Je Suis Doctor Strange, anthologie par divers auteurs
Par : TORNADO
VO : Marvel
VF: Panini
Ici, chez Bruce Lit, on aime les comics. C’est la raison d’être du blog, depuis le début. Et la plupart des contributeurs de notre blog bien aimé aiment les comics de super-héros old school ; ceux qui ont bercé notre enfance dans les publications LUG, à commencer par Strange et Special Strange (il revient souvent ce nom étrange !).
Mais moi… non. Je n’aime pas ça. Ou en tout cas, je ne l’aime plus. Car j’ai aimé ça quand j’étais gosse. Je collectionnais ardemment les « magazines de l’Araignée », ceux des X-men et des Quatre Fantastiques. Les Titans, les Spidey et les Nova. Et puis même les magazines Artima avec Hulk, Thor et les Vengeurs. Mais ça, c’était avant.
Aujourd’hui, bien que je garde un souvenir attendri de ces lectures de jadis, je n’arrive plus à relire cela avec un regard adulte. Ça me tombe des mains. Et rares sont les comics en questions que j’aime encore me relire. J’ai toujours des vieux Strange, des Titans et des Nova dans ma cave, et il m’arrive parfois de me refaire la Mort de Gwen Stacy ou encore la première Saga du Clone sous cette formule de vieux magazine, car la nostalgie supporte encore le poids de l’âge. Mais sans la nostalgie, ça ne fonctionne plus du tout.
C’est à ce moment là que je parle de lecture infantile. Et ça, ce n’est pas très gentil pour ceux qui aiment encore lire tout ça, j’en ai bien conscience. Pour autant, c’est la sensation que me procurent ces vieux comics. Je les trouve imbitables pour un adulte. Il me semble qu’ils ne lui sont pas destinés. C’est exactement pareil que lorsque je revois certains des dessins animés de l’époque qui passaient à la TV. Par exemple Mighty Mightor ou David & Goliath
Je conçois ainsi parfaitement que l’on puisse aimer replonger dans les sensations de son enfance en toute connaissance de cause. En sachant à l’avance que l’on va retrouver des histoires gentiment tartignolles avec des héros fringués de manière improbable, avec des slips par dessus le pantalon (il y aurait probablement matière à tergiverser longuement sur cet attrait incongru pour le slip flashy, non ?), des héros qui se comportent comme des présentateurs TV au sourire Colgate, qui prennent des positions ridicules en parlant d’eux à la troisième personne tel le premier Alain Delon venu, qui déroulent fièrement un vocabulaire moyenâgeux tout en se battant bêtement avec tout autre bonhomme en slip qui passe par là, comme un chien qui marquerait son territoire, et qui entament des amourettes sirupeuses à faire pâlir le moindre soap-opera pour ménagère de moins de 65 ans. Et cela tout au long d’une série d’histoires grotesques à base de méchant d’opérette cherchant à dominer le monde tout seul, avec sa bite et son couteau…
Oui, je peux comprendre que l’on aime retrouver ces « oldies » ou ces « funnys », comme disent les fans qui tentent presque maladroitement de s’excuser comme s’ils savaient quelque part que tout cela est bien kitsch. Je le comprends d’autant mieux que, de mon côté, j’éprouve une affection sans bornes pour les vieux films fantastiques WTF à base de King Kong robotisés ou même pour les blockbusters déviants de type Flash Gordon !
Je comprends donc parfaitement bien tout ça. En revanche, ce que j’ai du mal à avaler, c’est lorsqu’un péquin vient me faire la leçon en me disant que le Batman d’Alan Moore c’est du chiqué, tandis que celui de Steve Englehart c’est nettement au dessus. Un peu comme si je tentais de vous convaincre qu’un opéra de Mozart, franchement, ça ne vaut pas le tam-tam d’un homme des cavernes, ou que les plats de chez Bocuse c’est surfait, alors qu’un donut bien gras de chez Bobonne, c’est la classe internationale. Ou encore que pour votre problème cardiaque, un grand cardiologue, ça ne vaut pas un bon vieux druide gaulois…
Ainsi vont les choses. A présent que j’ai grandi, que j’ai appris et que j’ai lu un grand nombre d’œuvres remarquables, je ne peux plus lire un comi book de super-héros old-school en me disant que c’est génial. Un peu comme si, après avoir mangé des huitres accompagnées d’une bonne coupe de champagne, j’avalais une fraise Tagada. Le goût va soudain me paraitre un peu naze et, au bout du compte, infantile…
Je vous raconte tout cela afin de m’excuser par avance à propos de mes coups de gueule et de mes airs de mépris à destination de ces vieux épisodes de Marvel dont je m’apprête à parler dans les lignes qui suivent. Car je tenais à expliquer la raison de ce déni pour les oldies.
On peut cependant regarder la chose pour les seuls dessins, comme un beau livre illustré qui s’imposerait comme la trace de son époque. Parce que du côté du dessin, comme nous allons le voir, la série qui nous intéresse aujourd’hui a été gâtée…
Le livre sur lequel nous nous penchons est un recueil de la collection Je Suis Marvel Précisons une fois encore que cette collection d’albums au prix abordable (ce qui est plutôt rare chez Panini Comics) ne regroupe qu’une sélection d’histoires très sélective et qu’elle ne constitue en rien un récit complet et encore moins une intégrale. Il s’agit donc d’une suite de petits récits choisis, parfois des extraits puisés au milieu d’une saga culte. L’idée est de présenter le personnage aux néophytes et, une fois n’est pas coutume, Panini a agrémenté la chose d’un rédactionnel substantiel avec une belle présentation pour chaque morceau choisi.
Le tout est publié en papier mat, ce qui sied parfaitement aux anciennes histoires datant des années 60, 70 ou 80, mais nettement moins aux plus récentes…
– La sélection débute par l’incontournable premier épisode (Strange Tales #110) suivi du tout aussi incontournable épisode consacré aux origines du personnage (Strange Tales #115), tous deux publiés en 1963 sur un scénario de Stan Lee et des dessins de Steve Ditko . Soit les deux créateurs du héros.
Ces deux épisodes historiques de neuf pages chacun doivent impérativement être replacés dans leur époque tant ils sont archaïques. Steve Ditko dessinait ses planches en roue libre et Stan Lee ajoutait par dessus une tonne de texte (cellules, phylactères et bulles de pensée) afin d’en raconter un maximum en un minimum d’espace. Le style de Ditko est encore précipité et l’ensemble rappelle les petites histoires des anthologies fantastiques publiées dans les magazines de l’éditeur EC Comics dans les années 50, comme Tales From the Crypt ou Crime Suspenstories . Deux petites histoires qui mettent en place, l’air de rien, une mythologie interne, ici au stade de fœtus. Bref, c’est simple, sans fioritures et historique.
– Panini insère en deuxième position un épisode de la série dédiée à Spider-man (Amazing Spider-man Annual #2) datant de 1965 (« Le Monde Enchanté du Dr Strange »), toujours coréalisé par Lee & Ditko. Un épisode spécial où les auteurs en profitent pour opérer une rencontre entre leurs deux personnages et ainsi offrir une visibilité optimale au Dr Strange (qui ne bénéficiait pas du même succès que l’Homme-araignée !). Une forme de crossover archaïque, finalement.
Plus encore que les épisodes précédents, celui-ci n’a guère de valeur en dehors de son intérêt historique et de sa place dans la continuité, puisqu’il marque la rencontre entre deux personnages destinés à se rencontrer à l’occasion de maintes sagas importantes pour la suite de leurs « carrières » respectives. Il s’agit néanmoins d’un matériel old-school réservé aux aficionados car ce style de comics très naïf souffre désormais d’une narration théâtrale et ampoulée qui a vraiment très mal vieilli, servie par un dessin un peu abrupt, même s’il convient de reconnaitre que Steve Ditko est bien plus à l’aise dès qu’il s’agit de s’immerger dans le monde psychédélique du Dr Strange !
Panini n’ayant pas refait la traduction, il faut en plus supporter le travail calamiteux de Geneviève Coulomb sur cet épisode, parsemé de formules inadmissibles issues de la bouche de Spiderman (« Ils sentent que dalle », « Con de moi, comment j’ai pas compris ?! », etc.).
– La sélection se poursuit avec le dernier arc narratif de la série illustré par Steve Ditko (Strange Tales #142 à 146), datant de 1966. A cette époque, les relations entre Stan Lee & le dessinateur se désagrègent pour cause de divergences artistiques et l’éditeur en chef de la Marvel passe donc les commandes à ses collaborateurs, c’est-à-dire Roy Thomas et Dennis O’Neil, qui se succèdent sur cette saga.
C’est l’époque où les auteurs définissent en profondeur la mythologie interne de la série en opposant le héros à ses ennemis emblématiques qui se nomment le Baron Mordo, Dormammu, Eternité ou Cauchemar. Pour autant, les histoires souffrent d’un caractère particulièrement infantile qui reflète la politique éditoriale de l’époque, soumise à un comics-code rigoureux qui destinait ces publications aux enfants. Très difficile à lire aujourd’hui avec un regard adulte entant que lecture pure, en dehors de l’effet nostalgie !
