Phonogram par Kieron Gillen et Jamie McKelvie
AUTEUR : BRUCE LIT
VO : Image
VF :Glénat
Parue initialement en 2007 en noir et blanc, Phonogram est censée être une pièce maîtresse dans la bibliographie de Kieron Gillen. Tant et si bien qu’elle ressort chez Image en version colorisée par Matt Wilson.
L’édition Glénat est soignée avec les couvertures américaines parodiant les albums de Blur (Modern Life is Rubish), Oasis (Definitely Maybe), le premier Suede et bien entendu le This is Hardcore de Pulp retenue pour ce premier TPB. Un petit lexique sympathique sur la Brit-Pop figure également en bonus.
L’iconographie retenue pour cet article mixera les versions noir et blanc et couleur.
Cet article est garanti sans spoilers mais aucunement en perfidie albionesque
Avec Aaron, Remender, Fraction, Bunn ou Lemire, Gillen fait partie de ces scénaristes qui avec une décennie créative au compteur peuvent commencer à être jaugés sérieusement sur leur oeuvre. Leur point commun ? Avoir su garder un équilibre entre les labels indépendants en creator owned et le beurre pour les épinards chez Marvel.
Le britannique Gillen aura connu un parcours en dents de scie : des Xmen sans aucun intérêt mais une réputation assise avec The Wicked and the Divine. Et cette réédition de Phonogram que Warren Ellis qualifia en son temps d’essentiel et de cousin underground de Wicked and Divine par Gillen himself; une fable ambitieuse ayant pour objectif philosophique de montrer comment la musique peut changer la vie d’un individu pour le meilleur et pour le pire.
Bruce Lit étant un site rock et malgré le désintérêt total de votre serviteur pour les histoires avec de la magie en arrière plan, je me suis penché sur Phonogram avec la plus haute bienveillance, sachant que toute littérature rock m’intéresse, que j’aime avoir du Glénat à la maison et que This Is Hardcore est le disque qui m’a accompagné tout au long de la rédaction de mon mémoire il y a 20 ans.
Le pitch (officiel) de la série : Cela fait dix ans que la déesse de la pop Britannia est morte. Dix ans que les méandres de cette affaire hantent les pensées du phonomancien David Kohl. Il est proche de la rupture. Est-il seulement capable de découvrir la vérité tant qu’il lui reste un semblant de raison ? Suivez la quête trouble de ce sorcier du son dans une fable de dark fantasy moderne où la musique est magique, et où une chanson peut sauver votre vie… ou la détruire.
Vous n’avez pas compris grand chose ? C’est normal ! Phonogram est tellement agité du bocal que 5 chapitres et 150 pages plus tard il n’y a rien à comprendre. On saisit immédiatement que David Kohl est une tête à claques, hybride de Spider Jerusalem pour la fuck attitude, le regard acerbe sur ses congénères et John Constantine pour le côté branleur adepte de magie noire avec plein de casseroles à faire oublier.
Ce n’est un secret pour personne : Warren Ellis, je m’en fous totalement, son écriture ne me touche jamais mais l’homme a du talent et des choses à dire. Gillen lui patauge lamentablement dans son histoire qu’il n’arrive pas à raconter. Rarement un premier épisode n’aura été si peu excitant. Non seulement on ne comprend rien mais l’ensemble ne décolle jamais.
Kohl rencontre une déesse d’on ne sait pas quoi qui lui demande de corriger une erreur d’une autre déesse d’on ne sait pas qui. Il s’exécute en tant que phonomancien voyageant entre fantasme et réalichiée tellement tout ça est mal torché, confus et pédant. A aucun moment, Gillen ne daigne expliquer à son lecteur qui bande mou ce qu’est un phonomancien. A aucun moment on ne devine ce que c’est. Et pire, à aucun moment on se rend compte qu’on a envie de le savoir.
Kohl est un con autoproclamé qui discute de la musique de la manière la plus prétentieuse possible, de manière partiale et sèche sans que jamais ne perce le moindre rapport charnel et émotionnel à la musique. Kohl c’est le mec en soirée qui va vous intellectualiser votre rapport aux décibels et vous prendre de haut si vos goûts ne correspondent pas aux siens. Extrait ? : « Le truc avec Kenickie (un groupe de l’époque-Ndr), c’est que par la nature même de leur existence, ils tissent un lien entre les dichotomies inhérentes à la pop moderne, une personne ou un groupe ».
Imaginons, que tout ça soit volontaire et que Khol soit délibérément antipathique. Le problème c’est que son histoire ne va nulle part. Kohl se fait envoyer chier par une nana différente à chaque chapitre, ressasse sur le fait que Kula Shaker est un groupe de merde et que Manic Street Preacher était ce que la scène Britpop avait de mieux à proposer.
On est jamais intéressé par l’enjeu que Kohl doit surmonter et pour un rocker anticonformiste, la plupart des scènes qu’il traverse et les personnages qu’il côtoie sont une enfilade de clichés : le copain branleur qui se shoote et baise les copines de son pote, l’ancienne rockeuse indie rangée devenue fonctionnaire, la fan de rock sinistre qui se suicide pour faire comme son idole, etc. Et ces histoires de magie, de Dieu et Déesse MAIS ON S’EN FOUT tellement ça fait gadget d’un scénario qui en manque cruellement, de magie.
