Une bombe Beat lâchée en pleine rue pour contaminer tout ce qui peut l’être (Au crépuscule de la Beat Generation)

Au crépuscule de la Beat Generation – Le dernier clochard céleste, par Étienne Appert

Un article de PRESENCE

1ère publication le 02/06/23- MAJ le 09/09/23

VF : La Boîte à Bulles

C’était mieux avant ?
© La Boîte à Bulles

Ce tome contient une histoire complète, une adaptation libre des témoignages du journaliste français Gilles Farcet (1959-), ayant passé une dizaine de jours à New York, auprès d’Allen Ginsberg en 1988. Il a été réalisé par Étienne Appert, pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il comprend deux cent vingt-quatre pages de bandes dessinés. Il commence par une introduction de deux pages rédigées par Alejandro Jodorowsky, évoquant sa rencontre avec Allen Ginsberg vers 1965, au restaurant La Coupole à Paris, son expulsion de Cuba par Fidel Castro, leur virée au café La reine blanche, pour que le poète trouve un compagnon, leur rencontre au milieu des années quatre-vingt dans un tramway à San Francisco. L’album se termine avec la présentation de plusieurs auteurs, toujours sous format de bande dessinée : Avant les beats, Neal Cassady (1926-1968), Jack Kerouac (1922-1969), William Burroughs (1914-1997), Gregory Corso (1930-2001), Gary Snyder (1930-), Peter Orlovsky (1933-2010), Michael McClure (1932-2020), Ram Dass (1931-2019, Richard Alpert), Allen Ginsberg (1929-1997), La suite pour Gilles Farcet, Patti Smith (1946-) l’héritière. Puis viennent une proposition de bande son pour l’ouvrage par Gilles Farcet, les remerciements et les crédits.

Parole de Hank : de nos jours, un poète c’est pas un type en chemise blanche qui tousse au bord d’un lac. Quand cette histoire commence, Gilles Farcet ignore l’existence de Hank : le poète invisible, le Beat incarné ! Mais Hank va bientôt faire hurler une sirène intimant Gilles de mettre à l’abri sa faculté d’innocence avant qu’elle ne soit pulvérisée pour de bon. Et c’est ce qu’il fera, peu ou prou. Grâce à lui. 30 septembre 1987, dans la ville de Québec, au Canada. Dans la rue, Gilles attend pour déjeuner, des amis qui ne viendront pas. Une silhouette s’approche. Un œil non exercé ne verrait qu’un barbu usé et claudiquant. Mais il reconnait Allen Ginserbg, le plus célèbre poète américain vivant. Membre fondateur de la légendaire Beat Generation. Inventeur du Flower Power. Grande figure de la contre-culture des années 60 et 70. Conscience morale des États-Unis du XXe siècle. Considéré pendant 30 ans comme un danger national par la CIA

Bienvenu chez Allen
© La Boîte à Bulles

La présence de Ginsberg dans le quartier n’a pas de quoi surprendre Gilles : il est l’invité d’honneur pour une rencontre internationale autour de l’œuvre de Jack Kerouac, décédé 18 ans plus tôt. Gilles est venu à Québec avec l’espoir de l’interviewer. Mais pas question d’importuner cette légende vivante sur un trottoir. La scène prend alors un tour imprévisible. Ginsberg s’adresse au journaliste et lui demande qui il est, ce qu’il fait là et s’il s’intéresse au bouddhisme tibétain. Au vu des réponses, il l’invite à venir déjeuner avec lui car il en a assez de ne parler qu’à des vieux qui lui rabâchent toujours les mêmes histoires. Plusieurs rencontres suivent, et en novembre 1988, Gilles Farcet passe une semaine avec Ginsberg à New York.

Le titre évoque la fin du mouvement Beat, ce qui peut inciter le lecteur à se dire qu’il vaut mieux en connaître son histoire avant de se lancer dans cette lecture. Le texte de la quatrième de couverture explicite clairement la nature de l’ouvrage : un court paragraphe de rappel sur la Génération battue, un autre sur le séjour de Gilles Farcet auprès d’Allen Ginsberg en 1988, et la présence d’un véritable clochard céleste. Le matin, quand Gilles va prendre son café dans un troquet, il discute avec Hank : poète sauvage, incarnation pure de l’esprit Beat, génie marginal dont les paroles expriment sans filtre le souffle de la grande pulsation et entraînent son auditeur dans un voyage intérieur sur la route de l’initiation psychédélique. De fait, après cinq pages introductives aboutissant à l’arrivée de Gilles à New York en 1988, l’auteur présente ce qu’est la Beat Generation pendant six pages : une synthèse remarquable. Trois auteurs et leur ouvrage majeur : HOWL en 1956, par Allen Ginsberg (1929-1997), SUR LA ROUTE en 1957, par Jack Kerouac (1922-1969), LE FESTIN NU en 1959, par William S. Burroughs (1914-1997). La création du mouvement et son développement. Son héritage : fin des années 50 des hordes de jeunes gens partent Sur la route, dans les années 60 et 70 Ginsberg devient une figure de lutte contre la guerre au Vietnam, dans les années 1980 les punks rejettent tout l’héritage hippie, mais adoptent aussi les Beats comme ancêtres, fin du siècle, la prise de conscience écologique devient planétaire, ce que Snyder et McClure avaient déjà porté au début des années 1950.

