Fresh Fruit For Rotting Vegetables par Dead Kennedys
CYRILLE M
1ère publication le 16/03/17-MAJ le 17/03/19
Discret mais punk, Cyrille M revient sur la pochette du 1er album des Dead Kennedys.
Fresh Fruit for Rotting Vegetables est le premier album du groupe américain Dead Kennedys.
Présentation de couverture
Elle essaya d’imaginer à quoi ressemble la flamme d’une bougie après qu’on l’a soufflée. – Lewis Carroll
Coupée horizontalement en deux, la pochette présente une moitié supérieure totalement engloutie par la fumée et les flammes. Elles sont tellement contrastées, feu très blanc et fumée très noires, qu’elles ressemblent à des gravures de Gustave Doré, à une illustration. La moitié inférieure est par contre inscrite dans le réel, les carcasses fumantes des voitures étant très reconnaissables, tout comme le bitume jonché de verre. Comme toujours, le feu a cet effet fascinant sur notre regard, nous hypnotisant de sa nature destructrice mais également bienveillante, réchauffant et soignant les blessures comme les maladies et parfois, les injustices…
Premier contact
Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… j’absorbais toute la musique que je pouvais. Mais je n’avais ni le temps ni l’argent d’investir dans tous les disques que je pouvais entendre en soirée, chez les amis, les cousins, au café. Très rapidement après avoir découvert les Stooges, un pan me tomba donc dessus : le punk. Et non, franchement, je ne connais pas tout de ce qui est rassemblé sous cette appellation.
Comme pour le rap et les mangas, c’est simple : il y en a trop. Trop pour un seul homme en tout cas. Pour les Dead Kennedys qui m’avaient accroché l’oreille, j’ai donc dû me contenter de quelques titres souvent entendus dans mes pérégrinations de jeune adulte, puis d’une cassette, et enfin, de prendre le moment d’acheter deux de leurs disques, dix ans plus tard environ. Vous verrez qu’un jour, je me paierai Quartier lointain (les gars de Bruce Lit, on lance un crowfunding pour Cyrille ? Nrd-)
Choix et Circonstances
L’artwork est le fait de Jello Biafra, le chanteur, qui signait ce boulot sous son vrai nom, Eric Boucher. Tout comme le nom du groupe, les choix typographiques et les couleurs principales, tout l’objet condense le langage du punk : noir et blanc, qualité et précision des photos variables, volonté de salir et complexifier la vision. Comme la musique contenue, tout tente d’agresser l’œil, de ne pas le laisser au repos, de surcharger l’information.
La pochette de FFFRV est une photo prise au cours des émeutes du 21 mai 1979 à San Francisco, où l’on voit des véhicules de police en feu, de nuit. Ces émeutes étaient une réponse à la faible condamnation rendue au meurtrier du politicien gay et militant Harvey Milk. Le propos est donc clair : des Kennedys morts, des voitures de police en feu, de la rébellion envers la justice laxiste à l’encontre des ennemis des gays, en une seule pochette sont résumées les convictions politiques prônées par Jello et les siens. L’anarchie, la révolte contre l’ordre établi. Mais également une certaine forme d’humour, comme le dos de la pochette l’insinue avec cette photo de groupe propre sur lui et maniant les instruments à vent.
Quant à l’intérieur, il tente de reproduire l’effet des graffitis des toilettes des bars underground et prolétaires : foutraque, vulgaire, désordonné, une mosaïque post-moderne, un collage de photos et dessins noirs et blancs détournant Reagan, les héros de Grease, les pubs, les slogans. J’imagine sans mal que ces types lisaient Mad et les bds undergrounds des années 70 comme Robert Crumb.
Contexte historique
Les années 80 à peine naissantes ne sont pas encore pleines de fluo et de clips chamarrés. En 1980, date de sortie de ce premier Dead Kennedys, l’époque est foisonnante, un carrefour incroyable de mixité qui n’a sans doute pas d’équivalent. Mais qui n’a non plus pas d’équivalent dans la réalisation de la dépression économique et mondiale. C’est la fin des trente glorieuses, l’apogée de la confrontation des deux super-puissances, les jeux olympiques de Moscou boycottés, l’avènement prochain de Reagan et Thatcher. C’est l’année où Bob Marley sortira son dernier album, Uprising, et bien sûr, jamais le monde n’aura été aussi proche de 1984, l’année emblématique du roman de George Orwell, qui pèse sur les consciences tant la conjoncture semble donner raison à l’écrivain. Les actes terroristes se multiplient déjà, et l’ingérence de l’U.R.S.S. ne laisse rien présager de bon quant à une paix mondiale déjà mise à mal par deux fois dans les soixante-dix années précédentes.
