Quatre adaptations de Moby Dick en BD
Une encyclopegeek signée JP NGUYEN1ère publication le 06/12/22- MAJ le 28/08/24
MOBY DICK, roman d’Herman Melville paru en 1851, a acquis le statut de classique de la littérature américaine. Adapté sur grand écran par John Huston en 1956, l’histoire de la traque obsessionnelle par le Capitaine Achab du cachalot ayant causé la perte de sa jambe a également connu moult retranscriptions en cases et en bulles. Je passerai en revue quatre d’entre elles dans cet article. Au programme : Sienkiewicz, Chabouté, Jouvray/Alary et Artibani/Mottura.
Prenez-garde ! Même lorsque les spoilers se cachent à l’eau, c’est assez difficile de tous les éviter.
Avant tout, sachez que je n’ai pas lu le roman en entier. C’était même ma motivation première lorsque j’en ai lu la première adaptation en BD : me faire une meilleure idée de ce classique, sans me farcir l’intégralité de cet imposant pavé. Le bouquin, en version poche, fait quand même plus de 700 pages ! Depuis, et notamment pour les besoins de cet article, j’en ai trouvé une version numérique et j’ai picoré de-ci, de là sur le pont du Péquod, le navire commandé par le Capitaine Achab au bord duquel le marin Ismaël embarque au début de l’histoire.
Témoin et narrateur de cette traque éperdue à travers les océans, Ismaël nous fait rencontrer les singuliers membres de l’équipage et nous donne à voir les rouages de l’exploitation baleinière. Mais l’œuvre dépasse allègrement ce cadre et aborde notamment les rapports de l’homme à la nature et à la religion.
MOBY DICK par Bill Sienkiewicz
Paru aux USA en 1990, dans le cadre d’une relance des Classics Illustrated par First Comics et Berkley Publishing, ce comicbook de 48 pages a été réédité en VF chez Delcourt en 2020. Après le Loup Garou de MOON KNIGHT, l’ours-démon ennemi des NEW MUTANTS ou l’imposant Kingpin de DAREDEVIL : LOVE AND WAR (cherchez l’intrus dans la liste), Bill Sienkiewicz se frottait ici à un animal de la catégorie supérieure, à la démesure de son talent graphique. Chaque page est davantage un tableau qu’une simple planche de BD, même si les compositions ne reposent pas, loin de là, uniquement sur des pleines pages. Au début, on part bien sur une narration séquentielle classique, même si les cases ne sont pas toutes clairement délimitées. Mais très vite, la mise en page s’anime et le découpage devient plus libre, rendant indispensable la lecture des pavés de texte. Ceux-ci sont assez nombreux et reprennent, en condensé, certains passages du roman. Le scénariste Dan Chichester, qui travaillera plus tard sur DAREDEVIL, est d’ailleurs crédité pour l’adaptation des textes.
Pour les visuels, Bill Sienkiewicz déploie plusieurs techniques picturales (dessin, encre, peinture, collages) et l’ensemble m’a un peu fait penser aux pages de Dave McKean pour ARKHAM ASYLUM. L’obsession d’Achab à retrouver et tuer la baleine blanche confine d’ailleurs à la folie et l’expression de son visage mélange souvent détermination et démence. Fortement antipathique, comme lorsqu’il refuse d’assister le capitaine du navire la Rachel dans la recherche de rescapés, il n’en demeure pas moins fascinant, comme contrôlé par une force supérieure qui sans cesse le guide jusqu’à sa confrontation finale avec le monstre qui l’obnubile.
Mais si je ne devais retenir qu’une seule page de ce comicbook, ce serait celle où différentes espèces de baleines sont inventoriées selon le volume d’huile qu’elles représentent. La juxtaposition des dessins de chaque spécimen animalier avec un chiffre brut a formidablement fonctionné sur moi, me jetant en plein visage les ravages de l’exploitation des ressources naturelles par l’homme.
