kubert s’applique soigneusement à offrir à ses lecteurs une adaptation fidèle des romans séminaux d’Edgar Rice Burroughs en commençant par les origines du futur seigneur de la jungle. Chaque épisode est donc une transposition relativement fidèle du modèle littéraire, et je dis « relativement » uniquement parce que je n’ai pas lu les romans originels et que je ne peux donc pas le préciser avec certitude.
Pour l’essentiel, chaque épisode se lit d’une traite (les quatre premiers font 26 pages, les suivants seulement 18) et profite pleinement de sa dimension de « classique » en exhalant un parfum indéniable de charme suranné, malgré sa maladroite naïveté contextuelle.
Ce sont donc de vieilles bande-dessinées populaires pour adultes ou adolescents datant des années 70, dont la toile de fond ne vole probablement pas bien haut et dont la classe narrative est certes très fluctuante mais, tout de même, il y a ça et là quelques fulgurances écologiques qui portent la marque de leur époque et qui auraient certainement beaucoup plu à Edgar Rice Burroughs (décédé en 1950), lui qui regrettait tant que les célèbres adaptations cinématographiques (avec Johnny Weissmuller) aient été infidèles à sa vision de l’Afrique en y préférant une version colonialiste aujourd’hui assez embarrassante.
Au niveau du dessin, il convient de reconnaitre que le trait de ce vétéran du monde des comics qu’était déjà Joe Kubert à l’époque n’est pas ce qu’il y a de plus esthétique. Jamais conçu pour faire « joli », le style de l’auteur est totalement au service de son sujet. D’un aspect âpre et frustre au premier regard, chaque planche impose rapidement sa perfection dans le domaine de la mise en scène et chaque page nous offre une leçon de découpage et de cadrages à l’intérieur desquels le moindre personnage, le moindre élément de décor et le moindre artifice n’est créé que dans le seul et unique but d’illustrer l’histoire qui nous est contée. Dans ce sens, même si elle n’est pas forcément séduisante, chaque vignette possède son lot de tension et de perception du mouvement et de la vitesse, où rien n’est en trop et où rien ne manque. C’était une autre époque que celle-ci, où les dessins peuvent paraitre aujourd’hui simplistes, banals et datés, puisqu’ils étaient conçus afin que le lecteur ne remarque jamais le travail de conception qui les avait précédés…
En bref, voici un bel objet de collection réservé aux nostalgiques n’ayant pas peur de redécouvrir de vieilles bandes-dessinées. D’une qualité artistique relative en matière de narration mais d’un contenu sémantique parfois violent et radical (les personnages meurent et les animaux sont chassés cruellement), ces épisodes signés Joe Kubert s’adressent davantage à des adultes que la plupart des autres comics de la même période au rayon des super-héros.
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BO : Puisqu’il faut chanter l’homme singe, tournons-nous une fois de plus vers le monde du rock avec les Rolling Stones et leur Monkey Man !
J’avais jeté un oeil à ces comics (sur le net, comme un vilain). Mais comme tu le mentionnes, le dessin un peu frustre au premier abord ne m’a pas fait accrocher. Mais bon c’est vrai aussi que le concept du « feuilletage » ne permet jamais de s’immerger, mais juste de juger un peu vite^^ Disons que quand on hésite entre 3 machins à acheter, souvent on ne prend pas le truc qui attire moins l’oeil. Mais je ne doute pas que cette BD a des qualités.
Mais euh…c’est en couleurs d’ailleurs ? Le truc que j’ai « feuilleté » en ligne était en noir et blanc.
Comme tu le dis le style de Joe Kubert est assez rebutant de prime abord même s’il a don évident pour gérer l’espace et dynamiser chaque scène.
Pour le coup je continue à préférer le Tarzan version Buscema, même si sous sa plume le roi de la jungle ressemble à… Conan ^^
@Matt : Oui les planches sont en couleur. Ce sont les bonus qui sont en NB.
@Pat : J’aime beaucoup de Tarzan de Buscema. C’est également mon préféré., avec cet imaginaire teinté de la littérature de H. Rider Haggard.
La rentrée de toutes les surprises : maintenant c’est Tornado qui chante les louanges d’un vieux comics. 🙂
N’ayant pas d’appétence particulière pour Tarzan ou pour Joe Kubert, il y a peu de chance pour que je lise ces épisodes. Par contre, la présentation est très intéressante, à la fois pour le travail d’adaptation de Joe Kubert (que j’aime bien quand même sur les récits de guerre), et pour le travail éditorial extraordinaire de Delirium. J’aime bien la manière dont tu fais ressortir le travail de conception des prises de vue.
vintage ou pas, le trait de Buscema est l’un des plus impressionnant qu’il m’ait été donné de contempler…
Ces postures, les regard, cette sauvagerie, ces drapés, ces ombres, quand il dessine un mec qui fume le cigare, je tousse! voilà il parvient à rendre des dessins chauds, ou sonore, un grand.
Imaginez le illustrer un récit de Hugo Pratt… Ca aurait été…comme lire une nouvelle évangile…
En tant que fan d’Edgar Rice Burroughs, je peux vous assurer qu’il s’agit de la plus fidèle adaptation des romans originaux que je connaisse, quasiment TOUTES les nuances présentes dans le roman sont également dans l’adaptation. Joe Kubert a même intégré des éléments de Jungle Tales of Tarzan, qui est le recueil de nouvelles d’ERB qui revient sur la jeunesse de Tarzan. C’est une perfection absolue de « storytelling ».
Une adaptation exemplaire, un excellent travail éditorial, et cela vient en prlme de quelqu’un qui n’a jamais aimé le style de Joe Kubert ! A noter que deux des histoires mêlent le style de Kubert avec celui de Hal Foster et Burne Hogarth. Le contraste est surprenant.
