Batman : Cris Dans la Nuit par Archie Goodwin et Scott Hampton
1ère publication le 18/05/15- Mise à jour le 06/01/18
AUTEUR : TORNADO
VO : DC
VF : Editions USA, Urban
Cris Dans La Nuit est un graphic novel réalisé en 1992 par le tandem Archie Goodwin (scénario) & Scott Hampton (dessin). De ces artisans que l’on surnomme avec affection les « vieux de la vieille ».
Une édition Urban grand format est sortie en 2016 traduite par Alex Nikolavitch.
C’est ainsi qu’en lisant cette aventure, je m’attendais à un récit old-school gentiment naïf. Je me suis gravement trompé : Night Cries (titre VO) est une œuvre adulte d’une noirceur abyssale, avec une orientation claire dans le domaine du roman noir. Le plus noir qui soit…
A Gotham City, un serial killer commet des meurtres atroces, massacrant des familles entières. L’ancien commissaire Gordon, alors qu’il vient d’être nommé préfet, délaisse ses nouvelles attributions afin de mener une enquête qui ne semble pas beaucoup toucher l’opinion ni les autorités, dans la mesure où elle affecte surtout les classes défavorisées, en tout cas en apparence. Batman le rejoint bientôt. Le justicier et le magistrat vont s’allier afin de découvrir la vérité sur une affaire des plus complexes…
Sur bien des points, on profite ainsi d’un récit aux multiples résonances sociologiques (meurtres dans les quartiers défavorisés qui passent au second plan des préoccupations de la police, problème de drogues dans les mêmes milieux pauvres, maltraitance des enfants, etc.) qui tire cette lecture vers le haut. Et l’on se souvient que les super-héros peuvent être, à chaque fois que c’est possible, les vecteurs d’une réflexion entre les lignes (ou les images) touchant à tous les aspects de notre monde…
Non seulement l’histoire de Night Cries est en elle-même très sombre, mais son traitement l’est tout autant. La narration passe par un tandem de voix-off désabusées (procédé hérité du Batman : Year One de Frank Miller, qui permet au lecteur d’entrer dans les esprits respectifs de Batman et de Gordon), de même qu’elle soumet ses protagonistes à la crudité d’une existence sinistre, désespérément solitaire pour le justicier, destructrice pour le magistrat, réduisant sa cellule familiale en miettes.
La partie picturale appuie là où ça fait mal grâce à des planches réalisées en peinture directe, particulièrement étouffantes et brumeuses, voire sanglantes lorsque les meurtres sont découverts. Le découpage est magistral. Les auteurs opèrent une architecture narrative à partir d’une boucle conceptuelle autour de la figure de la chauve souris et de sa relation aux « cris » les plus inaudibles, qui trouve une résonance profonde dans les ressorts de l’intrigue. Où lorsque personne, ou presque, n’entend les cris des innocents dans les profondeurs de la nuit… L’ensemble est magnifique, somptueusement écrit et mis en image.
Ce graphic-novel est un must pour les lecteurs qui aiment le Dark Knight dans son traitement le plus adulte. Une œuvre tragique réservée à un public averti, à des années lumières du mainstream manichéen à base de super-héros luttant contre des vilains en costume (voir le passage où Batman s’interroge sur son apparence et sur l’absurdité de son costume de chauve-souris, conçu pour effrayer les meurtriers…).
A noter, d’ailleurs, que cette histoire n’intègre pas la continuité officielle du personnage. A noter, enfin, qu’elle est écrite par des vétérans dont le parcours professionnel force le respect, notamment quand on prend conscience que c’est Archie Goodwin qui écrivait la plupart des épisodes des anthologies Creepy et Eerie dans la deuxième moitié des années 60…
C’était l’époque du « grim’n gritty » où, dans le giron de Watchmen et The Dark Knight Returns, les éditeurs de comics essayaient d’en rajouter dans la violence graphique afin de plaire aux adultes. C’était aussi l’époque, depuis que Bill Sienkiewicz avait montré l’exemple (aux côtés de Frank Miller) et que Grant Morrison et Dave McKean avaient réalisé Batman : Arkham Asylum, où les comics « pour les grands » se donnaient des airs « arty » grâce au parti-pris artistique de la « peinture directe ». Beaucoup de comics tombèrent alors dans ces artifices pour racoler auprès de ce nouveau public d’adultes plus exigeants en terme de mise en forme narrative, sans pour autant se révéler brillants dans le fond.