Côté dessin, c’est fonctionnel, certaines expressions de visages sont amusantes, mais c’est pas la fête non plus. Disons qu’à côté de Jamie McKelvie, Steve Dillon est un décorateur hors pair…Ce n’est pas pour faire mon Présence hein, mais lorsque ton objectif est de montrer les transformations radicales de la société anglaise via la britpop, ben la société en question, ce serait bien de la représenter….
Or le volet graphique est aussi brumeux que le fog londonnien. Moi, je ne suis pas difficile question dessin, je suis même un inconditionnel de tous les bouquins des Frères Luna dont la qualité d’écriture et la dynamique du récit me font fermer les yeux sur leurs tronches de cake. Là, c’est à peine plus élaboré, on ne sait pas à quel époque se passe le récit, on en a juste une vague idée et les vêtements passe partout font que Phonogram pourrait se passer il y a 20 ans comme aujourd’hui.
Enfin, et ça, c’est purement subjectif, nos souvenirs de la Brit-Pop ne sont pas les mêmes…La Brit-Pop est apparue un peu après la mort de Kurt Cobain. Le grunge pour beaucoup d’Anglais fut une purge musicale avec ses musiciens dépressifs et héroïnomanes, habillés en chemise à carreaux et leurs des guitares métalliques. Jarvis Cocker de Pulp ira jusqu’à humilier publiquement la mégalomanie de Michael Jackson dans une cérémonie restée célèbre.
Le Brit-Pop marqua le retour de la gloire anglaise qui engendra mine de rien les groupes les plus marquants du rock : Beatles, Stones, Led Zep’, les Who, Pink Floyd, Black Sabbath et les Pistols…C’était le retour d’une certaine joie de vivre, des disques festifs et pince sans rire de Blur dignes descendants des Kinks, des interviews nosense des troufions d’Oasis qui mélangeaient Slade et les Beatles, le métissage de Kula Shaker, la classe dandy de Pulp, l’énergie incroyable de Supergrass et le retour de l’androgynie avec Suède.
Encore une fois, Gillen et McKenzie échouent lamentablement à restituer l’ambiance des années Trainspotting en mettant en scène des personnages revenus de tout, détachés de leurs émotions et évoluant dans un pays invisible à la recherche d’on ne sait quoi. Oui la Brit-Pop fut un bel écran de fumée des années Blair. Mais pour le savoir, il fallait le traverser, le vivre et savoir le décrire.
Vous l’aurez compris, Phonogram est un naufrage aussi bien dans les intentions de Gillen qui échoue à tous les niveaux qu’un scénariste peut imaginer (dialogues pourris, personnage principal nul et secondaires insignifiants, intrigue nébuleuse) que dans le dessin qui ne rend jamais le glamour de l’époque. En cela, le message inconscient du pastiche de Pulp est limpide: avec Phonogram, c’est la Britpop qui est poignardée dans le dos.
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« On a pas changé » 1/6
Avec son pastiche du sacro-saint « This is hardcore », le « Phonogram » de Kieron Gillen plaçait haut la barre du comics’n’roll. C’est pourtant un ratage total que Bruce Lit vous somme d’éviter..
La BO du jour : Le meilleur groupe Britpop. La meilleure chanson Britpop. Voire, la meilleure de tous les temps. Clip sublime. Pulp méritait mieux que la bouse de Gillen…
C’est moi où le personnage principal ressemble beaucoup à Gillen (enfin celui d’il y a dix ans)?
Dans The Wicked + the Divine il doit y a voir encore plus de magie, cela ne va probablement pas plus te plaire. De mémoire, j’avais bien aimé les Young Avengers du même duo…
@Pierre : effectivement, bien vu ! J’en déduis que non seulement Gillen est sûrement aussi chiant à lire qu’à fréquenter….
@Artemus Dada : Copain ! Wood est chiant comme la mort lui aussi ! Je n’ai jamais compris l’intérêt de DMZ qui m’est tombé des mains jusqu’au 12 ème épisode avant d’agoniser dans le bac à soldes…Ne parlons même pas de ses X-Ladies…
@Maticien: La réalichiée figurait déjà dans ma nouvelle Incident de Personne relatant ma haine viscérale de la SNCF. Je te pardonne de l’avoir oublié. Et à moi-même de l’avoir recyclé….
@Bruce : Oups. J’avais zappé… mais cela reste bon qq années plus tard. Signe de qualité 😉
Ha ha un article écrit à la hache, ça détend et c’est rassurant (Voici un livre que je ne serai pas tenté d’acheter ; ouf! Après la semaine Lehman).
J’avais presque l’impression de voir des gouttelettes de sang jaillir à chaque strophe.
Le néologisme realichiée est d’anthologie ! Un beau début de semaine !
Outch !!!
Les histoires de Gillen – du moins celles que j’ai lues – me tombent généralement des mains, même son run sur Loki ( souvent cité en bien) et ce n’est pas ce que tu dis sur Phonogram qui va me donner envie de m’y plonger.
Kieron Gillen, je le mets dans le même sac qu’un Brian Wood par exemple.
