Sometimes it snows in april (Elektra)

Elektra Lives Again par Frank Miller et Lynn Varley (revisited)

Un article de  : JP NGUYEN

VO : Marvel

VF : Panini

1ère publication le 4/11/15 – MAJ le 15/05/21

 Armée jusqu'aux dents, avec un shuriken en guise d'étoile de sheriff…

Armée jusqu’aux dents, avec un shuriken en guise d’étoile de sheriff…©Marvel Comics

Elektra Lives Again est un one-shot paru en 1990, écrit et dessiné par Frank Miller et mis en couleurs par Lynn Varley.

Déjà chroniqué dans les premiers jours du blog par le maître de céans ici, voici un autre point de vue sur cette œuvre. Il ne s’agira pas de faire une contre-plaidoirie mais seulement d’exposer un certain nombre d’éléments qui font que ce lecteur a davantage été touché par cette histoire que notre blogmestre préféré (-sur le dos la pommade maintenant JP- Ndlr).

Sur une dizaine de jours d’un mois d’avril enneigé à New York, l’histoire raconte les tourments de Matt Murdock, hanté par le souvenir d’Elektra, son amour de jeunesse. Celle-ci était morte pendant le run historique de Frank Miller et Klaus Janson, tuée par l’assassin Bullseye, puis ressuscitée lors d’un rituel célébré par la Main au terme duquel elle fut « purifiée » par l’amour de Matt, qui lui avait transféré une partie de son énergie vitale.
On la quittait alors qu’elle achevait l’ascension d’une montagne, démarrant une nouvelle vie, à l’insu de Matt, qui la croyait définitivement disparue.

Miller effeuille le calendrier tout au long du récit, en insérant soigneusement les dates dans ses cases (ici, en inscription façon pierre tombale), toujours avec la même police de caractère hellénique.

Miller effeuille le calendrier tout au long du récit, en insérant soigneusement les dates dans ses cases (ici, en inscription façon pierre tombale), toujours avec la même police de caractère hellénique©Marvel Comics

L’hiver qui s’éternise à Manhattan reflète la mal-être de Matt Murock, ne parvenant pas à faire le deuil de son égérie grecque. Matt est au bord de la folie lorsqu’Elektra revient à New York pour déjouer les plans de la Main, la secte ninja qu’elle avait infiltré puis trahi. La Main s’intéresse d’un peu trop près à Bullseye, qui est retourné en prison, afin d’en faire son futur champion, via une méthode peu orthodoxe, digne d’un marabout africain (assassinat et résurrection par application des mains). L’inévitable confrontation entre les trois personnages laissera deux d’entre eux sur le carreau.

Avec Elektra Lives Again, Frank Miller revisite l’univers de Daredevil, la série qui lui a permis d’accéder au statut de superstar des comics. Son style graphique a évolué depuis ses premiers pas sur Tête-à-cornes et il s’encrera lui-même dans cette histoire, adoptant un trait plus fin et cassant, pour livrer une prestation remarquable, sublimée par la palette de Lynn Varley, sa compagne de l’époque. Un dernier feu d’artifice coloré dans le comics mainstream avant d’aller vider des hectolitres d’encre noire chez Dark Horse sur les planches de sa série Sin City. C’est donc une œuvre charnière, à la fois une lettre d’adieu de Miller à des personnages qui ont fait sa gloire et un terrain d’expérimentations pour un dessinateur recherchant à repousser les limites de son art.

L'aveugle rêve en technicolor, grâce au pinceau virtuose de Lynn Varley

L’aveugle rêve en technicolor, grâce au pinceau virtuose de Lynn Varley©Marvel Comics

Sur 75 pages, Frank Miller raconte une histoire d’obsession, où le justicier aveugle avance au radar (sic). Il faut dire qu’il manque de sommeil, étant donné que ses nuits sont remplies de cauchemars où il voit Elektra poursuivie par toutes ses victimes passées.

