303 par Garth Ennis et Jacen Burrows
303 est une minie série écrite par Garth Ennis en 2009. Ce commentaire révèle des moments clés de l’intrigue.
En Afghanistan trois escouades russe,britannique,américaine convergent autour d’un même objectif: un hélicoptère écrasé avec des documents classés Top Secret.
Tout ce petit monde s’entretue allègrement pour accomplir sa mission et seul survit notre « héros », un colonel russe à qui Ennis n’a pas donné de nom. Lorsqu’il apprend le contenu du document,il décide de partir aux Etats-Unis pour tuer… euh…son président!
Pendant ce temps,aux Etats-Unis, un vieux sheriff désabusé, vétéran du Vietnam et qui s’est toujours dévoué à son pays, sombre dans la dépression : l’assurance médicale de sa femme ne lui a pas permis de soigner son cancer.
Pour oublier la douleur, il enquête à la frontière mexicaine où un abattoir emploie des sans papiers. Le destin du Russe et de l’Américain vont se télescoper inévitablement.
Que ceux qui apprécient la fibre scato-trash-parodique de Garth Ennis rebroussent leur chemin: on a bien ici au versant sombre de l’écriture du surdoué Irlandais, la même qui accoucha de son run légendaire pour le Punisher.
Et il est vrai que le père Ennis ne s’est pas foulé pour la personnalité du Colonel qui est une déclinaison d’un Frank Castle russe : un dur à cuir qui encaisse les balles sans se plaindre, évolue la mâchoire serrée, doté d’un sens de l’honneur aigu auquel le dispute un instinct de survie impitoyable durant la bataille.
Tout ceci n’est pas toujours crédible. Son héros est capable de prouesse invraisemblable comme d’utiliser son Ak47 mieux qu’un fusil Sniper et d’effectuer sa mission avec une facilité déconcertante: traverser les frontières armé, en ignorant la faim, la douleur, la peur. En tant que soldat aguerri, il parvient à déjouer la sécurité du président des Etats-Unis les doigts dans le nez et la main au fusil…
Pourtant 303 reste du Comics haut de gamme par la qualité d’écriture. Les admirateurs des romans de Stephen Hunter, notamment Romeo Dog se sentiront chez eux.
Pour Hunter comme pour Ennis, il s’agit de raconter l’histoire d’un pays par le biais des soldats qui se sont battus pour lui. Et de lier subrepticement l’histoire de ce pays à celle des armes utilisées pour le défendre. Comme chez Hunter, Ennis disserte longuement sur les capacités techniques des armes en question en les associant à la victoire ou la défaite d’une armée. L’amateur de notre Irlandais turbulent se rappellera que la série The Boys ergotait aussi beaucoup sur les Etats Majors qui fournissaient des armes calamiteuses à des soldats qui se faisaient massacrer malgré leur bravoure.
Comme sur un champ de bataille, Ennis ouvre une seconde brèche dans son histoire en y distillant un discours sociologique pertinent. Il disserte beaucoup sur les conditions d’abattage de la viande aux Etats-Unis: Tenue par des industriels qui visent à réduire au maximum les coûts de production, l’usine est tenue par des mexicains sans papiers exténués, sans aucun droit du travail, travaillant à une cadence épouvantable. Sans avoir le droit de pause, ceux-ci prennent des drogues, sont gravement mutilés lors de manipulations d’outils tranchants, et n’ont pas le choix que d’uriner et de déféquer devant leur chaîne de montage.
Ennis s’interroge ainsi sur la manière de produire la nourriture d’un pays entier et met subtilement en corrélation le sort de la chair à canon(les soldats de guerres absurdes) et les esclaves de l’industrie de la chaire alimentaire. Et lorsque le Russe et l’Américain s’affrontent dans cette usine au milieu d’animaux décapités, baignant de sang, d’urine et d’excréments, la boucle est bouclée: la grande guerre économique a bien lieu entre des soldats vaillants mais manipulés et des esclaves-civils terrorisés.
Ces propos ne sont malheureusement pas soutenus par Jacen Burrows dont on se demande ce que tout le monde lui trouve: expressions de visage inexistantes, raideur du langage corporel, gestion minimale des décors,même Dillon rendait Preacher plus attrayant…C’est également un mauvais illustrateur, ses couvertures manquant de panache. En racontant la quête d’un soldat qui ne veut plus se faire manipuler par le business de politiciens corrompus, Ennis écrit un récit crépusculaire non exempt de clichés mais souvent passionnant sur le fond et desservi par la forme. Qu’on ne s’y trompe pas: s’il s’agit d’un récit mineur d’un auteur majeur, on reste quand même dans le haut de gamme qu’il serait dommage de négliger.
En soi 303 ne mérite que 4 étoiles. Pourtant au vu du manque d’audace et de culture de beaucoup de scénaristes actuels, il en mérite 5. A vous d’en juger !
J’ai adoré. Les défauts que relève Présence sont bien réels. Mais le concept de la mini-série est fantastique, et la classe narrative aussi. Alors ça me suffit.
Les scans ne donnent pas envie, mais l’histoire a l’air très intéressante.
Ah effectivement, il faut presque imaginer un roman et oublier ces dessins….
Vous avez vu que Alan Moore allait écrire pour Crossed?
Non je ne savais pas. Et ça ne m’emballe pas. Mais bon, comme d’habitude, il va sûrement faire mieux que tout le monde…
Ca fait plaisir de le savoir ami avec Moore notre jeune Ennis. J’ai été ému. Un peu comme lorssque Bowie est monté sur scène avec Gilmour pour reprendre The Wall.
Le seul Crossed que j’ai lu ne m’a pas plu du tout, donc je ferai sans doute l’impasse sur celui de Moore, mais comme dit Tornado, il va sans doute faire un truc très bon.
Attention, certains Crossed sont exécrables. Es tu sur que ceux que tu as lu étaient signes Ennis ?
Ah ben oui. Sérieusement j’ai trouvé ça complètement gratuit et surfant sur WD avec une suite de massacre et de viols pour rien, sans profondeur aucune et des personnages stéréotypés qui semblaient tous savoir qu’ils se trouvaient dans un remake de Romero…
Et encore le premier est le plus interessant à mon sens . Après, c’est franchement immonde :+–http://www.brucetringale.com/tu-me-cherches-des-crosses/
Tu admireras la mise en page débutante de l’époque….