JLA : YEAR ONE par Mark Waid, Bryan Augustin et Barry Kitson
AUTEUR : TORNADO
VO : DC
VF : Urban
Cet article portera sur la maxi-série intitulée JLA : YEAR ONE, publiée en VF chez Urban Comics et réalisée par les scénaristes Mark Waid & Brian Augustyn et le dessinateur Barry Kitson. Il s’agit de réactualiser les origines de la formation de la JLA (Justice League of America), qui verra la réunion de tous les principaux super-héros de l’univers DC Comics.
Premier tome sur une série de sept, ce recueil édité par Urban Comics propose les douze épisodes de la maxi-série publiés initialement entre 1998 et 1999.
L’idée de cette collection de sept tomes est de proposer l’intégralité du run de Grant Morrison puis de Mark Waid, le premier ayant relancé la série JLA à partir de 1997, relayé par le second, pour une période très appréciée des fans.
Le recueil se termine d’ailleurs par l’épisode Secret Origins V2 #46, un court récit datant de 1989 et marquant la première participation du scénariste Grant Morrison à cet univers…
A partir de 1997, Grant Morrison reprend donc en main le destin de la JLA. Le succès est au rendez-vous et le scénariste inaugure une nouvelle ère basée sur des scénarios-concepts élaborés et particulièrement imaginatifs. La modernité est en marche pour un dépoussiérage paradoxal, dans la mesure où cette modernité s’appuie pourtant sur un hommage à « l’Âge d’argent », c’est-à-dire l’époque (1960) où fut créée l’équipe de la JLA.
En parallèle à ce succès, l’éditeur décide de lancer en 1998 la maxi-série Justice League : Year One ici présente, censée réactualiser les origines de l’équipe de manière à les rattacher au run de Morrison.
La collection entamée par Urban Comics est donc très cohérente, puisqu’il s’agit, encore une fois, de proposer toute une période de la franchise, en formant une boucle sur le travail du scénariste Mark Waid, qui poursuivra la série après le départ de Grant Morrison. En toute logique, ce premier tome est numéroté « tome 0″…
Puisque mon article est très subjectif et qu’il n’est issu que d’un ressenti personnel, je vais parler à la première personne en essayant, au maximum, de réfréner mes coups de sang et de rester poli tout en parlant dans un langage châtié : C’est quoi cette merde ?!!! J’ai trouvé cette maxi-série pourrie mais grave !!! Complètement infantile et arriérée. Le pire travail qu’il m’ait été donné de lire concernant Mark Waid…
Basée avant tout sur le relationnel entre ces personnages qui décident de faire équipe ensemble, cette histoire de super-héros endosse tous les pires clichés des vieux comics, où les protagonistes se chamaillaient et se battaient en parlant d’eux à la troisième personne, déclamant des tirades moyenâgeuses en accumulant les blagues pas drôles. De la psychologie à la ramasse, complètement neuneu.
Manifestement destinée aux enfants, la mise en forme de ces douze épisodes est d’une niaiserie sans fond, où sont reprises les pires tares des comics old-school, avec bulles de pensées ridicules, dialogues débiles, humour navrant indigne des cours de maternelles, tartines de dialogues insipides et vulgaires étirées sur toutes les pages, qui croulent sous plusieurs tonnes de phylactères indigestes et ampoulés. Les personnages se comportent comme des enfants gâtés et capricieux, têtes à claque comme ce n’est pas permis (les voir se chamailler est d’un ennui abyssal très embarrassant), qui auraient oublié d’aller à l’école pour privilégier leur terrain de jeu, en profitant ainsi pour s’adonner à des bagarres de bac à sable avec des vilains aussi grotesques qu’inoffensifs leur servant de punching-ball comme autant de ballons de baudruche. C’est tarte, mais à un point !!!