Le récit se situe dans une continuité floue, étant donné que certains évènements du run initial sont évoqués tandis que d’autres sont ignorés (la chute et la paralysie de Bullseye, la « purification » d’Elektra par Matt). Mais qu’importe, Miller plonge son lecteur dans la psychose de Matt Murdock, en narrant son récit à la première personne. Rêve ou réalité ? Dans la continuité ou « What if » ? « Morte ou vivante », Elektra est de retour. En fait, elle semble n’avoir jamais quitté Matt, qui parle parfois d’elle au présent, comme lorsqu’il se recueille devant sa tombe (« I bring orchids. She hates roses. »)

Devant la tombe d'Elektra, le reste de l'univers disparaît pour Matt…

Devant la tombe d’Elektra, le reste de l’univers disparaît pour Matt…©Marvel Comics

Bien qu’Elektra soit le personnage titre, c’est bien Matt Murdock que l’on suit, dans un chaotique travail de deuil. Murdock et non pas Daredevil, car le héros costumé n’apparaît que dans une poignée de cases, en flashback sur des écrans de télévision. C’est un héros cherchant à se libérer du poids du passé mis en scène par un auteur désireux de s’émanciper des conventions super-héroïques. D’ailleurs, l’album parait en one-shot dans un format européen sous le label Epic de Marvel.

Si Matt délaisse son justaucorps rouge au profit de son costard d’avocat, cette défroque est aussi un déguisement et peu avant l’affrontement final, Murdock brise sa canne d’aveugle et ses lunettes noires. Plus tôt dans le récit, il déambulera sur les toits vêtu d’un simple slip blanc. Dans l’ultime duel, Matt utilisera une simple matraque de policier en lieu et place de son légendaire « billy club ». Autant de signes montrant que Miller tourne le dos à tout le décorum habituel des héros masqués.

La mélancolie, le manque : des adversaires contre lesquels Murdock ne peut lutter avec ses poings

La mélancolie, le manque : des adversaires contre lesquels Murdock ne peut lutter avec ses poings©Marvel Comics

L’homme sans peur apparaît comme à la dérive, essayant par tous les moyens d’oublier Elektra sans y parvenir. Il tente de renouer avec Karen Page, occupée sur la côte Ouest par des « films éducatifs », couche avec une cliente du cabinet dans une aventure sans lendemain, tente de résister au sommeil pour éviter de faire des cauchemars ou a contrario de s’assommer avec des cachets pour trouver le repos.

Si Murdock est au creux de la vague, Miller semble, lui, au sommet de son art. Sur certaines pages, on peut encore déceler la filiation avec Dark Knight Returns, avec un découpage reposant sur des variations sur la base d’une grille de 16 cases. Mais Miller utilise aussi un rythme plus lent, avec des planches scindées en deux cases horizontales, pour autant de tableaux conférant au récit un aspect contemplatif, lors même que l’action y est dominante comme dans la séquence où Elektra affronte la Main dans un cimetière enneigé.
Miller déploie tout son art de la narration séquentielle, que ce soit dans la pleine page où Matt se réveille et descend l’escalier de son appartement ou dans une succession de cases sans bord, dont les images se superposent lorsque Matt tente d’évacuer sa frustration en frappant un sac de boxe. Le punching-bag est loin d’être le seul à subir des violences dans ce récit émaillé de combats, chorégraphiés avec minutie comme autant de ballets sanglants. Elektra, en particulier, fait de la haute couture avec ses ennemis de la Main. Elle leur taille des costards et les rhabille en rouge, faisant perdre à la neige sa blancheur immaculée, dans un décor de stèles plus expressionnistes que réalistes.

