FOCUS : Les albums les plus déprimants du Rock
Un broyage de charbon de BRUCE LIT
Je ne vous dirais pas quand, ni pourquoi ou combien de temps ça a duré. Mais j’ai eu un coup de déprime ces derniers temps. Et alors que je vociférais en silence contre ce monde cruel qui voulait ma peau (et qui n’est pas prêt de l’avoir), je me rendais compte à quel point, encore plus que d’habitude, la musique m’était nécessaire dans ces moments là. Non pas pour aller mieux (pour ça, on met un Beatles et c’est reparti) mais au contraire pour aller encore plus mal, toucher le fond, retenir la souffrance, sentir une larme s’écouler au ralenti le long de sa joue et la voir s’en aller.
C’est parfois un vrai souci : je ne ressens d’émotions qu’en musique. Mais c’est aussi un plaisir étrange : car les plus belles chansons ne sont elles pas les plus douloureuses ? Celles qui, une fois la souffrance estompée, gardent leur beauté, leur danger (ne pas trop les écouter non plus) et pour lesquelles l’on garde cette intime reconnaissance : l’amitié, l’amour, la famille, tout ça est périssable alors que, la musique comme le chantait Morrison, est ton unique amie jusque la fin.
Même triste et abattu, je continue à penser à ce putain de blog et je me suis dit que j’avais envie de lister mon top 10 d’albums que je me passe lorsque tout semble s’écrouler. Il s’agit d’un classement subjectif d’artistes que j’apprécie. De ce fait, vous n’y trouverez ni de Nico ou de Morissey. De même à ceux qui railleront le fait que l’on y préfère Michel Berger au BERLIN de Lou Reed, je répondrais que le premier me fait pleurer quand le deuxième est trop cynique et glaçant pour m’émouvoir (à part sur PERFECT DAY).
Prêts ? on va parler de trahison, de suicide et de mort. Des émotions négatives mais qui font partie de la vie, celle qui fait mourir. J’attends bien sûr en commentaires votre propre Top 10. Les autres attendront : ça ira mieux demain !
10- Michel Berger- SERAS TU LA ?
Bon on commence par le moins rock mais pas le moins déprimant : Michel Berger. Derrière son visage souriant, sa voix caressante et ses mélodies funky un peu toc, Berger était un écorché vif, sorte de Patrick Dewaere de la musique, qui, on ne s’en rend pas assez compte, aura écrit des blues urbains de référence. STARMANIA ! Le SOS D’UN TERRIEN EN DÉTRESSE par Balavoine puis Peter Kingsberry, reste l’hymne absolu du mec paralysé à l’idée de rater sa vie. LES UNS CONTRE LES AUTRES résume parfaitement la solitude et le malaise de notre civilisation occidentale. Quant à LA LÉGENDE DE JIMMY, c’est un concept album qui revisite l’histoire de James Dean façon tragédie grecque où le destin malheureux de la star ne trouve d’écho que dans l’insignifiance de notre vie.
Oui, ces oeuvres ont été coécrites avec Luc Plamondon mais restent totalement imprégnées du mal de vivre de Michel Berger. Aussi déprimant que Kurt Cobain ou Alice In Chains, l’homme a réalisé deux chefs d’oeuvre ultra dépressifs : POUR ME COMPRENDRE et l’extrait choisi ici : SERAS TU LA ? Que chacun imagine la pire épreuve de sa vie. Et de se demander s’il faudra l’affronter seul ou (bien) accompagné….
Punchline :
Le plus mauvais, La solitude,
le temps qui passe
Et l’habitude reqardes-les
Nos ennemis,
dis-moi que oui
Dis-moi que oui…
09- Syd Barrett – BARRETT
Le destin de Syd Barrett est sans doute le plus triste du rock. Jeune homme brillant drôle et spirituel, Syd créé en 1965, un petit groupe de rythm and blues qui va devenir énorme: Pink Floyd. Pour leur premier album, il enregistre d’invraisemblables pépites pop de deux minutes où l’on parle d’excentriques travestis anglais, de Gnomes échappés de Tolkien ou de Trips Cosmiques.
Sauf que…
Les quantités de LSD que Syd ingurgite ingénument détruisent ses barrières mentales et déclenchent ? éveillent ? participent ? à l’émergence de ce qui semble être une schizophrénie carabinée. Barrett souffre d’hallucinations en permanence, se met à se coiffer en déversant des pots de colle sur sa tête, donne ses affaires et sa voiture au clochard du coin, joue une seule note pendant des heures aux concerts de son groupe quand il daigne venir.
