THE GEEKS NEXT DOOR (Big Bang Theory)

Encyclopegeek : Big Bang Theory

Un article de PATRICK 6

1ère publication le 24/06/22- MAj le 15/04/24

Le Big Bang c’est elle !
© CBS

Extrait d’une conversation lors d’une soirée bien arrosée :
Elle : Hey ! Puisque tu aimes STAR TREK  tu devrais regarder BIG BANG THEORY !
Moi : Hum mouais j’suis pas sûr, hips, la série est très cotée dans la Geekosphere, mais les rires en boite, moi, t’sais, hips, c’est vraiment pas ma tasse de vin, hips !
Elle : Ne t’inquiète pas, la série est très drôle et tes propres rires couvriront ceux du public !
Moi : Bon, ok, ok, deal ! Hips ! J’essaierai à l’occasion. Passe-moi la bouteille en attendant…

Une gueule de bois plus loin, toujours pas convaincu, j’ai néanmoins tenté ma chance. Bien m’en a pris, puisqu’en un temps record j’ai enchainé les 12 saisons, à raison de 3 ou 4 épisodes par soirée.
L’addiction absolue, totale et immédiate.
Dès lors je n’ai eu qu’une seule mission : tacher de traduire cet amour pour cette série à travers un article.

Commençons par le factuel : la série s’étale sur 279 épisodes de 22 minutes chacun. Créée par Chuck Lorre et Bill Prady, elle sera diffusée de septembre 2007 à mai 2019.

La série s’inscrit dans la plus pure tradition des Sitcoms américains. Bon alors je vous vois venir, vous allez me dire : Hey les Sitcoms ça existe encore !? Il faut croire que oui, puisque le genre a encore été utilisé récemment dans la série WANDA VISION . Pour ceux qui auraient besoin d’une update, sortez vos cahiers et veuillez noter (j’ai appris par cœur la page Wikipedia) : Apparues dans les années 50, les Situations Comedys (comprenez Comédies de situations) sont, comme leur nom l’indique, des séries tournées vers l’humour. Afin de réduire les coûts de production elles ont généralement un nombre très limité de décors, parfois même un seul, genre le salon d’une collocation (FRIENDS attitude).

Le plus souvent les Sitcoms sont enregistrés en public, ainsi les « rires en boite » sont authentiques. Euh, enfin, authentiques, c’est une façon de parler, car avouons-le, le son est souvent mixé – traduisez trafiqué – selon la volonté du réalisateur, afin de souligner tel ou tel passage de l’épisode. D’où l’impression de rires surfaits (ou alors l’audience prend de la drogue. Au choix).

Dans les cas (peu nombreux) où un tournage en extérieur est nécessaire, la scène est filmée préalablement, puis diffusée sur un écran au public habituel de la série, afin que leurs réactions soient enregistrées, comme d’habitude, en direct.

Pour BIG BANG THEORY (BBT) les scènes de chaque épisode sont filmées chronologiquement et demandent généralement une journée de 3 à 5h de tournage. Le public a donc l’impression d’assister à une longue pièce de théâtre et se retrouve, de ce fait, impliqué dans l’histoire. Ajoutez à cela un chauffeur de salle très efficace et vous obtiendrez une audience chauffée à blanc, ultra motivée, et prête à rire à gorge déployée… toutes les 30 secondes ! (Normalement, c’est le moment de l’article où tous les lecteurs font Aaaaah et applaudissent à tout rompre, avant d’enchainer sur les pubs. Dont acte)

Juste une soirée typique chez les Geeks.

Après le carton interplanétaire de la série FRIENDS (1994-2004), on pense le Sitcom voué aux redites plus ou moins pertinentes (comment se renouveler ou simplement égaler ce succès ?) Qu’est ce qui a motivé les pontes de CBS pour lancer leur propre Sitcom, mettant qui plus est des Geeks en scène ? Elémentaire mon cher Watson : les temps ont changé, les ringards d’autrefois sont devenus les nouveaux cools ! Geek is the new sexy ! Le phénomène a envahie Hollywood, tout d’abord par des adaptations cinématographiques « libres » comme les BATMAN de Tim Burton (1989 et 1992), puis indirectement avec MATRIX (1999), avant la déferlante des films Marvel commençant avec les X-MEN de Bryan Singer (2000), puis le SPIDERMAN de Sam Raimi (2002), puis, puis, puis… Vous connaissez tous la suite, pas la peine d’en faire des tonnes.

