Fondu au noir d’Ed Brubaker et Sean Phillips
Un article de BRUCE LITVO : Image Comics
VF Delcourt
FONDU AU NOIR est une mini série complète en 12 épisodes scénarisée par Ed Brubaker et illustrée par Sean Phillips. Le travail exceptionnel d’Elizabeth Breitweiser sur les couleurs mérite d’être salué.
Risque de spoilers : ON
Après une cuite qui lui a fait perdre la mémoire, Charlie un scénariste sur le retour dans le Hollywood des années 40 se retrouve à côté du cadavre d’une starlette qu’il fréquentait.
La machine à fabriquer du rêve maquille ce meurtre en suicide et laisse Charlie seul avec sa conscience : va-t-il continuer de mener une vie dissolue et de plaisirs faciles ou enquêter, comme les privés dont il écrit les histoires mais dont il ne possède pas les attributs, sur la mort de son amie alors que CIA, FBI, nettoyeurs et Maccarthysme sont aussi de la partie ?
Depuis maintenant 20 ans, Ed Brubaker battit son œuvre et sa constante reste les relations entre les hommes et les femmes dans les années 50. C’est à la fois la force et la faiblesse de son écriture que ses détracteurs pourraient qualifier sans trop avoir tort de répétitive : ses intrigues reposent toujours sur des hommes usés qui vont rencontrer la femme fatale qui va beurrer la proverbiale tartine de merde. Ses personnages ont tous la même voix, un physique passe-partout et surtout le même dessinateur depuis des années. Ce qui pourrait nous amener à la conclusion simpliste : quand tu as lu un Brubaker, tu les as tous lus.
S’il est moins polyvalent que ses collègues, Brubaker a des qualités autres : il est fiable, ses travaux constants et son écriture ne déméritent jamais. Elle est même souvent inspirée avec des aphorismes comme « Une fois riches, les gens n’ont qu’une monnaie d’échange, la seule qui peut les faire trembler : les secrets ». En gros, Brubaker raconte souvent peu ou prou la même histoire mais il le fait bien et surtout avec une vraie culture.
Alors que, ses confrères scénaristes, Millar, Fraction et cie sont souvent des hipsters tatoués dont la culture semble se résumer aux blockbusters geek, Ed Brubaker, un peu comme les Kinks en leur temps, semble vivre à contre-temps et se rappeler qu’il y avait une vie cinématographiquement parlant avant JAWS et STAR WARS.
Valéria, la starlette décédée a les traits de Lana Turner (LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS) et tout au long de ces douze chapitres, le lecteur croisera Dashiell Hammett le célèbre auteur de polars, Clark Gable mais aussi Errol Flynn ou Montgomery Clift dont il réinterprète de manière anachronique le célèbre incident de voiture.
Acheter du Brubaker, c’est donc acheter une franchise, une histoire souvent convenue mais avec une ambiance authentique de film noir où tout, telle une tragédie moderne, est joué d’avance et où les personnages sont des coquilles vides que son auteur remplit de fatalité. Mais à la différence de la tragédie antique où le héros tente désespérément d’influer le cours du destin, les personnages de Brubaker se savent dans l’ascenseur pour l’échafaud et comptent les étages qui les séparent de leur destin en se remémorant les évènements qui ont influé leurs chutes.
Tout FONDU AU NOIR évoque Frank Miller.
Le début pourrait rappeler notamment le début de SIN CITY lorsque Marv’ trop bourré la veille n’a pas pu empêcher la mort d’une prostituée qui lui avait accordé ses faveurs. Ici, c’est à peine différent. FONDU AU NOIR rappelle que, bien avant #MeToo, le sexe était une monnaie d’échange pour avoir un rôle, le conserver ou être épargnée d’un scandale pouvant détruire une carrière.
Il s’agit d’une forme d’esclavage consenti où chacun y trouve son compte, les conséquences étant souvent vécues comme pires que le service sexuel rendu.
S’il ne possède ni la résistance physique, ni la carrure de Marv’ (le nettoyeur des studios chargé d’étouffer les affaires glauques par le chantage ou le meurtre, lui ressemble trait pour trait), Charlie évolue dans un monde dont il connait les codes et dont les règles sont quasiment les mêmes qu’à SIN CITY. Meurtre, pédophilie, drogues, alcoolisme, mafia c’est tout ce mécanisme que Brubaker raconte de manière érudite à l’avantage d’une histoire très (très) décompressée.
