Première publication le 23 février 2014- Mise à jour le 15 mars 2015
Iron Man : The Enemy Within Par Denny O’Neil et Luke Mc Donnell
VO : Marvel
VF : /
The Enemy Within compile les épisodes 158 à 177 de la série originelle Iron Man . Publiés et interompus dans les Strange de Lug, ces épisodes n’ont jamais été réédités en France.
Tous les lecteurs de Strange s’en rappellent: après avoir plongé dans l’alcool,Tony Stark est tellement bourré qu’il n’arrive plus à voler droit et se prend une raclée par un vilain de troisième zone.
Il fuit et se démasque devant son pote, James Rhodes, qui face à la cuite de son patron, n’a pas d’autre choix que d’endosser l’armure d’Iron Man.
Malgré la vogue des Trade Paperback et le succès des films, il est quand même étonnant que Panini n’a pas réédité la descente aux enfers de Tony Stark. Il s’agit pourtant d’une étape charnière de la vie du héros.
Une série d’événements qui amène le playboy à ressentir un épuisement, combat après combat, à être victime des machinations d’Obadiah Stane et finir le coeur en lambeaux après avoir été éconduit par Indries Moomji.
Le playboy va s’autodétruire, s’humilier devant ses amis, ses employés et finir à la rue! Nous sommes en 1982 et les pauvres Editions Lug vont vite être débordées par l’entrée des Super Héros dans leur période sombre et violente. Captain Marvel meurt la même année, Jean Grey, Elektra aussi. Denny O Neil qui a lancé la carrière d’un certain Frank Miller se pose ici en précurseur de la chute d’un héros. En un sens la dépression de Tony Stark annonce celle de Peter Parker, de Batman et surtout de Matt Murdock qui finira lui aussi à la rue.
Il est d’ailleurs troublant de croiser des similitudes entre les deux séries: deux héros clochards; Heather Glenn, la fiancée de Matt qui allume Tony Stark, l’intervention de Captain America qui tente de sauver les meubles et un vilain chauve machiavélique qui entame une partie d’échecs psychologique avec le héros (Stane avec Stark, Fisk, trois ans plus tard avec Murdock).
Ce volume présente ce qu’il y a de pire et de meilleur dans les Comics Books: Iron Man n’est certainement pas le héros le plus intéressant du Marvel Universe. Il est difficile pour un scénariste de mettre en scène un véritable génie n’ayant pas grand chose à craindre. Tony Stark est riche, brillant et passe son temps à déjouer des attaques terroristes contre lui. Il règle des conseils d’administration en deux minutes et passe le reste du temps à repeindre ses armures…
Les combats se passent souvent contre des vilains plus idiots les uns que les autres, Iron Man évite des missiles, des lasers et déambule dans des châteaux où il met sa technologie à contribution pour trouver la sortie de labyrinthes truffés de pièges. Cet Arc ne déroge pas à la règle: les vilains d’Iron Man constituent une belle brochette de losers: un geek obèse qui tente de le noyer, le Fondeur, le Boulet ( oui…), Magma… Contre de tels crétins, les combats deviennent vite ennuyeux ,d’autant plus que Tony Stark commente souvent à voix haute ce qu’il accomplit à l’image et que le déploiement de technologie de l’époque est complètement has been.
Lorsque James Rhodes remplace Stark, l’excitation de la nouveauté s’étiole assez vite: non seulement tête de fer est toujours aussi ennuyeux mais son amateurisme est vite gonflant. A chaque épisode, Rhodes passe par un topo des geeks de l’époque affublés de noeuds papillons et de fringues aussi horribles que leurs noms: Morley et Clytemnestra (!) Erwin.
Pourtant, la chute d’un héros qui ne brille ni par son altruisme, ni par son intérêt pour l’homme de la rue est remarquablement contée par O’Neil. Stark devient ainsi un héros faillible qui subit un retour de bâton: le Reaganisme des années 80 flingue petits et grands de ce monde. Pris en plein abus de faiblesse, Tony Stark est éjecté de la société qu’il a fondé. Face à cette jungle qui va précipiter les Etats Unis dans les années Fric, les amis de notre héros défendent des valeurs de Gauche: solidarité, empathie ,fraternité. A bien des égards la chute de Stark est pathétique: notre ami caché dans son armure est protégé de tout et de tout le monde sauf de lui-même.Il sera l’acteur de sa chute et réussira à se détruire, là où une kyrielle d’abrutis auront échoué.
Les dessins de Luke Mc Donnell immortalisent cette saga. Son style est un bon compromis entre John Romita Junior et le David Mazzuchelli de l’époque avec des cadrages à la Frank Miller donnant un dynamisme formidable aux combats soporifiques du vengeur. Paul Smith et Ditko font aussi une apparition pas au meilleur de leur forme tandis que Carmine Infantino fournit des planches parfois inspirées notamment celle où Tony se déshabille sous l’eau pour échapper à la noyade; il survit en s’échappant d’une grotte qui a la forme d’un magnifique vagin…Une belle métaphore de la renaissance !
