La vie de Bouddha 1 par Osamu Tezuka
PRESENCE
VO : Kōdansha
VF : Delcourt / Tonkam
Ce tome est le premier d’une intégrale en 4 tomes. Il comprend les chapitres 1 à 22 du récit, écrits, dessinés et encrés par Osamu Tezuka (1928-1989). Les différents chapitres sont parus de 1972 à 1983, et le récit total comprend environ 2.700 pages, réparties en 4 tomes pour la présente édition qui est la troisième en VF, après celle en 8 tomes de Tonkam en 1997-1999, puis une première version Deluxe (2004-2006) en 4 tomes par Delcourt / Tonkam.
Ce manga en noir & blanc raconte la vie de Siddhārtha Gautama (orthographié Siddharta dans le manga), le premier Bouddha, le chef spirituel d’une communauté qui a donné naissance au bouddhisme. Il comprend une introduction de 3 pages, rédigée par Patrick Honnoré qui évoque Osamu Tezuka au travers de sa production (7,5 pages de manga par jour en moyenne, par rapport à ses 60 ans d’existence), son humanisme, son apport au manga, ses différentes phases de créateur.
Le récit commence il y a 3500 ans dans le passé, au pied du toit du monde l’Himalaya, dans le bassin de l’Indus où s’était installé le peuple des Aryens. Le narrateur omniscient évoque rapidement l’élite dirigeante constituée par les brahmanes, puis l’instauration des castes, et enfin le rejet par le peuple de la toute-puissance des brahmanes, mais la persistance des castes. Au temps présent du récit, un brahmane chemine péniblement dans la neige et s’écroule à bout de force. Un renard, un ours et un lapin s’approchent de son corps encore vivant. Le renard lui ramène des graines, l’ours des poissons. Le lapin se sacrifie pour le vieil homme. C’est la parabole qu’Asita (un vieux brahmane) raconte à ses élèves. Les disciples ne saisissent pas le sens de cette parabole. Ayant senti une énergie inhabituelle, Asita envoie ensuite son élève Naradatta vers le sud à la recherche d’un individu destiné à devenir un dieu ou le roi du monde. Dans une vallée, Naradatta se fait attaquer par un tigre, mais ce dernier le laisse en vie, avec juste une blessure à l’épaule. Arrivé à la ville proche, il s’enquiert d’un homme doué de talents hors du commun. Un habitant lui indique la présence d’un brahmane réalisant des prodiges. Ce dernier lui indique un paria nommé Tatta.
Dans une autre partie de la ville, Chaprah porte sur son dos des rouleaux de tissu qu’il doit aller livrer. Il est attaqué par Tatta qui lui dérobe les précieux tissus. Chaprah (un esclave, fils d’esclave) retourne chez son maître qui lui donne trois jours pour retrouver les tissus, sinon il vendra sa mère. Chaprah se met en quête de Tatta. Finalement Tatta aide Chaprah à délivrer sa mère, en projetant son esprit dans le corps d’un tigre. Entretemps le général Boudhaï a envahi la ville et massacré la population. Naradatta vient se présenter à lui pour savoir s’il sait où se trouve le dénommé Tatta. Dans le royaume voisin du Kapilavastu, le roi Suddhodana apprend le passage d’une nuée dévastatrice de criquets dans le royaume de Kosala. Sa femme l’informe qu’elle est enceinte et qu’elle a été visitée par un éléphant blanc à 6 défenses (Tusita, bodhisattva). Le roi lui explique comment il a arrêté de pratiquer la chasse.
Quand il entame cette histoire, le lecteur sait qu’il s’agit d’une vie de Siddhârta Gautama, le fondateur du bouddhisme, d’un roman fleuve, et d’une œuvre d’un auteur qualifié de dieu du manga. Il sait donc qu’il va suivre Siddhârta dans les différentes étapes qui vont le conduire vers l’Éveil (spirituel), l’enseignement. En fonction de sa sensibilité, il peut refuser de se prêter à cette forme de prosélytisme, être au contraire curieux d’en apprendre plus sur cette religion, ou souhaiter découvrir sous une forme ludique la vie de ce personnage historique dont il adhère aux préceptes. Il est rapidement happé par la dimension romanesque du récit. En cohérence avec la notion d’interdépendance universelle, Osamu Tezuka montre que Siddhârta Gautama n’est pas apparu comme par magie, et qu’il ne s’est pas construit et développé tout seul. Du coup, le lecteur rencontre dès ce premier tome de nombreux personnages hauts en couleurs, qu’il s’agisse de Naradatta le bonze réservé, de Tatta le petit garçon plein de vitalité, de Boudhaï le général en mal de reconnaissance sociale, de Chaprah et sa mère essayant de vivre en esclaves respectueux de leur maître, etc. la distribution est impressionnante, il n’y a pas de petit personnage. L’artiste fait en sorte de donner des apparences remarquables à chacun, parfois caricaturales, par exemple pour les 5 ascètes (Kondaniya, Baddiya, Bappa, Mahanama et Janussoni).
En observant les personnages, le lecteur se retrouve confronté aux conventions artistiques et esthétiques d’Osamu Tezuka. Il a fait le choix de dessiner les protagonistes de manière plus simple que les décors. Cela provoque 2 effets : les personnages semblent plus vivants et moins figés que les décors, ils sont aussi visuellement plus simples, donc plus proches du lecteur ou plus accessibles. Ce dernier observe également que l’artiste n’hésite pas à employer des caricatures pour certains personnages secondaires, et que parfois il peut voir furtivement passer un personnage d’une autre histoire (le professeur Ochanomizu). Il utilise des exagérations comiques pour montrer des émotions intenses. Le lecteur peut avoir besoin de quelques pages pour s’habituer à ces représentations humoristiques dans une histoire aussi dramatique. Effectivement, l’artiste a tendance à représenter les décors de manière plus descriptive, que ce soient les bâtiments ou les environnements naturels. Les premiers donnent souvent une impression de simplicité, mais ils sont représentés avec une bonne régularité par rapport à un manga traditionnel, avec une précision qui participe plus de l’information visuelle juste, que de l’économie. Les seconds donnent l’impression d’une représentation photographique. Il suffit au lecteur de considérer les paysages naturels (vallées, forêts…) pour se rendre compte de l’éventail de techniques picturales maîtrisées par Tezuka.
Tout au long de ces 800 pages, Osamu Tezuka adapte sa narration visuelle à la nature de la séquence, en mettant en œuvre des solutions picturales riches et variées. Il peut aussi bien s’en tenir à une mise en scène naturaliste, qu’utiliser des codes shojo pour une scène romantique, ou exagérer les mouvements pour accentuer la vitesse d’une scène d’action. Le lecteur se retrouve régulièrement surpris par l’inventivité des pages. Il se frotte les yeux quand les animaux viennent entourer Tatta, évoquant Bambi ou Blanche Neige entourée par les animaux de la forêt. Il sourit franchement en découvrant les cascades que Bandaka fait sur son cheval lors de sa première apparition (page 212). Il retient ses larmes quand Siddhârta annonce à Yoshadra le prénom peu flatteur qu’il a choisi pour leur fils, dans un dessin à la dramatisation exacerbée. Il retient son souffle pour suivre les épreuves de tir à l’arc grâce à un découpage de cases tout en longueurs, ou pour suivre la course d’un lièvre avec des cases en trapèze. Il se rend compte qu’Osamu Tezuka brise le quatrième mur de manière visuelle quand sous l’effet d’une émotion intense Tatta traverse le papier de la case dans laquelle il se tient (page 86), ou quand Chaprah brise les bordures de cases (page 285), ou quand le chancelier rebondit contre les bordures de case (page 378). Il est presqu’étourdi par le nombre de criquets que Tezuka a représenté dans un dessin en double page quand cette nuée s’abat sur une armée.