Mais Charlie évoque surtout une autre figure Millerienne aussi bien dans son physique que dans son attitude : le journaliste Ben Urich qui hante les pages de Daredevil et qui aura un récit quasiment exclusif pendant BORN AGAIN.
Comme Urich, Charlie doit subir la terreur qu’inflige un caïd d’Hollywood. Ben Urich doit oublier jusqu’au nom de Matt Murdock tandis que l’on précipite dans les bras de Charlie, un sosie de la starlette disparu pour que sa libido prenne le dessus sur son enquête. Sauf que Charlie est un scénariste et qu’il sait reconnaitre tous les fils blancs d’une intrigue pour lui coudre la bouche.
C’est dans ces interactions avec des personnages usés à force d’être cyniques, dans la description brillante d’une oppression invisible, celle de la politique du moindre mal et de la lutte contre le communisme, que FONDU AU NOIR est un récit brillant où Sean Phillips se montre très inspiré aussi bien dans la retranscription des costumes, des décors de l’époque que dans la direction des jeux d’acteurs où le désespoir se vit en miroir inversé du glamour et des paillettes.
FONDU AU NOIR est une admirable leçon de Storytelling sur le Storytelling. Des noms sont effacés pour que d’autres tiennent le haut de l’affiche. La réalité, la vie, la mort tout ceci est broyé et digéré dans une machine à fabriquer du rêve. Des rêves sans lesquels la vie serait impossible. Une quadrature du cercle parfaite, trop parfaite.
La BO du jour
Une chanson aux paroles infiniment touchantes sur les violences faîtes aux femmes qui rappelle qu’Alice aura été le rocker à avoir couvert le sujet dans sa vaste discographie.
Je l’ai lu en ligne il y a quelques mois. Un récit de qualité qui ne m’a pas autant plu que d’autres productions du duo Brubaker/Phillips. La faute peut être au decorum hollywoodien, très bien exploité, mais qui ne m’enthousiasme pas en général.
Concernant Brubaker, je ne trouve pas qu’il écrit toujours la même histoire. Certes, ses personnages sont plutôt maudits, mais il y a pas mal de différences entre Holden Carver de Sleeper et Leo Patterson ou Tracy Lawless de Criminal.
Je te rejoins sur la partie culture : super-héros, pulp, polar, comics (Bad Week-end) ou ici cinéma, Brubaker exploite toujours habilement sa toile de fond, ce n’est pas là juste pour la déco.
J’avais comme toi à le lire avant de m’en désintéresser.
J’y suis revenu via une intégrale trouvée d’ocaz et ne l’ai plus lâchée.
Sur ta remarque, je dirai que si les personnages que tu cites sont différents par leurs trajectoires, ils ont toujours la même voix.
Je suis certain que si tu t’amusais à couper-coller les répliques des uns et des autres pour un blindtest, tu ne serais pas capable de savoir qui a dit quoi.
C’est à mon sens le point faible de l’écriture d’Ed Brubaker.
Bonjour Bruce.
Je t’ai trouvé particulièrement en verve sur cet article sur un ouvrage que j’ai beaucoup apprécié, DELCOURT en ayant fait un album de qualité en plus
Le travail exceptionnel d’Elizabeth Breitweiser sur les couleurs En effet surtout si personnellement je compare avec celle de CRUEL SUMMER présenté hier ici même.
se rappeler qu’il y avait une vie cinématographiquement parlant avant JAWS et STAR WARS. Alors je ne citerais pas JAWS avec STAR WARS car même si les deux ont ouvert l’ère des blockbusters, Steven Spielberg au contraire de George Lucas a une véritable connaissance et vénération du cinéma d’antan que cela soit la nouvelle Vague française ou le Hollywood des années 40 à 60.
ses intrigues reposent toujours sur des hommes usés qui vont rencontrer la femme fatale qui va beurrer la proverbiale tartine de merde. Ses personnages ont tous la même voix, un physique passe-partout et surtout le même dessinateur depuis des années énorme comme punch line
Je n’ai jamais entendu parler de Dashiell Hammett autant qu’en ce moment. C’est dingue. Colson Whitehead (UNDERGROUND RAILROAD, NICKEL BOYS) lui rend hommage dans son dernier roman HARLEM SHUFFLE.