Elektra redessine la collection Hiver des Ninjas de la Main

Elektra redessine la collection Hiver des Ninjas de la Main©Marvel Comics

Lorsqu’il se confronte à un émissaire de la Main pour un interrogatoire au commissariat, Matt se lance dans un duel psychique quelque peu inattendu. Sur deux pages, Miller exploite à fond l’espace négatif, en ne dessinant que les protagonistes et les barreaux de la cellule. Il choisit ainsi de faire disparaître le plan physique pour faire écho au combat mental que se livrent les deux adversaires.

Le duel final est assez surprenant. Il se déroule dans le cadre somptueusement rendu d’une église et Miller renonce à la voix off de Matt Murdock pour tout laisser passer par le seul dessin. De la jubilation sadique de Bullseye à la froide détermination teintée de lassitude de Matt, les regards que se lancent les adversaires sont particulièrement évocateurs. Bullseye se trouve dans le plus simple appareil et sa nudité semble faire écho à la pureté du mal qu’il incarne. En face, Elektra est déguisée en nonne (ce qui n’est pas sans rappeler Sœur Maggie, la mère de Matt, que Miller avait introduit dans Born Again) mais son costume est souillé du sang des blessures que Bullseye lui a infligé. Enfin, Matt est dans une tenue civile décontractée, en imperméable et converses rouges. Il préfigure le Dwight de Sin City.

 Un duel final sans paroles, où toute l'intensité dramatique repose sur les images

Un duel final sans paroles, où toute l’intensité dramatique repose sur les images©Marvel Comics

Mais je ne voudrais pas réduire l’œuvre à une succession de combats bien mis en images. Elektra Lives Again est une œuvre marquante dont on retrouve l’influence dans des opus ultérieurs du diable rouge. La scène du confessionnal au début de l’histoire en inspirera d’autres dans le run de Kevin Smith et dans la série Netflix. L’idée de la résurrection de Bullseye sera recyclée dans Shadowland… Yukito Kishiro, mangaka et grand fan de Miller, rendra dans sa série Gunnm un hommage au duel dans le cimetière. Et bien sûr, cette œuvre influencera Miller lui-même, étant donné qu’elle contient les germes de Sin City, tant au niveau du graphisme (Matt ressemblant tour à tour à Dwight ou Marv, certaines planches faisant la part belle au clair-obscur) que du scénario (un « héros » obsessionnel à la limite de l’aliénation, les dialogues d’Elektra aussi nombreux que ceux de Miho).

Mais l’œuvre elle-même dégage une atmosphère particulière, une ambiance onirique liée à la confusion mentale de Murdock, où la frontière entre rêve et réalité est ténue. La conclusion est d’une simplicité biblique mais sonne pourtant juste. Ce n’est pas Elektra qui hantait Matt mais lui qui ne la laissait par partir. En acceptant de se détacher de son souvenir, Murdock trouve l’apaisement.

C'est par où Sin City ?

C’est par où Sin City ?©Marvel Comics

Malgré les apparences, Elektra Lives Again n’est pas vraiment un récit auto-contenu. Il ne s’apprécie pleinement que dans la perspective du run de Miller et Janson sur Daredevil, voire dans celui de Miller et Mazzucchelli. C’est en quelque sorte le chaînon manquant entre ces deux périodes de l’histoire du justicier aveugle, la détresse morale de Murdock augurant sa dégringolade dans Born Again. C’est la Coda de Miller sur ses personnages, son dernier baroud d’honneur (je considère que dans « Man Without Fear« , la magie n’est plus vraiment là et que c’est davantage un travail de commande…).