Imbuvable, infantile et, de ce que j’ai cru comprendre, réservé au « fan boy ». C’est-à-dire à celui qui aime voir un maximum de super-héros en slip et pis c’est tout. (commentaire subjectif, je vous avais prévenu)…
En 1986, l’éditeur DC Comics avait effectué une immense remise à plat de son univers avec la maxi-série culte Crisis on Infinite Earths. Immédiatement après, ce même éditeur confiait à plusieurs auteurs le soin de revoir les origines de ses principales figures. C’est ainsi que Frank Miller créait le mythique Batman : Year One. De son côté, John Byrne s’occupait de Superman avec Superman : Man Of Steel, avant de revenir sur les origines de la JLA en dessinant la mini-série Légendes, sur un scénario de John Ostrender et des dialogues de Lein Wein.
Si le Batman de Miller augurait d’une véritable révolution dans le style narratif, offrant au personnage une aura plus adulte et réaliste, les personnages repris par Byrne et consorts restaient encore empêtrés dans les naïvetés old-school, bien qu’ils fussent tout de même remis au gout du jour dans le fond, sous forme d’épure.
Pour autant, la mini-série Légendes était tout de même extrêmement kitsch et réservée avant tout aux enfants, dans un style infantile n’ayant rien à envier aux comics de l’âge d’argent publiés plus de vingt-cinq ans plus tôt…
Et c’est bien ce que je reproche à cette Justice League : Year One de 1999 : Pourquoi diantre refaire les origines de la JLA si c’est pour livrer une histoire aussi datée et ampoulée que les originales de 1960 ? Pourquoi, à l’aube des années 2000, écrire un scénario qui ne renouvèle en rien l’esprit de la série telle qu’elle fut écrite près de quarante ans plus tôt ? A quoi est-ce que ça sert ? Pourquoi, à ce moment là, ne pas tout simplement rééditer les épisodes de 1960 ?
En réalité, la seule particularité de cette relecture est de focaliser le récit sur cinq personnages en particulier (Green Lantern, Flash, Black Canary, le Limier Martien et Aquaman), évitant ainsi de mettre en scène les trois principales figures de l’univers consacré (Superman, Batman et Wonder Woman). Pour le reste, on a l’impression de lire une oldie obsolète, du temps où les comics étaient réservés aux enfants de huit ans…
Il parait évident que Waid & Augustyn ont joué la carte de la mise en forme rétro, basant leur concept sur la série telle que l’écrivait alors Grant Morrison. D’ailleurs, le court récit écrit par Morrison et placé à la fin du recueil publié par Urban Comics (datant de 1989), mettait en scène les cinq mêmes personnages ! Seulement voilà : Morrison écrivait une petite histoire conceptuelle, pleine de verve et dotée de plusieurs niveaux de lecture. Reprenant tous les codes de l’âge d’argent (y compris les bulles de pensée, mais sans excès), il rehaussait son court récit d’une toile de fond philosophique, teintée de poésie et de science-fiction profonde (on pense aux histoires d’Alan Moore publiée dans L’univers des Super-héros DC par Alan Moore). Bref, une relecture pleine d’esprit, universelle (pouvant être lue de sept à soixante dix-sept ans). Rien à voir avec ce scénario tartignole, creux et complètement périmé concocté par Waid & Augustyn !
Oh, je sais bien que certains vont me dire que j’ai perdu mon âme d’enfant. Hé bé nan ! Je l’ai gardée ! Sinon je serais pas là ! Mais disons qu’elle s’est un peu trop mélangée avec mon âme d’adulte pour que j’arrive encore à bouffer ce type de narration régressive ! Alors… de la JLA moderne : Oui oui oui ! Mais de la JLA périmée : Non non non !
Entre 1999 et 2004, d’autres auteurs pourtant moins prestigieux que Mark Waid s’occupaient également de revoir les origines d’autres personnages de l’univers DC Comics, nous offrant des perles de classe et de délicatesse avec des mini-séries comme Robin : Year One ou Batgirl : Year One (par Scott Beatty & Chuck Dixon). Et l’on ne parle même pas des merveilles concoctées par Jeff Loeb & Tim Sale sur du Batman : Un Long Halloween ou du Saisons de Superman, où cette fois l’on nous offrait une véritable relecture rétro grande classe…
Cette comparaison enfonce le clou : Justice League : Year One est un échec navrant. Un comic book régressif complètement anachronique, perdu dans une époque où, heureusement, la modernité était en marche !