les personnages de Brubaker se savent dans l’ascenseur pour l’échafaud et comptent les étages qui les séparent de leur destin en se remémorant les évènements qui ont influé leurs chutes. très belle définition rendant hommage à un film extraordinaire français. La comparaison sied parfaitement à FONDU AU NOIR.
une histoire très (très) décompressée. Et bien je n’ai pas trouvé. 12 épisodes, subtilement menés, qui prennent certes leur temps, mais dans une ambiance noire et polars à l’ancienne où les gueules cassées passent leur temps à remonter le col de leur imperméable et arpenter les rues sombre la nuit.
FONDU AU NOIR est une admirable leçon de Storytelling sur le Storytelling joli conclusion.
La BO : oh un Alice Copper que j’arrive à écouter jusqu’au bout 🙂
En verve je sais pas, inspiré pour sûr !
George Lucas est également fin connaisseur du cinéma que ce soit du wester, du film de samourai ou du pulp. J’aime ces artistes mais déplore qu’ils constituent avec Scorcese et Coppola un alpha et omega du cinéma. C’est notamment évident sur les plates-formes de Streaming que je fréquente (Netflix, C+ ou Disney) qui invibilisent tout un pan des classiques du cinéma mondial.
Même des films grand public comme ceux d’Hitchcock, je n’en vois jamais.
Netflix propose de temps des cycles Truffaut, Tati ou Chabrol.
Tout comme hier, un classique dont j’entends parler depuis longtemps et que j’ai dans ma PAL, je reviendrai plus tard !
La BO : plus tard aussi.
La BO : sympa, je ne connaissais pas ce titre. Mais bon quand je vois ton titre, je pense à cette chanson : youtube.com/watch?v=FAK-1LYZtb4
😁
Plutôt que l’influence de Frank Miller, je vois dans les œuvres de Brubaker, celle des grands du roman noir américain: Dashiell Hammett, Raymond Chandler, Mickey Spillane ou Donald Westlake (Liste non exhaustive).
D’ailleurs, Frank Miller a eu les mêmes inspirations: un clin d’œil au Faucon Maltais dans un épisode de Daredevil, une fin similaire à « I, the jury » de Spillane dans un album de la série « Sin city ».
C’est aussi pourquoi j’aime ces deux auteurs, les dignes héritiers du roman noir avant qu’il ne soit supplanté par le thriller.
Tu as tout à fait raison de le préciser.
Je me rappelle très bien de cette séquence dans DD où Bullseye parle du cinéma de Bogart.
J’aime beaucoup cette génération d’auteurs qui puisaient aussi bien dans la littérature, le cinéma ou la musique.
c »est clair que dans Criminal, l’influence de Westlake/Stark est très marquée.
Après, il a une vraie érudition du film noir, aussi, il joue énormément avec ses codes.
(et Miller n’a jamais caché son immense admiration pour Spillane)
Bonjour les aminches
Un article court et efficace sur un comics que j’ai particulièrement aimé, et surtout par le décorum hollywoodien contrairement à JP. L’envers du décor par reluisant.
Tu as plutôt raison même si ça sonne un poil comme un reproche sur le fait que Brubaker suit souvent un schéma similaire. Mais oui c’est efficace et bien fait, avec des références de « vieux » (dans le bon sens du terme ou ça ne cherche pas à surfer sur une mode)
J’ai lu VELVET aussi de Brubaker (et un autre dessinateur pour le coup : Steve Epting)
Classique histoire d’espionnage avec machination complexe mais pas révolutionnaire, mais toujours efficace par son ambiance, ses rebondissements.
ça reste une valeur sûre quoi Brubaker. Même si ça ne nous décolle pas le cul du siège.
Mais je préfère ça à des trucs qui te décollent le cul du siège pour de mauvaises raisons, avec du grand n’importe quoi mal écrit.
Yes ! Welcome back Matt !
Le reproche que j’adresse est en fait envers moi-même : c’est souvent ce qui me vient à l’esprit lorsque je lis du Brubaker et à chaque fois je me ravise.
Les références classiques sont effectivement la grande force de ce jeune auteur.
Je crois que FONDU AU NOIR doit être mon Brubaker préféré d’ailleurs.
