Top 10 : Radiohead
Une playlist technophile et phobe par FLETCHER ARROWSMITH et CYRILLE MCet article, qui ne pourrait pas exister sans les sites Wikipedia, Youtube et Genius, comporte beaucoup de liens et de chansons bonus. Nous vous conseillons donc d’écouter d’abord les dix morceaux mis en avant (placés en titre, gras et majuscules, suivis par le nom de leur album d’origine entre parenthèses), dans l’ordre, avant d’explorer tous les autres chemins possibles. Pour les plus curieux, nous vous invitons à regarder ce documentaire d’Arte.
L’introduction de Cyrille
Après Depeche Mode, Coldplay et Queen, je me suis aperçu que cette formation majeure n’avait pas encore été explorée sur ce blog. Surtout que notre histoire – celle qui me lie à Radiohead – est ancienne, les ayant découverts à leurs débuts, grâce à une Black Session de Bernard Lenoir (les Black Sessions étaient des concerts en direct diffusés sur France Inter, ayant lieu dans un des studios de la maison de Radio France. Ils sont les descendants directs des John Peel Sessions anglaises. Je les enregistrais sur des cassettes audio).
A l’époque, le groupe se différenciait un peu grâce à ses trois guitaristes, le chanteur Thom Yorke ne la lâchant pas malgré ses envolées lyriques. Le concert était sympa mais pas non plus exceptionnel. Creep (spéciale dédicace à Tornado, t’as vu, je mets des liens en plus du Top, et il y en aura d’autres) se démarquait clairement des autres titres, devenant un classique instantané, mais l’album qui en sortit ne me transporta pas plus que ça. Le second non plus, malgré toutes ses qualités et ses bonnes chansons. Radiohead n’était encore qu’un groupe de rock anglais des années 90 de plus, talentueux et sérieux, jouant le jeu des clips vidéo et des interviews, risquant même de devenir un one hit wonder, la bande d’un seul tube. C’était chouette de voir ces cinq jeunes devenir les héritiers des Smiths, surtout que le nom du groupe venait d’une chanson des Talking Heads. Mais il ne dépareillait pas de mes autres chouchous du moment, il semblait même parfois fade.
Rien ne pouvait donc nous alerter de ce qui allait suivre. Les cinq jeunes vieillirent ensemble et devinrent un marqueur du rock, un mètre-étalon. Ils sont les premiers à avoir publié un album à télécharger au prix souhaité par l’acheteur, se passant de diffuseur. Le groupe n’a jamais changé de membres ou n’en a ajouté, à l’exception d’un batteur supplémentaire sur scène depuis 2011. L’entité reste la même, de la même composition : Thom Yorke au chant, guitare et claviers, Jonny Greenwood à la guitare, claviers, Ondes Martenots et autres, son frère Colin Greenwood à la basse, Ed O’Brien à la guitare et aux chœurs, et Philippe Selway à la batterie et aux percussions (grosso modo, car ils ont multiplié les expériences sonores, et donc les instruments, électroniques ou non).
Très gentiment, Fletcher m’a proposé son aide pour élaborer cet article : choisir dix titres sur une carrière de trente ans, c’est pas de la tarte aux pommes.
L’introduction de Fletcher
Quand j’ai appris que Cyrille souhaitait écrire un TOP 10 sur Radiohead, je n’ai pas hésité à proposer ma contribution. Ecrire un article musical est un de mes rêves de chroniqueur amateur. Avec Bruce Springsteen, Serge Gainsbourg, I AM ou encore Ben Harper, Radiohead fait partie de mon éducation musicale. Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours écouté du Radiohead, dès PABLO HONEY. Ils m’ont accompagné lors de mes études supérieures avec un concert à Toulouse en point d’orgue en 1997. Chaque album, chaque nouveau single fut un évènement en soi. Avec Radiohead j’ai commencé l’acquisition de CD pirates ou importés (souvent du Japon), bien avant les fameux bootlegs de Bob Dylan. Je me rappelle avoir défendu bec et ongle le déstabilisant KID A où j’avais l’impression de vivre par procuration l’hystérie et le rejet du dernier épisode du Prisonnier. J’ai contribué à l’opération Pay as you want de IN RAINBOWS dont je possède une version physique avec les autocollants pour créer son propre CD (je n’y jamais touché).
Radiohead fait donc partie de ma vie et reste à ce jour l’un des rares groupes de musique à continuer à me surprendre et à me procurer des émotions à chaque écoute. Il a donc fallu choisir cinq titres et apprendre à écrire dessus. Preuve d’une œuvre protéiforme dont on ne finit jamais de faire le tour, nous avons réussi avec Cyrille à n’avoir aucun titre en commun dès nos premières propositions.
AIRBAG (OK Computer, 1997) par Cyrille
℗ 1997 XL Recordings Ltd
Comme la plupart des groupes et artistes, les disques de Radiohead commencent souvent avec un titre accrocheur et fort. Le premier de OK COMPUTER ne déroge pas et affiche immédiatement sa différence avec les précédents : un son plus brut, un rythme syncopé (j’ai oublié de quelle technique il s’agit, un moulin ?), une basse minimaliste qui ne joue que sur certains accents, des breaks bruitistes et un texte qui débute en parlant de la prochaine guerre mondiale. De quoi cela parle-t-il ? D’un accident de voiture, pardi.
OK COMPUTER devint rapidement un album culte, révéré par la critique tant que par le public, se hissant au niveau de celui des REVOLVER, SERGENT PEPPER’S LONELY HEARTS CLUB BAND (The Beatles) ou HARVEST (Neil Young) et les meilleurs Rolling Stones, Led Zeppelin, Bob Dylan, bref, un enregistrement inoxydable et inusable, un coup de maître. Je ne sais quels sont les sentiments qui ont pu assaillir les membres de Radiohead à ce moment-là, mais ils décidèrent, pour la suite de leur carrière et à l’instar de Talk Talk, de ne pas réitérer l’exploit et de prendre la main à tous les niveaux.
Toute la thématique tourne autour d’une dystopie, parle de l’aliénation générale de la population (Fitter Happier, Let Down – cette dernière résumant musicalement à elle seule PABLO HONEY et THE BENDS), sa musique oscille entre effets électroniques et rock classique, tombant même dans le style progressif (tel que déjà vu chez les Beatles ou Queen, pas Yes, soit une succession de saynètes musicales) avec PARANOID ANDROID. Celle-ci fait directement référence à la science-fiction de H2G2, le roman de Douglas Adams connu chez nous comme LE GUIDE DU VOYAGEUR GALACTIQUE : le paranoid android, c’est Marvin, le robot dépressif. Sur les albums ultérieurs, le groupe explorera concrètement sa relation à la technologie tout en tenant un discours presque militant : ils ne se donneront jamais le rôle de porte-parole ou porte-drapeau.
Moi, en 1997, très loin de savoir tout ça, après m’être rendu à leur concert à Belfort, je n’ai fait que l’écouter en boucle : devenu soldat de deuxième classe du contingent quatre-vingt-dix-sept zéro huit, il fallait bien se remonter le moral.