Ce n’était donc qu’une question de temps avant que la télévision ne s’empare du phénomène à son tour…La culture Geek enfin mise en lumière. Bienvenue dans la Théorie du Big Bang !

Lorsque la série débute on découvre Leonard Hofstadter (Johnny Galecki) et Sheldon Cooper (Jim Parsons) deux physiciens surdoués. Tous les deux sont de parfaits adulescents inaptes aux relations sociales. Ils vivent ensemble en colocation à Pasadena (Los Angeles). Geeks invétérés, ils passent leur temps à organiser des STAR TREK-thons, à lire des comics, à jouer à des jeux vidéos, ou à enchainer le plus références geeks possibles en un minimum de temps, etc…

Leurs seules fréquentations suivies se limitent à deux collègues scientifiques travaillant sur le campus de leur université. Il s’agit d’Howard Wolowitz (Simon Helberg) et de Rajesh Koothrappali (Kunal Nayyar). Ils sont respectivement ingénieur physicien et astrophysicien. Il va sans dire que ces deux-là sont aussi inadaptés aux rapports sociaux que leurs deux comparses.

Leur routine Geekienne est perturbée par l’arrivée de Penny (Kaley Cuoco) qui aménage sur le même palier. Léonard est immédiatement sous le charme et tentera, dès ce moment, de la séduire ! Pour ce faire, il l’intégrera à son groupe d’amis (avec qui elle ne partage pourtant aucune référence culturelle). Ce jeu de la séduction, on le devine aisément, s’étalera sur 12 saisons.

The usual Geeks.
© CBS

On l’aura compris l’ensemble de la série repose uniquement sur ses personnages. L’action, le suspens ou les effets spéciaux ne sont absolument pas conviés à la fête (absence de budget oblige). Tout est basé sur la personnalité des protagonistes, leurs interactions, et surtout sur les rapports affectifs qu’entretient le public avec eux !

Etonnement, on pourrait imaginer qu’une série aussi référencée et pointue, serait boudée par le grand public, mais c’est exactement le contraire qui se produisit ! La série remporta un franc succès (ces 12 années d’existence en sont la preuve) et toucha une audience très large, s’étendant bien au-delà du milieu geek !

Une belle performance, quand on sait que la plupart des répliques de Sheldon échappent totalement au grand public ! Le charme de la série ne se limite donc pas à du fan service et ne s’adresse pas uniquement à une population ne cherchant que le miroir d’elle-même !

Stan et Sheldon : Plus cool tu meurs !
© CBS

Détaillons à présent le casting : Si le show était supposé tourner autour initialement du duo Leonard/Sheldon, c’est rapidement ce dernier vers lequel tous les regards se tourneront !

On pourrait dire, selon la formule consacrée, que le personnage est bien trop intelligent pour son propre bien ! Après une saison 1, où il apparait presque gentil (on se comprend hein), Sheldon se révélera rapidement totalement nombriliste, croulant sous les TOC, volontiers hautain et méprisant envers tous ceux qu’il juge moins intelligents que lui (c’est-à-dire la terre entière, à part Stephen Hawkins). Si totalement dénué d’empathie qu’il en devient remarquable ! Sorte d’incarnation superbe du syndrome d’Asperger, rongé par ses troubles obsessionnels compulsifs, il ferait le bonheur de tous les psychiatres du monde ! Du reste comme il le dit souvent : « Je ne suis pas fou, ma mère m’a fait passer des tests ». On peut, cependant, douter de cette affirmation lorsque l’on sait qu’il a fait signer un contrat de location de l’épaisseur d’un bottin à Léonard (incluant un code de réactions en cas d’invasion extraterrestre), qu’il a calculé sa place sur le canapé du salon à base d’équations mathématiques, et qu’il considère le sexe comme une pratique aberrante et illogique. (Ce type est fou, c’est clair)
Mais, contre toute attente, on ne peut pas s’empêcher d’aimer ce personnage qui mérite clairement des baffes !

Le second protagoniste est Leonard Hofstadter. C’est en 2003 qu’il emménage dans l’appartement de Sheldon. Comparé à son colocataire, Leonard est un modèle d’équilibre et de raison ! (Il faut dire qu’avec un référentiel pareil…)
Bien que fondamentalement geek, il fait bien plus d’effort que Sheldon pour paraitre « normal » et avoir un minimum de vie sociale (surtout si c’est le prix à payer pour séduire sa charmante voisine de palier, Penny).