– L’épisode suivant, Dr Strange #177 (« Asmodeus et la Malédiction »), daté de 1969, nous sort la tête de l’eau, non pas grâce au scénario mainstream de Roy Thomas, mais bel et bien par la grâce des planches extraordinaires de Gene Colan. Ce dernier réussit l’exploit de donner une tonalité plus adulte à la série, alors que Roy Thomas fait tout pour la plonger au fin-fond de sa sphère infantile en affublant Stephen Strange d’un costume grotesque, dans le pur esprit des super-héros de l’époque, dans l’espoir d’attirer plus de jeunes lecteurs.
Et pourtant, on se surprend à tourner les pages avec un intérêt réel, tant le dessinateur parvient à conférer une atmosphère sinistre incroyable à une histoire somme toute complètement inepte !
– C’est un autre dessinateur de premier plan qui est mis à l’honneur avec Marvel Premiere #3 (« Le Monde Perd la Boule ! »), publié en 1972, à savoir Barry Winsor-Smith. Celui-ci imagine lui-même un one-shot intimiste et original opposant le héros à l’un de ses ennemis récurrents. Hélas, entretemps, l’inénarrable Stan Lee s’empare des planches de l’épisode soi-disant pour en peaufiner les dialogues et, si l’on en croit le rédactionnel, sans rien dire à Mr BWS, change complètement le déroulement de l’histoire ! Reste une curiosité dominée par le trait raffiné du co-créateur de la série Conan le Barbare.
– On retrouve le grand Gene Colan avec Dr Strange #13 (« La Terre A Disparu ! ») publié en 1976 (la série ayant été rebootée en 1974), sur un scénario de Steve Englehart. Il s’agit du dénouement d’une saga publiée précédemment et, pris entant que lecture seule, l’épisode, un peu abstrait et tarabiscoté, est plutôt soporifique (et très ampoulé). Mais les planches de Colan, qui reprennent l’esprit psychédélique et chamarré des délires de Steve Ditko, assurent le spectacle.
– S’ensuit un grand classique avec le crossover « Le Tombeau du Dr Strange » (Tomb of Dracula #44 et Dr Strange #14 de 1976). Marv Wolfman & Steve Englehart, respectivement scénaristes sur les deux séries, nous content la première rencontre entre le Dr Strange et le Conte Dracula, qui s’affronteront à plusieurs reprises dans des combats de très haut niveau, par exemple dans Spider-man team-up #6 de 1997 (Spiderman extra N°9 en VF), où le scénariste J.M.DeMatteis réalisera un hommage direct au présent récit, sous la forme d’une suite référentielle.
Si Gene Colan (qui dessine les deux séries) nous offre encore un superbe panel de planches gothiques et iconiques, le scénario n’en demeure pas moins guindé, répétitif et pétri de clichés, assez hasardeux, alourdi encore par une narration ampoulée où les personnages commentent tout ce qu’ils font à haute voix en parlant d’eux à la troisième personne.
Reste le charme suranné d’un récit semblant sortir des studios Hammer …
– L’épisode suivant (Dr Strange Annual #1 de 1976), intitulé « Et Il Y Aura des Mondes Nouveaux », est encore dévolu à un dessinateur de premier plan : P. Craig Russell. L’artiste est crédité au scénario, bien que le rédactionnel indique que Marv Wolfman, alors rédacteur en chef de Marvel, a repris le récit pour lui donner une nouvelle orientation. Le résultat ne satisfaisait apparemment pas Russel, puisqu’il réalisa, en 1997, une sorte de remake de cet annual en forme de one-shot (alors intitulé « What Is It That Disturbs You, Stephen ? »), beaucoup plus proche de sa vision initiale.
Pour le coup, le scénario de cette version de 1976, où l’on voit Strange (à la recherche de sa bien-aimée Cléa) attiré dans un monde de fantasy dominé par deux sœurs illustrant la lutte entre le bien et le mal, ne vaut pas tripette et se révèle d’un ennui abyssal tout au long de ses 37 planches. C’est vraiment dommage car le style de Russel, qui évoque le raffinement décoratif tout en volutes végétales de l’Art Nouveau, est un régal pour les rétines.
L’autre volet intéressant de cet annual apparait dans sa mise en forme narrative : P. Craig Russel a choisi d’utiliser une voix-off qui restitue les pensées du Dr Strange et qui fonctionne ainsi comme un soliloque, évacuant de ce fait toute forme de cellule de texte ou de bulle de pensée. Ce procédé est exactement le même que celui qu’utilisera plus tard Frank Miller sur la série Daredevil (au début des années 80), qui révolutionnera la manière de raconter une histoire dans un comic book de super-héros ! C’est donc avec une très grande surprise que le lecteur découvre cette forme de narration sur un épisode datant de 1976. Certes, le style d’écriture conjugué de Russel & Wolfman est loin de posséder la classe et la force de celui de Miller, mais il s’agit là d’une surprenante découverte à une époque où les scénaristes sont encore cantonnés à une formule plutôt envahissante formée par la conjugaison et l’entrecroisement d’une multitude de procédés narratifs pas toujours très élégants.
(pour le dessin).
– Avec l’arc narratif « Epée & Sorcellerie » (Dr Strange #68), on fait un bon dans le temps pour se retrouver en 1984, au moment où la série est sous l’égide du scénariste Roger Stern et du dessinateur Paul Smith. Soit un autre run culte en ce qui concerne l’historique de notre personnage.
A cette occasion, notre bon docteur vient en aide au Chevalier Noir, un super-héros de seconde zone mélangeant le genre avec la chevalerie médiévale (!) ayant appartenu aux Avengers.
Bien que l’association de Roger Stern & Paul Smith possède un large panel d’admirateurs, il convient de reconnaitre qu’avec le recul, nous avons, là encore, du matériel old-school très médiocre, une histoire ridicule et une narration aussi légère qu’un troupeau de baleineaux. La relation sous forme de triangle amoureux entre Strange, Black Knight et Victoria Bentley est tartignole au possible et, l’espace d’un instant, on croirait lire un mélange entre l’univers Marvel et la série TV Amour, Gloire et Beauté
Quant au dessin de Paul Smith, j’avoue n’avoir jamais compris comment le bonhomme pouvait à ce point fédérer autant d’admirateurs. Des personnages figés ayant tous la même tête et les mêmes expressions… Voyons, voyons… N’aurions-nous pas trouvé l’ancêtre de Steve Dillon ? Mais il est de coutume de célébrer, depuis la réhabilitation d’Alex Toth, les dessinateurs prônant le parti-pris de l’épure… Toutefois, le dessinateur ne s’en sort pas trop mal ici grâce à l’encrage extrêmement élégant de Terry Austin, qui rehausse grandement le trait monotone de son collègue.
– On touche le fond avec « Le Retour des Défenseurs » (The Return of the Defenders part 4 : Dr Strange : Sorcerer Supreme Annual 2), réalisé en 1992 par le scénariste Roy Thomas et le dessinateur M.C. Wyman. Il s’agit d’un crossover entre quatre séries, histoire de mettre en scène, comme indiqué dans le titre, le retour des quatre membres originels de cette équipe super-héroïque (Dr Strange, Hulk, Namor et Silver Surfer).
On se doutait bien que cette compilation ne pouvait pas faire l’impasse sur les Defenders, car Stephen Strange a été un membre actif de cette formation (fondée en 1971 par le même Roy Thomas) qui représente ainsi une partie non négligeable de sa « carrière ».
Voilà une autre histoire particulièrement indigeste, dont on ne nous montre ici que le dénouement. Soit 23 pages de cacophonie en forme de bagarre de bac à sable, nos quatre puissants héros (accompagnés du jeune Rick Jones) affrontant un certain Savage, lui-même flanqué de deux sbires belliqueux (deux autres vilains nommés l’apprenti-sorcier Lucian Aster et le sorcier-alien Shanzar), pour une suite ininterrompue de bastons insupportables, où les personnages s’échangent leur corps, font des blagues en plein milieu de l’action, illustrant à merveille le principe de la partouze super-héroïque, superbe métaphore, quand on y pense, de cet étrange fantasme qu’ont les fans à vouloir voir un maximum de bonshommes en slip se vautrer les uns sur les autres…
Le dessin, fonctionnel, ne nivelle pas vraiment l’ensemble par le haut et, si l’on ne fait pas partie du club (ceux qui trouvent cela fun, divertissant ou je ne sais quoi d’autre), on tourne les pages avec un ennui abyssal le long d’une succession de combats sans aucun suspense ni aucun enjeu dramatique.
L’horreur ! De la matière fécale bruyante et vulgaire. Au secours. A l’aide. Sauvez-moi.
– S’ensuit une petite récréation sympathique avec un court one-shot de 10 pages écrit en 2006 par Stan Lee et illustré par le grand Alan Davis (Stan Lee Meets Dr Strange #1). On fait un saut de plus de vingt ans en avant car le personnage n’étant pas très populaire, il n’a bénéficié d’aucune série régulière pendant tout ce temps.
Stan Lee se met ici en scène lui-même et joue avec malice de sa réputation de démiurge mégalomane. On le voit flâner distraitement un soir d’hiver dans les rues de New York. Apercevant dans un comic-shop une figurine du Dr Strange, il décide soudain de se rendre dans le domicile de ce dernier. Il découvre alors une boutique de souvenirs où tout est payant, y compris la rencontre avec le sorcier suprême, même pour son créateur !
