Sovereign Seven par Chris Claremont et Collectif
Par EDDY VANLEFFE
VO: DC
VF : SEMIC /
1ère publication le 16/11/18- MAj le 25/08/19
Sovereign Seven est un comics paru entre 1995 à 1998, réparti sur 36 épisodes dont seuls les cinq premiers chapitres et le premier annual ont été rassemblés en un premier et unique volume éponyme.
Inutile de préciser que je vais spoiler comme un taré. Comment? Vous n’en n’avez rien à carrer?
Moi non plus.
Au fil du temps, Bruce lit est devenu une véritable entreprise de réhabilitation de Chris Claremont, décortiquant et analysant l’œuvre de ce vénérable monsieur a grand renfort d’interview et de dossiers spéciaux. Je me suis longtemps demandé ce que je pourrais écrire pour participer à l’effort de guerre et ajouter mon grain de sel de Guérande.
Malheureusement, je voyais mal quelle pertinence aurais-je pu avoir au sein de ce corpus d’articles. Je désespérais, seul dans mon coin lorsque l’ange Gabriel m’apparût soudainement dans la clarté lunaire. Tenant un test de grossesse à la main, il m’observa et s’avisa alors de son erreur. Confus il bredouilla qu’il n’avait rien à me dire et que le divin n’avait aucun projet pour moi.
-N’ai je donc rien de spécial, aucun talent qui rendrait ma vie moins vaine et absurde?
-Ben si, t’as un petit truc! Une chiure de mouche.
-C’est quoi? C’est peut-être mieux que rien? Demandais-je curieux malgré tout.
-Ben t’es le seul et unique spécialiste français de Sovereign Seven qui existe sur ce globe…
-Ah ouais putain! Pas gâté question Karma!
-C’est de ta faute tu n’as qu’à pas être un putain de blasphémateur depuis ta naissance…
-Ma naissance? T’exagères pas un chouïa?
-Nan! T’es né en 1977 en chantant «I am an anarchist! I am an antichrist!»
Et sur ces mots, le Séraphin s’en fut dans la nuit passant devant la lune comme un E.T. Qui aurait oublié son vélo.
Mais c’était un fait. Personne à part moi-ni même au CNRS-n’avait à ma connaissance lu ce comics jusqu’au bout. Et encore moins ne l’avait relu. Et relu.
Sans vouloir revenir sur les conditions du départ de Chris Claremont de son titre X-Men fétiche en 1991, il était quand même étonnant de ne pas le voir rebondir sur un titre clé chez DC ou Marvel ni même chez Image où sa seule contribution fut d’écrire des fill-in pour ses anciens comparses Jim Lee (WildC.A.T.S 10-11-12-13) ou Mark Silvestri (Cyberforce 9-10-11). Un passage éclair chez Dark Horse pour Alien VS Predator (Deadliest of the species) et une tentation romanesque (notamment avec une trilogie sur une émule de Carole Danvers dans un univers SF.) C’est donc au cours de l’été 1995 que Chris Claremont fit son retour presque sans aucune promotion chez DC comics pour un titre qu’il a crée selon son goût: SOVEREIGN SEVEN.
Le pitch est, au beau milieu des inepties des années 90 un étonnant bol d’originalité et de cohérence. Une entité conquérante(The Rapture) ingurgite les planètes ou empires intergalactiques les uns après les autres. A chaque fois la famille régnante d’un régime qui peut s’apparenter à une sorte de modèle monarchique se fait destituer . Les sovereign 7 ne sont ni plus ni moins que sept princes et princesses héritiers en exil forcé après la chute de leurs civilisations. Ils sont menés ainsi dans leur errance par CASCADE, un leader féminin et charismatique. C’est ainsi qu’ils atterrissent sur Terre et pour mieux dire à Crossroads, ville et auberge un peu hors du temps et de l’espace, permettant à Chris d’aller et venir au gré des mythes et épopées qui hantent son esprit depuis son plus jeune âge. Ils attendent donc un jour meilleur qui leur permettra de revenir chez eux pour libérer leurs royaumes respectifs. En attendant, il tenteront de s’adapter tant bien que mal à l’univers DC en tant que justiciers et défenseurs de Crossroads.