Pour autant, ce Cris Dans la Nuit échappe aux seuls poncifs du genre pour devenir une vraie, une authentique et excellente histoire de Batman…
La question mérite d’être posée. Et elle alimente d’ailleurs le conflit entre des artistes comme Alan Moore et Grant Morrison depuis maintenant plusieurs décennies : Les comics modernes doivent-ils s’émanciper de la naïveté inhérente à leurs origines ? La violence et le côté obscur sont-ils une aubaine pour la nouvelle vague ou au contraire une malédiction ? Nul doute que je me positionne clairement du côté d’Alan Moore et que je plébiscite les comics qui versent dans le « Dark Age ». Car il y a bien une place pour ce « Batman Grim’n gritty », destiné à ceux qui ne sont plus des enfants.
Réfléchissons un peu : Cela fait maintenant soixante-quinze ans que paraissent les aventures de Batman, et le justicier demeure le plus souvent politiquement correct. Pour ma part, je me range du côté de ceux qui estiment que la violence graphique des comics possède ses bons côtés, qui non seulement apportent une dimension intense aux récits, mais qui agissent également comme un véritable exutoire, une catharsis finalement très saine ! Tout au plus les éditeurs doivent-ils impérativement ajouter un macaron stipulant « Attention : réservé à un public averti », afin que certaines créations ne tombent pas innocemment dans les mains d’un lectorat trop jeune et influençable.
Après tout, cela fait maintenant bien des années que les films d’horreur existent (et qu’ils plaisent aux adolescents), qu’ils évoluent, qu’ils effacent sans cesse les naïvetés de l’époque précédente, qu’ils développent leurs univers vénéneux, et il n’a jamais été question de nier leur orientation et de retourner à leurs oripeaux ! Je me retrouve ainsi bien davantage dans un récit à l’implication poignante et viscérale que dans un simple divertissement inoffensif et enfantin. Et je m’ennuie à mourir à la lecture d’un comic-book old-school mettant en scène un super-héros naïf à l’ancienne.
Et puis il y en a marre de ces super-slips qui se tabassent avec ces super-méchants sans qu’il n’y ait jamais une goutte de sang qui coule. C’est ridicule ! c’est daté ! c’est infantile ! c’est navrant ! Laissons le sang couler lorsque c’est logique et contentons-nous d’avertir le public ! Il y en a marre de ces héros beaux et propres et de ces postulats naïfs où l’on voudrait nous faire croire que l’on peut devenir un justicier juste parce que l’on est gentil, incorruptible et désintéressé. Sans aucun souci de fragilité, de névroses, de doute, de faillibilité. Qu’est-ce que c’est que ce principe idiot et arriéré ? La violence virtuelle et les noirceurs de l’âme humaine sont les vecteurs d’une catharsis qui peut être domptée et prise avec du recul si elle ne va que dans le sens de la lecture. Il faut vivre avec son temps. L’Âge d’or et l’Âge d’argent, c’est comme l’Âge de pierre : c’est terminé !!!
——-
Batman sur les traces d’une tueur en série et au chevet d’enfants maltraités. Une petite fille rendue muette par sa faute ?
Batman : Cris dans la nuit par Archie Goodwin et Scott Hampton. Un classique des histoires matures du Chevalier Noir, désormais disponible chez Urban à découvrir chez Bruce Lit.
LA BO du jour : Probablement la chanson la plus émouvante sur l’enfance maltraitée
Note pour Bruce : il y a une inversion entre scénariste et dessinateur au tout début de l’article, à corriger à son retour de la jungle…
@Tornado : je l’ai en VO, mais son son format « oversized » fait que je ne le sors pas souvent de l’étagère, faudrait que je le relise. De Scott Hampton, j’aime bien un arc de Legends of the Dark Knight qu’il a dessiné (Coma Dépassé en VF) et d’Archie Goodwin, je me rappelle surtout les courtes histoires de Batman : Black and White.
