V pour Vendetta par Alan Moore et David Lloyd
Première publication le 31/07/15. Mise à jour le 008/11/24
Un article de : CYRILLE M
VO : DC, Vertigo
VF : Zenda, Delcourt, Panini, Urban
Cet article portera sur V for Vendetta le comic book et non le film qui en fut adapté en 2006.
On ne présente plus V pour Vendetta mais on va le faire quand même : composée d’un nombre indéterminé d’épisodes (entre dix et douze), la série a d’abord été éditée en noir et blanc puis a été complétée par plusieurs épisodes, cette fois-ci en couleurs, dans le magazine anglais Warrior.
Il a ensuite été repris intégralement par Vertigo (DC Comics), traduit en VF chez Zenda éditions et finalement repris par Delcourt, Panini dans une nouvelle traduction puis récemment par Urban qui reprend la première traduction.
Je me souviens parfaitement de ma première lecture du premier tome de V pour Vendetta. J’avais lu Watchmen, et j’étais monté à la ville, ce qui signifiait trois quarts d’heure de train. Tentant vaguement nous-même d’élaborer des scénarios pour nos jeux de rôles favoris (L’appel de Cthulhu, Stormbringer, Paranoïa), lire une nouvelle œuvre d’un génie potentiel signifiait quelque chose. Ma lecture finie peu avant mon arrêt, je n’éprouvai qu’un seul sentiment : un profond dégoût.
Comment faire mieux que ça ? Comment s’approcher d’un tel niveau ? Comment devenir aussi intéressant, haletant ? L’avenir semblait bien morose, et aucun talent ne pointait son nez, pas après avoir été brinquebalé avec tant de précision.
V pour Vendetta est une des premières œuvres maîtresse de Moore, où le jeune scénariste de trente ans utilise sa culture déjà conséquente pour élaborer une pièce de théâtre en trois actes. Il y multiplie les références, détourne déjà les codes du super-héros et propose clairement sa vision utopiste de la société. Mais elle n’est pas exempte de défauts.
N’ayant pas eu de velléités de remplacer ma première version de Zenda, qui comporte six tomes au format européens, je ne sais pas si l’ordre des différents prologues et histoires courtes suivent le même schéma dans les dernières rééditions. J’espère que les trop nombreuses fautes de grammaire et d’orthographes ont été corrigées, mais je suis certain qu’aucune partie ne surpasse la première.
Dès la première planche, la caractérisation des personnages est sans faille. V et Evey nous sont présentés, chacun se préparant à faire sa sortie, ou plutôt son entrée en scène, leur entrée dans notre vie. Ils se griment, se maquillent, tandis que la radio déroule les recommandations du jour. Nous sommes dans une dictature, le couvre-feu doit être de rigueur, nos nouveaux compagnons prennent forcément des risques. On y voit des affiches de cinéma des années 30 et 40 en réponse aux barbelés et aux caméras de surveillance. Bref, cela regorge d’informations en sept cases chrono.
Maîtrisant déjà le rythme d’une histoire, la scène de leur rencontre se termine par un feu d’artifice qui laisse tout le monde pantois, des policiers véreux aux lecteurs, et ce premier prologue promet une aventure sérieuse et adulte, où la revanche a un rôle primordial.
Quelques planches plus loin, V parle à la Justice, ou du moins sa représentation sculpturale, en prenant sa voix. Il lui expose sa déception et son credo : il ne peut y avoir de justice dans une dictature, la liberté y est bafouée, le monde ne peut être abandonné aux mauvais, aux profiteurs, aux tortionnaires, aux violeurs, aux racistes de tout poil et aux individualistes.
Sauvant Evey de policiers véreux, il la prend sous son aile et la mène dans son antre, nommée le Musée des Ombres. Il vient de se trouver un compagnon, un side-kick avec lequel il pourra combattre les méchants. V porte toujours un masque, possède une base secrète, semble jouir d’une richesse inépuisable, utilise des gadgets, maîtrise le combat à mains nues et développe des capacités physiques hors du commun. V est donc bien un super-héros, basé principalement sur le modèle de Batman. Londres peut être gothique.
Pourtant, les frontières entre genres romanesques disparaissent rapidement. V dit porter le masque de Guy Fawkes, un révolutionnaire anglais qui s’avère être en fait plutôt conservateur (je vous laisse vérifier) et porte la culture comme une composante essentielle de l’éducation : dans une dictature, elle est une des premières victimes du régime. Puis après un premier coup d’éclat qui se termine dans un feu d’artifice, Moore et Lloyd nous entraînent dans un univers bien proche de celui qui existait durant la seconde guerre mondiale.
Suite à l’anéantissement nucléaire des principaux continents, l’Angleterre se retrouve isolée et sans ressources. Afin d’économiser les récoltes, les noirs, les juifs, les homosexuels sont déportés dans des camps de concentration, où d’horribles expériences leur sont infligées et où les fours ne brûlent pas de quatre fromages. V en est un des rares rescapés, et nous apparaît comme fou. Car il faut l’être pour s’attaquer seul à un régime totalitaire.
