SUPERMAN PAR ALAN MOORE
Un article de JB VU VANVO : DC Comics
VF : Panini Comics, Urban Comics
Cet article portera sur les comics Superman écrit par “L’Auteur originel”, Alan Moore. En d’autres termes, nous parlerons de son “For the man who has everything”, publié dans SUPERMAN ANNUAL n°11, illustré par Dave Gibbons et mis en couleur par Tom Zukio, de “The Jungle Line”, publié dans DC COMICS PRESENTS n°85 et illustré par Rick Veitch, et du fameux “Whatever happened to the Man of Tomorrow” publié dans SUPERMAN n°423 et ACTION COMICS n°583, mis en image par Curt Swan et encrés par George Pérez et Mark Schaffenberger. Ces numéros ont notamment été traduits en France dans L’UNIVERS DC PAR ALAN MOORE chez Panini Comics, et LES DERNIERS JOURS DE SUPERMAN chez Urban Comics.
Est-il encore besoin de présenter Alan Moore ? Si c’est le cas, je ne suis pas le mieux placé pour évoquer l’auteur britannique à l’origine de la BALLADE DE HALO JONES, de la réinvention de MIRACLEMAN/MARVELMAN et de V POUR VENDETTA dont l’arrivée chez DC a engendré la vague britannique et, par extension, la naissance du label Vertigo. D’autres, tel notre expert Alex Nikolavitch, en parlent mieux que moi ! Non, pour ma part, je suis juste un indécrottable adepte des héros exhibant fièrement leurs sous-vêtements sur leurs combinaisons bariolées.
Le chef m’a donné une mission : rédiger un papier sur les comics Superman écrit par le grand barbu. Facile de les parcourir, il n’y a que 3 histoires ! Le plus intéressant est la temporalité : elles sont publiées entre 1985 et 1986. 1985, c’est l’année de publication de CRISIS ON INFINITE EARTHS qui se conclut par une nouvelle ère et surtout une nouvelle continuité pour l’Univers DC. La plupart des personnages, dont Superman, repartent à zéro. Ainsi, quand Alan Moore écrit Superman, il raconte l’histoire d’un personnage voué à disparaître…
Avertissement : beaucoup de spoilers pour ces histoires qui ont presque 40 ans !
Danse macabre (The Jungle Line : DC Comics Presents n°85)
Superman est mourant. En tant que Clark Kent, il a assisté à la présentation d’une découverte scientifique, un champignon qui a survécu au vide spatial. Notre héros a reconnu cette espèce : cet organisme vient de Krypton, et se développe plus particulièrement dans le flux sanguin des créatures kryptoniennes qui y sont exposées. Les jours suivants, Superman reconnaît plusieurs des symptômes : pertes de capacités, fièvre, fatigue extrême. Alors qu’il perd le contrôle de ses pouvoirs, Kal-El décide de s’isoler pour mourir. Il prend la route du Sud des Etats-Unis mais la fatigue lui fait avoir un accident. Une aide inattendue arrive en la personne de la Créature des Marais. Mais lorsque ce dernier arrive, Superman s’éveille dans un état second et commence à tout détruire autour de lui.
La série DC Comics Presents a pour principe de montrer Superman et un autre personnage de DC Comics faire équipe le temps d’un numéro. Si j’en crois DC Fandom, cette histoire est la première du triptyque d’Alan Moore sur Superman à paraître. Cependant, elle en est aussi le parent pauvre, moins connue que les 2 autres. Il y a une raison à cela : Superman n’en est pas le protagoniste mais celui qui se rapproche le plus d’un danger à combattre. Pour autant, une série de flashbacks et d’hallucinations causées par la fièvre permettent de mettre à jour une autre facette du personnage.
La réalisation de son infection renvoie Superman à sa propre mortalité et il passe par plusieurs étapes du deuil : le choc lorsqu’il perd la maîtrise de son propre corps, la négociation, lorsqu’il tente de trouver un remède, la dépression lorsque son désespoir est retranscrit par son manque d’hygiène, la colère face aux fantômes de Krypton qui l’appellent à les rejoindre, ou encore le déni : il déclare qu’en tant que Superman, il ne peut pas mourir. C’est seulement en atteignant le stade de l’acceptation, en arrêtant de combattre, que Superman peut redevenir un héros : la conclusion le voit d’ailleurs reprendre son apparence habituelle.
La vision de plusieurs créatures de Krypton décharnées ou squelettiques forme une danse macabre sous les yeux hallucinés du personnage et le met face à son syndrome du survivant. Même le décor de son cauchemar éveillé se transforme peu à peu d’une jungle écarlate (point d’origine du champignon) à un charnier rempli de dépouilles de créatures disparues. Ce que je trouve intéressant, c’est que mis face à ce memento mori, à sa propre mort, Superman panique. En effet, dans cette histoire, Superman n’a personne à protéger, à sauver à part lui-même. Cette peur de la mort n’est pas présentée comme héroïque mais délétère : dans sa folie passagère, le kryptonien détruit la flore alentour. L’intervention de Swamp Thing est celle d’un thérapeuthe qui, après avoir identifié la source du mal, accompagne son patient vers la guérison.