JIGSAW FALLING INTO PLACE (In Rainbows, 2007) par Fletcher
℗ 2007 XL Recordings Ltd
Comme un opéra en trois actes, JIGSAW FALLING INTO PLACE (jouée dès 2006 en concert sous le titre « Open Pick ») renoue avec le côté rock de THE BENDS en chassant sur les terres de Led Zeppelin. Pour les frustré(e)s ou déçu(e)s de l’évolution prise avec KID A et AMNESIAC, JIGSAW FALLING INTO PLACE reste sûrement le titre le plus facile d’accès, en toute relativité, pour ceux qui n’ont pas encore fait une croix sur Radiohead.
Inspiré par ses week-ends oxfordiens, Thom Yorke, qui a repris une écriture à la première personne pour la plupart des titres de IN RAINBOWS, nous convie à un joyeux bordel d’une folle soirée so rock’n roll (« Just as they play your favorite song ») placée sous le signe de la défonce (« Just as the drinks arrive / Before you’re comatose ») dans un décor d’Alice aux pays des merveilles sous substance démesurée (« The walls are bending shape / They’ve got a Cheshire cat grin »), mais surtout du coup d’un soir.
Concluant le triolet magique d’un album aux couleurs retrouvées, JIGSAW FALLING INTO PLACE succède au très romantique HOUSE OF CARDS en ouvrant sur le thème de l’amour (« Just as you take my hand / Just as you write my number down »). Thom Yorke reconnaît que IN RAINBOWS peut être écouté comme l’album de la séduction (« You eye each other as you pass »), le plus sexy d’une discographie jusqu’à alors assez sombre tendance parfois nihiliste. Il s’agit ici d’une connexion entre deux êtres, qui peut se produire, imprévisible, inimaginable dans un tel contexte où on cherche d’abord à se mettre la tête pour oublier (« As your bad day disappears »). Les planètes s’alignent, les pièces du puzzle se mettent en place (« Jigsaw falling into place »). Radiohead décompose le coup d’un soir en trois parties imbibées : le flirt, la relation (espérée ? consommée ?) et la rupture. Soirée éclair, amour kleenex à l’image d’un énième shot qui ne peut que se conclure sur une fin prévisible tachée de regrets.
D’une durée de quatre minutes et dix secondes, JIGSAW FALLING INTO PLACE adopte la cadence plutôt élevée de la batterie de Philip Selway comme symbole de la soirée décrite. Les changements d’accords sont mêmes saccadés tout comme les images dans la tête du narrateur. Cet avant-dernier titre de IN RAINBOWS comporte un pont (vers 2’50) symbolisant éventuellement la fin de l’acte sexuel (« Come on and let it out »), les gémissements s’éteignant à la fin du deuxième tiers ou bien la fin des illusions, les premiers regards passés.
IDIOTEQUE (Kid A, 2000) par Cyrille
℗ 2016 XL Recordings Ltd
Après être devenu le plus grand groupe de rock au monde quand ça voulait encore dire quelque chose, nos cinq amis étaient forcément très attendus au tournant. Et à la surprise générale, ils engendrèrent KID A, qui donne la part belle aux samplers, aux ordinateurs, à la musique électronique, tout en utilisant quand même les instruments traditionnels du rock.
Au niveau de l’image, ce fut également un revirement dans la continuité : les arabesques diverses, les collages de manuels industriels et technologiques furent remplacés par des images clairement faites à l’ordinateur, la pochette très sombre tranchant avec la blancheur du précédent et mettant en avant une montagne, sans doute celle à franchir pour comprendre ce sommet (quelle impertinence !).
Me le procurant en CD dès sa sortie, je me retrouve avec une version collector comportant une erreur d’édition. Les trente premières secondes sont la fin d’un concert enregistré de je ne sais quel artiste (Pearl Jam! NdBruce), on entend les cris et sifflets de la foule, puis l’album commence. Mais ce décalage persiste : les trente dernières secondes du premier morceau se trouvent sur la piste numéro deux, et ainsi de suite. Pas très pratique donc pour n’écouter qu’un titre en particulier ou pour ripper en numérique.
A l’époque je me rends compte que cela ne me dérange pas pour deux raisons : la première est que, seul au bureau, j’écoute KID A en boucle sans m’en apercevoir, et malgré son approche diamétralement opposée, je le trouve excellent. La seconde, c’est que je crois benoîtement que ces réactions du public sont volontairement mises là, explicitant les choix du groupe, fatigué des tournées et du succès disproportionné.
Dix ans plus tard, il est considéré comme le meilleur album de la décennie, tous styles confondus, par plusieurs magazines influents, le plus étonnant résidant peut-être dans le gigantesque succès commercial d’une musique aussi opaque.
Commençant par un hypnotique Everything In Its Right Place où nous sommes invités par un Fender Rhodes (un clavier dont la sonorité si caractéristique est purement mécanique contrairement à ce que je crus pendant longtemps), les chansons, qui ne se ressemblent pas vraiment, font partie d’un tout. Comme tous les grands albums (je ne citerai que comme exemple le DISINTEGRATION de The Cure), il s’agit d’un bloc fonctionnant dans sa totalité et pas vraiment par la spécificité de chaque titre. Aucun single n’en a d’ailleurs été issu. Le choix me fut donc compliqué tant je les aime toutes. J’aurais pu par exemple choisir The National Anthem, tendu autour d’une basse saturée et répétitive qui peut rappeler Joy Division et finissant par des improvisations de cuivres très jazz. Mais finalement, c’est bien IDIOTEQUE la pièce centrale et la plus représentative de ce que le groupe propose dans KID A : un trip electro sur des boîtes à rythmes inquiétantes.
RECKONER (In Rainbows, 2007) par Fletcher
℗ 2007 XL Recordings Ltd
RECKONER (parfois connue sous le nom de Feeling Pulled Apart by Horses) est sûrement une des plus belles chansons du groupe. Septième titre de IN RAINBOWS, elle inaugure le climax de l’album qui se poursuit avec les deux titres qui suivent immédiatement (HOUSE OF CARDS et JIGSAW FALLING INTO PLACE). RECKONER est un petit bijou de pop lyrique, une suite à NO SURPRISES qui supplante son aînée en termes de sensations. Le titre fait partie de ces rares chocs émotionnels que l’on peut ressentir lors d’une première écoute (personnellement JUNGLELAND de Bruce Springsteen m’avait également fait le même effet).
Les cymbales de Philip Selway vous enveloppent avec leur rythme lent, tout en douceur et retenue. Les riffs de guitare se font plus discrets, se fondant dans une atmosphère musicale (arrangement de Jonny Greenwood) calme, relaxante et reposante. On se laisse bercer, subjugué et ensorcelé par la voix en falsetto de Thom Yorke qui n’intervient qu’au bout de quarante-cinq secondes. Le fameux « Because we separate, like ripples on a blank shore », au-delà de la mysticité des paroles, transcende le single, arrivant dans une parfaite harmonie au bout de 2’31. Radiohead ne renie pas le terme de love song avec néanmoins un côté doux amer (« Bittersweet distractors »), évitant la mièvrerie et la facilité souvent dévolues à ce type de titre.