IT WAS A DARK AND STORMY NIGHT…
SOVEREIGN SEVEN est-il un bon comics? La réponse n’est pas évidente parce qu’objectivement… hé bien non! Le récit est confus, verbeux et accuse à peu près tous les maux dont on accuse régulièrement son auteur? Alors, pourquoi en parler? Parce qu’à l’aune de l’analyse de sa carrière, cette série est justement capitale.
La créature a éclipsé son créateur. Que peut bien être alors Chris Clarermont sans les X-Men? Car si la série a contribué fortement au succès et à la renommée de son scénariste, elle l’a peu à peu fait prisonnier. Jim Starlin, John Byrne, Frank Miller, Mike Mignola, Kurt Busiek ont tous réussi à préserver une poche de créativité bien à eux chez un autre éditeur, alors que Chris vidait toutes ses meilleures cartouches, et donnait toutes ses idées à ses mutants jusqu’à se confondre avec eux. Il a régné, politisé et franchisé (Uncanny X-Men, Wolverine, Excalibur et X-Men) ce qui devint un modèle économique le dépassant et le dévorant tout entier.
C’est oublier, ce que Claremont aimait et aurait voulu être avant cela. Débutant au début des années 70, il apprit le métier auprès des plus grands de l’époque chez Marvel. Il fut l’assistant de Roy Thomas puis de Len Wein côtoyant de près les Stan Lee et Jack Kirby eux-mêmes. Ce n’est donc pas pour rien que la série en elle-même soit ainsi encadrée de dédicaces pour Le King des comics sur le premier épisode et pour Archie Goodwin en guise de conclusion sur le dernier. Par là, Chris assume pleinement le classicisme de son écriture, ne cherchant rien d’autre que hisser son petit étendard parmi ses pairs et chercher sa place dans la frise historique du comics. Au delà même de la sphère purement BD, on a souvent reproché l’aspect bavard de Claremont, mais ce terme n’est tout à fait exacte. Chris possède tout simplement un style purement littéraire. Ignorant les nouvelles normes issues des médias visuels, c’est un homme de lettre qui tire son inspiration aussi bien chez les dramaturges Shakespeariens ( il faut lire un épisode à voix haute pour réaliser le phrasé particulier et quasi musical employé par ses personnages) que chez Kipling, d’où ce style si ampoulé ou maniéré à la limite du pastiche ,comme le furent les écrits de Clark Ashton Smith, Lovecraft ou Edgar Rice Burroughs et son Guerrier de Mars dans leur propres genres. Si les formules surannées «Perish the Thought» ou «Honor demands both fealty and respect» ou enfin «With such a cry as this, the fabled son of morning fell» vous insupportent, hé bien passez votre chemin.
Sur SOVEREIGN 7, il rendra hommage de manière flagrante à Jack Kirby et son quatrième monde dont la série pourrait être un prolongement ou une déclinaison. L’intention implicite de ces nouveaux créateurs de mythes tendrait à relier leur travaux à la grande trame des contes et légendes que l’humanité se raconte depuis la nuit des temps. Une nouvelle version du héros de Joseph Cambell qu brasse les références allant de la Geste Arthurienne en passant par certains mythes celtiques voire indo-européen.