Comprenons-nous bien : Il en faut pour tous les goûts. Mais pendant des décennies, les comics de super-héros étaient tellement infantilisés qu’ils ont endossé, souvent avec raison, la réputation d’être réservés à des ados attardés. Depuis qu’ils ont commencé à sortir de leur ghetto sclérosé grâce à des œuvres plus intelligentes et universelles, mieux écrites et plus conceptuelles (Watchmen pour n’en citer qu’une…), il est important que l’on défende ce terrain difficilement acquis.
Cette catastrophe qu’est Justice League : Year One est d’autant plus incompréhensible que, à peine un an plus tard, Mark Waid livrait une pure merveille avec le GN JLA : Ascension ! Et en plus, un an plus tôt, il avait écrit Kingdome Come !
A l’arrivée, je me rends compte que je n’ai même pas parlé de l’histoire que nous racontait cette mini-série (ni même des dessins classiques et propres sur eux de Barry Kitson). Sans doute parce que je fais partie de la catégorie de ceux qui estiment que ce n’est pas l’histoire qui est importante, mais bien la manière dont elle nous est contée…
A l’heure d’aujourd’hui, un seul auteur et une seule et unique œuvre ont réussi leur relecture des origines de la JLA avec brio, classe, esprit et modernité, le tout saupoudré d’un délicieux décorum rétro : Ce sont Darwyn Cooke et sa Nouvelle Frontière. Et ils ne sont pas près d’être détrônés…
Celui-là fait partie des rares que j’ai acheté (en VO), lu et revendu, à l’époque où j’allais encore chez les bouquinistes.
L’histoire est faiblarde et les dessins pas transcendants (je me souviens d’une erreur grossière d’inversion de main sur un malfrat dans une scène de fusillade). Je ne défendrai donc pas cette œuvre. Je reste toutefois surpris par la conception d’un langage poli et châtié par Tornado 😉
Ce n’est pas si grave que ça : tu as quand même mis 1 étoile ou lieu de zéro… (juste pour te taquiner).
J’ai bien aimé que dans ton introduction tu soulignes la pertinence éditoriale de publier cette histoire malgré son décalage de mode narratif par rapport à Grant Morrison. On comprend mieux en quoi le choix d’Urban est logique et pertinent malgré la qualité de l’histoire. Il est effectivement vraisemblable que l’éditeur DC souhaitait disposer d’une histoire des origines validant la composition de l’équipe de Morrison.
Les pires tares des comics old-school, avec bulles de pensées ridicules, dialogues débiles, humour navrant indigne des cours de maternelles, tartines de dialogues insipides et vulgaires étirées sur toutes les pages, qui croulent sous plusieurs tonnes de phylactères indigestes et ampoulés – Nous avons une belle synthèse de tous les critères permettant d’anticiper si une histoire te plaira ou pas. D’un autre côté (et juste pour jouer l’avocat du diable, pendant ce temps là, Grant Morrison avait également adopté plusieurs des conventions les plus irréalistes des comics de superhéros dans la série JLA (superpouvoirs disproportionnés, méchants très méchants, menaces à l’échelle planétaire au minimum, etc.). J’espère que tu commenteras aussi ces épisodes.
J’ai été très sensible à la concession faite au Superman de John Byrne, même si on sait que tu n’as pas apprécié la minisérie initiale, belle preuve d’honnêteté intellectuelle.
Alors Mark Waid n’a pas le droit d’utiliser des bulles de pensée, mais tu es prêt à le tolérer de la part de Morrison : attention tu t’adoucis avec le temps qui passe (taquinerie facile).
N’empêche, le petit épisode de Morrison est vachement bien. Et je ne dis pas ça par snobisme parce que c’est lui. Parce qu’en principe, j’aime beaucoup Mark Waid.
Le teaser de Présence:
« Waid Science » 3/3
En 1989, Mark Waid vint à la JLA. Il aurait mieux fait de rester chez lui ce jour là, plutôt que d’écrire une année un, en dessous de tout. Tornado point du doigt toutes les caractéristiques qui font de ce JLA year One, un retour en arrière illisible et indigeste.