Viré de son propre groupe, l’Apollon Anglais se retire de la vie publique, retourne vivre chez sa mère où il vivra reclus, obèse et diabétique pendant 30 ans avant de mourir dans l’anonymat le plus complet. Sans lui, la carrière de Bowie n’aurait jamais été la même, Barrett incarnant à lui seul la tentation et les dangers du Rock.
Loin de ses perles pour le Floyd joyeuse et à la production léchée, les chansons de Barrett en solo offre à son auditeur médusé des chansons magnifiques mais qui peinent aussi bien dans l’instrumentation que dans l’interprétation.
Ecoutez ce DOMINOES, cette voix jadis si vivante désincarnée, triste, si faible et qui lutte pour rester en rythme. C’est déchirant.
Punchline :
J’ai comme une idée ma chérie
Toi et moi
Et des Dominos, des dominos
Et le jour qui s’écoule….
08- David BOWIE- BLACKSTAR
L’album le plus récent de cette liste et sans conteste le plus noir. Et pour cause : on savait Bowie fatigué et cardiaque mais rien, absolument rien dans notre monde hyper connecté et supra informé pouvait laisser à penser que l’artiste le plus inventif du vingtième siècle mourrait deux jours après la sortie de son dernier album publié le jour de son anniversaire.
Pourtant dans ce clip crépusculaire tout est là : Bowie est là, fier mais terriblement amaigri, orgueilleux mais épuisé. Vu 38 millions de fois à ce jour, c’est sûrement la vidéo qu’il m’est toujours aussi éprouvant de regarder. Bowie nous dit clairement adieu. Il se met en scène avec deux pennys sur les yeux. On le voit lutter de sa frêle silhouette contre l’appel de ce trou noir qui finira par tous nous dévorer. Les choeurs deviennent fantomatiques, le mixage est étouffé comme une conscience luttant pour ne pas s’éteindre. Au loin on découvre le scaphandrier en décomposition du Major Tom son premier avatar quand il commença sa carrière. Des hommes et des femmes de toutes les couleurs, nous, pleurent sa mort et semblent à leur tour raidis par cette angoisse de mort.
Le clip est à peu près aussi sinistre que celui que Johnny Cash interpréta pour HURT où l’homme en noir met en scène son dernier repas avec la comparaison impitoyable entre l’homme jeune qu’il fut et le vieillard aigri sur le point de s’éteindre. David Bowie était le meilleur d’entre nous, vivant, malin et visionnaire, l’un des rares chanteurs à pouvoir revendiquer le fait d’avoir changé la vie de milliards de personnes et qui incarnait incroyablement la jeunesse éternelle aussi bien physiquement que moralement : il avait gardé l’allure et l’âme d’un jeune artiste.
Il part comme il a vécu : dans ce génie si discret, capable d’orchestrer sa mort et de la soumettre à sa carrière. Il meurt alors que l’occident qu’il contribua à tant libérer de ses tabous et de son puritanisme fléchit sous les attentats islamistes et les relents nationalistes. Les spécialistes y verront forcément un signe des temps.
Punchline :
Je suis une étoile noire
Pas une étoile de la pop
Ni une étoile Marvel
07- The Cure – DISINTEGRATION
C’est plutôt drôle quand on y pense. Le groupe le moins joyeux du monde dîne un jour chez son leader Robert Smith en parlant du nouvel album à enregistrer quand un incendie débute dans la chambre où Robert Smith a stocké ses paroles. Alors que la maison menace de brûler, Smith refuse de quitter la baraque sans ces paroles et tout le groupe se retrouve à faire une chaîne humaine pour sauver les précieux manuscrits. Cet incident donnera à la construction de cette DISINTEGRATION, une intensité particulière lors de son enregistrement. On raconte également que le leader des Cure enregistrait aussi avec épinglé au mur du studio un article incriminant son groupe du suicide de deux adolescents.
