Interview de Tornado
Une torture lente et raffinée de BRUCE LITC’est lui, l’affreux jojo du blog qui accompagne les amateurs de la saga du Phénix Noir vers la porte du ressentiment, dézingue le punk rock et l’élitisme de sa presse : il était temps de lui poser les questions qui fâchent pour des réponses qui tachent !
Yo ! Tornado, Présence a déjà eu droit aux honneurs d’une interview. Il était temps de rétablir l’équilibre de la force en présentant à nos lecteurs le troisième membre du Triumvirat Amazonien. Tu nous fais un reboot et te présente ?
Ah. Vraiment ? Je ne suis personne. Je ne suis rien.Dans la vie je suis un prof d’arts plastiques. Je vis dans le Sud. Je passe l’essentiel de mon temps dans mon jardin, à cultiver des plantes exotiques et à créer un décor pittoresque. C’est une manière d’exprimer ma créativité maintenant que je ne dessine plus beaucoup et que je ne joue plus de musique. Mais chaque jour je vais sur le blog. C’est la connexion avec le monde que j’ai choisi.
« Tornado », c’est un pseudo à la noix et le fruit du hasard : Un jour, j’ai perdu ma carte bancaire. A cette époque, Amazon m’avait obligé à changer de compte et de pseudo. J’ai donc modifié mon vrai nom (italien), à une lettre près…
Te rappelles-tu de notre 1ère rencontre ?
Une rencontre en deux temps :
D’abord virtuelle sur Amazon, via les « avis » qui allaient former un jour des articles. Le premier message que j’ai posté, c’était sur un « commentaire client » de Présence à propos d’un album de Batman (me rappelle plus lequel). Je l’invitais à préciser les dates, je m’en souviens ! Le premier te concernant, c’était pour THE BOYS je crois. Je te disais ne pas être d’accord avec toi. Le courant est passé tout de suite ! Et puis il y a eu la review de Présence sur ONE MORE DAY, où on a commencé à avoir une discussion quotidienne à trois (avec parfois Cyrille M et JP Nguyen !).
Ensuite physique chez Album, à Paris. Une chouette journée à écumer les boutiques de comics ! J’ai aussi pu rencontrer Présence et Patrick 6 (ainsi que JP, de passage dans ma région). On s’est tout de suite très bien entendus et les soirées dans le bistrot de ton frangin étaient assez mémorables dans leur genre.
Quelles sont tes lectures fondatrices ?
On commence par du classique : PIF, RAHAN, TITI (avec TARZAN), MICKEY PARADE, PICSOU, les publications LUG et la trinité incontournable ASTERIX/TINTIN/LUCKY LUKE. Une période de transition avec BLAKE & MORTIMER puis, arrivé au lycée, les lectures plus adultes de Fluide Glacial (Gotlib, Maester, Binet, Edika), avant de plonger dans les œuvres de Jean Van-Hamme (à commencer par THORGAL), d’Alejandro Jodorowsky (en commençant par L’INCAL), d’Hugo Pratt et Manara, et des révolutionnaires qui viennent de débarquer au rayon comics : Alan Moore dont THE KILLING JOKE est une immense révélation pour moi, Frank Miller et son DARK KNIGHT RETURN, Grant Morrison avec ARKHAM ASYLUM où Dave McKean fait sensation, comme dans BLACK ORCHID de Neil Gaiman, sur lequel tout le monde se penche dans mon internat, sans que personne ne comprenne de quoi ça raconte…
Cette liste montre bien qu’il y a un avant et un après. Dans l’avant, il n’y a que TINTIN vers lequel je reviens sans cesse.
En préparant cette interview je me suis rendu compte que, de l’équipe, tu ne proposais quasiment jamais de comics contemporains. Que s’est-il passé depuis nos premières années où tu semblais encore impliqué dans les nouveautés comics ?
Facile : Je reviens aux comics au milieu des années 2000, au moment de CIVIL WAR et des librairies pleines de créations estampillées Marvel Knights. Un véritable âge d’or et une mine pour un lecteur adulte relativement exigeant. J’ai la naïveté de croire que la mort de Captain America (dont le rôle à contre-emploi m’a vraiment impressionné) est définitive. Alors je me dis, en découvrant des perles comme SENTRY et INHUMANS de Paul Jenkins & Jae Lee, les œuvres de Jeph Loeb & Tim Sale, que les super-héros sont passés dans une ère adulte et artistique totale. Je me mets à lire quasiment tout ce qui me tombe sous la main, avec la volonté de voir ce que ça fait d’être un lecteur complétiste, chez Marvel et chez DC, tant qu’à faire…
Cela n’a duré qu’un temps : C’était un leurre. Les super-héros sont rapidement retombés dans une sphère adolescente plombée par une politique éditoriale exaspérante (connexion/events/crossovers, morts/résurrections, origines/reboot/relaunch, etc.). Aujourd’hui, via l’overdose des adaptations ciné/télé, je deviens allergique aux superslips. Sauf exception.
J’ai également arrêté d’acheter compulsivement des comics indépendants. J’ai une poisse insensée avec mes séries coup de cœur. Soit elles sont annulées en cours de publication par leur maison d’édition (je pense notamment à BEDLAM de Nick Spencer (série exceptionnelle mélangeant super-héros et serial killers, mille fois supérieure à NAILBITER), soit, et c’est le plus fréquent, abandonnées en VF (HARROW COUNTY au moment du naufrage de Glénat Comics, par exemple). Je n’accorde plus aucune confiance aux éditeurs. Je préfère attendre une éventuelle réédition définitive en intégrale…
Au fil des années, tu as façonné auprès de nos lecteurs une image de Comics-Grincheux, ce que tu n’es pas dans la vie. Pourquoi ce contraste entre l’écrit et la réalité ?
Pourquoi écrit-on des critiques ? Parce qu’on est des artistes frustrés (le rock-critique un musicien raté, le blogueur de BD un dessinateur ou un scénariste qui n’a pas réussi à en faire son métier…) ? Ce postulat, s’il est un tant soi-peu fondé, ne fait-il pas du critique un grincheux potentiel ?
Pour moi, il est clair que l’écriture est un exutoire. Une antichambre. Dans la vie je suis un vrai gentil, fêtard, protecteur, tolérant et bienveillant. Un peu râleur (un homme du sud) mais c’est tout. J’ai même un égo très raisonnable. Avoir tort ne me dérange pas (je trouve le contraire idiot) et être chambré, c’est rigolo. J’ai appris ça à l’internat et au service militaire !
Mais j’ai grandi dans les années 70/80, enfant de Coluche, Desproges et Cie. Gainsbourg, dont l’œuvre et le personnage m’ont marqué dès l’enfance, disait que la provocation est une dynamique et qu’on est cernés par les cons. Cette philosophie basique constitue mon ADN. Le problème est que je ne sais pas vraiment la canaliser dans mon écriture. Surtout à l’époque actuelle de la Cancel Culture où, la provocation, jadis symbole de liberté, est devenue ennemi public N°1 d’une nouvelle chasse aux sorcières…
Cette interview sert à clarifier certaines de tes marottes. On y va ?