Le lecteur plonge donc un drame (ou une succession de drames) rendus poignants, à la fois par la personnalité des protagonistes, leurs réactions émotionnelles, une direction d’acteurs très expressive, et une mise en scène fluide conçue sur mesure pour orienter l’état d’esprit du lecteur. Il est impossible de rester de marbre en voyant le jeune garçon Tatta (7 ans) ravagé de chagrin en découvrant le cadavre de sa mère. Le lecteur ne peut qu’éprouver du ressentiment vis-à-vis de Siddhârta quand il déclare à sa femme qu’i va la quitter et qu’il choisit un prénom infamant pour son fils, alors qu’elle va accoucher dans les jours qui suivent. Il est profondément choqué quand Bandaka triche lors de la course à cheval sur les toits, en prenant conscience que cet individu n’éprouve aucun scrupule à transiger avec les lois et les règles pour atteindre son objectif. Il ne s’attend pas non plus à une scène d’urologie (sans connotation sexuel) quand les voleurs urinent sur Chaprah pour l’humilier.
Régulièrement, le lecteur se retrouve également confronté à d’autres conventions visuelles qui sont spécifiques au manga ou à la culture japonaise et qui lui semblent décalées ou bizarres. Par exemple la majeure partie des femmes ont la poitrine dénudée, les vêtements ne la couvrant pas. Néanmoins, l’impression n’est pas celle de l’exploitation du corps de la femme (d’autant que le niveau de détail est faible, il y a rarement des tétons de représentés), mais semble normale dans ce contexte. Dans le même ordre d’idée, le ventre de Yoshidara ne s’est pas du tout arrondi alors qu’elle va accoucher le lendemain. Assez facétieux, Tezuka s’amuse également à intégrer des anachronismes, comme un tableau lumineux de score lors des joutes (ou la mention de Paris et de new York). Il apparaît parfois des symboles comiques (par exemple une tête de cochon pour figurer la marque de l’esclave sur la plante des pieds de Chaprah) sans qu’il faille y voir du second degré.
Outre ces représentations culturellement codifiées, le lecteur se rend également compte que de nombreux symboles annonçant la venue au monde de Siddhârta semblent directement empruntés à la Bible. Il s’agit plutôt du mode d’expression hyperbolique commun aux deux cultures. S’il s’en tient à la lecture de ce tome, comme étant celle d’un roman volumineux, le lecteur risque de trouver plusieurs coïncidences un peu grosses, et que certains événements surviennent de manière surprenante, voire sortent du chapeau. Il faut alors qu’il se souvienne qu’il s’agit d’une forme de biographie d’un individu allant être à l’origine d’une nouvelle religion, dont les sources sont déjà construites comme un récit mythique.
Le lecteur sait donc à l’avance qu’Osamu Tezuka ne peut que respecter les moments de vie canoniques du futur Bouddha. Il sait qu’il va assister à des miracles, à des signes divins. Il peut choisir d’adhérer aux préceptes religieux et de les prendre au pied de la lettre, ou d’en faire une interprétation entre délire collectif et autosuggestion d’un peuple baignant dans une culture qui fait de la venue de Siddhârta une prophétie auto-réalisatrice, ou encore y voir des conventions de récit de genre, des manifestations surnaturelles à prendre comme des métaphores. Il peut aussi considérer le récit comme un récit mythologique, avec des symboles comme ce tigre sans rayure. Au fur et à mesure de la progression du récit, il découvre à la fois une dimension politique (la dénonciation virulente du système de castes, la politique externe du Kosala) et une dimension spirituelle, avant d’être religieuse.
Osamu Tezuka expose progressivement les événements qui vont mener Siddhârta à l’éveil, dans le prochain tome. Tout commence avec cette parabole initiale où un lapin s’immole par le feu pour que vive le brahmane. Au fil du récit, plusieurs lapins seront mis en scène, formant un lien en arrière-plan entre les étapes conduisant à l’éveil, permettant au lecteur de progressivement mieux comprendre cette parabole. Si ça l’intéresse, le lecteur observe donc le comportement de Tatta, l’être aux dons surnaturels annoncé par le brahmane Asita, les prises de conscience de Siddhârta concernant la souffrance et la mort. Il note à chaque fois la prise conscience spirituelle qui est évoquée, une façon d’envisager la vie qui induit une façon de mener sa vie. Osamu Tezuka raconte ces étapes de prise de conscience, sans oublier de mentionner les préceptes religieux déjà existants comme le saṃsāra (le principe de réincarnation).
Ce premier tome est d’une richesse extraordinaire, que ce soit pour les différents personnages, les différents lieux, les différentes situations, le souffle romanesque du récit. Il est impossible de rendre compte de l’envergure du récit, de la richesse et de l’invention de la narration visuelle, de la verve malicieuse de l’auteur. Le lecteur a le plaisir de découvrir par cet ouvrage, à la fois la vie d’un personnage historique de grande ampleur, mais aussi quelques notions élémentaires du bouddhisme, sans avoir l’impression de suivre un cours, ou de subir un endoctrinement. L’élégance de l’écriture d’Osamu Tezuka en fait un ouvrage très facile à lire malgré sa pagination, au point que le lecteur ne se rend compte de la densité du récit que lorsqu’il s’arrête un instant pour considérer le chemin parcouru, les drames vécus et la densité de la narration. Il ne s’agit pas non plus d’une lecture humoristique, malgré les respirations comiques bienvenues. En effet dans ce premier tome, les protagonistes prennent surtout conscience que la vie est souffrance.
—-
Delcourt réédite dans des formats merveilleux les grandes oeuvres de Osamu Tezuka. Parmi elles, l’incroyable VIE DE BOUDHA, un must à retrouver chez Bruce Lit.
La BO du jour
J’ai lu l’histoire de Bouddha, et vu également le film Little Bouddha de Bernardo Bertolucci (très sympa d’ailleurs, comme Le dernier empereur du même réalisateur qui traite de l’histoire du dernier empereur de Chine et l’espèce de farce cruelle qu’a été sa vie.)
Du coup je connais un peu le truc. Même si là Tezuka semble rentrer dans les moindre détails.
Ce qui est sympa dans cette histoire c’est le parcours de Siddhartha qui n’est qu’un homme qui cherche à comprendre le monde et va se tromper plusieurs fois avant de s’éveiller.
Évidemment ses enseignements ont été transmis oralement pendant des siècles avant d’être écrits, du coup comme souvent sa vie a été romancée avec des éléments mythologiques difficiles à séparer de la réalité.
Je n’adhère toujours pas bien aux dessins de Tezuka.
On va dire que je ne suis pas assez étranger à cette histoire pour motiver un achat, et que donc je vais faire l’impasse sur cette version manga.
Merci pour ce retour. Je dois confesser que je n’ai pas cherché à en savoir plus sur la vie de Siddhārtha Gautama. En fait il ne s’agit même pas d’une première lecture. J’avais entamé la série avec la première édition Tonkam de 1997, et je m’étais arrêté en cours de route très dérangé par le récit, et ne comprenant pas la moitié de ce que je lisais. C’est donc une deuxième approche du manga, et j’ai l’impression de mieux suivre, même si j’ai conscience que je manque de culture concernant la religion bouddhiste et la vie de Siddhārtha Gautama, ce qui fait qu’une palanquée de références (évidentes pour des japonais) doit m’échapper.
Il m’aura fallu beaucoup de temps et de lectures pour commencer à apprécier la qualité de la narration d’Osamu Tezuka. J’ai eu la chance de m’intéresser à cet auteur à un moment où il commençait à être plus traduit en France. C’est ainsi que j’ai pu lire la série Black Jack en entier, L’enfant aux trois yeux, L’ara au sept couleurs, Barbara, Don Dracula, Demain les oiseaux, Midnight, Princesse Saphir dont j’avais déjà pu voir quelques épisodes à la télé, Phénix. Petit à petit j’ai pu m’acclimater à ses idiosyncrasies visuelles et apprécier sa personnalité.
Le film Little Buddha est plus « spectateur occidental frendly » ^^
Au début je craignais le côté trop américanisé (même si le réal est italien) quand ils vont chercher la réincarnation du Bouddha en amérique. Mais techniquement ils vont dans plusieurs pays et un des thèmes du film est le rapprochement des peuples, donc ça passe bien.
Et les moines racontent l’histoire du Bouddha à travers divers « flashbacks » plus ou moins mythologiques qui parsèment le film et se focalisent sur les évènements marquants de sa vie.
Il n’y a donc pas tous les délires avec les animaux et tout ça^^
Même si sa naissance est présentée comme magique, avec un arbre qui le protège, ce genre ce choses.