Au moment de reprendre Moon Knight (après le court run d’Ellis) Brian Wood avait déclaré qu’il tenterait de conserver l’approche minimaliste des scénarios de son prédécesseur. Eh bien Gillen me fait le même effet : une approche minimaliste du scénario.
Tant pis, j’assume : j’aime beaucoup Kieron Gillen, pour ses X-Men (et Unit, un des personnages les plus intéressants à apparaître récemment), pour Journey into Mystery (avec un Loki enfant), pour ses Young Avengers. Les tomes de Wic+Div et de Über m’attendent dans ma pile de lecture.
Pour autant je me suis tenu à l’écart de Phonogram parce que la Brit Pop ne me parle pas du tout. Si mes souvenirs sont bons, Kieron Gillen a vécu la période qu’il décrit dans Phonogram, avec un regard informé sur ces artistes de Brit Pop. Je ne suis pas très surpris qu’il y porte un regard trop détaché à ton goût, car ça correspond à sa forme d’écriture. De toutes les manières, je suis content d’en avoir appris plus sur cette série.
Hola Présence.
Sois fier !
Pour ma part, je renonce à Wicked and Divine, parce que si c’est dans la même lignée, c’est pas mon truc.
Tu dois bien être le seul à dire du bien des Xmen de Gillen. Qu’est ce que t’y trouves de bien ?
Uncanny X-Men par Kieron Gillen – J’ai bien compris que nous ne serons pas d’accord parce que tu es contre (et c’est ton droit) cette version beaux gosses de tes mutants préférés.
Quelques souvenirs de mes commentaires sur les 4 tomes : après un premier tome calamiteux, Kieron Gillen utilise ce qu’il a mis en place pour 2 missions de l’équipe Extinction, qui sortent des sentiers battus, et qui mettent en valeur l’efficacité de cette équipe, ainsi que la personnalité de ses membres et leur histoire, avec des illustrations très chics. Pour les troisième et quatrième tomes, AvX prend en otage toutes les intrigues, et Kieron Gillen prouve à nouveau qu’il a l’art et la manière pour renforcer sa narration avec ces contraintes, mettre à profit des éléments en provenance des épisodes de Grant Morrison en ne se contentant pas de les laisser en état. Je me suis laissé emporter par l’intrigue que j’avais trouvée bien ficelée.
Oh il n’est pas le seul. Le run de Gillen n’a pas si mauvaise réputation.
Pour ma part j’ai lu la saga sur tabula rasa que j’ai trouvée sympa. Après tout le truc avec Sinistre dans un Londres souterrain qui se passe en parallèle de AvX ça m’a un peu laissé froid. Mais faut dire que les tie in de crossovers ça m’agace. Même la partie AvX du run de Aaron sur W &the x-men ça m’a un peu ennuyé.
Je ne suis pas particulièrement fan de Brit pop (même si elle ne se résume heureusement pas aux tacherons laborieux d’Oasis oui quoi) cependant un comcis sur cette période me paraissait être une idée géniale à la base !
Hélas ! A la première lecture je me rappelle avoir pensé « Non vraiment j’ai dû louper un truc, je n’ai tout simplement rien compris ! » Mince plus tortueux que Morrisson c’était balaise !
Quelque années plus tard j’ai redonné une chance à cette histoire en me disant que le temps m’avait peut être donné plus de recul nécessaire pour comprendre cette histoire… Mais non :))
Comme tu le soulignes le personnage est clairement une tête à claque et n’a absolument aucun coté attachant à coté pour compenser cette tare.
On n’est nullement en empathie avec lui et l’histoire vous passe a des millions de kilomètres au dessus (ou en dessous) de la tête… (Je te tire mon chapeau au passage d’avoir pu résumer « l’histoire » car j’en aurais été tout simplement incapable !).
Bref pas grand chose à sauver de ce comics.
Un ratage complet.
Houlah ! Ça fait pas envie !!! Le dessin est figé, aseptisé, presque de l’amateurisme sur le visage du héros qui est lisse et impersonnel ! Et si en plus d’être simpliste, c’est paradoxalement incompréhensible, c’est étrange… (et puis j’adore Kula Shaker)
Pourtant, j’ai beaucoup aimé Gillen sur Dark Vador.
Supergrass reste peut-être mon groupe favori de la période Brit Pop. Et j’adore Oasis, que je continue de préférer à Pulp, au risque d’être le seul…
« Kohl c’est le mec en soirée qui va vous intellectualiser votre rapport aux décibels et vous prendre de haut si vos goûts ne correspondent pas aux siens. »
Alors voilà le genre de mec que je déteste. Car si je reste convaincu que tout ne se vaut pas, un mec qui te regarde de haut sans savoir ce que vaut ta culture personnelle forcément différente de la sienne, c’est plus que de la condescendance. C’est de la bêtise.
Bon, c’est reposant de ne pas avoir envie d’acheter un truc, ici… 😀
Une review hardcore et du style en plus de ça 🙂
Merci Bruce.
@Lionel: Oh…je me sens plutôt softcore pour cette review, mais merci du compliment.
@Omac: Arrêtez la musique ? Tu n’y penses pas ! C’est comme arrêtez de respirer. On se contentera de d’arrêter Gillen, ça oui ! Si l’article t’a permit de te familiariser avec Pulp, alors ce Comic-Book n’aura pas été un total gâchis de papier.