Tout l’intérêt de ce numéro est ainsi de mettre en valeur la vulnérabilité de Superman, de montrer que face à une mort imminente et sans aucun sens, le héros est aussi désespéré et effrayé que toute créature mortelle. D’autres récits vont revisiter la réaction de Superman face à la mort, notamment le graphic novel SUPERMAN: WHERE IS THY STING écrit par JM DeMatteis et illustré par Liam Sharp.
Rick Veitch assure la partie graphique, et se délecte à présenter les visions morbides du héros et ce, dès la double page titre où l’on voit le véhicule que conduit Clark Kent se diriger vers l’image d’un crâne géant. Toute l’imagerie du numéro évoque d’ailleurs l’iconographie de la série SWAMP THING, notamment la virée du personnage en enfer. La conclusion est particulièrement cynique : Superman, qui a retrouvé sa lucidité, ne se souvient pas d’avoir croisé la Créature des Marais et est persuadé d’avoir traversé cette épreuve à la seule force de sa volonté. Kal El conserve ainsi sa conviction d’être un héros parvenant à franchir tous les obstacles, sans reconnaître qu’il a eu besoin de l’aide d’un monstre qui lui a tenu la main lorsqu’il en avait besoin.
La fin des illusions (For the man who has everything : Superman Annual n°11)
Wonder Woman, Batman et le nouveau Robin, Jason Todd, arrivent à la Forteresse de Solitude de Superman pour fêter l’anniversaire de ce dernier. Cependant, ils découvrent le héros dans un état second, sous l’emprise d’une plante qui le recouvre. Mongul, le supervilain responsable de cette situation, leur explique qu’il s’agit d’une Black Mercy, une fleur vivant en symbiose avec son hôte en le plongeant dans une transe qui lui fait voir ses plus profonds désirs. Dans les recoins de son esprit, Kal-El vit dans une Krypton qui n’a jamais explosé, en couple avec une femme qu’il aime, entouré de ses enfants et de toute sa famille. Mais il existe un serpent dans ce paradis : après avoir prédit une apocalypse qui ne s’est jamais produite, Jor-El est devenu un homme aigri et renié par ses pairs. Et la société kryptonienne est loin d’être idyllique.
Comme pour The Jungle Line, For the Man who has everything se compose de 2 parties, qui ressemblent beaucoup à celles de l’histoire de DC Comics Presents n°85 : la Krypton illusoire et la fureur de Superman une fois libéré de ce piège. Mais pour moi, la partie la plus intéressante est cette Krypton imaginaire. En effet, l’antagoniste, Mongul, est on ne peut plus manichéen et simpliste. Sadique, meurtrier, il ne se donne même pas la peine de se présenter aux autres héros. Batman fait de la figuration (sa contribution la plus marquante est la représentation de ses désirs), Wonder Woman occupe Mongul en attendant le retour du héros, et c’est Jason Todd qui a la part la plus active dans la résolution de la crise.
La partie sur Krypton est une suite officieuse d’une série d’histoires, “The Wonderful World of Krypton”, qui servent de back-up à plusieurs numéros avant d’être continuées par 2 titres, THE KRYPTON CHRONICLES et THE WORLD OF KRYPTON. Ces récits explorent le passé lointain ou proche de la destruction de la planète et dévoilent son histoire. On y découvre par exemple que le Conseil Scientifique a pris le pouvoir par des élections truquées. Le lecteur apprend ailleurs que la Zone Fantôme est une solution utilisée pour réduire les coûts budgétaires des prisons dans une Krypton qui voit une hausse de la criminalité, et que son invention est surtout pour Jor-El le moyen d’entrer dans le conseil scientifique. Tous ces éléments se retrouvent dans cette société kryptonienne qui n’aurait pas été interrompue par une catastrophe naturelle. Dans le récit d’Alan Moore (et donc dans le monde qu’extrapole l’imagination de Superman), la Zone Fantôme est considéré comme un outil de torture et Jor-El parle d’une criminalité grandissante et milite pour un retour à un passé glorieux.
Dans son rêve, Kal-El est le témoin d’une société qui sombre dans la violence. Si Jor-El rejoint un mouvement nationaliste et intégriste (autant dire d’extrême droite), ses opposants ne sont pas sympathiques pour autant. Ils prennent pour martyr un certain Jax-Ur, prisonnier depuis plus de 30 ans dans la Zone Fantôme. Le hic, c’est que THE WORLD OF KRYPTON révèle qu’il a causé la mort de plusieurs centaines de colons. Les méthodes de ce mouvement sont également très violentes et c’est Kara Zor-El, plus connue sous le nom de Supergirl, qui en fait les frais. Sans pouvoir, elle survit à peine à une agression des détracteurs de Jor-El qui la laissent comateuse et grièvement blessée.