Osamu Tezuka est vraiment un des plus grand maître du storytelling en bd, il est bluffant et ça j’oublie la naïveté de son graphisme en 2 pages.
Bravo encore présence de présenter la chose de manière aussi simple et attirante.
Bon après il faut que j’aille au dessus de ma réticence envers les personnages mystiques qui ont tous chopé une insolation dans le désert et créé une religion par vengeance…. 🙂
Mais de quoi tu parles encore ?…
J’oublie la naïveté de son graphisme en 2 pages. – C’est exactement ça : tu as mis mon ressenti en mots. Plus encore, Osamu Tezuka m’épate par la hardiesse de ses découpages, par l’inventivité de ses successions de case.
On peut très bien ne pas adhérer aux croyances d’une religion, ni voir que toxicité d’une doctrine castratrice ou d’un clergé rigoriste, mais les faits demeurent : elles ont façonné le monde. De ce point de vue, cette série offre la possibilité d’en découvrir la philosophie et la morale, sans passer par un credo institutionnalisé, en cheminant sur avec le personnage pour se confronter comme lui aux événements et comparer ses propres réactions avec les siennes, ses propres convictions. Je n’ai ressenti aucun effet de prosélytisme,aucune tentative d’endoctrinement. L’auteur soumet au lecteur sa vision des choses, sa version du conte ou de la fable, le laissant libre de ses réactions, de ses inclinations. Il n’y a pas de vente forcée. On peut apprécier sans adhérer.
oh mais Tezuka me convainc mais une bio de Bouddha n’est pas attractif pour moi de base…
mais je sais que je le lirais un jour…quand j’aurais fini les autres…
Les gars…le bouddhisme est plus proche d’une philosophie que d’une religion. Son enseignement principal est la compassion envers tous les êtres. Ne pas « croire » à ça, mais aller défendre Céline par contre en pestant contre la bienpensance qui le trouvent un peu craignos, c’est un gentil foutage de gueule. Le monde à l’envers.
Je sais que Eddy n’aime croire qu’aux médicaments chimiques parce qu’il bosse dans un hôpital et que le reste c’est de la connerie…mais faut pas pousser. Comment tu peux être contre une philosophie de paix et parler de croyances mystiques quand on te parle juste de compassion ?
C’est d’un cynisme incroyable.
Vous avez seulement déjà lu des trucs sur le bouddhisme ?
Même les psy s’inspirent de techniques de méditations bouddhistes pour calmer le stress.
Il n’y a pas de dieu en lequel croire. Juste une histoire de réincarnation, et encore t’es pas obligé de croire, on te parle juste de respecter la vie.
Je suis cynique au delà ce que tu peux imaginer petit padawan… 🙂
ma femme a trouvée une phrase pour me résumer: Je suis curieux mais pas convaincu. jamais!
la philosophie est peut-être tout jolie toute rose mais elle a un cléricat qui a fonctionné comme un ordre dur empli de fanatiques aussi… Mao n’est pas sorti de nulle part non plus…
un excès appelle au autre excès…
le bouddhisme est déformé par un prisme occident souvent écœuré du capitalisme mais ça se résume pas à Boy George ou même le Dalaï Lama le gentil tibétain, il y a eu plein de malades ivres de pouvoirs…
Ne confonds pas tout le monde non plus: j’ai jamais apprécié Céline, ne me met pas là dedans de même que mon anticléricalisme viscéral et militant n’appartient qu’à moi et Ni Bruce ou vous autres n’avez à l’assumer…
pour les médocs, je suis méfiant et si je trouve un truc plus naturel qui fonctionne, je prends…
Non le souci c’est que tu sembles fier d’être cynique^^
Ah merde alors il y a des fanatiques ? Ah putain arrête de lire des comics aussi, parce qu’il y a des gros cons de fanboys qui insultent les gens sur le net.
Je ne parle pas d’être convaincu de quoi que ce soit. Mais d’avoir de la curiosité et du respect. Tu vois le mal partout donc tout est à chier et malsain ? Et t’en es content ? Tu penses avoir raison de considérer tout comme de la merde qui mène aux excès ?
Tout est déformé oui. y’a même des homophobes capables de te dire que Dieu veut voir mourir les homo parce qu’il n’est fait mention nulle part d’homos dans la Bible. Et cela même si t’as un foutu commandement pour dire de ne pas tuer. Des cons dangereux, il y en a oui.
On parle de Bouddha là, un mec seul qui a inspiré une philosophie saine.
Après les gens peuvent faire n’importe quoi de n’importe quelle idée oui…
Mais si c’est juste pour cracher sur tout…et être persuadé d’être dans le vrai en crachant sur tout…ben je trouve pas que ce soit une solution.
Je m’intéresse aux cultures et aux croyances, sans appartenir spécialement à aucune religion. Juste je sais reconnaitre des enseignements sains. Et aussi les cons qui en font n’importe quoi. T’as pas besoin de jeter le bébé avec l’eau du bain comme on dit^^
J’ai bien conscience qu’il n’existe pas qu’un seul bouddhisme, mais plusieurs obédiences, ce qui rend la conversation un peu compliquée. J’avais cru comprendre qu’il comprend des rituels religieux, et que l’éveil constitue une forme de finalité de la pratique du bouddhisme. Si j’ai bien suivi, l’éveil repose sur la notion de transmigration des âmes (se délivrer du saṃsāra), ce qui à mes yeux relève du domaine de la religion.
Du coup, j’ai tendance à envisager le bouddhisme sous différents points de vue : l’histoire mythologique de Siddharta Gautama (dont le présent manga raconte la version personnelle d’Osamu Tezuka), les pratiques religieuses ritualisées avec les prêtres bouddhistes, les tenants philosophiques basés sur le principe de l’interdépendance universelle (dont la compassion envers tous les êtres est une application pratique directe), la morale découlant des préceptes philosophiques. Ensuite, je me perds très vite entre les différentes écoles (je n’ai jamais été capable de retenir la différence entre petit et grand véhicule, sans même parler de la voie de diamant), et je suis incapable de comprendre l’organisation en précepte. Je me souviens qu’en rédigeant mon commentaire pour la série New Super-Man, j’avais été consulter l’article de wikipedia sur le Noble Chemin Octuple et que ça dépassait mon entendement.
Alors oui bien sûr qu’il y a des croyances propres aux différentes cultures et différentes écoles, mais de manière plus vulgarisé, le cycle du saṃsāra dont il faut se libérer en atteignant l’illumination, c’est pour certains bouddhistes simplement se libérer des désirs, souffrances, pour être en paix et ne plus avoir à répéter les erreurs du passé. En gros la sagesse personnelle utilisée pour aider autrui.
Tu peux aussi prendre la chose comme un état d’esprit à atteindre pour être en paix, ne pas ressentir de haine, de désirs qui te pousseraient à faire des conneries, ne faire qu’un avec l’univers et ressentir de la compassion pour toute créature.
Pour moi on n’est pas dans le même domaine que les religions ou il faut se confesser à un Dieu dans les nuages pour éviter l’Enfer (et ou il suffit de se repentir pour que tout soit pardonné…sérieux il est sympa Dieu^^)
@Présence
les recherches sur la philosophie Bouddhiste sont assez enrichissantes, il y a des principes de vies très originaux et pour celui qui fait montre de curiosité plein de piste de réflexions assez bluffantes. rien que dans le fait ne pas placer l’homme au centre et au dessus de tout mais comme faisant parti du tout. la place de l’homme est donc quelques chose de plus naturel, sachant tirer parti de la nature et sachant devoir lui rendre….
Ensuite comme Epicure, Jesus et quelques autres, je ne doute pas que Siddharta Gautama était un gars empli des meilleurs intentions.
Vis à vis du Sacré j’essaie de rester plus ou moins cohérent avec Epicure qui pense que peut importe ce qui nous attend, nous sommes ici en ce bas monde et donc nous n’avons que faire de l’autre.
et à Nietzsche qui lui assène ma petite maxime préférée : la religion est la métaphysique du bourreau.
quand on parle avec des paléontologistes qui étudient l’évolution de la frise humaine sur cette planète et sachant qu’ils n’ont certainement que découvrir qu’1% de ce qu’il y a à découvrir, on revient souvent à la notion de l’invention ou l’arrivée du sacré. peu importe la religion, ça marche pour toutes les sociétés et toutes les époques : le sacré ne sert qu’ à une seule chose: conforter et installer un pouvoir…
« ien que dans le fait ne pas placer l’homme au centre et au dessus de tout mais comme faisant parti du tout. la place de l’homme est donc quelques chose de plus naturel, sachant tirer parti de la nature et sachant devoir lui rendre…. »
Bah oui c’est sain comme concept je trouve^^
En tous cas je me reconnait plus là dedans que dans « les animaux n’ont pas d’âme » ou les promesses de vie éternelle du dieu chrétien.