C’est une des compositions du groupe qui donne le plus sujet à discussion sur le sens des paroles. Venant juste après FAUST ACT, on peut voir dans RECKONER une illustration du pacte entre Faust et Mephistophélès. D’ailleurs le « In rainbow » (qui donne son nom à l’album) à peine susurré semble provenir de l’œuvre de Goethe « Life is not light, but the refracted color ». Je vous livre une des interprétations les plus intéressantes que j’aie pu lire : le Reckoner (Méphistophélès) est celui qui vient vous réveiller alors que vous souhaitez rester dans un état de béatitude entre rêve et réalité. Chez Goethe, Faust (le chanteur) éprouve ce moment de pur bonheur à travers le rêve, tandis que Méphistophélès tente de réclamer son âme. C’est un état de transition entre deux mondes, voie transitoire de la vraie nature avec laquelle nous devons tous compter et surtout accepter.
Le riff de RECKONER a été imaginé en hommage à John Frusciante, le guitariste des RED HOT CHILI PEPPERS.
A WOLF AT THE DOOR (Hail to the Thief, 2003) par Cyrille
℗ 2003 XL Recordings Ltd
Réaction directe à l’élection de Bush Jr., HAIL TO THE THIEF est l’album le plus ouvertement politique des Oxfordiens. Tentant de réunir les deux tendances musicales du groupe, guitares d’un côté et samples de l’autre, il peine à fournir une cohérence sur la longueur. Pourtant, c’est celui qu’ils auront sans doute le plus préparé en amont, et au détour d’une entrevue, j’y apprendrais qu’une des influences majeures de Jonny Greenwood est bel et bien Neil Young.
S’il démarre encore une fois superbement avec un 2 + 2 = 5 rageur qui ne dit pas autre chose que ce que mon jeu de rôle Paranoïa disait, qu’en gros que le gouvernement ment (un groupe de geeks pour les geeks, ça me va, même si ici la référence est le roman 1984 de George Orwell), c’est bien le dernier titre que je préfère. Avec un couplet presque rap, anxiogène par son rythme inéluctable, et un refrain lumineux malgré des paroles angoissantes, Radiohead renouvelle sa façon d’écrire et atteint son objectif : dès la fin de la chanson, je remettais le disque.
NO SURPRISES (OK Computer, 1997) par Fletcher
℗ 1997 XL Recordings Ltd
Avec OK COMPUTER, RADIOHEAD rentre définitivement dans le cercle fermé des grands. Leur troisième album met tout le monde KO debout notamment ceux qui n’avaient pas su déceler le potentiel du groupe d’Oxford. Prendre un single de OK COMPUTER était une évidence, la difficulté restait dans le choix. Parfois, il faut savoir être honnête et jouer sur la simplicité. Partir sur NO SUPRISES peut passer pour une non surprise comme choix. Mais aussi longtemps que je m’en souvienne, c’est clairement le titre que j’ai retenu lors de ma première écoute de ce magnifique album déjà conceptuel, précurseur et annonciateur du nouveau millénaire. J’y suis à chaque fois revenu, notamment en traquant des versions jazzy ou chorale comme sur Twilight Piano Moods.
NO SUPRISES est le premier des trois titres avec LUCKY et THE TOURIST qui conclut l’album. Après avoir exploré un monde qui se cherche, qui a déjà entamé sa fuite en avant, Radiohead souhaite finalement ralentir la course du temps et poser une conclusion. Revoir nos ambitions où plutôt prendre le temps de s’interroger sur le sens de ce machin qu’est la vie (« You look so tired, unhappy »). Ralentir pour aspirer à une existence plus simple et paisible sans surprise (« I’ll take a quiet life, a handshake of carbon monoxide, and no alarms and no surprises ») pour sortir des cadences et des bullshit work (« A job that slowly kills you ») qui pourrait se résumer à simplement une maison (« Such a pretty house, and such a pretty garden »). Une seconde lecture, brouillée par le clip, peut amener à interpréter la chanson comme le cri d’alarme d’une humanité au bout du rouleau.
Sur un tempo assez lent en tonalité de FA majeur, OK COMPUTER se distingue par son introduction jouée par Jonny Greenwood avec un glockenspiel (instrument de percussion, sorte de carillon à main) inspiré par les sons enfantins du PET SOUNDS des Beach Boys. Le groupe cite également Marvin Gaye et Louis Armstrong (WHAT A WONDERFUL WORLD) pour l’ambiance mélodique et lente.
STREET SPIRIT (FADE OUT) (The Bends, 1995) par Fletcher
Le clip
L’enregistrement
℗ 1995 XL Recordings Ltd
Ecouter à nouveau THE BENDS, c’est comprendre que RADIOHEAD a eu une vie avant le big bang OK COMPUTER. Si PABLO HONEY est encore brouillon, THE BENDS reste bien un album rock dans sa conception, plus abouti qu’il n’y parait et déjà mature. Avec STREET SPIRIT (FADE OUT), l’album se ferme sur une pépite qui tranche avec l’approche électrique et saturée des autres titres. Dans la lignée des deux premiers albums, porté par une mélodie plutôt douce associée au ton calme d’une voix langoureuse, STREET SPIRIT (FADE OUT) reste une chanson triste et ne portant pas particulièrement un avenir joyeux (« And fade out again and fade out »). On parle de mort (« Cracked eggs, dead birds »; « I can feel death, can see its beady eyes »), de vie misérable (« Scream as they fight for life »).
Pourtant, confirmant prophétiquement la transition vers un troisième album moins sombre, le groupe se permet d’esquisser une ronde d’espoir en dernière note après nous avoir chanté le fond du gouffre sans avenir (« Immerse your soul in love ») même si Thom Yorke s’en défend dans des interviews qu’il a pu donner.
Musicalement le groupe puise son influence chez R.E.M. dont ils faisaient les premières parties à l’époque. On peut même trouver dans STREET SPIRIT (FADE OUT) les prémices de OK COMPUTER, que ce soit avec la mise en avant de la voix mélodieuse de Thom Yorke ou bien dans un background électronique qui se dessine.
L’introduction de double croche en LA mineur à la guitare électrique sur quatre mesures accompagne l’intégralité des quatre minutes et treize secondes du morceau. Les autres instruments, la basse, les deux autres guitares et la batterie de Philip Selway viennent se superposer au fur et à mesure, chacun à leur tour. Ed O’Brien accompagne Thom Yorke au chant lors des complaintes.
THE DAILY MAIL (The King of Limbs: Live from the Basement, 2011) par Cyrille
C’est grâce à la série télévisée LEGION que je découvris ce titre, soit six ans après sa sortie. Il s’agit d’un single n’apparaissant nulle part ailleurs que sur un concert enregistré pour le web, sans public. Il faut dire que THE KING OF LIMBS marque le début d’un certain désamour général pour le groupe : trop électronique et expérimental malgré son nombre restreint de morceaux (huit), trop bruyant, trop conceptuel derrière une pochette hideuse, il manque clairement d’assise, d’une production claire, de direction. Joué live, il devient plus audible, semble se dévoiler. Mais c’est surtout ce titre inédit qui me renverse à chaque fois. Après un premier couplet au piano où Thom Yorke se lamente encore, traînant sa voix perchée sur un tempo très lent, le morceau décolle soudainement sous l’impulsion de la batterie, juste après un pont inattendu introduit par des cuivres, transformant le morceau en char de foire de la Nouvelle-Orléans tout en martelant un riff de guitare entêtant. Et se termine comme une chanson de crooner.
PRESENT TENSE (A Moon Shaped Pool, 2016) par Fletcher
℗ XL Recordings
Depuis le révolutionnaire IN RAINBOWS, Radiohead se cherche et part dans quelques dérapages plus ou moins contrôlés. THE KING OF LIMBS, leur huitième album, fait partie de ces sorties de routes ayant peu convaincu. En parallèle, les carrières solos ou nouveaux projets animent les membres du groupe dont les engagements sociétaux (politiques et environnementaux), associés aux charges plus ou moins convaincantes contre les majors et l’establishement, ressortent parfois brouillés. Finalement la stratégie de Radiohead reste dans le savoir être désiré. Depuis HAIL TO THE THIEF, le groupe sait se faire rare, disparaissant même du net, des plateformes ou des circuits de distribution pour mieux renaître de leurs cendres comme le phœnix. Alors dans ce contexte quand tombe en mai 2016 des images et messages énigmatiques, Radiohead fait à nouveau le buzz.
La suite c’est A MOON SHAPED POOL, un album patchwork à la tracklist déstructurée, à l’image du groupe. Un nouveau jeu de piste dont on a du mal à distinguer la direction comme autant de nouvelles pistes à explorer. Radiohead continue de diviser tout en suivant son sillon révolutionnaire. Le groupe explore un univers musical qui semble infini, certes à l’ambiance électronique mais en poussant toujours plus loin le jeu de basse de Colin Greenwood ou les percussions de Philip Selway. Les arrangements mystiques de Jonny Greenwood font une nouvelle fois merveille. Le groupe convie même des violons du London Contemporary Ochestra et des chœurs pour un album envoûtant et indéchiffrable. Oui Radiohead se renouvelle. C’est toujours aussi exigeant, déstabilisant, simple et complexe à la fois. Du rock en somme.
Le contexte de l’enregistrement de l’album est marqué par deux faits majeurs : la mort du père de leur manager historique, Nigel Godrich (l’équivalent de leur George Martin) et la fin de vingt-trois ans de mariage pour Thom Yorke.
Avant-dernier titre, PRESENT TENSE raconte la fin d’un couple (« All this love has been in vain »), celui de Thom Yorke. Comme Bob Dylan chantait sa rupture avec Sara notamment sur DESIRE et BLOOD ON TRACKS, le leadeur de Radiohead se confie sur la période difficile qu’il est en train de vivre alors qu’il appelle pourtant à de la retenue (« It’s no one’s business but mine »). Perdu (« I’m lost »), dans une opération de catharsis, il chante alors cette danse du dernier espoir (« Like a weapon ») avant la rupture de son monde (« As my world comes crashing down »).
Radiohead groupe au son uniquement électronique et déstructuré ? PRESENT TENSE semble une parfaite réponse à ces détracteurs. Le morceau, long de cinq minutes et sept secondes, chasse sur des terres folk inespérées sous un rythme étonnant de bossa nova réglé à 91 BPM (battements par minutes). Les chœurs conviés pour porter l’émotion de la voix de Thom Yorke répondent à la base d’arpège des guitares (encore plus sensible sur le clip de Paul Thomas Anderson) tandis que la batterie de Philip Selway offre des percussions tout en retenue.
TRUE LOVE WAITS (I Might Be Wrong: Live Recordings, 2001) par Cyrille
℗ 2001 XL Recordings Ltd
Lors de l’édition 2003 des Eurockéennes de Belfort, je les vis en concert pour la seconde fois. Comme d’habitude, il avait beaucoup plu (ne prévoyez jamais de barbecue le premier week-end de juillet, c’est celui des Eurocks, il pleut systématiquement), nous pataugions dans la boue, et c’était une période où les intermittents du spectacle manifestaient à raison. Avant le concert, une petite équipe de ces gens indispensables était montée sur scène pour faire un discours. L’oratrice nous avait demandé, en guise de protestation, de tous nous asseoir par terre. Le sol était tellement sale et trempé que personne ne voulut et la masse des environ vingt mille spectateurs fit immédiatement part de son mécontentement. A la place, elle nous demanda donc d’observer une minute de silence. Elle n’arriva jamais : il y a toujours des trublions ou des gens en désaccord. En revanche, lors de la prestation du groupe, lorsque Thom Yorke entama EXIT MUSIC (FOR A FILM), toute la foule se tut soudainement quelques secondes, le laissant s’exprimer seul avec sa voix et sa guitare. Cet instant saisissant est présent sur le lien en début de paragraphe (cela commence vers 1h16).
Je repense toujours un peu à ce moment lorsque j’entends cette interprétation live de TRUE LOVE WAITS, où Yorke est seul à la guitare acoustique (j’en ai l’impression en tout cas). Je l’ai découverte sur ce disque, mais elle existe depuis 1995, le groupe l’a travaillée pendant vingt ans. Sa version studio définitive, plus électronique, se trouve sur le dernier original en date du groupe, A MOON SHAPED POOL.
La conclusion de Fletcher
Depuis bientôt 30 ans, Radiohead n’a cessé de se renouveler et d’agiter la planète musique. Son œuvre en perpétuelle évolution ne peut laisser indifférent. Chaque production ou révolution passe avec aisance les épreuves du temps, chacune faisant évoluer son évaluation. On aurait pu citer tant d’autres titres de ce groupe engagé aux antipodes de ceux qui font les choux gras de la presse people. Pourquoi ne pas avoir mis en avant ROMEO AND JULIET, PARANOID ANDROID, 2 + 2 = 5, KARMA POLICE, PYRAMID SONG, HOUSE OF CARDS, BURN THE WITCH ou le très engagé HARRY PATCH (IN MEMORY OF) ? (Moi aussi je maîtrise les liens. Tu as vu Bruce, on est bien resté sur un TOP 10 !!!)
Pour continuer à découvrir l’œuvre de Radiohead il vous faudra également accepter d’explorer les nombreux projets solos de ses membres, ceux de Thom Yorke (THE ERASER, TOMORROW’S MODERN BOXED, ANIMA), Jonny Greenwood et Philip Selway (étonnant FAMILIAL) notamment. Le son de Radiohead ne cesse de se diffuser mondialement. Le cinéma n’échappe pas à la règle. Outre le nombre de titres utilisés dans les bandes originales de film (CYCLO), Radiohead via Thom Yorke et Jonny Greenwood ont également composé ou participé directement à des OST comme sur le dantesque THERE WILL BE BLOOD de Paul Thomas Anderson (également réalisateur du clip de DAYDREAMING), NORVEGIAN WOODS de Tran Anh Hung ou bien récemment le remake de SUSPIRIA. Leur soif de re-modélisation musicale semble ne pas avoir de frontières. Et quand Radiohead n’est pas disponible, Thom Yorke réinvente Radiohead à travers des groupes éphémères comme ATOMS FOR PEACE ou encore l’énivrant THE SMILE.
Bon, comme tout le monde, je me suis pris Ok Computer dans les dents. Les deux premiers albums, c’était de la soupe sans saveur mais Ok computer, ça rebattait les cartes.
La conjonction d’une volonté de larguer les amarres, d’un succès critique phénoménal et d’un succès populaire de même mesure, c’était devenu très rare dans le milieu de la musique populaire, plus prompt à valoriser les recettes éprouvées plutôt que les acrobaties sans filet.
C’était très rare et c’était donc précieux.
Kid A, Amnesiac, enfonçaient le clou et c’était impressionnant.
Pourtant; je ne pouvais m’empêcher d’éprouver une pointe d’insatisfaction.
Radiohead, ça restait de la musique coincée entre deux chaises, plus traditionnellement rock mais pas non plus vraiment expérimental.
C’était l’époque où je m’étais tourné vers d’autres types de musique, le rock ne pouvant plus du tout contenir l’ensemble de mes envies de découvertes musicales. Des trucs de plus en plus expérimentaux, de l’électro, du hip hop underground, du free jazz et, quelque par, Radiohead, ça épatait le chaland mais ça restait quand même un peu sage. Autechre, c’était quand même vachement mieux, je me disais.
Y avait sans doute une part de snobisme dans le truc mais je pense que c’était surtout un besoin de radicalité. Radiohead, c’était plus le rock que j’avais aimé et c’était pas non plus les trucs expérimentaux que je voulais écouter.
Et puis, de toute façon, Sonic Youth, ça sera toujours mieux.
Sinon, merci pour votre article. 🙂
Bonjour Zen,
je trouve THE BENDS sous estimé, un album qui se bonifie même avec le temps.
Après je ne saisi pas trop l’histoire du snobisme. Mon histoire personnel et mon rapport à la musique font que j’y avais peu accès dans ma jeunesse et dans mon entourage c’était très « consensuel et radio FM grosse audience ». RADIOHEAD fut à l’époque une réelle bouffée d’air frais, une révolution à mes oreilles. J’ai continué à les suivre car leur parcours et leur musique me passionnent voire m’impressionnent.
Merci de nous lire.
« Après je ne saisi pas trop l’histoire du snobisme. »
C’est juste moi qui m’auto-accuse de snobisme. 🙂
Pour moi, le Radiohead d’Ok computer et surtout des deux albums suivants arrive à un moment où le rock ne me suffit plus et mon rapport au groupe va inévitablement en être tributaire.
Parce que c’est bien, Radiohead, mais ça reste quand même ancré dans un truc qui après plus d’une décennie d’intense passion commence à largement moins m’intéresser.
La musique à la maison dans ma jeunesse, c’était Michel Sardou et Julio Iglesias.
Merci pour ton retour Zen ! Tu me rappelles que je ne suis pas allé assez loin dans Autechre, que j’ai découvert tard, mais que je ne comprends pas vraiment pour l’instant. A l’époque j’étais plutôt branché Aphex Twin et DJ Shadow.
Quant à Sonic Youth c’est génial, mais j’ai besoin des deux groupes, ils ne sont pas exclusifs 😀
Salut à tous les deux.
Quelle belle initiative que de nous proposer un top 10 dédié à ce groupe mythique 👍.
J’ai découvert RADIOHEAD ( comme beaucoup je suppose) avec le mega tube CREEP !
Je pensais, comme Cyrille, que le groupe ne ferait qu’un seul tube … juste un succès sans lendemain !
D’autant plus que j’avais écouté à la FNAC l’album dont il était issu et le disque ne m’avait pas convaincu plus que ça !
C’était le « bon » vieux temps où internet n’existait pas ! On devait se déplacer dans un magasin pour écouter un album au casque pour se faire une idée du disque avant de l’acheter.
A cette époque je sortais avec ma future épouse. Elle était fan du groupe. Grâce à elle j’ai continué à suivre leur production.
Résultat : nous possédons 5 albums en version physique.
THE BENDS
OK COMPUTER
KID A
KID A & AMNESIAC : j’ai le diptyque dans un luxueux coffret de disques vinyles
IN RAIMBOWS
Ces 5 disques sont excellentissimes. Je les adore et ils font l’unanimité à la maison 👍
Alors oui, je suis d’accord avec Zen. Radiohead expérimente. Mais ils réussissent l’exploit de rendre leur musique audible et agréable au plus grand nombre ! Ce qui est exceptionnel c’ est qu’ils ont su élever cette musique expérimentale non évidente au rang de musique populaire 👍.
Selon moi Radiohead est un groupe hors du commun avec des musiciens exceptionnels ( Mention spéciale pour le guitariste) . Ils méritent, incontestablement l’estime critique.
Et je suis heureux de leur succès😉.
Merci pour ton retour Surfer ! Oui, ce sont de très bons musiciens, le plus intéressant étant sans doute le guitariste.
Salut surfer,
justement en train de faire tourner sur ma platine KID A & AMNESIAC pendant que je t’écris (face X) .
J’ai toute leur production en CD et je complète au fur et à mesure en vinyle. J’en suis justement à KID A & AMNESIAC (l’édition spéciale de OK COMPUTER est tout autant génial à écouter).
Rah, trop de choses à lire et à écouter, je prendrai le temps de le faire sérieusement…
Mais je suis juste contente de trouver NO SURPRISES, donc il fallait que je le dise.
Bon c’est aussi la seule que je connais de votre sélection, mais c’est pour l’instant celle qui est restée ma préférée avec le temps, et que j’aime bien me réécouter… Elle est tellement douce et apaisante.
Oh et c’est marrant, j’ai vu un glockenspiel il y a deux mois, notre intervenante en musique avait emmené le sien pour le présenter aux enfants !
Et évidemment, je rapprocherai toujours NO SURPRISES de PERFECT WORLD qui est aussi une de mes chansons préférées, mais de Saez. La filiation est assez évidente.
https://www.youtube.com/watch?v=caNxQNwpqzw
(je ne sais toujours pas mettre des liens en commentaires, désolée !!)
Ca fait partie de ces titres dont la mélancolie me bouleverse…
Ah que je suis contente de l’avoir ce top Radiohead, sur le blog !
Merci !
Merci à toi Kaori pour le retour ! Tu reviendras lorsque tu auras écouté les autres titres ? Je vais me faire la Saez, promis, mais je sais pas quand… je suis pas super chaud là…
Je vais écouter votre top plus tard.
Je ne connais que deux tubes de Radiohead : Creep et No surprises.
Ce sont des chansons que j’adore et dont je connais les paroles presque par cœur. Cet article sera l’occasion d’aller voir plus loin…
Merci JP, bon futur voyage en terres radioheadienne !
Plein de surprise à venir, JP.
Hello,
Pas évident de composer â 4 mains sur une discographie de 30 ans, louée soit votre enthousiasme.
Avec le recul, je me dis que la voix de Thom Yorke, si identifiable est la meilleure incarnation que l’on pourrait trouver au mot mélopée.
Il y a une chanson de Hail to the thief que j’aime particulièrement et dont Jonny Greenwood trouvait que le démo de Thom Yorke était bancale avant d’être si convaincu par le travail effectué par le groupe qu’il pense que c’est la meilleure de l’album.