Moloch
© La Boîte à Bulles

L’auteur a choisi de développer à sa manière les souvenirs du journaliste Gilles Farcet, en le mettant en scène, à partir de deux de ses livres : LA JOIE QUI AVANCE CHANCELANTE LE LONG DE LA RUE (2017) et ALLEN GINSBERG – POETE ET BODDHISATTVA BEAT (2004). Le lecteur commence la première page et il tombe tout de suite sous le charme de la narration visuelle : simple et évidente, dans un registre descriptif avec un bon niveau de détail. Dans cette première page, un dessin en pleine page, un petit diner qui ne paye pas de mine dans une rue de New York, avec le panneau sur ressort devant l’entrée, un arbre, un escalier incendie en façade : une rue aussi plausible que crédible. L’artiste sait montrer ces environnements urbains en extérieur comme en intérieur avec une approche factuelle, et un savant dosage entre ce qui est représenté avec application et ce qui reste plus évoqué. En page trente-quatre, Gilles accompagné par deux personnes se tient devant l’immeuble où se trouve l’appartement d’Allen Ginsberg : la largeur du trottoir, les poubelles métalliques, la grille métallique, les escaliers incendies en façades, les portes d’entrée, tout a l’air authentique. À l’intérieur, la cage d’escalier, les graffitis sur les murs, la rambarde : pareil, tout apparaît réel et réaliste. Le lecteur peut ainsi s’assoir dans le diner en face de Hank pour l’écouter, et même boire ses paroles, visiter le grand appartement de Ginsberg avec ses différents bureaux et sa cuisine, effectuer une virée dans le désert et éprouver des hallucinations, se rendre à une soirée mondaine pour se faire crier dessus par Gregory Corso, faire un tour dans Central Park, ouvrir les casiers de rangements de Ginsberg, se tenir sur scène avec lui, etc.

De temps à autre, le lecteur relève une mise en scène ou mise en page qui sort de l’ordinaire : le souvenir de la jeunesse d’Allen Ginsberg en spectres jaune et rouge au-dessus du barbu usé et claudiquant, l’usage modéré de dessin en pleine page, une palette psychédélique quand la scène s’y prête, un hommage à Philippe Druillet pour évoquer Moloch, une même voiture dessinée plusieurs fois dans un même dessin pour représenter son trajet, des cases de la largeur de la page, des cases de la hauteur de la page, des oiseaux se regroupant dans le ciel pour former un visage, quelques séquences psychédéliques pour évoquer la vie spirituelle, un jeu avec la forme même de la page et des cases (coin inférieur droit de la page semblant comme corné, personnage passant au travers d’une gouttière, cases désordonnées comme emportées par un flux d’énergie), transformations corporelles grotesques et monstrueuses.