Le résultat culminera sur un chef d’oeuvre gothique que même les profanes connaissent : un homme aussi vulnérable que Marcel Proust au moment de son coucher, est progressivement dévoré par son lit recouvert d’une toile d’araignée. Enfance abusée ? Simple cauchemar ? Allégorie de Smith à sa toxicomanie ? LULLABY devient avec sa mélodie entêtante et sa batterie sèche comme un cadavre, l’hymne dépressif par excellence d’un album qui semble se clôturer après chaque chanson. 30 ans après son pouvoir de transformer son auditeur en zombie reste intact. De la pop vénéneuse inégalée. Beaucoup, dont votre serviteur arrêteront l’aventure Cure à ce moment là.
Punchline :
ET je réalise avec effroi
Que l’homme araignée me devorera ce soir
06- PJ Harvey- WHITE CHALK
Et puis PJ Harvey. Un Ovni musical. Reconnue et vénérée par la critique et son public pour son talent et son intégrité irréprochable et si méconnue du grand public, alors que son oeuvre est tellement plus intéressante et diversifiée que-au hasard- la grande prêtresse du rock Patti Smith à laquelle elle a souvent été comparée et qu’elle a dépassé depuis longtemps.
Harvey débute sa carrière en plein mouvement grunge adoubée par Kurt Cobain qui ne tarit pas d’éloge sur ce rock rêche, sex sans être sexy. Après un détour du côté de l’indus façon NIN, un amour suicide avec Nick Cave, la belle avec ce WHITE CHALK prenait un risque majeur dans sa carrière en délaissant l’argot du bruit pour un album intimiste entièrement au piano et presque sans accompagnements autres qu’une voix suraigue à laquelle elle ne nous avait pas habitué.
Le résultat est un joyau de poésie noire et mélancolique qui ferait passer Mylène Farmer pour Jenifer. L’anglaise du Somerset se transforme en une sorte de sorcière de magie blanche perdue au fond le campagne à l’ère Victorienne. Trahison, manque, mort et déception sont au menu d’un disque dont la solitude imprègne chaque note d’une pureté inégalée dans l’histoire du rock. Sur ce THE PIANO, PJ se transforme en prêtresse OUIJA assez flippante.
Par la suite elle fera nettement moins bien en se recentrant sur des disques plus humanitaires. Le monde y gagne une militante de marque mais la mélancolie y perdra son spectre le plus imposant.
Punchline :
Personne n’écoute,
Personne n’écoute,
Oh mon Dieu comme tu me manques….
05- Portishead- 3
Bon, il se passe quoi dans le Sommerset ? Parce qu’en plus de PJ Harvey, cette province anglaise près de Bristol engendrera l’ultra tourmenté Tricky et les joyeux drilles de Portishead ambassadeurs de ce qu’on appellera le trip-hop, mélange de boucles électronique et de blues, souvent déchirantes. Il y a finalement peu à dire de la bande à Beth Gibbons, antirock au maximum tant le groupe est secret et à des années lumières du rock’n’roll circus. Disons simplement qu’avec 3 disques en 24 ans de carrière, la dépression musicale du groupe n’a rien d’une posture et que le dernier single du groupe date de 2015 en reprenant de manière la plus sinistre qui soit le…SOS de ABBA !
Avec 3, le groupe signait là un chef d’oeuvre de noirceur saccadée où la violence des beats rivalise avec la voix douce et malheureuse de Gibbons pour des mélodies envoûtantes. MACHINE GUN est un sommet du groupe avec cette voix aussi fragile qu’une bougie sur le point de s’éteindre sur un clavier évoquant le Floyd paranoïaque de ANIMALS. Un thème qui sera utilisé dans la saison 6 de ORANGE IS THE NEW BLACK.
Punchline :
Si seulement j’étais capable de te voir comme tu es :
Un poison qui ronge mon coeur.
04- Daniel Darc- CRÈVE COEUR
Daniel Darc, une rockstar, une vraie, une personnalité riche et tourmentée qui jusque sa mort aura pu tutoyer Serge Gainsbourg (son idole) dans le rôle du poète maudit à la française. Son itinéraire est tout simplement hallucinant : il débute dans les 80’s façon Nouveau Romantique de Taxi Girl en chantant des textes sombres sur des mélodies un peu ringardes au synthé (CHERCHEZ LE GARÇON) avant que la dope ne dissolve le groupe en pleine ascension. Taxi Girl fera la première partie des Stranglers et des Taking Heads où Darc, excédé par le manque de réaction de son public s’ouvrira les veines et aspergera le public de son sang. Il traversera les années 90 entre squats, bouches de métro et prison en sortant des disques dont tout le monde se fout à l’époque (malgré une production de Jacno ou Daho).