Mais je n’ai pas tout lu.
CRIMINAL c’est long et pas d’intégrale je crois. Galère à trouver les volumes, ou trop chers.
KILL OR BE KILLED c’était très bien aussi. Mais peut être encore trop proche du super héros/vigilante (non pas que j’aime pas mais en général je préfère d’autres sujets si je ne lis pas du super héros)
VELVET très sympa, mais plus axé divertissement, moins profond qu’un FONDU AU NOIR.
SLEEPER pas lu
FATALE non plus (j’avais voulu prendre les nouvelles intégrales mais je ne l’ai pas encore fait)
Si CRIMINAL est réédité en version Intégrale… (deux ou trois volumes du coup je crois…)
Oui, je les ai achetées
bedetheque.com/BD-Criminal-INT1-449831.html
bedetheque.com/BD-Criminal-INT2-464226.html
Du coup il me manque le tome 7 de l’édition originale
Ah ils prévoient un 3eme tome d’intégrale ? Avec les hors série peut être donc ? Parce que s’il manque que le tome 7 ça ferait petit.
oui, la suite de l’intégrale comprendra bien les hors série.
Son CATWOMAN est très bien. Tu le trouveras sur le blog.
Oui, je parlais hors DC/Marvel.
GOTHAM CENTRAL est cool aussi (même si ça manque d’une vraie fin.)
Je vais me répéter mais j’ai adoré cette mini-série que j’ai lue à sa sortie.
J’en faisais mention hier 😉.
Brubaker n’a pas toujours associé au même dessinateur ! Voir son Run sur Daredevil.
Pour ceux qui disent que « quand tu as lu un Brubaker, tu les as tous lus. » . En fait…je m’en bas les steaks 😀
Quand une histoire est bien racontée je me fous que se soient toujours les mêmes auteurs qui la racontent !
J’aime bien, moi, les années 50 et les relations hommes femmes !
Sur ce sujet il y a une multitude d’histoires à raconter 😧.
La BO : Je ne suis pas dans un endroit propice à son écoute. J’y reviendrai…peut-être être.
Alors oui, Brubaker a travaillé avec d’autres artistes chez Marvel notamment Michael Lark sur DD mais depuis il a quitté les super héros et entamé un binôme exclusif avec Phillips.
« quand tu as lu un Brubaker, tu les as tous lus. » : il s’agit de mon autocritique lorsque la prose de Brubaker ne me touchait pas.
Toujours pas lu non plus. Vous me donnez tous envie de rapprocher tous ces comics dans ma PAL ! Ça va peut-être venir !
Comme Matt j’adore ce décorum hollywoodien à la fois vénéneux et enivrant comme un film en costume (les années 20-50, ça commence à dater !). Plusieurs films qui explorent ce décorum me viennent immédiatement à l’esprit : LE DAHLIA NOIR de Brian DePalma, MEURTRE À HOLLYWOOD de Blake Edwards, AVIATOR de Martin Scorcese, ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD de Quentin Tarantino et certainement aussi l’actuel BABYLON qui promet beaucoup.
La BO : Où je me souviens que je connais encore très mal la disco du Coop post 90’s…
j’ajoute AVE, CESAR ! des frères Coen ou le surprenant HOLLYWOODLAND (par contre bien qu’il ait le décorum, le DePalma est un gros raté, surtout en comparaison du roman de Ellroy)
N’ayant pas lu le roman d’Elroy j’aime bien ce film notamment pour son atmosphère très connotée. On va dire que j’aime le film pour lui-même, indépendamment de son rapport avec le livre dont il est sensé être l’adaptation.
Oui tout comme FROM HELL est un film sympa indépendamment de la bd dont il est issu…
Ouais je sais pas trop ce que tu attends. ça devrait te plaire ce comics.
Il est bien LE DAHLIA NOIR de DE PALMA ? Celui de 2006 ? J’avais entendu partout que c’était décevant, comme le dit Fletcher. Je ne l’avais pas regardé du coup. Même si je ne connais pas le livre. Je pourrais tenter.
AVIATOR était bien, même si j’ai fait une overdose à une époque ou j’étais au chomage et ou il passait 3 fois par jour sur canalsat. J’ai du le voir ou l’entendre en fond sonore 25 fois…
Il y a ED WOOD aussi dans une certaine mesure.