C’est Crossroads qui rend tout ça possible. Cette petite ville se tient à la croisée de trois États et comporte en son centre une auberge qui se trouve être un nexus des réalités comme l’était déjà le Phare d’Excalibur, mais avec cette possibilité de pouvoir accéder et toucher du doigt à peu près n’importe quoi. Attention nous ne sommes pas dans une foire à la référence comme peuvent l’être PLANETARY ou TOP 10, mais dans un lieux de rencontre modelé sur les bars New Yorkais des années 70 où David Bowie ou Andy Warhol allaient prendre un café au contact de la faune local. Jamais explicite, Claremont laisse le lecteur deviner les rencontres. Ainsi il laissera la porte ouverte à Marvel à travers certains caméos, le reste de l’univers DC bien entendu, une itération nouvelle de Merlin bien plus proche d’un Cugel non astucieux (personnage de Jack Vance) que du sage à barbe. Les bois sont envahis par les esprits tels Cernunnos (protecteur celte de la forêt), la bibliothécaire blonde qui possède un loup semble venir du film Wolf, alors que les personnages ont carrément les noms des acteurs réels (Mitch et Jack). Chris Claremont multiplie alors les va-et-viens entre les dimensions mélangeant allègrement les notions de réalité, de rêve et de fiction, les juxtaposant comme des bulles de savons dont aucune n’aurait plus consistance que l’autre.
L’ensemble baignant dans une ambiance étrangement ordinaire.
SOVEREIGN SEVEN est donc une série bizarre, brouillonne et bordélique. Mais l’une des seules vraies extension de l’esprit et de la volonté de son auteur. Oserais-je dire sans masque?
Le scénariste s’il cède à tous ses tics, montre par là que sa façon d’écrire, de concevoir une histoire est vraiment personnelle et qu’il est véritablement un auteur à part entière. Perte de contrôle, manipulation mentale et délires SM oniriques seront donc bien au rendez-vous.
L’un des aspects où Claremont s’implique particulièrement est la conception de ses personnages. Ils sont à la fois des avatars aux contours habituels et familiers et diablement travaillés, voire en avance.
Petit tour d’horizon :
1-Cascade. Jeune princesse forte et indépendante au sens de l’honneur exacerbé, toujours en conflit avec sa mère nommée Maîtresse, elle parviendra à s’affranchir de sa tutelle en échappant à leur dimension tandis que la matrone devra resté prisonnière de leur monde. Maîtresse règne, mais sur une prison. Cascade est une fugitive, mais elle est libre. Ororo n’est assurément pas loin, mais là où pas mal d’auteurs n’ont font plus grand chose depuis… quinze ans, L’entendre de nouveau parler à travers cette itération est plutôt troublant. Chris se réapproprie ce qui lui appartenait.
2-Network. Petite blondinette ingénue, elle possède la pureté et la brutalité de l’innocence. Elle est télépathe et sert de lien mental à toute l’équipe. En contrepartie elle n’ a jamais eu accès à l’écriture et en est resté illettrée. Passée à un autre stade de communication, elle ne comprend pas ce langage qu’elle considère presque primitif. Ce n’est pas aberrant. Quand on écoute certains proto-historiens, l’invention de l’écriture ne fut pas forcément un progrès pour l’humanité.
3-Cruiser: un télékinésiste dont le pouvoir se nourrit de son propre corps et qui a besoin de manger sans arrêt comme s’il avait un ténia. Il est donc peut-être le premier super héros avec un embonpoint. Profondément attaché à son monde, il est le seul «Souverain» à suivre l’équipe de mauvaise grâce.
4-Rampart: un prince musulman charmeur sorti tout droit des «Mille et une nuit». Souriant, positif et raisonnable, il est l’un des principaux soutien de Cascade.
5-Reflex:soumis aux codes graphiques des années 90, celui-ci est incroyablement disproportionné, géant difforme et hypertrophié flanqué d’épaulette par dessus le marché, il possède une tête plus petite que ses épaules. Pourtant, Claremont va en profiter pour en faire le véloce du groupe. Il est aussi paradoxalement un viking chrétien faisant démonstration d’une foi inébranlable. Optimiste et enfantin, il emprunte beaucoup à Colossus.
6-Indigo: un être étrange qui a la capacité de se fondre dans les ombres. Maître dans l’art du camouflage et de l’infiltration, il peut incarner également ce que les autres voient en lui. Il est alors incertain qu’il soit un soit un homme ou une femme (il est peut-être «l’un des premiers transgenre du comics mainstream). