Sup’Héros : entre nostalgie et revival

Sup’Héros par Thierry Mornet et Michel Montheillet

Special Guest : David BREHON

VF : Black and White

1ère publication le 07/06/21 – MAJ le 19/08/21

©Black and White

Ah la belle génération d’irrécupérables geeks nostalgiques, s’agrippant désespérément à leurs souvenirs. Ils vénèrent Goldorak et Casimir comme de saintes icônes, Strange leur tient lieu de Bible et ils ne se sont jamais remis de la mort de Phénix et de Gwen Stacy.

Ils sont désormais quadras ou quinquas, se sont embourgeoisés et affichent tous les atours de la respectabilité. Mais ils n’ont jamais réussi à tourner la page de leur enfance idéalisée, perpétuellement hantés par l’écho lointain du bonheur puéril que leur procurait leur dose mensuelle de l’Homme-Araignée et consorts. Alors ils achètent tout ce qui pourraient les aider à retrouver cette magie qui a enflammé leur imagination de marmot. Et ils sont insatiables.

Jean-Yves Mitton a été le premier à surfer sur la vague des super-héros ©Black and White

Après les soirées Gloubi-boulga et la pléthore de publications sur les dessins animés des années 70-80, nos nostalgeeks jettent leur dévolu sur les vieux super-héros français. Certains éditeurs l’ont bien compris et rééditent à tour de bras Mikros, Photonik, Epsilon, Cosmo, Kronos…, sans parler de la production de nouvelles aventures.

A cela s’ajoutent les ouvrages qui les évoquent. Si on pense évidemment au travail de référence de Xavier Fournier dans Super-Héros, une histoire française, il ne faut pas oublier Nos années Strange, Spécial Origines Sup’Héros et, plus récemment, Mitton Universe (réédition très augmentée de Spécial Origines Sup’Héros). Bref, la littérature sur ce le sujet ne manque pas, de quoi rassasier les collectionneurs les plus acharnés.

©Black and White

On peut alors légitimement se demander ce qui est passé par la tête de Thierry Mornet et son compère Michel Montheillet pour sortir Sup’Héros, la grande aventure du magazine Mustang dans un marché déjà bien encombré. Et que raconter qui n’ait pas déjà été dit ? C’est donc avec méfiance et scepticisme que j’ai vu arriver cet énième bouquin sur Mikros et Photonik. Mais bon, Thierry Mornet a deux mérites qu’on ne peut pas lui enlever : c’est un éditeur ayant très bon goût (le catalogue comics Delcourt dont il est responsable en est la meilleure preuve) et il est très sympathique. Je lui ai donc fait confiance sur ce coup. Et je ne l’ai pas regretté.

Avant de parler du livre en question, il peut être utile pour nos lecteurs de moins de 40 ans d’évoquer ce que représente le magazine Mustang. Fin des années 70, une terrible vague s’abat sur la France : la spidermania. Les enfants en sont fous, notamment grâce au célèbre dessin animé dont le générique est entré dans la légende. Les ventes de Strange (le journal de Spider-Man) s’envolent et son éditeur, Lug se dit que ça pourrait être une bonne idée de capitaliser sur le succès des super-héros pour créer leurs propres personnages. Après quelques essais (dont la réalisation d’épisodes inédits du Surfeur d’Argent, rien que ça), Lug passe à la vitesse supérieure en lançant un nouveau magazine dont il produit 100 % du contenu. C’est ainsi que débarque en juin 1980 une génération de super-héros français, qu’on appelait alors Sup’Héros (le terme super-héros était à l’époque l’apanage de Marvel et DC). Mikros et Photonik y font leurs premiers pas sous les pinceaux respectifs de Jean-Yves Mitton et Cyro (Cyrus) Tota. Pour d’obscures raisons administratives et fiscales, Lug décide d’utiliser le titre Mustang, un Petit Format dédié au Far West, plutôt que de créer une revue ex nihilo. Alors, comme il faut bien justifier le nom de ce mensuel, on y ajoute une 3e série avec le sup’héros amérindien Ozark, dont le cheval se nomme… Mustang. Oui, c’est une idée pourrie et le personnage sera d’ailleurs rapidement abandonné.