Ainsi, malgré un nombre réduit de pages, cette adaptation parvient à mêler l’enjeu personnel d’Achab avec une observation plus large de son époque. Le capitaine n’en devient que plus détestable, là où d’autres versions mettront en avant sa force de caractère. De ma fenêtre, on a quand même affaire à un représentant de l’humanité qui saccage et pille les océans et se sent encore légitime pour se venger d’une nature qu’il ne fait que maltraiter. Au passage, on trouve sur le net des articles pour proclamer que le pétrole a sauvé les baleines de l’extermination, alors que la réalité est plus complexe. L’essor du pétrole et de la technologie en général a par exemple accompagné le développement des navires usines et permis de tuer plus de baleines plus facilement. C’est juste qu’elles n’ont plus été exploitées comme source d’énergie majeure, car l’homme avait trouvé moins cher ailleurs. Ceci dit, le MOBY DICK du pétrole ne me semble pas encore avoir été écrit, il faut dire qu’on affronte pas une marée noire de la même manière qu’une baleine blanche…
Ayant découvert MOBY DICK via ce Graphic-Novel (pour le coup, cette dénomination ne me semble pas usurpée), j’étais satisfait d’avoir lu un digest de l’œuvre originale, ré-haussé par endroits d’images mémorables. Toutefois, je sentais que la pagination limitée avait causé son lot de coupes et d’ellipses. Harponné par ce récit grandiose et tragique, j’ai commencé à en rechercher d’autres adaptations.
MOBY DICK par Chabouté
Sortie en 2 tomes de chez Vents d’Ouest en 2014, cette version en Noir&Blanc propose, sur un total de 256 pages, une adaptation très fidèle mais avec davantage de narration séquentielle, usant parfois de planches muettes pour laisser parler les images. En 2017, l’éditeur Dark Horse en publia une version en anglais, en un seul TPB. Ici, très peu de récitatif, en dehors des débuts de chapitre. Nous n’avons pas accès aux pensées d’Ismaël ou de quiconque à bord du Péquod. Chabouté a choisi de tout raconter par le dessin.Toutes les scènes-clefs sont traitées, depuis la rencontre d’Ismaël avec le harponneur Queequeg à New Bedford jusqu’à la chasse finale, en passant par la mise à prix du cachalot sur le pont du navire avec un doublon d’or cloué à un mat, ou encore la forge du harpon que Achab utilisera dans son duel final. Même les passages descriptifs de l’exploitation baleinière ont droit à leur retranscription sur plusieurs pages dénuées de texte. La détérioration mentale du capitaine est bien montrée, de même que les hésitations de son second, Starbuck, qui sent venir l’issue fatale et souhaiterait y échapper mais conserve trop de respect pour son capitaine pour se résoudre à l’éliminer. La faiblesse et l’obéissance à un leader déraisonnable qui vous emmène à votre perte : un autre aspect universel de MOBY DICK.
Le chapitre du Mousquet, dont Starbuck s’empare pendant le sommeil d’Achab pour finalement le reposer sans faire feu, est magistralement mis en scène. En renonçant au texte, Chabouté nous prive des pensées de Starbuck, à l’instant où il soupèse l’éventualité du meurtre de son capitaine afin de se sauver lui et le reste de l’équipage. La tension du moment est palpable et crédible, alors qu’elle ne repose que sur le langage corporel et le regard du personnage.
L’auteur excelle dans l’utilisation du noir et blanc. Son trait est précis mais « vivant ». Les aplats noirs nous enveloppent dans l’obscurité de la cale autant que dans les eaux sur lesquelles navigue le Péquod et qui deviendront le linceul d’Achab.
Le rythme de cette adaptation est vraiment particulier, profitant d’un nombre de pages plus important que la plupart des autres que j’ai pu lire. Je la trouve très réussie mais je ne la conseillerai pas pour une première approche de l’œuvre. A mon sens, elle ne s’apprécie pleinement que lorsqu’on connaît déjà le roman et qu’on peut constater comment l’auteur a abordé telle ou telle scène, ce qu’il a gardé du texte original et ce qu’il a choisi de faire passer uniquement par le dessin.