Malgré les commentaires de Sheldon, souvent négatifs à son encontre, Leonard n’en reste pas moins un scientifique brillant reconnu par la communauté scientifique. (Il a notamment été choisi par Stephen Hawking lui-même pour une mission en mer du Nord).

La mère de Leonard est une psychiatre et une neuroscientifique. Elle est une sorte de Sheldon au féminin, psychorigide à l’extrême, elle a élevé son fils comme une sorte d’expérience psychanalytique, où l’enfant est supposé mériter l’amour de sa mère. Froide comme un iceberg et amicale comme une mante religieuse. On imagine aisément les dégâts sur sa progéniture face à une mère aussi castratrice.

Vient ensuite Penny (Penny tout court, on en reparlera plus bas). Elle apparaît dès le premier épisode, comme la nouvelle voisine de Sheldon et Leonard. Elle est venue à Los Angeles dans l’espoir de faire carrière en tant qu’actrice. En attendant que la gloire vienne frapper à sa porte, elle travaille comme serveuse au restaurant The Cheesecake factory. Lors de sa première rencontre avec le duo d’amis elle leur demande de récupérer sa télévision restée chez son ex-petit ami. Leonard et Sheldon rentreront sans télévision mais surtout sans leur pantalon…
Délurée et exaltée, elle apparaîtra initialement de façon un peu superficielle, avant de gagner en profondeur au fur et à mesure des saisons.

Pour donner plus d’épaisseur à ce trio, deux personnages leurs sont ajoutés. Tout d’abord Howard Wolowitz. Il est ingénieur au département de physique appliquée à l’Université de Caltech. Il est régulièrement moqué par ses amis car il est le seul à ne pas être titulaire d’un doctorat. Il vit encore chez sa mère (qu’on ne verra jamais durant toute la série, cette dernière semblant ne s’exprimer qu’en hurlant à travers les murs). En bonne caricature de la mère juive, elle est extrêmement possessive avec son fils et leurs rapports frisent souvent l’inceste.

Outre d’être perpétuellement en rut, Howard a comme particularité d’arborer des tenues chatoyantes et a, notamment, une collection de boucle de ceinture pour le moins impressionnante ! Une ceinture piano, batman, gameboy, etc…

Vient, enfin, son meilleur ami (le seul d’ailleurs) : Raj Koothrappali. Originaire d’Inde, il est issu d’une famille extrêmement riche, qu’il a quitté pour poursuivre ses études aux Etats Unis. Il n’est capable d’adresser la parole aux femmes que s’il est sous l’emprise de l’alcool. (Nous connaissons tous quelqu’un comme ça, n’est-ce pas ?)
Sa tenue vestimentaire, autant que son attitude, laissent supposer une homosexualité non assumée. En tous cas l’ambiguïté de sa relation avec Howard le fait clairement penser.

A ses 5 protagonistes viendront se rajouter 2 autres personnages clés, à partir de la saison 3, mais je vous laisse le soin de les découvrir par vous-même, histoire de ne pas spoiler la série !

Sheldon + Spock = mon épisode préféré. Une équation très simple.

Initialement Chuck Lorre et Bill Prady, les créateurs de la série, avaient prévu d’appeler le show LENNY, PENNY AND KENNY. Deux changements de prénoms plus loin, un premier pilote est réalisé. Il montre un Sheldon pas encore asexué (il a couché avec une collègue lors d’une convention Star Trek – Ce qui se passe dans une convention Star Trek reste dans une convention Star Trek) et Penny est interprétée par une actrice différente. Elle vient de se faire larguer par son petit ami (qui, par pure étourderie, a oublié de lui dire qu’il était marié) et elle se retrouve donc provisoirement SDF. Leonard et Sheldon troublés par son décolleté et répondant à «un besoin impératif de défendre une femelle fertile» lui propose un repas (puis un toit)…

Les responsables de la  chaine reconnaissent le potentiel d’une série mettant en scène des Geeks, mais la formule présentée les laisse perplexes. Les scénaristes sont contraints de revoir leur copie. Des acteurs sont changés, des personnalités redéfinies, des décors modifiés, avant de tourner un nouveau pilote. Le reste est appartient à l’histoire…

Un client pas comme les autres : Neil Gaiman !
© CBS

Avertissions cependant les néophytes qu’en regardant la première saison ils pourraient bien être désagréablement surpris ! Bon d’une part, il faut bien avouer que les susdits rires en boite risquent fort de décontenancer les non-initiés (voir les agacer), tant les réactions du public paraissent parfois outrées par rapport au comique réel de la situation ! Quoi qu’il en soit, cette désagréable impression s’estompe avec le temps et l’on s’habitue tout simplement aux rires intempestifs, jusqu’à simplement ne plus les entendre.