Heureusement que Lug n’a pas choisi de mettre ses sup’héros dans le petit format Kiwi ©Black and White

Mikros et Photonik remportent davantage de suffrages que leur camarade sioux et restent au sommaire les 17 numéros que dure l’aventure. Mais si le magazine n’arrive pas à s’imposer auprès du public, Lug ne veut pas abandonner ses créations et les rapatrie au sommaire de ses autres mensuels. Mikros se fait une place dans Titans, entre La Guerre des Etoiles et Dazzler tandis que Photonik brille aux côtés des rééditions des premiers X-Men dans Spidey. C’est donc dans ces deux revues que nombre de lecteurs français de Marvel découvrent les sup’héros made in France. Le talent de Mitton et Tota valant bien celui de leurs homologues ricains, les fans les adoptent rapidement. Photonik et Mikros deviennent aussi appréciés pour cette génération que Daredevil ou Iron Man. On comprend mieux pourquoi leur souvenir perdure chez les nostalgeeks.

Quant à savoir pourquoi Thierry Mornet s’est lancé dans l’aventure, c’est assez limpide : il suffit de regarder son parcours. Lorsqu’il s’est retrouvé éditeur chez Semic (successeur de Lug), il ramène tous les héros créés par Lug (hors Photonik et Mikros, propriétés de Tota et Mitton) au sein d’un univers cohérent (Hexagon parfois surnommé le Semicverse). A la tête du département comics de Delcourt, il réédite Mikros et lance une nouvelle vague de comics français (dont Fox-Boy). Enfin, il auto-édite les aventures d’un super-héros qui est quasiment l’incarnation de la France : Le Garde Républicain, personnage qu’il a créé dans sa jeunesse à l’occasion d’un concours pour Strange 100. Autant dire que nul ne peut nier l’amour de Thierry Mornet pour les Sup’Héros à qui son ouvrage rend hommage. Il s’est associé à Michel Montheillet, dessinateur de talent, pour rédiger ce livre. Et pour le publier, ils ont fait appel à un éditeur on ne peut plus légitime sur ce sujet, Black and White, qui réédite déjà Photonik sous 3 formats (très beaux) formats différents et orchestre son retour dans un ultime récit signé Ciro Tota.

©Black and White

Si l’on peut être rassuré par l’équipe aux commandes, on aurait pu craindre que le livre se limite à une déclaration d’amour ou à un rappel des plus belles heures de Photonik et Mikros. Il n’en est rien. Les auteurs nous racontent avant tout l’aventure éditoriale des sup’héros, de leurs prémices (Fantax, leur ancêtre) à leurs différents retours, en passant par l’influence qu’ils ont eu sur la nouvelle garde d’auteurs de french comics. Pour ce faire, Michel Montheillet et Thierry Mornet ont interrogé les différents artistes de la mythique revue pour en connaître les coulisses. La part belle est bien évidemment faite aux deux stars que sont Tota et Mitton. Les questions sont pertinentes et les réponses sont généreuses en informations pour les fans, même si Ciro se montre un peu moins disert que son camarade.

Preuve de l’exhaustivité qui caractérise cet ouvrage, les auteurs sont également allés chercher André Amouriq qui a joué l’intérimaire sur quelques épisodes de Mikros. Evidemment, ils ne pouvaient pas faire l’impasse sur Claude Vistel, la PDG des Editions Lug à l’époque. Si elle a accepté de répondre aux questions, force est de constater qu’elle se montre laconique et ne nous apprend finalement pas grand-chose de neuf. Cependant, cet entretien permet de mettre en valeur celle à qui les lecteurs français de comics doivent tant. Thierry Mornet et Michel Montheillet se sont fendus d’un article pour chacune des séries qui ont eu l’honneur d’apparaître au sommaire, ne serait-ce que pour un épisode (Le Gladiateur de Bronze)… et même pour la série qui a été recalée, Zolt Zam, création des époux Chantereau.