Tu as souvent recherché une adéquation entre le fond et la forme dans la bande dessinée.
J’ai une formation de plasticien. J’ai fait des études universitaires d’arts plastiques, à une époque où cette discipline cherchait à s’intellectualiser pour asseoir sa crédibilité (et briser le stéréotype « étudiant en art = grosse feignasse inutile » ou « hippie périmé »). C’était la même chose avec d’autres disciplines comme l’EPS et son « référentiel bondissant », une assez pathétique tentative d’intellectualiser le mot « ballon », par exemple ! J’ai passé des années à analyser des œuvres, à étudier les artistes, leurs thèmes, leurs concepts. C’est devenu une sorte de déformation intellectuelle. Pour moi, une œuvre d’arts plastiques s’articule principalement dans son rapport entre la Forme et le Fond. Une œuvre littéraire entre le Texte et le Sous-texte. Un médium qui fusionne ces deux formes d’expression, comme le cinéma et la bande-dessinée, regroupe ces quatre notions. Je ne peux pas m’empêcher de les analyser. C’est épuisant, j’avoue (rires).
Ces critères esthétiques ne te ferment pas des portes ?
C’est compliqué. Parce qu’en plus je suis comme tout le monde pétri de contradictions. En littérature (et donc aussi en BD, parce que j’ai envie que la BD soit au niveau de la littérature), je suis élitiste. Un vrai connard. En musique, c’est l’inverse : J’aime le fun, voire le kitsch. Je déteste le bruit, la musique expérimentale prétentieuse et les approches élitistes qui cloisonnent les genres. Du coup, j’ai l’impression d’être une sorte de progressiste démontant les mêmes approches que j’ai en littérature ! Au cinéma c’est encore différent : Je suis plus cool. J’aime les deux (le cinéma d’auteur et le cinéma pop-corn). C’est là où je suis le plus ouvert !
Tu as souvent vilipendé les élites dans ces colonnes, notamment dans les articles musique en y mettant un peu tout le monde. Peux-tu nous clarifier tout ça ?
J’ai passé une grande partie de ma vie avec des musiciens. Dans les années 90 et 2000, à l’époque où la planète était rock, je jouais de la batterie et je passais l’essentiel de mon temps libre à écumer les concerts de toute sorte, rock, jazz, blues, fusion, world music, dans les bistrots, les salles de concert, les stades, les caves, les festivals des quatre coins de la France, les docs marseillais, les happenings lillois, la Rue de la Soif de Rennes, chez les copains…
Dès que quelqu’un se passionne pour la musique, on dirait qu’il faut qu’il choisisse son camp et ça devient très vite extrêmement sérieux.
Point 1 : Je trouve qu’en musique, les spécialistes se prennent beaucoup trop au sérieux. Franchement la presse musicale et ceux qui la lisent assidument ressortent souvent les mêmes litanies. Je ne supporte pas cette messe. J’ai envie de rester un électron libre et je suis allergique à toute forme de pensée unique. Quand je lis une phrase dans une revue ou une bible rock, puis que je l’entends reprise telle quelle par un quidam qui vient réciter sa leçon comme s’il avait inventé lui-même la formule (et j’ai malheureusement le don de repérer ça à des km), ça me rend gaga.
Point 2 : Je ne supporte ni les litanies, ni la sensation que les gens « récitent » une pensée unique. Régulièrement, notamment dans les articles et les ITWs rock, tu peux lire que le rock « SE DOIT » d’être une attitude, voire un look. Ça m’exaspère. Le rock est un genre de musique riche et protéiforme, qui est libre d’évoluer comme toute forme d’expression. Résultat : Le rock est en train de mourir à petit feu quand certains s’accrochent à cette doctrine sclérosée. Il n’y a pas plus mauvais passeurs que les élites. Le rock ne se doit de rien. Du coup, ça a gonflé les jeunes qui se sont tournés vers le rap.
J’aime autant écouter de la musique de genre que de la variété. Mes héros viennent de tous les horizons sans que je sois dupe sur le fait que leurs genres respectifs ne se valent pas : Marvin Gaye, Pink Floyd, Burt Baccarach, Julio Iglesias, Gil Scott-Heron, Henry Mancini, Jeff Buckley, Chet Baker, John Barry, Led Zeppelin, Pat Metheny, Serge Gainsbourg, Gene Clark, Dead Can Dance, Miles Davis, Rage Against the Machine, James Brown, Antonio Carlos Jobim, Stephen Stills, Jacques Brel, Donny Hathaway, Stan Getz, Barry White, ACDC, Frank Sinatra, Santana, Michel Polnareff, David Crosby, Aretha Franklin, Henry Salvador, Nick Drake, Paul Williams, les Doors, les Bee Gees, Léo Ferré, Neil Young, Adriano Celentano, David Sylvian, Magma, Robbie Williams, Michel Jonasz, Anathema, Mozart…
Point 3 : Je refuse de renoncer à des musiques sous prétexte qu’elles ne rentrent pas dans le canon du « bon goût » dicté par des musicologues autoproclamés. C’est ce que j’appelle « l’oligarchie rock ». Mais ça peut marcher aussi avec les autres genres (le jazz n’est pas mal non plus niveau élitisme…).
Tiens, je me suis inspiré d’Isaac Asimov pour ma formule musicale :
Loi 1 : La musique doit plaire à mes oreilles.
Loi 2 : J’ai le droit d’écouter de la musique facile et commerciale si elle correspond à la loi 1.
Loi 3 : La valeur artistique de la musique est un plus, sauf si elle rentre en conflit avec la loi 1.
Cette formule explique par exemple pourquoi ma période préférée de Bowie est celle des années 70 (plaisir d’écoute + valeur artistique), pourquoi j’écoute quand même LET’S DANCE et TONIGHT (valeur artistique faible, mais plaisir), et pourquoi je n’écoute pas la période berlinoise (valeur artistique certaine, mais aucun plaisir d’écoute).
Dans le domaine des comics on retrouve ce type de réflexes, certains modèles étant dictés par une forme de communautarisme : Combien de fois ai-je pu lire « chef d’œuvre ! » sur les RS, à propos d’un comicbook pas encore publié, mais fortement hypé, posté par un internaute n’ayant certainement pas encore lu la chose…
Tes critères esthétiques, justement sur le fond et la forme, ne te feraient pas entrer dans les critères que tu dénonces par ailleurs : ceux du bon et du mauvais goût ? Tu as souvent écrit qu’un nivellement entre les œuvres était impossible.