Par contre, un second malaise pourrait bien vous saisir, vous amenant à vous demander : « Hey c’est-y pas que le Patrick 6 nous a survendu cette série, certes sympathique, mais cependant assez anecdotique ? » Et, en effet, force est de constater que la première saison est loin d’être la meilleure et que la série n’a pas encore trouvé ses marques. La mise en scène est encore maladroite, l’humour est déjà présent, mais les situations sont souvent alambiquées et un poil lourdingues.

De plus, pour un spectateur de 2022, le début de la série paraitra parfaitement étonnant, car non encore formaté aux standards politiquement corrects de notre époque ! Jugez plutôt : certaines blagues sont ouvertement sexistes, Penny apparait nunuche et caricaturale à souhait dans le genre blonde à forte poitrine. Elle est, d’ailleurs, le seul personnage principal de toute la série à n’avoir aucun nom de famille ! Elle n’obtiendra un vrai nom qu’en se mariant ! Ouch ça pique ! Les féministes sont en PLS. Sans compter, qu’en plus, certaines blagues portent sur l’origine ou la religion des protagonistes et, là, c’est les wokistes qui font des malaises !

Rappelons, donc, si besoin est, que BBT est avant tout une comédie et ne se prétendant ni réaliste, ni représentative. (Non les Geeks ne sont pas tous des fous géniaux, ou des frustrés aigris. Même si j’en connais certains qui collent à ces descriptions). Bref la série n’est pas une étude sociologique, mais simplement une comédie avec des personnages, certes parfois un peu caricaturaux, mais toujours attachants, étonnants et surtout drôles.

Bref BBT prendra son temps pour trouver sa place et son style. Un effort sera demandé aux nouveaux venus pour totalement s’imprégner de l’esprit de la Sitcom, dont le complet potentiel n’apparaitra vraiment qu’en saison 2.

In bed with Sheldon… Le Bonheur ça épanouit.

L’une des incroyables performances de ce Sitcom réside dans son nombre hallucinant d’invités prestigieux ! Pendant les 12 années de règne de la série, BBT était simplement The Place To Be pour tout le gratin de la geekosphere ! Lister les personnages célèbres  ayant fait une apparition dans la série est presque impossible ! Quoi qu’il en soit citons malgré tout : Neil Gaiman, Stan Lee, William Shatner, Leonard Nimoy (la voix seulement), Wil Wheaton (invité plus que régulier de la série), Bill Gates, Christopher Lloyd, Kevin Smith, Adam West, Stephen Hawking, George Takei, Carrie Fisher, Mark Hamill…
Un palmarès impressionnant pour le moins !

Un Top 10 (très) subjectif des Guests stars de la série

Enfin je ne peux qu’insister sur le fait que vous ne devez PAS regarder la série en Version Française ! En effet la VF est pour le moins désastreuse (la faute, on l’imagine, à un budget doublage plus que minimaliste). Outre qu’elle fasse l’impasse totale sur l’origine des personnages (l’accent indien, à couper au couteau, de Raj disparait tout simplement) la traduction fait, surtout, souvent abstraction des jeux de mots ou, bien plus dérangeant encore, sur les références Geeks ! On ne peut que constater que les traducteurs ne maitrisent pas « La culture Pop pour les Nuls » tant ils font souvent des contre sens affligeants ! Ils confondent, par exemple, FLASH GORDON et le FLASH du DC comics ! Ou bien encore ils appellent STAR TREK : La patrouille du cosmos ! (Le doublage est-il québécois ?)
Bref la seule façon de vraiment apprécier la série est de la regarder en VO !

Forever laughing

Au final BBT est loin d’être une série insignifiante, filmant inlassablement les mêmes individus assis autour de la même table de salon. Certes, une petite lassitude s’installe lors des deux dernières saisons (le concept n’était pas supposé durer aussi longtemps après tout) mais la série a réussi l’exploit de ne jamais sauter au-dessus du requin et de ne jamais trahir son concept de départ.

Outre de maintenir sa qualité d’écriture et d’interprétation tout au long de ces 12 années, la série réussit à intégrer et de rendre accessible la culture Geek au plus grand nombre, en montrant que les Geeks ne sont pas (nécessairement) des gros névrosés à éviter.