Le quatrième de couverture en joue et doit sans doute être le texte d’accroche de l’édition originale. Il nous demande qui est V : un fou ? un terroriste ? un idéaliste ? un anarchiste ? un tragédien ? Ou l’alter ego fantasmé de Moore ? A travers V, le scénariste déroule les incohérences et les contradictions de la nature humaine.
En nous rappelant que le vingtième siècle fut celui des extrêmes, laissant les dictateurs et la folie nucléaire dévaster la planète, mettant fin aux bienfaits du progrès et démontrant que Rabelais avait raison il y a déjà plusieurs siècles, Moore décompose toutes les vilenies pour faire de V pour vendetta une bd philosophique, ou du moins, une bd qui pousse à réfléchir quant à notre société et nos relations humaines.
A travers divers personnages ayant tous une caractéristique principale différente (la lâcheté, la cruauté, la froideur, l’arrivisme, la pédophilie et autres joyeusetés), Moore se venge de toutes les injustices qu’il considère comme infâmes via son super-héros inquiétant, seul maître des marionnettes et héraut de l’autre solution finale : l’anarchie.
Contrairement à la vision commune de ce mouvement, l’anarchie trouve ici un messager cultivé qui expose son plan. Loin de n’être que chaos, l’anarchie est mère de la liberté et de la justice, celle du peuple qui prend enfin son destin en main et ne se cache plus derrière des dieux, des maîtres et des dirigeants fatalement humains et corrompus.
Malheureusement, cette volonté didactique rompt le rythme impeccable du premier tome et des moments en creux apparaissent, encadrés par des prologues ou histoires courtes qui peinent à être totalement efficaces. Mais certaines scènes clés, aux longueurs variables mais au contenu nécessaire, relèvent l’intrigue et les intentions premières.
C’est le cas du quatrième tome, Valérie, où toute l’horreur des camps est infligée à Evey. Torturée, humiliée, l’héroïne ordinaire traverse une épreuve qui lui ouvrira la porte de la liberté et de la conscience, de l’empathie et des valeurs fondamentales de l’humanité. On a également droit à la critique des mass media et de leur propagande, au bûcher des vanités et au poids de la rue qui gronde.
J’ai longtemps pensé que Moore ne savait pas choisir ses dessinateurs. Comment définir le trait de David Lloyd ? Il semble travailler en creux, définissant d’abord les pleins pour faire vivre les déliés, créant des planches impressionnistes où le noir prédomine. Ce sentiment de contempler des impressions est rehaussé par la mise en couleur pastel qui aplatit le tout pour créer un monde dénué de relief et de vie. Seul V et ses aptitudes surhumaines semble danser et faire danser ses semblables. Dessiné comme un oiseau à la cape virevoltante, Lloyd en fait le seul personnage iconique de la série.
V le dit lui-même : il n’y a ni chair ni sang sous la cape, juste une idée, immortelle. La conclusion de Moore, qu’il démontre en passant le masque, est que nous sommes tous V, si nous le voulons. Que le salut ne viendra pas d’un héros masqué ou non, mais d’une acceptation collective et unanime.
Claire comme de l’eau de roche, les Anonymous revendiquent dès leur création ce masque, devenu un symbole de contre-pouvoir et de révolution, rendu presque possible avec l’avènement de l’internet à grande échelle. Mais il manque encore l’homme de la rue, véritable héros de V pour Vendetta.
La première fois que j’ai vu cette BD en librairie, je l’ai feuilletée et reposée aussi sec. Cette abondance de noir avec un trait charbonneux ne m’attirait pas. J’avais l’impression que l’encre allait me rester sur les doigts.
Des années plus tard, je l’ai lu en VO et… j’ai bien apprécié cette lecture. Rétrospectivement, il y a une très belle performance du dessinateur pour rendre V expressif, à travers son langage corporel, alors qu’on ne voit jamais son visage et que la BD ne permet pas d’entendre sa voix… Et Lloyd possède aussi un solide sens de la narration séquentielle.
Les considérations philosophiques sur la liberté évoquées dans l’article m’évoquent le discours sur la servitude volontaire de La Boétie, que je n’ai découvert qu’assez récemment, via un ami. Du coup; autant le comics de Moore semble converger avec la Boétie sur certains points, autant le point de vue de Moore peut sembler encore idéaliste voire naïf (c’est du super-héros intelligemment écrit et développé mais du super-héros quand même, avec l’idée que des individus isolés peuvent changer la face du monde, même si la fin du récit vient nuancer le message, qui, d’ailleurs, apparait plus clairement dans le film).
Dernier point : plus que l’internet à grande échelle, je pense que c’est la domination de la doctrine libéraliste et des milieux financiers qui oppresse aujourd’hui le monde. Sous couvert de « libre » échange, c’est la dictature de l’argent qui est imposée. Et face à cela, la volonté des peuples pèsent bien peu (Grexit, anyone ?).