Concernant la prise de position en fin d’article : les comics étant un « marché », ne pourrait-on pas concevoir qu’il y a de place pour plusieurs segments ? Je préférerai toujours du old-school bien fait (dessiné par Alan Davis, par exemple) à du « mature » râté ou racoleur. Pour autant, je ne recherche pas que des histoires gentillettes. Mais la diversité des histoires, des styles et des approches, ça compte, sous peine de lire « toujours la même chose » (et de déprimer grave)…
Je n’avais jamais entendu parler de ce graphic novel. ça a l’air chouette visuellement en tous cas.
Par rapport à ta réflexion sur le côté sombre des comics qui selon toi font bien de s’émanciper de la naïveté des vieux comics, j’ai toutefois un avis moins tranché. Oui les héros beaux et propres qui combattent des vilains, c’est daté. Mais même dans les vieux Spidey des années 70, le héros passe son temps à douter, à avoir des problèmes, à culpabiliser. Il y a donc tout de même une notion de fragilité, de doutes, sans que pour autant qu’il fasse nuit en plein jour ou que les tripes dégoulinent partout. Ok la narration est datée, mais je trouve qu’on peut traiter de sujets adultes sans que les combats soient nécessairement gores ou que des artifices visuels viennent « focer » une ambiance visuelle sombre. Comme tu le mentionnes avec les comics qui se la jouaient « arty » et en rajoutaient en termes de violence.
Le côté naïf de certains vieux comics est parfois gonflant, oui. Mais en ce qui me concerne, je suis assez content qu’il y ait 2 écoles de pensées pour les comics modernes. ça évite d’avoir uniquement des choses profondément glauques et sombres. Il reste possible de faire évoluer des personnages dans des aventures plus légères, de traiter de sujets sérieux sans qu’il y ait forcément une éclipse à ce moment là qui plonge toutes les pages dans les ténèbres.
Et puis ne pas mettre de sang c’est aussi une question de public. Je ne considère pas que c’est ridicule. Alors oui on peut prévenir que c’est pour un public averti. Mais pour le public plus jeune il resterait quoi à lire ? Que des trucs enfantins, parce que dès que c’est adulte c’est également trop violent pour eux ?
Et puis masquer la violence a aussi son intérêt en terme de narration. Les façons de suggérer la violence (en dessinant le combat en ombres chinoises, en montrant l’issue du combat dans un plan large éloigné, etc) ont aussi un impact intéressant sur la mise en scène. Et peut relativiser l’importance du combat dans l’histoire. Se focaliser en gros plan sur un truc sanglant est parfois bien inutile selon le ton du récit.
Bon là je parle de manière générale. Dans le cas présent de ce comics qui parle de meurtres en série, oui je comprends ta réflexion et ton appréciation du choix fait pour l’ambiance. Mais je ne suis pas vraiment pour généraliser cette tendance à tous les comics modernes.
Ce qui fait le charme aussi de certains comics (ou auteurs de comics), c’est l’approche différente qu’ils ont pour parler de sujet sérieux. Avec dérision, avec légereté, avec humour, avec retenue. Et aussi bien sûr avec violence. Je ne rejette en aucun cas cette approche mais la diversité me parait importante.
Merci pour la découverte Tornado, je ne connais pas du tout ce comic ! Ca a l’air bien… Et pire, je ne connais aucun des auteurs.
Pour ta réflexion finale, je rejoins Matt et JP : même si, par goût, je préfère les albums un peu plus réalistes et sombres, je pense que les deux mouvances peuvent co-exister tant que l’on sait ce qu’on lit, ce qu’on veut trouver etc… De toute façon, même avec une approche de l’âge d’or ou de l’âge d’argent, les comics actuels n’auront sans doute (mais je m’avance peut-être) plus cette narration fatigante et naïve de l’époque.