Dans certains cas, je peux être une teignasse. Je ne supporte pas l’arrogance et en même temps je peux être arrogant moi-même. En musique, ceux qui pensent être des connaisseurs toisent souvent les autres de haut. Mais le fait-est que dans le domaine de la littérature et de la BD, où je suis un vrai connard, je toise aussi les autres de haut. On en revient aux contradictions. Aujourd’hui j’essaie d’être comme Pierre Richard : Je suis teignasse mais je me soigne…
Tu t’es souvent aussi révolté contre les comics Old-School infantilisants…
A force d’y réfléchir, je pense savoir pourquoi. Quand, en 2000, sort le premier X-MEN de Bryan Singer, c’est le monde entier qui redécouvre un intérêt pour les super-héros, et moi avec. Je me souviens avoir lu un dossier dans le magazine Mad Movies (LE canard qui m’a le plus marqué depuis l’adolescence, auquel je suis resté longtemps fidèle). Le chroniqueur ne tarissait pas d’éloges sur les comics mutants, la richesse de leur univers et leur toile de fond sur le droit à la différence. Je me suis alors souvenu avec nostalgie du temps où je lisais DIEU CREE, L’HOMME DETRUIT, BELASCO et la rencontre entre Xavier & Magneto dans UNCANNY X-MEN #161. J’ai donc couru acheter la première intégrale dédiée aux X-men de l’ère Claremont. Les bras m’en sont tombés : J’ai trouvé ça très mauvais et daté.
J’ai commencé à fréquenter les réseaux sociaux dédiés aux comics, et notamment le Facebook de Panini qui, à l’époque, possédait encore la licence DC Comics. En posant des questions du genre « Quand sortirez-vous tel truc d’Alan Moore ? », je me suis pris des réflexions hautaines, voire agressives pour me dire que c’était surfait et prétentieux, et qu’il valait mieux que je lise LE DIABLE EN BOUTEILLE, par exemple, qui n’avait pas attendu le Dark Age pour s’adresser aux adultes. Plein de bonne volonté, je suis allé acheter et j’ai lu ces comics old-school, soi-disant la panacée. Les bras m’en sont encore tombés : Voir Iron man se bastonner façon bac à sable contre des vilains complètement débiles en balançant des phrases moyenâgeuses, c’était ça la référence adulte ? Encore un truc qui m’a mis en colère (rires) !
Mais pourquoi donc cette allergie aux comics old-school et leur style enfantin ? (je ne dis plus « infantile » aujourd’hui, parce que ça vexe des gens très bien).
Au collège, je dessinais énormément en rêvant de devenir auteur de bande-dessinée et on se tirait la bourre avec un copain. Alors que j’étais attiré par le Fantastique, lui ne dessinait que des trucs hip hop, des skaters, des surfers, ce genre de truc. Je suis ensuite parti pour d’autres horizons, d’autres endroits. Un jour, en revenant chez moi, j’ai croisé ce copain d’école devenu adulte. Il décorait des devantures, des enseignes et des bagnoles. Et il dessinait exactement les mêmes trucs qu’au collège, une époque que j’avais détestée (j’ai viscéralement détesté l’adolescence). Ça m’a fait un choc. Une sorte de déclic ! J’avais changé, évolué, évacué le passé. Mais pas lui. J’ai exprimé un très fort sentiment d’allergie. Je pense que cet événement a défini, de manière plus ou moins inconsciente, mon rejet de tout ce qui a attrait à l’adolescence. Non pas les ados eux-mêmes (j’adore les teen movies des années 80, j’ai adoré les RUNAWAYS de Brian K. Vaughan et les YOUNG AVENGERS d’Alan Heinberg), mais leur univers. Les comics old-school (et certains actuels racoleurs – Coucou Skottie Young !) sont pensés, écrits et calibrés pour plaire à des adolescents. Je suis convaincu que cet état d’esprit (la Forme, encore !) est une des raisons majeures de mon rejet. Parce que s’ils étaient fondamentalement mauvais, vous les trouveriez tous mauvais, non ?
Tu es également l’auteur du Bullshit Detector le plus controversé de l’histoire du blog : celui sur la SAGA DU PHENIX NOIR. Si c’était à refaire ?
Je le referais. A ceci près que j’essaierais d’affiner mon approche, pour que ce soit beaucoup plus drôle, et beaucoup moins méprisant pour les fans.
Ecrire des articles n’est pas mon métier. Lorsque j’écris celui sur le PHENIX NOIR, je suis un amateur qui ne maitrise pas l’exercice périlleux et subtil de la critique à charge, menée avec humour. On a vu le résultat. Je m’en suis beaucoup mieux sorti avec mes articles sur les vieux téléfilms Marvel.
Bon et c’est quoi ton problème avec le Punk Rock, c’est de l’ordre du trauma, non ?
Mon rapport au punk démarre au lycée. J’étais inscrit à l’internat à Antibes, en section Arts Appliqués. Pendant trois ans, j’ai partagé le quotidien d’une bande de punks et me suis lié d’amitié avec eux. Pour s’endormir (on partageait la chambre), ces crapules écoutaient du Clash, du Buzzcocks, du Boomtoom Rats, du Dead Kennedys ! Je ne supportais pas cette musique basique et moche (excepté les Clash). C’est aujourd’hui encore du bruit inécoutable pour moi. Il a fallu trouver des compromis et on a évolué ensemble : Pink Floyd, Bowie, Hendrix, les Doors… L’aventure musicale avait commencé.
C’est ma croix : Je ne m’entends bien qu’avec les gens qui ont des goûts opposés aux miens. On a appris à jouer de la musique tous ensemble. On a commencé par des compromis puis, lorsqu‘en 1990 a débarqué le rock fusion avec Red Hot Chili Peppers et Rage Against the Machine, on s’est mis à jouer ça. Mes années fac qui ont suivi, entre Toulon, Marseille et Aix en Provence, me manquent beaucoup aujourd’hui. J’ai adoré cette époque.
Lorsque j’ai eu mon CAPES et que j’ai été affecté à Lille, un de mes meilleurs potes (qui jouait de la basse avec moi) m’a suivi et on a été colocataires pendant mes trois années lilloises. C’est un fan ultime des Ramones. C’était reparti pour trois ans à subir du punk (rires) ! J’ai donc encore fréquenté ce milieu, et ces mecs me trainaient bien malgré moi dans tous les concerts garage du Nord et de la Belgique, en passant par la Bretagne et la Normandie. Bref, j’en ai bouffé du punk !
Un traumatisme ? Oui, on peut dire ça ! Mais uniquement musical, parce que la vie en rock, c’était rigolo.
Pour terminer, je dirais que ce qui m’insupporte avec le punk c’est comme avec certains auteurs de comics old-school (comme si c’était mieux avant, au bon vieux temps du rock’n roll) : Entendre sempiternellement, et au mépris du reste de la part de musicologues autoproclamés d’un côté, et de docteurs es-comics de l’autre, que c’est le plus pur, le plus intègre, le plus… je ne sais quoi ; le top du top, les deux formant une sorte de communauté semblant vouloir écraser le reste de l’humanité de sa pensée unique. Alors que je trouve ça pourri. Sauf votre respect. Rien de personnel.