@Tornado: les soirées musicales. Les pires passées quand j’étais ado, désolé Patrick, désolé Cyrille, c’était avec des Inrockuptibles qui ne juraient que par Morrissey, Bjork ou Mc Culloch. Avec une attitude souvent emprunte de condescendance et de mépris quand tu écoutais du métal ou Marilyn Manson (« ah…mais c’est de la musique pour les ploucs », « bourrin », « Bjork, ça c’est de l’art », »Morissey c’est quand même plus raffiné que ton truc là, Alice Cooper »…
Bref, je peux vous dire que ça envoyait chier pendant les soirées…
@Matt: le run de Gillen n’ets pas nul…Tu vois, c’est un critère assez inédit. Savoir ce qui est lamentable de l’indifférence totale. Gillen rentre (pour moi) de cette catégorie. J’aime bien ses épisodes de conclusion avec lui : ceux de Schism ou de AvsX. Xmen : conséquences avait de bonnes séquences aussi.
@Patrick 6: voir plus haut ! Le fait que tu n’aimes pas la britpop est plutôt cohérent: pas assez déprimés…
Je ne suis pas fan de Morrison, mais il a de l’humour et parvient parfois à me faire rire. Ici, pas du tout.
Ah Bruce ! Le snobisme en matière de musique (encore plus que pour les comics) est partout présent… même si, avouons le; il est particulièrement présent chez les Inrock ^^
Le Iron Man de Gillen m’a laissé un souvenir exécrable. Que ce soit sur l’indé ou le mainstream, on dirait qu’avec lui c’est qualitativement très aléatoire, pour ne pas dire inégal.
Je ne suis pas un expert en brit pop, mais comme Tornado « Supergrass » doit être le groupe qui a ma préférence (Oasis bof bof par contre), et un de ceux que j’ai le plus écouté durant l’ère de l’iPod première génération.
Le premier Supergrass est formidable de fraîcheur et d’énergie. Je suis moins fan des suivants.
Entre Blur et Oasis ? Mais Blur, bien évidemment. Aucune comparaison possible.
Blur : 3 bons morceaux par album (soit 3 de plus qu’Oasis)
Et en avant pour la polémique ahahah !
Je ne connais pas bien le premier Supergrass (il faut que je le réécoute) mais leur second album est terrible. Bien meilleur pour moi. Le troisième est très bon, mais déjà plus varié, moins direct. Après je n’ai plus tenté d’écouter leurs disques.
Bon sinon je ne connais absolument rien à ces histoires de britpop et ça ne m’intéresse pas^^
Et bien dans l’ensemble je préfère Oasis. Certes, si on ne voit dans leur musique que « l’intention », c’est Blur le plus respectable, sans les velleités de jouer à la star du rock ou au génie qui viendrait faire oublier les Beatles, comme chez Oasis, qui a fini par devenir le prototype du groupe tête-à-claques. Mais pour ce qui est du plaisir d’écoute pur et simple, Oasis est un groupe brillant et une machine à tube qui concilie la veine mélodique avec des arrangements percutants qui rendent chaque morceau unique en son genre. Blur, excepté sur l’album « Think Tank », qui est mon préféré, c’est très souvent du rock basique qui flatte le puriste binaire en mal de garage.
Mais bon. Encore une fois c’est affaire de sensibilité personnelle. Mais je continuerais à défendre Oasis pour leur musique (à défaut d’avoir envie de les défendre humainement), puisque le groupe, hier considéré comme le top du top, est aujourd’hui devenu persona non gratta dans un effet de contre-mode.
Supergrass : Les trois premiers albums sont vraiment des bijoux. Le 3°, plus ouvertement pop (moins rock), étant peut-être mon préféré. Là encore, ceux qui ne recherchent que « l’intention » ne comprendront pas que, personnellement, je privilégie la fraicheur de l’écoute et que des titres comme « Moving » ou « Mary », avec des accents lorgnant un poil vers la variété, ne sont pas forcément mauvais pour cette dernière raison.
Bon, sinon, dans la Brit-Pop et au delà, je peux aussi évoquer Radiohead, Jeff Buckley et Travis, soit mes préférés de cette même époque, même si là encore, « l’intention » ne plaira pas aux puristes, lesquels trouvent Radiohead trop cérébraux et expérimentaux/prétentieux, Jeff Buckley trop baroque et lunaire, et Travis trop proprets, et donc pas assez rock (comme si « rock » était une qualité et non un style de musique parmi d’autres ! Je sais pas, moi… Pop-rock ?).
Bref. Point de condescendance envers ceux qui ne souscrivent pas à la doctrine du musicalement correct chérr aux Inrocks ! 🙂
Je voulais dire « chère aux Inrock ». Et j’ai oublié de citer « The Verve », encore un groupe dont je suis fan, et qui ne plait pas beaucoup aux copains du blog pour diverses raisons…
L’album Urban Hymns était excellent ! Même s’il fait parti des albums que j’ai « écouté 100 fois : 99 fois à sa sortie et une fois depuis » ^^ Blague à part il faudrait que je réécoute car je me demande s’il a bien passé l’épreuve du temps !