Good trip ou Bad trip ?
© La Boîte à Bulles

L’auteur évoque ainsi la Beat Generation dans ses différentes composantes. Le titre s’avère un peu surprenant : il évoque le crépuscule du mouvement. De fait, Gilles Farcet rencontre le curateur du mouvement, l’un de ses principaux initiateurs, après coup. Encore, que l’auteur évoque son héritage dans les années 1970, 1980 et 1990. Un peu inquiet de se retrouver perdu s’il ne connaît pas déjà les Beats, le lecteur découvre que l’ouvrage est incroyablement bien conçu : évoquant le mouvement en huit pages, avec ses principaux acteurs et ses retombées, puis l’évoquant par l’intermédiaire des discussions avec Allen Ginsberg en 1988, alors qu’il dispose du recul qui lui permet d’appréhender ce que la Beat Generation a apporté, dans quelle mesure elle a modifié le monde. Ce dispositif est complété par la rencontre et les discussions régulières qui s’en suivent avec Hank, le clochard céleste, d’après le titre du roman de 1958, de Jack Kerouac. Hank est bien vivant, même s’il semble vieux, peut-être la quarantaine ou plus, et déjà abimé par son mode de vie : un beat au crépuscule de sa vie. Un individu qui continue de lutter contre Moloch plus puissant que jamais : biocide, fratricide, nucléaire, incendiaire, avide, menaçant désormais les conditions mêmes de vie sur la Terre. Une personne qui a ressenti la pulsation (le beat), qui s’est retrouvé défait (battu) par la société (deuxième sens de beat), et qui est parvenu à trouver une cohérence intérieure proche d’un état de béatitude (troisième sens de beat). Un être humain pleinement Beat. Le lecteur peut appréhender son art de vivre au regard des autres créateurs Beat évoqués : Gregory Corso (1930-2001), Neal Cassady (1926-1968), Gary Snyder (1930-), Peter Orlovsky (1933-2010), Michael McLure (1932-2020), Ram Dass (1931-2019, Richard Alpert), et la tutelle de Chögyam Trungpa Rinpoché (1939-1987). En découvrant les portraits de la dernière partie, il peut également le comparer à l’héritière désignée incarnant la Beat Generation dans les cinq pages qui lui sont consacrées : Patti Smith

La Beat Generation a laissé une empreinte indélébile sur la culture populaire, a incarné la contre-culture pendant plusieurs décennies. Étienne Appert propose de l’aborder par le biais des écrits du journaliste Gilles Farcet ayant passé une semaine avec Allen Ginsberg à New York en 1988. Le lecteur bénéficie d’un auteur prévenant, ayant à cœur de transmettre l’histoire de ce mouvement sans pareil, de le faire comprendre, de le considérer avec du recul, au travers de l’un de ses initiateurs, avec une narration visuelle semblant toute naturelle, tout en étant capable de s’adapter pour évoquer le passé, les forces spirituelles, l’expansion de la conscience. Le lecteur en ressort conquis, en phase avec le mouvement Beat, avec peut-être un goût de trop peu sur l’usage des produits psychotropes.

L’inéluctable récupération suivie par l’implacable marchandisation
© La Boîte à Bulles

47 comments

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Présence.

    Très intéressant comme album. Merci de me le faire connaitre, je n’en avais jamais entendu parler.

    HOWL en 1956, par Allen Ginsberg (1929-1997), SUR LA ROUTE en 1957, par Jack Kerouac (1922-1969), LE FESTIN NU en 1959, par William S. Burroughs (1914-1997) Yeah!!! j’en ai lu 2/3, le Grindberg m’ayant échappé.

    Pour l’anecdote, je m’y suis repris à 3 fois sur 15 ans pour terminer SUR LA ROUTE (l’an dernier).

    Bien vu de nous faire une petite leçon d’histoire Beat, car comme souvent on a entendu parler sans pour autant en savoir finalement beaucoup. Bien évidement on se régale une nouvelle fois à déguster ton analyse de la partie artistique. fort, très fort. On tourne les pages par procuration.

    Peu lu Allan Grindberg, mais il reste dans mon imaginaire associé en permanence à Bob Dylan.

    Très bon choix de BO, Patty l’héritière.

    • Présence  

      Tu as droit à tout mon respect : je n’ai lu aucun de ces trois ouvrages. Après la lecture de la BD, je suis allé jeter un coup d’œil au poème Howl : je n’ai pas suivi grand chose.

      En découvrant cette époque par le biais de cet ouvrage, je me suis souvenu d’une scène d’un épisode des X-Men (ancienne mouture) où ils se rendaient dans un café The Coffee-a-gogo dans lequel des poètes déclament leurs œuvres au profit de la clientèle, avec une danseuse se lançant dans une performance improvisée, une tentative aseptisée de surfer sur la Beat Generation, réduite à un effet de mode.

      La BO : facile, Patti Smith est citée comme héritière de ce mouvement dans la bande dessinée.

  • Jyrille  

    Merci pour la présentation, je n’avais jamais entendu parler de cette bd. Je m’y connais peu en Beat Generation, je n’ai lu que SUR LA ROUTE (un peu chiant) et ACID TEST de Tom Wolfe (The Electric Kool-Aid Acid Test) où on y croise les Beatles et Cassaday si je me souviens… Mais bon tout ça reste intéressant, il va falloir que j’essaie plus un de ces quatre (jamais osé lire LE FESTIN NU, ni vu le film d’ailleurs).

    Le dessin a l’air pas mal mais j’ai remarqué la note de 4,5 étoiles… ce n’est pas rassurant ! 😀

    La BO : un Patti Smith que je ne connais pas (facile, j’en connais deux : HORSES et EASTER), ça colle parfaitement à l’ambiance.