Merci beaucoup JP !
« une très belle performance du dessinateur pour rendre V expressif » : je n’y avais pas pensé, mais tu as complètement raison. Et comme tu le soulignes, Lloyd a un sens de la narration précis et expérimenté.
Je te rejoins sur tous les autres points : le film est plus clair sur la fin, on reste dans le domaine super-héroïque et la domination actuelle est celle de l’argent etc… Mais il y a une constante : la manipulation des masses.
Tout mon respect pour avoir relevé le défi d’écrire un article sur ce monument d’Alan Moore.
Ça me fait très plaisir de revisiter cette bande dessinée imposante par les yeux de quelqu’un d’autre qui sait mettre en valeur ses qualités (la première partie, le feu d’artifice), et ses défauts (les passages d’exposition politique).
J’ai longtemps pensé que Moore ne savait pas choisir ses dessinateurs. – Mon ressenti (purement personnel et subjectif) est à l’opposé du tien. J’ai tout de suite été séduit par ces dessins charbonneux et détaillés, légèrement arrondis (plus agréables à l’œil) et d’une noirceur sans fond. Je suis séduit par les aplats de noir élégants, et par la capacité de Lloyd à varier l’épaisseur des traits de contour des formes, pour donner plus de relief aux surfaces. J’aime beaucoup la manière dont il joue avec l’intensité lumineuse pour effectivement se rapprocher de l’expressionnisme allemand.
Ton paragraphe sur l’histoire de publication laisse croire que V était en couleurs dans Warrior. Cette série y était en noir & blanc et l’histoire est restée inachevée avec l’arrêt de ce magazine. Elle a été reprise par Vertigo où là elle a été publiée en couleurs, et elle a été complétée par Moore et Lloyd, les nouveaux chapitres apparaissant dans les numéros 7 à 10 de l’édition mensuelle de Vertigo.
Merci Présence. Je t’avouerai que lorsque j’ai voulu m’y attaquer, je me suis soudain rendu compte de toutes les ramifications possibles de cette oeuvre et j’ai eu un moment d’angoisse… Par exemple, je me demandais si je ne devais pas faire un vrai développement avec des titres, comme vous avez pu le faire avec Tornado ou JP ou Bruce sur d’autres bds. Et je me suis rendu compte qu’il était trop tôt, je ne suis pas encore prêt pour ça. Que j’avais autant à essayer de garder un ton personnel et de la traiter comme n’importe quelle autre oeuvre moins intimidante. Au final je suis plutôt content mais évidemment, je me dis que cela pourrait être largement mieux…
Tu as totalement raison pour la suite : je n’ai même pas parlé d’expressionnisme allemand alors que c’était évident, la noirceur sans fond de Lloyd, et ma phrase sur la publication Warrior est effectivement faussée alors que je voulais justement dire le contraire ! Bref, à part le fait qu’au départ je n’ai pas forcément apprécié le dessin de Lloyd, tes remarques sont nécessaires. Merci beaucoup encore.
En plus de l’expressionnisme allemand, j’ai oublié de parler d’au moins deux autres sujets que je voulais mettre en avant : la prépondérance et l’intelligence des personnages féminins, loin d’être des potiches mais au contraire soient des héroïnes soient des manipulatrices redoutables, et la narration déjà imbriquée de Moore, où le récitatif fait souvent écho à une scène en parallèle que l’on ne voit pas, ou qui se déroule juste avant ou juste après celle qui est illustrée.
Mais c’est pas très grave.
Comme toi, je pense que la révolution vient de la rue. C’est la grande faiblesse de cette histoire je trouve. On peut rapprocher V d’Ozymandias de Watchmen : deux génies qui changent la société tyrannique en restant à la maison avec des méthodes plus que douteuses….Au moins Ozymandias se fait aider de collaborateurs à travers le monde.
V ne m’a jamais apparu comme un personnage sympathique. Je vais même plus loin, c’est un individu cruel dont les méthodes me rappellent celle des terroristes d’aujourd’hui : lavage de cerveau, torture, menaces télévisées….On est tombé sur Frank Miller pour moins que ça ( Alan Moore le premier…).
Si on mettait un type de Daesh à la place de V, on obtient la même chose : destruction de monuments historiques, torture envers Evey « pour son bien », petit jeu de manipulation mentale au nom du « bien »…. L’education d’Evey est une éducation bien cruelle dont je crois qu’aucune école ne voudrait. L’argument » c’est pour ton bien « est généralement celui de tous les tortionnaires….
C’est pourtant une histoire que j’aime relire pour son ambiance désespérée et les parties de Larkhill qui ose mettre en scène des camps de concentration dans un médium réservé à la jeunesse. V me rappelle Magnéto : une victime des camps de la mort qui mêle vengeance, idéalisme et terrorisme.
Merci en tout cas de t’être lancé là dedans Cyrille !