The Verve ? Jamais supporté ! Leur seul succès est cette chanson interminable samplée chez les Stones…
Oasis: cette pop intéressante avec cette sono merguez-frites ? J’aime que leurs ballades.
@Pat6: ah tu veux te la jouer logique comptable, 3 morceaux de bons chez Blur ??? Défi relevé !
Je parle des albums que je connais le mieux et j’attends la récation de Cyrille :
Parklife :
le légendaire Girls and boys,
Tracy Jacks tout droit sorti des Who,
End of a century qui annonce la mélancolie toute Kinksienne du groupe, l’extraordinaire Park Life,
To The End moins réussi sans Françoise Hardy,
le jubilatoire Jubilee et le splendide This a Low, voyons, euh…au moins 7 titres indispensables.
The Great Escape: l’ouverture grinçante des stéréotypes humain (« Stereotypes »),
la dépression d’une star du rock qui l’amène à lire Balzac à la campagne sous Prozac, c’est imparable (« Country House »),
« Charmless Man » la description acide justement des emmerdeurs en soirée avec les traits de Jean Marc Barr à l’écran : another classic.
« The Universal » chef d’oeuvre vaporeux et ses clins d’oeil à Kubrick : so british.
« It could be you » une chanson sur…le loto quoi !
« Ernold Same » : encore une ballade acidulée chantée par un député anglais (!) sur la routine de la classe moyenne anglaise. Si c’est pas de la démarche rock, je n’y connais rien !
« Entertain Me » qui reprend les accords de Nirvana pour se foutre des bitures du WE.
« Globe Alone » : du pur blur sautillant qui rappelle l’énergie époustouflante du groupe sur scène.
« He thought of cars » : un représentant en commerce meurt dans un accident de voiture en pensant à son chiffre d’affaire ! Une ballade psychotique évoquant encore Ray Davies !
9 Titres !
Blur : bon, c’est celui que j’aime le moins. Voyons :
Beetlebum : un single incroyable qui montre le groupe ayant viré sa cuti américaine. Au moins trois mélodies différentes en 5 minutes. Un autre classique.
Song 2: même JP et Mattie Boy doivent connaître celle là 😉
Theme from Retro: un instrumental super angoissant
You’re so great: Coxon se prend pour Syd Barrett et rend une émouvante copie
Im just a killer for your love : un mélange de Pavement et des Stones : Irrésistible
Death of a party: le volet sinistre du groupe. Creepy
6 titres pour leur album le moins cohérent, c’est pas mal et c’est trois de plus que ta moyenne !
Enfin 13 que j’ai écouté pendant au moins 6 mois tous les jours
« Tender » le groupe s’essaie au Gospel avec succès. On croirait entendre le John Lennon de Give Peace a chance. Le morceau qui me servait d’ouverture cool pour mes concerts de l’époque
« Bugman » : la puissance du rock incarnée
« Coffee and TV » une troisième chanson irréprochable et son clip tendre
Ahem…Bowie ira même piocher dedans je crois pour son album Heathen.
« BlurEMI » Du pur rock indie avec cette voix de canard hilarante
« Caramel » le blues post chagrin d’amour à l’état pur. Les instruments semblent prendre vie en l’absence du groupe.
« Swamp Song » et ses guitares faussement désaccordées. Encore de l’énergie en barre !
« 1992 » : Albarn pleure sa meuf de l’époque avec un fond sonore chaotique. Inoubliable.
« No distance left to run » Un titre profondément humain et dépouillé indissociable de son clip Warholesque.
Total : 8
Si Monsieur Patrick ne vivait pas désormais au Japon, je le croirais donc Marseillais. Je te pardonne va….
Ah mais c’est marrant, je ne connais pas tous les clips dont tu parles. Je me souviens de celui de Beetlebum, Song 2 et de celui de Coffee & TV, mais je ne connais pas trop les autres. C’est vrai que Song 2 a été pas mal utilisée dans les jeux vidéos, elle est même dans mon Guitar Hero 5 (et en générique en plus je crois).
La récation ?
Le snobisme en matière de musique, c’était pas aussi un des sujets de High Fidelity, roman et film chroniqué ici par Patrick ?
Bon, ce Phonogram ne me parait pas très captivant mais, quand un truc est à ce point descendu par Bruce, ça me fait presque de la peine. Ça me donnerait même envie de tenter la lecture ! En médiathèque, quand même, pas à l’achat, faut pas abuser non plus…
Et sinon, Bruce, oui, je connais Song 2… Grâce au jeu de foot FIFA, qui l’utilisait sur l’un des menus de démarrage…
Damned ! C’est pas la première fois que ma review produit l’effet inverse de celui que j’escomptais !
Fuis, JP, fuis !
Et puisque ta culture est plutôt TOP 50, ceci pour toi . (jamais rien compris à ce qu’elle chantait).
C’est fou comme on a une approche différente de la scène rock.
Je n’écoute quasiment jamais les paroles d’une chanson au préalable. Y compris en français. Je ne m’y intéresse que si je recherche un 2° effet kiss cool. J’ai commencé à écouter les paroles de Gainsbourg des années après avoir découvert et aimé sa musique. Pareil pour Brel et Cie. Il n’y a que pour Brassens où j’ai fait l’inverse !