La mise en abîme est sympathique et Alan Davis nous fait un beau cadeau en livrant dix planches somptueuses, dans lesquelles la mythologie du personnage est illustrée comme autant de divagations référentielles à destination du lecteur.
– On termine la compilation avec un one shot publié en 2014 (New Avengers Annual # 1), intitulé « Automédication ». Le scénariste Frank Barbiere et le dessinateur-illustrateur Marco Rudy imaginent un récit alternant le souvenir douloureux du premier échec de Stephen Strange entant que neurochirurgien avec un combat mené au temps présent contre une entité démoniaque ayant pris possession d’une jeune princesse dans une région reculée du monde (probablement le Tibet). Le récit illustre alors le point jusqu’auquel le personnage est capable d’aller afin de remporter ses combats et d’acquérir davantage de pouvoir, même lorsqu’il s’agit de plonger dans la magie noire…
Depuis longtemps, déjà, l’univers du Dr Strange flirte avec celui de l’écrivain HP Lovecraft. Cet épisode est la concrétisation parfaite de cette confluence, mêlant les deux mythologies dans une osmose pleinement accomplie.
Le récit, déconnecté de la série New Avengers, peut se lire de manière totalement autonome et justifie à lui-seul l’achat de ce recueil tant il est somptueux, autant dans le fond que dans la forme. Si le scénario en lui-même est à la fois profond et fédérateur dans la perspective d’illustrer le mythe du personnage (dont les résonances du passé apportent du sens aux actions du présent), la mise en image offre une vertigineuse plongée dans ce que l’art séquentiel peut posséder de plus abouti entant que medium artistique pur. Le découpage et la construction des planches, aussi virtuoses que splendides, sont un pur enchantement et Marco Rudy rivalise ici avec J.H. Williams III, dont on se souvient encore du travail éblouissant sur la série Batwoman. On prend alors, n’en déplaise aux puristes pour lesquels les premières histoires sont toujours les meilleures malgré leur qualité narrative épouvantable, la mesure des progrès effectués en matière de mise en forme artistique depuis quelques années au rayon des comics de super-héros.
Au final, ce recueil consacré à l’histoire éditoriale du personnage de Dr Strange est une entrée en matière plus ou moins intéressante pour le néophyte. Si la compilation peut se justifier dans sa volonté d’illustrer les diverses périodes de cette publication, elle nous propose néanmoins un panel d’épisodes à la qualité souvent calamiteuse au rayon du scénario. La partie graphique est cependant très appréciable, et le livre en lui-même est assez bien fait. On regrettera tout de même, au niveau du rédactionnel, la participation des sbires de Panini Comics qui, autour de Christian Grasse, ne peuvent s’empêcher de faire, toutes les trois lignes, de la pub pour les autres livres parus chez leur employeur, voire même pour le film de Scott Derickson sorti cette année. Ultra factice attitude…
En bref, un bouquin réservé soit aux amateurs de comics old-school pas très regardants sur le contenu du scénario et sur le style de la narration, soit aux curieux ne souhaitant pas investir dans la collection des Intégrales. Soit, enfin, à ceux qui sont venus là pour regarder les beaux dessins…
Pour terminer, je précise que j’aime les histoires enfantines et les simples divertissements innocents. Mais je pense sincèrement que l’on peut faire la différence entre ce qui est enfantin et ce qui est infantile.
Le monde de l’enfance offre un merveilleux refuge pour nous autres adultes en quête de douceurs nostalgiques et de terreurs inoffensives ; les Peter Pan du monde réel ayant refusé de grandir complètement et aimant se ménager une échappatoire bénéfique vers le Pays Imaginaire. Mais ce n’est pas une raison pour opérer un nivellement artistique vers le bas.
Pour un adulte mature et raisonnablement cultivé, regarder un classique de Disney ou même lire un Picsou par Carl Barks ou Don Rosa , c’est parfaitement jouable. C’est extrêmement bien fait, élégant, empreint de finesse, de poésie et souvent profond. Mais supporter un vieux comic book de super-héros datant de l’âge d’or, de l’âge d’argent ou de l’âge de bronze, c’est franchement une autre affaire. Tout simplement parce que, techniquement, c’est très mauvais.
Mal racontés, mal dialogués, risibles, publiés à la va-vite et soumis à un comics-code authority sclérosant, ces comics étaient d’un niveau littéraire assez catastrophique et formellement laborieux, écrits avec un bonnet d’âne par le dernier de la classe dont on ne voulait pas ailleurs.
Ainsi, malgré l’embryon d’une toile de fond fédératrice de l’ordre de la dimension mythologique (je parle d’embryon, parce que la parabole raciale chez les X-men à la sauce Stan Lee, purée qu’est-ce que c’est tarte !), ces séries étaient d’une qualité de l’ordre du reader-digest destinées aux enfants. Certes, au-delà de leur stade larvaire, elles possédaient un sacré potentiel puisqu’elles sont toujours là, Hollywood prenant aujourd’hui le relais de ce qui semble d’ailleurs être devenu la poule aux œufs d’or. Mais quant à leur niveau artistique, je campe sur mes positions car, lorsque l’on s’adresse aux enfants et qu’on le fait de manière aussi minable, sans élégance dans l’écriture, on cesse d’être universel et l’on s’enfonce dans la médiocrité. Et c’est bien cette stagnation dans la médiocrité qui me fait employer le mot… infantile.
Alors… Aimer lire ces vieux comics, quel est le mal ? Diantre ! Aucun !
Mais, quand même, Que ce soit Dr Strange ou Batman dessiné jadis par Steve Ditko ou Paul Smith, écrit par Steve Englehart ou Tartempion, ne venez plus me dire que, artistiquement parlant, c’est meilleur que du Alan Moore et du Frank Miller…
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LA BO du jour : un fan de comics qui n’aime plus les comics…Des jours étranges nous attendent ! Rouvrons les portes de la perception…
https://www.youtube.com/watch?v=-NSz-9qqgKE
Dès le début, et connaissant l’opinion du Tornado sur le old-scholl, je ne m’attendais à ne pas être d’accord, même si tout ne se vaut pas qualitativement durant cette période (il y avait du mauvais à l’époque et il y en a toujours aujourd’hui, et le meilleur de l’époque rivalise sans peine à mon sens avec le meilleur d’aujourd’hui, et c’est un amateur du fond et de la forme des récits de cette période, mais pas tous, qui parle).
Que l’on n’aime pas cette narration je peut le comprendre, mais ce qui gêne c’est cette façon de rejeter une période dans sa globalité (autrefois appréciée pourtant), et de mettre pratiquement tous les artistes/scénaristes dans le même sac (heureusement que tu apprécie Gene Colan), comme s’il ne valaient pas tripette tous autant qu’ils sont, alors que pour moi il a une différence de talent claire entre d’un côté les Wolfman, Englehart, Gerber, Starlin, McGregor (soit les meilleurs scénariste Marvel des années 70) et de l’autre les Thomas, Wein ou Conway.
Et j’adore le style dynamique et élégant de Paul Smith, encore aujourd’hui un des meilleurs dessinateurs des X-Men. Pour le coup, le Dr Strange qui pourrait te plaire c’est celui de DeMatteis.
Ah là là, mais pourquoi insistes-tu en lisant ces oldies si tu sais que ce n’est pas pour toi ?^^
Je me souviens avoir lu en anglais la toute première apparition de Strange dans un fasicule inclus avec une figurine du temps de Toybiz. J’avais trouvé ça daté mais comme tu le dis ça me faisait penser à du EC comics. Désuet mais plutôt agréable.
Je ne connais pas les autres histoires donc je ne peux me rendre compte à quel point tu as raison ou non.
Tout ce que je peux dire, c’est que pour ma part je ne peux pas mettre tout dans le même panier.
Et c’est surement ça qui me gêne un peu dans ton discours.
Oh, bien sûr que ces vieux comics sont datés et ne sont pas du niveau d’un Alan Moore. M’enfin…un Shanna de Frank Cho c’est pas du Alan Moore non plus. Mais ça reste plaisant. ça dépend de ce qu’on veut lire. Un truc léger qui détend ou un truc profond et complexe.
J’ai du mal à croire que tous les vieux comics sont nazes. La preuve, j’aime bien Claremont moi. Et pour moi rien n’est infantile sur la forme, c’est une question de fond.
Alors les histoires à base de vilains pas beaux qui attaquent Strange chacun leur tour, je veux bien te faire confiance sur l’aspect neuneu. Après quand c’est une bonne intrigue mais mal racontée ou précipitée, je peux tout de même trouver cela intéressant. Encore une fois en sachant bien que ce n’est pas forcément le haut du panier.
Quant aux compositions graphiques du dernier scan…c’est très beau, j’aime bien. Mais j’apprécie surtout parce que ce n’est pas la norme. Si tout était dessiné comme ça, ça finirait par être chiant et snob. Les dessins simples en ligne clair de type Tintin c’est cool aussi.
@PierreN : Beuh…Thomas était bon sur Conan. Et Conway a fait de bons trucs aussi.