Si on ne jette plus de pierre à vos enfants dans la cour de récré c’est un peu grâce à Big Bang Theory !
Merci à eux.

——–

Les protagonistes de BBT je les aime et ils me font rire, la BO s’impose donc d’elle-même :

27 comments

  • Kaori  

    « Combien de tes copines lisent des comics (je ne parle de regarder les films) ? »
    Euh… une, je crois, et encore, je la connais via un groupe de geeks XD .
    Donc oui, tu marques un point, mais je crois surtout que c’est leur discours méprisant qui m’avait agacé. Ou peut-être parce que je ne me retrouvais pas là-dedans… Mais c’est vrai que dans le fond, je suis obligée de reconnaître qu’on n’est pas bien nombreuses…

    • Eddy Vanleffe  

      Au delà de cette série, il a fallu internet pour faire connaissance avec des filles qui aiment les comics etc…
      les voir demander une place au soleil et leur accorder une place ne fut pas ardu du tout .
      entendre certaines dire des années plus tard qu’elles étaient un mal reçues dans un monde masculiniste etc… fut un peu une sorte de mauvaise surprise que j’ai toujours mal compris étant donné que jusque là, le peu de femmes qui savaient que je lisais du comics ont la plupart du temps traité ça par un mépris même pas déguisé pour ce « loisir de puceau « , de « gamin » voire d »obsédé » …je n’ai jamais beaucoup observé de bienveillance pour la passion de la BD…

  • Chip  

    J’ai une relation amour-haine avec cette série. Enfin, c’est un peu fort, mais c’est l’idée. J’ai regardé à l’époque 5 ou 6 saisons (en VO évidemment, pas pour snobber, mais bon sang profitez des interprétations originales, sauf si c’est les Simpsons!) avant de lacher l’affaire, puis, récemment, mon épouse s’est mis en tête d’éduqer nos enfants, passablement geeks eux-mêmes, je me demande d’où ils tiennent ça, et de leur montrer cette série, et cette fois-ci je suis allé au-delà de ce qui me gênait.

    Parce qu’il y a du positif là-dedans : l’interprétation de Sheldon par Jim Parsons est d’une extraordinaire intensité comique et c’est bien lui qui fait tout tenir pendant plusieurs saison, sa relation avec Penny donne des sènes drôles et touchantes, Penny elle-même finit par acquérir un caractère et un côté no-nonsense qui fonctionne, malgré le ridicule dont on couvre le personnage de Raj, Kunal Nayyar donne du charme naïf, et aussi insupportable que soit Howard et les blagues qui tournent autour de son obsession sexuelle, Simon Hellberg brille. Ensuite, l’addition de personnages secondaires est plutôt réussie, ce qui est toujours un passage compliqué pour les séries, particulièrement les sitcoms, et évite de tourner complètement en rond. En effet, quasiment tout tourne autour d’un personnage qui ne peut évoluer, Sheldon. L’élargissement du cercle permettra à ce dernier d’évoluer un peu. Enfin, outre les guests, il y a surtout des excellents personnages récurrents, la mère de Leonard, effectivement – Chrisine Branski, le professeur Proton… Qui nous font oublier les moins réussi (Barry Kripke…), ou ce pauvre Stuart qui au début apparaît comme un personnage un peu sensible mais ne sera vite qu’un objet de ridicule.

    Et c’est ce ridicule d’une manière générale qui m’a posé problème. Le show rit *de* plus souvent qu’il ne rit *avec*. Couplé avec des réferences parfois très superficielles – là encore pas pour snobber mais le jeu de carte pourri là ils auraient pu se creuser pour faire les gags, bordel, je leur aurais fait gratos). Et autant je peux être fan de la comédie « jeu de massacre » (Les bronzés font du ski, ou toute trace de compassion pour les personnags a disparu, par exemple), autant là le show ne sait pas vraiment sur quel pied danser.