Dans son esprit, Superman voit ainsi une Krypton qui ne pouvait qu’aboutir à sa propre annihilation : une civilisation au bord de l’explosion. Le héros réalise que la société parfaite de son monde d’origine n’a jamais existé. Entouré de sa famille dans une ville bondée lors de la première page, Kal-El voit disparaître ses proches au fur et à mesure de l’histoire : il brise l’illusion alors qu’il est dans un cratère abandonné (l’ancien site de Kandor), accompagné de son seul fils qui lui échappe peu à peu. Son retour à la réalité se fait au prix d’une réalisation : le bon vieux temps, celui d’une Krypton idéale, n’a jamais existé. A la relecture, on voit que c’est un piège dans lequel sont enfermés ces kryptoniens illusoires : Jor-El s’entoure d’une nature factice et fragile, les enfants de Kal El sont fascinés par les histoires légendaires de Nightwing et Flamebird, jusqu’à l’épouse de Kal, Lyla, qui vit entourée des affiches de sa carrière révolue d’actrice.
Se libérer du poids du passé, des regrets et des souvenirs, c’est la morale que propose ce récit. L’affrontement qui suit est mémorable pour la violence dont fait preuve Superman (“Brûle.”), mais Mongul n’est guère qu’un succédané de Darkseid, simpliste dans ses motivations (conquérir l’univers.) Dave Gibbons semble plus inspiré par la partie sur la fausse Krypton, ses buildings, ses émeutes (dans une scène qui m’a beaucoup rappelé WATCHMEN illustré par le même artiste) que par les couloirs très vides de la Forteresse de Solitude. Il décrit avec force détails les conséquences dévastatrices de l’attaque sur Kara, alors que dans les pages finales, Wonder Woman n’a que quelques bandages sur le bras après son violent combat contre Mongul.
La mort de l’innocence (Whatever happened to the Man of Tomorrow : Superman n°423 et Action Comics n°583)
Nous sommes dans le lointain futur de… 1997. 10 ans ont passé depuis la disparition du grand héros Superman. Pour cet anniversaire, un journaliste vient interviewer le seul témoin des événements : Lois Elliott (Lois Lane de son nom de jeune fille). Celle-ci retrace les événements tragiques qui ont constitué la dernière aventure et le plus grand combat du héros : des ennemis autrefois inoffensifs comme Bizarro, le Farceur ou Toyman, sont devenus des meurtriers sanguinaires et ont dévoilé l’identité secrète de Superman. Dès lors, les proches de Clark Kent sont devenus une cible. Après l’attaque d’une armée de Métallos sur le Daily Planet, Superman a emmené Lois Lane, Lana Lang, Jimmy Olsen, Perry White et son épouse Alice dans sa Forteresse de Solitude pour les protéger. Mais ce refuge est devenu le lieu du dernier combat de Superman : Luthor, Brainiac, l’Homme de Kryptonite et la Légion des Super-Vilains ont pris les lieux d’assaut. Mais le véritable responsable du massacre devait encore révéler son identité.
Responsable éditorial des séries Superman à l’époque, Julius Schwartz aimait raconter que, lorsqu’il avait émis l’idée d’une dernière histoire du Superman pré-Crisis, il avait été menacé de mort par Alan Moore s’il ne lui confiait pas cette tâche (Schwartz envisageait initialement de proposer l’histoire à l’un des créateurs du personnage, Jerry Siegel). Le titre original de l’histoire vient d’une série de back-ups de la série DC Comics Presents, intitulée “Whatever happened to…” et consacrée aux dernières aventures de personnages oubliés depuis des années comme Air Wave ou le Crimson Avenger. Ceci explique le cadre narratif de ce récit : 10 ans après sa mort supposée, le personnage de Superman appartient à l’Histoire, la fin de sa légende doit enfin être dévoilée. Moore se livre pour l’occasion un véritable travail d’historien : ce n’est pas seulement la dernière histoire de Superman qu’il écrit mais celle de tout son entourage.
Chaque personnage a ainsi l’occasion de briller une dernière fois. Conscient d’être des personnages secondaires pour le héros, Lana Lang et Jimmy Olsen (qui avaient l’habitude de se retrouver affublés de pouvoir tous les 4 matins) se lancent dans un dernier baroud. Krypto, chien fidèle entre tous, se sacrifie dans une scène inoubliable. Lois, éternelle journaliste, trouve la clé de la victoire. Perry White, moins porté sur l’action, sert de confident à un Superman plus vulnérable que jamais face au danger que courent ses amis. Perry va également trouver une fin heureuse à sa propre histoire, contrairement à la plupart des autres personnages. Le travail minutieux de Moore se voit jusqu’à des détails qui peuvent échapper au lecteur, comme la détresse de Vartox en découvrant que Lana Lang fait partie des victimes. Seul Pete Ross a un rôle ingrat mais nécessaire à l’intrigue.