Pourtant lorsque sort CRÈVE-COEUR au début des années 2000, le public est enfin prêt et Daniel Darc effectue le come back le plus impossible de l’histoire de la chanson française après une traversée du désert qui aura duré 20 ans. Aucune maison de disques ne veut de ce loser professionnel ? L’album sera enregistré dans le taudis qui lui sert de piaule. La légende voudrait qu’on entende la circulation par delà sa fenêtre en écoutant attentivement le disque au casque.
L’album commence avec ces regrets qui vont droit aux coeurs et qui y restent jusqu’à ce qu’on meurt. On continue avec ses amis qui se suicident mais sans lui, on finit avec un captivant psaume 23 récité par la voix calme du chanteur sur un sample du BERLIN de Lou Reed. Dans cet extrait qui évoque l’enfance disparue, Darc n’a jamais été aussi touchant en adoptant le timbre du rédempté qui a traversé mille mort. Il est celui qui fait le bilan de sa vie, une vie qu’il mène désormais avec la sérénité de celui qui a tout perdu. Nimbé de protestantisme et de confiance fragile en l’avenir, ce Crève Coeur est un monument de poésie que beaucoup n’ont jamais visité.
Punchline :
Je chuchote quelques mots :
« Pardonnez nos enfances
Comme nous pardonnons
A ceux qui nous ont enfantés »
03- Alice In Chains- UNPLUGGED
On les a souvent nommés les Joy Division du métal tellement la musique d’Alice in Chains braconne sur les terres de la mélancolie et de la haine de soi. Porté par le mouvement grunge et pilier de la scène de Seattle, la formation de Jerry Cantrel (guitare) et de Layne Staley (voix) a tout du groupe maudit. Avec un début de carrière sonnant comme du Guns’n’Roses, le groupe trouve sa propre voie avec DIRT, ses riffs bizarres et des harmonies vocales qui évoqueraient les Beatles sur un snuff movie.
L’addiction à l’héroïne de Layne Staley empêchera tournées américaines et européennes. Lorsque parait cet UNPLUGGED le groupe réapparaît après 3 années d’overdoses du chanteur. Staley est visiblement sous héroïne pendant tout le concert et chante penché en avant comme un enfant battu. Et pourtant, le disque est d’une beauté parfois insupportable tant la voix de Staley, la voix d’un homme qui tombe dans le vide, est déchirante, surclassant pour beaucoup de spécialistes celle de son frère ennemi Kurt Cobain.
Tout est chanté sans pudeur : l’addiction et le dégoût de soi qu’elle entraîne, la dépression, l’envie de mourir et la faiblesse du sentiment amoureux. On ne rentre pas dans ce disque par erreur, on n’en sort pas indemne. C’est bouleversant de part en part et il est clair, lorsque le groupe entonne à la fin de son show THE KILLER IS ME composé une heure avant en coulisses , que toute cette histoire finira mal.
En effet. Le groupe se retrouve une dernière fois pour un single (BORN AGAIN !), Staley reprend Pink Floyd sur la BO de THE FACULTY, sort MAD SEASON, un disque vénéré et vénérable puis s’enfonce définitivement dans la dépression et la dope. Il sera retrouvé mort deux semaines après son décès, en avril comme Cobain, et laissera la planète rock sous le choc : qu’on aime ou pas sa musique, Layne Staley aura été l’interprète précieux de véritables Mémoires d’Outre Tombes. Dans cet extrait, jamais un artiste si toxique n’aura fait preuve de tant de vulnérabilité sur une chaîne de merde et à grande écoute.
Punchline :
Au fond d’un trou, et je ne sais pas si l’on pourra me sauver
Regarde c’est mon coeur, je l’ai décoré comme une tombe
Et je voudrais m’envoler si mes ailes n’avaient pas été coupées
02- Robert Wyatt : ROCK BOTTOM
Pour beaucoup de puristes cet album dispute avec le BERLIN de Lou Reed , le trophée du disque le plus triste de tous les temps. Batteur du groupe Soft Machine, Robert Wyatt sous l’emprise de la drogue chute de 4 étages lors d’une soirée. Paralysé à vie, incapable de jouer de la batterie désormais, Wyatt fera preuve d’une incroyable résilience en retravaillant de vieilles compositions et où accompagné de Mike Olfield à la guitare et de Nick Mason du Floyd à la production.