Merci beaucoup Bruce de m’avoir laissé attaquer ce monument ! C’est vrai que V se rapproche d’Ozymandias, mais le Commandeur (le chef de la dictature) est également un être accroché à ses écrans multiples. Lui en est d’ailleurs amoureux…
Je n’avais pas eu la même analyse que toi en ce qui concerne les méthodes de V, mais tu as raison. Je m’en veux de ne pas y avoir pensé. Cela dit, les monuments qu’il détruit sont surtout des symboles du pouvoir en place, et sont dans la continuité de l’anarchie : construire du neuf, faire table rase. Pour l’éducation d’Evey, elle n’est cruelle que lors de ce quatrième tome Valérie. Mais c’est effectivement discutable. Comme toute scène de torture, même dans une série. Dans le second épisode de Daredevil, une telle scène m’a gêné. Cela ne colle pas avec l’idée d’héroïsme et la torture n’a jamais fonctionné.
C’est finalement rigolo après coup que tu te coltines les Comics sur le fil du rasoir entre génie et démagogie, remember le 300 de Miller ? : http://www.brucetringale.com/les-300-coups/
Concernant l’éducation d’Evey, je suis catégorique c’est de la cruauté à l’état pur ! Imagine tu faire croire à tes enfants que tu es mort pour revenir quelques jours après afin de leur faire comprendre l’importance de la vie ?
Quant à la scène de torture dans DD, c’est une dénaturation pure et simple du personnage participant à mon indifférence à cette série.
Ah, parce que le DD des comics n’a jamais torturé personne ?
Turk balancé du toit sous Miller et Ox martyrisé sous Brubaker, c’est un peu de la torture, non ?
Tu n’as pas tort, je me fais les tendancieux ! Peut-être que ma candeur (pour ne pas dire naïveté) est nécessaire pour ne pas s’enflammer ?
Quant à Evey, tu ne retiens qu’un seul passage, le reste du temps, elle s’instruit et s’entraîne, V est un vrai professeur.
Enfin je suis d’accord avec JP pour DD 😉
@Cyrille, c’est la fois de trop quand même….. Avant celà, Evey est abandonnée à son sort pendant de longs mois …..
@ JP : c’est une différence de représentation graphique. Les malheurs de Turk font partie du folklore du super héros. Ce n’est pas un argument, c’est un peu comme Spidey qui menace de dissoudre sa toile. VOir DD enfoncer sciemment un couteau dans l’épaule d’un voyou est autrement plus dérangeant. Nous sortons du folklore du héros valdingueur pour entrer dans la torture pure et simple. Ce qui fait que je n’ai jamais supporté un personnage comme Wolverine….
je comprends cette interprétation de l’éducation « sauvage » et inhumaine. Mais dans V, on est dans un contexte désespéré et Evey avait besoin (ou pas) d’un électrochoc.
Bref, en tout cas, pour avoir connu par exemple la vraie faim, j’ai tendance à être plus dur que ma femme sur notre éducation alimentaire avec ma fille. Ma femme qui est française comprend, me laisse faire mais parfois se pose des questions : Et j’ai tendance à m’énerver quand un enfant crie de faim ou de soif parce qu’il n’a pas pris son quatre heure ou quand son repas n’est pas prêt ou pas assez bon. Quant à ne pas finir son assiette, même pas en rêve 🙂
Parfois, quand j’ai beaucoup travail, il m’arrive encore de ne pas quasiment manger pendant presque 48 heures et ressentir la faim qui n’est qu’une information pour moi (Terminator inside! – mais c’est tellement vrai^^). Il m’arrive de me dire que j’aimerais bien que ma fille sache ce qu’est réellement avoir faim (pas d’inquiétude, ma femme veille^^).
Voilà, une petite bataille bien anodine certes (pas tant que cela pour moi), mais juste pour dire que je ne suis pas aussi catégorique en tout cas.
Bonjour,
Très bon article encore une fois.
Pour ma part j’ai eu beaucoup de mal à lire ce comics.
Je trouve que les personnages principaux ne sont pas du tout attachant.
Le personnage avec qui j’ai eu le plus d’empathie reste le flic.
Je n’ai pas de tout accrocher la partie graphique que je trouve trop noir et il faut parfois s’y reprendre a plusieurs fois pour reconnaitre les personnages. Je sais que cela est fait exprès et que ça colle parfaitement à l’ambiance que veut retranscrire Moore mais je n’y arrive pas.
Par contre j’ai aimé l’histoire la découverte de ce monde, la façon dont Moore nous présente les choses et les explications sur ce qui à fait de V ce qu’il est devenu.
Cette lecture m’a permis de comprendre ce qu’il était possible d’attendre d’un comics indé et de revoir mes attentes à la hausse.
Merci pour l’article.
Bonne journée.
Merci Bastien ! De ma génération (peut-être la tienne), cette bd et quelques autres ont été une vraie révolution, un passage au monde adulte qui pouvait être réfléchi et politique, avec une narration presque sans faille. Je te rejoins donc complètement.