Je ne dit pas que Thomas et Conway sont mauvais, c’est juste que pour moi ils sont plus inégaux et un cran en dessous de ceux que j’ai cités un peu avant (et tous les comic-book 70’s ne sont pas qualitativement aussi satisfaisants que ceux de Gerber ou Starlin, loin de là). Si Tornado n’accroche vraiment à aucun d’eux, alors il vaut mieux arrêter les frais.
Toujours est-il qu’entre les variétés de genres et d’approches, les thématiques sociales utilisés par cette nouvelle génération d’auteurs (réunis parfois sous cette tendance des « relevant comics »), cette façon d’ordonner les idées et concepts des prédécesseurs des 60’s et de s’approprier les séries historiques, je considère les années 70 comme une des périodes les plus passionnantes des séries mainstream, pour Marvel en tout cas.
Et pour peu que l’on soit amateur de cette période, il y a de quoi piocher pour trouver son bonheur :
Man-thing, Howard the Duck, et Defenders de Gerber, Adam Warlock et Captain de Marvel de Starlin, Dr Strange, Captain America et Avengers d’Englehart, Black Panther de McGregor, Conan de Thomas, certaines histoires mais pas toutes de Conway sur Spidey, Master of Kung-Fu de Moench, FF et Dracula de Wolfman, X-Men et Iron Fist de Claremont/Byrne, etc…
À côté de ça, il y a aussi des runs populaires auquel je n’ai pas accroché, par exemple l’Iron Man de Micheline et Layton ou les Avengers de Shooter.
Tous ne prétendent pas au titre de chef-d’oeuvre, par rapport à ceux qui multiplient les structures complexes et les degrés de lectures, mais ils font bigrement bien leur office de divertissement, et le comic-book c’est quand même ça à la base.
Les années 60 et 80 contiennent une bonne partie des histoires les plus appréciées de la maison des idées, mais là décennie prise en sandwich entre les deux mérite d’être (re)découverte.
Eh ben t’en connais des trucs. Je n’ai jamais lu tout ça^^
J’avoue que j’ai aussi parfois un peu de mal avec certains vieux comics. Mais pour moi c’est une question de fond. Les histoires à base de « machin a volé un truc explosif pour faire péter la ville, il faut l’en empêcher et lui reprendre pendant qu’il ricane qu’il est le plus fort » ça me gonfle.
Mais à côté une histoire comme les Marvel team-up Iron-man/Spider-man contre le spectre avec l’histoire du frère de Jean Dewolff, je la relis avec plaisir.
Pareil pour ceux de Claremont avec Viper qui détourne un héliporteur.
Ou le captain Marvel de Starlin.
Je comprends ce que dit Tornado sur la forme désuète, bavarde et lourde due aux impératifs de publications et comic code, et en effet ce n’est pas du Alan Moore (mais a-t-il été emmerdé par le comic code lui ? Apparemment DC a publié Swamp thing sans le soumettre au comic code), mais si le fond reste intéressant je peux trouver ça cool. Des idées intéressantes, des jolis dessins, des fois ça suffit. Moi qui dessine des BD par hobby, j’ai trouvé des idées dans des lectures de vieux comics.
Dans me bras PierreN : je suis d’accord sur la majeure partie de ta liste (à l’exception de Captain America et Avengers d’Englehart que je n’ai jamais relu). Pour les fins connaisseurs, j’ajouterais Deathlok de Rich Buckler.
J’ajoute que je suis très amateur de ce qu’à pu faire le dessinateur Mike Ploog durant cette décennie. La partie du run de Gerber sur Man-Thing dont il s’est occupé est sans doute celle que je préfère…
Hello,
Comme toi, je dois admettre que j’ai, quelquefois, du mal à me replonger dans mes vieux Strange.
Je sais bien que ça a vieilli et une lecture de jeunesse est différente d’une relecture plus détaillée en mode adulte.
Il n’empêche, je continue toujours d’essayer de compléter les trous dans ma collection !!!
Mes tics de jeunesse me poursuivent toujours !!!
Les copains, c’est le jeu de la critique. Nous n’avons pas les mêmes goûts et surtout pas la même sensibilité. Le blog est plein d’articles qui sont autant de déclarations d’amour aux comics old-school. Il me parait donc sain de publier aussi des avis différents, surtout pour les éventuels lecteurs qui partageraient cette même aversion pour ces publications anciennes qui sont, avec le recul, vraiment neuneus si on les prend au 1° degré.
Je ne vais pas revenir sur ce que j’ai déjà dit dans l’article. Pour moi ces auteurs étaient très mauvais. Ils avaient de bonnes idées, mais ils écrivaient comme des patates. Et pour des enfants, même si parfois ils se faisaient plaisir en insérant de la provoc.
Pourquoi est-ce que j’ai tenu à lire ça ? Et bien, encore une fois, par curiosité. parce qu’à chaque fois que je dis que je trouve que les comics de cette période sont mauvais, on me dit « attends, Dr Strange c’était au dessus du lot ». Bon… Ben je suis d’accord que c’était le haut du panier au niveau du dessin. Par contre, au niveau du scénario, c’était bien débile !
Et le pire, c’est que je trouve que plus on va de l’avant, jusque dans les années 80, plus c’est débile ! Et pas beau.
Pour ce qui est de dernier épisode, je m’attendais à ce que quelqu’un me dise « heureusement que tous les comics ne sont pas comme ça, il en faut pour tous les goûts ». C’est vrai. Mais en même temps je voulais montrer que je ne suis pas du tout d’accord quand on me dit que les comics d’avant étaient aussi adultes et sophistiqués que ceux d’aujourd’hui. Je ne peux pas y voir autre chose que de la mauvaise foi.
Enfin, je ne partage pas du tout l’affection de Pierre pour la décennie 70 au niveau des comics Marvel. Il y avait tout un tas d’auteurs qui essayaient de faire des trucs nouveaux et irrévérencieux, mais c’est rarement bon. Et souvent très mauvais. Claremont sur les comics 70’s est catastrophique. Englehart est très surestimé et me parait aussi daté que ridicule avec le temps. Je trouve Thomas beaucoup plus sympathique, car sans velléité d’épater la galerie avec des concepts snobs enveloppés dans un papier cadeau flashy à la fraise Tagada.
Encore une fois, il en faut pour tous les goûts. Je trouve ces comics ridicules et infantiles en dehors de leur effet nostalgie et de leur importance historique au sein de leur médium. Et je m’agace vite lorsque les fans les défendent en prétendant que c’est aussi bon et du même niveau que des comics d’auteurs pour adultes dans l’écriture.
Par contre, je trouve ça souvent très beau au niveau du dessin.
C’est drôle mais les fans de vieux films fantastiques ne sont pas aussi premier degré que les fans de comics. Moi qui suis amoureux des films de monstres de la Universal, si on me dit que c’est tout pourri, soit, je ne vais pas être d’accord. Mais si on me dit que c’est daté et kitsch, et que c’est surjoué et tout, c’est vrai quand même. Et c’est d’ailleurs ce qui fait leur charme et j’aime ce côté carton-pâte qui me fait parfois hurler de rire. Je ne chercherais jamais à prétendre que c’était aussi bien fait, aussi abouti et mature qu’un Spielberg.
Mais bon, on discute. On peut se chambrer, se taquiner. J’ai beau piquer quelques coups de gueule, je ne regarde personne de haut. Ce ne sont que des avis et des ressentis personnels.
Ben non c’est vrai que c’est kitsch et daté, mais tu ne dis pas ça, tu dis que c’est infantile et interdit aux moins de 7 ans. C’est différent pour moi^^
Du coup on dirait parfois que tu dis qu’on est des crétins pour aimer ça^^ Même si juste après tu dis que non, tu ne regardes personne de haut. ça fait…bizarre.
Je ne prétendrais jamais que c’est mieux qu’un Scalped par exemple.
Mais il faut aussi comparer avec ce qui est comparable. Même ton exemple de comparer les films de la Universal avec un Spielberg, ça ne marche pas. C’est pas la même époque, les trucs en carton pâte c’était le top des effets spéciaux de l’époque. ça peut me faire sourire aussi, mais sans manque de respect pour le boulot de l’époque.
Les comics c’est vrai que c’est différent parce que si on prend Tintin d’une époque encore plus ancienne, c’est mieux raconté que les comics Marvel des années 60. Donc déjà je comprends davantage les reproches. Il n’empêche que j’y trouve parfois des choses qui me plaisent dans les idées, même quand c’est mal raconté.
C’est surtout que je ne peux pas accepter qu’on dise qu’un truc que Days of Future Past (que je n’apprécie pas des masses non plus à cause de la narration) soit aussi infantile qu’un épisode dans lequel des vilains qui ricanent attaquent chacun à leur tour le héros.
JE trouve ça infantile et pour enfant de 7 ans. Le fait que je dise que c’est un avis personnel avec un grand « JE » est différent que d’affirmer que c’est débile comme si c’était une vérité universelle. Ça l’est pour moi et pas pour les autres. Et le fait-est que l’on discute justement pour essayer de comprendre pourquoi nous avons tous des goûts et des sensibilités différentes.
Je suis parfaitement d’accord que les choses sont à remettre dans leur contexte. Je ne suis en revanche pas d’accord pour mettre tout au même niveau.