C’est Sail to the Moon.
Strength in numbers.
Merci à vous 2 pour le voyage.
Merci pour le retour Fusain ! Je ne me souviens plus de ce titre, je crois que je vais réécouter tout l’album du coup ! Et penser à ta définition de mélopée.
Merci pour ce superbe article pas facile à commenter parce qu’il mérite d’être lu, relu et de l’avoir sous le coude pour en faire un retour intelligent.
Le titre : je le trouve étrange mais finalement à l’image du groupe : insaisissable. A quelle chanson est-il fait référence ?
L’intro : je partage ton expérience Cyrille. Avant OK COMPUTER, je trouve le groupe assez banal.
J’ai réécouté THE BENDS et PABLO HONEY : c’est dingue comme c’est facile d’accès au regard de ce qui suivra. Mais même à l’époque je trouvais ça aimable, sans plus. J’ai toujours détesté CREEP qui me faisait marrer parce que c’est quasiment le même couplet qu’ALINE de Christophe.
D’ailleurs le vieux briscard s’amusera à la reprendre façon Radiohead sur son dernier disque.
Je trouve que cette chanson les représente peu au final et leur donne cette image geignarde dont Yorke dira vouloir se débarrasser.
Bref le côté ultra-sensible me gonfle, je les trouve hyper-mal produits au regard de qui sortait à la même époque (je pense à Garbage ou Supergrass) et préhistoriques. Au regard de ce que le groupe va accomplir, ce sont des démos sympathiques où je me suis toujours demandé où passaient les 3 guitares dans le mix.
Mais….
A certains moments, le groupe produit des trucs incroyables : je pense à JUST où ils font enfin parler la poudre et le grandiose STREET SPIRITS dont tu parles très bien Fletcher.
C’est avec ces deux titres que je me disais que le groupe avait du potentiel et même s’ils m’exaspéraient (les mimiques du chanteur c’est aussi un plus), je les respectais.
Fin de la première partie.
Pour le titre c’est la traduction de la dernière phrase de Fitter Happier (OK COMPUTER)
A pig
In a cage
On antibiotics
Merci pour cette première partie Bruce ! En effet, même moi je trouvais le ton geignard de Yorke un peu agaçant à cette époque par moments. Mais oui JUST est une de mes favorites. Quant à Fitter Happier, les paroles sont bien sombres et révèlent bien le thème central de OK COMPUTER (l’aliénation sociale). Ils en parlent très bien dans le documentaire Arte que j’ai mis en exergue de l’article.
Je continue.
Dommage de ne pas avoir publié les titres dans leur chronologie. Ca oblige à faire des aller et retours entre les époques 🙂
Donc OK COMPUTER : je ferme ma gueule, c’est un classique. Mais pour le coup je n’ai jamais supporté ce titre et sa syncope qui te séduit Cyrille. J’ai toujours commencé l’album avec ANDROID.
Sans doute parce que j’ai fait mon service dans le civil à deux minutes de la maison ? Je l’ai réécouté pour toi. Le solo Floydien époque MORE est chouette.
Sur COMPUTER les Radiohead font ce que les grands groupes ont réussi : s’affranchir de leurs influences et créer leur propre musique. A partir de ce disque on dira que l’on joue comme Radiohead et on ne dirait plus que Radiohead joue comme… C’est un grand compliment qui fait que je ne les déteste pas même s’ils m’énervent beaucoup.
Je ne peux plus écouter ce disque, je le connais par cœur mais il est resté à la maison.
Tu as raison Fletch NO SURRPISES est une chanson superbe où le chant de Yorke est moins maniéré qu’à l’accoutumée. Il y fait de jolis choeurs.
Je n’ai pas l’impression que vous ayez cité la prod’ de Nigel Godrich qui pour moi donne enfin au groupe le son qu’il méritait.
TRUE LOVE WAITS : il me semble que j’avais ce disque. Où est-il passé ? C’est bien celui où il y avait BISHOP ROBE ?
Malheureusement pour ce titre il faut aimer la voix de Yorke ce qui n’est pas mon cas.
Tu as du écouter TRUE LOVE WAITS dans leur live sorti après AMNESIAC : I MIGHT BE WRONG : LIVE RECORDING
Depuis le single a été intégré à la tracklist de leur dernier album à ce jour (on annonce leur retour cette année), A MOON SHAPED POOL.
Il existe une autre version live, à Berlin, où figure en effet BISHOP’S ROSES
Oui, je n’ai pas parlé de la prod de Godrich, mais bon on ne peut pas parler de tout. Et je te rejoins complètement sur le fait qu’à partir de ce moment, Radiohead devient un groupe phare, trouve sa propre identité. C’est ce que je dis en intro.
Je ne connais ni Bishop’s Roses ni ce live à Berlin.
IDIOTHEQUE
KID A superbe album, couverture grandiose, grand morceau. J’aime quand Yorke chante de manière agressive. Sa voix un peu dessous est mixée comme il faut. Je n’ai rien à dire. Si le groupe avait sorti des morceaux de cet acabit, j’aurais signé des chèques en blanc pendant 30 ans.
Vu que les Radiohead ne se droguent pas, je ne sais pas d’où vient cette musique, c’est fascinant.
Je suis d’accord, c’est un album qui s’écoute d’un bloc.
Je suis passé à côté de HAIL TO THE THIEF parce qu’à l’époque je boycottais tous les disques sortis avec le label Copy Control. CA faisait sauter les lecteurs et je n’aimais pas avoir le mot « control » sur un disque rock.
Très bon couplet, j’aime vraiment quand Yorke joue sur les graves. Je n’aime pas le refrain qui joue un peu la facilité. Mais soit, je vais me procurer l’album.
On arrive à IN RAINBOWS qui est mon préféré du groupe. Superbe disque que j’arrive à réécouter avec plaisir ce qui n’est pas le cas des autres. C’est la dernière fois que le groupe se préoccupe de la mélodie. Tu as bien choisi tes extraits Fletch’ même s’ils ont l’air cons avec leurs casques de vélos.
Le pont de JIGSAW rappelle ce que le groupe sait faire de mieux.
Et puis après arrive KING OF machin et celui dont je ne retiens pas le nom. J’ai écouté ça hier. C’est épouvantable. Les pochettes sont dégueulasses, et ils s’y livrent à leurs pires travers : déstructurer leur musique qui ne ressemble plus à rien ou laisse tourner leurs boites à rythmes avec Yorke qui gémit. Je ne comprends pas le plaisir à créer cette musique ou encore à la jouer.
J’ai également dû écouter ATOM FOR PEACE et SMILE qui ne m’ont pas marqué plus que ça.
Au final une belle osmose intelligemment parlée entre vous deux. Et bien entendu chouette portrait d’Edie qui rend visuellement intéressants des gens qui ne le sont pas (à part Yorke et Greenwood)
Je suis passé à côté de HAIL TO THE THIEF parce qu’à l’époque je boycottais tous les disques sortis avec le label Copy Control. CA faisait sauter les lecteurs et je n’aimais pas avoir le mot « control » sur un disque rock. je ne me rappelais plus de cette histoire. Mais oui, il y avait bien le Copy control sur cet album. Et en effet j’ai eu des lecteur où cela ne passait pas. On prend un coup de vieux avec ce truc.