Le résultat est un jazz-rock profondément humain où Wyatt chante d’une voix aiguë sa souffrance physique et morale. Il abandonne son corps meurtri pour s’imaginer renaître plus mature auprès de sa femme Alfie à qui est consacré le plus beau titre de l’album. Chute et rédemption, toucher le fond (« Bottom ») pour mieux rebondir : tout l’abécdéaire du rock par un esthète du genre pour une musique assez accessible, abstraction faîte de la séquence finale du disque vraiment pénible.
Punchline :
Il est temps de jouer à être humain désormais
S’il te plait: souris !
1- Pink Floyd THE FINAL CUT
Un requiem joué par Pink Floyd et chanté par Roger Waters en l’honneur de son père mort à la guerre. L’oeuvre de Waters est une déclinaison sur le thème de l’absence : Absence d’amour (IF) , de scrupules (MONEY), d’une société qui protégerait ses citoyens de la folie (DARK SIDE OF THE MOON) , de Syd Barrett (SHINE ON CRAZY DIAMOND), d’ambitions artistiques de son groupe (WISH YOU WERE HERE).
FINAL CUT c’est la description d’une époque sordide où le sang versé pendant les guerres où les sacrifices qu’ils soient christiques ou humains n’ont servi à rien. Les hommes disparaissent mais la guerre ne meurt jamais. Waters hurle d’impuissance, de rage, de haine contre le mépris de nos dirigeants pour la vie humaine.
Le disque décrit avec génie les points de vue de chacun des protagonistes face aux conflits armés. Le soldat traumatisé par les horreurs qu’il a dû commettre au nom d’une nation, celui qui s’enivre sans se poser de questions après avoir massacré des gosses jusqu’au civil qui meurt en rentrant chez lui suite à une explosion atomique .
Entre temps, Waters nous livre un déchirant FINAL CUT où face à ces tourments, la tentation qui s’offre à lui n’est plus la folie comme dans THE WALL mais le suicide… Fantasme ou autobiographie ? Juste au moment de passer à l’acte, le téléphone sonne et Waters n’aura plus jamais le courage de faire la coupure finale. A l’instar de Lennon sur MOTHER, il livre ici son cri primal.
Punchline :
Et si je t’ouvrais mon coeur et te montrais tout ce que j’ai de faible en moi
Tu ferais quoi, hein ?
Tu vendrais ton Scoop à Rolling Stones ?
Tu prendrais les enfants avec toi pour m’abandonner ?
…..
Euh, il reste encore du monde ? Tiens, à qui elle est la douille par terre ? Le charbon c’est mauvais pour la planète mais tout à coup je me sens libérééééééé ! Alors, on se fait quoi pour le prochain top ? Les meilleures chansons Sex ? Deal ? Les gars ? Les filles ?….Is there anybody out there ?
La question n’est pas finalement de savoir si l’on vexe ou pas les gens / copains /lecteurs. Mais pour qui on écrit ? Pourquoi ? Et qu’en faire ?
Je pense qu’écrire est avant tout parler de soi ou faire semblant de ne pas le faire. Nous nous définissons tous par ce que nous aimons /détestons. Nous établissons tous une hiérarchie, un musée imaginaire, un panthéon de trucs incroyables ou à chier. Ceci en dehors de la somme du travail de l’artiste, son équipe, les conditions dans lesquels une oeuvre a été commise.
L’inquisition, le maccarthysme ou le nazisme ont montré qu’on pouvait être brûlé, tué , jugé pour ce que son oeuvre produisait chez les autres, ce n’est pas nouveau. Ce qui l’est par contre, c’est l’émotion, l’expression en direct des réseaux sociaux. Le risque du lynchage virtuel est réél, dangereux et désormais plus ou moin considéré par la loi.
De ce fait, il est désormais difficile d’écrire sans blesser personne alors que c’est le fondement de l’art de heurter, provoquer, émoustiller. Il est impossible de plaire à tout le monde, puisque tout le monde ne veut pas la même chose. Alors pour ma part, je pèse désormais mes mots mais ne m’interdis pas une vanne de rigueur parce que c’est aussi ça la liberté. Celle que Voltaire, Hugo ou Desproges m’ont enseigné.
Prenons notre ami Mattie- Boy dont on sait qu’il est posé, respectueux et plutôt étranger à la culture de la provocation : il écrit sur l’article du jour : « à moins bien sûr de viser vendeur à la FNAC où ils savent même pas ce qu’ils vendent ».