« Comment faire mieux que ça ? Comment s’approcher d’un tel niveau ? Comment devenir aussi intéressant, haletant ? L’avenir semblait bien morose, et aucun talent ne pointait son nez, pas après avoir été brinquebalé avec tant de précision ».
Ah ouais, je crois que je me suis dit la même chose à l’époque ! 🙂
« J’ai longtemps pensé que Moore ne savait pas choisir ses dessinateurs ».
Tout comme Présence, je suis convaincu du contraire. Je trouve qu’Alan Moore est doté d’une capacité surnaturelle à s’adapter à ses dessinateurs, découpant et racontant ses histoires de manière à ce que le style du dessinateur explose de mille feux.
Merci de t’être mis à la tâche ! Je l’aurais bien fait aussi, mais il aurait fallu que je le relise et là j’ai une pile de lecture trop importante !
En tout cas, « V » est non seulement le comics que j’ai lu le plus de fois, mais aussi l’une des œuvres que j’ai lues le plus !
Je suis épaté par toutes ces interprétations distinctes, celle de Cyrille bien sûr, mais également celle de Bruce et de Bastien. Voilà la marque d’une œuvre dense et riche !
Je mets une option pour le film…
Merci Tornado, j’aurai cependant adoré avoir ton point de vue, une idée de ta chronique… J’ai dû la relire car cela faisait bien longtemps que je ne l’avais pas fait (et je l’aime toujours autant). En fait, je l’avais relue il y a quelques années, mais, je ne sais pas pourquoi, dans le désordre…
Comme avec Présence, ce n’est pas totalement faux en ce qui concerne les dessinateurs. Mais à l’époque, j’avais moins de culture du dessin, trop habitué à Moebius, Franquin, Manara, Reiser, Uderzo etc… Du coup, autant pour Watchmen que pour V, je ne comprenais pas ce genre de choix. Au final, je n’imagine pas un autre dessinateur sur ces oeuvres. Je regrette par contre de ne pas avoir un Watchmen totalement en Noir et blanc ou alors recolorisé.
Je n’ai pas revu le film encore (alors que je voulais, avant de conclure cette chro) (et je compte le voir avec mon fils qui n’était pas disponible), je te le laisse avec plaisir !
Bien que V vend des tas, je suis passé à côté de cette BD et entends continuer ainsi. Un mélange du thème et du style graphique me donne en effet un avant-goût de digestion difficile…
Merci de m’avoir fait revivre ce monument que je place même au dessus de Watchmen. Incomparable certes mais certainement dû à ma chronologie de lecture où V for vendetta m’a littéralement scotché. A l’age de 9 ans, le fait que mes parents aient fui avec mes soeurs/frères et moi dans leurs bras notre pays d’origine où la « démocratie » n’a pas de place, a résonné davantage en moi certainement.
Du coup, je me pose des questions quand on compare assez légitimement les méthodes de V à celles Daesh : Quelques similitudes condamnables certes mais j’ai l’impression que Daesh va bien plus loin ? Dans des pays où règnent ce genre de régime, il est bon ton qu’il y ait des révolutionnaires qui s’insurgent contre l’oppression. Alors oui, l’oppression/domination occidentale contre le monde musulman (je simplifie) justifie peut-être un contre pouvoir.
Bref, sans vouloir transposer vers un contexte international que je ne maitrise pas forcément, à ma compréhension du contexte de l’histoire de V for Vendetta, j’ai tendance à soutenir les actions de notre terroriste (aie! je l’ai écrit et ça ne me plait pas de l’avoir fait). Bien entendu, la méthode pour « ouvrir les yeux » d’Evey m’avait beaucoup marqué et choqué (néanmoins, mon passage de lecture préféré par ailleurs – une intensité dramatique rare -). Par contre, au delà du syndrome de stockholm, je me demande parfois s’il y a vraiment un autre moyen de comprendre certaines choses sans le vivre réellement et qui nous pousseraient à nous révolter réellement (avoir des convictions, ce n’est pas forcément prendre les armes et agir).
Bref, je ne prétends pas détenir la vérité. J’essayais surtout de vous écrire que cette histoire m’a bouleversé et me bouleverse encore donc mes excuses si mes mots vont trop loin ou pas assez objectifs, ni réfléchis.
Bonjour Wildstorm,
Dont worry,tes propos ne sont pas du tout mal interprétés. Mon questionnement sur les méthodes de V résultent d’une rencontre il y a un mois avec Xavier Fournier autour de la thématique « Comics et liberté ». Il y était dit notamment que sans la complicité entre le lecteur et son personnage, les actions des super héros seraient inquiétantes. ON sait ce qui se passe dans les têtes de BAtman et de V parce que nous connaissons leurs états d’âme, leur passé etc.