©Black and White

Outre la période Mustang, Sup’Héros évoque très rapidement Fantax, l’ancêtre des super-héros français, et, bien plus longuement, le destin de Photonik et Mikros dans Spidey et Titans ainsi que les tentatives pour les ramener au fil des ans. Là encore, le propos est complété par des interviews d’artistes ayant travaillé sur les personnages. On découvre ainsi des projets de reprise qui n’ont pas été menés à terme, avec les explications des dessinateurs concernés et même des extraits de leur travail jusque-là inédit. Ces témoignages précieux nous laissent entrevoir ce qui a failli être proposé aux lecteurs. C’est tout un pan méconnu de l’aventure éditoriale des french comics qui se dévoile devant nous.

Bien entendu, les différents retours réussis de Mikros et de Photonik sont détaillés, jusqu’à leurs apparitions les plus confidentielles. Articles et entretiens avec les collaborateurs de Mitton (Reed Man, Oliver Hudson) nous éclairent sur les coulisses des nouvelles aventures de Mike Ross et des autres sup’héros. Même le destin d’Ozark au sein de l’univers Hexagon est dévoilé, pour les fans les plus acharnés.

©Black and White

Plus anecdotique, le concours de dessin de super-héros français paru dans Mustang 59 fait l’objet d’un chapitre de 10 pages, avec la participation du lauréat et de plusieurs participants qui ont depuis œuvré dans l’univers des comics et de la BD. Le sujet ne mérite sans doute pas la large place qui lui est faite mais il est l’occasion de montrer une planche inédite de Mikros pas Mitton remportée par l’heureux gagnant et de donner la parole à des fans plus ou moins célèbres.

Et quitte à donner la parole à des fans, presque toutes les vedettes de la comicosphère française ont été convoqués pour rendre hommage à cette revue fondatrice. De Xavier Fournier à Laurent Lefeuvre en passant par Paul Renaud, Thomas Frisano, Fabrice Sapolsky, Jean-Marc Lainé ou Jean-Marc Lofficier, tous se prêtent au jeu sur une trentaine de pages. Et c’est un peu là le point faible de l’ouvrage. Avait-on vraiment besoin de consacrer autant d’espace à des témoignages d’anciens lecteurs, fussent-ils connus pour certains d’entre eux ? Le contenu de ce livre est suffisamment riche pour qu’on nous dispense de ces textes sympathiques mais pour certaines superflues. Heureusement, cette section Hommages contient une galerie d’illustrations réalisées par une pléiade d’invités talentueux. En admirant certains dessins, on se dit que la relève des auteurs de french comics est assurée.

©Black and White

Et puisqu’on parle de dessins, il serait impensable de ne pas évoquer la riche iconographie de cet ouvrage. Affiches, croquis, sérigraphies… On sent que Thierry Mornet et Michel Montheillet ont voulu faire plaisir aux fans. Ils nous offrent en effet les plus beaux dessins que Tota, Mitton et les autres ont pu réaliser sur nos sup’héros préférés après l’arrêt de leurs séries. A cela s’ajoute les couvertures des différentes rééditions et des récits inédits qui sortent actuellement aux éditions Original Watts et Black & White. Evidemment, on retrouve également des dessins d’époque : les couvertures des 17 numéros de Mustang, des planches originales, des publicités, des couvertures non retenues… C’est un véritable feu d’artifice qui séduira autant le nostalgique à la recherche de sa madeleine que le complétiste en quête d’illustrations rares et inédits.

Enfin, le livre s’achève par un dernier hommage sous la forme d’une courte BD scénarisée par Thierry Mornet et illustrée par un Marti inspiré. Ce mini-comic book est l’occasion de réunir Photonik, Mikros et Ozark, comme sur la couverture de Mustang 54, histoire de boucler la boucle. 

Au final, ce qui aurait pu s’annoncer comme une redite du récent Mitton Universe s’avère une excellente surprise qui évite les écueils du panégyrique lyrique ou de l’hommage facile et sans valeur ajoutée. Bien documenté, riche en informations et magnifiquement illustré, ce livre s’adresse tout aussi bien aux quadras nostalgeeks qu’aux lecteurs curieux d’en savoir plus sur les plus célèbres super-héros français.