Mais même avec cette approche, cette histoire ne plaira pas forcément à tout fan de DD. Comme certains cocktails, il possède un goût prononcé qui ne convient pas forcément à tous les palais. Pour ma part, je trouve les planches magnifiques, les scènes d’action hypnotisantes et la thématique du deuil et de la perte plutôt bien explorée. Dans un Manhattan enneigé, la sécheresse du trait et de la prose de Miller évoque celle d’un whisky à forte personnalité, adoucie par les couleurs soyeuses de Lynn Varley aussi subtiles qu’un vermouth rouge italien. Et le bitter ? C’est l’amertume de Matt Murdock, devant la perte qu’il n’arrive pas à surmonter, et aussi un peu celle de ce lecteur, qui ne croisera plus jamais le duo Miller-Varley à un tel niveau.
Si on préfère voir le verre à moitié plein, on peut toujours se dire que contrairement aux cocktails, les comics peuvent se lire, relire et re-relire… sans modération !

les seuls mots prononcés par Elektra dans toute l'histoire… De l'importance de pouvoir dire au revoir…

Spoilers : les seuls mots prononcés par Elektra dans toute l’histoire… De l’importance de pouvoir dire au revoir…©Marvel Comics

35 comments

  • Patrick 6  

    Excellent article qui rend très bien hommage à l’un des chefs d’œuvre de Miller !

    Comme tu le dis cette BD (on ne peut plus vraiment parler de comics) ne s’apprécie, voir même ne se comprend, que si l’on a suivi le run de Miller. Pour autant c’est clairement une œuvre à part sur le fond et sur la forme… Par exemple à ma connaissance c’est la première fois que l’on fait une allusion littérale à la sexualité de Murdock ! La vache l’avocat au lit avec une cliente (on ne s’embête pas au barreau) ça ne ressemble vraiment pas à du Marvel eux si prudes d’habitude !

    J’adore aussi la référence discrète à Carmen cru la grand-mère improbable de Fluide glaciale que l’on aperçoit à la porte du cimetière sur le premier scan ! (Mince il faut absolument que je retrouve l’épisode des X-men ou Tintin fait une apparition !)

    Bref une excellente BD qui avait besoin d’une réhabilitation sur ce blog 😉

  • Tornado  

    Dort sur mes étagères…
    Je pense que lorsque je le lirai, je me situerai plus du côté de JP que de celui de Bruce pour ce GN. C’est-à-dire qu’il y a de grandes chances que ça me plaise beaucoup.
    Et bien oui, parce que mon truc de lecture, c’est avant tout le découpage séquentiel et l’intensité de la narration, davantage que ce que font ou disent les personnages, avec un dédain complet pour les affaires de continuité.

    « Malgré les apparences, Elektra Lives Again n’est pas vraiment un récit auto-contenu. Il ne s’apprécie pleinement que dans la perspective du run de Miller et Janson sur Daredevil, voire dans celui de Miller et Mazzucchelli. » :
    Ouf ! ça va, c’est une continuité qui me convient !

    Cette phrase : « Le récit se situe dans une continuité floue, étant donné que certains évènements du run initial sont évoqués tandis que d’autres sont ignorés (la chute et la paralysie de Bullseye, la « purification » d’Elektra par Matt). Mais qu’importe, Miller plonge son lecteur dans la psychose de Matt Murdock, en narrant son récit à la première personne. Rêve ou réalité ? Dans la continuité ou « What if » ? « Morte ou vivante », Elektra est de retour. »
    Voilà, ça résume bien mon point de vue sur les lectures en général.

    « Autant de signes montrant que Miller tourne le dos à tout le décorum habituel des héros masqués. »
    Ça aussi, ça me plait. J’aime les super-héros uniquement lorsqu’ils sont vecteurs de quelque chose, et non pour eux-mêmes. Les super-héros pour eux-même, je suis un peu comme Garth Ennis, j’ai appris à les détester !

    Bon, assez parlé de moi. L’article est de nouveau parfait, JP.
    Les scans sont somptueux et certaines formules (« Elektra, en particulier, fait de la haute couture avec ses ennemis de la Main. Elle leur taille des costards et les rhabille en rouge, faisant perdre à la neige sa blancheur immaculée, dans un décor de stèles plus expressionnistes que réalistes. ») valent le déplacement.
    Et puis le dernier paragraphe, épicurien et dionysiaque, est plein de personnalité ! 😉

  • Présence  

    Voilà une réhabilitation nécessaire et un point de vue perspicace finement développé, que je partage entièrement.