J’ai lu cette anthologie dédiée au Dr Strange avec les meilleures intentions du monde, surtout quand j’ai vu les signatures, avec des auteurs pour lesquels j’éprouve du respect et de l’admiration (Colan, Winsor-Smith, Craig-Russel, Thomas). Mais une fois encore les bras m’en sont tombés quand j’ai vu le niveau de scénarios. C’est pire que mauvais ! C’est juste complètement naze. Impossible de défendre la chose sur ses qualités d’écriture en dehors de critères comme 1) la nostalgie, 2) l’Historique, 3) le contexte éditorial et ses limites intrinsèques.
Ma conclusion était la suivante : Il n’y a aucun mal à lire et aimer cela. Mais je ne serais jamais d’accord avec ceux qui prétendent que c’est aussi bien voire mieux que du comics adulte, émancipé (Alan Moore a toujours bénéficié de sa liberté d’auteur, sinon il n’aurait pas accepté le job) et bien écrit. C’est comme me dire qu’une fraise Tagada c’est aussi bien voire meilleur qu’une recette d’un grand cuistot. A un moment donné, il faut accepter que tout ne se vaut pas.
Une review à haut risque où on déboulonne des chapelles, détruit les idoles avec arguments, humour et talent ? Oui, Tornado l’a fait.
Honnêtement, je ne t’ai pas trouvé très méchant, tes mises en garde en intro et outro expliquant clairement tes prises de position.
La seule remarque portera sur l’utilisation de la matière fécale bruyante et vulgaire. Parce que j’en connais pas de silencieuse et d’élégante, auquel cas je suis preneur !
Pour le reste, j’ai lu tout ça d’un air amusé :
1/ L’article est drôle
2/ Le titre Je Suis Dr Strange m’évoque le Je Suis Charlie
3/ Il est hors de question que je lise ça : old ou new school, pas de magie, pas de Lovecraft, de dimensions psychédéliques et tout le st cirque. J’y suis allergique. Il n’a que le Forever Changes de Love que j’aime bien musicalement parlant dans ce courant. Et le Floyd, bien sûr, que j’ai toujours vu comme un groupe autre que progressif. Mais de tout ça on reparlera bientôt. Et même du Dr Strange.
Par rapport aux réactions que suscite l’article de Tornado, je ne sais pas de quel côté pencher : je pense que des lectures oldies sont sympa pour peu que l’on sache retrouver son âme d’enfant. Et l’argumentation de Tornado est imparable là dessus notamment sur les vieux dessins animés que j’avais totalement oubliés. Mais, d’autre part, ce qui peut être dérangeant, c’est que le contenu du discours (histoires et dialogues infantiles, mise en scène et psychologie surannées) sont les argumentations classiques des gens que les lecteurs de Comics ont toujours combattu. Venant de toi , je l’accepte puisque je te connais. Mais quelqu’un qui débarquerait pourrait arguer que ce sont exactement les arguments des Téléramas/Inrocks, ces gens qui ont toujours dénigré ce médium. Du coup, c’est nettement plus dérangeant.
Enfin, pour publier sur Internet depuis presque 10 ans désormais, je me suis rendu compte qu’il est parfois difficile de communiquer une opinion ou un message sans heurter l’autre. Dire c’est nul ou débile revient souvent à ce que l’autre en face qui aime celà, se sente nul et débile. C’est exactement en ces termes que ma maîtresse de CP répondit lorsque je lui parlais de Goldorak…
M’enfin, je plussoie à tout et notamment nos fameux débats quotidiens Tornado. Si tu as 1000 articles comme ça, les 1000 seront publiés (Punk, va !).
Ps : je vois que le débat avec Kais Slim Haidi effectue ici son retour du refoulé 🙂
J’ai effectivement essayé de ne pas être trop méchant dans mon article. Maintenant, si dans les commentaires on me pousse dans mes retranchements, si on insiste pour savoir ce que je leur reproche tant à ces comics, ne suis-je pas obligé d’être franc ? Et bien voilà, en toute franchise, je trouve ces histoires majoritairement débiles et infantiles. Mais vraiment ce n’est qu’un avis personnel. C’est l’effet produit sur ma propre expérience de lecture. Mais je devrais essayer de tempérer mon vocabulaire si c’est vexant. Dire par exemple que je ne me sens pas pris pour un adulte, voire même pour un adolescent sensible quand je lis ça. Mais juste pour un enfant candide.
Pour ma défense, je dirais que, contrairement aux snobs de Télérama ou autres, je n’ai pas d’apriori au départ. Au contraire, je suis même attiré par ce type de lecture et d’univers et j’y vais avec enthousiasme. Par contre, quand je m’y mets, je suis abasourdi par la mauvaise qualité d’écriture de ces vieux comics. Du coup, les critiques dithyrambiques à leur sujet me hérissent ! Et lire que tout se vaut m’exaspère.
Les dernières planches signées Marco Rudy m’évoquent du JH Williams III. Du coup, je comprends que ça t’ait davantage plu, Tornado !
Pour le reste de ton article… mon avis se situerait entre le tien et celui de PierreN.
Je relis assez rarement « pour le plaisir » des comics des années 70 (y’a le Warlock de Starlin, éventuellement et puis… pas grand chose d’autre). Davantage les années 80 (le DD de Miller, O’Neil, le Spidey de Stern, et les X-Men of course). Néanmoins, même si les récits des années 60-70 peuvent être jugés pauvres littérairement (et bon, ça se discute, mais je ne suis pas le mieux placé, je ne connais pas tout), ils ont contribué à tisser toute une trame, à construire tout un univers qui faisait que chez Marvel, je me sentais « chez moi » jusqu’au milieu des années 2000.
Franchement, à côté des comics chroniqués ici, je pense qu’on peut encore faire bien pire si on tape dans la production des Image Boys des années 90 (pas les titres les plus connus, mais les sous-produits genre Brigade, Union ou Stryke Force…). Les comics des années 60-70 peuvent conserver, auprès d’un certain lectorat, un charme désuet tandis que les trucs bourrins d’Image pendant les 90s, ça me semble insurmontablement nanardesque. Mais peut-être trouvera-t-on quelqu’un dans la Team pour en parler ? (parce que je trouve ça mauvais, mais ça fait aussi partie de l’histoire des comicbooks).
@Tornado : Je comprends ton point de vue. Ne nous agaçons pas^^ (enfin je ne sais pas si tu es agacé, mais j’ai conscience que j’insiste sur le sujet, donc désolé, mon intention n’est pas de générer le conflit)
C’est juste que tes arguments me paraissent parfois porter à confusion.
Comme si ceux qui aiment ces vieux comics déclaraient forcément que c’était du niveau d’un Moore, ou de Hergé. Non, c’est sûr et certain.
Mais tout le monde n’est pas Moore ou Hergé et à moins de ne vouloir lire que « l’élite », on peut apprécier des trucs moins maitrisés mais qui ont le mérite de parler d’autre chose ou d’avoir des idées sympas (si je veux lire des récits pulp de magie avec des démons, je ne peux hélas pas aller voir du côté de Hergé).
Après tu connais mon point de vue au niveau des films. Je suis parfois plus impressionné par les vieux effets spéciaux kitsch justement à cause des limitations techniques de l’époque et de l’ingéniosité déployée pour accomplir des choses qui aujourd’hui nous semblent simples.
Alors certes ce n’est pas transposable dans la BD puisque techniquement, il n’y a pas de limite au dessin. Sauf que c’est rarement le dessin le problème. Mais la narration. Et à ce niveau, il y en avait des limites dans les impératifs de publication, comic code, etc. Du coup j’ai du mal à sortir ça de l’équation. Contrairement à toi, je n’ai pas à me forcer pour contextualiser, c’est presque automatique. Je sais que je dois regarder ça avec bienveillance compte tenu des contraintes. Mais on est bien d’accord que ça ne me pousse pas à affirmer que c’était mieux avant et que Moore peut aller se rhabiller^^
Quel courage et quelle rigueur d’avoir ainsi passé en revue chaque épisode !
Comme Tornado, la lecture du numéro annuel dessiné par Marco Rudy m’avait beaucoup plu, en particulier du fait de l’inventivité des dessins et de la mise en page.
Toujours comme Tornado, je suis sous le charme des illustrations qu’il a choisies, à commencer par les planches de Gene Colan. Par contre la simple mention du nom de Roy Thomas me fait fuir et j’ai juqu’alors évité les différentes rééditions de ces épisodes, malgré ma forte envie de relire du Gene Colan. De même, je ne me vois pas me lancer dans la lecture des Defenders, version Thomas & M.C. Wyman, même si on me paye. Pour avoir relu il y a quelques années les épisodes de Roger Stern & Paul Smith, je me rallie encore à l’avis de Tornado (même si j’aime bien l’approche épurée de Paul Smith).
Je pense que je prendrais encore grand plaisir à relire les premiers épisodes de Doctor Strange pour les dessins de Steve Ditko, et malgré le verbiage de Stan Lee. Je trouverais de l’intérêt dans cette lecture pour l’embryon d’une toile de fond fédératrice de l’ordre de la dimension mythologique (qu’est-ce qu’il parle bien ce Tornado !), mais aussi dans le témoignage d’une époque, et parce que ces épisodes ont été importants pour moi plus jeune, parce que je me suis investi dedans pendant mon adolescence, parce qu’ils ont constitué des portes ouvertes vers d’autres mondes, plus divertissants, plus exotiques que ceux proposés par les BD franco-belge, ou le milieu scolaire.