Mornet et Montheillet : 1ère dédicace post-covid à Lyon
©Xavier Fournier

45 comments

  • Présence  

    Quelle bouffée de nostalgie : je me souviens encore des numéros de Mustang. Peut-être même qu’il m’en reste quelques-uns.

    Thierry MORNET auto-édite les aventures d’un super-héros qui est quasiment l’incarnation de la France : Le Garde Républicain, personnage qu’il a créé dans sa jeunesse à l’occasion d’un concours pour Strange 100. – Je ne savais pas que ce personnage datait de Strange 100.

    Ai-je lu trop vite, ou Cosmo semble-t-il manquer à l’appel ?

    • David  

      Présence, je te rassure, Cosmo est bien présent au sommaire de cet ouvrage très complet. Les auteurs se sont montrés plus exhaustifs que moi.
      Oui, Thierry Mornet peaufine son concept de Garde Républicain depuis longtemps. On peut dire qu’il a de la suite dans les idées.

      • Présence  

        Du coup, je suis allé chercher sur internet : Strange 100 a été publié en 1978. Le Garde Républicain a donc plus de 40 ans d’existence !

        • David  

          Il est donc précurseur, Mikros et Photonik sont donc ses héritiers 🙂

  • Tornado  

    Je n’ai pas connu MUSTANG. Pourtant le nom me parle. Mon grand frère en avait peut-être à la maison.
    Je n’ai jamais accroché ni à Photonik, ni à Mikros. Je ne les lisais jamais dans les Titans et les Spidey. Je trouvais que l’ambiance habituelle des super-héros Marvel, cette sensation d’univers partagé, n’était pas présente. Je n’éprouve donc aucune nostalgie à leur sujet.
    En revanche, je suis tombé dans EPSILON dès le premier numéro. Ça a été un choc. Ça m’a tiré de l’enfance naïve des habituelles BDs que je lisais. Il est probable qu’en contrepartie ce soit à cause de cette série que, paradoxalement, j’ai cessé de lire des comics à cette époque, pour y revenir plusieurs décennies plus tard !
    Hélas, EPSILON est peut-être la seule série du lot a ne pas avoir bénéficié d’une réédition en albums. Il y a eu une série de fascicules et un coffret pour les réunir. Je me souviens les avoir feuilletés et avoir été hyper déçu. Quel intérêt pour moi qui avait déjà tous les épisodes dans mes anciens TITANS ? Je n’ai pas investi.

    Du coup, malgré toutes les qualités évoquées à propos de cette reliure signée Mornet et Montheillet, je ne me sens pas tellement impliqué. Pourtant j’adore ce genre de bouquin (je me suis offert NOS ANNEES STRANGE (l’article est sur le blog il me semble, bizarre qu’il n’y ait pas le lien aujourd’hui) et celui sur Jean Frisano).
    Article très intéressant quoiqu’il en soit.

    • David  

      Merci Tornado. Je dois avouer qu’Epsilon a également été la BD qui m’a le plus profondément marqué, bien plus que Mikros ou Photonik. J’ai eu la chance de rencontrer Mitton qui m’a fait un sketch d’Epsilon. La réédition des premiers numéros a été une catastrophe à cause de la qualité du matériel (mauvais scans). J’ignore si nous aurons un jour une réédition digne de ce nom. Mitton a ensuite fait Kronos, vite abandonné pour cause de départ vers d’autres aventures. J’ai été agréablement surpris de découvrir récemment une histoire complémentaire à cette trop courte saga. Mitton est depuis revenu plusieurs fois sur Mikros mais jamais sur Epsilon, qui est peut-être moins connu mais autrement supérieur.