Qu’est-ce que les échanges avec la Team t’apportent ?
De l’amitié. Essentiellement virtuelle, peut-être, mais… importante. C’est cool d’échanger avec des cop(a)in(e)s qui, même en ayant des goûts différents (encore une fois, le fait que les gens ne pensent pas comme moi ne m’empêche pas de les aimer), partagent les mêmes loisirs. Ça rappelle justement l’époque où je jouais de la musique avec mes potes, qui hélas habitent tous aux quatre coins de la France aujourd’hui…
Dans mon entourage professionnel, la plupart des gens méprisent la culture geek. Echanges avec la team = bulle d’oxygène.
Tes projets d’articles pour la saison 10 ?
On ne s’étonnera pas si je propose de moins en moins d’articles sur les super-héros… à part des articles rigolos sur les films les plus kitsch !
J’ai envie d’écrire sur la musique. De plus en plus. S’il y a une fenêtre pour ça au sein du blog, je la prendrai bien volontiers.
Je poursuivrais également mon exploration de l’œuvre d’Hergé, et celle des auteurs que j’adore, que ce soit en BD ou au cinéma. J’ai encore envie d’écrire sur Miyasaki par exemple. Et de poursuivre cette formule d’articles « crossover », qui mélangent les médiums, comme ceux sur la chute du mouvement hippie. Que diriez-vous d’un article sur l’œuvre commune de Sergio Leone et Ennio Morricone par exemple ?
En tout cas je te remercie Bruce, pour la liberté totale que tu m’accordes en ces lieux. Merci aussi à la team de m’aimer quand même pour ce que je suis. Et merci aux quelques lecteurs qui continuent de lire mes articles…
Un dernier mot ?
Je déplore régulièrement que les lecteurs réagissent systématiquement à quelques petites provocations inoffensives. Or, il se trouve que cette provocation est dans ma nature. Sachez donc qu’il n’y a là rien de personnel (sourire) !
La BO : Des Rocs : NOTHING PERSONNAL
Histoire de mettre le feu aux poudres, ce n’est pas le BD sur The Ultimates, le plus controversé du site ? ^^
Merci pour cette interview qui me permet de mieux connaître le collègue 🙂
PS : je n’oublie pas que j’ai des bouquins de côté pour toi !
Ah ! Merci JB ! C’est vrai que tu m’avais demandé pour les bouquins ! Rien ne t’y oblige, mais c’est sympa d’en reparler. Et je ne les ai toujours pas 😉
Joker sciatique ! Bientôt en vacances, je vais en profiter pour te les envoyer ^^
Hey les loups du blog,
je me rappelle très bien avoir lu avec attention l’itw de Présence. Je viens d’en faire de même pour celle de Tornado dont je me suis découvert beaucoup de point en commun depuis mon arrivée.
J’aime beaucoup ton parcours, celle difficulté à exister dans un monde qui ne comprenait pas nos passion. Et finalement avec une culture geek-pop qui dégueule tous les jours actuellement finalement on reste encore à la marge, nous les vieux cons.
Et puis ces phrases magiques Dans le domaine des comics on retrouve ce type de réflexes, certains modèles étant dictés par une forme de communautarisme : Combien de fois ai-je pu lire « chef d’œuvre ! » sur les RS, à propos d’un comicbook pas encore publié, mais fortement hypé, posté par un internaute n’ayant certainement pas encore lu la chose… MAIS TELLEMENT. Dans mes bras virtuel, collègue de blog.
Je me garde pour ce soir (en déplacement aujourd’hui) le fameux bullshit detector sur le Phoenix noir. A la fois quand je ne mets jamais la période Byrne sur le podium de mes runs préférés des X-Men je passe déjà pour un extra terrestre.
En tout cas je te donne rendez vous pour la saison 10 et il me tarde de lire la suite des chroniques du reporter à la houppe dont je suis également un très grand fan.
Belle journée à toutes et tous.
Merci Fletch. Gaffe avec l’article sur le Phenix. C’est vraiment un truc qui m’a valu l’ire de plein de personnes. Et J’ai bien peur que Bruce a essuyé les plâtres… Mais en même temps ça l’a aidé à faire le ménage ! Cool non ? 🙂
Une interview que j’ai dévorée et qui m’apprend encore des trucs alors que je connaissais presque la plupart du contenu. Vous avez bien fait de mettre en avant toutes ces contradictions et expliciter tout ce qui peut provoquer l’incompréhension. Au moins là tout est clair.
« Je suis teignasse mais je me soigne… » c’est magnifique, je comprends tellement ce sentiment. Une phrase qui résume presque tout cet entretien.
Je vais le dire mais je ne devrais pas le faire car ça tombe sous le sens : je rejoins Tornado sur bien des points, le premier étant le besoin d’échanges sur des passions ou des centres d’intérêts communs.
Dernier rappel : JP aussi a eu son interview
La BO : je ne connais pas du tout mais j’aime beaucoup, c’est très rock indé.
Ah et je suis très preneur d’articles crossovers comme ceux sur les hippies et le cinéma et bien sûr sur Morricone et Leone !
Merki Cyrille ! Quand je dis que je ne m’entends bien qu’avec des personnes qui ont des goûts opposés aux miens, je pense souvent à toi. Mais en même temps on a plein de goûts en commun. C’était pareil avec mes potes du lycée : On partait de plein de contradictions, d’oppositions, de conflits potentiels, et au final on alignait toutes les étoiles. J’ai adoré ça. C’est encore ma façon de fonctionner aujourd’hui.
C’est vrai que JP a aussi son ITW. C’était d’ailleurs un argument de Bruce pour me pousser à accepter la mienne : « Présence l’a fait… JP l’a fait… Matt l’a fait… » 😀
Tu as bien fait d’accepter !
« Et merci aux quelques lecteurs qui continuent de lire mes articles… »
Ca ne fait pas depuis très longtemps mais lire tes articles et discuter ici est toujours un vrai plaisir enrichissant.
Les contradictions, un certain goût pour la provocation, parfois une pointe de mauvaise foi et surtout la joie de discuter de plein de choses qui nous tiennent à coeur, on les partage bien évidemment.
Et je suis certain que dans la vie, on est tous des vrais gentils, tolérants et bienveillants.
Merci, Zen !
J’essaie de ne pas trop m’enfoncer dans la mauvaise foi. Ce n’est pas une chose que j’apprécie chez autrui. Mais sans doute je n’y arrive pas moi non plus !
Toutes les personnes que j’ai rencontrées en chair et en os via le blog Bruce Lee sont de vrais gentils. Je le confirme !