« Cette catastrophe qu’est Justice League : Year One est d’autant plus incompréhensible »
Je veux bien tout à fait comprendre que dans un schéma de pensée niant la multiplicité du lectorat et de l’approche dans un contexte moderne (qui ne l’a que de nom le temps passant) en mélangeant maladroitement oeuvre et réception critique dans une sorte de militantisme assez déplacé, on puisse ne pas aimer cette mini-série.
Par contre la trouver incompréhensible au sein du travail de Mark Waid c’est passer à coté de l’approche d’un auteur qui a toujours conçu ses histoires dans une optique d’actualisation basé sur des fondamentaux clairs et définis. Voir à ce sujet son travail sur Fantastic Four. JLA Year One s’inscrit totalement dans cette logique et n’invalide aucunement ses travaux suivant sur l’équipe. Je dirais même qu’elle participe à l’idée d’une hypercompression de l’évolution de l’équipe durant cette période de la même façon que la mini-série The Brave and The Bold servait de prétexte à être un panachage de la série Flash, de son évolution et, au dela, de celle de l’univers DC.
Bonjour Jérôme, et merci pour le post.
Je dois avouer que j’espérais susciter une réaction de la part d’au moins un lecteur et vous avez répondu à l’appel. Merci !
Je suis tout à fait preneur d’un autre point de vue que le mien justement parce que je n’arrive pas bien à saisir ce qui a pu plaire aux lecteurs dans cette maxi-série que j’ai trouvé tellement mauvaise.
Maintenant, une précision : Je ne critique pas le travail de Mark Waid dans son positionnement par rapport à une approche de la mythologie DC en termes de fond, mais en termes de forme.
La continuité ne m’intéresse pas. En revanche, le style narratif, la qualité du script, des dialogues, le découpage des planches et, en d’autres termes tout ce qui fait l’essence d’une bande-dessinée, ça ça m’intéresse.
La mise en forme de « JLA Year One » est pour moi mauvaise et infantile. Et le scénario est tarte. C’est mon impression. Le reste ne me passionne pas.
Je suis allé lire les critiques des fans et les critiques US à propos de cette série et les bras m’en sont tombés : Tous plébiscitent le fait que le récit introduit tel ou tel personnage et qu’il ont telle ou telle relation et que c’est bien dans la continuité. Où sont les critiques sur la qualité proprement dite des épisodes ?
Cela me rappelle ces lecteurs fans prêts à dépenser des fortunes pour mettre la main, à l’époque, sur un exemplaire VF Semic de « Batman Un deuil Dans La Famille » parce que c’était un épisode important dans la continuité. Et ce malgré la médiocrité de la chose.
C’est important ? Mais est-ce que c’est bien au moins ?
Pour moi, « JLA Year One » est mal écrit, embarrassant à lire pour ses dialogues ridicules et son scénario infantile.
Hi Tornado,
Alors pour répondre dans l’ordre :
J’ai bien aimé JLA : Year One mais sans plus. Si ca dérange pas de faire de la pub, voila ce que j’écrivais sur le Daily Mars à l’époque : http://www.dailymars.net/critique-justice-league-of-america-tome-0-annee-un-de-mark-waid-et-barry-kitson/
J’ai beaucoup aimé l’approche de la série par contre il est clair que douze épisode est un nombre trop élevé et tu ressent un gros dellitement de l’intrigue là où l’efficacité d’une mini-série comme The Brave and the bold se nourrit de son plus petit nombre d’épisode.
« Maintenant, une précision : Je ne critique pas le travail de Mark Waid dans son positionnement par rapport à une approche de la mythologie DC en termes de fond, mais en termes de forme. »
Alors je t’avoue qu’a la lecture de ton texte je ressent quand même une critique, du moins un désaccord idéologique quand à l’approche et à la tonalité de l’histoire (ce que tu nommes « infantile » par exemple). C’est tout à fait sujet à discussion et à débat mais pour en l’occurrence je pense qu’il faut accepter l’approche de l’auteur ou sinon laissez alors le truc de coté.