Le bouddhisme ne promet rien non plus, c’est plus « reste à ta place, soit humble et compatissant »
« on revient souvent à la notion de l’invention ou l’arrivée du sacré. peu importe la religion, ça marche pour toutes les sociétés et toutes les époques : le sacré ne sert qu’ à une seule chose: conforter et installer un pouvoir… »
Encore faut-il définir le sacré.
Un enseignement c’est quoi ?
Aujourd’hui la religion ne compte plus vraiment mais il y a toujours un pouvoir, non ?
Et basé sur quoi ? La hiérarchie, basée sur l’enseignement. Plus tu étudies, plus tu as des chances d’avoir des postes plus élevés, et être au dessus des autres. Sans qu’il soit question de religion pourtant. Alors faut-il supprimer l’enseignement et l’éducation ?
Et une « religion » (ou philosophie, j’insiste !) qui t’enseigne que t’es pas au dessus des autres, tu crois que c’est pire que la capitalisme non-religieux du coup, juste parce que c’est soi disant « sacré » ?^^
Désolé mais le sujet est bien plus complexe que les quelques arguments que tu lances comme ça, en bon réticent aux religions^^ (j’aime pas trop non plus hein, mais certains croyants te diront aussi que le fait de croire en quelque chose d’autre que le pognon les aide dans la vie.)
Reste à ta place, soit humble et compatissant : lire cette phrase avec un point de vue de lutte des classes à l’esprit lui donne un sens très totalitaire (désolé, je n’ai pas pu m’en empêcher 🙂 ).
Je suis fasciné par le bouddhisme, mais je suis incapable de m’en faire une idée claire. J’y ai été confronté dans l’un des premiers tomes de LoneWolf & Cub où Ogami Itto doit assassiner un prêtre. J’ai été fortement marqué par la lecture d’Ikkyu de Hisashi Sakaguchi, et par celle de La vie de Bouddha.
Je ne suis pas sûr d’avoir compris ta remarque sur le sacré. Siddharta Gautama va développer des préceptes qui seront sacralisés, mais sa démarche constitue une rébellion contre l’ordre établi des brahmanes. Jésus reconnaît également plusieurs éléments sacrés, mais sa démarche peut également être lue comme une rébellion contre le pouvoir en place.
« Je ne suis pas sûr d’avoir compris ta remarque sur le sacré. Siddharta Gautama va développer des préceptes qui seront sacralisés, mais sa démarche constitue une rébellion contre l’ordre établi des brahmanes. Jésus reconnaît également plusieurs éléments sacrés, mais sa démarche peut également être lue comme une rébellion contre le pouvoir en place. »
Tu parles à Eddy là non ?^^ Parce que c’est pas moi qui parlait de sacré. Je répondais à ce qu’il en pensait. Et en effet pour moi certains enseignements sont juste…des enseignements. Comme à l’école. C’est pour ça que je rapproche l’enseignement du sacré, et au final tout enseignement crée une hiérarchie, et un pouvoir, oui. Mais vas-y trouve une façon de refaire le monde qui ne crée pas de pouvoir^^ On supprime tout et on va vivre dans des cavernes en nous démerdant chacun de notre côté ? Il y aura toujours des tribus qui se formeront. Avec un chef. On est fait comme ça. Même certains animaux. On va juste beaucoup trop loin dans l’exploitation des gens. Et peut être que si on n’était que des tribus de 15…il y aurait moins de laissés pour compte. On est trop nombreux aussi. Et pour moi enseigner la compassion ça peut pas être mauvais^^
Pour ta remarque sur le précepte que tu perçois totalitaire, j’aurais du m’en douter. Mais ça marche pas, parce qu’on est loin de la compassion dans les luttes des castes^^
Oui, je répondais à Eddy.
Superbe rapprochement entre classe & caste.
Tu prêches un convaincu pour la question du pouvoir et l’existence d’un chef : c’est inéluctable dans toute société. La compassion est également une valeur qui me semble primordiale.
C’est vrai que tout tout enseignement crée une hiérarchie : je n’y avais jamais pensé sous cet angle-là.
le sacré est simplement la justification métaphysique d’une autorité terrestre…
tout ce qui tient de ‘autre monde et de « l’après mort »…
pourquoi tu me parles de capitalisme? 🙂
j’ai pas échangé ma bible contre un livret A… on peut parfaitement avoir une « morale » ou des « principes » laïcs…c’est ce qu’on entend souvent comme quoi si tu réfutes le « divin », t’as carrément pas de morale…
Le capitalisme est profondément protestant et calviniste comme façon de penser…
on me vend aussi souvent le bouddhisme comme philosophie et pas religion mais si il y a un cléricat, des prêtres, des prières, je ne vois pas ce que c’est d’autre 🙂
c’est pour ça que je parle de sacré et pas de divin…c’est une religion sans dieu, sans peuple élu, moins anthropomorphique et ça paraît beaucoup plus cool mais je ne signe pas un blanc-seing pour autant…
Je parle de capitalisme parce que ça n’a rien de métaphysique ou sacré, mais il y a des banques qui décident de l’autorité terrestre en fonction de celui qui a du pognon et une place importante dans la société (souvent apportée par le pognon)^^
Du coup tu peux avoir du sacré qui crée un pouvoir…mais aussi du pas sacré du tout qui crée un pouvoir.
Et en fait…y’a tout le temps du pouvoir. On est fait comme ça. On vit en société, comme de loups en meute. Avec un chef.
Alors que ce soit un chef spirituel ou un chef d’Etat…
Et si le chef spirituel t’enseigne la tolérance et la compassion…ben il est peut être plus cool que le chef d’état.
La différence c’est que t’as le choix de pas signer déjà en effet.^^
le capitalisme n’est pas une notion si athée…
Nous vivons dans une société très matérialiste et dont la spiritualité semble s’être éloignée mais tout notre système hérite de toute une chaîne d’événements or la religion a toujours mené une barque très puissante accolé et parfois invisible mais néanmoins là…
Le président a dans ses titre notamment « chanoine d’honneur de la basilique Saint-Jean-de-Latran », il a de manière tout à fait honorifique une place dans la liturgie lui conférant un « pouvoir « autre que celui de diriger un Pays. Le président américain jure sur la bible. c’est toujours présent.
tu peux de dire que c’est du folklore mais c’est du folklore obligatoire, un reste si on veut.
dans les plus vieilles tombes qu’on a pu trouver, on a rapidement trouvé des « honneurs » posthumes qui garantissaient au défunt une entrée « privilégiée » dans le royaume des morts… ainsi la religion s’est faite aussi la compagne, assurant légitimité ici bas et bénédiction dans l’au delà.
pouvoir politique va de pair avec autorité mystique et pépètes pour faire fonctionner tout ça.
Cites moi une religion pauvre.
au moyen âges des ordres faisaient vœu de pauvreté et ce fut l’un des trucs qui fut revendiqué par la réforme à la renaissance notamment par les calvinistes qui ont crée e toute pièce une justification à l’amas de richesses nommé la « prédestination » où le fait que s’il t’arrive quelques chose de bien, c’est que tu l’a mérité de notre Seigneur puisqu’il décide de tout. tu peux donc t’enrichir et te rapprocher du paradis…
c’est n’est pas un hasard si chassé de l’Europe, il furent importants lors de la fondation des USA. le pays de quio déjà? du capitalisme. les banques sont donc fondées sur des principes moraux avec lesquels elle savient bien jouer tout comme la
oups!
Tout comme la Charia prône un contrôle de l’argent chez les musulmans mais qui sert surtout de codex pour le contournement. Si les émirs n’aimaient pas l’argent ça se saurait, mais voilà tant qu’il s’agit de pognon, les consciences savent trouver des excuses dans le ciel.
aujourd’hui les chefs spirituels et politiques sont toujours d’accord…
quand as-tu vu une religion entrer en résistance?