MOBY DICK par Olivier Jouvray et Pierre Alary
Retour à la couleur, avec un one-shot de 120 pages sorti en 2017 chez Soleil, dans la collection Noctambule. Côté scénario, cette adaptation s’autorise plusieurs variations par rapport à l’intrigue originale. L’histoire débute avec le repêchage d’Ismaël, dont la présence sera rajoutée dans certaines scènes afin de justifier qu’il puisse en rapporter les détails. C’est par exemple le cas de la scène du dilemme de Starbuck quand à exécuter son capitaine. Ici, son hésitation se matérialise dans son dialogue avec Ismaël.
Autre changement notable : la disparition du Péquod se fait dans les flammes d’un incendie et Queequeg le harponneur se sacrifie en cédant son canot de sauvetage pour sauver Ismaël. Globalement, cette BD fait le choix d’humaniser davantage les protagonistes, y compris Achab. Ainsi dans le dialogue entre le capitaine et son second, juste avant que les trois derniers jours de la chasse ne débutent, les auteurs mettent en scène un Achab fatigué mais lucide, et ayant le souci de ne pas mettre en danger Starbuck, qui caresse toujours l’idée de pouvoir un jour retrouver sa famille. Cette compassion n’est pas du tout montrée dans la version de Sienkiewicz, et traitée de façon beaucoup plus froide dans celle de Chabouté. Plus tôt dans le récit, lorsque son second le confronte en insistant pour faire réparer la fuite d’huile, Achab finit par se ranger à son avis et lui dit « Tu n’es que trop bon, mon garçon… » ce qui est assez similaire à la version du roman, alors que Chabouté a fait l’impasse sur cette phrase de demi-excuse, donnant ainsi une relation plus tendue entre les deux hommes et augmentant l’antipathie potentielle du lecteur envers Achab.
L’histoire est illustrée par des dessins au crayonné vif, non-encré, sur lesquels s’applique une mise en couleurs onirique aux tons pastels. Cette palette a un effet apaisant et procure comme une ambiance chaleureuse assez inattendue, lorsqu’on songe à la fureur monomaniaque qui consume Achab tout au long du récit et le pare d’un grande froideur vis-à-vis du reste du monde. L’absence d’encrage permet de garder l’énergie du crayonné mais ne m’a pas totalement convaincu sur la durée de l’album. Certaines cases paraissent un peu trop expédiées et viennent interrompre l’immersion dans le récit.
Au final, c’est une adaptation tout à fait honorable mais qui pèche un peu par certains choix scénaristiques et graphiques auxquels je n’ai pas adhéré.
MOBY DICK par Francesco Artibani et Alberto Mottura
Paru chez Glénat en 2019, ce one-shot de 72 pages aurait pu s’appeler MOBY DUCK ! En effet, c’est une transposition du roman de Melville dans l’univers de Picsou ! Enfant, ce genre d’exercice m’avait toujours beaucoup amusé, bien que je doive avouer ne pas souvent avoir sauté le pas pour aller lire les œuvres originales après avoir été exposé à leurs parodies disneyiennes. Evidemment, c’est Picsou qui endosse le rôle de Couachab, capitaine du navire Picuod, tandis que Donald prend celui d’Ismaël, en beaucoup plus maladroit. Le harponneur sauvage Queequeg se retrouve décliné en Riirig, Fiifig et Louuloug ! Géo Trouvetout, Popop et Gus forment de leur côté le trio des lieutenants du navire. Les Rapetou sont les membres d’équipage et enfin, la sorcière Miss Tick occupe la position du de l’ésotérique Fedallah, conseiller d’Achab, pour l’occasion renommé Tralalah !