Ou L.A CONFIDENTIAL
Bien vu pour ED WOOD et L.A CONFIDENTIAL. Il y en a sûrement plein d’autres.
Bien vu aussi le rapport avec FROM HELL, qui a été démoli par tous les fans hardcore du comics alors que les choix d’adaptation étaient bien amenés pour un seul film pas très long. Je préfère nettement FROM HELL le film, qui se distingue clairement de son modèle pour le réinventer sous un autre médium, plutôt que V FOR VENDETTA, qui joue l’adaptation fidèle et trahit complètement le fond de l’histoire en finissant par être complètement à côté de la plaque. Et j’insiste : Si on ne le compare pas au livre d’Elroy, le DePalma est quand même un film tout à fait divertissant, voire même assez envoûtant.
Surtout que FROM HELL, comment tu veux adapter fidèlement les tirades interminables du tueur qui fait visiter Londres à Netley ? Ou ce genre de réflexion philosophico-embrumées ? A moins de faire une mini série avec de grosses baisses de rythme, il y a des trucs pas adaptables en l’état en film.
L.A. CONFIDENTIAL c’est un chef d’oeuvre que j’ai dû regarder huit fois au moins. Il faudrait que je lise le roman de Ellroy.
LE DAHLIA NOIR de De Palma, malgré quelques moments très bons, je le trouve foiré aussi, pas mauvais mais pas non plus marquant, comme le dit Tornado, divertissant tout au plus. J’ai lu le livre, ça n’a pas grand-chose à voir au final à part la trame générale et les personnages principaux (enfin dans mes souvenirs).
L.A. CONFIDENTIAL fait partie des quelques films que j’ai regardé deux fois d’affilée parce que la première fois je n’y avais rien compris ! 😀
Mais oui, il est génial et on ne s’en lasse pas effectivement même au bout de 5 ou 6 fois. C’est également du Ellroy, tout comme DARK BLUE qu’il faudrait que je revoie (vu qu’une seule fois à sa sortie), scénarisé par Ellroy himself.
Je n’ai jamais lu aucun de ses bouquins, pourtant je vois bien la filiation avec Hammet et Chandler.
James Ellroy, un de mes auteurs de prédilection depuis plus de 25 ans. Pas facile le bestiau, surtout qu’au fur et à mesure il a plus au moins relié tous ses romans entre eux en faisant intervenir des personnages réels et fictionnels. Il pousse le vice à ne pas les publié dans l’ordre chronologique mais chaque roman ou trilogie n’en a pas besoin non plus (pas conçu ainsi) pour la lecture.
LE DALHIA NOIR reste surement son chef d’œuvre (avec AMERICAN TABLOID je trouve) car il mets par écrit une histoire vraie en le renvoyant à un traumatisme d’enfance (meurtre de sa mère morte).
L.A. CONFIDENTIAL : roman ou film (belle adaptation) sont en effet hautement conseillé.
Alors Tornado, tu as tenté le BABYLON de Chazelle ?
Probablement le BruLips dont je me souviens le moins, tu me donnes envie de le relire
Depuis hier je me fais violence de ne pas hausser ma PAL avec mes BruLips, sinon c’est crise à la maison (finit d’abord ta PAL ……) Mais une nouvelle lecture de FONDU AU NOIR et CRIMINAL me tente bien.
Quel plaisir de trouver cet article sur Fondu au noir, un de mes récits préférés de Phillips & Brubaker : quel maîtrise du roman !
Pour moi Fondu au noir évoque plus une immense culture du roman noir de Brubaker, que le cinéma ou Sin City. A chaque nouvelle histoire, il prend une forme différente du roman noir, depuis ses origines jusqu’à maintenant, avec pour conséquence des effets différents, sans jamais donner l’impression d’être passéiste. Chaque histoire sert de révélateur à une caractéristique systémique de la société, généralement dans un milieu professionnel différent, jusqu’aux auteurs de comicstrip.
Si Présence emploie le « Moi » dans un de mes articles, je me dis que j’ai réussi un truc. Reste à savoir quoi.
Mince, je plaide coupable encore une fois. 😀
Je reviens vite fait pour la BO que je viens d’écouter dans de bonnes conditions 😉.