Le Copy Control était surtout une protection destinée à éviter que le CD audio ne soit rippé. Sans cette protection, il était facile de copier sur CD-ROM et d’en faire cadeau à ses copains. Cela énervait les maisons de disques 😀😀😀.
Je ne me souviens pas que cela fasse sauter le disque! En tout jamais avec l’un de mes lecteurs .
Ils sautaient chez moi quand ma lentille arrivait à lire le CD. Ca me rendait furieux. Et puis la notice du Copy Control était affiché en quatrième de couverture. Imagine Sgt Pepper ou The Wall : tu tournes la pochette et tu as 6 lignes de notice qui t’expliquent que pirater c’est mal, que c’est un délit fédéral et comment lire ton CD ! Sur la pochette bordel ! Aujourd’hui encore, j’achète THINK TANK la mort dans l’âme en cherchant désespérément une édition sans cette chierie.
Il y avait aussi un autocollant sur la pochette de devant… Bonne chance pour le Think Tank, je ne suis pas sûr que cela existe. Ou alors il faut se remettre aux vinyles.
Sinon je me souviens que le single de HAIL TO THE THIEF, THERE THERE, est un titre très sympa également. Sur scène, vous pouvez les voir la jouer sur le lien que j’ai mis dans l’article au sujet des Eurockéennes 2003 : ils commencent par ce titre. Les deux guitaristes y font des percussions (des toms mediums si je me souviens bien).
Exact, le Copy Control, une vraie aberration, je crois bien avoir aussi boycotté quelques disques à cause de ça. Je dois en avoir trois, dont le HAIL TO THE THIEF en version limitée, sous une pochette carton plus grande qui rappelle une carte routière. Les deux autres ? Un Placebo (Sleeping With Ghosts) ce qui n’est pas grave parce qu’il est mauvais, et le Blur, Think Tank. Moi aussi ça me rendait dingue, des lecteurs ne voulaient carrément pas passer le disque.
amazon.fr/Hail-Thief-Radiohead/dp/B00009AHLR
Si tu aimes IN RAINBOWS (moi aussi je leur avais acheté sur internet, en livres), je te conseille d’écouter leur seconde partie de ce disque, avec huit titres supplémentaires. Ils sont excellents. Et c’est sur Spotify.
discogs.com/fr/master/1425370-Radiohead-In-Rainbows-Disk-2
Je n’ai pas essayé ATOM FOR PEACE par contre je trouve que l’album solo de Yorke ANIMA passe crème. Je vous invite à regarder, si il est encore sur Netflix, le court-métrage du même nom qui reprend trois titres de l’album. C’est une chorégraphie à travers la ville, fascinante et extrêmement bien réalisée par Paul Thomas Anderson.
imdb.com/title/tt10516984/
Je dois être de mauvais poil ce matin, les trois premiers titres ne trouvent pas grâce à mes oreilles.
AIRBAG : une impression de musique au kilomètre, à écouter en autoradio en consultant Waze ou Mappy.
JIGSAW FALLING INTO PLACE : ça ne me parle pas vraiment. Arrivé à la moitié, j’arrête car je n’ai plus envie d’entendre la voix du chanteur
IDIOTEQUE : quand est-ce qu’ils réparent la radio, la transmission est pourrie ! Clairement pas le son que j’aime écouter…
A suivre…
Ah c’est marrant les sensations non ? Personnellement AIRBAG restera toujours une de mes préférées, elle est tellement déstabilisante et lumineuse que c’était un des premiers titres que j’avais en tête pour ce Top 10 avec The Daily Mail. Ces deux-là étaient assurées d’en faire partie. A la réflexion c’est logique que Bruce n’aime pas, elle n’est pas assez linéaire et frontale, claire, elle affiche directement son originalité, dès les premières secondes. Je n’avais jamais pensé à Waze en l’écoutant en tout cas ! 😀
Après je savais que j’allais mettre un titre de KID A et sans doute TRUE LOVE WAITS dans cette version mais c’était plus flou. Je peux comprendre la réticence pour IDIOTEQUE mais c’est normal, c’est du lourd : ça passe sans doute mieux en se faisant l’album complet, surtout qu’elle n’arrive que vers la fin.
J’ai écouté HAIL TO THE THIEF hier dans son intégralité. Non, je n’aime pas, IN RAINBOWS lui est bien supérieur car Radiohead assument enfin de refaire des chansons faciles d’accès. Là à part les deux premières et la dernière, il y a tout ce qui m’exaspère dans ce groupe, le prog ou le jazz. Une idée de chanson qui dévie sur un bordel sonore qui maltraite mes tympans. C’est dommage car on sent qu’ils veulent fuir les évidences, les facilités et c’est tout à leur honneur.
Et le batteur doit se faire bien chier quand même avec toutes ses boites à rythme. ET puis la grande énigme que représente ce groupe : que font les 3 guitaristes ?
Moi non plus je ne suis pas un grand fan de HAIL TO THE THIEF à part quelques titres et lui préfère IN RAINBOWS (alors tu as écouté le Disk 2 ou pas ? Tu le connaissais ?). Pour les trois guitares je pense qu’ils ont rapidement laissé tomber. Sur scène il y a peu de titres où Yorke joue aussi, ou alors de l’acoustique.
J’ai encore oublié deux choses : d’abord que je suis fan absolu du portrait de Ed, surtout que je sais qu’on a eu du mal à trouver une photo les regroupant, et ensuite car c’est à la fois épuré et parfaitement représentatif de leurs têtes. Moi ça m’épate à chaque fois, ça me fascine, les gens capables de reproduire un visage immédiatement reconnaissable. J’en suis toujours soufflé. Donc bravo et merci !
La suivante, c’est cette image de début sortie de Pinterest : bien trouvée, Bruce, je la trouve splendide. Elle condense bien pas mal de choses du groupe. Merci aussi pour ça.
RECKONER : j’ai du m’y mettre à deux fois, la première ayant été totalement avortée par le début du chant. Si on accepte le concept de je chante du yaourt aigu, alors, oui, ça peut fonctionner, le clip est sympa.
WOLF AT THE DOOR: le début façon rap avec un gros débit de paroles me laisse à la porte.
NO SURPRISES: j’essaierai de retenir le nom de l’instrument Glockenspiel… C’est la seule de ce top que je connaissais déjà et je l’aime vraiment beaucoup malgré ou à cause de ses paroles déprimantes…
Ahaha à la porte… Sinon il y a pas mal de morceaux avec du Glockenspiel, même sur du Jimi Hendrix et du Depeche Mode : fr.wikipedia.org/wiki/Glockenspiel
STREET SPIRIT: comme un air de veillée mortuaire, pas trop envie de m’y attarder
Les deux suivantes : sympathiques mais je me suis endormi dessus (littéralement, je suis trop fatigué)
Tu dors sur The Daily Mail ? Trop trash le JP, il faut te mettre à Gojira 🙂
TRUE LOVE WAITS : une impression de générique de fin au cinoche, avec la lumière qui se rallume, les gens qui quittent la salle, et l’envie de rester jusqu’au bout, à écouter un truc dont on ne saisit pas bien les paroles, une voix trainante pas totalement agréable mais une ambiance qu’on voudrait étirer parce qu’on sait qu’après ça va pas forcément être mieux…
Merci pour ce tour d’horizon, qui me laisserait plutôt entendre que je n’ai pas loupé ma rencontre avec ce groupe, c’est juste que sa musique, à quelques exceptions, ne me parle pas.