Mon fils te rejoint en tout cas. Nous venons de regarder le premier épisode de Daredevil, c’est très réaliste et sombre, et ça nous a beaucoup plu. En regardant le premier Seigneur des anneaux, il râlait de voir que Boromir ne succombait pas de suite à ses blessures par flèches, il trouve ça irréaliste. Mais c’est un jeune qui veut grandir trop vite, donc pas de conclusions hâtives : il peut y avoir du comic adulte sans être violent. La preuve, je suis en train de lire le tome 5 de Sandman chez Urban 😉
Sandman, adulte sans être violent ? L’une des premières histoires de Sandman qui m’a marquée est cette nuit passée dans restaurant routier, où Docteur Destiny s’en donne à cœur joie dans le sadisme sanguinolent. La convention des tueurs en série est pas mal dans le genre.
Oui mais ça c’est au début. Là, dans le tome 5, j’ai pour l’instant zéro sexe et zéro violence (enfin, si, très suggérés). Et d’autres histoires, avant, sont complètement indépendantes et vierges de violence.
Je suis tellement d’accord avec vous que j’en vient à penser que je me suis mal exprimé :
Je partais d’un postulat ayant opposé Moore et Morrison : Les comics modernes doivent-ils s’émanciper de la naïveté inhérente à leurs origines ? Les super-héros doivent-ils forcément demeurer des icônes naïves et propres ?
A cette question je répond non.
Les deux tendances peuvent-elles cohabiter pacifiquement ? A cette deuxième question je réponds évidemment oui. D’autant qu’il est tout à fait possible, effectivement, de véhiculer des thèmes et des idées profondes sans verser dans la violence ostentatoire.
Donc, excusez-moi si j’ai été maladroit. Il faut que les deux tendances puissent cohabiter, sans que l’une ne dicte ses lois à l’autre.
Le conflit entre des artistes comme Alan Moore et Grant Morrison – Je ne suis pas sûr de saisir ce que tu évoques. Alan Moore a continué à embrasser les conventions des superhéros, ou des aventures, ne serait-ce que dans Tom Strong. La trilogie de Nemo (de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires) comprend également nombre d’éléments de nature merveilleuse, puisant ses racines dans les contes pour enfants. De son côté, Grant Morrison a également écrit des récits sombres et violents, avec un degré de réalisme (relatif), ne serait-ce que pour son Batman. Effectivement peut-être que Morrison renie moins que Moore, les aspects les plus idiots des superhéros et qu’il s’en sert pour faire ressortir la dimension métaphorique de ses récits.
Comme tout le monde, je pense aussi que les 2 tendances peuvent cohabiter, et même au sein d’une même série. Il m’aura fallu longtemps pour dépasser l’effet produit par la violence édulcorée d’une série comme Usagi Yojimbo, et pour percevoir les éléments adultes de ces aventures d’un lapin anthropomorphe dans un Japon médiéval où les blessures ne saignent pas, mais où les personnages peuvent mourir de manière définitive.
La coexistence de ces 2 tendances est également une question de survie pour les éditeurs. S’ils n’ont pas de série à proposer au segment le plus jeune du lectorat, ils se privent d’un moyen de les habituer aux comics, et de renouveler leur lectorat. Parfois le résultat est incompréhensible pour un adulte (par exemple Suirrel Girl chez Marvel), parfois l’aspect tout public peut également parler au grand enfant qui sommeille dans chaque adulte (le début de la version féminine de Thor par Jason Aaron).
Comme exposition aux univers partagés de Marvel/DC, les dessins animés, c’est pas mal, non plus. Batman the Animated Series c’était mon introduction à l’univers Batmanien. Avengers Earth Mightiest Heroes, la série de 2011-2012 était aussi réussie. Par contre, la récente Avengers Assemble semble hélas bien naze… Quelqu’un serait intéressé pour en parler ? Moi, j’veux bien mais j’voudrais pas tout monopoliser…
Je n’ai pas vu ces dessins animés, aussi tu ne me prives de rien (il faut dire que j’ai des tas de trucs inconnus en stock que je souhaite proposer à Bruce). De même, c’est avec grand plaisir que je lirais un article écrit de ta main sur Batman Black & White.
Je suis assez friand de ces dessins animés qui sont globalement de très grande qualité et « Batman Animated » reste l’une de mes séries animées préférées.
Mais je ne souhaite pas écrire un article dessus pour le moment. Tu peux en profiter !