Ce recasting est très drôle mais il ne peut évidemment pas suivre la trame du roman de façon fidèle, surtout dans son issue tragique. Le pitch est donc significativement remanié : la baleine Moby Dick a avalé le sou fétiche de Couachab et celui-ci veut à tout prix le retrouver ! ‘histoire ne reprendra quasiment aucune scène écrite par Melville, si ce n’est celle de la tempête où surgit un feu de Saint Elme, occasion pour Couachab de briller en galvanisant son équipage.
Alors que la caractère normal de Picsou le prédisposait bien à être Achab, son côté antipathique est minoré par le changement d’enjeu du récit : il ne cherche pas à exécuter une simple vengeance personnelle mais à récupérer son fameux sou numéro un (ce qui constitue un ressort narratif de bon nombre d’histoires du canard le plus riche du monde). Le dernier quart du récit s’écarte totalement de l’œuvre originale pour lorgner davantage vers Collodi et son PINOCCHIO : hé oui, pour retrouver le sou, il faut aller jusque dans le ventre de la baleine !
Cette parodie est menée tambour battant et bénéficie de dessins très dynamiques et expressifs. Malgré la très grande liberté prise avec le vrai MOBY DICK, les auteurs se paient le luxe de conclure leur histoire sur la question existentielle de ce qui guide nos vies et de ce que nous y cherchons faisant ainsi joliment écho au roman de Melville où un capitaine habité se consacre tout entier à la poursuite d’une créature à la stature quasi-mythique.
Nous voilà arrivés au port et je n’aurai pas examiné les mérites des MOBY DICK de Jean Ollivier et Paul Gillon (1983), de Will Eisner (1998), Jean Rouaud et Denis Deprez (2007), Roy Thomas et Pascal Alixe (2008) ou encore Sylvain Venayre et Isaac Wens (2019). C’est qu’au-delà d’avoir inspiré le nom d’une chaîne de vente de cafés à emporter, MOBY DICK est une œuvre très riche dont chaque version permet de faire ressortir certaines facettes en particulier, selon le talent et la sensibilité des auteurs. Elle offre un champ de possibilités d’adaptations aussi vaste que l’océan, qui sont autant d’invitations au voyage immobile de l’introspection sur ce qui nous meut et nous émeut.
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La BO du jour :
Sur terre ou en mer, on n’échappe pas au Natural Blues.
Pour la petite histoire, Will Eisner a lui aussi fait son Moby Dick, ainsi que l’italien Dino Battaglia.
Yes, Sir ! Pour Eisner, je le mentionné rapidement en fin d’article. Pour Battaglia, c’est un auteur que je ne connais pas. Avec ce nom, il devrait peut-être faire du Batman, les Bat-taglia-tales, ce serait… épatant !
Il est décédé y a longtemps, le pauvre. Mais c’est un grand auteur italien, dont le style évoque un peu celui de Pratt.
1 sur 4 ! Sur le lot je ne connaissais que la version de Chabouté. D’une maitrise graphique impressionnante, cette version peut cependant rebuter devant la masse volumique, mais vaut très largement le détour !
Je ne connaissais pas du tout la version de Sienkiewicz, merci de l’information, je vais me pencher sur la question, même si je me demande bien comment on peut traiter une telle œuvre en 48 pages !
Au final, avec les pavés de texte, je trouve que l’adaptation de Sienkie fait une bonne entrée en matière pour qui n’a pas lu le bouquin.
Je me cache à l’eau de rire tel le dauphin devant un tel titre 🙂
Le Sienkiewicz est très puissant. Il est aidé sur la partie texte par DG Chichester (Daredevil). Je trouve que c’est celui qui capte le plus l’apprêté du roman de Melville justement par son expérience et épreuve graphique qu’impose Sienkiewicz comme autant de tableau.
Celui de Olivier Jouvray et Pierre Alary m’avait semblé trop chaleureux.