Si il y le bouddhisme tibétain, ceux qui avaient le pouvoir avant le communisme central de Mao…. il faut savoir que le pays était plus ou moins divisé entre plusieurs factions justement qui combattaient…pour le pouvoir!
je simplifie à l’extrême mais voilà
et maintenant je suis vidé ^^
Peut être bien, c’est pas bête comme réflexion.
Mais bon…il n’empêche que tu ne peux pas mettre la notion de pouvoir uniquement sur la religion^^ On formait des tribus avec un chef avant d’avoir des croyances, comme certains animaux s’organisent en meutes ou fratries avec un chef de famille.
Et l’enseignement, comme je le pense, instaure forcément aussi une hiérarchie avec celui qui enseigne et celui qui reçoit l’enseignement. Je ne pense pas qu’on sache faire autrement, avec ou sans religion à la base.
Pour la notion de hiérarchie à l’aube des temps…
On n’en sait rien en fait.. certains vont t’avancer (mais je n’ai pas d’idée sur la question) que justement l’ordre est venu justement de la réalisation simultanée de mortalité/survie/besoin de s’organiser en groupe/érection d’une autorité.
Comment est-elle née?
quand est née la première croyance?
pur outil pour asseoir l’autorité, ou au contraire une évidence supériorité physique et intellectuelle a-elle divinisée…
rien de cela?
je ne sais pas je lis encore dans ce domaine…
quand l’animal a il eu une conscience? est-ce qu’il a transposé son instinct sur sa façon de concevoir l’ordre social de la tribu?
l’enseignement est vecteur d’inégalité mais c’est contre sa nature profonde de vouloir dispenser le savoir à tous…
une imperfection du système…c’est clair qu’un enseignement censitaire, mène à la formation d’une élite formatée et autoproclamée (mais non je ne parle pas de l’ENA 🙂 )
mais de base l’enseignement élève et je suis toujours parti du principe (très imparfait je l’avoue) que si je sais quelques chose, tout le monde peut le savoir… je n’ai rien de spécial.
@Matt
je voudrais corriger un truc, je fais une grosse erreur à force de résumer… le système bancaire existe bien avant le capitalisme qui régit la planète aujourd’hui…
Au moyen âge le royaume de France empruntait aux Lombards ou aux juifscomme d’une béquille du pouvoir politique, mais on pourra noter toutefois une drôle de relation entre religion et pognon…Les Cathares et les Templiers ne furent ils pas convaincu d’hérésie pour qu’on puisse mettre la main sur le magot de ces ordres… derrière une pauvreté de façade se dissimulait un appât du gain et une forme d’hypocrisie …l’habitude d’emprunter a sans doute explosé pour financer les Croisades….
Une approche sensiblement différente mais complémentaire de ce que j’aurais pu écrire sur le volume 1 et 2 si OVH ne m’avait pas accaparé la semaine dernière. Je suis d’accord avec toi sur un point : nous avons à faire ici à un monument de la BD qui pulvérise tout ce que j’ai pu lire en 40 ans.
Tu as raison ! Tezuka montre que le parcours de SIddharta ne vient pas de nulle part et oui, il n’y a pas de personnages secondaires.
C’est juste époustouflant cette capacité que Tezuka a de quitter son récit pour quitter son récit pour raconter l’histoire d’un personnage croisé au détour d’une page pour le tuer 400 pages plus loin et le relier au destin de Buddha.
Ce qu’il y a de magnifique dans cette oeuvre, c’est qu’elle n’est pas japonaise et ethnocentrée. Tezuka, alors que le genre manga en est à ses bablutiements trouve le souffle des grands romans russes où le propos tend à l’universel. On pense souvent à Dostoievesky ou Pouchkine.
Quelle culture ! Quelle documentation ! pour restituer l’Inde de Bouddha.
Au bout de deux pages comme d’habitude le dessin de Tezuka je l’adore ! Il est moderne à sa manière. Les cases explosent et suivent le mouvement de ses caractères, ses femmes ont la beauté du diable, ses décors sont remarquables et son écriture, ici au moins est drôle : ses medecins qui fument , ses clins d’oeil à Batman (!), sa manière de se représenter en plein moyen age, je suis sûr que Tornado adorerait cet humour à la Hergé.
J’ai littéralement été bouleversé par cette lecture, par l’amour incestueux de Chappah pour sa mère et leur quête de liberté qui finit par les empaler couverts de sang.
La course à la pénitence de Siddharta qui le poussera a être brûlé vif et manger des excréments de vache. Tatta le brigand au grand coeur capable de se transformer en animal. Miguella la belle rebelle qui finit aveugle comme Michel Strogoff et suintante de pus. Le destin d’enfants batards abandonnés, des géants capables de terrasse un éléphant, c’est un magnifique roman d’aventure qui ressuscite (sic) ni plus ni moins le lyrisme de LA BIBLE avec Samson, Job, Noe et tous ses super-héros qui s’accomplissent avant l’arrivée de Christ.
A ce niveau de perfection je dirais que pour moi Tezuka surpasse souvent Hergé en terme de prise de risque et de force narrative. Jamais, jamais, jamais je n’avais lu un récit qui me remue autant les tripes.
Il est honteux que cette histoire soit si méconnue tant il révolutionne le monde de la bD même 50 ans après sa sortie.
En ce qui me concerne, je n’ai même pas l’impression que Tezuka prône le Bouddhisme qui montre ici toute la limitation de son pouvoir. Pour atteindre l’éveil, Siddharta doit faire des choix terribles : préférer son épanouissement personnel au destin de sa famille et son peuple qu’il laisse mourir.
En cela, et c’est mon opinion personnelle, Tezuka montre le tiraillement entre la paix de l’ame et les ravages des hommes. BUDDHA montre que quoiqu’il arrive la folie des hommes vient souiller toute religion aussi noble soit-elle. J’ai longtemps ressenti celà lorsque je faisais mon analyse : je me débarrassais de mes péchés, mes démons, ma culpabilité pour ressortir dans un monde aussi fou qui ne faisait pas cet effort d’introspection.
Merci de t’être chargé de cet article indispensable.
J’ai tendance à préférer Hergé quand même… sans doute par pur chauvinisme?
mais non c’est juste que je trouve que Hergé est parfait de manière « invisible » alors que Tezuka fait montre encore de pas mal de figure de styles…
j’adore ça, mais je suis sur le cul quand parvient à maîtriser le récit au point que tout soit juste à sa place de manière tellement naturelle qu’on ne voit pas le travail derrière…Hegé ça la l’air « évident »…
ceci-dit c’est pour pinailler…
Au fait rien à voir mais la BD française AVANT Hergé ça donne quoi ?^^
Genre Les pieds nickelés, tout ça^^
J’en ai lu, mais plutôt de la période René Pellos après la seconde guerre. Donc je sais pas ce que ça donnait dans les années 1910.
Avant Hergé? je ne sais pas…
des strips d’inspiration américaine je dirais… dans les journaux…
Je crois que Hergé est le premier à avoir été publié en album…
Bécassine, c’est peut-être antérieur…
Avant Hergé ? Voilà une question qui m’a pris au dépourvu. En allant consulter wikipedia, pour la bande dessinée européenne, l’article propose :
– L’histoire de monsieur Jabotn, de Rodolphe Töpffer
– Le Savant Cosinus, de Christophe (Marie-Louis-Georges Colomb)
fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_bande_dessin%C3%A9e
Béh je mentionne les pieds nickelés^^
Personne n’en a lu ?
Non, ma curiosité ne m’a poussé jusqu’à lire des Pieds nickelés.
L’histoire n’est pas japonaise et ethnocentrée. – Je ne n’y avais pas pensé à la lecture, et pourtant c’est une caractéristique significative, surtout si on compare avec les comics américain qui sont ethnocentrés à 99,9999%.
Je n’ai même pas l’impression que Tezuka prône le Bouddhisme. – Ton argumentaire est édifiant : il m’a remis en mémoire le comportement abject de Siddharta vis-à-vis de sa femme et son son enfant. Tezuka ne passe rien à Siddharta : on ne peut pas le taxer d’angélisme.