Je réagis à chaud sur les méthodes de V à la fois en tant qu’homme de gauche ( si ça veut dire encore quelque chose), humaniste et… travailleur social. DAns mon milieu , j’ai souvent à faire à des parents pas forcements mal intentionnés qui détruisent la vie de leur enfant. Je ne suis pas certain qu’il faille toujours « éprouver » pour comprendre. Si je suis la logique de « V », il faudrait faire le trottoir pour aider une prostituée, avoir vécu dans la rue pour comprendre un SDF.
Je vais atteindre un point Godwin dès le matin, une simulation d’exécution dans une chambre à gaz nous aiderait il à d’avantage de compassion et de compréhension ?
Les méthodes que je dénonce, ne sont pas exclusive à Daesh. C’est facile, car ils représentent une idée facile du mal que tout le monde peut condamner. Les mêmes méthodes s’appliquent aux américains de Guantánamo.
J’ai toujours trouvé que ces méthodes diminuait la poésie du passage à Larkhill dont je vénère certains passage, notamment celui philosophique où Evey s’aperçoit, que la cage était ouverte et qu’il ne tenait à elle de sortir.
Je dirais heureusement qu’il existe des humanistes (tu en fais à priori partie) idéalistes (dans le sens noble du terme) qui agissent, aident (par ton travail) sans avoir à vivre la misère du monde. Par contre, ce que je souhaitais souligner, c’est que souvent (malheureusement), comprendre ne suffit pas, c’est agir qu’il faudrait (V souhaitant qu’Evey le remplace dans son action en plus de le comprendre). Peut-être que je ne raisonne que par une seule facette d’une énigme à plusieurs faces ? Avoir de la compassion (pour les sdf ou les prostituées par exemple) ne semble pas suffisant pour changer, mais oui, c’est la moindre des choses.
Bien entendu, je tente défendre/comprendre V mais j’avoue que j’ai de la compassion à revendre mais j’agis aussi très peu :/
ON est bien d’accord, la compassion ne suffit pas. Elle est même dangereuse dans le cadre du travail social !
VFV met en scène l’urgence à agir pour ne pas être aliéné. IL me semble que bcp de comics voir de film parlent de ça : la fin justifie les moyens ? Faut il perdre l’humanité et ses valeurs lorsque tout s’écroule ? C’est, je pense, une des raisons du succès de Walking Dead qui pose la question des valeurs : sont ce un luxe ou une absolue barrière souvent fastidieuse contre la barbarie.
Je suis opposé à toute forme de violence envers un enfant. Lorsque l’on frappe une femme, c’est de la violence conjugale, lorsque c’est un animal, violence envers un animal. Lorsque l’on frappe un enfant, beaucoup de gens même censés considère cela comme un acte éducatif. Le chemin est plus long, plus dur, plus éprouvant, mais pour ma part foutre une volée à un gamin n’a jamais rien résolu.
Voilà pourquoi les méthodes de V me révulsent tout comme celles de Stick envers le jeune Matt Murdock.
alors, ça parait too much et peut-être difficile à croire, mais étant aussi enfant battu (aux yeux de mon père, c’était un acte éducatif), je peux dire que je suis à 400% d’accord avec toi. Cela a servi à trois choses chez moi : Avoir encore des marques de cintres dans mon bas du dos (technique de déplacement du corps vers bas quand tes fesses ont déjà trop mal – mais le dos cicatrise moins bien que les fesses), n’avoir jamais eu un vrai père pour moi et savoir exactement ce qu’il ne faut pas faire avec ma fille (ou ma femme^^).
Je n’ai pas reproduit le schéma fort heureusement, mon frère a eu moins de chance mais il s’est soigné et depuis, il semble en paix avec lui-même.
Bref, je connais que trop bien cette forme d’éducation…
Cette conversation sur « V » nous aura menés bien loin Wildstorm. Tout mon respect en tout cas : dépasser ses modèles parentaux est une gageure pas à la portée de tous.
Merci Wildstorm et Bruce pour alimenter le débat !
Une bonne BD sur le fond, chiante dans la forme.
Je vais surement encore générer un débat mais bon…
J’ai toujours autant de mal à comprendre tous les éloges faits à Alan Moore. Oh, c’est un bon scénariste, je ne dis pas le contraire. Mais bon il est verbeux et étire ses récits inutilement.
J’ai bien aimé le traitement de V pour Vendetta mais je me suis pas mal ennuyé à certains moments. Comme tu le soulignes Jyrille, il y a des moments de creux. De sacrés moments de creux.
Quant au dessin de Lloyd…ben je ne suis pas fan. Le dessin est bon mais la mise en page est claustro-phobique avec trop de cases par page. Alors peut être que c’est voulu parce qu’à chaque fois que j’ai critiqué le choix du dessinateur, on m’a dit que Moore était un génie pou trouver pile poil le dessinateur qu’il faut. Bon…ok. Mais je n’aime pas trop^^ ça j’ai le droit.