D’accord avec toi sur le Chabouté. L’absence de texte m’a dérangé, comme le manque de couleur. Pourtant il y a une force narrative assez impressionnante qui nous immerge complètement dans la dureté de ce qu’a vécu l’équipage. Encore une fois très beau graphiquement.
MOBY DICK de Francesco Artibani et Alberto Mottura m’a apporté exactement ce que j’attendais de l’adaptation d’un classique version canard. Excellente gamme éditorial de Glenat d’ailleurs. C’est très beau, trépidant et à l’arrivée une belle ré interprétation.
Je conseille aussi Le Moby Dick SF de Pecau et Željko Pahek
Le roman est un pavé, limite une encyclopédie sur les cétacés et la marine marchande. BD et film peuvent être de bons complément pour appréhender l’oeuvre somme de Melville.
J’adore Sienkiewicz et Chabouté. L’adaptation du roman de Melville est parfait pour mettre en valeur leur art.
Manifestement ils s’en donnent à cœur joie.👍
Pa contre rien ne pourra surpasser l’intensité narrative de ce roman que j’ai lu adolescent.
Je ne me souviens plus que le livre était aussi épais ! 700 pages ! J’ai dû probablement lire la version condensée alors😀.
Lorsque tu dis:
« De ma fenêtre, on a quand même affaire à un représentant de l’humanité qui saccage et pille les océans et se sent encore légitime pour se venger d’une nature qu’il ne fait que maltraiter »
Heu ! Piller l’océan avec un harpon faut être très fort ! On ne parle pas de pêche intensive avec des techniques modernes ici !
Je considère au contraire que c’est un magnifique combat, à armes égales, entre un homme et un animal.
Et au final la nature et l’animal prennent le dessus… et c’est ce qui est beau.
Pour en revenir à Sienkiewicz, je ne saurais trop conseiller LA LÉGENDE DU VOODOO CHILD sur la vie de Jimi Hendrix.
Un comic tout bonnement exceptionnel, d’une virtuosité graphique hors du commun. A déguster avec une bande son du grand Jimi.
La BO : Elle me semble évidente compte tenu du lien de parenté entre l’artiste et Melville. Ce morceau est issu d’un album qui est un véritable chef d’œuvre. J’ai usé mon disque a force de l’écouter.
Alors je suis allé voir dans ma bibliothèque et j’ai retrouvé le MOBY DICK de mon adolescence !
C’est un livre de 1966 avec une belle reliure aux « Éditions de l’Erable » de François Beauval. Et il ne fait que 286 pages !
Je suis dégoûté 🙁. Rien dans ce livre ne mentionne que ce n’est pas le texte intégral !
Il va falloir que je relise l’œuvre dans sa version non condensée.
@Surfer : pour piller les océans, même au XIXème siècle, le nombre de baleines tuées était déjà très important. Du coup, je n’ai pas une vision aussi romantique que toi du combat d’égal à égal etc.
On parle de l’homme, celui qui a réussi à exterminer le bison d’Amérique du Nord, parce que ça l’arrangeait.
Je précise que je ne suis pas super engagé dans la cause animale, je ne suis pas veggan ou autre, mais y’a juste des faits qui sont peu agréables à contempler.
Une nouvelle version vient d’être publiée : Moby Dick ou le cachalot (édtion Sarbacane).
https://editions-sarbacane.com/albums/moby-dick-ou-le-cachalot
Je viens de la feuilleter (véridique, j’étais chez ma libraire préférée il y a pas encore 1h)
Savez vous qu’il y a des débats sur les traductions VF de Moby Dick ?
Un article qui tombe bien mais que je devrais relire en partie un jour : j’ai le Sienkiewicz qui m’attend. Je n’ai jamais lu le roman. J’en ai une version jeunesse, un pavé de chez Gallimard, mais je n’ai jamais lu cette version non plus. Je devrais essayer (comme plein d’autres trucs…).
noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=2146598527
Excellent titre en tout cas, un peu facile mais parfait. J’aime beaucoup le fait que tu glisses des recherches économiques dans l’article, surtout lorsque je ne suis pas du tout au courant de cet historique.