La mort est omniprésente dans ce bouquet final. Après le massacre commis par Bizarro, le cadavre de Pete Ross montre que les personnages connus des lecteurs ne sont pas à l’abri du danger. Lorsque la Légion des Superhéros rend visite à Superman, celui-ci voit un rappel de sa propre mortalité : une jeune Supergirl, dont la version “présente” vient de périr contre l’Anti-Monitor, apparaît dans leur rang. Dès que les Légionnaires repartent, Superman s’isole pour pleurer, réalisant qu’ils lui ont fait un dernier adieu. Le héros va continuer à tenter d’échapper à cette ambiance funèbre : lorsque la Légion des Super-Vilains se vante d’avoir tué Lana Lang, Superman refuse de prononcer le terme. Cependant, cette perte lui fait franchir la limite (une télépathe réalise que le kryptonien est prêt à les tuer). Face à une menace trop puissante pour être combattue avec ses poings ou son intelligence, Superman va finir par utiliser une solution extrême.
Si le jeu de massacre aura marqué les esprits, il est à noter que ce n’est pas un cas unique. Je me rappelle de mon incrédulité en voyant dans les pages du magazine Spirou les Petits hommes connaître des morts horribles les uns après les autres dans l’histoire LE DERNIER DES PETITS HOMMES (dans ce qui s’avère finalement être une “histoire imaginaire”). ULTIMATUM fait également un carnage dans les rangs des personnages de cet univers. Mais même sans aller chercher aussi loin, certaines séries DC tuent leurs protagonistes secondaires à cette même époque. Plusieurs personnages proches de Wonder Woman trouvent la mort dans les tie-ins de la série éponyme avec Crisis on infinite Earths. Ce n’est donc pas la seule violence qui aura rendu la série illustre. Le choix de l’artiste Curt Swan est important : artiste attitré de Superman depuis des décennies, il était le seul à pouvoir refermer ce chapître. La contribution de Kurt Schaffenberger, encreur de la seconde partie, est tout aussi importante : il est reconnu comme l’artiste qui a défini le personnage de Lois Lane et a illustré les aventures de Superboy. Graphiquement, narrativement, Alan Moore et ses partenaires graphiques proposent une synthèse du personnage, de ses aventures en même temps qu’un chant du cygne.
Dans la première page de ce diptyque, Alan Moore adopte la position de conteur, nous racontant l’histoire de cette dernière aventure de Superman. Une histoire imaginaire, comme il nous le rappelle en début et en fin de préambule, comme toutes les autres. Dans le ciel, c’est un oiseau ou un avion qui vole, on ne croit plus qu’un homme peut voler. Lorsque Superman en vient à tuer, c’est la fin de l’innocence. Le héros, comme le dit le compagnon de Lois, c’est l’homme du quotidien, celui qui va au boulot chaque jour et sort les poubelles. Le monde a continué de tourner sans Superman, et celui-ci a adopté un autre rôle et un autre nom. Devenu Jordan Elliot, Jor-El, il est aujourd’hui époux et père. Une dernière aventure, cela veut aussi dire la possibilité d’une fin heureuse pour l’ancien héros.
Mon ressenti
Je n’ai pas la prétention d’avoir apporté un éclairage unique sur ces récits, juste celle de vous faire part de mon ressenti, celui de voir le Superman de l’Âge d’argent et de bronze, surpuissant et parangon de vertu, confronté aux affres du Grim & gritty de l’ère moderne. Plongé dans l’univers du futur Vertigo dans DC COMICS PRESENTS, transplanté dans une société au bord du gouffre qui évoque furieusement celle de WATCHMEN dans For the Man who has everything, exposé à l’ultraviolence de ses ennemis et à la mort de ses proches dans Whatever happened to the Man of Tomorrow. Avec un amour réel pour le personnage et une sensibilité que ne sauront retrouver certains de ses émules (suivez mon regard), Alan Moore semble montrer que le héros ne peut garder sa vertu et ses valeurs face à un monde moderne devenu trop dur et complexe. Il est d’ailleurs amusant de voir qu’à peine 2 ans après la relance de Superman, son auteur, John Byrne, le met dans le rôle d’un bourreau lorsque Kal-El met à mort des versions de Zod et de ses sbires. Alan Moore s’attachera pour sa part à reconstruire l’image du héros pur et idéaliste avec un pastiche de Superman, Supreme, ainsi qu’un hommage à Doc Savage : Tom Strong.
BO du jour :
Anecdote : dans le recueil « L’univers DC par Alan Moore » sorti chez Panini, le texte qui ouvre la 1ère partie de « whatever happened to the man of tomorrow » a été supprimé.
Un choix étrange. Manque de place, ou peut-être était-ce aussi le cas sur le TPB US ?
J’ai découvert et lu récemment (c’est-à-dire il y a sept ans…) ces histoires car j’ai la version Urban avec LES DERNIERS JOURS DE SPUERMAN. J’ai vérifié sur le oueb : tu as raison, tout y est ! Merci pour le lien sur V pour vendetta 😊
En effet j’ai très peu de souvenirs de la première histoire. Alors que la seconde m’a bien marqué. Ce qui est cool c’est que tu m’apprends plein de trucs éditoriaux et la remise en contexte de l’époque.
Tu donnes bien envie de relire tout ça !
La BO : classique. Un bon titre du groupe.
Merci pour ta lecture. Je ne suis pas certain d’avoir beaucoup de connaissances à part mes vieux souvenirs (un de mes mags Superman Sagédition avait une back-up sur le Monde de Krypton), mais c’est intéressant de voir comment Alan Moore reprend les codes non seulement des séries principales, mais aussi des histoires courtes autour du personnage.
Bonjour,
J’ai un ressenti plus que personnel avec la dernière histoire. Je l’ai eu entre les mains dans sa version Arédit ou Sagédition ( franchement je ne sais pas) à une époque où je ne savais même pas bien lire. Tout était marquant. A cette époque où les canards parlaient, c’est sans doute la première fois que je voyais un chien mourir. Inconscient que c’était le grand Alan Moore, j’ai oublié cette histoire perdues avec une multitudes d’autres illustrés. Puis je rachetais le volume Panini et tout m’est revenu en flashback comme dans les films et m’a rappelé qui était Superman… »vraiment »
Je revenais timidement au personnage grâce à Kurt Busiek et son Samaritan et de nouveau Alan Moore et Suprême…
C’est sans doute mon histoire de Superman préférée, là où Alan Moore s’amuse et sait rester simple sans être simpliste.
J’ai souri à la pique contre Momo, même si je ne sais pas ce que vous avez contre All Star Superman qui est à mes yeux certes en dessous (Moore sait être plus simple, efficace, percutant en 3 fois moins de pages) mais quand même assez réussi dans son genre ( La partition de Quitely est parfaite et ça ne compte pas pour du beurre dans mon appréciation de l’histoire)
En revanche, si j’ai un jour trouvé Superman sans saveur et trop « gnan-gnan », c’est bien de la faute à la version de Byrne que je continue de trouver ennuyeuse à souhait…
Au fait merci pour la référence sur Gethsémani…j’aime m’instruire sur un blog comics.
Tu précises aussi l’éviction de certains personnages de manière stalinienne, En connais-tu la raison?
Tu parles de la couverture ? Bolland a recomposé la couv de Action Comics 583 pour le TPB de l’histoire paru en 2009. Il n’avait peut-être simplement pas les références des personnes réelles représentées, à l’exception de « Julie » Schwartz, souvent vu sur les couvertures et à l’hommage duquel il a participé dans les DC COMICS PRESENTS de 2004. Je n’ai pas vu d’explication en ligne
Bonjour JB.
Ces récits, que j’ai découvert sur le tard, (première édition URBAN) font parties de ceux que je garde dans ma bibliothèque idéal de Superman.
Je me rappelle très bien m’être dit que ce n’est pas pour rien que Alan Moore est souvent considéré comme le ou l’un des meilleurs scénariste de comics. D’un côté je mets ceux qui ont su écrire des comics populaire, souvent au format feuilleton (comme un Roy Thomas, un Stan Lee ou Chris Claremont) et ceux qui adoptent un côté mature et clairement adulte. Les deux sont différents et Alan Moore est un maitre dans la catégorie. Son Superman est différent en étant le même. En peu de page il arrive à donner une puissance à ses histoires, comme tu l’as parfaitement mis en évidence. On voit bien l’influence de sa production de l’époque (WATCHMEN mais aussi SWAMP THING ou encore des réminiscences de MIRACLEMAN).
Graphiquement, narrativement, Alan Moore et ses partenaires graphiques proposent une synthèse du personnage, de ses aventures en même temps qu’un chant du cygne. excellent résumé.
Après sur l’aspect graphique, surement car je n’ai jamais suivi (voire même lu) Curt Swan, je dois dire que même si je comprends son importance en tant qu’icone, je ne suis pas particulièrement fan de son trait. D’où mon appétence pour les deux premiers récits.
La BO : pas mon truc. J’aurais choisi WHATEVER d’Oasis ou un extrait de l’OST de SUPERMAN 1 de Donner.
Merci pour cet article essentiel, et avoir répondu si promptement à ton boss tyrannique.
Ah, Curt Swan, c’est mon artiste de coeur pour le personnage de Superman, omniprésent dans les récits des Superman Poche ou Superman Géant (d’ailleurs, ça m’a fait bizarre vers la fin de cette dernière revue quand Gil Kane arrivait aux dessins). Ce serait presque un sujet à part entière : quels sont les artistes de référence pour tel ou tel personnage. Pour Superman, je ne suis pas certain qu’un artiste ait tenu ce rôle depuis Swan.
Swan, c’est une époque. c’est quelqu’un qui est extrêmement efficace, mais extrêmement discret, graphiquement, et profondément daté. Du coup, il est facilement négligé. Mais c’est un excellent dessinateur. Moore savait très bien ce qu’il faisait en demandant à l’avoir lui.
Merci pour cet article écrit avec une étonnante humilité (et merci pour les liens en citation (même si tu aurais pu ajouter celui sur COIE et ULTIMATUM aussi 😀 )). Des histoires de Superman essentielles, comme tout le monde le relève. Je ne remplace pas souvent des comics que j’ai déjà mais là, la nouvelle édition d’Urban sur ALAN MOORE PRÉSENTE DC va remplacer dans ma bibliothèque celle de Paninouille, incomplète.
Merci beaucoup pour toutes les précisions sur l’historique éditorial que je ne connaissais pas (le rôle symbolique de Curt Swan par exemple, ou encore la participation et la réaction de certains personnages).
Par contre je me range du côté d’Eddy (une fois n’est pas coutume 😉 , à la fois pour défendre ALL STAR qui est un bon Momo ET un bon Supes, à la fois pour en profiter aussi pour donner des coups de pieds à John Byrne pendant qu’il est à terre, tant son Superman est pour moi un sommet de niaiserie tartignolle (mode Troll-on (et assumé)).
La BO : Je n’aime pas Metallica (à part deux titres) mais ça fonctionne.
J’ai été surpris que cet album ne contienne pas la contributions d’Alan Moore à Wildstorm, mais j’ai cru comprendre que le gros de son travail pour cette branche a été phagocyté par un album « WildCATS ». J’ai beaucoup aimé son Wildstorm Spotlight par exemple (Mr Majestic assiste à la mort de l’univers et rencontre l’être suprême : Spartan…) et sa réinvention de Deathblow était surprenante à défaut d’être mémorable.
« étonnante humilité » : du coup, je suis habituellement pompeux (oui, j’avoue) et imbu de moi-même ? 😉
« du coup, je suis habituellement pompeux (oui, j’avoue) et imbu de moi-même ? » :
Mais non mais non ! Je disais ça parce que tu sembles presque t’excuser, dans l’article, de ne pas être légitime pour l’écrire !
Je trouve au contraire que tu t’en est très bien sorti puisque c’est un article de commande que tu as réalisé au pied-levé ! 🙂
Wildstorm Spotlight et la réinvention de Deathblow : Je ne connais pas du tout. J’ai lu le bazard qu’il a réalisé chez Awesome en plus de SUPREME, mais encore rien de ce qu’il a écrit pour Wildstorm. J’ai trois album de Wildcats par Alan Moore publiés chez Panini, mais je ne les ai pas encore lus donc je ne sais pas vraiment ce qu’il y a dedans. Et puis il y a aussi que je ne connais rien à cet univers mis à part AUTHORITY et PLANETARY. Les Wildcats de Jim Lee me sont tombés des mains au premier feuilletage…
Ah si ! J’ai lu la mini VAUDOU. Pas un grand souvenir mais c’était pas mauvais il me semble.
J’aime beaucoup WILDSTORM (ça n’étonnera personne)
les Wildcats de Moore, le DEATHBLOW original (pas mal quand même et Tim Sale en mode Miller, ç’est un peu la curiosité de l’album), GEN13 de Arcudi, Lobdell puis Adam Warren, les WILDCATS de Joe Casey, STORMWATCH, DV8,AUTHORITY, PLANETARY de Warren Ellis sont pour moi bien meilleurs que la gamme ULTIMATE et pleins d’autres trucs
« Bien meilleurs que la gamme Ultimate » : j’ai envie de dire, à vaincre sans péril… ^^
Dans les séries méconnues dérivées de Authority, The Monarchy et The Establishment sont très sympa aussi
Oui ces deux titres sont sympas aussi…en fait c’est l’univers à ce moment là; il était assez prenant.
Je suis sur que j’oublie deux ou trois petites perles (au hasard la mini JET)
Je te relance d’un Tranquility et de la paire Stormwatch PHD / Stormwatch Team Achilles !