Tout se vaut. – Bien sûr que oui, et bien sûr que non. Mais en tant que lecteur régulier de Télérama depuis des décennies, je ne vois pas de contradiction à apprécier ces épisodes et des œuvres plus exigeantes. Ces épisodes peuvent faire les délices de certains lecteurs (plus jeunes, mais pas seulement), et être insupportables à d’autres. Tout est relatif, d’un point de vue scientifique (c’est Albert Einstein qui le dit), mais aussi d’un point de vue culturel. On peut voir dans la magie de Docteur Strange, la manifestation d’une hérésie religieuse inadmissible, tout comme une invitation à envisager la vie sur un plan spirituel, en adoptant un point de vue non conventionnel, ou des forces indicibles (au delà de notre compréhension) flirte avec des métaphores et des allégories plus ou moins mal dégrossies.
Comme le fait observer Matt, établir une hiérarchie, c’est choisir des critères et établir un jugement de valeurs sur la base de compétences ou de technicité des auteurs, c’est-à-dire parler d’une élite capable de faire des choses (dessins, construction narrative) dont sont incapables la majorité.
Je ne sais pas si je parle bien, mais en tout cas Présence parle superbement, et avec nettement plus de bienveillance et de sagesse que moi !
En relisant moi-même l’article, en fait je ne fais qu’une chose : Réagir à un internaute qui est venu jadis ici-même me railler parce que je faisais l’éloge du Batman d’Alan Moore. Il me faisait alors la leçon en me disant que je ferais mieux de lire le Batman d’Englehart, qui était nettement au dessus.
J’avais essayé de rester poli, courtois, mais il continuait à me prendre de haut. Bon… Alors je suis allé lire le fameux Batman d’Englehart. Et là, la moutarde m’est rapidement montée au nez ! C’était très mauvais. Certes, il fallait le remettre dans son contexte. Mais de là à me faire la leçon avec ça, avec toute cette arrogance et cette condescendance, ça m’a fait basculer du côté obscur de la Force. Désolé…
Je suis indécrottable de toute manière :
Est-ce que ces vieux comics méritent d’être lus ? Oui Monsieur !
Est-ce que tout se vaut ? Non. Définitivement non (pour moi). Sinon on mélange tout et plus rien n’a de valeur. Etant professeur d’arts plastiques, il faut que je lutte régulièrement pour essayer d’expliquer aux jeunes que même s’ils n’aiment pas Picasso, ils ne peuvent pas le comparer ou le mettre au niveau d’un peintre du dimanche, quand bien même ce dernier fait des tableaux plus séduisants ou plus facilement accessibles.
Je n’éprouve aucun mépris pour le peintre du dimanche. Je peux trouver ce qu’il fait très beau, être séduit. Mais le jugement de valeur me parait inéluctable.
Ne prend-t-il pas un peu trop de place dans ta vie cet internaute gonflant ?^^
Je te l’ai déjà dit, tu as l’air en croisade pour rétablir une vérité alors que tout le monde ne pense pas comme ce type. C’est pour ça que je sens de la colère un chouilla abusive dans tes arguments, comme si tu en voulais à ces vieux comics. Je me trompe peut être.
Oh ! ce n’était pas le premier. Mais ça a été la goutte d’eau. S’il faut parler à coeur ouvert, je pense que c’est à cause du « tout se vaut » que les gens nous regardent de travers lorsqu’on lit un comics de super-héros. Même aujourd’hui que c’est la mode.
Ce qui me met en colère ce serait plutôt la mauvaise foi. Je les trouve vraiment mauvais ces comics old-school. Alors je ne supporte pas qu’on me fasse la leçon avec. Surtout quand il n’y a aucun véritable argument à l’appui. Aujourd’hui, je les ai lus, je les connais, je peux en parler et argumenter mon désaccord. Alors je le fais.
Mais tu ne gagneras pas contre les gens obtus. Ils s’en foutent de ton désaccord. C’est pourquoi, et encore une fois je m’en excuse, je ne cherche pas à te vexer, mais je ne trouve pas forcément pertinent d’écrire en fonction de ce qu’ont dit les autres.
C’est comme quand on descend avec colère un film que tout le monde encense parce qu’on est en désaccord avec le matraquage médiatique. Alors qu’au pire le film est inoffensif et ne méritait pas tant de colère. J’ai juste beaucoup de mal avec les proportions que les discussions peuvent prendre sur le net concernant les qualités d’œuvres de divertissement. ça ne me parait pas approprié d’exprimer un désaccord avec colère contre…un ennemi invisible, une masse d’avis anonymes qui au mieux ne mérite même pas que tu te mettes dans cet état colérique^^; et au pire n’en aura même rien à foutre de ton avis. Tu écris pour des gens intelligents, pas pour les moutons bornés. Enfin je pense…
No offense, hein. J’exprime un point de vue sur une approche d’écriture que je préfère plus neurte, pas comme s’il y avait un mec en face que tu affrontes. Ou alors il faut faire un article à 4 mains en mode débat. Le défenseur des oldies et le détracteur.
Matt, tu es entrain de mener la discussion à des extrémités où je ne souhaite pas aller, en me poussant dans mes retranchements. J’ai voulu écrire cet article parce que j’avais envie de réagir à ces comics qui sont portés au pinacle par les fans, et que je trouve très mauvais. Parce que je trouve que c’est le jeu de la critique, et parce que le blog m’offre cette liberté d’expression. Tu es entrain de faire de moi une espèce de croisé un peu fou. N’exagérons pas quand même. Je suis un peu en colère parce que je trouve les fans hard-core de mauvaise foi. Mais pour le reste je suis un lecteur sain d’esprit qui illustre son désamour pour des BDs et qui essaie de remettre les choses à leur niveau face à ce qu’il pense être des critiques habituellement disproportionnées.
S’il faut être consensuel à chaque fois que l’on écrit quelque chose, c’est un peu dommage, non ?
Des extrémités ? Houlà. J’exprime juste moi aussi un avis sur ton article. Je critique l’approche utilisée qui ressemble à une réponse à quelqu’un qui t’a emmerdé.
Croisé un peu fou ? Non, n’exagérons rien en effet. Je suis désolé si je ne m’exprime pas comme il faut, j’essaie de prendre des pincettes aussi. J’avoue que j’apprécie moyennement un article qui ressemble à une réponse à un mec qu’on n’a pas vu argumenter, c’est tout.
Que tout soit consensuel, non. Bruce fait aussi des critiques provocatrices parfois mais pas comme si on venait de lui dire qu’il a tort juste avant. ça fait juste bizarre, c’est tout.
Mais encore une fois, je ne cherche pas à te vexer.
Ne dis pas que je te pousse dans tes retranchements, quand même. Il me semble que je reste cordial.
NON ! Mon article est integre. C’est une critique sur un bouquin, à travers laquelle j’essaie de développer une réflexion. C’est motivé par d’anciennes discussions, certes, mais c’est une réflexion personnelle. Ce n’est pas une discussion à sens unique avec un mec virtuel.
C’est quand même dingue ! On peut avoir un avis différent ?
L’article ne me parle pas parce qu’on sent qu’il y a un passif derrière dont je me fous, lorsque tu parles des gens qui disent que tout se vaut et que personnellement, je ne connais pas. Tu t’excuses à l’avance pour les airs de mépris et les coups de gueule justifiés par des discussions passées, je n’ai quand même pas rêvé. Tout ce que j’essaie de dire c’est que je ne trouve pas ça pertinent d’amener ça dans un article. J’ai le droit aussi de trouver ça peu intéressant ?
L’avis sur les comics que tu trouves mauvais, ce n’est pas ça que je critique.
Mais bon…j’ai l’impression que je m’enfonce à chaque réponse, comme si j’avais un super pouvoir caché de faire chier les gens malgré moi. Donc je n’insisterais plus.
Mon but n’était pas d’être irrespectueux (même si je critique ton article en effet) et je m’excuse si tu l’as mal perçu.
Allons, allons. On discute chaque jour et, le plus souvent, c’est un réel plaisir. Mais là tu me pousses malgré moi dans une discussion à sens unique. Je n’aurais pas dû dire que l’article a été motivé par une ancienne discussion avec un mec. D’abord parce qu’il est finalement le bouc émissaire de tout un courant de pensée dont il est loin d’être le seul représentant, ensuite parce que ce n’est pas vrai : J’ai écrit avant tout un article sur un bouquin. Sur une série dont j’entends parler depuis des lustres avec beaucoup d’éloges. Résultat, je tombe des nues et j’ai envie de réagir. Encore une fois, c’est le jeu de la critique.
Il se trouve que j’ai profité de l’occasion pour parler d’un sujet qui me tient à coeur : le « tout se vaut ». Maxime que je trouve fausse, et que mon parcours et mes études m’ont amené à trouver faux.