      • Tornado  

        Je ne me souviens pas de la mauvaise qualité des fascicules d’EPSILON. Mais surtout du prix (6,50 € l’épisode/fascicule) et du côté cheap (revues alors qu’on espérait des albums).
        La réédition s’est arrêtée au 6° fascicule. Le coffret était vendu 45€ pour seulement les 6 premiers épisodes de la série (qui en contient 21 au total !). Une aberration éditoriale. Je ne regrette vraiment pas d’y avoir renoncé.
        Je crois hélas que cette série restera éternellement prisonnière, intégralement, de nos vieux TITANS…

        Je me souviens avoir envoyé il y a quelques années un mail à Delcourt en leur demandant si EPSILON aurait droit, comme PHOTONIK, à une collection en albums. Ils m’avaient répondu un truc comme « Mais bien sûr, aucune raison de faire l’impasse sur cette magnifique série ! ». 😅

        • David  

          Thierry Mornet avait été clair avec moi : ça ne sortira pas chez eux car Mikros n’a pas rencontré le succès espéré.. En revanche Original Watts réédite tous les French comics de Mitton, même Cosmo ou Demain les monstres. Quand ils auront fini Mikros, on peut raisonnablement espérer qu’ils se mettent à rééditer Epsilon. Mais pour ça, il faut que Mikros se vende bien.

        • Maxime  

          Bonjour,

          Epsilon aura droit à une belle intégrale, une fois celle de Mikros terminée ! D’ici là, il nous reste les Titans :p

  • Nikolavitch  

    C’est clair que Thierry Mornet est un fin connaisseur du domaine, et en effet quelqu’un de formidablement passionné et sympathique. à titre personnel et professionnel, je lui dois énormément : c’est lui qui m’a démarché pour devenir traducteur (plus de vingt ans après, on bosse encore ensemble) et il a publié un paquet de mes premières histoires : des récits courts en BD, deux nouvelles en prose, et surtout Spawn : Simonie. Un boss, dans son genre.

    • David  

      Oui, c’est avec Spawn Simonie que je t’ai découvert, Alex. J’ai trouvé ça très fort de proposer du French Spawn à l’époque mais je m’étais demandé qui était ce Nikolavitch qui a eu le privilège d’écrire le scénario. Quel parcours a-t-il pour mériter cet honneur. 20 ans plus tard, on se rend compte que Thierry avait du flair. C’est également lui qui m’a fait découvrir Laurent Lefeuvre avec la rencontre de Fox-Boy et du Garde Républicain.

      • Nikolavitch  

        J’étais un auteur maison, (j’avais déjà plus de cent pages de scénar à mon actif dans les pockets Semic, en plus de mon album chez Soleil), je connaissais bien l’univers de Spawn (je le lisais depuis des années et j’en avais traduit un peu), j’avais déjà l’habitude de bosser avec Aleksi Briclot… Donc y avait des arguments en ma faveur, mais c’était néanmoins un pari…

        • David  

          Ah, c’est intéressant d’apprendre sur quels critères on choisit un auteur, surtout avec le recul qui nous permet de dire si le choix était judicieux. Et vu ta carrière, Thierry avait eu du flair. Oui, donner sa chance à quelqu’un est toujours un pari. C’est tout le seul du métier d’éditeur.

  • Eddy Vanleffe  

    J’ai toujours esquivé ces personnages, je ne sais pas trop pourquoi, j’aimais bien Photonik mais je ne lisais presque jamais TITANS, le reste, ne me dit rien si ce n’est comme tu le dis David à travers les nombreux articles et ouvrages sur le sujet, un peu comme une sorte de « nostalgie des autres ».
    On l’a offert le tome Photonik /Mikros et j’ai trouvé ça très hautain vis à vis du genre, un peu comme si les auteurs se posaient la question eux même: « mais comment font les fans pour aimer ces débilités?  »
    je l’ai reposé et n’ai plus tenté l’aventure…
    Peut-être me ferais je quand même les Photonik de chez Black and white, le perso avait un bon potentiel et le dessin de Tota est juste incroyable….
    Le reste, ben j’avoue avoir soutenu le magazine FANTASK nouvelle mouture avec les héros Hexagon puis le magazine STRANGERS (très bien trouvée comme idées replaçant le logo d’origine et tout…)
    puis ils sont partis dans des réseaux auxquels j’avais pas accès sur le moment (moi les technologie et la vente en ligne ça fait 2) et j’ai totalement oublié cet univers très riche en fait!