Très bien, Jet (que j’ai découvert dans Gen Active), plus mémorable que Backlash ou Wildcore je trouve
Tranquility…. C’est vraiment la fin du phénomène… Cela n’étonnera personne mais j’ai même pris les Gen13 de Claremont.qui s’ils sont lourds sont cohérents avec la philosophie du bonhomme.
Je me suis même pris le triptyque 21 Down / Gen13 de Claremont / « The resistance »
Il parait que 21 down a eu de bons retours à l’époque.
Je ne me souviens plus très bien.
Il a eu aussi le Mr MAJESTIC de DnA et…Mc Guiness?
Il y a eu 2 séries régulières sur Majestic. Dans mes souvenirs, celle avec McGuiness était écrite par Joe Casey.
Attiré par les bonnes critiques, le SUP ALL STAR de Morrison est resté 15j à la maison. Le temps de le lire, de ne pas aimer et de le revendre très rapidement. Belle prestation de Quitely néanmoins (qui déçoit rarement).
Par contre j’apprécie la vision « niaise » de Byrne car elle est différente des autres versions et revient aussi aux origines parfois. Et puis c’était un travail de relance. Quand on voit ce que Perez et Morrison ont fait sur le titre avec le new 52, on peut considérer que Byrne s’en sort pas si mal finalement.
A lire bien évidemment avec les autres titres qu’il n’écrivait pas.
« Gnan-gnan » je le replace comme le ressenti que j’avais à l’époque, aujourd’hui je le trouve surtout tristoune et sans vrai panache…Je trouve que le perso redécolle avec Jeph Loeb (oui parce que la mort, le bleu et rouge etc…c’est pas ma came du tout…
Pour Momo, c’est un scénariste que j’aime pas particulièrement, mais j’avoue ne pas « discerner » ce qui dérange dans son Superman…On me reproche souvent d’être trop fermé ou « conservateur » quand je parle de ses X-MEN mais en comparaison, je trouve son superman, plus juste, respectueux, son intrigue dans les canons de ce qui est attendu, je le trouve même plus rigoureux. Il livre un boulot, clair sans trop de digressions perchées dont il a le secret…
Pour le NEW52, oui c’était la cata, laborieux en tout point.
BEWARE!
papier mat, mon vieux!
bon…
Je vais apporter 2-3 éclaircissements …
JB, pourquoi tu as commencé par le Dc Comics Presents ?? l’annual est antiérieur (sorti en mars / avril 1985) et repris en premier justement dans le tpb US de 2006 (Sup Ann 11, DeT 549-550, GL 188, Vigs 17-18, OM 26-27, DCCP 85, TGLC ann 2- Sup 423-Act 583, SO 10, TGLC Ann 3, Bats Ann 11, Killing Joke — ils sont dans l’ordre chronologique).
For the Man avait été publié par Fershid Bharucha dans Comics USa (l’un des premiers numéros = Superman : Bon Annicversaire , en 1988 — https://www.bedetheque.com/BD-Super-Heros-Collection-Comics-USA-Tome-10-Superman-Bon-anniversaire-12782.html) – A regarder les cases que tu partages, les couleurs ont été refaites ^^.
Le Whatever Happened est publié dans le dernier numéro Superman poche de la Sagé (110) … avec la colorisation originale (Gene D’Angelo) en 1987.
Cette histoire a très vite reçue une aura de titre mythique. .et il a été « rapidement » réédité en version Collecté / Collector. Une première édition Deluxe, en 1997 (bookshelf 64 pages), les couleurs de D’angelo sont corrigées par Tom McCraw, puis en 2006 avec les couleurs refaite par Tom Ziuko et les textes secondaires retirés (intro sur la page 1, next issue en dernière page, Titre et credit de la seconde partie… ) afin de rentrer dans le moule = Graphic Novel.
Je ne connais pas l’histoire d la commande d’une couv swipant l’originale de Swanderson par Bolland, surtout qu’il y avait déjà une couverture refaite par Swandeson …
https://www.comics.org/issue/61173/cover/4/ (et qui a été réutilisée par la ressortie en Hard Back en 2021)
Le DCCP était un focus (comme tous les mois) pour attirer les lecteurs vers le titres SwampThing (ety je me demande si ce n’est pas la première fois que Rick Veitch dessine ST … )
Pourquoi le DC Comics Presents en premier : honnêtement, c’est parce que c’est celui que je connaissais le moins 🙂 Pour Veitch, c’est aussi ce que je me suis dit
Des épisodes rentrés dans la légende : c’est un vrai plaisir de m’y replonger avec ton regard.
Le héros ne peut garder sa vertu et ses valeurs face à un monde moderne devenu trop dur et complexe : c’est exactement ce que j’avais ressenti. Le Superman de l’âge d’argent n’a plus sa place dans les comics du jour, trop violents, s’éloignant du modèle héroïque original.
Avec les dessins de Rick Veitch, la première histoire évoque forcément Swamp Thing par Alan Moore, John Totleben et Steve Bissette, en décalage de ton avec les deux suivantes.