Je n’avais jamais entendu parler des autres adaptations et rien que pour ça ton article vaut le coup. J’aime bien Chabouté mais je suis loin d’être fan. C’est un habitué de la narration sans texte mais ça ne marche pas toujours sur moi, sans doute parce que je n’arrive pas à absolument adhérer à son trait.
Les dessins du Picsou ont l’air vraiment chouettes. Dans le genre, j’aime beaucoup le dessinateur Keramidas (google.com/search?q=donjon+le+grimoire+de+l%27inventeur&tbm=isch&ved=2ahUKEwiwmITswuT7AhULSRoKHZElCGgQ2-cCegQIABAA&oq=donjon+le+grimoire+de+l%27inventeur&gs_lcp=CgNpbWcQA1DuCljuCmDqD2gAcAB4AIABT4gBlwGSAQEymAEAoAEBqgELZ3dzLXdpei1pbWfAAQE&sclient=img&ei=SPaOY7DUM4uSaZHLoMAG&bih=717&biw=1290&rlz=1C1ONGR_frFR969LU970)
Exemple avec leur Mickey : telerama.fr/livre/la-bedetheque-ideale-117-lewis-trondheim-et-nicolas-keramidas-font-leur-mickey,139530.php
Très belle conclusion. Ca fait plaisir de te relire Little Jay !
La BO : je me souviens bien de la sortie de ce disque qui avait fait un gros succès. C’est sympa mais j’ai rapidement laissé tomber, pourtant même après m’être rendu compte que Moby reprenait Joy Division en concert. Tu sais que c’est un des descendants de Melville, d’où ce nom ?
Je crois avoir lu l’anecdote sur la filiation. J’ai surtout choisi ce morceau parce qu’il m’avait bien marqué à l’époque de sa sortie.
joli tour d’horizon marin
je ne suis que rarement fan d’adaptations mais celle de Sienkiewicz est top
Celle d’Eisner est sans grand intérêt, pour enfant (ce qui était le but de sa série d’adaptations initialement prévues pour la télé)
J’admire le travail de Pierre Alary, et sur son adaptation je suis aussi partagé que toi, j’aime beraucoup l’aspect rapide et énergique mais parfois il est trop près d’un rough
Melville a droit à une très belle adaptation récente, celle du très bon Bartleby par Munuera
ps : Battaglia est un géant sur lequel je recule sans cesse le moment d’une grande entrée de blog
juste fais-le ! On en parle pas assez des grands maîtres italiens comme Battaglia, Toppi et les autres…
Bartleby par Munuera : excellent et tellement d’actualité. Je ne voyais pas le trait de Munuera sur Bartleby au départ et bien j’ai été agréablement surpris. Très belle adaptation en effet.
Haaaann ! J’adore ce genre d’article anthologique !
Concernant le « mythe » moby Dick, j’ai personnellement été bercé par le film de John Huston, qui m’avait fortement impressionné enfant (expérience poursuivie avec une autre adaptation dans un épisode des aventures de Mr MAGOO !). Du coup, je n’ai jamais été tenté de lire le bouquin.
Des quatre BDs présentées ici, j’ai la version canard. Mais je me suis offert l’an dernier LA BALEINE BLANCHE DES MERS MORTES illustrée par Olivier Boiscommun, un de mes dessinateurs préférés. Il me semble qu’il s’agit d’une sorte de relecture ou d’hommage à MOBY DICK. Je ne l’ai pas encore lu…
Merci pour ce délicieux tour d’horizon (plutôt assez court) et ces quelques bons mots ! 😀
La BO : J’aime énormément les deux grands albums que Moby a enregistrés fin des années 90 et début 2000 : PLAY et 18. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas suivi sa carrière au-delà mais l’album suivant (HOTEL) ne m’avait pas particulièrement emballé.