On n’est pas dans From Hell, c’est largement plus agréable que le dessin de Campbell. Mais je ne lui trouve rien de spécial. Presque trop dépourvu de personnalité.
Le truc c’est que je n’adhère pas au principe du dessin volontairement moche ou déplaisant pour retranscrire une ambiance. A ce compte là, autant demander à quelqu’un de nous mettre un coup de pied dans les couilles pendant qu’on lit une scène de baston. ça met dans l’ambiance et on ressent bien la douleur. Mais non merci. Le dessin de Campbell dans From Hell, je ne peux pas, c’est tout. Et peu importe si ça contribue à l’ambiance. C’est trop déplaisant pour moi et je dois trop lutter pour reconnaitre les personnages et lire la police des dialogues qu’on croirait rédigée par un mec qui sucre les fraises.
Le style de Lloyd est plus joli, ça c’est certain. Mais plus j’y pense et plus je me dis que j’aurais peut être préféré lire la BD en noir et blanc. Il y a quelque chose dans la couleur et dans la mise en page compressée qui ne m’attire pas du tout. En jetant un oeil sur le net, j’ai vu des planches non colorisées. Et sans doute que mon attirance pour le noir et blanc très contrasté m’a influencé, mais j’ai préféré le rendu final.
Je ne suis pas anti-couleur non plus, hein. Qu’on ne vienne pas me dire que je suis un snob qui veut tout lire en noir et blanc. Mais pour ce style de dessin, je crois que je préfère sans couleurs.
En fait je crois qu’en noir et blanc, on peut apprécier le trait et le jeu des ombres contrastées (à condition d’aimer ça) tout en ayant un bout de cerveau qui imagine lui-même de quelle couleur pourrait être tel ou tel élément. Alors qu’avec une colorisation qu’on n’aime pas…ça gâche tout. mais encore une fois c’est une question de goûts personnels, hein.
Etant moins exigeant pour les dessins que les scenarii, je trouve le dessin de Lloyd tout à fait adapté à l’histoire. C’est très brumeux, sinistre, peut être totalement dépourvu d’humour. Mais en tout cas je ne peux imaginer un autre dessinateur pour cette oeuvre au noir.
C’est comme en musique. Nick Mason est un batteur médiocre, mais il ne pouvait pas y en avoir un autre pour rythmer la musique du Floyd.
Oh Lloyd n’est pas médiocre non plus. Mais j’suis pas plus fan que ça.
Après pour moi une BD c’est un media visuel avant tout. On peut me dire ce qu’on veut mais si ça me pique les yeux, je passe à autre chose. Si je n’aime vraiment pas un dessin, malgré une bonne histoire, ça va être une épreuve pour moi.
Merci Matt d’être passé ! Rétrospectivement, il est pas mal cet article… Peut-être qu’avec le temps tu vas finir par apprécier un dessin qui ne te plaît pas au départ. Cela m’arrive parfois, mais plus souvent dans le domaine de la musique : des sons ou des groupes que je ne supportais pas peuvent devenir des références personnelles dix ans plus tard. En tout cas, bien vu Bruce pour la thématique de la semaine.
Il y a trop de bds. Je reviens de la librairie ou j’ai pris le tome 4 de Gus par Blain (pas pris la version noir et blanc), le Lucky Luke de Bouzard, Low tome 3 de Remender et Tocchini. Et juste après, il y avait une dédicace de Cyril Bonnin ! Je ne suis pas resté, sinon j’aurai dû prendre une des bds vantées par JP en plus… et je ne vous dis pas tout ce que j’ai vu qui donne envie.
C’est pas tout ça mais j’ai l’article d’Omac à lire encore, celui de Bruce sur la Shoah à relire et des articles à écrire.
@Matt : Franchement, pour avoir relu VfV récemment, je trouve que c’est en tout point remarquable et, comme le dirait Mozart, qu’il y a le bon nombre de cases (à défaut de notes de musique). Ni trop, ni pas assez…
Combien de comics de cet âge là peuvent à ce point tenir aussi bien la route autant d’années après ? C’est un vrai chef d’oeuvre. Tant du point de vue du dessin, d’une classe et d’une homogénéité impressionnante, que du point de vue du scénario, de la narration et du concept, d’une puissance à l’épreuve du temps.
Toutefois je ne cherche pas à te convaincre. On discute et on a le droit de ne pas être du même avis. 😉
Bah en fait c’est exactement ce que tu dis que j’ai du mal à voir^^
Je ne dis pas que c’est un mauvais comics. Mais toutes ces éloges…j’ai juste l’impression qu’on n’a pas lu la même chose. Alors je ne sais pas, c’est surement une question de ressenti personnel difficile à expliquer. Je n’ai pas vraiment été pris dedans, le style de dessin m’a laissé de marbre…
ça fait partie de ces œuvres qui sont haïes ou acclamées par tous alors que moi j’ai juste trouvé ça pas mal. Et dont je ne comprends pas les réactions aussi passionnées. Que ce soit pour dire que c’est génial ou que c’est de la merde. Je n’ai pas d’exemple en tête là comme ça…mais tu vois le truc. Les œuvres qui font le buzz et qui font qu’on te regarde de travers si tu oses ne pas trouver ça à chier ou extraordinaire. Ben ouais moi c’est juste un comics plutôt bon mais que je n’ai pas vraiment envie de relire parce que ça ne m’a pas transporté.