    Il s’encre lui-même, adoptant un trait plus fin et cassant. – La comparaison avec l’encage de Klaus Janson est édifiante. L’encrage de Miller apporte de nombreuses nuances, et il met à profit ses expérimentations réalisées sur Ronin (il va falloir que je finisse par le relire celui-là).

    Continuité floue / Rêve ou réalité – Tu décris très exactement l’impression que j’en garde. Comme à son habitude, Miller construit sa narration pour qu’elle reflète l’état d’esprit de son personnage principal (Matt Murdock) qui est assez troublé lors de cette période de sa vie. Du coup, la narration oscille entre le factuel et l’onirique, comme Murdock subissant une forme de confusion et de stupeur du fait de la mort d’Elektra, ce qui trouble sa perception et son interprétation de la réalité. Le duel psychique ajoute à cette confusion mentale, tout en constituant un bon indice du parti pris de la narration.

    La coda de Miller – La publication par Epic Comics permet de considérer le récit hors continuité et de se dire que Frank Miller donne la suite qu’il aurait voulue, débarrassé du carcan de la continuité, un peu comme son Dark Knight finalement (un Batman personnel n’ayant pas à se conformer à tous les menus détails d’une continuité régulièrement remise à zéro).

  • Dare The Jy  

    « C’est donc une œuvre charnière, à la fois une lettre d’adieu de Miller à des personnages qui ont fait sa gloire et un terrain d’expérimentations pour un dessinateur recherchant à repousser les limites de son art. » Mais OUI ! En fait, j’aurai pu citer tout l’article tellement je te rejoins sur tous les points, JP. Je salue bien bas ton analyse, car j’avoue ne pas l’avoir relu depuis que j’ai découvert les travaux de Miller sur DD, et ta mise en perspective est fantastique. Enfin, ton article est fantastique.

    Je l’ai lu à sa sortie, et je l’ai souvent relu, ne connaissant rien de l’avant et de l’après DD, car cette histoire se suffit à elle-même. C’est sans doute graphiquement le plus beau Miller que je possède, les couleurs de Lynn Varley étant superbes. Bref, une relecture globale devrait m’aider. Merci JP.

    Bonus : avez-vous reconnu Carmen Cru sur le premier scan (après la couverture) ?

  • Bruce lit  

    Bon, ahem, c’est là que le grand méchant intervient….Oh, je pourrais prendre la mouche et sombrer dans une Murdockesque paranoïa en me sentant harcelée par le ninja Nguyen acharné à rebooter (le cul de) mes articles.
    Mais je suis bon prince, car cet article est bien écrit et argumenté que le mien écrit bien avant ce blog et qui ressemble plus à un billet de (mauvaise humeur) qu’à une véritable critique d’une oeuvre dont je comprends qu’elle puisse avoir son public. De même, il est plutôt émouvant que comme Claremont avec les Xmen, Miller est souvent revenu vers DD malgré les couleuvres que lui firent avaler les pontes de Marvel. Travail de deuil, what if, transition vers un travail plus adulte, j’entends tous vos arguments.

    Pour autant, pour l’avoir relu (et même achetée) au moment de la préparation de l’article de JP, ce récit continuer de me laisser froid. Tout simplement parce même si mieux dessiné, cette histoire me semble redondant voire moins bon que le travail de Miller auparavant. De la même manière que les origines revisitées avec étaient moins bonnes que le drama où Matt privé de son radar luttait contre ses démons et ses origines dans la continuité. Lorsque Matt, au désespoir exhume le corps d’Elektra, tout était dit selon moi. Attention, hein ? je vous ai bien lu, et, oui, on peut imaginer que c’est une étape supplémentaire. Simplement ce Miller là ne me touche pas. Je hais les femmes à mitraillettes. Et les ninjas. Et ce Matt Murdock que je ne reconnais pas.
    C’est même plutôt cohérent puisque Elektra assassin ne me plait pas non plus. Tiens ! la semaine dernière, j’ai lu Bad Boy, sa collaboration avec Bisley. Encore une fois, difficile de dire que c’est nul. Je l’ai lu jusqu’au bout en me rendant compte au milieu de la lecture, que c’était le Miller caustique qui ne me plaisait pas aux manettes.