Et ben. Si je n’étais pas à ce point allergique aux lectures à l’envers (mais aussi à ces petits formats tout mous, là, ils sont moches quand même), c’est clair que j’aurais acheté la chose direct…
Je n’ai pas le courage de vous suivre sur la discussion à propos des religions. Je dirais juste que le bouddhisme, et avant tout sa version la plus animiste (ou même son prolongement panthéiste qu’on peut croiser parfois), celle où l’homme est à l’opposé de la vision des trois grandes religions monothéistes (qui nous mettent au centre de l’univers), correspond le mieux à ma propre philosophie, à ma propre vision du mysticisme. De l’éventualité d’une vie après la mort. Et en tout cas d’une belle manière de vivre.
En l’occurrence, il s’agit d’un format tout dur. 🙂 🙂 🙂
Je note que dans la discussion tu te raccroches à l’approche religieuse du bouddhisme. 🙂
Le Bouddhisme, s’il n’a causé aucune guerre de religion reste à mon sens une religion aussi terrible que les autres, demandant des sacrifices insensés et des souffrances hors du commun. Tezuka le montre sans ambages. C’est une religion que j’ai un peu étudié et qui ne me fait pas envie du tout.
Ah, je note que pour le format, c’est déjà mieux (quoique tu ne parles pas de la taille du livre (les petits formats minuscules pour une oeuvre en intégrale, merci hein…). Mais zut, c’est toujours à l’envers ! 😀
Oui, pour moi c’est une religion puisqu’il est question de mysticisme et de l’éventualité de la vie après la mort (sous quelque forme que ce soit). On dépasse le « simple » cadre de la pensée pour accepter ce qui n’est pas explicable.
Hé bien !
Désolée pour le retard, semaine chargée…
Quel article !
Présence, tu me permets de mieux comprendre pourquoi Tezuka est considéré comme le Dieu des mangakas. Je croyais que c’était juste une fixette de Bruce, mais tu arrives à me montrer et à m’expliquer que non…
Cette illustration du paysage est magnifique.
Je suis comme Eddy et Matt, je n’ai jamais adhéré au style « naïf » (le terme est très bien trouvé) de Tezuka. Mais je n’ai jamais lu aucun manga. Juste vu Astroboy (que j’adorais pourtant, étant môme) et Le Roi Léo.
Mais je comprends maintenant qu’il s’agit d’un choix.
Concernant le thème, je passe.
Je suis juste étonnée que vous ne résumiez les religions qu’au pouvoir et à l’argent.
Vous parlez essentiellement des conséquences, comme si elles en étaient aussi les causes.
Pour moi les religions sont aussi là à cause de la peur. Peur de la mort en premier lieu.
Mais bon, il est tard et je ne me sens pas de détailler mes pensées sans prendre le risque que ça n’ait au final ni queue ni tête.
Je croyais que c’était juste une fixette
Dîtes carrément avec Eddy que je radote hein ! 😉
Tezuka a écrit 700 bouquins ! Rendez-vous compte ? 700 Bouquins ! 7 planches par jour pendant 50 ans ! Il a participé à 70 films d’animations. Même Hergé ou Kirby ne peuvent en dire autant. C’est fantastique de le découvrir aujourd’hui. C’est une oeuvre grandiose autant par sa qualité que sa quantité devant laquelle je n’ai aucune honte à poser genoux à terre et la paume des mains aussi! Je suis sorti de Bouddha changé, apaisé alors que je n’adhère pas du tout à cette religion que je trouve à sa manière aussi cruelle que le christianisme que je connais bien.
Tu as tout à fait raison Kaori et ta remarque est d’autant plus pertinente que tu n’as pas lu le bouquin : le point de départ de la démarche de Sidharta est sa peur de mourir. Une terreur qui l’habitera toute sa vie et motivera ses expiations (terme choisi pour les autopénitences des moines).
@Qui ça intéresse : BOUDDHA s’ouvre avec la légende du lapin qui se jette dans le feu pour nourrir un voyageur affamé. Une légende que tous les fans des CHEVALIERS DU ZODIAQUE puisque racontée par Shyriu à Seiya dans le temple de la balance quand Shun tente de ressusciter Hyoga. Beaucoup d’autres clins d’oeils au boudhisme dans la série avec le combat de Shaka contre Ikki : Shakka représente Buddha et si l’on y réfléchit, chaque chevaliers trouve l’éveil (le septième sens) en souffrant les expiations.
Pour ma part je ne trouve pas les religions « cruelles »
Kaori a raison, vous parlez de conséquences de fanatisme, d’argent, de pouvoir. Mais pas des principes des religions.
Alors oui il y a des trucs sexistes dedans, tout cela a été écrit il y a très longtemps. Et il y a le folklore de base (les histoires) et ce qu’on te demande de faire.
Personne ne demande à un chrétien de sacrifier son fils, même s’il y a l’histoire de Job qui perd ses biens, ses enfants, etc.
Il y a une mythologie comme dans n’importe quelle culture.
Mais derrière ça, il y a des principes de paix.
Oui, il y a eu les guerres de religions et tout ça. Mais citez moi une seule invention de l’homme qui n’ait pas également servi à faire le mal !
Et tous les croyants ne sont pas des abrutis fanatiques qui veulent tuer leur prochain.
Et oui, à une époque où les gens croyaient en un Dieu, il y avait aussi peut être moins de dépressions. ça aidait certaines personnes. On peut trouver ça bête si on veut, ce sont des gens qui se berçaient d’illusions. Mais au final les loisirs actuels et les héros de papier, ça sert à quoi ? On ne fait que vous lire expliquer que tel perso vous a inspiré gamin, tout ça. Les gens aiment les mythes !
Il y a des choses à retirer des religions, ne serait-ce que leur philosophie. Sans se mettre à prier, ou jeter tous ses biens, on peut adhérer aux principes de compassion bouddhistes et à l’idée que l’homme n’est pas plus grand et ne fait qu’un avec l’univers.
Toutes les religions ne sont pas si humbles dans le principe.
Je suis tout à fait ok avec le message de paix et de compassion. J’ai même sérieusement envisagé quand j’étais gamin la carrière de prêtre. Vraiment. Je priais tout le temps et voyais Dieu partout. Puis une rupture s’est produite.
La réalisation qu’il faille toujours souffrir pour être heureux : que le sexe c’est mal, qu’il faille s’infliger les pires souffrances physiques, les pires aspérités . Comme le disait Marilyn Manson dans ses critiques de LA BIBLE : il faut être un saint aller au paradis alors qu’être soi même nous condamne à l’enfer.
On le voit très bien dans BOUDDHA : les moines se roulent dans les ronces, se jettent dans le feu , expérimentent la noyade, se nourrissent d’excréments, SIdharta met une dizaine d’années pour comprendre que c’est n’importe quoi et le volume 2 se termine !
C’est ce que je reproche aux religions quelque elles soient : l’emprise du quotidien sur le corps ce qu’il faut manger ou pas, ce qu’il faut baiser ou non, dire ou penser…Je ne peux plus adhérer à ça, même si sur le fond les messages du Christ et de Bouddha se ressemblent beaucoup.
Mais justement Siddartha comprend que c’est la voie du milieu la bonne réponse. Il a passé des années à presque se laisser crever de faim auprès d’une tribu dont j’ai oublié le nom qui a ses croyances de ce genre basée sur les souffrances.
Ce ne sont pas des bouddhistes^^
Du coup on peut même y voir une critique de ces croyances bizarres qui ne sont pas une solution.
Et il ne faut pas souffrir pour être heureux. C’est juste que le bonheur n’est pas présenté comme quelque chose de naturel et acquis. On l’exige tous mais la vie est dure. Et se libérer des désirs n’est pas pour rejeter le sexe mais pour ne pas trop exiger de la vie et en souffrir si on n’a pas ce dont on rêve.
Un exercice très important à faire de nos jours quand on voit comme on nous vend du rêve et qu’on nous maintient malheureux en nous montrant ce qu’on est censé obtenir pour être heureux (richesse, femmes à la pelle, boulot bien payé, des tonnes d’amis, une belle maison, une famille.)
On nous dresse une idée du bonheur qui détruit l’amour de la vie chez ceux qui n’ont pas tout ça.