Le sujet de la chanson ? Pareil. Rien à foutre ! Il y a suffisamment d’émotion dans la musique et le chant pour passer outre. Sinon on n’écouterait jamais autre chose que la (les) langue (s) que l’on connait !
L’intention ? C’est carrément le domaine dont je me fiche le plus ! Éperdument ! Je privilégie la sensation musicale. La catharsis. Hormis si le sujet d’une chanson est pétri de contre-valeurs (le rock neo-nazi par exemple). Là ça dégage.
Partant de là, je peux aimer autant un titre d’ACDC qu’une chanson de Jonasz, des Bee-gees, de Carlos, de Bowie ou des Beatles.
Après, je reconnais que tout ne se vaut pas. Il y a des degrés entre certains artistes et de la variétoche. Et même au sein de la variétoche, il y a encore des degrés différents. Mais la musique ça reste du son avant tout. Ça ne s’intellectualise pas comme un tableau d’arts plastiques, un opéra, un film ou un roman (qu’il soit graphique ou non). Le son c’est un peu comme le goût, c’est une sensation purement physique. On apprend à apprécier les choses les plus raffinées et sophistiquées avec l’apprentissage mais le plaisir peut aussi être simple et bon. La pop music, le rock, ça reste un plaisir simple pour moi. Ça doit être de qualité, humainement correct mais, comme la respiration ou la nourriture, c’est avant tout nécessaire à ma survie…
-gasp-
C.a.r.l.o.s……
Je partage moi aussi cette approche, je te rassure.
Il est même possible de siffler Hasta la victoria siempre en détestant Che Guevara, non ?
Je suis d’accord que la musique prime sur l’intention, mais je dois avouer que je ne peux pas rester sans savoir ce que veut dire la chanson.
Eh ! Imaginez que ce soit un appel à la haine les paroles, un truc raciste ou ultra sexiste, vous pourriez continuer à écouter la chanson ? Moi non, et je me sentirais con d’avoir aimé.
Ça me rappelle cette anecdote sur un morceau de Zappa (« Bobby Brown »), qui a été un hit en Norvège en raison de la musique et non des paroles (pas spécialement adaptées pour un slow).
Je suis plutôt d’accord même s’il m’arrive d’apprécier des chansons limites sur le plan éthique notamment des Guns et de leurs chansons One in a million ou Get in the ring’ : contre les journalistes, les homos et les noirs. Disons que c’est tellement énorme qu’il faut prendre ça au dernier degré. Mais autrement oui, les chants néonazis non !
Présence, tu apprécies Slayer ?
Je te rassure Tornado, j’ai la même approche que toi. D’abord la musique. Et si vraiment je veux savoir, je cherche les paroles. Avant c’était une obsession, cela ne l’est plus du tout depuis un bail. D’ailleurs il y a une tonne de chansons dont je ne connais aucune parole et que j’adore (beaucoup de chansons de Faith No More par exemple). Par contre, au-delà de l’intention, je vais sans doute trop intellectualiser la musique, ou en tout cas, je vais tenter de comprendre pourquoi j’aime tel groupe, tel album, et pas un autre, qui pourrait sembler identique à quelqu’un d’autre, ou en tout cas presque pareil. C’est exactement ce dont on parle lorsque l’on compare Blur et Oasis. J’aime l’un et pas l’autre…
Tu as raison, Bruce, et je n’en prends pas ombrage : j’ai été un con d’Inrockuptible suffisant. Mais pas vraiment longtemps, car j’avais un background trop différent, et que mes meilleurs potes de cette période ne jurent que par le jazz ou du rock étrange (Zappa, le Velvet Underground, Nick Cave, Bowie, Robert Wyatt…). Bref, il y a toujours eu trop de choses pour que je puisse vraiment être un condescendant aux oreilles fermées. J’ai toujours kiffé Kylie Minogue et les Jackson 5. Mais j’en ai connu, des comme ça, je les évitais.
J’ai un peu peur de découvrir que j’aime des chansons qui ont des paroles qui ne me plairaient pas humainement… mais pour le moment, je n’ai pas le souvenir que ce soit arrivé.
Oui, j’apprécie Slayer. J’ai commencé à prendre plaisir à leur musique en les redécouvrant avec leur album live : Decade of agression (1991). Je me suis réintéressé à quelques-uns de leurs albums quand je me suis rendu compte qu’ils avaient bénéficié d’une production de Rick Rubin, monsieur qui m’a impressionné pour la reprise en main de la carrière de Johnny Cash.
Oui c’est pour ça qu’il ne faut pas non plus écouter n’importe quoi. Mais dès lors qu’il est établi qu’il n’y a pas de problème d’éthique et qu’il est entendu que c’est bien fait, je me contente volontiers du plaisir physique que me procure la chanson.
Oufti, je n’ai pas encore lu toutes vos interventions, mais ton article sent bon le matraquage en règle, Bruce. Merci de ne pas me tenter et de me sauver un peu le portefeuille ! Cela a l’air effectivement snob, et le dessin ne me parle vraiment pas… Cela dit ton titre et ton iconographie est excellente ! Ah cette pochette de Pulp, et ce titre, et ce clip !