    • JB  

      Patti Smith : Même pas « Because the night » ou « Dancing Barefoot » ?

      • Jyrille  

        BECAUSE THE NIGHT écrite par Springsteen est sur EASTER. DANCING BAREFOOT est sur WAVE (pas écouté).

        • JB  

          Ah désolé, je pensais chansons plutôt qu’album 🙂

  • Présence  

    Au temps pour moi, le 4,5 étoiles est une faute d’étourderie de ma part. Je suis ressorti enchanté et enthousiaste de ma lecture, un 5 étoiles sans retenue, et plus.

    Le dessin porte le récit qui n’a pas du tout cette forme d’exposé que peuvent avoir certains ouvrages à composante historique, et rend admirablement bien compte de la dimension expansion de la conscience, sans la ridiculiser.

    A l’occasion de l’article, j’ai effectué une écoute rapide des albums de Patti Smith, finalement peu nombreux, 11 albums studio. C’est plus facilement écoutable que ce que je redoutais, mais pas dans mes goûts. 🙂

  • Présence  

    Ah ben mince, en cherchant un morceau pour le post facebook de ce soir, je suis tombé sur l’anecdote suivante :

    The Beatles spelled their name with an « a » partly as a Beat Generation reference, and John Lennon was a fan of Jack Kerouac. The Beatles even put Beat writer William S. Burroughs on the cover of their album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Ginsberg later met and became friends of members of the Beatles, and Paul McCartney played the drums, guitar, Hammond organ, and maracas on Ginsberg’s album Ballad of the Skeletons.

    • Jyrille  

      Quand je te dis que tu dois lire le Tom Wolfe pour ta culture et ses allusions dans la Doom Patrol… Je te préviens, ce n’est pas simple (en VF en tout cas).

      Cela dit je ne savais pas tout ça, juste quelques éléments.

      • Fletcher Arrowsmith  

        Tout le monde devrait avoir lu Tom WOLFE.

  • JB  

    Je dois dire que je connais surtout le mouvement Beat via le café que les X-Men d’origine fréquentaient durant l’ère Lee/Kirby.
    C’est toujours fascinant de voir une personne faire le bilan de sa vie, et le rendu graphique m’intéresse 🙂 Je vais surveiller les médiathèques alentours !

    • Présence  

      Coffee-a-gogo dans lequel des poètes déclament leurs œuvres au profit de la clientèle, avec une danseuse se lançant dans une performance improvisée. Les X-Men en civil s’y rendent pour la première fois dans X-Men 7, paru en 1964. Puis dans les numéros 31, 32, 47. Et dans Uncanny X-Men: Winters End Vol 1 1, Marvel Holiday Special Vol 1 1994, X-Men First Class Special Vol 1 1, X-Men: First Class Finals Vol 1 2.

      marvel.fandom.com/wiki/Coffee_A_Go-Go

  • Bruce lit  

    La Beat Generation est liée au mouvement hippie et au psychédélisme que je déteste.
    On retrouve bien ça dans ces planches avec effectivement du Moebius included.
    La confrontation avec Moloch est inattendue et terriblement tentante.
    Pourquoi pas à l’occasion.
    Tu n’abordes pas la préface de Jodo. Il raconte quoi dedans ?
    Tu ne parles pas non plus de Bob Dylan. Il apparaît aussi ?
    Le plus grand mystère de cette musique est qu’elle relie finalement les hippies et les punks comme Patti Smith, alors que les deux mouvements se détestaient.
    Merci pour ce tour d’horizon.

    • Présence  

      L’introduction de Jodorowsky : Il commence par une introduction de deux pages rédigées par Alejandro Jodorowsky, évoquant sa rencontre avec Allen Ginsberg vers 1965, au restaurant La Coupole à Paris, son expulsion de Cuba par Fidel Castro, leur virée au café La reine blanche, pour que le poète trouve un compagnon, leur rencontre au milieu des années quatre-vingt dans un tramway à San Francisco. (cf. 1er § de l’article).

      Bob Dylan n’apparaît pas, sinon je l’aurais mentionné.

    • Jyrille  

      Autant l’hommage à Druillet est flagrant, autant je ne vois pas où tu vois Moebius dans les scans de Présence.

  • Bruce lit  

    Ton intro me fait réaliser que Ginsberg et Burroughs sont morts la même année.

    • Présence  

      C’est sous votre influence que je me suis mis à prendre la peine de mettre des dates.