Excellent article !
je n’ai pas vu cette vf mais la vo est complète (les 2 tomes en 1) souple, bien relié, bon format et très abordable
Je suis indifférent à Tarzan (mon héros en slip c’est Rahan) mais je considère Joe Kubert comme l’un des meilleurs dessinateurs/narrateurs de l’univers connu,rien de moins
Il n’a jamais bâclé un boulot mais celui ci, on sent qu’il lui tenait particulièrement à coeur. C’est une merveille en couleur, qui toucherait au sublime si nous avions le noir et blanc
@Omac : J’ai également les Burne Hogarth, les John Buscema et les Russ Manning. Et bien que
lale Burne ( 😀 ) soit le premier, c’est celui que je préfère le moins, notamment parce que je préfère les autres ! 😀Mais sinon je les aime tous, et de toute manière j’aime Tarzan à la vie à la mort, en tout cas jusqu’à Greystoke, avec Christopherlambert. J’aime d’ailleurs beaucoup les films avec Lex Barker, l’acteur qui a repris le flambeau après Weissmuller, dans une série de 5 films très inspirés de l’univers de Rider Haggard, comme dans les comics de Roy Thomas & John Buscema. La boucle est donc bouclée !
@Phil : Je ne mettrais pas Joe Kubert dans les « meilleurs dessinateurs/narrateurs de l’univers connu », mais je vois ce que tu veux dire. Il est très clair pour moi qu’il est un narrateur hors-pair dans son époque et dans sa discipline. Et pour avoir lu moult comics des 70’s en particulier, il surnage largement au dessus de la masse. Il opte pour un rapport entre le fond et la forme très efficace sans se soucier de séduire et ses planches, voire ses épisodes, sont un modèle de construction et d’efficacité narrative.
@Tous : Merci pour les retours !
J’avais déjà du voir quelques dessins de Tarzan par Joe Kubert, sur le blog de phil, peut-être. J’ai assez peu d’ouvrages de cet auteur dans ma bibli… Une histoire courte de Batman Black and White… et euh, peut-être des trucs trainant dans d’autres anthologies…
Je ne suis pas ultra-fan de son trait, un peu trop dépouillé à mon goût, mais sa narration semble être au poil (par exemple, la page de droite du dernier scan)
Ne connaissant pas le Tarzan des bouquins de Burroughs (je le connais surtout par les films, évoqués dans l’article d’hier), je reste un peu sur ma faim sur ce que raconte ces histoires. Mais tu as réussi à faire un bel article vantant l’oeuvre sans spoiler, ce que je ne parviens que rarement à faire…
Ungawa, Tornado (ce sera ma signature, cette semaine).
Possible JP, j’en ai montré pas mal du Kubert, dont cette entrée
http://philcordier.blogspot.com/2016/09/grandiose-homme-singe.html
Tornado je persiste mais limite à la terre entière 🙂 Il fait plus que surmnager et ses bouquins les plus récents, jusqu’à sa disparition, sont encore au dessus de son boulot avec les Sergent Rock ou autres
J’aime bien Joe Kubert.
Et ce Tarzan me fait de l’oeil.
Deux inconvénients : le prix, la qualité en a toujours. Et les histoires que je redoutais trop infantiles.
Etant rassuré par un maître dans ce domaine, me voilà bien tenté désormais.
Bruce, les histoire sont quand même assez infantiles, pour moi, et la couleur est de trop
mais le trait….. à l’opposé des critères d’aujourd’hui, donc dans les miens 🙂
Un article hyper court de Tornado ? What happens ??
Encore une oeuvre que je ne connais pas du tout. Je ne suis pas certain de vouloir essayer malgré deux attraits indéniables. D’abord, une édition belle et soignée me fait toujours de l’effet en tant qu’amoureux des livres. Ensuite, selon les derniers scans, je trouve le dessin de Kubert très moderne et très intéressant. On pourrait croire à du Pratt sur le visage du chef indigène dans la dernière planche. Et même si je ne le connais pas du tout à l’exception de quelques scans ici-même, ce trait me rappelle celui de Gene Colan.
Merci encore pour ma culture…
La BO : chef d’oeuvre. Un de mes potes me disait, il y a longtemps, que s’il devait expliquer le rock à des extra-terrestres, il utiliserait ce titre.
Je suis d’accord : il est formidable ce titre des Stones.
Yes (Let It Bleed est mon album préféré). Je suis bien content d’avoir réussi à le placer au bon endroit et au bon moment !
Ton album préféré des Stones ou tout court ? Moi, pour sûr, c’est mon Stones favori. Mais oui, tu as raison, super bien placé !
Mon préféré des Stones (Aftermath, Sticky Fingers, Their Satanic Majeties Request, Ghost Head Soup, Beggars Banquet, It’s Only Rock’n Roll viennent ensuite). Je n’ai jamais réussi à aimer Exile on Main St, malgré toutes les louanges adressées.
Ah moi c’est Exile ensuite. J’ai eu du mal avec cet album mais au final, il est grandiose. Il est juste un poil trop long. Et puis Beggars Banquet, Sticky Fingers, It’s Only Rock’n’roll, Black and Blue, Aftermath. J’aime bien Their Satanic Majesties Request mais il reste anecdotique pour moi (et ça fait une paie que je ne me le suis pas refait), et je ne suis pas fan de Goats Head Soup que j’ai réécouté récemment. Mais il a trois ou quatre titres parfaits.
Oui, Goats Head Soup (pardon pour les fautes) est inégal, mais il y a 100 Years Ago dedans, qui est un de mes titres préférés !
Their Satanic Majesties Request je l’ai toujours adoré. C’est un des albums où j’aime tous les titres ou presque. Et 2000 Light Years From Home fait également partie de mes titres favoris.