    C’est d’autant plus intéressant comme problématique que, attention on sort le bazar : Sheldon est « codé autiste ». Explications : « codé » dans le sens où un personnage peut être clairement identifié d’une certaine manière sans l’être officiellement, « autiste » correspondant à un certain stéréotype de l’autisme, ou plutôt TSA, trouble du _spectre_ autistique, c’est-à-dire qu’on y trouve beaucoup de choses. Alors les choses évoluent mais souvent on a des clichés qui correspondront, disons pour la génération qui a l’air de lire ce blog, à « Rain Man » (d’ailleurs vous avez remarqué que dans Kaamelott il y a un indice de ce type qui nousn pemret d’affirmer que Perceval, génialement inteprété par Frank Pitiot, est codé autiste?) : quelqu’un qui a des problèmes de communication, des routines figées, des superpouvoirs intellectuels. La réalité est plus diverse que ça, et de fait les comportements de Sheldon (pas nécessairement le fait d’être hautain) comme ses routines, sa rigidité mentale, son rapport à l’humour, relèvent clairement de ce qu’on peut voir chez une personne sur le spectre du TSA, et nous donnent quelques ressorts comiques magiques : la place de Sheldon sur le canapé, sa manie de taper trois fois en disant « Penny », le fait de devoir finir les choses qui donne un épisode et une séquence mémmorable quand sa douce essaye de l’entraîner à la frustration… Or, il se trouve, et on peut l’apprendre dans l’un des épisodes du podcast « Breakdown » de Mayim Bialik, non seulement interprète de Amy Farrah Fowler, « love » interest et quasi clône de Sheldon ajouté pour redonner du souffle, avec succès, mais également diplômée en neuroscience, podcast donc qui aborde des sujets de santé mentale et de fonctionnement du cerveau, on l’apprend, c’était le début de cette phrase interminable que les créateurs ont basé les personnages sur leur entourage et eux-mêmes, ne comprenant pas pourquoi on parlait de « codé » autiste avant de voir autour d’eux et chez eux des diagnostics arriver… Ca n’est que moi qui trouve ça intéressant come jeu de miroir?

    Bon il faut aussi resituer dans un contexte où la connaissance générale de ce trouble était moins répandue (et encore plus en France qui a un ou plusieurs trains de retard dans le domaine), jusqu’à donc l’ignorance de soi-même, mais donc ce que je trouble désagréable c’est quand ces auteurs non pas de moquent d’eux-mêmes, mais se moquent de miroirs d’eux-mêmes d’une manière fait pour plaire à d’autres. Une sorte d’auto-harcèlement? Je dis ça, en n’ayant eu l’information ci-dessus qu’après coup, hein, cette sensation existait par elle-même.

    Alors est-ce que rien que pour ça je ne la recommanderais pas? Bien sûr que non, avec les réserves que j’ai, regardez la colonne des pour ci-dessus, si mon enthousiasme est moindre que celui de monsieur 6 (bonjour chez vous), j’ai réussi à passer par dessus ma réticence à la sitcom avec rires, n’hésitez pas. Autant je ne suis pas sûr de revoir un jour How I Met Your Mother, par exemple, malgré ma sympathie pour son casting, autant certains épisodes de BBT risquent d’être visionnés à nouevau par chez moi.

    En revanche, je me permet de pointer d’autres comédies qui, si elles ne sont pas nécessairement geek, ont une parenté. The IT Crowd a été mentionné, et Richard Ayoade qui interprète Maurice Moss, lui aussi codé autiste, est un génie comique. Community est une série qui lâche la rampe de la rationnalité et que je considère comme bien meileure que BBT et n’est PAS une sitcom. On y trouve aussi un perso codé autiste et bien plus réussi à mon sens, Abed, que j’aime d’amour, le formidable duo d’adulescents geek Troy & Abed (in the moooorning), Alison Brie parfaite en première de la classe, etc etc, foncez, les réferences geek y sont d’ailleurs bien plus organiques et réussies. Enfin, Brooklyn 99, jen ne vais pas beaucoup en dire sur cette série, puisqu’elle inclut le personnage du Capitaine Holt, qu’on peut dire codé autiste, parfait Auguste face à la bande de zinzins, avec là encore un interprète en béton, Andre Braugher, qui constitue à mon sens une raison suffisante pour s’y intéresser.

    • Bruno. :)  

      Le très regretté Andre Braugher vaut assurément qu’on s’intéresse à toutes ses performances d’acteur, sitcoms ou autres ; mais Brooklyn 99 -première saison : je n’ai pas vu le reste- est un show franchement hilarant.

  • Chip  

    Petite précision : pour Sheldon on pourrait vraisemblablement parler plus spécialement de ce qu’on appellait syndrôme d’Asperger ou Aspie, mais qu’on dénomme plus volontiers TSA sans déficience mentale, voire, certainement dans le cas de Sheldon, TSA + HPI, ça roule moins sur la langue mais il se trouve que Hans Asperger était un authentique nazi et eugéniste qui a assassiné ou du moins décidé de faire assassiner des centaines d’enfants, ça braque un peu les gens.

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