  • Nikolavitch  

    Autant j’ai beaucoup lu Burroughs, un peu lu (et pas aimé) Kerouac, autant Ginsberg est vraiment mon angle mort sur les Beat. Va falloir que je creuse.

    tiens, un de ces quatre faudrait que je fasse un truc sur Buko, que je considère (peut-être à tort) comme une espèce d’héritier de tout ça.

    • Présence  

      Je suis très preneur d’un article sur Charles Bukowski.

      • Nikolavitch  

        un jour peut-être

  • Tornado  

    Alors ça, c’est un album pour moi !
    Toute cette partie historique de la contre-culture me passionne, au point de vouloir l’étudier et la connaitre en profondeur. Je n’avais jamais entendu parler de cet album et je ne suis jamais tombé dessus. C’est sorti récemment ?
    Le clochard céleste : J’ai déjà entendu ça. Mais je ne vois pas, je n’ai pas compris en fait. C’est quelqu’un en vrai ?
    Par contre Patti Smith je passe. Je n’ai jamais aimé et, ignorant qu’elle était l’héritière de la beat generation, je l’aurais instinctivement rangée chez les punks… que je déteste pour reprendre la formule de Bruce mais tout à fait en sens inverse ! 😉

    • Présence  

      C’est sorti le 05/04/23.

      Le clochard céleste provient d’un roman de Kerouac. Ici, l’auteur l’a incarné dans un clochard que rencontre le journaliste. Extrait de l’article wikipedia :

      Les Clochards célestes est un roman de Jack Kerouac (1922 – 1969), publié la première fois en 1958. Son titre original est en anglais The Dharma Bums (à ne pas confondre avec le titre d’un autre de ses livres : Dharma (traduit en français par Dharma), qui est un recueil de notes accumulées entre 1953 et 1956, et qui n’a été publié qu’en 1997 en anglais et qu’en 2000 en français).

      De ce que j’ai compris, cela rejoint l’image du vagabond parcourant les Etats-Unis en voyageant clandestinement dans les wagons à bestiaux.

      J’ai envoyé un article à Bruce sur une autre BD : Hippie Surf Satori, d’Alain Gardinier & Renaud Garreta, évoquant le mouvement surf de la fin des années 1960, et sa connexion avec le mouvement hippie, en particulier San Francisco, et le concert donné par Jimi Hendrix, du 30 juillet 1970 en extérieur dans l’île hawaïenne de Maui.

      • Tornado  

        Merci pour les précisions. Je me disais bien que ça me disais quelque chose cette histoire de clochard céleste mais, comme ça, sans réviser, j’avais oublié.
        Je suis évidemment très preneur d’un article sur « le mouvement surf de la fin des années 1960, et sa connexion avec le mouvement hippie, en particulier San Francisco, et le concert donné par Jimi Hendrix, du 30 juillet 1970 en extérieur dans l’île hawaïenne de Maui »…
        Ce n’est pas un scoop que je trouve cette époque passionnante et vraiment fédératrice, alors que je trouve celle de la fin des années 70 et des années 80 glauque et hyper pauvre musicalement. Je suis en train de me rendre compte que ceux qui ont adoré le mouvement punk aiment aussi (en général) le rap (j’ai mis des années à capter le lien). J’en retiens une chose en particulier : La plupart des gens impliqués n’écoutent pas la musique et s’intéressent plus à l’état d’esprit autour (ou en dedans). Je ne me reconnais pas du tout dans cette vison artistique.

        Je suis allé à la Fac aujourd’hui. Je n’ai pas trouvé cette BD, pourtant sortie récemment. Elle n’a manifestement pas été mise en avant. C’est dommage !

        • Jyrille  

          En effet, j’ai un ami qui m’a initié au punk via The Clash et c’est le même qui a ramené le rap sans la foulée. Et comme je l’ai expliqué à d’autres amis communs, il est motivé par toutes les musiques engagées, révolutionnaires et de combat : le reggae aussi. Des musiques contestataires et revendicatives.

        • Jyrille  

          Par contre je ne trouve pas que le tournant des années 70 et 80 soit pauvre musicalement, au contraire ça foisonne de nouvelles idées et de métissages.