  • David  

    Les Photonik de Mitton sont objectivement d’excellente qualité, surtout les épisodes parus après Mustang. Mikros, au-delà de la nostalgie, il y a à boire et à manger, certaines sagas étant dispensables. C’est surtout Epsilon qui m’a conquis, à l’époque. Aujourd’hui, Mitton revient sur ses personnages avec un regard distancié. Il s’amuse mais ne prend pas ses héros au sérieux. On peut s’en amuser ou le regretter.

    • Eddy Vanleffe  

      Tout à fait, je n’ai pas d’affinité avec l’écriture de Mitton personnellement. Je ne sais pas ce qui coince mais Déjà DEMAIN LES MONSTRES, j’avias été déçu et ses Chroniques érotico-barbaresques m’ont laissé froid!

    • David  

      Oui, il adore en effet les récits historiques et érotiques, pour ne pas dire pornographiques. Sa production post-french comics en témoigne. Il a raison de faire ce qui lui plaît mais c’est sûr qu’il ne s’agit pas toujours du même public. Son Epsilon mérite pourtant le détour. Tota a une approche plus marvellienne, moins parodique.

      • Chip  

        Je fais partie du public cible de l’ouvrage mais comme tu le mentionne, la profusion d’ouvrages (acquis, et je rajoute le numéro de Comics Signature consacré à LUG) m’a fait faire l’impasse sur ce coup-là, bien que ta recension ne soit pas loin de me faire changer d’avis.

        Le détachement un peu dédaigneux de Mitton face à ses super-héros que l’on constate maintenan est pour moi la face sombre de ce qui en a fait ses qualités : le Mikros des débuts est très plat (sans parler de Cosmo, sans inspiration si ce n’est le trait de Mitton), et au fur et à mesure leur créateur va les soumettre sans vergogne à des épreuves terrifiantes (littéralement mutilés physiquement et mentalement), jusqu’à faire gagner leur ennemi – et finalement conclure par une histoire de passage à l’âge adulte dans une dystopie, l’excellent Epsilon. J’y vois à la fois la volonté de « John Milton » de tâter aux genres d’horreur, post apo et compagnie et son peu d’attachement personnel à ses protagonistes.

        • Chip  

          Désormais, je l’appellerai « John RR Milton ».

        • David  

          Effectivement, le Mikros des débuts est sans intérêt à part quelques vilains au look sympa. Ça commence à décoler vraiment avec la saga Psy où il martyrise en effet ses héros. Et Mitton atteint son sommet sur Epsilon. C’est dommage qu’en retournant sur Mikros, il n’ait pas gardé la maturité de cette période. Au contraire, il fait dans le régressif.

  • Jyrille  

    Merci beaucoup David pour cet article riche en enseignements ! Je me reconnais bien dans l’introduction, tout en étant très peu spécialiste ou aficionado des Lug. Je ne me souviens pas du tout de ce magazine Mustang, par contre je me souviens des petits formats Kiwi. Ceux que j’avais ont tous disparus malheureusement.

    L’ouvrage semble intéressant et très beau visuellement, je guetterai ces éditions en librairie pour me faire une idée. Les aventures éditoriales sont souvent passionnantes je trouve.

  • David  

    Merci Jyrille. Oui, je n’ai pas eu de mal à décrire les nostalgeeks dans l’introduction car j’en suis l’archétype. Nous formons un beau club de bras cassés. Les bras cassés, c’est pour Bruce.

    • Jyrille  

      :v
      >:O

      • David  

        Désolé, je ne suis pas charitable avec Bruce et son bras immobilisé mais c’était trop tentant.

  • Patrick 6  

    Nous en avons parlé, même si j’ai acheté quasi tous les Mustangs à l’époque de leurs sorties, j’ai fini par tous les balancer (balancer et non pas revendre, car… personne n’en voulait !) après les rééditions de Photonik chez Black & white. Autant dire ce qui est, je pense qu’il faut avoir gardé des liens TRES intimes avec son âme d’enfant pour réellement apprécier les séries de ce magazine (à part Photonik). A titre personnel je n’ai jamais apprécié Mitton en tant que scénariste. Infantile pour être gentil et TRES indigent au niveau des dialogues. Graphiquement un net changement est apparu avec Epsilon, où il a réussi à se débarrasser du cadre rigide de ses premières œuvres, sans pour autant s’affranchir des histoires (et dialogues) trop simplistes à mon goût.
    Pas sûr donc que cette parution me soit réellement adressée (tout Nostalgeek que je sois) par contre je suis quand même curieux de connaitre le ressenti de Tota, avec le recul, sur les super héros qu’il n’a (parait-il) jamais vraiment aimé !