  • comics-et-merveilles.fr  

    Un très bon complément aux travaux de Miller sur DD en effet. J’adore avant tout les dessins de Miller magnifiés par Varley (comme d’habitude). Même si j’ai adoré, un peu Bruce, je trouve toute l’histoire un peu rapide et donc « simple » (un GN quoi…). Le vrai massacre, c’est sans doute la réédition récente dans la collection Marvel Icons. Même si c’est sa place, cela ne rend pas justice au grand format d’origine (du coup recadrage avec beaucoup de blanc et des dessins en timbre poste (j’exagère oui). Le GN VO hardcover d’origine n’est pas remplacé de si tôt.
    Merci JP pour tout!

  • JP Nguyen  

    @tous : merci pour vos retours positifs. Cet article me tenait à coeur.
    Pour les non-férus de cocktails : whisky, vermouth, bitter, c’est la recette du Manhattan, mon cocktail préféré avec le Mai-Tai.
    @Bruce: merci de m’avoir laissé exposer un point de vue différent du tien. Et promis, je fais pas exprès de rebooter tes articles !

  • yuandazhukun  

    C’est toujours sympa d’avoir deux sons de cloche ! Effectivement je trouve que c’est une oeuvre de Miller intéressante mais pas la meilleure (loin de là) qu’il est faite…Pour autant ton article JP est super bien fait comme toujours d’ailleurs ! Avec de beaux scans et de belles formules on peut que aimer bravo ! Et Bruce putain t’es vraiment drôle comme gars !

  • Lone Sloane  

    Un article beau comme du sang sur la neige. Si mes souvenirs de cet opus sont lointains, tout ce que tu exprimes içi et l’articulation habile de ta chronique autour des superbes scans, donnent envie de partager à nouveau les affres de Matt Murdock.
    Et les couleurs de Lynn Varley sont dignes des primitifs italiens.
    Cette semaine de commémoration des morts vous inspire sacrément.

    • Dare The Jy  

      Les primitifs italiens ? Tu peux donner des exemples ? Ca m’intéresse.

      Sinon, c’est pas pour faire de la lèche, mais je trouve que cette saison 3 de Bruce Lit est vraiment de très haut niveau…

    • Lone Sloane  

      Salut Cyrille, c’était ma mère l’amatrice de peinture italienne. Lors d’un séjour en Toscane, alors que j’en prenais plein les yeux avec les peintres de la Renaissance, elle m’avait parlé de l’apport majeur des primitifs, les plus connus sont Giotto et Duccio, les premiers à avoir peint sur un autre support que la pierre.
      Ces couleurs vives, éclatantes et riches de nuance qui embellissent leur support quel qu’il soit, c’est ce qui me reste de ce voyage.

  • Sonia Smith  

    Je n’ai hélas pas encore lu ce run que je vais prendre en Icons mais ayant apprécié le travail de Miller sur DD, je pars avec un avis positif, encore renforcé par ce bel article de JP 🙂

  • Nice Panda  

    D’accord en tous points avec l’article du dessus. 😉

    J’irai même plus loin en disant qu’il s’agit peut-être, pour moi, de l’ultime sommet de l’oeuvre de Miller.
    Le dernier titre où il parvient à maintenir le fragile équilibre entre récit (minimaliste mais touchant), dessin (magnifique, par endroits presque expérimental mais jamais gratuit) et ambiance (onirique et à la sincère mélancolie).