          • Tornado  

            Pour moi ce sont la fin des années 60 et la 1° moitié des années 70 (jusqu’à 1977 même) qui foisonnent d’idées et de métissages (j’ai écrit un TOP 10 sur les musiques métissées et il n’y a quasiment que des titres du début des 70’s). Avec l’arrivée du punk, on a une forme de radicalisation et de détestation à l’encontre des métissages justement. Et ça s’enferme dans une vision hyper étroite du rock (froide et hyper-glauque aussi, je trouve). Une doctrine musicale où il faut que ce soit « comme ci et pas comme ça ». Avec par dessus-tout un état d’esprit calibré, balisé, étroit, oligarchique, avec une presse rock qui relaie cette doctrine, dont les principaux leaders radicaux perdurent encore aujourd’hui (j’aime beaucoup les ITWs de Bruce (sincèrement), mais je dois avouer que les passages où on passe plus de temps à parler d’état d’esprit que de musique, je ne me sens pas concerné du tout).
            C’est un ressenti personnel. Il y a quand même des trucs que j’aime dans les années 80. Mais c’est néanmoins la traversée du désert en ce qui me concerne. Les années 90 vont heureusement venir changer la donne. Quant à la musique engagée, c’est intéressant en soi, mais ce n’est pas ce qui me donnera envie d’écouter le truc. La seule chose que je recherche en musique c’est l’émotion et/ou le groove. Je n’aime pas la musique froide et le bruit. Donc, bon…
            Du coup c’est aussi pour ça que je me passionne pour cette période où on pouvait changer le monde par la contre-culture. C’est une période incroyable, je trouve, et musicalement celle qui trône au dessus de toutes les autres en ce qui me concerne.

          • Jyrille  

            Oui mais tu n’es pas objectif. Tu parles de tes goûts avant tout, moi j’aime le bruit et les trucs froids autant que chauds et le punk fut aussi une musique de révolte en réponse à des années aseptisées : ce n’étaient pas Nick Drake, King Crimson et Parliament qui vendaient le plus. La bien-pensance rock existait déjà avant.

          • Tornado  

            Peut-être. Mais jusqu’ici ma perception des choses ne fait que s’affirmer sur cette fausse révolution punk, qui est avant tout pour moi une grosse radicalisation. Et sur l’idée que le rap ce n’est pas complètement de la musique.

          • Jyrille  

            Je comprends, mais moi je pars du principe que si ça s’écoute, c’est de la musique. Je n’ai pas de critères en amont.

          • zen arcade  

            « Avec l’arrivée du punk, on a une forme de radicalisation et de détestation à l’encontre des métissages justement.  »

            « Et sur l’idée que le rap ce n’est pas complètement de la musique. »

            @Tornado : Tu critiques certaines supposées détestations issues d’une vision étriquée de la musique de la fin des années 70 et des années 80 et puis tu nous sors ce genre de ridicules affirmations écrites à la truelle….
            Tu vaux beaucoup mieux que ça.
            On devrait tous se contenter de mettre en avant ce que l’on aime. C’est tellement plus agréable et pertinent de te lire quand tu parles de Manassas.

            « La seule chose que je recherche en musique c’est l’émotion et/ou le groove. »

            Ben, faut pas croire que t’es différent de ceux qui écoutent de la musique que tu détestes, hein… Eux aussi, c’est avant tout l’émotion qu’ils recherchent. On la trouve juste pas tous au même endroit.

          • Tornado  

            Oui, ça c’est parce que tu es du « bon » côté. Quand tu as passé des décennies à t’entendre dire que ce que tu aimes c’est pourri et que ce que tu n’aimes pas c’est le top du top (alors que tu vois bien que ce n’est pas le cas et que la plupart du temps tout est basé sur des critères d’attitude et même pas sur la musique elle-même), c’est hyperchiant à la longue.
            Que les gens écoutent du punk ou du rap et qu’ils adorent ça, tant mieux. Mais entendre tout le temps de leur part que le rock progressif, le soft rock ou le country rock c’est le mal, c’est juste extrêêêêmement lassant. 🙂

          • zen arcade  

            « Oui, ça c’est parce que tu es du « bon » côté. Quand tu as passé des décennies à t’entendre dire que ce que tu aimes c’est pourri et que ce que tu n’aimes pas c’est le top du top (alors que tu vois bien que ce n’est pas le cas et que la plupart du temps tout est basé sur des critères d’attitude et même pas sur la musique elle-même), c’est hyperchiant à la longue.
            Que les gens écoutent du punk ou du rap et qu’ils adorent ça, tant mieux. Mais entendre tout le temps de leur part que le rock progressif, le soft rock ou le country rock c’est le mal, c’est juste extrêêêêmement lassant.  »