Et encore merci pour ces mots gentils. J’avais un peu la sensation au départ que tes posts étaient donneurs de leçon, mais au final pas du tout (le goût de la provoc, évidemment ! 😉 ). Alors au plaisir de te retrouver ici, sincèrement !
Une interview qui mérite amplement sa place sur le blog en effet !
Je suis fan des éclaircissements et de ton honnêteté, car c’est évidemment quelque chose que j’avais remarqué, ce dédoublement de personnalité, entre « l’élitisme en musique c’est nul » et « vous aimez ces comics ? Mais c’est d’la merde !! » XD
Bref, j’ai pris énormément de plaisir à lire (ou relire) ces anecdotes.
Concernant ton ancien pote qui dessine toujours ses skaters : c’est peut-être qu’il a trouvé un style qui lui plaisait et qu’il en a fait son fond de commerce ?
Je comprends la distinction que tu fais entre écrire des ados et écrire pour des ados…
Pour ton ton provocateur et acerbe et ses conséquences, tu es vache de mettre les vieux téléfilms Marvel et la saga du Phénix Noir sur le même plan XD
D’ailleurs, je vois que je n’ai pas lu tous les articles sur les téléfilms Marvel ! Je devrais avoir un peu de temps pour rattraper ça dans une semaine….
En tout cas j’apprécie grandement ton honnêteté, ton envie d’être un peu plus délicat vis à vis des lecteurs de comics et tes mots.
C’est chouette les amitiés virtuelles 🙂
Mon ancien pote : Oui, il avait fait de sa passion de jeunesse un fond de commerce, sans complexes ! C’est super cool pour lui ! Mon rejet n’a rien à voir avec lui. Juste avec mes propres névroses. Lui a d’ailleurs toujours été un gars bien dans ses baskets, sans soucis, alors que moi, j’ai dû batailler pour faire mon petit bonhomme de chemin !
Mettre les vieux téléfilms Marvel et la saga du Phénix Noir sur le même plan : Ecore une fois je suis maladroit. Je voulais dire par là que ce sont deux choses que je trouve mauvaises (personnellement). Pas qu’elles sont sur le même niveaux. Le fait est que j’aime les vieux téléfilms Marvel (tellement ils me font marrer), alors que je n’aime pas du tout la saga du Phénix Noir. C’est ça qui a fait la différence pour mes articles. Et encore une fois je précise : Je n’ai pas l’effet nostalgie pour la saga du Phénix Noir (alors que je l’ai, par exemple, pour DIEU CREE L’HOMME DETRUIT que j’ai lu à l’âge de 11 ou 12 ans), puisque je ne l’ai pas lu quand j’étais gamin.
Merci à toi pour ton post chaleureux ! C’est SUPER chouette les amitiés virtuelles 🙂
Oh j’oubliais : très sympa cette BO !!!
je plussoie également sur la BO
Ahaha ! Je tenais absolument à en trouver une qui soit rassembleuse. je suis content ! 🙂
Rien de personnel… Rien qu’avec ce titre, j’ai su que j’allais passer un excellent moment de lecture.
Arrivé à la fin, je me dis que cette interview était nécessaire et manquait au blog, même si Tornado ne voit pas ce qui peut intéresser les lecteurs dans cette présentation… En tout cas, tout m’a intéressé.
Super illustration d’ouverture avec un goût parfait pour le badge de droite. 😀
Pourquoi écrit-on des critiques ? Parce qu’on est des artistes frustrés ? – Bonne question. J’hésite à adhérer à cette motivation.
Une époque où cette discipline cherchait à s’intellectualiser pour asseoir sa crédibilité (et briser le stéréotype « étudiant en art = grosse feignasse inutile » ou « hippie périmé ») : je n’avais jamais entendu ce stéréotype. Au contraire, étant incapable de dessiner quoi que ce soit, j’ai toujours pensé que être artiste exige un investissement proche du sacerdoce.
Je refuse de renoncer à des musiques sous prétexte qu’elles ne rentrent pas dans le canon du Bon Goût : voilà une étape dans le développement personnel que je me souviens très avoir franchi également.
Je partage également la réponse sur la question relative aux échanges avec l’équipe de Bruce Lit.
Excellent : l’interview se termine comme il a commencé : Sachez donc qu’il n’y a là rien de personnel !
Alors comme toi, j’étais pas chaud du tout pour l’ITW…
Et, n’empêche, je me souviens avoir écrit à ce moment-là (lors de ton ITW) : Vaut mieux pas m’interviewer moi, je ne ferais que parler de moi (sous-entendu ça va être chiant). Et paf ! C’est exactement ce que j’ai fait ! Je vous avais prévenus ! 😆
« Pourquoi écrit-on des critiques ? Parce qu’on est des artistes frustrés ? – Bonne question. J’hésite à adhérer à cette motivation. »
-> Comme quoi on se connait un peu : Je te mettais en dehors de ça, quand j’y ai pensé. Je veux dire que je ne songe pas à toi comme un artiste raté ou frustré. Pas du tout. Plutôt comme une personne humble et curieuse. Tandis que pour le reste de la clique, qui est formée d’un amas de dessinateurs, de musiciens ou de scribes morts-nés (quand certains ne sont pas les 3 en même temps), la question peut éventuellement se poser !
Je déconne mais n’empêche.
Au temps pour moi, je me suis mal exprimé : la motivation d’écrire est une vraie interrogation pour mon cas personnel. Je me suis déjà posé la question de savoir si c’est parce qu’il y a un scénariste ou un écrivain frustré qui sommeille en moi. Ce n’est effectivement pas mon métier, ce n’est donc une frustration née du manque du succès, mais peut-être d’une envie inconsciente refoulée. Je me repose la question parce que j’avais déjà lu cette question formulée ainsi, et que je n’avais pas pensé alors à la lier au seul point de vue de l’artiste avec insuffisamment de talent ou de choses à exprimer.
Du coup, ta reformulation m’éclaire sur une autre manière d’envisager cette question. Très intéressant.
Pour moi qui ai rêvé de devenir auteur de BD quand j’étais gamin, puis romancier aussi, la question se pose naturellement. Il faut dire que, lorsque j’étais étudiant, je dessinais et écrivais durant tout mon temps libre (quand je ne jouais pas de la batterie, que je ne jouais pas au basket, et que je ne faisais pas la bringue jusqu’à 4h du matin… (ma femme me dit tout le temps que j’ai eu plusieurs vie, ce qui me flatte, mais en même temps je n’en ai pas du tout l’impression, étant donné comme je trouve de plus en plus que toutes ces années ont filé à toute vitesse…)).