Elle est vachement sympa cette ballade d’Alice Cooper…. De belles guitares, du violoncelle, du violon…. Et puis les paroles qui rendent hommage au genre féminin. Merci pour la découverte 😧
Tu m’étonneras toujours Bruce…Des violons dans une chanson !!!! Est-ce bien Rock tout ça ? 😀😀😀
Je rebondis aussi sur le retour de présence qui, tout comme moi, estime que Fondu au noir est son récit préféré de Brubaker👍.
Il a su aussi très bien expliquer pourquoi l’affirmation.
« quand tu as lu un Brubaker, tu les as tous lus. » est erronée ! Je n’aurais pas dit mieux 😉
Alice y est toujours allé franco dans les violons de ses ballades. Trop, si tu me le demandes 🙂
Un album de Brubaker que je n’ai pas lu, il faudrait que je m’y mette.
Je ne pensais pas qu’il y aurait des détracteurs à son encontre .
J’aimerais juste savoir s’il y a des explications au préface. C’est ce que je reproche parfois à Delcourt, d’aller dans le vif du sujet.
Quelques explications sur le monde cinématographique de cette époque, alimente le récit.
Un article qui donne envie, merci.
Pour la préface, sans doute que Delcourt suit la VO à l’identique. Je ne sais pas en fait. A t-on le droit de préfacer en VF un livre non préfacé en VO ? Sans doute. Je me renseignerai.
Ah d’accord, c’était un élément que j’ignorais. Merci pour l’élément de réponse !
N’étant pas abonné à ces plates formes, tu m’apprends qu’elles diffusent du Nouvel Hollywood sans ordonnance.
Coppola et Scorcese ont respectivement 83 et 80 ans. Lucas 78 et Spielberg 76. Sans oublier le plus hitchcockien de la bande, Brian De Palma,. 80 piges.
Spielberg et Scorcese sont toujours actifs et Coppola a fait à nouveau all in pour financer un très ancien projet. Megalopolis.
Let’s raise our glasses
Merci pour cette lecture, j’ai dévoré la série ce jour-même !
J’ai une opinion mitigée sur les comics de Brubaker. J’ai l’impression d’être une des rares personnes à avoir détesté son KILL OR BE KILLED. Par contre, j’ai beaucoup plus apprécié ce THE FADE OUT, qui m’a évoqué des comics ambiance « noir » comme le MURDER ME DEAD de Lapham. On y retrouve les personnages piégés dans un engrenage, dans une intrigue qui les dépasse. Ici, le meurtre initial ne sert qu’à dévoiler l’horreur et la décadence derrière les paillettes d’Hollywood.
Paradoxalement, les scènes qui m’ont le plus marqué sont celles qui sortent de ce carcan, comme le cauchemar des hommes sans visage ou les visions d’une Val fantôme.
Ah, autre analogie avec le Daredevil de Frank Miller : la découverte d’une note de chantage à la fin d’un chapitre, qui m’a rappelé le commentaire de Matt Murdock : « Dommage que tu aies signé »
Ah ?
Que reproches-tu à KOBK ?
Bien vu pour la signature Murdockesque.
C’est un lointain souvenir apparemment erroné. En revenant sur mes avis, j’étais surtout déçu. J’avais gribouillé ceci à l’époque de ma lecture :
« J’ai d’abord été enthousiasmé par cette lecture. Le duo auteur/artiste excelle dans l’ambiance polar/noir, et l’on retrouve ici un lot de personnages condamnés dès le départ sans échappatoire possible. L’ajout d’un élément soit surnaturel, soit issu de la démence du narrateur permettait de renouveler le sujet par un mélange des genres ou avec un narrateur non fiable.
Cependant, au fur et à mesure que la série avance, je me suis pris au jeu des comparaisons, principalement avec 2 titres proches : Vigilante de Wolfman chez DC et Foolkiller de Gerber chez Marvel. Chacune de ses séries aborde les différents thèmes abordés ici (folie, asile, auto-destruction, copycat, héritage), seuls quelques effets narratifs apportant du neuf ici et là dans la série de Brubaker (le numéro narré par la petite amie, l’effet d’attente lorsque le narrateur présente une situation d’action, puis passe 2 numéros à la mettre en contexte).