            Moi, je m’en tape de cette histoire de bon et de mauvais côté.
            Tu évoques souvent la presse rock mais moi, j’en ai rien à foutre de la presse rock. Elle ne m’a jamais beaucoup intéressée.
            La seule chose qui m’intéresse dans la presse rock, c’est les longues interviews (ce que les Inrocks période noir et blanc faisaient très bien mais quelques années plus tard). Les trucs comme Best, Rock n’folk et autres à l’époque, j’ai jamais lu, ça ne m’intéressait pas.
            Dans la campagne profonde où je vivais, il y avait les punks, les hardos et les minets. C’était la seule ligne de fracture. On n’avait aucun magasin de disques à des dizaines de kilomètres à la ronde, une mini-médiathèque ambulante chaque vendredi et c’est tout. Les découvertes, ça passait par la radio et on ne s’intéressait qu’à la musique du jour. Rien à foutre de la musique des 70’s ou des 60’s. Pas parce que c’était du soft rock, du prog ou que sais-je mais juste parce que c’était des trucs de vieux et qu’on n’en avait rien à foutre de la musique de vieux. On avait 15 ans et le monde nous appartenait. Les vieux et leur musique ouvaient aller se faire foutre.
            Et là, mes potes et moi, on détestait les hardos, on détestait les minets. Ca nous laissait le punk et la new wave. Et on s’en est gavé et ça a conditionné notre rapport à la musique. Mais ça n’avait rien à voir avec un bon ou un mauvais côté dont on n’avait même pas conscience qu’ils existaient.
            Alors, même aujourd’hui, ces histoire de bon et mauvais côté, ça me broute. Ca ne fait pas partie de mon univers.
            Le rock pour moi, c’est une histoire de tension, d’agressivité, de teenage angst, de frustration adolescente. C’est pas lié à une attitude rock qui passerait avant la musique, c’est juste lié à ma vie.
            Je me suis ouvert à des tas d’autres musiques ultérieurement (heureusement 🙂 ), pour plein d’autres raisons, mais mon rapport viscéral au rock n’a pas changé.
            Alors, tu peux me ranger du « bon » côté si tu veux mais je l’ai pas fait exprès. C’est juste arrivé comme ça.
            Et puis, de toute façon, le mal c’est Queen. 🙂

        • Présence  

          J’ai transmis également un troisième article à Bruce sur le Le One Love Peace Concert, un concert de reggae qui s’est déroulé le 22 avril 1978 au stade de Kingston, en Jamaïque, avec Bob Marley en tête d’affiche.

  • JP Nguyen  

    Cet article m’a amené à lire quelques articles sur le net. Je dois avouer que les Beatniks, les Hippies, les Baba-cool et autres, je les rangeais tous dans le même sac. Alors qu’en fait, il y a une chronologie, des différences… Donc, une fois de plus, merci pour ma culture.
    Toutefois, sur la BD en elle-même, je ne suis pas plus attiré que ça mais c’est en partie lié à la phase que je traverse (travaux, encombrement des pièces et de mon univers mental).

    • Présence  

      J’éprouvais également des difficultés avec une chronologie trop floue dans ma tête, et une idée encore moins consistante que vague sur le Beat Generation. Cette lecture m’a permis de m’y retrouver, et incidemment, de manière tout à fait inattendue, de mieux comprendre ces scènes dans le Coffe-a-Gogo fréquenté par cinq mutants bien connus.

  • Eddy Vanleffe  

    La musique plus encore que la BD es vraiment une question personnelle, presque intime.
    Pendant longtemps j’ai cru que la BO était une plus value des articles, mais avec le recul et après un certains nombre de débats en forme de « soyons d’accord pour ne pas être d’accord », j’en suis venu à la conclusion que c’était parfois un linceul pour les articles qui indiffèrent ou encore le concours des jugements de valeurs et encore chez Bruce Lit, vous êtes vachement tolérants et pondérés…
    J’ai donc pris la décision de ne plus trop les commenter.
    Pour ma part, j’ai l’habitude d’être assez isolés dans mes Goûts (j’aime le folk par exemple et je ne suis pas sensible à 90% de la musique américaine ni à 99% de la chanson française)
    J’ai découvert beaucoup de choses dans ces pages, autant sur le prog-rock que sur Imagine Dragons…Ceci dit je ne me rappelle pas être passé à la caisse suite à une BO non plus…. (Alcest?…)
    Peace les mecs et écoutez donc du punk hippie si ça existe…^^

    • Présence  

      Du hippie punk : voilà qui va nécessiter une recherche par une collège d’experts, si tant est que cet oxymore puisse prendre vie grâce à une groupe…

      La BO accolée à l’article : un petit plus sur la personnalité de l’auteur, ou sur la dimension musical évoquée dans l’ouvrage. Là pour le coup, c’était facile : Patti Smith est citée nominativement dans la BD et elle chante un texte de Ginsberg.