Les punks et les rastafaris avaient souligné ces dysfonctionnements futurs, engendrant toutes sortes de réactions musicales. Très vite apparurent le post-punk, la cold-wave, le gothique, bref, toutes les nuances du noir.
Contenu
Formé en 1978 à San Francisco, les Dead Kennedys affichent immédiatement une couleur politique, le chanteur se présentant même aux élections municipales de leur ville. Et c’est un véritable programme et manifeste qu’ils signent avec leur premier album. Deux lignes de conduite forment la teneur de leur musique : des idées politiques libertaires enrobées d’un humour au second degré aussi dévastateur que grinçant.
Le concept n’admet aucune concession. Le groupe signe donc sur un label indépendant, puis ne sera jamais publié par un distributeur de grande envergure, tandis que les textes ne parlent que d’aliénation, de politique, d’horreurs tournées en dérision. Nous avons droit d’entrée de jeu à tuer les pauvres (Kill The Poor), puis à l’horreur de la guerre (When Ya Get Drafted, Chemical Warfare), de massacres de dictateurs réels ou en herbe (Holiday in Cambodia, California Über alles), de la dénonciation du capitalisme bientôt tout-puissant (Drug Me, Let’s Lynch the Landlord), et bien sûr de l’aliénation parentale (I Kill Children, Your Emotions). En trentre-trois minutes et quatorze titres, la plupart naviguant entre une minute vingt secondes et deux minutes trente, les Dead Kennedys dévastent tout, s’inspirant du modèle anglais des Sex Pistols.
Pourtant, le groupe est bien meilleur, ne serait-ce que musicalement. Ici, on est dans le punk hardcore, celui qui donnera les Minutemen et Black Flag (l’étendard anarchiste). Le guitariste East Bay Ray possède un talent mélodique caché sous ces titres urgents, n’oubliant pas de brouiller les pistes avec un son saturé crispant, s’éloignant encore plus des groupes des décennies précédentes (desquels descendait pourtant le pub-rock, le garage puis le punk de 77). La partie rythmique joue rapidement sans flottement ni une certaine virtuosité. Le groupe tente de refaire un son de raid aérien sur l’intro de Holiday in Cambodia, ajoute des claviers et des chœurs, mais le principal aspect repoussant reste la voix éraillée et étriquée de Biafra, loin de flatter l’oreille en plus de débiter des insanités. Sans oublier le second degré : l’album se clôt avec une reprise de Elvis Presley, mort peu de temps avant, écrite par Mort Schumann et Doc Pomus, Viva Las Vegas. Après une demi-heure d’indignation, le titre sonne complètement différemment de sa version originale, le désespoir d’être bientôt fauché dans la ville des vices ne faisant plus sourire mais mettant en exergue toute la duplicité de la société du spectacle. Et bien sûr, leur logo noir, blanc et rouge détourne celui des nazis pour le remplacer autant que pour s’en moquer.
Héritage
Toute la musique rock qui par la suite se voudra révolutionnaire, anti-système, engagée politiquement, reprendra les mêmes codes que les Dead Kennedys instaurèrent (ou développèrent, puisque ce n’était pas le premier groupe de ce genre) avec ce premier album. Une imagerie de flammes, de photos noir et blanc provocatrices souvent issues de reportages au cœur des évènements, une volonté de dérision. Même dans le rap : les Beastie Boys, trop blancs pour leur musique, n’ont jamais voulu que faire bouger les lignes tout en se marrant. Pour les autres, il suffit de voir ce que firent les groupes metal par la suite, de Metallica à Rage Against The Machine en passant par Napalm Death, Sepultura, Slayer, Anthrax, et tous leurs suivants eux-mêmes (Korn et Slipknot en tête).
Je voudrais dire un grand merci à Clash Doherty , qui publie toujours de très bonnes critiques de disque et à qui j’ai emprunté quelques informations pour cet article, notamment le scan du dos de la pochette.
La BO du jour : allez, rions tous ensemble au soleil !