Toutefois c’est une position qui, si je ne la partage pas, prend totalement en compte. Mais mon intervention était plus sur le coté « incompréhensible » de la série dans le travail de Waid. Sur ce point je pense qu’il n’y a rien d’incompréhensible quand on connait le boulot de Mark Waid. Tu cites Kingdom Come mais c’est oublié que c’est tout autant un travail d’Alex Ross que de Mark Waid et qu’il fut une source de conflit incroyable entre les deux auteurs. Non vraiment, je comprend tout à fait qu’on n’aime pas cette mini-série mais elle reste tout à fait logique dans le travail de Waid. J’irais pas jusqu’à dire qu’elle est représentatif de son travail mais presque
Petit aveu honteux : à l’époque, j’avais acheté le TPB suite à une critique élogieuse lue dans. ..Wizard !
L’avantage de cet article c’est qu’il fait faire des économies ! En cette période de fêtes ça tombe bien 🙂
Bravo continuez comme ça mon porte monnaie vous dit merci :))
Pour répondre à quelques-unes des questions (certes rhétoriques) que tu poses dans ton article :
« Pourquoi diantre refaire les origines de la JLA si c’est pour livrer une histoire aussi datée et ampoulée que les originales de 1960 ? Pourquoi, à l’aube des années 2000, écrire un scénario qui ne renouvèle en rien l’esprit de la série telle qu’elle fut écrite près de quarante ans plus tôt ? A quoi est-ce que ça sert ? Pourquoi, à ce moment là, ne pas tout simplement rééditer les épisodes de 1960 ? »
Est-ce que tu as vraiment lu des épisodes de la première période de la Justice League of America ? Ceux, disons, de 1960 à 1966 ? Permets-moi d’en douter. À l’époque, on (c’est-à-dire le scénariste Gardner Fox) te racontait une histoire complète en 24 pages environ et l’accent était surtout mis sur l’action. Les personnages n’avaient guère de personnalité et ne se chamaillaient jamais. Les dialogues étaient très fonctionnels, destinés à faire avancer l’action ou à rappeler au lecteur un détail sur les pouvoirs de tel ou tel héros (par exemple, que la bague de Green Lantern est impuissante contre la couleur jaune). Rééditer à la fin des années 1990 les épisodes écrits et publiés trente ans auparavant, cela se faisait, effectivement mais dans des éditions de luxe destinées aux collectionneurs. Le projet de « JLA Year One » était tout autre : développer les origines de la Justice League dans la continuité post-Crisis, une continuité où Black Canary remplaçait Wonder Woman dans la League première version. (Oui, on sait que la continuité, tu t’en fiches. Mais la raison pour laquelle ni Wonder Woman, ni Superman ni Batman ne sont dans cette série tiennent toutes à la continuité. Alors c’est sûr que dans ce cas, toutes les raisons que l’on pourra te donner à leur absence tomberont dans l’oreille d’un sourd.) Et expliquer comment ces cinq héros jeunes et peu expérimentés avaient appris à travailler en équipe (ainsi que d’autres détails qui pourraient faire tiquer les lecteurs « modernes », comme l’origine des fonds permettant à la League de s’installer un repaire caché avec système de communications et autres appareils coûteux).
Tu utilises à tire-larigot l’épithète « infantile » pour qualifier tout ce qui ne te plaît pas dans cette maxi-série. Qu’est-ce que ça veut dire ? Certaines des meilleures BD jamais parues étaient destinées aux enfants, et c’est valable aussi pour celles parues dans les comic books. Tu écris « le style narratif, la qualité du script, des dialogues, le découpage des planches et, en d’autres termes tout ce qui fait l’essence d’une bande-dessinée, ça ça m’intéresse. » D’accord, mais qu’est-ce que ces éléments ont à voir avec l’âge du public visé ? En quoi « l’infantilisme » est-il un critère formel ?