    • zen arcade  

      Ouais mais non, les querelles artistiques, c’est super important. On ne peut pas être un passionné de musique sans se quereller sur ses goûts musicaux. Ca fait partie du truc.
      Parce que oui, on s’engage soi-même profondément dans la musique qu’on aime. C’est sans doute lié au fait que pour beaucoup l’intérêt musical prend forme et se cristallise à l’adolescence et que cette période de la vie est marquée par des positions très tranchées qui ne tolèrent que peu de nuances.
      Quand j’avais 15 ans, j’avais la musique et les bouquins dans ma vie. Rien d’autre.
      Et la musique, c’est le truc le plus direct. Le truc qui va le plus au-delà de la raison. Direct dans les tripes.

      Avec les années qui passent, il faut juste être capable de ne pas s’y enfermer.
      Aujourd’hui, la plupart de mes amis ne partagent pas du tout mes goûts musicaux. On peut s’écharper sur ce qu’on écoute mais ce sont mes amis.
      Ca n’a rien à voir..
      Et il y a plein de gens qui partagent mes gôuts et que je considère comme de vrais cons. Ca n’a rien à voir non plus.

      • zen arcade  

        Ici, les gens sont bien.

        • Tornado  

          Je ne m’entends bien, dans la vraie vie, qu’avec les gens qui ont des goûts opposés aux miens. Pendant longtemps je pensais que c’était une malédiction. Et puis non. Tous mes meilleurs amis ont, soi des goûts de merde (variété), soit des goûts de merde (punk) ! 😀

      • Présence  

        Je me retrouve dans plusieurs de tes remarques.
        – On s’engage soi-même profondément dans la musique qu’on aime.
        – Quand j’avais 15 ans, j’avais la musique et les bouquins dans ma vie.
        – Il y a plein de gens qui partagent mes goûts et que je considère comme de vrais cons.

        Être capable de ne pas s’enfermer : pas facile. Je me rends compte qu’avec les décennies qui passent, j’éprouve plus de difficulté à me motiver pour explorer des nouveautés musicales, alors que je continue à m’aventurer avidement dans des BD récentes.

        • Jyrille  

          Grosso modo, je me retrouve beaucoup dans le discours de Zen Arcade, on a un peu le même parcours. Et je suis 100% d’accord avec tout son dernier commentaire, celui au-dessus.

          Moi aussi je trouve ça sain de discuter et de partager sans avoir de chapelles ou de trouver quelque chose supérieure à une autre. J’ai écouté l’album de MANASSAS suite aux retours de Zen, et ma foi c’est sans doute le disque de Stephen Stills que j’ai trouvé le plus abouti sur les quatre solos du monsieur que j’ai écoutés. Bon, il y a quelques titres trop country que je trouve insupportables mais à côté il y a plein de bonnes choses qui me donnent envie de le réécouter lorsque le moment arrivera.

          • Présence  

            Suite à plusieurs de tes remarques, j’ai commencé à écouter Fear Inoculum, finalement beaucoup plus accessible que ce que j’appréhendais. Merci beaucoup pour la découverte.

          • Jyrille  

            Super nouvelle ça ! Et oui, c’est sans doute un des plus accessibles du groupe. Mon préféré restera Lateralus mais Aenima est super et 10,000 Days est pas mal du tout.

          • Tornado  

            Je suis super content que tu aies enfin sauté le pas pour MANASSAS. C’est un immense album, l’un des chefs d’oeuvre du country-rock, je trouve. À la hauteur du Crosby et des meilleurs Neil Young.

      • Bruno :)  

        Ah, tiens ! Ça me parle, ça : les gents qui partagent nos goûts mais sont de parfaits cons :)) C’est pareil pour moi, mais beaucoup plus au niveau du milieu créatif auquel j’aspirais : quasi jamais rencontré qui que ce soit avec qui échanger sans être obligé de museler mes ressentis les plus authentiques, sous peine de fâcher tout le monde…

  • Bruce lit  

    Je l’ai lu.
    C’était bien, un remarquable outil pédagogique pour approcher la pensée de Ginsberg et connaître les fondamentaux du Beat.
    J’avoue pourtant avoir ressenti un malaise grandissant avec le personnage de Hank.
    Car moi des clochards célestes en 25 ans de métier, je n’en ai jamais croisé. La plupart sont des des épaves qui n’arrivent plus à aligner deux mots et j’ai dû en faire hospitaliser un d’office pas plus tard que mercredi dernier.
    Merci

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