Ouf ! Je retrouve un vocabulaire avec lequel je suis plus familier, même si je ne suis pas punk dans l’âme. Allez hop ! Il faut que j’écoute cet album, parce la dimension auto-dérision me donnera au moins un élément auquel me rattacher. Merci beaucoup de faire ainsi le passeur de l’image d’un groupe très destructeur et nihiliste, en expliquant leur démarche et leurs intentions. Des vacances au Cambodge… C’est une idée, plus maintenant que dans les années 1980.
Merci Présence ! Content que tu tentes ce disque. Tu auras remarqué que pour le coup, je n’ai mis qu’un seul titre et pas l’album, car cette porte d’entrée est plus simple, alors que le Talk Talk, c’est une pièce, un ensemble.
Ouh punaise ! Tout ce que je déteste dans le rock est condensé ici. Je ne trouve rien à me mettre sous la dent avec ça !
Rendez-vous compte : Lorsque j’arrive au lycée à Antibes, à l’âge de 15 ans, j’écoute la bande-son du Grand Bleu d’Eric Serra. Je suis à l’internat et je ne connais personne. Le soir, des petits groupes se forment dans les coins de la cour et on a le droit d’écouter de la musique avec des magnétos. Il y a des curistes dans un coin, des fans de U2 dans un autre. Les mecs sont cons comme des balais. Je n’ai aucune envie de trainer avec eux. Dans ma classe il y a un punk. Un vrai de vrai, habillé en bomber avec des Dr martens. Il traine avec d’autres punks d’autres classes. C’est avec eux que je vais devenir pote. Ce sont les plus sympas.
L’année d’après, on se fout tous la même chambre (6 lits). Ce sera à la fois formidable pour mon apprentissage de la vie, pour mon ouverture sur d’autres horizons, et à la fois un supplice pour mes oreilles parce que ces mecs s’endorment sur du Dead Kennedys !!! L’horreur absolue ! le truc le plus moche que mes pauvres ouïes n’aient jamais eu à supporter ! Et puis, pour s’endormir…
Heureusement, je vais me rebeller, insister pour qu’on trouve un compromis. Ce sera les albums de Pink Floyd. Piper et Saucerful au début (ce sont des punks, quand même, faut pas déconner !), puis ensuite, Animals.
Bon… La journée, faut quand même se retaper les Dead Kennedys, en plus des Buzzcocks et des Boomtown Rats, voire des Sex pistols et des Clash. Ah, tiens, ces derniers ne me déplaisent pas.
Bientôt, on trouvera d’autres compromis, d’abord dans le rock alternatif avec la Mano Negra, ensuite en revisitant le rock des 70’s, principalement avec Bowie.
Article très intéressant, sinon, qui m’a rappelé cette époque ! ^^
Et très belle plume, comme d’habitude.
Mon pauvre Tornado. Être coincé dans une piaule avec de la musique que t’u n’aimes pas ? C’est le pire des cauchemars ! Je n’ose m’imaginer vivre avec des rastas ! Quoique….j’ai vécu avec une nana qui n’écoutait que du raggamuffin….
Cyrille : un article 100% rock si bien écrit que je n’ai pas eu le coeur de le refuser. Mis à part California Uber qui déchirait tout lors des soirées à la Loco et Too Drunk to fuck, le groupe de Jello Biafra ne m’a jamais convaincu. Comme beaucoup de ces groupes, c’est très linéaire, un peu chiant à la longue toute cette débauche d’énergie sans mélodies.
A propos, vous aimez le pogo ? (la question ne se pose pas pour Tornado). J’ai toujours eu horreur de ça, n’étant pas assez musclé pour le pratiquer sans me déboîter l’épaule….
Cyrille, tu savais que Biafra aimait Alice Cooper. En voici une reprise avec les Melvins (où il chante comme une casserole ceci dit).
La version bobo de Nouvelle Vague de Too Drunk to fuck : ici.
Sans doute ! Mais je suis certain qu’on peut en trouver plein. Ce sont aussi les couleurs de la Série noire : https://www.google.fr/search?hl=fr&site=imghp&tbm=isch&source=hp&biw=1536&bih=736&q=s%C3%A9rie+noire&oq=s%C3%A9rie+noire&gs_l=img.3..0l7j0i30k1j0i8i30k1l2.429.1713.0.1853.11.9.0.0.0.0.205.907.0j3j2.5.0….0…1ac.1.64.img..6.5.901.rYoHfuK-psg#hl=fr&tbm=isch&q=s%C3%A9rie+noire+gallimard&*
Merci beaucoup, deux fois : une fois pour avoir accepté de le publier, une fois pour me dire que c’est bien écrit ! Comme je le disais hier, je crois que je suis incapable de faire un parallèle entre deux univers différents, comme pour les jeux de mots.