    Avant la série des SIN CITY que je ne suis jamais parvenu à apprécier complètement, malgré des planches stupéfiantes : la faute à une complaisance certaine dans la violence et, surtout, des histoires-prétextes qui ont, rapidement, fait verser l’ensemble dans le pur exercice de style de plus en plus creux au fur et à mesure des tomes…

    Concernant ELEKTRA ASSASSIN, je n’ai pas réussi à dépasser la moitié… ^_^

    • JP Nguyen  

      @Nice Panda : « l’ultime sommet de l’œuvre de Miller » ?
      300 a quand même un sacré souffle épique.
      Quand à Sin City, je crois comprendre ton point de vue, assez proche du mien, même si je trouve que le graphisme rattrape largement la relative simplicité des intrigues (au moins sur les premiers tomes).
      Et on en a aussi discuté sur le blog :
      http://www.brucetringale.com/le-grand-deballage/

  • Sim Theury  

    C’est un peu « je t’aime moi non plus » pour moi avec cette histoire.
    Mon cœur balance entre l’avis de Bruce et le tien depuis plus de 20 ans.

    Petite question au passage : as-tu choisi le titre de la chronique par rapport à la chanson de Prince ou est-ce une autre référence ?

    • JP Nguyen  

      @Sim : oui, le titre était bien une référence à la chanson de Prince, comme l’indiquait la « BO du jour », postée dans le commentaire de Bruce, le 4 novembre à 8h08…
      J’avais donné le lien vers la version de Native car Prince est ultra-pointilleux sur la mise en ligne de ses œuvres sur le Net…

      • Sim Theury  

        Pour les droits d’auteur et les royalties, je connais bien le loustic ^^

        J’avais loupé le commentaire de Bruce, je devais pas être très réveillé

        Merci pour ce bel article en tout cas !

        • Bruce lit  

          @Sim : pour ceux qui n’ont pas Facebook, je copie colle le teaser du matin et du soir dans la rubrique commentaire ( ce qui m’évite de toucher à la mise en forme de l’article). C’est un fonctionnement un peu particulier, mais tu vas t’y faire :). Et puisque tu sembles aimer le justicier aveugle, l’arc de BOb Gale « play to the camera » sera bientôt en ligne.

  • Matt  

    Ok bon alors si j’ai compris, Elektra était dejà revenue à la vie (ou jamais morte ?) et comme Matt ne le sait pas, Miller joue sur sa confusion, ses cauchemars et la présence réelle d’Elektra dans le récit. Bon mais c’est quoi ces corps à la morgue qui sortent des tiroirs pour s’en prendre à elle ? Des assassins de la main ? Ou un autre cauchemar ? De quoi ? L’intérêt c’est justement la confusion ? Euh…ok admettons.
    Bon j’ai toujours pas pigé l’espèce de duel mental entre Murdock et le tueur de Bullsheye. Il y a des ellipses très brutales dans ce comics. On saute d’une scène à l’autre sans transition, c’est super confus je trouve. Et si c’est voulu, ben c’est réussi mais je ne suis pas très fan.

    • JP Nguyen  

      Oui, Matt, à la fin du run de Miller, Elektra ressuscite mais DD l’ignore (je ne te spoile pas comment ça se passe exactement).
      La confusion dans le récit, c’est aussi celle de Murdock qui ne trouve plus le sommeil et est hanté par le souvenir de son amour perdu…
      Le duel mental, c’est une variante de pouvoirs que s’autorise Miller dans ce récit. Oui, DD n’a jamais vraiment manifesté de pouvoirs de cet ordre-là avant ni après ce récit…
      Mais…
      Dans le run de Miller, il a quand même un épisode avec un combat se déroulant dans sa tête
      et de plus, toujours dans ce run, Stick, son maître, manifeste des pouvoirs psychiques (lui parle dans sa tête).