@Tornado : Pour rebondir sur la question de Jean-Paul Jennequin, « En quoi « l’infantilisme » est-il un critère formel ? », c’est vrai que je suis un peu « gêné » (enfin pas trop quand même, j’en dors la nuit) par un raccourci qui transparait parfois dans l’usage de l’adjectif « infantile » dans ta prose. J’ai souvent l’impression que pour toi « infantile » = « de faible valeur ». Je suis d’accord sur le fait que, dans le cadre de comics de super-héros mainstream, le lecteur moyen est en droit d’attendre un certain niveau de maturité (encore que…) et c’est sans doute dans ce contexte qu’il faut toujours comprendre ton emploi de l’adjectif. Mais il existe des œuvres pour enfant qui sont formidables de maîtrise et graphiquement somptueuses. J’ai commencé à lire « Le Vent dans les Saules » à mes filles ainées. Cette BD est clairement pour les enfants. Pourtant, dans la narration séquentielle, les dessins et les couleurs, elle est admirablement réalisée.
J’ai aussi lu le vent dans les saules à mes enfants qui avaient bien apprécié, alors que je craignais que le formalisme les rebute un peu. En tant qu’adulte, javais aussi été séduit par la narration graphique et textuelle.
« Je suis d’accord sur le fait que, dans le cadre de comics de super-héros mainstream, le lecteur moyen est en droit d’attendre un certain niveau de maturité »
Le problème est que souvent la maturité est une définition à géométrie variable selon celui qui emploie ce terme et j’avoue qu’il me fait doucement rigoler quand il est apposé à des oeuvres débordant de sang ou de sexe mais totalement navrante dans le propos.
Depuis le temps que j’écris ce que je ressens sur mes lectures, j’ai appris à me prendre des uppercuts de la part des lecteurs ne partageant pas mes goûts et mes couleurs. Et c’est normal.
Tout d’abord, je tiens à saluer les retours sur l’article. C’est la première fois que je suis aussi méchant. Et, finalement, c’est la première fois que j’ai autant de retours ! Il faudrait peut-être que je sois méchant plus souvent ! 😀
Ensuite, et ça vaut ce que ça vaut, j’avoue que je suis très honoré de la participation de Jean Paul Jennequin. Merci à toi. Quant aux autres, j’en suis honoré aussi (j’ai bien reconnu Jérôme T comme un habitué des sites consacrés). Et sachez que je vous aime tous, car, finalement, nous sommes animés de la même passion (celle des comics).
Sur la question du terme « Infantile », je sais très bien qu’il est blessant et je me suis promis à maintes reprises de ne plus l’employer. Mais, au détour de cette maxi-série signée Mark Waid (auteur que je respecte), je me suis permis un baroud d’honneur (en renonçant toutefois au titre simplement intitulé « INFANTILE » prévu au départ pour l’article…). Ce serait une expression définitive de tout ce que je n’aime pas dans les comics mainstream (ce que Présence a bien relevé). « JLA Year One » serait donc mon bouc émissaire en la matière.
La définition de ce terme est la suivante : « Relatif à l’enfant en bas-âge. Péjoratif : Qui a gardé à l’âge adulte des caractéristiques psychologiques de l’enfant ».
Et bien voilà, c’est effectivement ce que je ressens à la lecture de ce type de comics. Je trouve ça vraiment trop régressif et indigne d’être lu au-delà de 6 ou 7 ans. Et je précise que mon appréciation est personnelle, pas universelle. Et je ne trouve d’ailleurs rien dans vos arguments qui vienne contredire les miens. Chaque argument que vous avancez est relatif à la continuité. Rien dans ce que vous dites ne parle de la qualité proprement dite du scénario.
Encore une fois, je ne critique pas le positionnement de ces épisodes, mais la manière dont ils sont écrits, construits et racontés. Je décortique leur mise en forme. Hélas, pardonnez-moi, mais j’ai l’impression d’un dialogue de sourds tellement je dois répéter la même chose déjà développée dans l’article : C’est la mise en forme des épisodes qui me dérange. Pas ce qu’ils racontent. J’ai adoré Robin Year One et Batgirl Year One, vous l’avez lu, non ? Et pourtant ce sont deux personnages que j’ai vite fait de trouver ridicule en principe. Mais les mini-séries en question étaient bien écrites, pouvant se lire à tout âge. La classe.