La reprise avec les Melvins est bien cool (je ne savais pas pour Alice Cooper mais cela ne m’étonne pas), je ne la connaissais pas car ce doit être leur second album ensemble, et le premier ne m’avait pas du tout convaincu.
Tu as raison, c’est du punk, souvent trop linéaire. C’est pourquoi je me suis arrêté au premier album et à leur compile Give Me Convenience or Give Me Death, car il y a un titre imparable dessus, Pull My Strings où Jello se moque des rock stars.
Je me doutais de tout ça car tu en avais parlé et je ne peux que rejoindre Bruce : respect pour supporter une musique que tu n’aimes pas ! J’ai un niveau de tolérance très bas avec la musique. Ecouter la radio, c’est presque au-dessus de mes forces. Et si j’entends trois titres de variété actuelle vraiment mauvaise (Jul, Maître Gims, enfin bref je connais pas bien), je fuis.
Maintenant merci beaucoup pour ma plume, je ne sais pas quoi trop dire. Merci beaucoup encore.
Mise au point par le grand poète Sid Vicious qui a inventé cette magnifique choregraphie parce qu’un type devant lui l’empêchait de voir les Pistols en concert.
J’aime le pogo, mais seulement le non-violent. On peut se bousculer, se rentrer dedans, mais jamais sans vouloir faire mal. Il est là le vrai pogo pour moi. Alors que le Circle Pit je ne comprends pas…
Le titre de l’article est tiré du dernier couplet de Sympathy for the devil des Stones : I shouted out : who killed the Kennedys / When after all it was you and me.
Ah ah bien vu ! J’avais oublié !
En parlant des Melvins, vous avez vu que j’ai écrit un article (dans un style totalement différent, j’ai un peu tenté de coller à l’image du blog, et parfois ça ne marche pas. Mais je l’aime bien quand même.) à leur propos sur un autre blog ? Je l’avais écrit au moment où je rédigeais mon article sur la trilogie Nit-Nit/Toxic de Burns : https://lepolatouche.fr/blog/2017/03/04/balade-automnale-et-randonnee-eprouvante-sur-les-pas-des-melvins/
Merci beaucoup Omac ! Tu as raison, ma comparaison avec Doré est un peu audacieuse. D’ailleurs, je me demande si les spécialistes d’ici comme Présence ou Tornado ont des commentaires à faire sur mon analyse totalement personnelle de la pochette ?
Avec un peu de décalage, car il a fallu que je fasse l’effort de trouver la pochette avec une bonne résolution sur internet – Comme tu l’indiques, je vois bien le découpage de la pochette en 2, par cette zone de blanc, générée par l’augmentation du contraste.
Concernant les nuages de fumée chargés en CO2, je n’y vois pas trop la technique de Gustave Doré qui travaillait plutôt à l’encre, avec une myriade de traits très fins, reproduisant les mêmes tracés en parallèle. Mais peut-être que mon regard est influencé par l’utilisation qu’en fait Dave Sim pour sa série Cerebus in Hell ?
http://www.cerebusdownloads.com/cih/003/cih0022.html
Ah je ne sais pas, tu as raison, le trait de Doré est beaucoup plus fin dans ton exemple. Sans doute mon rapprochement n’est pas si heureux, pourtant il me semblait disons intriguant. Merci Présence pour l’effort !
Ici ? http://c8.alamy.com/comp/DC0TYE/gustave-dore-illustration-heavenly-hosts-for-miltons-paradise-lost-DC0TYE.jpg
Avant d’arriver à la fin de l’article, j’avais aussi songé à la pochette de RATM, avec les flammes et le noir et blanc…
Je n’ai pas tenté l’écoute de cet album mais j’ai rebondi vers le blog de Clash Doherty et essayé un de albums qu’il a chroniqué (des Waterboys)… C’est assez vertigineux de songer à tous les mondes musicaux que l’on pourrait explorer, surtout quand on compare avec la soupe qui est rabâchée sur les radios FM.