Cet article doit forcément quelque chose à notre team-up sur Conan : la Tour de l’Elephant, où nous faisions déjà des comparaisons entre adaptations… Quelque part, j’ai juste changé d’animal 😉 !
LA BO : magnifique. PLAY ET 18 sont effectivement deux grands albums qui ont marqué l’histoire de la musique à leur sortie.
Pour répondre à Tornado : la suite est en effet inégal. Je retiens DESTROYED et il a sortie un best of très sympa avec ses titres interprétés par un orchestre symphonique en 2021.
Merci pour cette lecture comparée ! J’ai pour ma part un 0/4 (et je suis dans le négatif si on prend en compte le fait que je n’ai pas lu le roman), mais j’ai envie depuis longtemps de découvrir l’adaptation illustrée par Sienkiewicz.
Ces comparaisons me pousseraient à lire pour découvrir les différentes visions des personnages, notamment l’Achab plus humain de Jouvray et Alary, et les émotions transmises par les planches muettes de Chabouté
Avant tout, sachez que je n’ai pas lu le roman en entier : j’ai réussi ! Un classique que j’ai lu avec le but explicite de venir à bout d’un classique. Trente ans plus tard, je n’en garde que peu de souvenirs si ce n’est le thème de l’obsession et du défi contre la Création.
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Version de Bill Sienkiewicz : houlà !
Chaque page est davantage un tableau qu’une simple planche de BD, […] les pavés de texte sont assez nombreux et reprennent, en condensé, certains passages du roman. – C’est exactement ce qui m’a rebuté à la lecture. Ce parti pris d’adaptation en ne conservant que les meilleurs passages, mais en reprenant le texte à l’identique parce qu’il n’est pas possible d’écrire mieux que Herman Melville avec une mise en page qui finit par tomber dans l’illustration des pavés de texte : je n’avais plus l’impression de lire une bande dessinée, mais un texte illustré, bricolé à partir de morceaux choisis. A l’époque, je lisais chaque Classic Illustrated qui sortait dans cette collection, et celui-ci m’avait le plus déçu.
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Version de Chabouté : une adaptation très fidèle mais avec davantage de narration séquentielle, […] Chabouté a choisi de tout raconter par le dessin.
Voilà un parti pris d’adaptation qui m’aurait plus plu pour découvrir l’œuvre. Ayant lu le roman depuis, ton analyse me conforte dans le fait qu’une adaptation en BD doit faire des choix et ne peut pas restituer toute la richesse du roman, qu’elle l’appauvrit. Pour autant, ce noir & blanc semble magnifique.
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Version d’Olivier Jouvray et Pierre Alary : 120 pages, le scénariste s’autorise plusieurs variations par rapport à l’intrigue originale.
Du coup, les auteurs brodent sur l’intrigue pour raconter une histoire qui est plus la leur. Je crois que face à un tel monstre de la littérature, ça me semble une option plus raisonnable, plus humble.
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Version de Francesco Artibani et Alberto Mottura : une transposition du roman de Melville dans l’univers de Picsou […] L’histoire ne reprendra quasiment aucune scène écrite par Melville […] Une parodie […] les auteurs se paient le luxe de conclure leur histoire sur la question existentielle de ce qui guide nos vies et de ce que nous y cherchons faisant ainsi joliment écho au roman de Melville où un capitaine habité se consacre tout entier à la poursuite d’une créature à la stature quasi-mythique.
Finalement, sauf exception bien sûr, c’est peut-être celle des quatre adaptations qu’il me plairait le plus de lire : aucune prétention de d’adapter au plus près de l’œuvre, reprendre vaguement l’argument (la chasse à la baleine) et aboutir quand même à un développement similaire du thème central : très fort !
Merci beaucoup pour cette présentation en synoptique de quatre adaptations aux choix très différents : une mise en lumière très édifiante sur la liberté d’adaptation, et les objectifs afférents de nature bien diverse.