Maintenant, vous semblez supposer que je n’aime pas les lectures enfantines (enfantin ne voulant strictement pas dire infantile). Et là encore, j’ai l’impression de ne pas avoir été entendu. Car je ne fais rien d’autre dans la vie que d’aimer ça. « Le Vent Dans les Saules » occupe une belle place sur mes étagères depuis très longtemps. De même que les classiques de chez Disney et les Picsou de Carl Barks. Pareil pour les Spirou et les Schtroumpfs. Seulement, je leur trouve des qualités formelles qui soutiennent toujours ma lecture d’adulte au cœur d’enfant. Hors les comics old-school, pour la plupart, sont tellement mauvais dans leur mise en forme qu’ils nivèlent par le bas, je trouve, ce qu’ils racontent.
Est-ce que j’ai lu les épisodes classiques de Gardner Fox ? Effectivement non. Sauf un épisode ou deux en bonus dans d’autres éditions. Mais en tout cas, j’ai suffisamment passé d’heures longues et pénibles à lire les comics de cette époque (et même des plus anciens) afin de parfaire ma culture, par curiosité. Ce n’est pas très gentil d’en douter. 😉
Ce que j’ai gardé de ces lectures, c’est qu’elles étaient le plus souvent mauvaises (pour moi). Mal fichues. Mal écrites. Et, je vous prie de m’en excuser, infantiles.
Encore une fois, les bras m’en tombent lorsque je vous écoute défendre la chose sur des questions de continuité au détriment de toute qualité artistique proprement dite. Dans les années 60, les comics de Carl Barks étaient brillants. Ceux de Gosciny aussi. Mais dans le même temps, ceux de Stan Lee & co, Oh ! purée, qu’est-ce que je trouve ça mauvais !
Ne pourrait-on pas dire « C’était mauvais, mais il y a le charme de ceci et de cela et telle ou telle importance dans la continuité » plutôt que de défendre becs et ongles la chose en prétendant que c’est fameux ? N’est-ce pas à cause de ce manque de nuances que les comics sont encore sclérosés dans le cliché de l’ado attardé ?
Cela commence à faire un moment que je me « chamaille » avec les lecteurs sur la question de la « continuité ». La continuité ne me dérange pas. Elle ne m’intéresse pas, c’est tout.
Dès lors, je ne parviens pas à la percevoir comme un critère d’évaluation majeur. Comment est-il possible de lire quelque chose uniquement pour saisir la continuité en passant outre les faiblesses d’écriture et de scénario ? Non, j’avoue que je ne le saisis pas. Et inversement, j’enrage lorsque je lis que tel ou tel lecteur descend une création magnifiquement troussée parce qu’elle n’est pas « continuitellement correcte » ou que tel ou tel personnage est « out of caracter » (encore que, pour ce dernier critère, je peux encore le comprendre).
Alors je devrais trouver bonne cette JLA Year One parce qu’elle trouve un place de choix dans la continuité ? Je devrais la trouver bonne tandis que j’avais l’impression d’être pris pour un débile de six ans le long de douze épisodes laborieusement racontés ?
Voilà, j’espère que vous avez compris que je ne critique pas la chose sur des problèmes de FOND, mais sur des problèmes de FORME. Mon métier, mes études, mes expériences de dessinateur et de plasticien, tout m’a conduit à apprécier une œuvre pour ses qualités formelles et artistiques. Je n’en trouve aucune dans JLA Year One. Et, effectivement, je trouve incompréhensible de voir Mark Waid si mauvais dans son écriture formelle au sortir de Kingdome Come. Et je précise que j’ai adoré d’autres récits de Waid sur la JLA.