Il a le droit de le penser, et de l’écrire.
Mais qui nous dit que parmi nos nombreux lecteurs, il n’y a pas un vendeur à la FNAC qui va mal le prendre et se sentir offusqué ?
Il est impossible d’écrire sur la culture et la passion comme un acte notarié. C’est aussi et surtout ça qui fait l’intérêt de nos échanges. Pour ma part j’ai même réussi à survivre chez Tornado une semaine, en apprenant après tout qu’il était fan de Julio Iglésias !!!
Ah c’est malin ça^^
Bah après je dis ce que j’ai vu. Il n’est pas impossible qu’il existe des vendeurs à la FNAC super calés. Mais je sais que les mecs qui n’ont jamais ouvert un comics existent aussi. Ils sont vendeurs dans un magasin non-spécialisé qui propose du HI-FI, de la littérature, de la BD et autres trucs. Ils ne peuvent pas être calés sur tout. C’est l’inconvénient des magasins non-spécialisés.
Je dis ça pour faire simple. Je ne fais pas exprès pour vexer^^ Si je savais qu’il y avait un vendeur de FNAC parmi la team, j’aurais pas dit ça. Ou alors avec un smiley pour montrer que je taquine et que je sors une généralité^^
Mais j’ai pas envie de chercher la merde exprès en venant dire que Gaiman, Ennis ou Moore c’est de la merde. Je sais par avance qu’il va y avoir confrontation. Donc à la limite si j’aime pas (comme Ennis) je vais expliquer pourquoi. Pas de raison de me répandre en insultes^^ C’est pas constructif pour moi. La provocation n’invite pas à l’échange je trouve. Et si tu veux pas échanger, pourquoi tu parles ?^^
C’est comme ces gens qui sont tellement désagréables que même s’ils ont raison, t’as pas envie d’être d’accord avec eux ou de leur laisser le dernier mot. Des gens qui sont tellement à la limite de t’insulter en te regardant de haut, tout prétentieux, que t’as juste envie de leur en coller une.
Une élégance dans l’écriture qui rend justice au génie de David Bowie.
Merci pour le partage.
Très sympa ce site.
Sacré compliment. Merci !
Bon Bruce…et le fan de Bowie en toi a-t-il vu certains films ou il fait l’acteur ? Comme Furyo.
Oh FURYO , grand film, sa meilleure performance avec L’HOMME QUI VENAIT d’AILLEURS de Roeg.
Musique formidable de Sakamoto que j’écoute souvent.
Tu les as vus ?
J’ai pas vu l’homme qui venait d’ailleurs non. Mais j’ai Furyo.
J’ai vu aussi…euh…Labyrinthe…je sais pas s’il a bien vieilli celui là, ça fait un bail que je l’ai vu^^
Non Labyrinthe a mal vieilli mais je m’en fous, j’aime l’animation par marionnette et maquettes en dur.
Je n’ai jamais vu les predateurs par contre, ni absolute beginers.
Et bien moi je n’ai vu aucun film avec Bowie, absolument aucun. A part Twin Peaks.
Il y a un gag récurrent qui circule sur le net comme quoi le pantalon moulant de Bowie ne laisse rien à l’imagination dans Labyrinthe…
Jyrille : Oh ! Même pas Furyo ? Faut le voir celui là.
Nope. J’en ai vu des bouts, mais jamais en entier.
Tiens ça me fait penser que la VF est bien faite dans Furyo. Les américains parlent français mais les japonais parlent…ben…japonais.
Super important dans un film où la barrière de la langue est justement liée à l’intrigue.
J’ai revu Aniki mon frère récemment et quelle VF de merde ! Je l’ai vite basculé en VO. Tout le monde parle français alors que justement les japonais ne sont pas censés comprendre les américains. Résultat en VF on ne comprend pas à quel moment les personnages sont censés se comprendre ou pas.
Je trouve que le titre VF sonne mieux aussi que celui VO. MERRY CHRISTMAS MrLAWRENCE.
Techniquement, puisque le réalisateur est japonais, le titre VO est Senjō no Merry Christmas ^^ (qui signifierait grosso modo Joyeux Noel sur le champ de bataille)
Le film est assez critique envers les japonais, c’est d’ailleurs assez osé de la part du réalisateur. Le film est techniquement l’adaptation libre de 2 bouquins de Laurens van der Post. Le réalisateur Nagisa Oshima a reconnu que ces livres portaient un regard très juste sur le peuple japonais de l’époque.