For the man who has everything : à la fois étrange de retrouver le duo de créateurs de Watchmen pour une histoire de Superman, et évidemment indispensable de pouvoir savourer une autre de leurs collaborations.
Whatever happened to the Man of Tomorrow : quelle introduction, Ceci est une histoire imaginaire… ne le sont-elles pas toutes ? Une réflexion qui m’est resté et que j’ai toujours en tête quand une version d’un personnage ne correspond pas à ce que j’attends.
Merci pour ta lecture !
For the man who has everything : avec les foules qui manifestent et les panneaux de protestation, il y a des passerelles entre cette histoire et Watchmen (Et pour Krypton, « The End is Nigh » avec Superman sur le point de se réveiller ^^)
JB = le roi de la chronique sur commande et sur mesure !
Merci pour ce tour du patio très complet : j’achèterai cash si je n’avais déjà pas ces albums, les rares de la mythologie DC comics. C’est l’époque du grand malentendu Alan Moore : un auteur underground assez imbitable qui parvient à écrire en toute simplicité certains des plus grands récits de super-héros. Je déteste ces travaux récents mais en relisant LA FIN DES ILLUSIONS la semaine dernière, j’ai encore vibré à ce récit d’action qui sait visiter intelligemment – même superficiellement – comme tu le mentionne pour Batman ses personnages.
D’ailleurs je me suis posé la question avec cette version qui montrerait que Krypton tout à sa perfection aurait glissé vers le fascisme en habitant les rêves de Superman : ne pourrions-nous pas y voir un HOUSE OF M avant l’heure ?
« C’est l’époque du grand malentendu Alan Moore : un auteur underground assez imbitable qui parvient à écrire en toute simplicité certains des plus grands récits de super-héros. »
Pourquoi un auteur underground ? Et pourquoi imbitable ?
L’essentiel de la carrière d’Alan Moore avant son passage aux comics américains, c’est son travail dans les magazines anglais, particulièrement 2000AD et chez Marvel UK. Ca n’a rien d’underground et ça n’a rien d’imbitable.
Et même ses premiers travaux conséquents avaient été publiés plus tôt dans le magazine musical Sounds qui n’avait rien d’underground.
Faut vraiment faire de l’archéologie poussée dans ses travaux pour lire ce qu’il a pu faire au début de sa carrière pour des publications confidentielles.
Pas un House of M, mais certains traits de ce qui est dans la 1ere mini World of Krypton (avec Chaykin au dessin – publié par la sage il me semble) — et on retrouve plus tard dans les retours de Clark sur Krypton ( Krypton Man, Godfall , New Krypton …)
Pourquoi Moore un auteur Underground ??? 2000 AD , ou Warrior ce n’est pas de l’underground 😉
Techniquement, avant 2000AD, il fait de l’underground. Roscoe Moscow ou Maxwell the Magic Cat, pour des mags qui étaient quasi des fanzines, je crois, c’est du pur underground.
après, « imbitable », non. suffit de voir Future Shocks, compilant ses récits 2000AD, on a affaire à un gars doué, qui monte un peu plus la barre à chaque récit. il commence avec des histoires à chute classiques, avant de pousser le truc très loin, en à peine 3 ans de temps.
après, oui, sa période DC n’est à l’arrivée qu’une courte parenthèse dans sa carrière, rétrospectivement, et un moment où il trouve une pure adéquation du fond et de la forme (qu’il ne retrouvera pas toujours : lorsqu’il est chez Image, il livre des prestations meilleures que ce que l’on en a dit, mais servies par des dessinateurs imposés par l’éditeur et incapables de piger ses intentions visuelles, le Spawn Wildcats fait mal au coeur pour ça, notamment)
Roscoe Moscow paraissait dans le magazine Sounds qui était à l’époque un des trois grands magazines musicaux anglais avec le Melody Maker et le New Musical Express.
Maxwell the magic cat paraissait dans un journal local de Northampton à distribution gratuite. La diffusion était certes géographiquement limitée mais ce n’était pas de la presse underground.
ah, au temps pour moi.
il demeure que le style graphique est très underground (ce qui est à l’époque assez courant dans la presse musicale, moins dans la presse locale)
Une idée intéressante : dans les 2 cas, une société totalitaire naît du fait d’exaucer le désir le plus profond du/des héros. On pourrait rajouter Age of X-Man, avec son monde très Orwellien dans l’idée
Bel article.
Je ne savais pas que Moore avait conté des récits sur l’homme d’acier.
Il m’intrigue cet auteur, il a une manière ironique de franchir le 4e mur en rendant les personnages presque réel en les plaçant à l’époque où ils sont écrits comme tu l’expliques
Je ne sais parfois si c’est un hommage ou une critique des vertus héroïque.
Merci du partage