Pour terminer, une dernière remarque : Il est de coutume de copier/coller un extrait de l’article pour l’envoyer dans la gueule de celui qui l’a écrit (en l’occurrence, moi). Je ne trouve pas ça très sport car, isolée, la phrase est hors contexte. Néanmoins, vu la méchanceté de ce que j’ai écrit, on dira que, pour une fois, c’est de bonne guerre. 🙂
Une belle réponse Tornado…Je comprends ce que tu dis et le respecte profondément…J’ai bien changé depuis mes 15 ans ou j’ai abandonné pendant longtemps comics/BD….et j’ai évolué et je continue encore…je l’espère jusqu’à mon dernier souffle car il faut se remettre en question tout le temps car on apprend tout le temps…Je comprends ce que tu dis Tornado et suis souvent en accord avec tes propos et même si parfois je ne le suis pas, ta pensée est construite et logique en soi…du coup même en démontant une oeuvre (qui parfois peut toucher voire blesser des personnes) cela reste super interessant la preuve avec tous ces avis ! Même si parfois il vaut mieux attendre un peu avant de répondre (bon après c’est la beauté des passionnés ! On parle avec les tripes !)
Et félicitations pour l’arrivée du bout de chou !
Merci beaucoup. des paroles qui vont droit au coeur. 🙂
Copié / collé – De la façon dont je le conçois et l’utilise, il ne s’agit pas de le renvoyer à l’auteur, mais plutôt de montrer que je réponds à un point particulier et d’indiquer lequel.
J’écris ce que je ressens sur mes lectures. – J’avais cru comprendre que c’est l’objet de ce genre d’article ou de commentaire composé. Aussi j’apprécie beaucoup de découvrir un point de vue différent du mien, aussi bien complémentaire qu’opposé (je parle en général, parce que je n’ai pas lu JLA Y1, mais j’ai lu le commentaire). Je peux ne pas être d’accord avec Tornado ou un autre contributeur du site, mais leur article m’intéresse, parce qu’ils sont argumentés, structurés, et celui-là l’est en particulier.
Il s’agit donc d’un ressenti qui parle d’une lecture réalisée par un lecteur. Le sens commun veut qu’il y ait autant de lectures d’un ouvrage que de lecteurs. Un article parle donc de l’oeuvre qu’il commente, au travers des prismes personnels de l’individu qui l’écrit, de sa culture, de sa position sociale, etc. Du coup un article est également le reflet des valeurs de son auteur.
La question de la continuité revêt une importance plus ou moins grande en fonction des lecteurs potentiels. En particulier, la majeure partie des lecteurs ne disposent pas des références pour pouvoir comparer cette version avec celle de Gardner Fox. Pour le lecteur lambda (et pas si lambda que ça, puisqu’il s’agit déjà de la sous-catégorie des lecteurs de comics de superhéros), il s’agit juste de lire une bonne histoire de superhéros. Le nombre de ceux qui recherchent une histoire établissant la cohérence de la continuité réduit encore le nombre de lecteurs concernés. Du coup, s’il fallait rapporter le degré de validité du commentaire de Tornado au nombre de lecteurs potentiels, il serait plus élevé que celui plus technique prenant en compte le facteur continuité.
Mais il ne s’agit pas d’un concours de celui qui aura la meilleure note, juste d’un avis parmi d’autres sur JLA Y1. Comme le souligne yuandazhukun, c’est un avis étayé et argumenté. De ce point de vue, il répond tout à fait à mon attente qui est de pouvoir confronter mon propre avis (c’est-à-dire les valeurs implicites sur la base desquelles je formule mon opinion) à celui de quelqu’un d’autre qui prend la peine de rendre explicites ses propres critères.
Il est vraisemblable que si j’avais écrit un article sur JLA Y1, j’aurais insisté sur le contexte de la continuité, et que je n’aurais pas su parler de la nature du comportement des superhéros parce qu’en y étant tellement habitué je ne l’aurais pas vu (alors que Tornado l’a fait avec conviction). Du coup, en lisant ce commentaire, j’élargis ma vision, en bénéficiant d’une autre.
Bienvenue à mademoiselle Tornado, puisse-t-elle bénéficier d’une vie longue et heureuse.
Content de lire que Grant Morrison a réussi son histoire sur ce run… Mais bon, je ne la lirai pas de sitôt, vu ce commentaire ! Tornado, c’est bien la première fois que je te lis aussi énervé et même vulgaire. Ils t’ont fait sortir de tes gonds, ceux-là…