Sinon, le nom Dead Kennedys et le titre de l’article me font rire car il arrive que mon épouse commence à lister mes menus défauts, et je lui rétorque alors : « oui, je suis coupable, et en plus j’ai tué Kennedy ! »
J’arrive fort tardivement et je suis très surpris de retrouver deux articles de Cyrille cette semaine !
Après Talk talk moi fois je dis que c’est le sans faute 😉
A vrai je ne suis pas forcément un grand fan des DK mais suite à ton article je vais me pencher sur leur discographie ! J’ai surement loupé beaucoup de chose car dans ma période rebel (without a cause) je les trouvais trop américains pour moi ! ^^
Heureusement j’ai changé d’avis par la suite.
Le groupe est devenu un peu légendaire grâce/à cause de la censure de leur pochette (pourtant signée Giger) de Frankenchrist.
https://en.wikipedia.org/wiki/Penis_Landscape
J’aimerais bien me le trouver en vinyle celui-ci !
Quoi qu’il en soit merci pour cet article riche en enseignement pour moi.
Merci beaucoup Patrick ! Oui, deux articles, le second un peu moins travaillé car une commande du boss, mais je suis content de moi même si je n’ai pas suivi la consigne comics… Je suis plus à l’aise pour parler rock que bd je crois bien.
Pour la disco des DK, je ne suis pas certain que tout soit nécessaire. Par contre ce premier album oui ! Je savais pour la pochette de leur quatrième album en faisant des recherches il y a quelques temps sur les pochettes censurées. C’est toujours savoureux.
Jello Biafra est mort 😭
Quelles sont tes sources ? Rien ne vient corroborer ton info sur le net ?
Un copain dont la source est un autre site anglais
Mais tu as raison je n’ai rien trouvé par ailleurs
Je ne vois rien nulle part sur le net non plus.
Si l’info était avérée, je serais bien triste.
Au-delà de toute pose facile, Jello Biafra est pour moi, avec les Dead Kennedys et ses projets ultérieurs, un des seuls rockers radicalement et authentiquement subversif.
L’importance des Dead Kennedys est énorme.
Et pour ceux qui seraient réfractaires aux DK, je conseille le formidable album qu’il a enregistré avec le groupe DOA « Last scream of the missing neighbours ». Sur cet album, les 14 minutes du dantesque morceau « Full metal jackoff » sont pour moi un des sommets de l’histoire du rock.
Ouf c’est pas Jello mais un de ses potes loudersound.com/news/mojo-nixon-dead-at-66
« Le concept n’admet aucune concession. Le groupe signe donc sur un label indépendant »
Le groupe ne signe pas sur un label indépendant, il crée le label Alternative tentacles pour se soustraire aux impératifs de l’industrie du disque et évoluer avec une totale liberté.
A la même époque, Ian McKaye fait pareil à Washington avec une volonté similaire en fondant le label Dischord pour sortir ses productions (rapidement Minor threat et plus tard Fugazi) et à Los Angeles, Brett Gurewitz de Bad Religion fait la même chose en créant le label Epitaph.
Mais le premier sur la liste, c’est Greg Ginn qui fonde SST Records pour sortir les productions de son groupe Black Flag (dont il est le guitariste).
Il y a un mouvement d’émancipation collectif au sein de la scène hardcore punk américaine à la fin des années 70 et au début des années 80 où les musiciens eux-mêmes créent des structures pour publier leur musique de la manière la plus indépendante possible.
C’est un mouvement très important parce qu’il va entraîner derrière lui nombre de groupes et faire vivre des scènes qui vont nourrir une bonne partie de la production américaine underground.
Merci pour les précisions et l’historique Zen ! Oui, SST Records, je les connais surtout pour Hüsker Dü et les Minutemen. Pas encore trop exploré Black Flag à fond.
Sinon je suis d’accord pour ton appréciation de Jello Biafra. Tu as écouté ses albums avec les Melvins ? Je note celui que tu cites en tout cas.
Assez bizarrement, je suis passé à côté des collaborations avec les Melvins (groupe que je n’ai de toute façon jamais beaucoup écouté) alors que j’ai beaucoup écouté ses disques avec DOA, avec NoMeansNo et avec Al Jourgensen (sous le nom Lard).
Ah les NoMeansNo… impossibles à trouver en physique. Je connais assez bien deux de leurs disques, Wrong et leur live. J’adore. Pas écouté Lard ni D.O.A.
Mon premier Melvins est une excellente entrée en matière si tu veux tenter : Stag.