Woah, dis donc : cet article m’a cueilli.
Je suis content d’arriver longtemps après coup : ta description de la nécessité d’aller au bout (au fond) de ton état en t’abîmant dans l’écoute de tes repères musicaux les plus « chargés » m’a pas mal bousculé, mais surtout parce que je suis d’accord avec cette démarche. Surtout ne pas biaiser ou faire semblant, quelle que soit la manière choisie pour éviter de s’appesantir sur ce qu’on traverse. Il faut que la vague nous passe entièrement dessus, qu’on la ressente en conscience pour, la fois suivante, avoir un peu développé une meilleure immunité à la manifestation du mal-être et, pourquoi pas, trouvé entre temps des solutions pour mieux gérer certaines des grandes difficultés de la vie.
On est un paquet d’années plus tard, j’imagine donc que tu as traversé l’épreuve. J’étais dedans pas plus tard qu’il y a un ou deux mois (deuxième sérieux « plat » inattendu), et l’article, ainsi que tous les avis sur l’influence de la musique sur nos états d’âme, rendent cette approche tout bonnement passionnante, via toutes les diversités de perception mentionnées et ce qu’elles pointent, assez précisément, des caractères (natures) de chacun.
Je retiens aussi que je ne suis donc pas le seul à n’avoir jamais éprouvé de réelle tristesse à l’écoute d’une musique. Uniquement les mots -renforcés par le chant, bien sûr- peuvent m’atteindre et me faire pleurer. Encore un argument qui renforce ma conviction de n’être décidément pas un mélomane, mais bien un littéraire aux émotions terriblement liées au sens des idées, et pas aux pures sensations -du moins, en ce qui concernent les ressentis les plus sophistiqués.
Je suis (encore une fois, mais c’est entièrement la faute à ma flemme et mon absence de curiosité) complètement largué par vos références musicales, dans l’ensemble, même si je partage -sans pourtant connaitre grand chose de leur production…- certains de vos avis (la sur-côte Historico-culturelle de Patty Smith, la légèreté artistique de Tori Amos, l’intérêt musical représenté par REM, la sanctification de facto de Ferré,…).
J’ai beaucoup apprécié la mention des œuvres musicales Nippones, si inventives, de ces discrets génies de la composition (du son) que sont Kanno Yoko ou Kenji Kawai. Et, bien sûr, l’extraordinaire Ryuichi Sakamoto.
Je pense dur comme fer qu’il n’est pas nécessaire de se farcir la discographie entière d’un artiste-interprète pour savoir si il va nous correspondre/plaire : un ou deux titres suffisent. Le « son », évidemment, la manière dont la mélodie va nous « parler » ; mais, surtout, ce qui passe à travers la voix m’a toujours semblé imparable, quand à l’authenticité du personnage derrière le micro.
Pour ce qui concerne Michel Berger, par contre, c’était assez de voir son visage : la tonalité froide de son chant ne suffisait pas à masquer son mal-être, quelle que soit la chanson. Et pourtant, il ne me bouleversait pas, à l’écoute. L’expression écrite de ses ressentis me passait à côté. Daniel Balavoine me bouleversait lui, par son émotivité à fleur de peau (et sa bouille de gosse), mais sa poésie (de gosse, aussi) n’agissait pas sur mon émotivité à moi.
Les chansons les plus sombres de David Bowie ne m’ont jamais attristé non plus, tant -très souvent- l’originalité musicale qui les porte m’emplit de satisfaction par la seule beauté des notes (ou accords, ou même simple choix des instruments, que sais-je ?!) Je ne peux réagir qu’en éprouvant de la joie : sa poésie textuelle (pourtant inspirée) ne me touche pas à coeur, ni son chant. Il n’y a que ma pensée qui est sollicitée.
J’imagine aussi que le degré de beauté créative intrinsèque de certaines alchimies (Barbara, Joni Mitchell,…) stimule tellement la partie « haute » de mes perceptions, que mes réflexes d’empathie s’en trouvent inhibés ! Je dois planer trop haut, à leur écoute ; et pourtant les deux sont des virtuoses de la poésie pleine de sens -et passablement « chargée ».