That’s my opinion^^
Je pense surtout qu’on vit dans une société plus toxique que certaines religions comme le bouddhisme.
C’est tout le contraire dans notre société : t’as pas couché avec plein de nanas, t’es un gros loser T’as pas de boulot, pas de famille à tel ou tel age ? On te regarde de travers. C’est le culte de la réussite, de la popularité, de la richesse, du superficiel. Et tout le monde se marche sur la gueule pour garder sa place. Il n’y a nulle compassion dans tout ça. Surtout du jugement, de l’humiliation, de la critique.
Et d’ailleurs quand tu poursuis des rêves de célébrité, d’homme à femmes, de richesses, est-ce que tu es toi-même ? Ou est-ce que tu es un gros anxieux qui essaie de se conformer à l’idée du bonheur que les médias t’ont mis dans le crâne dès le jeune âge ?
Je ne parle pas des désirs simples et naturels comme le sexe ou un minimum de reconnaissance au sein d’autres gens (puisqu’il parait que nous sommes des animaux sociaux)
Mais quand ça vire à l’obsession, aux désirs de grandeurs et de se rouler dans des orgies avec des groupies…je m’interroge^^
On est tous façonné par notre époque. Et ça fait un peu peur tant le superficiel et le matérialisme est mis au devant de tout. Pas sûr que beaucoup de gens sachent ce que c’est d’être « soi-même »
Amen to that.
Hâte de lire cette voie du milieu.
@Kaori – Au vu du volume de la production d’Osamu Tezuka, il est certain de pouvoir trouver chaussure à son pied de lecteur : il faut juste tomber sur le bon pour que le déclic se produise. J’ai l’impression que même en France, plusieurs générations d’enfants ont déjà apprécié cet auteur, sans forcément le savoir : tu cites Le roi Léo et Astro Boy. Je me souviens que quand j’étais enfant une chaîne nationale diffusait des épisodes de Princesse Saphir qui dénotait par rapport aux autres à l’époque, et j’ai découvert des années après qu’il s’agissait d’une production de ce mangaka.
Concernant la ou les religions, j’ai l’impression que le format des commentaires ne se prête pas bien à dessiner une vision approfondie d’un sujet aussi complexe et étendu. Du coup, chacun d’entre nous met en avant un angle de vue qui lui tient à cœur, mais qui ne reflète pas toute son opinion sur le sujet.
Il y a de très chouettes expérimentations d’art séquentiel évoquées ou montrées dans l’article mais, au risque de me faire lapider (quoique, c’est pas la bonne religion, par rapport à l’article), j’accroche pas du tout au trait de Tezuka.
Sinon, le jeune Bruce aurait envisagé de devenir prêtre ?
Ca pourrait expliquer ses atomes crochus avec le personnage de Jesse Custer !
Si ma mémoire est bonne, les moines tibétains pratiquent plutôt l’immolation par le feu : j’en frémis rien que de me le représenter.
J’ai également été longtemps rétif à la représentation tout public des personnages d’Osamu Tezuka, mais une fois entré dans une histoire qui te parle, tu ressens avec une force accrue leurs émotions.
Comme toujours je savais que tu allais aller plus loin qu’une simple présentation. Ne connaissant que peu Tezuka, je reconnais cependant quelques critères caractéristiques : des personnages dessinés simplement qui fait enfantin mais des histoires dures voire cruelles. Je ne pensais pas que cette histoire était aussi longue, je ne pense pas pouvoir m’y pencher bientôt ! Même si les scans donnent envie.
Tu parles du romanesque, penses-tu que Tezuka s’est inspiré des romanciers classiques français comme Balzac et sa Comédie humaine ?
Merci beaucoup pour cette analyse passionnante sur la naissance d’une religion, je pense ne jamais faire le tour de Tezuka mais au moins je le connaîrais un peu.
La BO : sympa. Jamais trop écouté ce disque.
Je ne me suis pas intéressé aux sources d’inspiration d’Osamu Tezuka, mais je sais que sa culture est très étendue, et pas ethnocentrée comme le fait observer Bruce. Par exemple, j’ai lu sa série L’ara aux sept couleurs (Nanairo Inko, 1981/1982). Il cite et met en scène des pièces de théâtre de William Shakespeare, Maxime Gorki, Nicolas Gogol, Henrik Ibsen, Tennessee Williams, Samuel Beckett, Arthur Miller…
Merci beaucoup pour ces précisions. Un jour peut-être j’aurais lu tous ces auteurs !
J’avoue que je me sens assez proche des propos de Matt.
J’ai été baptisée et ai fait du catéchisme, jusqu’à l’aumônerie. A cette époque, j’imaginais Dieu dans sa robe et avec sa barbe blanche, sur un nuage… Bien que j’aie détesté l’apprentissage de la religion, j’ai profondément adhéré aux préceptes de solidarité, de générosité, de compassion et de pardon.
Le gros souci c’est que je me demande maintenant si ça n’a pas contribué, en plus de l’éducation de mes parents, à vouloir être « parfaite ». Sage, polie, gentille etc. Avec toute la culpabilité que cela implique quand on désobéit aux préceptes inculqués depuis l’enfance.
Malgré cet apprentissage, je n’ai pas longtemps cru au catholicisme. Déjà, cette histoire de mériter le paradis, ça m’a vite barbé. On devait faire sa prière tous les soirs et je n’avais aucune idée de comment on devait faire. Alors je ne priais pas. Et je me disais « bah voilà, t’iras jamais au paradis ! ». Et puis, moi, je voulais me réincarner. En chien. Puis en garçon. Jusqu’à ce que je réalise que si ça se trouve, j’avais déjà été un chien ou un garçon, et je n’en avais aucun souvenir. Et si jamais je me réincarnais plus tard, dans une autre vie, pareil, je n’aurais aucun souvenir d’avoir voulu être un chien ou un garçon (oui, très tôt, j’ai pensé qu’être une fille, c’était vraiment nul…) ! Bref, nulle, cette histoire de réincarnation. Mais ça m’a appris le respect de chaque petit animal. Halte aux massacres des vers de terre dans la cour de récré ! Pour autant, je ne suis pas complètement végétarienne, et j’avoue que les araignées et moi, on n’est pas très copines…
Plus tard, quand ma première chienne est décédée, quand j’avais 15 ans, je me suis mise à croire au paradis pour tous. Là où je pourrai la retrouver. Ça s’est compliquée quand ma deuxième chienne est décédée. Là je me suis dit « merde, comment je vais faire… »
Quand Yura est décédée, j’ai réalisé que je ne croyais plus en rien. Je ne lui ai pas dit « on se reverra », je n’y ai même pas pensé. Je lui ai juste dit que tout irait bien… Pour moi, elle s’est endormie pour toujours et ça s’arrête là. Pas de retour possible, pas de retrouvailles, rien. J’ai tenté de penser autrement, pour trouver du réconfort, mais ça ne marche plus. De toute façon, avec son caractère (de m…), « vivre » avec d’autres chiens ressemblerait plus à l’enfer qu’au paradis !!
Parfois je me dis que les croyances indiennes me parlent davantage.
Je lie la religion avec la peur de la mort, car c’est la peur universelle, celle par laquelle on passe tous, un jour ou l’autre.
Chaque fois que je me retrouve à devoir rassurer mes enfants face à la mort, la leur, la mienne, je me retrouve toujours coincée et je me vois aborder les religions… Parce qu’imaginer qu’après, il n’y a rien, c’est horrible pour eux, comme ça l’était pour moi à leur âge. J’ai beau leur dire qu’on est fatigué et qu’on se repose pour toujours, ça ne marche pas, ils n’ont absolument aucune envie de se reposer !!!
Voilà pourquoi je pense que la création des religions vient d’abord de ça… La vacuité de notre vie, savoir que nous ne sommes que des fourmis dont la vie n’a pas plus de valeur qu’une autre. L’inutilité de nos vies infimes et infinies… (Souvenirs de mes réflexions d’enfant…)
Jolie déclaration.
Pour ma part, il m’est impossible d’imaginer deux minutes cette histoire de félicitée éternelle désincarnée avec tous les gens qui t’aiment.