Sur le paradoxe de mon discours, tu as peut-être raison, mais de ton côté, c’est un peu paradoxal de tergiverser autant sur un article que tu ne trouves pas intéressant ! 🙂
Oui c’est vrai que je tergiverse trop, je l’ai bien senti. Je n’arrivais pas à faire passer le message que je voulais parce que je m’exprime peut être mal,et je te sentais énervé. Et je n’aime pas cette sensation, ça me ferait chier qu’on se fâche pour ces conneries. Donc je me suis retrouvé à écrire 15 réponses. Donc sorry again, c’était pas censé aller si loin. J’ai un peu honte, ça tournait aux engueulades débiles qu’on voit trop sur le net et que je condamne moi-même.
Au passage, c’est une maxime le « tout se vaut » ? Parce que là aussi moi je suis parti du principe que c’était ce que le mec t’avait dit, et non un courant de pensée. Donc je ne voyais pas l’intérêt de ramener les arguments d’un mec absent qu’on ne connait pas.
« Chacun ses goûts », « tout se vaut », « ça dépend du contexte », ce sont des arguments qui reviennent souvent, pour ne pas dire systématiquement, quand on critique les goût ou l’opinion des autres.
C’est une discussion houleuse parfois, mais en général l’argument ne tient pas longtemps. Car ce n’est pas parce que chacun à le droit d’aimer ce qu’il veut que « Les Sardines » de Patrick Sébastien ça vaut la 5° symphonie de Beethoven. Quant aux opinions, c’est encore pire : Est-ce que les pensées extrémistes valent les pensées humanistes ? Est-ce qu’une civilisation où l’on pratique l’excision en vaut une autre ?
En affirmant que tout se vaut, argument stérile et de mauvaise foi, on met tout au même niveau. C’est aussi absurde que dangereux sur le long terme.
Mais l’internaute en question ne disait pas cela. Il disait que mes avis étaient à chier, tandis que les siens, du haut de ses 20 ans, étaient nettement supérieurs…
Le retour de Red Tornado, celui qui est énervé après les types qui n’ont pas de conscience artistique ! Bon je ne lirai jamais tout ça mais je rejoins Bruce : Je suis Docteur Strange, c’est marrant, et je ne sais pas de quel côté pencher. Cela dit, la lecture des X-Men de Claremont m’a paru déjà insurmontable dans la narration… à part quelques épisodes.
Je ne pense pas avoir d’avis sur le sujet, mais je sais quand lisant PierreN et Présence, je me dis que je loupe des trucs quand même. Hors de question cependant que je tente de trouver tout ça, bien trop compliqué pour moi.
Je dois également avouer que je ne pense pas que l’adjectif que tu reproches tout le temps, infantile, soit le bon. Si c’est pour dire que cela rend aussi candide (sic) qu’un enfant sans conscience, d’accord. Si c’est pour dire que cela n’est destiné qu’aux enfants, pas d’accord. Depuis que j’ai eu les miens, il y a une quinzaine d’années, je me suis rendu compte par exemple que leurs dessins animés (beau rapprochement d’ailleurs) sont bien plus intelligents, malins, mieux écrits et mieux racontés que ceux que nous avons subis, du moins dans la majorité des cas. Même les vieux Disney ne sont pas tous bons, loin de là, et ceux des années 90 pas terribles (à part Kuzco, et je ne les ai pas tous vus. Bon, ok, Le roi lion, ce doit être pas mal… nostalgie). L’arrivée de Pixar a tout bouleversé, et même les critiques cinés que je suis sur le net (des potes de forums) prennent tous ces nouveaux dessins animés très au sérieux. D’ailleurs pour moi Les indestructibles est un des meilleurs films que j’ai vu tout court.
Bref, j’ai bien été content de lire ce commentaire et le débat qui a suivi, bravo pour l’abnégation de tenter de tout lire et tout résumer !
PS : avec vos articles, je me suis acheté ce soir la réédition de Weapon X sortie dans le même format que le Dr Strange et Dr Doom… soyez maudits ! Mon premier Barry Windsor Smith je crois bien.
Je suis entrain de relire la saga du Phénix, là. Et… Ouïe ! Je trouve ça très tarte pour le moment. Désolé. Je reviendrais en parler voire en proposer un article quand je l’aurais fini. Et après, promis, je lâcherais l’affaire sur les comics old-school que je n’aime pas…
Mais jusqu’à quel date considère-tu que cela est du « old-scholl » ?
C’est un peu dur de répondre. Je dirais à peu-près vers le milieu des années 80, mais le passage aux comics plus modernes ne se fait pas en un jour, ça tout le monde le sait. Je dirais donc que c’est surtout un état d’esprit générationnel, avec bulles de pensée, narration ampoulée et datée, pétrie de naïvetés archaïques et de dialogues puérils. Lorsque Steve Englehart écrit une suite à son Batman en 2005 avec la mini « Dark Detective », il fait du old-school.
« En bref, un bouquin réservé soit aux amateurs de comics old-school pas très regardants sur le contenu du scénario et sur le style de la narration, soit aux curieux ne souhaitant pas investir dans la collection des Intégrales. Soit, enfin, à ceux qui sont venus là pour regarder les beaux dessins… »
Quand on remplit plusieurs critères à la fois, c’est grave docteur ? :p
Sinon, on oublie parfois le collectionneur compulsif d’occasion aussi 😉
C’est presque 2 critères supplémentaires et complémentaires chez moi :
– Un collectionneur a horreur des « trous » dans ses numéros quitte à les combler avec une bouse (pour vous citer -ce n’est pas forcément mon avis-)
– Un comics de 30 à 50% moins cher que le prix librairie vaut parfois la peine qu’on saute le pas et de se faire son propre avis (c’est environ 95% de mes achats)
Bon ok, si osef des collectionneurs, je sors 🙂
Hum je ne vais pas repartir sur le débat old school/infantile (les commentaires précédents s’en sont déjà chargé) cependant je pense qu’il faut surtout signaler que ce recueil contient principalement des histoire en un ou deux épisodes. Dans tous les cas le nombre limité de page ne se prête que rarement à une histoire profonde et fouillée ! C’est la raison pour laquelle ces « Best of » sont généralement au mieux frustrants au pire carrément décevants…
Moralité infantile ou pas ce recueil n’est pas pour moi.
Le fait de choisir un épisode d’un arc participe aussi à cette frustration, il vaudrait mieux se concentrer sur la publication de stand-alone, mais tous les runs ne s’y prêtent pas, et de toute façon la sélection n’arrivera pas à satisfaire tout le mond, et en particulier le lecteur chevronné bien au fait des grands moments du titre (mettre du Lobdell mais pas de Simonson dans l’anthologie FF c’est vraiment un drôle de choix).
La compilation Je suis Spider-man réunit de très bons épisodes quand même. Bon il y a le tout premier daté certes, mais ensuite un épisode au Peter songe à arrêter de jouer les justiciers, puis la mort de Gwen Stacy, la mort de Harry Osborn, le petit garçon qui collectionnait Spider-man, l’épisode anniversaire de JMS.
Je dois en oublier un ou deux plus anecdotiques (notamment un de Ultimate Spider-man qui n’a pas grand chose à foutre là selon moi) mais pour le coup le sentiment global est bon.
La définition (officielle) du mot infantile qui me sert de référence :
« Qui n’a pas l’attitude d’un adulte, qui manque de maturité ». Ce n’est pas si insultant que ça en définitive ! 🙂
« Mais ça manque un peu les bons récits avec Strange. »
Pourtant il doit avoir au moins un bon run pour chaque décennie.
60’s : Ditko/Lee
70’s : Englehart (en particulier la période avec Frank Brunner) ou Starlin
80’s : Stern (en particulier la période avec Paul Smith) voire Gillis, le team-up avec Fatalis contre Méphisto
90’s: DeMatteis, le team-up avec Spidey par Conway & Thomas, pas celui d’Ellis
2000’s : pas de série régulière durant cette période, correspondant à une grappe de mini-séries à la qualité très variable (la plus apprécié étant généralement celle de Vaughan et Martin)
2010 : Aaron/Bachalo & Cates/Walta
« le team-up avec Spidey par Conway & Thomas »
C’est « outre monde » ça ? En récit complet marvel ?
Tu énumères un peu tout quand même, non ?^^ Je vais déjà voir si le Englehart/Brunner est sympa.
Oui bien sûr il y a Triomphe et Tourments. Je l’avais oublié.
J’ai mis longtemps à apprécier Docteur Strange mais grâce à Hachette (collection noire) n°94 Une réalité à part de Engleheart et Frank Brummer m’a fait changer d’avis. c’est complètement taré dans la mise en scène.
Je ne parlerais pas du Stern/Paul Smith pour ne pas me prendre de cailloux mais c’est sympa?
le graphic novel de De Matteis et Dan Green (en mode peinture) me tente pas mal, si le je le trouve…
Peut-être celui de Aaron et Bachalo, mais si c’est pour avoir des blagues à base de monstre dans le frigo pour rigoler que Strange, il fait pas son ménage, c’est pas la peine.
Je recommande chaudement Into Shamballa de JM DeMatteis & Dan Green. J’ai laissé un commentaire sur enthousiaste sur amazon.
J’ai pris une réalité à part, mais chez Panini. Pour le coup le papier mat de la collection vintage me parait mieux que le papier glacé de Hachette pour des oldies.