Très beau commentaire. Merci JP, je crois bien que j’ai la même impression que toi sur ce titre. Merci beaucoup d’avoir essayé et tes retours !
Comme vous je suis tombé dans la marmite Radiohead dès le début, à l’époque, avec CREEPS qui est quasiment un hymne pour les gamins qu’on était encore à ce moment-là et les cheveux (que j’avais encore longs) valsaient à chaque écoute. C’était l’émeute dès que le titre passait dans une soirée ou qu’un groupe le reprenait.
Je suis d’accord pour dire que PABLO HONEY est un album anecdotique mais certainement pas THE BENDS. THE BENDS était la confirmation d’une promesse tenue, un album parfait et puissant, avec des titres imparables. Mais c’est encore du rock british classique. Mais ce n’est pas parce que c’est encore classique qu’il faut le snober façon prout-prout. Ça m’arrive encore de me le passer, toujours avec le même plaisir.
Évidemment OK COMPUTER jouait dans une autre catégorie. Un SERGENT PEPPER. Un WISH YOU WERE HERE. Un HARVEST. Un album que personne n’attendait et que personne ne pourrait oublier. Les rockers puristes qui me saoulaient déjà à l’époque (dans mon entourage) l’avaient immédiatement snobé, à cause de son versant progressif. Pour eux c’était plus du rock. Je me souviens qu’ils profétisaient que l’album tomberait rapidement aux oubliettes… Ces mêmes gens n’écoutaient pas les deux albums suivants (il faisaient une grimace quand on les évoquait), que j’ai adoré même si OK COMPUTER reste l’album sur lequel je reviens le plus.
Pour moi RADIOHEAD c’est THE BENDS/OK COMPUTER/KID A/AMNESIAC. Je me suis arrêté là parce qu’ensuite je suis passé à autre chose et je n’ai écouté les autres albums que de loin, appréciant quelques titres par-ci, par-là, en me disant que j’y reviendrais certainement un jour.
AIRBAG : Très bon titre d’accroche, je suis d’accord.
Ce n’est pas un moulin (le moulin c’est uniquement avec les baguettes), juste une syncope. Mes quatre titres préférés de l’album sont les plus faciles d’écoute : NO SUPRISES, KARMA POLICE, EXIT MUSIC FOR A FILM et THE TOURIST.
Finalement, le seul défaut de cet album c’est qu’il sortait juste après GRACE, que je trouvais au-dessus…
Je rappelle qu’il y a déjà eu un article ici sur ces albums :
https://www.brucetringale.com/10-cauchemars-supplementaires-pour-les-rockers-puristes-rock-lyrique-et-melancolique/
Merci pour la dédicace ! Avoue que ça te dédouane de faire pareil ! 😉
Je reviendrai pour la suite.
Merci Tornado ! On est d’accord : THE BENDS est un bon album, c’est évident, je l’écoute aussi encore parfois. Je suis très étonné que les puristes autour de toi aient rejeté OK COMPUTER, ils n’ont rien compris dans ce cas, ça n’a aucun sens de snober un disque de cet acabit. Et puis j’aimais déjà un peu le prog à l’époque, rejeter le rock progressif est complètement crétin. Je pense un peu comme toi : ce sont ces quatre albums de Radiohead qui font que j’aime ce groupe, le reste je suis moins friand, mais il y a de belles choses quand même par la suite.
Moi je crois que mon album préféré est KID A, puis vient OK COMPUTER (sur lequel je reviens régulièrement, inusable ce disque) et après je ne sais pas, AMNESIAC / IN RAINBOWS / THE BENDS.
Merci pour la technique ! Impossible de trouver une explication de cet enchaînement sur le web (gauche droite droite gauche gauche droite gauche un truc dans le genre). Pour GRACE, je suis incapable de l’affronter à OK COMPUTER, pour moi ils sont tous les deux essentiels. D’ailleurs je me souviens que certains critiques disaient que Radiohead singeaient Jeff Buckley sur LET DOWN.
Ah ah alors ça dédouane pas, je trouve toujours que c’est un peu trop facile, mais pour le coup j’ai vraiment eu envie de suivre cette idée 😀
Ça se sent tout de suite qu’AMNESIAC est ton album préféré. J’aime aussi beaucoup HOW TO DISAPEAR COMPLETLY, IN LIMBO et KID A (par rapport ma liste citée plus loin). 6 titres sur 10. Grand album.
« Je suis très étonné que les puristes autour de toi aient rejeté OK COMPUTER, ils n’ont rien compris dans ce cas, ça n’a aucun sens de snober un disque de cet acabit » :
Ouaip.
Oui, je sais pour GRACE = 1994 et OK COMPUTER = 1997. Mais à l’époque on avait l’impression que tout allait vite et le lien était évident. Idem pour le premier album de Muse qui arrivait et semblait faire la synthèse entre les deux (au début).
GRACE m’avait tellement traumatisé qu’en 1997 je l’écoutais toujours en boucle.
Pareil pour GRACE. Et je suis d’accord pour Muse. Je me souviens que vers 2003, j’avais vu une interview de Radiohead à la télé, sans doute MTV quand je pouvais encore la regarder et qu’ils passaient de la musique. Un moment était grandiose : devant le groupe assis sur des tabourets, le journaliste demande ce qu’ils ont à dire aux groupes qui suivent leur style, comme les jeunes Muse et Coldplay, ce qu’ils pourraient leur conseiller. Thom Yorke se retourne de côté, comme si ils parlaient directement aux absents, et crie presque « GOOD LUCK FOR KID A ! » ^^
Euh….Il veut dire quoi avec cette phrase ?
Il veut peut-être dire qu’ils ne feront jamais leur Kid A.
Et a posteriori, il avait raison vu que Coldplay et les infâmes Muse ont rapidement versé dans le rock grandiloquent pour les foules qui remplissent les stades, de tata Jacqueline qui écoute Céline Dion à son filleul Nathan qui découvre le « rock » en passant par Robert qui préfère Johnny mais qui est venu quand même..
Voilà, merci Zen. Dans leur second album, Muse avait deux directions différentes, une plus prog / Jimi Hendrix, et une autre un peu plus classique. Malheureusement ils n’ont ensuite pas suivi la bonne.
Sinon GRACE est sorti en 94, OK COMPUTER en 97, je ne dirais pas que c’est juste après 😀
JIGSAW FALLING INTO PLACE : Le titre passe très bien en isolé. Je dis ça parce que j’ai peu écouté l’album en entier. Juste le temps de sélectionner trois titres pour la playlist pop-rock de mon I-phone : NUDE, WEIRD FISHES et HOUSE OF CARDS.
Je me rends compte en le réécoutant aujourd’hui que ‘accroche vraiment. Merci pour cette piqure de rappel.