« je n’avais plus l’impression de lire une bande dessinée, mais un texte illustré, bricolé à partir de morceaux choisis »
Oui j’ai eu le même sentiment. On est loin de ELEKTRA ASSASSIN ou LOVE AND WAR.
Pour moi, c’est un 0,5 / 20 : je ne connais que la version dessinée (peinte ?) par Bill Sinkiewicz, que je n’ai malheureusement jamais lu.
Anecdote : 2 épisodes du Hulk de Bill Mantlo rendent hommage à Moby Dick (Incredible Hulk 306 et 307). Ces numéros se déroulent pendant la période « Crossroads ». On y voit un Capitaine devenu plus machine qu’homme, attaché à son bateau, poursuivant inlassablement une créature faite d’énergie. Hulk est involontairement intégré à l’équipage, et tout finit en tragédie.
Arf, tu me fais penser que j’avais envisagé un autre article avec les références à Moby Dick dans d’autres comics. Outre le Hulk que tu évoques, je pensais à Achab, l’ennemi des X-Men venu du futur dans DAYS OF FUTURE PRESENT, par Claremont et Art Adams…
And the Winner is : l’adaptation de Chabouté.
Je trouve vachement couillu et pourtant très cohérent que la BD mette de côté les mots de l’écrivain pour se concentrer sur le visuel.
Je suis très preneur des BD littéraires et surtout lorsque je n’ai pas lu les romans originaux. MOBY DICK m’est toujours tombé des mains, surtout pour son début qui décrit la vie des marins de l’époque.
J’avais retenté de le lire il y a une dizaine d’années car il apparait en filigrane dans BONE. Le bébé Rat Garou s’appelle d’ailleurs Bartlebye.
Merci pour cet exercice de littérature comparée qui est pour moi une des raisons d’être du blog.
Un joli tour d’horizon des adaptations. Je n’ai lu que le sienkie qui n’est pas, pour moi son meilleur taf.
Bravo! Comparer 4 versions d’un même livre est une idée totalement réjouissante.
Ca y est, j’ai lu le MOBY DICK de Sienkiewicz. Je suis assez d’accord avec toi : « Chaque page est davantage un tableau qu’une simple planche de BD, même si les compositions ne reposent pas, loin de là, uniquement sur des pleines pages. »
Mais je trouve que la narration est constamment explosée, dès le départ, dès la première planche. Je n’ai jamais lu le roman et je ne pense pas le faire un jour (qui sait) mais j’ai eu le sentiment d’avoir un peu la même histoire que le AU COEUR DES TENEBRES de Joseph Conrad que j’ai lu cette année (roman qui est la base de APOCALYPSE NOW, un des plus grands films jamais faits) : dabs les deux cas, nous avons comme pièce centrale un personnage à moitié fou, mystérieux, qui n’apparaît pas pendant une longue partie de l’oeuvre, qui se présente comme un être mystique, défié.
Je me demande également d’où vient le nom de la baleine. Il est tout de même très spécifique et complexe, en deux mots.
Sinon, graphiquement, c’est splendide, mais j’ai plus pensé à ELEKTRA ASSASSIN qu’à ARKHAM ASYLUM, sans doute à cause des détails qu’insère Sienkiewicz, ces visages très bien dessinés qui apparaissent comme une case dans la planche, tout comme les superpositions de moments sur la même planche, alors que pour le McKean, rien n’est condensé et reste finalement assez linéaire. J’ai même plus pensé au DAREDEVIL ECHO de Mack pour la narration.
En tout cas c’est un bel objet qui gagne à être revu souvent pour sa beauté plastique. Le texte reste un peu ardu et quelque peu mystérieux par moments.
J’ai lu la version Chabouté cet été qui a été réédité en format pocket par Glénat.
C’était très bien. Je regrette juste que la baleine soit quasiment invisible.