J’ai reconnu les pochettes, sauf la seconde, que j’ai en tête mais dont le nom du groupe m’échappe (Black Grapes ?) : Elastica (premier album), Oasis (premier album), Blur (Modern Life is rubbish, second album), Suede (premier album) et Manic Street Preachers (je sais pas lequel puisque je n’ai jamais accroché à ce groupe). Cela dit, je n’ai jamais accroché à Kula Shaker non plus. J’ai pas tenté très loin, tout comme pour Manic Street Preachers.
Pour ce qui est de Blur (on ne parle ni de Lacan ni de psychogéographie, je me sens plus dans mon élément ici), le groupe a deux périodes distinctes : les quatre premiers (Leisure, Modern Life is rubbish, Parklife, The Great Escape) qui sont une sorte de condensé pop de toute l’Angleterre, mais qui ne sont pas tous réussis. Et puis les quatre derniers (Blur, 13, Think Tank et je sais plus le titre du nouveau pas terrible), qui sont totalement différents dans leur approche, qui forment un nouveau groupe.
Pour ta liste de titre, je rejoins Bruce, cela dit, je trouve que The Great Escape n’a vraiment pas beaucoup de bons titres : The Universal est un chef d’oeuvre très Burt Bacharachien, Charmless Man est irrésistible, tout comme Country Man et même le premier titre. Mais pour le reste, bof. Leisure a au moins un chef d’oeuvre, qui est sur la BO de Trainspotting : Sing. Parklife est trop hétéroclite, mais a de superbes chansons, que Bruce cite. Mais pour moi, le groupe devient bon à partir de Blur, qui est pour moi un de leurs meilleurs albums. Et 13 est leur meilleur. Think Tank est assez moyen mais il y a Battery In Your Leg qui vaut plus que le détour. Tu t’es pas trompé Bruce sur le titre pour sa copine de l’époque, la chanteuse d’Elastica ? C’est sur No Distance Left To Run qu’il en parle.
J’ai toujours détesté Oasis. J’ai acheté leur premier disque, je l’ai revendu. Ils ont quelques bonnes chansons : Champagne Supernova, Wonderwall et heu… c’est tout ce dont je me souviens.
Je vous remets deux chros, trouvables sur la zone et sur mon blog : un sur l’album Blur, un sur le premier Strokes.
Floue
Tout arrive. Même l’achat d’un Blur, à la grande surprise de mes amis – j’avais encore réussi à les estomaquer, des fois je m’épate tout seul. Alors que je croyais ce groupe perdu pour le bon goût, leur Parklife mêlant trop d’influences anglaises pour ne donner qu’une poignée de jolies pistes, il vira de bord avec ce Blur bien nommé. Sans doute perturbés par l’écoute de Pavement, et sans doute usés par la tournée d’un Great Escape vendeur mais ô combien soporifique, nos quatre Anglais décident donc, en cette fin d’année 1996, de faire du lo-fi, avec titres sales et saturation omniprésente. Mais pas que.
Plutôt que de refaire le coup de Parklife et de parodier tout ce que l’Angleterre a engendré comme styles musicaux, Albarn et ses copains s’achètent une virginité et une sincérité : autant le punk Bank Holiday semblait anecdotique et figé, autant le Chinese Bombs ici présent ressuscite le Clash des débuts. Beetlebum s’impose comme un single étonnant au riff ni trop alambiqué ni trop classique, Song 2 le rageur finira d’imposer la nouvelle image d’un groupe qui a tenté le tout pour le tout. Aucun titre superflu, chacun dans son rôle (electro, hypnotique, quasi instrumental…), chacun donnant les clés de la nouvelle demeure de Blur, du côté des Etats-Unis : même celui qui sonne le plus britpop s’appelle Look Inside America.
Non seulement ce disque est très très bon, mais en plus, il est une leçon. Il n’en est pas le seul exemple, mais il illustre parfaitement ce courage qui paie, celui de se montrer sous son vrai visage. Quitte à être flou.
Alors c’est ça ?
Qui dit rock dit rébellion, jeunesse, colère, changement (ou du moins sa recherche). Mais ça, c’était dans les années 60, voire 70 avec le punk, depuis, c’est plutôt désillusion et désenchantement. Il a fallu atteindre le rap (le vrai) pour que cette rébellion ait du sens à nouveau.
C’était bien sûr sans compter sur les grands distributeurs, producteurs, propriétaires, qui ont directement senti la bonne affaire. Depuis Elvis the pelvis, c’est comme ça : soyez aussi glamour, proposez une image. De préférence rebelle. Qui effraie le bourgeois (The Rolling Stones) ou pas (The Beatles). Que les jeunes puissent rêver, s’identifier, acheter des disques. Rêver de groupies hystériques, d’orgies interminables, de communier dans un stade. Jagger, Richards, Lennon, McCartney sont devenus des prêtres d’un genre nouveau, dignes de l’empire romain. Lennon avait raison, les Beatles étaient plus populaires que le Christ. Charlie Watts (batteur des Rolling Stones de son état) aussi avait raison : autant la musique est super, autant le cirque engendré est agaçant.
Autre constante d’un groupe qui marche, il faut un manager. Une sorte d’entraîneur, de coach – pour parler comme en 2008 – qui cadrerait tout ce petit monde bien turbulent, qui en sort ce qu’il peut y avoir de meilleur et veille au grain, metteur en son et parent attentionné.