Cette Edition Epic Collection regroupe 500 pages en couleur d’une saga essentielle de l’univers Marvel ainsi que dans la compréhension des histoires de Super Héros. Pour peu que le lecteur fasse l’impasse sur de nombreux artifices de narration,le plaisir de lecture des malheurs de Tony est resté intact. Quelques crayonnés servent de bonus à une édition qui parait de manière anachronique. Maintenant qui pourra m’expliquer pourquoi à chaque fois que Iron Man, Daredevil ou Spider Man raccrochent les gants, ce sont des noirs qui assurent l’intérim ?
Merci pour ce petit billet fort intéressant (j’ai pris bonne note 😉
J’ai l’impression que les scénaristes successifs des Ultimates n’ont pas réussi à faire aussi bien avec l’alcoolisme mondain et chronique que Tony Stark.
En cherchant un peu dans mes archives :
Ces épisodes ont été publiés dans Strange N°162 à 183. Donc toute cette saga a été publiée dans Strange.
Le dernier épisode de la série Invincible Iron man publié dans Strange est le N°180 (Strange N° 185).
A partir de Strange N°186, la série Invincible Iron man disparait du magasine au profit d’un second épisode de Amazing Spiderman, qui commençait à prendre du retard (Rom avait été remplacé par la Division Alpha au N°46 dans Strange N°178).
Mais la série Invincible Iron man ne disparait pas. Elle est déportée dans le magasine Nova à partir de Nova N° 89. Là, la série reprend au N°181, exactement où elle s’était arrêtée dans Strange.
Dans ma cave, j’ai toujours une partie de mon ancienne collection de Strange. En gros les N° 113 à 178. Et aussi mes anciens Nova (N°87 à 102). Je les feuillète parfois par nostalgie, mais je n’ai pas encore eu le courage de les relire sérieusement, à l’exception des Strange N°148 à 150. C’est là que le personnage de « la Chatte noire » apparait pour la première fois et ce furent les épisodes qui me marquèrent le plus, enfant…
Ah oui, j’ai aussi relu les Strange N°152 et 153, avec Doomquest (Iron man & Fatalis chez le Roi Arthur)…
Et j’ai oublié de préciser que, parfois, LUG saucissonnait certains épisodes. Par exemple, Invincible Iron man N°166 a été publié en 2 parties dans deux numéros de Strange (171 et 172) !
Je ne pensais par à Millar, mais à ses successeurs. N’étant pas très au fait de l’univers Ultimate (Terre 1610), je me demandais si un scénariste avait abordé la question de l’alcoolisme de Tony Stark dans une histoire des Ultimates ou dans les minisérie consacrée à Iron Man. En effet je viens de lire des épisodes des Ultimates de 2011 (ceux de Jonathan Hickman) et il me semble qu’il n’y a aucun changement par rapport à la première série des Utlimates (celle de 2002) de Millar & Hiytch.
Il me semble effectivement que le retour à la sobriété de Tony à été publié dans Nova. Je ne ľai jamais lu.
Oui, les épisodes sont bien dans Nova.
La conclusion est elle à hauteur de la saga ? En fait l’alcoolisme de Strak est restée légendaire, mais je ne crois pas que depuis il se soit pris d’autres murges, si ?
Si. Dans le run de Matt Fraction, il rechute avec les nains d’Asgard…
Mais le run de Fraction va de concert avec Fear Itself où Tony « sacrifie » sa sobriété à la façon dont Odin a donné son oeil pour atteinte la connaissance de l’univers et du reste qui va avec. Beaucoup ont décrié ce choix scénaristique, alors que pour ma part c’est à peu près la seule chose un temps soit peu inspiré dans tout Fear Itself…
Si cette saga vient de paraître en Epic Collection, il y a des chances qu’on puisse l’avoir en Best Of dans les années à venir alors !
J’avais trouvé justement intéressant la façon dont Millar avait abordé l’alcoolisme de Tony en lui donnant une raison (sa tumeur).
Le Iron man façon Ultimate commence avec les mini-séries de l’écrivain Orson Scott Card. Dans cette version, il y a un super relecture de l’alcoolisme de Tony Stark.
Merci pour cette information. Du coup, ça me donne envie de revenir sur ma décision de ne pas lire les 2 miniséries écrites par Orson Scott Card que tu avais trouvé inégales.
La première et très bien. La deuxième nettement moins. Article à venir chez Bruce Lit !
Sans porter aucun jugement qualitatif (je n’ai lu que la première à sa sortie il y a 10 000 ans), elles avaient vraiment du mal à s’accrocher à la continuité développée dans The Ultimates. Bon, je pense que c’est un peu la faute de Millar aussi qui a sorti de son chapeau un frère dont personne n’avait jamais entendu parler.