Dans mes souvenirs, Morrison a fait la guéguerre à Moore en lui reprochant de dénaturer la figure du super-héros à force d’en faire un psychopathe.
Chier ! Je le connaissais pas celui-là ! Et beaucoup trop cher sur le marché dommage ! Mais superbe découverte ca donne envie ! Concernant le débat je serai plus cinglant…gamin pour avoir bouffer des histoires si naives et répétitives adulte j’ai trop de mal à m’y replonger donc je prends tout ce qui est sombre et qui fait cogiter ! Et je ne suis pas dépressif j’aime la vie ! Ces histoires matures voire glauques permettent d’en apprécier toute la beauté (de la vie), on ne peut que se dire que la vie (notre vie) est bien belle et sacrée ! Merci Tornado d’avoir ouvert un bonbon après me l’avoir tendu et de l’avoir bouffé devant ma tronche ! Super article comme d’hab !
Tornado, l’Age d’Or et l’Age d’Argent battrons toujours dans no coeurs de fans, car c’est grâce à ces periodes que nous somme tous devenus mordus de comics. Je pense que tu as perdu un peu de cette magie enfantine qui t’a fais aimer les Strange, tu devrai y songer.
Bien sur les histoires du Silver Age sont anives et bêtes, mais elles ont cette magie qui parle à l’enfant caché en chacun de nous.
Alors vive le Silver Age !
Ah Nicolas, je m’attendais à te réaction ! Nos deux personnalités aux goûts tranchés démontrent finalement que nous pouvons cohabiter pacifiquement ! Et ma conclusion était essentiellement due à un ressenti strictement personnel. 😉
Bien entendu pour une lecture plus substantielle que les comics de Julius Schwartz et de Stan Lee il vaut mieux en effet lire Alan Moore, Frank Miller, Alan Grant, Dennis O’Neil et les auteurs du Modern Age des comics !
Pour participer aux débat un peu tardivement, j’aime aussi les comics violent pour adulte. Puisque ce sont des hors séries qui n’influent pas ( tout le temps) sur la continuité, pourquoi se priver ? Honnêtement quand vous étiez gamin, lire le DD de Miller, le Rom de Mantlo ou les Xmen de CLaremont, c’était quand même mieux que de lire Spidey ( le magazine ) avec les Xmen de Stan Lee, non ?
Les adaptations ciné, les crossovers, Bendis et ses conneries ne me généraient pas outre mesure si MArvel gardait cet espace de respiration pour des lecteurs matures comme le temps de Marvel Max.
Il ya une sorte d’hypocrisie que je trouve insupportable depuis Civil War: faire des héros Marvel des brutes épaisses pour flatter ce lecteur qui en a marre des bastons infantiles ( dixit TOrnado ) tout en faisant le grand écart sans rien changer….
Donc….
Je ne suis pas Batfan mais vu le temps que j’ai passé au lit cette semaine à éponger ma fièvre (pas du samedi soir….), je me suis lu tous les Batman et Robin de Gleason et j’ai trouvé ça chouette. Pas exceptionnel, mais intéressant. J’aime bien Damien Wayne. Il force l’autre coincé en noir à s’humaniser un peu.
Bon, j’ai encore beaucoup de mal avec les vilains de ce héros. Le personnage de Double-Face ok, mais c’est pas un peu chiant le coup de la pièce depuis 70 ans ?
J’ai sauté beaucoup de passages de combats cosmiques et de mythologie nordiques dont je n’ai que faire pour me concentrer sur le volet humain de la chose.
Il y a bcp d’humour, notamment dans le combat final où le fils de Darkseid glisse sur une bouse de vache !!!!
Du coup, je viens de troiuver la version Urban à 6€ à Gibert de ce Cri dans la nuit et n’ai pu résister à la tentation. Je te fais un retour bientôt.
Une question : pourquoi Gordon n’a pas encore percé Batman à jour ? Ou autrement, pourquoi Batman ne se révèle pas à son seul allié ?
Parce que Gordon est un peu con.