Malheureusement, on ne change pas une équipe qui gagne, et la recette perdure depuis. Exemple : Oasis.
Habituellement, je n’aime pas parler des groupes que je n’aime pas. Quel intérêt ? Certains aiment, soit, voilà, c’est une question de goût. On va dire. Alors, profitez-en, je vais déverser mon fiel et ma bile sur ce groupe qui a déclenché un raz-de-marée de disques mous, consensuels, sans intérêt (mais pas sans intérêts, ah ah. Pardon.), et qui sont portés aux pinacles par les rock-critics et les magazines anglais.
Dans mon souvenir, Oasis est le premier groupe estampillé indie / relève / nouvelle génération, (quoi que ces étiquettes puissent dire) créé de toutes pièces qui soit affiché comme un vrai groupe de rock, avec ses rebelles, ses guitares sans concession, son attitude faussement hautaine, ses fringues mod(e)s (on voit même un scooter dans le livret de leur premier album) et son accent à couper au couteau. Un vrai condensé de Sex Pistols (autre groupe monté de toutes pièces), The Who, The Jam, The Rolling Stones… un cliché ambulant en somme. 100 % british. Ce que les frasques du duo de frères caché sous cette appellation de Oasis confirment, plus occupés à plagier T-Rex (Cigarettes & Alcohol) et se payer des jets de télé par la fenêtre qu’à chercher un quelconque sens à leur musique : un amour du cirque rock, plutôt. Premier titre du premier album : (I’m a) Rock’n’roll Star. Si c’est pas donner le ton, ça.
Bref, je hais Oasis (bien qu’ils aient commis quelques titres corrects qui marchent très bien en soirées, mariages ou pas), ce qu’ils représentent, ce qu’ils sont : des poseurs, attirés par le clinquant, si stéréotypés qu’ils en deviennent honnêtes. Après tout, c’est tout bénef pour la maison d’édition. D’authentiques losers d’une typique cité anglaise industrielle en friche, fans de foot, des Beatles, des Stone Roses, de lager et de bastons du samedi soir, propulsés du jour au lendemain futur du rock. Tout le monde est content, même aux mariages de jeunes branchés.
Alors que j’adore ce premier album des Strokes, Is This It ? Ca partait mal. Ils étaient affublés de tout ce que Oasis portait : les tenues vestimentaires à la mode du moment (le leur), le line-up classique (un chanteur deux guitares une basse une batterie), un son daté mais pas rétro, plutôt dans l’air du temps, et une réputation unanime de futur du rock. Mouais mouais mouais. Et pourtant il ne m’a pas fallu plus de deux écoutes pour me rendre compte à quel point j’avais eu tort de me méfier. On en revient à cette étrange chimie qui fait que malgré les mêmes apparats, il peut sortir de la marmite soit de la bouse soit de l’ambroisie. Ou alors s’agit-il simplement des compositions elles-mêmes ? De l’inspiration ? De leur guru, dont le portrait de hippie fatigué côtoie ceux des jeunes hypes au milieu du livret intérieur ?
Peut-être est-ce dû à la colère, aussi. Celle de Is This It ? n’est pas évidente. Non, au premier abord, on serait plutôt en face de tristes gens de vingt ans mais qui aimeraient bien se lâcher. Qui se lamentent joyeusement, cherchant le point commun entre Bob Marley et les Who mais incapables de faire du reggae ou d’imposer un son de stade (on n’est pas chez Muse Queen). Qui reprennent en filigrane, dans le chant légèrement nonchalant de Julian Casablancas le ton du Iggy Pop au sein des Stooges, le premier punk : négatif et énervé. Qui sonnent comme une répète enregistrée plutôt qu’un produit de studio bien arrondi, un groupe sans effets, sans chorus ni reverb.
Avec la fin de 2010, nombreux sont ceux qui ont fait un bilan de cette première décennie. A chaque fois ou presque, Is This It ? était bien placé. Tout le monde peut sentir la fulgurance de ses onze titres qui allient modernisme, un son immédiatement reconnaissable, des mélodies évidentes mais inédites. Ce dernier adjectif est peut-être celui qui les sépare de Oasis. Ou alors c’est trop subjectif, il s’agit d’honnêteté. D’intégrité, même en pactisant avec les marionnettistes. L’image est bien le plus difficile à gérer. Vive la musique qui s’en affranchit.
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Je relis tes chros demain plus en forme.
Je pense que plusieurs titres couvrent la rupture avec Justine (you had my bed/ you took the other instead »…Je crois pas qu’il parle de son chat….
J’ai bcp plus de mal avec les premiers Blur que je trouve mollasson.
Tu les as vus en concert ?
C’était l’époque où ça coûtait rien. Ils rivalisaient avec FNM justement en matière d’énergie.
Non, je n’ai jamais vu Blur ! Par contre j’ai vu Pavement, Ride (deux fois), Pulp et Divine Comedy dans une salle de 600 places. A l’époque j’allai voir des concerts toutes les trois semaines environ…
@Présence: Slayer est peut être le seul groupe qui me faisait peur avec leur jeu dangereux autour des chansons sur les Chambres à gaz.