En dehors de cela, j’ai été un peu lassé par les volte-faces à répétition concernant la figure qui hante le héros, ou par quelques éléments inutiles (la galerie exposant les oeuvres du père, ne servant qu’à une révélation) Relative déception donc, la série restant cependant très bonne. »
Je viens de la finir. Très bon papier Bruce, avec un titre parfait et une conclusion très touchante et juste. C’est une histoire sur les histoires, sur la façon de les raconter. Tout du long, j’ai pensé à Ellroy, aux romans que j’ai lu de lui et à l’adaptation de L.A. CONFIDENTIAL que j’ai beaucoup vue. C’est typiquement le même genre d’histoire, les mêmes perversions et les mêmes protagonistes, mais c’est comme tu le dis magnifiquement exécuté. Les dessins de Philips me semblent encore plus soignés que d’habitude et les couleurs splendides. Les illustrations pleines pages de fin de volume sont à tomber.
Je reste un peu sur ma faim quant au passé de Charlie à la guerre qui n’est pas approfondi, mais pour le reste tu as raison : ça a la classe des Kinks qui font leurs gammes. Du très beau boulot qui se lit tout seul – je l’ai quasiment lue d’une traite.
Jyrille, toi qui « apprécie » les jeux vidéo (ou du moins en entendre parler), il y a un chouette jeu d’enquête se déroulant après la seconde guerre qui nous met dans la peau d’un flic qui enquête sur plusieurs affaires au fil du jeu, avec des indices à trouver, des déductions à faire et des interrogatoires à mener. Pas toujours facile, il est possible de se gourrer de coupable. Ils avaient fait un gros boulot de motion capture de visages d’acteurs pour que ce soit visible sur leur visage quand ils sont nerveux et ont l’air de mentir. Bon le jeu date déjà de 2011 donc c’est perfectible et parfois ça fait « surjoué » mais ça reste un jeu à l’ambiance très cool qui fait penser à toutes ces histoires type L.A confidential, etc.
://www.youtube.com/watch?v=ZbPxNGh7dto
Merci Matt, oui je me souviens de L.A. NOIRE qui avait déjà attiré mon attention sur le fait que cela ressemblait à tout ce qu’on avait cité ici. Je crois que Maël y avait joué, il faut que je confirme avec lui.
Cool.
Oui, les romans d’Ellroy. C’est une évidence que je n’ai pas citée.
J’ai oublié de dire un truc : dans la traduction VF, j’ai vu l’utilisation du terme FIXER, que je suis étonné de voir dans ce contexte des années 40, mais qui a sans doute une vraie source. Pour moi, ce terme est utilisé dans les romans cyberpunks, c’est d’ailleurs une des classes de joueur du jeu de rôle Cyberpunk et de son jeu vidéo. Il apparaît ainsi dans deux oeuvres vues l’an passé pour ma part : Cyberpunk : Edgerunners et The Peripheral (Périphériques – Les mondes de Flynn). C’est un personnage qui arrange les choses, répare les situations (to fix), en gros un intermédiaire roublard, un peu commerçant, un peu trafiquant, un peu négociateur, qui connaît beaucoup de monde et n’hésite pas à se salir les mains.
Hello Cyrille, de ma fenêtre, FIXER n’est pas rattaché exclusivement au genre cyberpunk. Dans l’histoire de DAREDEVIL, le Fixer est le malfrat ayant orchestré la mort de Jack Murdock, le père de Matt. C’est une sorte d’arrangeur mafieux, usant de l’intimidation et de la force si besoin.
Merci JP en effet j’avais oublié ce terme dans cette histoire. Ce n’est qu’en lisant ce Brubaker que cela m’est apparu. Il viendrait donc directement de la littérature de polar.
C’est aussi un terme qui est utilisé dans le monde journalistique pour désigner les intermédiaires autochtones sur le terrain qui accompagnent les reporters étrangers dans des zones difficiles.
Des gens qui servent à la fois de traducteurs, qui arrangent des rendez-vous, qui facilitent le passage dans certaines zones,…
Il y a une bande-dessinée de Joe Sacco qui explore ce thème, elle est intitulée The fixer, une histoire de Sarajevo.
C’est à peu près le même rôle que celui que tu décris dans le monde cyberpunk.
Merci pour les précisions Zen ! Je n’ai pas lu ce Joe Sacco mais je note (je crois que je l’ai offert à un pote).