D’ailleurs souvent ces histoires qui ont une idée de fond ambitieuse, sérieuse, engagée et critique, je les trouve assez froides.
Par exemple dans From Hell, on n’en a rien à foutre des personnages. Mais rien de rien ! Tourner les pages est devenu difficile pour moi au fil de la lecture car en plus des dessins que je trouve affreux (pardon, hein), ben je ne ressentais aucun suspense, aucun intérêt pour les personnages qu’on était censé suivre.
Pour V, je n’en étais pas à ce point d’en avoir rien à foutre, mais globalement je trouve que le propos de fond à tendance à déborder de partout avec des dialogues profonds, solennels, même pompeux qui ne rendent pas les personnages naturels du tout.
Pour être honnête ça fait déjà un moment que je l’ai lu donc je n’ai plus trop d’exemple à donner. Mais sans vouloir passer pour un mec bas du front qui n’apprécie que le divertissement léger, je trouve que souvent les récits profonds oublient d’être prenants et émotionnels. Il n’y a finalement que l’intérêt que le lecteur peut porter au sujet qui l’incite à lire.
Si tu lis le truc pendant un moment où ton cerveau n’est pas réceptif au sujet, il n’y a rien d’autre pour te captiver. Ni les personnages, ni rien.
Hé ben ! Les commentaires générés par l’article sont, encore une fois sur ce site, aussi riches d’enseignements que l’article lui-même : c’est drôlement balaise !
Sacré gageure, en tous cas, de s’attaquer à « V ».
J’adore l’intro, avec le coup de Blues, à l’issue de la lecture : ça me paaaarle comme c’est pas possible. Oui, certaines de nos idoles sont allées si loin dans la maitrise de leur art, qu’elles ont carrément dépassées nos attentes, et anéanti, du coup, nos velléités créatrices -ou, en tous cas, les ont sacrément bornées, tant leurs explorations à elles couvrent de terrain.
J’avoue n’avoir finalement lu le pamphlet que tardivement (il y a vingt ans ?!), peu attiré par le sujet et, surtout, la forme : je rejoins pas mal Matt sur les arguments qu’il avance, en ce qui concerne le graphisme et, surtout, la mise en page car, moi aussi, j’ai principalement eu une impression de claustrophobie (et j’aime pas ressentir ça du tout : ça me fait paniquer !).
C’est loin d’être mauvais : c’est parfaitement maitrisé, expressif, évocateur, immersif ; mais la dose d’informations distillées (pas seulement dans les si sombres images), sollicite tellement la réflexion qu’on peut, à certains moments de la lecture, perdre un peu d’empathie pour les personnages et l’action en cours.
C’est évidemment profond et prodigieusement intelligent ; et, oui, les personnages ne sont pas véritablement attachants : croqués (scénario et dessin) aussi authentiquement que possible, leur ambivalence de traits moraux -ou amoraux- nous les rend automatiquement plus vrais que nature. Du boulot d’orfèvre de la part des deux artistes.
Moi non plus, la façon dont Evey est amenée à « assimiler » la leçon de V ne me botte pas particulièrement (je ne pense même pas que la méthode soit si crédible que ça, d’un point de vue purement logique, quant à ses visées et le fait qu’effectivement, elles soient atteintes) mais, au sein même de ce récit-là (et de la part du personnage-titre !), ça ne m’a pas choqué plus que ça ; et ça a permis cette scène magnifique de la découverte par Evey du journal de Valérie, dans la cellule : LE grand moment, pour moi -c’est d’ailleurs le souvenir le plus clair qui me reste de ma lecture.
J’imagine que mon aversion pour tout ce qui a trait à l’asservissement de l’homme par l’homme (en particulier via le pouvoir administratif des sociétés) explique que j’ai abordé cette lecture avec un parti-pris de distance, bien décidé à ne pas trop me laisser atteindre ; et que je n’y soit plus revenu (je le possède pourtant encore). Mais je reconnais la grande réussite créative de l’oeuvre, et tout l’intérêt, si manifeste, que sert si brillamment son propos.
Mais je comprends aussi parfaitement que sa forme, un peu radicale, n’atteigne pas chacun de nous aussi viscéralement.
Encore une fois : chapeau pour cet article.
Merci beaucoup Bruno pour ce retour étendu et si plein de bon sens. Comme toi, pour moi, le meilleur moment de V est grosso modo tout le tome 4 de ma vieille édition, celui consacré à Valérie et à son journal intime. C’est criant de vérité et on sent bien que dès le début, Moore voulait devenir aussi un écrivain…