  • David  

    Effectivement, si tu n’aimes que Photonik, tu trouveras quelques visuels et une interview de Tota mais ce ne sera pas assez pour justifier l’acquisition de cet ouvrage.

  • Surfer  

    La définition en introduction me caractérise aussi très bien😀.

    Je fais partie des irrécupérables geeks nostalgiques qui vénèrent Goldorak. Strange est m bible et je ne me suis jamais remis de la mort de Gwen Stacy.
    Par contre désolé, mais je n’ai jamais adhéré à Mustang ! Je me souviens avoir eu les 2 ou 3 premiers numéros qui avaient le goût de Canada Dry ! J’ai vite lâché l’affaire. Trop déçu, je n’ai même pas suivi les personnages dans TITANS ou SPIDEY.
    Par contre, « La porte étroite » cette saga en 2 épisodes narrant mes aventures dans les Nova 25 et 26 était plutôt sympathique. C’était les prémices, plutôt réussis, d’artistes français dans la conception de comics de super-héros.
    J. Y. Mitton me dessinant en imitant le graphisme de Big John Buscema 😀😀😀.

    Je me souviens très bien du concours de dessin de Super-Vilain dans le Strange #100. Les résultats avaient été dévoilés dans le numéro 103.
    Pour les 6 premiers, leur dessin avait été publié dans Strange #104.
    Le vainqueur (Olivier Corbex d’Annecy) avait eu la joie de voir son personnage en action confronter Spidey et la chose dans 2 pages de B.D. Il a reçu en outre un appareil photo à développement instantané.
    Son personnage était une créature végétale qui avait la particularité de contrôler et manipuler la flore. Il répondait au doux nom de FULGUR.

    • David  

      Surfer, en effet, ce que tu dis est parfaitement exact et très référencé. Tu m’impressionnes pour très souvenirs si précis. Je suis pour ma part trop jeune pour avoir vécu en direct le concours de Strange 100 (j’ai commencé au numéro 120 et ai toujours connu Gwen Stacy morte) mais j’ai au moins vécu la mort du Phenix en direct. 40 ans, 12 morts et résurrections et trois psys plus tard, j’essaie de m’en remettre.

      • Surfer  

        Oui en effet, tu as commencé à lire Strange après moi. La mort de de Gwen a eu lieu dans Strange #104. Et oui je l’ai vécue en direct. Un choc…un traumatisme…d’autant plus fort que je n’étais qu’un enfant.
        Pour moi Gwen représentait la femme idéale celle que l’on aurait voulu épouser…que l’on aurait aimé serrer dans ses bras.
        Avec le recul je me dis que toutes ces lectures, « ces histoires de super-héros » m’ont construit et ont contribué à faire l’homme que je suis aujourd’hui.

        • David  

          Wertham avait raison : les comics traumatisent les enfants et nous en payons aujourd’hui encore les conséquences avec des séquelles incurables. Surfer, faisons une action collective pour poursuivre Marvel en justice.

          • Surfer  

            Oui, pas de problème, je te suis pour l’action collective,
            Ils méritent largement un procès. A cause d’eux, je sillonne la blogosphère avec mon Surf à écrire des bêtises.

  • Matt  

    Je n’ai absolument pas connu tout ça.
    J’avais pourtant des vieux Titans hérités de mon cousin, avec les séries comme Iron Fist, les gardiens de la galaxie (premiers du nom) mais il faut croire que c’est paru dans des numéros plus tardifs tout ça, parce qu’il n’y avait que du Marvel officiel dans les Titans que j’avais.
    Je n’ai donc aucune affinité avec quoi que ce soit mentionné ici hélas^^ Je ne suis pas le public cible.