Mais oui, en ce qui te concerne, il est fort probable que cette envie d’écrire, cette « pulsion » qui a jailli tout naturellement au moment où tu t’es mis à écrire des « commentaires client » sur Amazon (et si j’ai bien compris il y avait déjà eu des prémices dans des fanzines auparavant), est née d’un désir initial plus ou moins ignoré (pour ne pas dire refoulé), d’une aptitude naturelle pour le faire. Quand c’est comme ça, en général, ça sort par les pores comme on dit. Et la critique, c’est le moyen détourné pour le concrétiser quand on est passé à côté. Que ça ait été voulu ou non. Je crois en ça, en tout cas.
Un titre joliment paradoxal, tant tout ce qui est est partagé est personnel mais qui se comprend lorsque l’on sait que certains interprètent des goûts divergents comme des attaques personnelles.
J’ai eu la chance de passer une soirée pizza-comics avec Tornado avant le Covid. Je ne redescends pas souvent dans le Sud, mais je récidiverai avec plaisir.
Merki JP. Et, évidemment, you welcome ! 😉
Mince je suis super jaloux : tu as vu plus de concert Punk que moi ^^
(bon je plaisante, la musique que j’écoute a découlé du Punk mais n’est pas le Punk en lui-même)
Bref voici une interview franche et directe qui te ressemble 🙂
J’aime bien tes 3 règles, j’applique les mêmes, mais j’y ajouterai cependant une 4ème : La règle numéro 1 est abolie si l’œuvre est étonnante et fait avancer le Schmilblick. Tu parlais par exemple de la période berlinoise de Bowie, on est d’accord que ce n’est pas sa période la plus accessible, pourtant on sent bien que c’est à ce moment-là qu’il apporte le plus de choses, il prend le plus de risques en prenant son public à rebrousse-poil (le mec ne chante quasiment pas sur « Low »!). Pareil pour « Loveless » de MY BLOODY VALENTINE, on ne peut pas dire que leur musique soit « agréable » et surtout pas « sympa » et pourtant ils ont influencé toute la scène indé des années 90 ! Même topo avec « Closer » de JOY DIVISION, c’est glauque, grinçant, tourmenté et pourtant… ^^
Pas dégueu ta BO ! Je ne connaissais pas du tout ! Je vais me renseigner.
Ahah ! Patrick, ta règle N°4 ça ne me va pas du tout !
La musique « intéressante » (plutôt que « plaisante »), c’était déjà le Dodécaphonisme de Schoenberg (début 20ème) : Un truc très intellectualisé qui réforme, structure, évacue le pathos. J’ai fait une tonne de recherches là-dessus tellement le sujet me passionne (« pourquoi certains s’emmerdent à écouter de la musique moche ??? 😅). Je déconne mais en fait je suis sérieux : Bien sûr que c’est intéressant/important/fait-avancer-le-Schmilblick la musique expérimentale. Sans musique expérimentale = rien ne se passe. Mais à écouter ??? Non. C’est juste pour les musicologues et je n’en suis pas un. Idem en arts plastiques : L’Actionnisme Viennois, dans son époque, dans son contexte (des artistes de la vingtaine qui se pissent/se chient/s’éjaculent dessus en se faisant filmer, qui se scarifient et se font tirer dessus à balles réelles pour se dresser contre un gouvernement fasciste qui les oppresse, c’est génial, c’est puissant, c’est fort, c’est essentiel. A étudier quand tu fais des études d’arts plastiques, c’est important, c’est incontournable. Mais à voir, à apprécier juste comme un moment ? C’est juste atroce, une purge.
C’est comme ingurgiter chaque jour de l’huile de ricin : Bon pour la santé = OK. Prouvé. Mais le goût ?
C’est comme ça que je conçois la chose : La musique expérimentale c’est pour les musicologues et je n’en suis pas un. Comme je peux comprendre que les arts plastiques c’est pour les artistes plasticiens et que c’est la raison pour laquelle la plupart des gens détestent Picasso et la plupart des artistes modernes.
Bon, c’était juste un coda à cette petite itw, rien de personnel encore une fois… 🙂
Je partage ton analyse quant à l’importance de l’expérimentation dans le développement d’une forme artistique. Et je comprends également parfaitement que, même en reconnaissant cette importance, on peut très bien trouver difficile d’y associer une notion de plaisir.
C’est tout à fait respectable et ça me parait très sain alors que dans le même temps tant de gens balaient d’un revers de la main l’importance de tout ce qui est expérimental sous le simple prétexte qu’ils n’aiment pas, que c’est prétentieux, que c’est snob,… Je déteste autant l’anti-intellectualisme que les poses prétentieuses.
Mais par ailleurs, en faisant de certaines expérimentations le terrain de chasse exclusif de musicologues qui les abordent dans le cadre d’une démarche sans doute avant tout intellectuelle, je trouve que tu ne prends pas en compte tous ceux qui, loin d’être pourtant des musicologues, prennent plaisir à écouter ces types de musiques.
C’est pas pour ramener le sujet à moi mais bon, écouter du Schoenberg me procure du plaisir. C’est pas le même type de plaisir que j’éprouve quand j’écoute Schubert ou Mozart par exemple mais c’est du plaisir aussi.
Tout comme un disque de free jazz ne me procure pas le même type de plaisir qu’un disque d’Ellington mais c’est aussi du plaisir.
Et ce qui pourra sans doute te paraître paradoxal dans ma manière de fonctionner, c’est que quand je découvre un style musical, j’ai une tendance naturelle à partir de l’expérimental pour m’ouvrir ensuite à des propositions plus « consensuelles ».
Pour reprendre l’exemple du jazz, j’y suis arrivé par le free jazz (qui était pour moi la porte d’entrée naturelle) et il m’a fallu du temps avant de parvenir apprécier Ellington.
J’ai commencé à écouter du classique avec Bartok et Ligeti.
J’en peux rien, je suis comme ça. 🙂
Et sinon, super merci pour tes mots gentils un peu plus haut. Ca m’a fait super plaisir. 😉
Ah mais je ne conteste pas le fait que des gens puissent aimer et/ou trouver de l’intérêt à écouter de la musique expérimentale. Pourquoi diantre le contesterais-je ? Je ne suis pas dans leur tête (même si elle me parait bizarre ) ^^
Ce qui m’insupporte, c’est qu’on se sente obligé de suivre cette voie pour paraitre crédible musicalement. Là, ça devient rébarbatif et on peut atteindre la notion inverse de l’anti-intellectualisme. C’est-à-dire le snobisme.
Dans le meilleur des mondes, tout le monde devrait pouvoir respecter les choix et les goûts de chacun tant qu’on ne tombe pas dans les extrêmes et qu’on a conscience que tout ne se vaut pas. Par exemple en jazz, je préfère Pat Metheny à John Coltrane. Et pourtant je sais très bien que Coltrane est nettement plus important que Metheny. Mais ma sensibilité va au premier, et je n’apprécie pas qu’on puisse me rire au nez pour ça. Je sais écouter et déchiffrer les deux.