Lors de mes voyages en amérique du sud, j’ai bcp travaillé autour cette question en allant loin dans cette relation mystique. J’ai fait 300 km à pied de Compostel, testé toutes les drogues et fait tous les jeuns au fin fond de l’amazone. J’ai été très rigoureux, vécu avec des indiens et mangé plein de choses assez… J’ai fait des offices et chanté des sotises, été béni je ne sais combien de fois, testé dans ma foi et ma connaissance des écritures (que je révisais en espagnol). J’ai fait les temples, les églises millénaires , les pentecôtistes ou les autels au fin fond de la forêt : je n’ai jamais, jamais , jamais eu d’illuminations ni sous drogues ou sous hypnose.
Mes conversations avec des gens très pieux m’ont souvent amené à cette vérité révoltante à mes yeux : tu peux faire le maximum de bonne action sur terre, si tu n’es pas baptisé et ne reconnais pas Christ en sauveur, et bien tu reste sur terre. Ce qui est à mes yeux le contraire de l’amour désintéressé. Le bien, je le fais par pure compassion ou de manière professionnel à mon travail : je n’en attends ni salut, ni rédemption.
C’est ce que je reproche en amoureux déçu du catholicisme : une religion profondément déprimante et culpabilisante où ta première vision dans une église est Christ ensanglanté et crucifié, une mise à mort la plus terrible qui soit. Beaucoup trop de ce dogme appelle à la culpabilité et j’ai décidé de mon éloigner tout en relisant pour la beauté du texte très souvent la Bible.
Et j’ai toujours plaisir à discuter avec les gens pieux dont je respecte la foi.
Si je voulais me contredire, je dirais que sans ces voyages mystiques, je n’aurai jamais rencontré ma femme…
Quand je parle d’illuminations, je reste dans le domaine chrétien. Par contre, le rapport à la nature et aux animaux, l’amour de la vie et de ses valeurs, oui ça, ça marche. Ce n’est pas si négatif.
Je me ressource mille fois plus au milieu de la nature que dans une église… Ton image du Christ crucifié est forte, je n’y avais jamais prêté attention.
PS : paradoxalement, j’ai tendance à croire au Destin. Parfois. J’ai du mal à croire que les choses n’arrivent que par hasard. Et en même temps, je refuse de croire que cela soit gravé dans le marbre… Comme s’il y avait des chances à saisir…
Kaori a totalement raison, La peur de la Mort est un truc vachement important dans la conception même de la croyance et donc de la religion qui s’en set comme d’un levier formidable pour mener sa politique expansionniste et apostolique…convaincre avec la peur de la damnation ou d’un réincarnation peu enviable (ouais le ver de terre qui termine dans l’estomac d’une poule…)
Si je ne parle pas de « spiritualité » c’est que je suis profondément respectueux des croyances personnelles des individus. vieux barbu, nuages, ou jardin des délices ou grand banquet des schtroumpfs auprès d’Odin, peu m’importe et c’est pour moi très séparé avec le dogme et le catéchisme.
vous savez que quand :mon père est parti, ça devait être en fin d’année, puisque quand j’ai demandé à ma mère si le père Noël allait venir, elle m’a répondu qu’il s’était barré avec le chéquier de mon père…J’allais avoir 5 ans… voilà comme j’ai appris la notion d’allégorie. 🙂
J’ai su que tout ce qui était invisible est un mensonge. point barre, un mensonge pour que j’obéisse. un mensonge pour éviter d’affronter un truc pénible (Le paradis des chats) et au bout du compte un mensonge tout simplement.
@Matt, je te comprends plus que tu ne voudrais le croire, je me suis retrouvé un peu dans le genre du schéma mental que le tien, écœuré par la déshumanisation actuelle, l’égocentrisme, le manque de valeur…mais les médias ne sont qu’un épiphénomène qui s’arrêtera aussi brutalement quand un satellite aura l’idée de se casser la gueule suite à un dysfonctionnement et foutra en l’air toutes les infrastructures internet, gps…plus de communications en direct, plus de modèle universel, ce sera Walking Dead et on labourera dans les champs en revenant à la terre et rigolant des gens qui boufferont leurs cochons d’inde alors q’il se prétendaient Végétarien quinze jours avant… 🙂
la dérision est ma vraie valeur dans la vie..
Je viens de relire les fonds de tiroirs de Pierre Desproges, ça doit être ça ma bible… 🙂
Avec un départ comme le tien, difficile de ne pas devenir cynique !
J’ai appris que le père Noël n’existait pas à l’école, à 8 ans. La honte intersidérale. Depuis j’ai en horreur le mensonge. Le mensonge parental encore plus. « Mais non y a pas de citron dans le gâteau »… Cette façon que certains adultes ont de prendre les enfants pour des imbéciles et de les manipuler pour obtenir ce qu’ils veulent m’insupporte. Mensonge, chantage au père Noël, c’est tellement facile et pratique !
Mais encore une fois, la vie fait qu’on se retrouve bien hypocrite parfois. Famille, tradition, on a suivi le mouv père Noël avec nos enfants. Avec la dernière, on en est à « Effectivement, les cadeaux viennent des parents. Est-ce que ça veut dire que le père Noël n’existe pas ? On n’en sait rien ! »
Dieu et ses Apôtres, le père Noël et ses lutins, c’est kiffkiff-bourrito pour moi 😉 .
Ouais! 100% roubaisien 100%cas social… 🙂
Je ne me plains de rien, j’avais pas faim…
et puis ça n’a jamais traumatisé aucun musulman de ne pas croire au père Noël…
Non, on passe même pour des extra-terrestres (pour être gentille) aux yeux des petits Musulmans…
Je me rappelle d’une de mes élèves, qui ne fête donc pas Noël, qui disait que c’était impossible puis finalement me demandait si le père Noël utilisait un hélicoptère pour se déplacer…
C’est toujours délicat, ce genre de cas, elle n’était pas la seule Musulmane de la classe, mais quand même la seule à ne pas mettre de sapin dans sa maison par exemple. Et à la rentrée, chacun y va de ses cadeaux de Noël. Enfin je m’égare… Je précise qu’elle n’est pas malheureuse de ça du tout, elle s’en fout comme de l’an 40 !
Sinon, je sais que tu ne veux surtout pas inspirer de pitié, mais ton anecdote m’inspire quand même une infinie tristesse. Presque digne de GREMLINS !
Holà faut pas… grâce à cette famille de dingue, je lisais Corto Maltese à 8 ans en finissant les fonds de verre…j’écoutais les grands se disputer pour savoir si MarX devait tout à Engels ou le contraire et dix minutes plus tard de savoir si c’est le reggae ou la New Wave qui avait les meilleurs bassistes…
un tonton prenait une guitare sèche et chantait des chants anarchistes ou du Thiéfaine…. rien de triste je t’assure… 🙂
🙂
On n’a pas du tout eu la même enfance, et je ne suis pas sûre que l’une soit mieux que l’autre. Au final, on s’en est pas trop mal sortis 😉
Top ton enfance, Eddy !
Bon j’ai lu tous vos commentaires, et je vais me ranger derrière Présence en disant que le sujet est bien trop vaste pour qu’on puisse facilement l’appréhender. Vous avez tous vos points de vue, très bien argumentés, j’apprends que Bruce voulait devenir prêtre… Pour ma part j’ai toujours détesté la religion pour son détournement barbare et idiot fait par les hommes : asservir, torturer, tuer. Je me suis fait débaptisé (apostasie). Mais je sais que tout cela est personnel. La religion cartésienne existerait : c’est la religion de ceux qui croient en la science.
Je dois avouer que je ne me suis jamais penché sur le bouddhisme. Comme Matt je trouve les préceptes intéressants et humanistes, mais comme Eddy il me semble qu’elle reste une religion avec ses défauts.
Hey Jyrille,
Je ne me plains pas.
a quarante ans, sans nostalgie réélle, on se penche parfois sur la cahine de son vécu. vos articles ont une forte résonnance en moi je dois dire… celui d’aujourd’hui (le tien) m’ amené à repenser à mes premiers disques dans la vie…pas préférés, juste ceux qu’on m’a offert en premier gamin… c’est curieux de faire ce rassemblement qui n’a aucune cohérence…
On peut ne pas être croyant et s’intéresser aux pratiques religieuses, mais aussi à la morale et la philosophie de chaque religion : c’est pour ça que je suis envoûté par cette série de Tezuka.