    J’ai appris l’existence de ces comics à la française dans un reportage sorti il y a 10 ans qui était intéressant et parlait de Lug et des séries françaises glissées dans certains magazines : https://www.youtube.com/watch?v=ItKZgIdIKmY

    Mais comme je le dis, jamais tombé sur ces magazines ou numéros.

    • David  

      Matt, si tu n’as pas connu cette époque, c’est sûr que cette lecture, aussi intéressante soit-elle, ne risque pas de te plonger dans un bain de nostalgie.
      Mikros est arrivé dans Titans juste après Iron Fist, de mémoire.

    • Surfer  

      Sacré spoiler en effet. Je me rappelle aussi d’avoir eu l’information de la mort de Gwen avant d’avoir lu l’épisode.

    • David  

      Avec le recul, en accélérant un peu la diffusion des aventuré de Spidey, Lug aurait pu publier l’épisode de la mort de Gwen dans Strange 100. Quel numéro mythique cela aurait été. Ils ont préféré annoncer la mort de Gwen à la place…

  • JP Nguyen  

    Et bien, comme d’autres, Mikros et Photonik ne correspondent pas trop à « mes » années Strange (ou Titans ou Spidey).
    Le seul épisode de Mikros sur lequel j’étais tombé ne m’avait pas du tout accroché (le héros était malade ou blessé et passait tout l’épisode hors de son costume, que j’ai toujours trouvé un peu moche, au demeurant)

    L’article met bien en valeur les qualités de ce bouquin mais je n’ai pas suffisamment d’attachement à ces séries pour être intéressé.

    Sinon, à propos des épisodes du Surfer dessinés par Mitton, avec un titre tel que « La porte étroite », je suis surpris qu’ils ne soient pas davantage restés dans les an(n)ales…

    • David  

      Mitton a au moins une qualité qui devrait te plaire dans son écriture : il aime les calembours et les jeux de mots. Appeler Mike Ross Mikros, il fallait oser.

  • Bruce sur son téléphone  

    Thierry Mornet m’avait fait l’amitié de m’envoyer un pdf de ce bouquin avant de réaliser que je ne connaissais que très peu Mustang et ne me sentais pas légitime d’en parler.
    Je me rappelle d’épisodes à Venise de Mikros et du vilain Cagliostro. L’ambiance était assez sinistre dans mon souvenir.
    Je n’ai jamais accroché avec Photonik.
    Merci pour cette visite guidée très complète David.

    • David  

      You’re welcome. C’est toujours un plaisir d’écrire pour toi.

  • Kaori  

    Tout cela me parle sans vraiment me parler. Cela faisait partie des revues que mon frère avait récupérées. J’ai lu quelques Mikros, et survolé Photonik, mais sans pouvoir me rappeler d’épisodes en particulier. Pourtant, j’ai un vague souvenir de choses assez horribles qui arrivaient aux héros de Mikros. Je ne saurais dire si c’est grâce à la lecture d’un article ou si c’est issu de véritables souvenirs de lecture.
    Je me rappelle surtout que j’imaginais que tous ces héros étaient Marvelliens, Américains comme les autres, signés par John Milton, comme le rappelle si justement Chip. Quand j’ai découvert la supercherie, j’ai été agréablement surprise, surtout de savoir que ces belles couvertures étaient des reprises françaises. Par contre, je suis déçue de ce que j’apprends ici concernant la véritable personnalité de Jean Mitton 🙁 .

  • David  

    Mitton est à mon avis quelqu’un de sympathique mais il n’a jamais été passionné par les super-héros. Il en dessinait pour gagner sa vie. Dès lors qu’il a eu plus de liberté, il s’est tourné vers l’Histoire et l’érotisme. Cependant, il a quand même pris la peine de revenir sur Mikros pour faire plaisir à ses fans, même s’il à dû mal à prendre les sup’héros au sérieux. Personnellement, je lui en suis reconnaissant. John Buscema n’aimait pas non plus les encapés et cela ne l’a pas empêché de bien faire son travail. Comme Mitton.

    • Kaori  

      Merci de ce point de vue plus mesuré, j’en prends bonne note 🙂 . Et merci pour l’article !!

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