Moi j’aime bien Fats Domino et on m’a ri au nez en mode « oui bon ok pionner de la soul si on veut, acteur de la transition entre le blues et le rock n’ roll je veux bien, mais c’est pas les pionniers qui font les meilleurs trucs, plein de gens ont fait mieux ou ont été plus importants, etc. »
Oui…et ? J’ai juste dit que j’aimais bien. La voix, les chansons, les mélodies, j’sais pas…juste fichez moi la paix^^
Bah, les gens qui se sentent obligés d’écouter pour faire bien au sein d’un groupe (snob ou pas), on les emmerde et on s’en fout, non ?
Et tant pis pour eux.
Plus violent que Metheny et Coltrane, moi, je peux te dire sans honte que je préfère écouter Dalida que les Doors. Et j’apprécierais également que tu ne me ries pas au nez. 🙂
Bon, ceci dit, je veux bien reconnaître que du Dalida à la fin d’Apocalypse Now, ça n’aurait pas fait le job.
Fats Domino je n’ai jamais vraiment fait l’effort d’y écouter mais il me semble qu’il est extrêmement respecté, non ? A la manière d’un Cab Caloway je dirais.
Dalida j’adore. Surtout la première partie de sa carrière (nettement moins la dernière). Par contre j’adore les Doors aussi. Oh combien.
Fats a été repris par Paul McCartney (Im in Love Again), Neil Young (Waiting In New Orleans), John Lennon (Aint it a shame), Screaming Jay HAwkins (Please Dont Leave Me) ou Norah Jones (My Blue Heaven).
Ca devrait aller hein 😉
Fats Domino dans la série Treme.
Ce mec est une légende.
https://www.youtube.com/watch?v=cxFytFZccMQ
Et quelle putain de grande série !
Pas d’énormes surprises à la lecture tant on a déjà échangé à propos de tous ces sujets ô combien sensibles de fond et de formes…
non moi qui m’attendais à découvrir que le collègue était un fan de Zorro, d’avions de chasse ou voir même de phénomènes météorologiques , ben non le gars il a juste perdu sa carte bancaire..un mythe s’effondre. 🙂
Evidemment , on observe dans nos parcours pleins de points communs qui nous ont amené à être en totale opposition….Marrant la vie… ^^
Dommage, Eddy, qu’on ne se soit pas rencontrés et bu des coups durant mes trois années lilloise où je t’ai probablement croisé dans la rue ! 🙂 (au fait, que penses-tu de la sacro-sainte Braderie de Lille, on en a jamais parlé ?)
J’ai eu de bons moments à la braderie, d’excelletns souvenirs de familles tout ça….
Mais c’est certain que c’est devenu bien trop commerçant à mon gout.
celà fait déjà une bonne vingtaine d’années que la municipalité tente de flinguer l’esprit bordélique de cet événement.
d’abord en interdisant tout emplacement sauvage ou en dehors des heures… j’ai encore connu le truc qui commençait le vendredi soir et terminait pépère Lundi matin
c’est devenu très réduit, le parcours est réduit aux grandes artères, trustés par les grandes surfaces qui font une sorte de « black friday »
Les bradeux sont donc rassemblés sur les quais de la Deûle et continuent de vendre des casques de 14/18 rouillés, des cartes postales, des verres à bières de marques qui n’existent plus…
depuis les attentats, covid etc… c’est interdit une années sur deux, transformé en rendez vous des bobos en sarouel qui achètent des trucs chers de bien-être… bref encore un truc qui éjecté les vrais gens dans leurs retranchements….
D’autres bradoches sont bien plus réussies comme les « berlouffes » de Wattrelos:
https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/berlouffes-wattrelos-ce-qu-il-faut-savoir-se-rendre-fete-1324163.html
ou Pâques à Loos (vous y trouverez un zigue parfois qui vend des comics pas chers.. avec du Garth Ennis qu’il ne lit plus….^^)
et puis c’est pas ce qui manque ici; ^^
https://actu.fr/loisirs-culture/les-brocantes-et-vide-greniers-organisees-ce-week-end-de-paques-dans-le-nord-pas-de-calais_50201561.html
Voilà. J’ai fait trois braderies lilloises. 1999, 2000, 2001. A cette époque c’était l’anarchie et il fallait être complètement bourré du vendredi au dimanche soir pour ne pas être effrayé par la chose (des sonneries d’ambulances non stop, des gars frits comme des cantines qui dégueulaient dans tous les coins, des vendeurs de tequila à la sauvette ou des types qui trimbalaient des tonneaux de bière dans le dos avec une paille…). La troisième année, je m’y suis risqué à jeun et je suis vite reparti…
Enfin, bref, c’était sacrément rock’n roll ^^
Mes anciens contacts nordistes m’ont effectivement tenu au courant de la chute de l’empire lillois…
après j’ai jamais fréquenté les « nocturnes » je faisais ça en famille avec une pause aux 3 brasseurs pour les moules frites….
j’adore boire un verre, mais je ne suis pas un fêtard….
J’ai vécu mes deux premières braderies à fond à fond. On commençait à picoler le vendredi soir, on recommençait le samedi matin au réveil et ainsi de suite jusqu’au dimanche soir avant d’aller bosser le lundi. C’était homérique. Mais deux ans c’était suffisant ^^
La 3° année, j’étais déjà reparti pour le Sud dans ma tête. Je me souviens que ça avait déçu certains de mes amis nordistes. Mais vivre 6 mois d’affilée sous le plafond blanc, moi qui suis né sous le soleil…
Ce qui est marrant c’est que (je le dis dans cette satanée ITW) j’y suis monté avec mon pote toulonnais lui aussi (et d’origine Corse). Sauf que lui, il déteste le soleil ! (Dracula est l’un de ses surnoms). Résultat : Il y est resté. Il est Lillois d’adoption aujourd’hui, depuis 1998, alors que c’est moi qui l’y ai amené !
Il bosse comme intermitant du spectacle, à cheval entre son groupe de rock (Sheetah & Les Weissmüller) et son boulot de roadie.
Cool comme interview !
Et oui, fut un temps je fus du genre à m’offenser un peu de tes propos provocateurs. Sans doute parce que moi, ça ne fait pas partie de mon ADN et que je ne comprenais pas trop. Je ne t’ai jamais vu en vrai non plus donc voilà.
Mais bon on a dépassé ça depuis un certain temps. Quelques échanges privés ont bien aidé aussi, même sans se rencontrer, on découvre une autre personne^^
Et je peux comprendre tes raisons. On a tous des parcours différents.
Moi je suis plutôt cool avec la BD comme toi le cinéma. Je serai même peut être plus critique envers un certain type de cinéma pop-corn que toi. Ou du moins il me serait impossible de mettre une bonne note à un film comme certains derniers Godzilla ou tu t’es apparemment bidonné devant. Moi ça a tendance à m’énerver ces films. Je peux apprécier des films très cons, des nanars, mais davantage quand ils sont fauchés. Je trouve ça hallucinant ce qu’ils font comme conneries avec tant de pognon. Et les derniers Star Wars ou on assiste à une bataille d’égos entre réalisateurs plus qu’à une histoire, ça me fout les glandes et je ne veux plus jamais revoir ces films. Quelque part, ça me démoralise pour l’avenir du cinéma.