J’ai vu que Hachette sortait pas mal de trucs sur Strange. Mais le Stern/Smith est aussi dispo dans une revue kiosque Marvel classic 7 qui coute surement moins cher^^ (enfin techniquement la revue va de l’épisode 69 à 73, et le Hachette du 68 au 74 mais bon…le 68 semble assez indépendant…puisqu’ils l’ont mis dans ce recueil « je suis… »)
Je regrette que la période Roy THomas et Gene Colan ne semble pas super. Ils en sont arrivés là dans les intégrales, et visuellement c’est classe.
polémiques à part (parce que maintenant ça me saoule)
les Gene Colan et les Frank Brunner sont vraiment le graphisme qui m’a fait aimer les BD américaines. les ombres, la mise en page, je parcours ça toujours émerveillé. Je suis donc totalement inapte à être « objectif » sur ces objets…
la collection Hachette m’a fait redécouvrir certains petits ouvrages que je déplore n’avoir pas connu plus tôt comme la Panther’s rage de Mac Gregor Billy Graham et Gene Colan ou le Deathlock de Rich Buckler et Doug Moench
ce sont vraiment les racines de ce que je recherche en matière de BD.
J’aime bien le boulot de Thomas sur Conan.
Du coup je ne sais pas si Tornado fait son Tornado anti-oldies ou si c’est vraiment très inférieur à son boulot sur Conan…
@Eddy : Je ne suis pas anti blagounettes de Aaron, j’aime bien quand il fait ça avec les X-men dans Wolverine & the X-men. Mais en effet c’est pas trop le ton qui m’attire pour un comics sur Strange. Du coup j’ai toujours pas testé son Strange.
Je ne suis pas fan d’Aaron en général. Je ne me souviens pas d’un truc à lui que j’ai remarqué en fait…
Même pas son Ghost Rider ?
Tu parles chez Marvel ou n’es-tu pas fan non plus de ses trucs indé ? Comme Scalped.
Sinon tu as lu du coup les Roy Thomas/Gene Colan ? Dans l’intégrale 3 (qui me fait de l’oeil malgré les avis divergents) il y a la fin des Strange Tales avec Dan Atkins au dessin (qui se débrouille pas mal aussi d’ailleurs) puis la continuation sous l’appelation « Dr Strange » avec Atkins et Gene Colan aux dessins.
Pour avoir feuilleté, en tous cas c’est chouette visuellement !
Je suis assez mal à l’aise avec ça…
Aaron, je ne le « vois » pas…
Le peu que j’ai lu de ses Wolverine, ben c’était du wolverine typique et « rassurant ». c’était sympa mais je ne les ai pas en mémoire.
Wolverine and the X-Men. c’est un boulot formidable de nostalgie et d’hommage à…Excalibur. un étrange projet fortement déboulonné par les éditeurs et les crossovers…
Thor: une version néo-féministe de la mythologie nordique où tous les persos masculins sont devenus soudainement débiles, belliqueux et dépourvus de grandeur au profit de femmes qui se tartinent de leur complexe de supériorité. Une héroïne qui ne veut pas se soigner par la magie?
Je peux vous garantir sur facture que tous ceux que j’ai connu en vrai en cure de chimio, on leur dirait qu’il existe une fontaine, une patte de lapin ou un traitement quel qu’il soit pour les guérir. il le prennent.
il y a des patients qui traversent la moitié de la planète, s’endettent à vie et jouent le tout pour le tout pour venir se faire soigner en France au cas où…
il faut qu’ils arrêtent de vendre le cancer comme une maladie romantique.
certaines phrases dans le Thor de Aaron m’ont revulsées…
Je n’ai pas lu son Thor. Surtout Wolverine & the X-men et son Ghost Rider. Et j’ai aimé les 2.
Enfin techniquement j’ai lu le début de son Thor avec le massacreur de Dieux. C’était sympa.
J’en déduis que tu n’as pas d’avis sur le Strange de Thomas…^^
Non je ne les pas lu de manière à pouvoir donner une opinion argumentée.
J’aime beaucoup Thomas et son style verbeux (j’oserais dire le premier à être littéraire en glissant des citations partout et en reprenant des romans?). il convient souvent à tous les trucs issus du pulp.
Sur spider-man, il avait fait un passage éclair et il ne savait pas quoi raconter, du coup, il l’avait envoyé en pleine terre sauvage avec Ka-Zar affronter des créatures des jungles obscures… on ne se refait pas.
Sur Strange?
no sé! a part que le graphisme est top.
Thomas est revenu sur Strange à la fin des années 80/début années 90 (le Gambit du Faust et tutti quanti), mais là il faudrait plutôt demander à Fred le Mallrat pour avoir un avis détaillé…
Et toi Pierre tu as lu la partie de Thomas avec Colan ? Tu ne la mentionnes pas dans tes bons runs. Donc même toi t’as pas été convaincu ?
Pas lu donc je peut pas donner mon avis, mais si cela correspond à la période post-Ditko/pré-Englehart, qui voit le héros porter un masque (pour attirer les lecteurs de super-héros), elle n’est pas la plus renommée, en plus d’être prise en sandwich entre les deux périodes pré-citées (si je me souviens bien c’est à cette époque-là que le titre, alors en perte de vitesse, sera arrêté, avant qu’Englehart ne remette cent balles dans la machine avec son début de run dans Marvel Premiere, prolongé ensuite dans un nouveau volume du sorcier suprême) .
Je préfère de loin ce que Colan a fait avec Englehart (Colan a aussi bossé sur le Strange de Claremont, mine de rien il a pas mal oeuvré sur le docteur).
Le problème des trucs renommés c’est que je ne suis pas toujours d’accord. Par exemple la saga d’Eternité de Lee/Ditko, je suis obligé d’être d’accord avec Tornado, je trouve ça à peine lisible. Je préfère même les tous premiers épisodes qui racontaient de courtes histoires mystiques qui pouvaient faire penser aux EC comics. Et je le vois parfois trôner en tête des lectures recommandées sur le perso. Ouais ben…comme je le dis, je ne partage pas forcément le même avis^^
Bon en tous cas je suis un peu confus dans la chronologie du perso.
Du coup il y a d’abord les Strange Tales 110 à 168, puis la série s’appelle Dr Strange pour les épisodes 169 à 183.
Et après ?
J’imagine qu’il se passe des trucs dans les Defendeurs, mais ensuite faut aller ou ?
Marvel premiere ? Vu qu’apparemment le reboot Dr Strange V2 de 1974 est publié à la suite des épisodes Marvel premiere de Englehart/Brunner.
Je me demande comment ils vont publier ça en VF. Ils vont sauter de l’épisode 183 avec un Strange masqué au Marvel premiere 3 avec un Strange qui a renoncé au masque ?
Vu que les Defenders sont publiés séparément…
Aspirine !
C’est vraiment un personnage très particulier dans le quel Steve Ditko a mis beaucoup de lui-même…
c’est bizarre et j’avoue ne pas adorer Ditko… tout ce’uil fait me paraît toujours vouloir être fataliste, je ne sais pas.
Mais il est indéniable qu’il a crée tout l’univers du Docteur que d’autres ont étoffé.
Je ne suis pas le plus gros fan du personnage, c’est pour ça que je me contente sans trop me forcer du Frank Brunner et de deux ou trois autres trucs autour de lui
Le serment m’a pas mal déçu, j’attendais un truc bien plus perché qu’un whodunnit avec un seul suspect…
Pour ma part j’aime beaucoup le perso, son look, et tout ça.
Mais d’un autre côté la magie c’est un peu casse gueule pour raconter de bonnes histoires dans lesquelles on peut toujours dire « et pourquoi il a pas un sort bien pratique pour le sortir de là ? » ou « pfff, s’il a toujours un sort pour s’en sortir, y’a plus de suspense » ^^
En gros tout est possible, mais il faut des règles pour qu’on se sente impliqué, inquiet pour le perso, etc.
Ou alors faut vraiment nous faire rêver avec un truc délirant super original.
Et c’est indéniablement (pour moi en tous cas) un personnage qui mérite un traitement graphique soigné. Juste parce que s’il y a de la magie, ça doit nous transporter visuellement.^^
Et c’est peut être aussi pour ça que la partie Ditko…j’accroche pas. Je reconnais une grande créativité et imagination au monsieur mais sur le plan de la mise en scène ou de la manière de dessiner ses persos…c’est un peu trop pla plan à mon goût.
Mais j’aime bien le perso quand il est secondaire et que d’autres héros vont le consulter. Il a une présence mystique super classe. Comme dans le DD de Smith, le run de JMS sur Spidey, etc.
Mais contrairement au boss, j’aime bien cet univers mystique et magique. C’est juste qu’à mon avis c’est un perso plus compliqué à mettre en scène dans des aventures à cause de ses pouvoirs justement.
J’aime bien le serment de Vaughan, mais justement ce qu’on pourrait reprocher au truc ce sont les règles de la magie pas toujours claires. L’auteur essaie de justifier que Strange ne peut pas tout faire sinon adieu le suspense, mais ça fait un peu bancal des fois.
M’enfin pour moi ça reste une bonne histoire. Un « who has done it ? » comme tu dis mais pourquoi pas ? ça change.