Non sérieusement on ne sait pas. Même si dans certains comics il a des doutes, et parfois il connait le secret de Bruce, notamment dans la série « batman, le chevalier noir » de Finch (oui ben la continuité DC n’a aucun sens, il n’y a pas de continuité avec les reboot tous les 2 ans)
Et sinon, tu ne regarderas jamais la série animée de 1992 ? Franchement c’est toujours the best pour moi. Les films, les comics, ça n’a jamais autant marché sur moi. Peut être qu’il y a un côté nostlagie, mais c’est une super série. Même le long métrage « le fantôme masqué » est mon « film » Batman préféré.
Bon…C’est aussi absurde que si Foggy ignorait que Matt=DD.
Je n’ai jamais accroché à la série Batman ni aux Xmen d’ailleurs. Déjà à l’époque je considérai ces adaptations comme sans intérêt. En outre non seulement j’aimais pas Batman mais le graphisme me semblait trop grossier. J’avais tort hein….
J’ai beau préférer Marvel, la série animé Batman écrase complètement les séries animées Marvel.
« Bon…C’est aussi absurde que si Foggy ignorait que Matt=DD. »
Ben…il l’a longtemps ignoré, non ? Le truc chez DC c’est qu’il n’y a pas de continuité comme je le dis. On ne peut pas se dire « depuis toutes leurs aventures, Gordon n’a rien deviné ? » parce que…techniquement toutes les X années c’est une réécriture, un reboot, ou une série hors continuité. DC n’était pas gêné par exemple pour raconter une série avec Bruce Wayne en Batman à une époque où dans la continuité, il était mort. Je crois…
Gordon sait, m’enfin…
Autant que je sache, Gordon connait parfaitement la double identité de Bruce Wayne. Après, ça dépend de « quelle continuité » on parle, vu que chez DC c’est encore bien pire que chez Marvel de ce côté là. Et je n’ai toujours rien lu du Batverse période récente (après Batman : Silence) en dehors de la série le Chevalier Noir qui, justement, se tenait à l’écart du crossoverintercontinuité.
Ce « Cris Dans la Nuit » est d’ailleurs complètement hors-continuité. C’est une sorte de récit genre Marvel MAX.
Il faut vivre avec son temps. L’Âge d’or et l’Âge d’argent, c’est comme l’Âge de pierre : c’est terminé !!!
Héhé, ça s’est quasiment un sujet de dissertation geek, non ?
Bon j’ai lu ce bouquin. Il n’y a pas à dire c’est de la belle oeuvre. Je suis assez sensible bien évidemment à l’abord des enfants maltraités et leur devenir. La scène où Gordon réalise qu’il est un mauvais père et demande pardon à son petit garçon est très émouvante. Tout comme celle où Batman se démasque devant l’enfant apeurée, un geste que je pensais inconcevable venant de lui.
Pour le reste, c’est juste trop froid pour moi. Il ne manque que la clim’ réglée à 10° pour lire ce machin. Attention, c’est du haut de gamme, mais qui ne correspond pas totalement à ma recherche des émotions humaines. J’ai beaucoup aimé mais ne suis pas sûr de vouloir le relire.
Ce qui est sûr c’est que Bendis est vraiment le roi des connards : une des seules histoires que j’ai gardée de lui reste Cauchemar illustré par David Mack qu’il a complètement pompé sur cette Bat-Story. Mais quel enfoiré !!!
Je te remercie néanmoins de cette découverte qui modifie lentement mais sûrement ma culture sur le Chevalier Noir.
Ah Bendis, c’est le roi du recyclage, c’est sûr.
Merci pour avoir fait cette chronique parce que je me suis longtemps demandé si c’était bien ou pas.
merci de l’avoir ressorti…
Je ne pense pas que le « grim’n gritty » suffise à propulser le genre Super-Héros dans la catégorie lecture pour adulte : il y a un contresens, là -ou alors on ne parle que de l’aspect légal concernant les publications pour la jeunesse, et le recours à la violence (picturale et/ou scénaristique) comme argument de vente et, forcément, de sélection sévère du lectorat visé.