Parfois, c’est l’interprète toute seule qui condense l’émotion, au delà de la voix, et nonobstant ce qu’il/elle chante : Diane Dufresne m’a souvent mis en transe émotive, en « live ». Je me souviens, après une introduction particulièrement « lourde » au niveau du choix des chansons, pendant un concert à l’Odéon, à Marseille, que la salle s’est spontanément levée pour l’applaudir, alors que ma soeur, en larmes, me glisse, en me désignant une autre dame qui pleurait aussi : » Y’a qu’elle et moi de normales, ici !! ». J’étais bouleversé, pourtant ! Mais d’avantage par sa prestation magistrale que par la teneur de ses textes. D’ailleurs, en me dressant, j’ai filé un coup de coude dans l’occiput d’un voisin un rang plus avant, c’est dire ! Et je profite de la tribune offerte ici pour lui présenter toutes mes excuses, puisque je n’ai même pas osé ouvrir ma bouche pour exprimer ma honte, sur le moment : mon cerveau était en cours-circuit, avec toutes ces émotions mêlées !!!
Mais, le plus souvent, ce sont effectivement les chansons (pas des tonnes) qui m’ont -me font parfois encore- pleurer, au point de ne pouvoir les évoquer sans éprouver une émotion profonde. Mais toutes ont un texte très solide, au delà de leur thème ou leur mélodie. Et, de mon point de vue, une poésie impossible à nier, dans leurs équilibres réciproques et complémentaires. Et, bien sûr, ma perception en est très subjective, tant elles résonnent, pour certaines, avec mon vécu.
Dans le désordre :
Petit Taureau – Claude NOUGARO / Maurice VANDER.
Chanson Pour Le Maçon – Claude Nougaro / Jacques Jean Marie Datin.
Nicolas. Petit Comme Un Caillou. Basket-Ball – William Sheller.
Leningrad (dernier couplet, on s’étrangle !). And So It Goes – Billy Joel.
Move On. Beautiful. Sunday (final). Ariadne – Steven Sondheim. Bon : là, il y a aussi toute la charge de la mise en scène, évidemment. Mais n’empêche : j’ai tendance à chialer à ces quatre-là.
Il va falloir créér une récompense des meilleurs commentateurs de Bruce Lit : ceux qui épluchent le site de jours en jours, lisent TOUS les articles quels que soient les sujets, tous les commentaires et en laissent des roboratifs. Evidemment, ce prix te serait décerné d’office.
Merci pour ces retours qui rappellent que tous nos articles sont matières à réflexion et débats.
Tu as un profil Facebook ?
OUARFF ! Mdr.
J’ai pas de mérite : j’ai un max de temps libre (des millions de choses à faire, genre mettre de l’ordre dans ma vie, mais je n’ai pas envie…), du coup, Bruce Lit me sauve subjectivement de ma culpabilité, en me fournissant ce prétexte magique de participer à un truc vraiment stimulant -et enrichissant, puisque tout le monde semble assez doué pour exprimer super-clairement ses opinions : je suis pas facile à convertir, au sujet de l’art ; mais vous êtes tous balaises, chacun dans son genre, dans le coin.
C’est moi qui viens puiser gratuitement, affalé dans mon lit, à la montagne d’informations diverses z’et variées qui soutiennent et alimentent les articles postés et les débats -dans lesquels je me reconnais souvent et dont je continue à apprécier à sa juste mesure le ton, toujours très civil, manifestement conditionné par ta position de créateur à l’origine du blog, et ta présence active (et qui en dit long sur la personne que tu dois être.).
Pas de profil, nulle part : Facebook m’a tué, comme dirait l’autre. Trop d’agressions débiles (de la part des potes !) et trop de potentialités pour moi de réagir à chaud : ma spontanéité est meurtrière et/ou suicidaire. J’ai renoncé à ça et à l’actualité, il y a des années.
Ici, comme en plus c’est « réfléchi », je prends mon temps, ce qui m’évite de dire (trop) de clowneries.
En tous cas, j’apprécie ton intervention, qui me rassure un peu sur le côté « je m’étale » de mes commentaires : à la relecture, je me trouve souvent plus indigeste que roboratif !!
Continuez donc tous à écrire vos enthousiasmes et réticences : je suis un peu largué au niveau du présent, créativement parlant mais, de toutes façons, vous n’avez pas fini d’en manger, de mes logorrhées verbeuses !!