Mais sans doute que je prends trop de choses au sérieux moi. C’est mon souci.
J’ai eu peur d’aller trop loin dans des débats aussi et de me fâcher réellement pour des bêtises.
Mais moi je crois que je n’ai pas encore réussi à me foutre de ce que pensent les autres, et que les gens qui pensent différemment, si je les respecte, je vis parfois mal qu’ils l’expriment par provocation. ça me donne l’impression d’être rejeté ou incompris même par des gens qui ne méprisent pas la culture geek.
On a tous nos failles…
Pour la musique, je pense comme toi. J’y connais rien et pour moi c’est le plaisir d’écoute qui prime. Et tout argumentaire qui viserait à me prouver que j’ai tort parce que telle musique ne mérite pas d’être classé dans ceci ou cela…ça me gonfle.
Et puis comme je suis un anxieux, cette bulle d’oxygène que peut représenter le blog, je ne la veut pas toxique ou sujette à tensions. Après je sais que c’est arrivé que ce soit moi qui amène les tensions mais bon…j’suis pas parfait^^
Bref en plus avec les soucis que je me trimballe, des fois ça fait du bien, et des fois presque du mal de venir. Mais pas à cause des autres, on ne peut pas faire attention à tout et tout le monde, chacun ayant sa sensibilité. Donc je ne blâme personne, mais c’est cool d’avoir des précisions sur les personnes derrière le chroniqueur. Les mots sur Internet, sans l’intonation de voix, le sourire, ou quoi…ça peut être aussi interprété différemment selon la journée plus ou moins merdique qu’on se tâpe.
Et oui, Matt. Toi et moi c’est déjà toute une histoire. Des amis virtuels qui ont commencé par se chamailler, avant de communiquer en MP, de se rendre des services, de prendre des nouvelles, de se soutenir, de partager plein de choses ! et d’apprendre à se connaitre ! STAND BY ME !
Je n’apprends pas grand chose de bien nouveau sur notre ami Tornado. Depuis le temps que je le lis et que l’on échange sur le blog…
Cela reste tout de même une interview sympa qui permet de synthétiser l’idée que je me suis faite du personnage 👍.
Ah si j’apprends un truc… Il est passionné de jardinage et il passe l’essentiel de son temps dans son jardin, à cultiver des plantes exotiques et à créer un décor pittoresque.
Tout comme moi😀😀😀. J’ai aussi la chance d’avoir un petit bout de jardin. Par contre je ne cultive pas de plantes exotique. Les latitudes de la région parisienne ne le permettent pas.
Mon truc c’est les cactus. J’ai une belle collection . C’est sympas les cactus c’est pas chiant à entretenir. Un terre pauvre, très peu d’arrosage et ils sont heureux. Faut juste rentrer les pots en hiver car ils craignent le gel…
Et si on a de la chance qu’ils se plaisent ils peuvent fleurir…Rien d’exubérant hein…juste une fleur…mais quelle fleur…magnifique 👍👍👍
Et puis les cactus sont un peu comme moi…si on les agresses ils peuvent piquer 😀😀😀.
Bon le jardinage est encore une chose que l’on a en commun. Décidément on va finir par se détester puisque tes amis sont souvent ceux qui ont des goûts opposés aux tiens 😀😀😀
La BO: très bon …je ne connaissais pas
J’avais réussi à garder UNE plante verte d’intérieur avec fierté, c’était un cactus… au départ tout petit et rond, il avait pris avec les années une forme biscornue et haute assez rigolote. Malheureusement il n’a pas survécu à notre dernier emménagement (je l’avais confiée à ma belle-mère qui l’a posé négligemment dans la voiture…) Adieu petit cactus… Nous t’aimions bien… Depuis, j’ai eu plein d’orchidées, une rose de Noël, un cactus de Noël, une étoile de Noël, des kalanchoës, une jacinthe et des arums…Je n’ai réussi à en garder aucun !!! Même mon cactus de Noël a fini par pourrir… Je n’ai absolument pas la main verte…
Tu me donnes une idée du coup : je ferai passer la consigne pour les futurs cadeaux de fin d’année : si c’est une plante verte, prenez-moi un cactus XD .
Un cactus qui pourrit ? Tu l’arrosais trop non ? Parce que c’est quand même le truc pas chiant à entretenir^^
Enfin je dis ça mais moi non plus c’est pas mon truc les plantes.
T’inquiète. Mes meilleurs amis, mes potes de chez moi, mes frères du quotidien, les mêmes que je trimbale même dans les réunions de la team Bruce Lee (demandez au boss !) sont tous des férus de jardinage. Moi je vous le dis, l’art du jardin, c’est le futur art de la geekosphère… 😅
Je répondais à Surfer.
Bon, sinon évidemment, le cactus c’est la plante facile. Sauf que ça tiens pas le gel pour la plupart des espèces. Raison pour laquelle faut habiter dans le sud, chez moi ! 🙂
Alors arrêtez de vous moquer de Kaori (si tu veux des conseils de plantes qui tiennent dans ton bled tu me demandes 😉 ).
En coulisses, notre ami Tornado n’en menait pas large. C’est tout à son honneur d’avoir relevé avec succès ce défi où ses réponses contextualisées avec ce qu’il est et ce qu’il hait prennent une autre ampleur. C’est un peu une FAQ qui permettra désormais de se référer comme un article en soi au moment de nos débats.
Bravo ! C’est une très belle interview et je suis encore plus ravi de la bienveillance et de la douceur des réponses en commentaires.
Arf… Vous allez penser que je le fais exprès: Chaque fois que j’ai avoir avec un article à la une, je suis pas là…
Mais même pas. Désolé, j’ai été retenu toute la journée.
Tout d’abord un grand merci pour ces messages adorables. Je reviens pour essayer de répondre à chacun.
J’ai écouté l’album de Des Rocs, qui date en fait de l’an passé, et dont c’est le seul du groupe apparemment. C’est sympa mais surtout je trouve que le chant ressemble A MORT à du Muse. A MORT.
Oui c’est un projet solo (de plus en plus fréquent, j’ai du mal à suivre le concept d’un groupe qui n’est en fait qu’un seul mec. On a la même chose avec Washed Out ou avec Kiasmos, par exemple). Pour Muse ça ne m’a pas marqué mais déjà Muse sonnait comme un mix de Radiohead et Buckley !
Ce que j’ai aimé avec Des Rocs c’est une énergie assez communicative. Un bon équilibre entre le mainstream et le rock, devenu assez rare today (faut remonter au moins à White Stripes, non ?).