Le Super-Héros est, par essence, totalement irréaliste, d’un point de vue purement objectif. Même les plus « incarnés », au delà de leur simple origine, demandent (exigent !) une approche adaptée -le plus souvent naïve- pour que l’esprit accepte de s’intéresser à leurs problématiques récurrentes ; et ce même pour les créations les plus extraordinaires et richement argumentées de cette toute fin/début de siècle. Les fans de James Bond, du côté du cinoche, ne peuvent certainement pas concevoir comme « réalistes » les avatars à coups de rebondissements à répétition que traversent, sans même abîmer leur brushing, les différentes incarnations de ce superman sans costume (quoi que ?!) : il faut obligatoirement accepter le fait qu’on regarde un spectacle, et pas « une histoire d’espionnage ».
L’absence d’effusions de sang dans les castagnes entre balaises costumés ne diminue en rien l’impact de la violence suggérée par le talent des artistes aux commandes, que ce soit sous la forme des effets purement esthétiques soulignant les coups ou, plus simplement, des onomatopées, toutes aussi graphiques, qui peuplaient les cases des périodiques, jusqu’à une époque relativement récente. En ce qui me concerne, même du point de vue du gamin que j’étais, la présence ou l’absence de sang sur la main de la fillette dans « Dieu Créé, L’Homme Détruit » m’impactait exactement de la même façon, et pas de manière anodine ! À peine constatais-je l’hypocrisie flagrante de la censure dans mon pays, de manière objective et pour la première fois.
Je doute un peu, aussi, que les enfants puissent à ce point être influencés par les « messages » qui leur arriveraient de l’extérieur, même sous la forme aussi séduisante et facile qu’une BD, quand ils bénéficient d’une structure familiale cohérente -même si tout juste basique. J’avoue avoir du atteindre l’âge adulte pour, effectivement, me poser des questions quant à la justification du meurtre de sang-froid commis par Wolverine, en Terre sauvage : il n’y en a pas. Et, si je le sais, c’est que j’ai eu le bol d’avoir des parents dignes de ce nom, et pas parce qu’on m’a empêché de voir des scènes comme celle-là -même hors-champs. Bon, c’est un autre débat, et je ne suis pas forcément la personne la mieux informée sur le sujet.
Ça fonctionne sans doute pour certains, le figuratif cru : mon camarade d’enfance ne cessait de dessiner des personnages se trucidant allègrement les uns, les autres, à grands coups d’épées ou de fléaux, le tout forcément ré-haussé de stylo-bille rouge, pour faire bonne mesure. Il a très tôt délaissé le genre Super-Héros, préférant l’Heroic-Fantasy de Conan et consorts, infiniment plus crédible à ses yeux à cause, justement, de cette mise en avant de la souffrance humaine « physique » qui, j’imagine, remuait sa sensibilité bien davantage que ne parvenaient à le faire les hurluberlus en collants dont j’étais, moi, si épris. De mon côté, je ne pouvais simplement pas adhérer à tant de manichéisme, tant les mœurs de ces personnages me semblaient sans profondeur, comparées aux affres sociales, bien plus raccord avec mon temps et ma sensibilité de midinette (j’exagère à peine…), de Peter Parker et Cie.
Mais les deux approches sont aussi fantaisistes l’une que l’autre ; et ne fonctionnent que si l’on admet un certain nombre de règles pré-établies implicitement par la nature même de ce qu’on va lire : des fascicules destinés avant tout à distraire et, dans la foulée, se vendre.
Si on se place d’un point de vue « réaliste », le sort de l’enfant Conan est insoutenable. Le drame de Peter Parker est insupportable. Bruce Wayne est obligatoirement fou à lier, étant donnée la manière (!!) dont il a intégré son traumatisme. Superman est un monstre, dans son unicité inhumaine ! Mais, dés lors qu’on admet une suite, forcément peuplées d’aventures, à ces destinées tragiques, on est obligé de placer un filtre perceptuel entre ce qu’on nous présente et l’esprit critique, forcément rationnel, qui nous habite. Seule l’extrême simplicité du personnage de Conan (en BD, en tous cas) le sauve presque, d’un point de vue narratif : son apparente indifférence permet une plus grande crédibilité à ses avatars à répétition.