      Bien sûr, il ne s’agit nullement de te convaincre / t’imposer d’aimer cette lecture, juste de t’expliquer pourquoi cela peut plaire à d’autres.
      Dans ma chro, j’évoque d’ailleurs que : « Malgré les apparences, Elektra Lives Again n’est pas vraiment un récit auto-contenu. Il ne s’apprécie pleinement que dans la perspective du run de Miller et Janson sur Daredevil,  »
      et aussi que : « Mais même avec cette approche, cette histoire ne plaira pas forcément à tout fan de DD. Comme certains cocktails, il possède un goût prononcé qui ne convient pas forcément à tous les palais.  »

      Bon, allez, j’arrête les auto-citations…

      • Matt  

        Bah le truc aussi c’est que ça devient lassant les intrigues centrées sur le deuil et la dépression de Matt. Plus on me conseille des lectures Daredevil, plus je me dis que c’est toujours pareil. Bon alors ok c’est mature, adulte, les thèmes du deuil et des troubles mentaux sont importants et bien traités. Mais j’ai le sentiment que les grandes histoires de Daredevil sont toujours centrées sur lui. Dernièrement j’ai bien aimé l’arc de Brubaker sur « cruel et inhabituel » ou il enquêtait sur un vrai mystère intéressant en même temps qu’il faisait le deuil de sa relation avec Milla devenue folle. C’était pas juste un truc centré sur Matt.

        Les récits centrés sur leur personnage principal c’est sympa…mais à force on se demande en quoi DD est un héros vu qu’il passe plus de temps à déprimer et à pleurer qu’à enquêter sur des trucs. Un méchant l’attaque, se venge…et on suit ses souffrances. ça fait un peu « égocentré ».

        J’imagine que ça a joué sur mon appréciation de cette histoire qui plonge encore Matt dans la confusion mentale et surtout dont tout l’intérêt réside là dessus. Parce que sinon le reste…des vilains veulent se venger et ressusciter un mec avant une baston finale, ça vole pas haut. C’est donc le thème du deuil de Matt et la mise en scène qui a un intérêt. Mais ça ne m’a pas vraiment touché, et la mise en scène m’a plus paumé qu’autre chose.
        Après c’est pas nul mais c’est en effet pas du tout auto-contenu et ça perd surement en intérêt sans le reste du run. Du coup le choix de le publier indépendamment du reste…c’est encore un piège de Panini^^

        • Jyrille  

          Ouais mais le dessin et les couleurs, elles claquent le teckel non ?

  • JP Nguyen  

    Allez, j’en remets une dernière couche sur le run de Miller, où DD ne fait pas que pleurnicher sur son sort et :
    – arrête un serial killer évadé (Bullseye), plusieurs fois
    – défend un super-vilain, le Gladiateur, pour permettre sa réhabilitation
    – retrouve et sauve la femme du Caïd
    – empêche l’élection d’un politicien corrompu à la mairie de New York (oui, c’est sûrement le fait le plus improbable de la liste)
    – fait coffrer un trafiquant de drogue
    – démantèle un trafic d’armes
    – déjoue un complot de la Main pour se doter d’un super-assassin
    – tente de venir en aide à un enfant en difficulté (dernier numéro du run : Roulette)

  • Jerome  

    Merci de ce guide de lecture très complet. Je vais investir dans le Giantsize qui vient de sortir.

    • JP Nguyen  

      De rien, you’re welcome !

  • Chip  

    Team JP, clairement. Autant ce one-short préfigure ce Miller qui va s’enfermer de plus en plus dans l’auto-caricature, autant quelle réussite visuelle. Ses corps et visages trouvent encore un équilibre qu’il bousculera avec talent dans Sin City, il donne de l’espace aux couleurs et expérimente un trait différent qui rétrospectivement me semble être entre JR Jr et Quitely.

    Quand j’en revois des planches, la magie ressentie en l’achetant à l’époque n’a pas complètement disparu.

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