Ce Graphic-Novel part certainement d’un bon sentiment -Archie Goodwin est un grand défenseur de l’Humain devant l’éternel- mais, au sein même d’un univers de Super-Héros (même si, ici, ils se limitent à un seul), la démarche me semble automatiquement vouée à l’échec au niveau de la démonstration (dénoncer, informer…) et passablement dérangeante au travers de son sujet, étant donnée qu’elle en donne une vision des plus adoubée, officiellement parlant.
C’était peut-être l’époque qui voulait ça et, étant donné l’âge respectable de l’auteur, une certain naïveté au niveau de la perception du « problème ». Ça n’a « d’adulte » que le ton : on en ressort sans rien savoir de plus sur la réalité des exactions en place, au delà du simple « fait divers », sordide et banal, qu’on connaissait déjà, généralement annoncé de la salive plein la bouche par nos présentateurs de JT préférés (!). Rien non plus des prises de positions officielles des autorités concernées pour remédier à la situation (ha-ha. mais je ne ris pas).
Cette idée d’une version adulte du Super-Héros n’est qu’un mythe, véritablement. Quelle que soit la rigueur avec laquelle on aborde le sujet en l’exploitant sous une forme sérieuse : automatiquement, il sort du contexte et adopte, alors, une toute autre coloration. Les itérations les plus outrancières de ces dernières années, même brillamment exécutées, se retrouve inévitablement, à un moment ou un autre, limitées par le genre même, et obligées alors à d’impossibles contorsions scénaristiques pour continuer à exister à l’intérieur du carcan bien contraignant que le genre représente, ne serait-ce que d’un point de vue logique/plausibilité. Rien n’est plus « cheveux sur la soupe » que l’intervention de toute la cosmogonie explicative des origines de Miracleman, vers la fin du récit : ça abîme immédiatement l’angle « réaliste » choisi par Alan Moore pour étayer son histoire, définitivement S.F. qu’elle était au départ, pour le coup. Et même l’apocalyptique des dernières scènes, illustrées si figurativement par l’impressionnant (et regretté) Gary Leach, ne parvient pas à concilier les deux approches : la suite impose d’emblée de décoller vers un récit d’Anticipation, véritablement.
Chaque pétage de plomb des vingt-cinq/trente dernières années, chez nos acrobates en lycra -et ce malgré de nombreuses cases bien trash et bien loin des limites imposées par le Comic-Code des Sixties/Seventies- ne peuvent toujours pas être jugées comme « adultes » dans leur trop évidente innocuité politique et/ou psychologique : à peine peuvent-elles choquer par leur simple présence, plus ou moins gratuite au milieu du reste, quand on sait -d’expérience- qu’elles n’ont aucune charge de sens au delà de leur utilité commerciale.
C’est un faux procès, cette dichotomie entre les publications. Elle n’existe vraiment qu’au niveau du public visé, et n’a rien à voir avec une hypothétique valeur intrinsèquement « adulte » du propos : ça ne peut l’être vraiment, chez les Super-Héros.
Fantômette et consorts : même combat. 🙂
J’allais oublier (pour une fois que je connais l’interprète qui « illustre » un de vos avis OUARFF !) : super choix musical, en tête d’article ; mais pouvait-il y en avoir un autre ?! J’espère, sans trop y croire, bien que non.
À ce sujet, une anecdote : je me souviens avoir discuté de cette chanson avec une jeune fille de mes connaissances qui, tout juste revenue des USA, me croisa un jour sur mon lieu de travail. Au fil de notre discussion décousue, et assez incroyablement pour quelqu’un d’évidemment parfaitement bilingue, elle m’avait soutenu que l’enfance maltraitée n’en était pas le sujet… Et puis, ayant deviné plus ou moins inconsciemment sa propre relation personnelle au problème -je n’ai pas de détail et nous n’en avons jamais parlé (nous ne nous sommes jamais revus)- j’en ai déduit que, par un phénomène typique de négation automatique, à vocation auto-protectrice, son esprit se refusait en entendre la signification derrière les mots, à priori innocents, de Suzanne Vega.
Le fonctionnement de l’esprit humain, qu’on ne contrôle tout simplement pas, est autant un atout qu’une gêne, selon les circonstances.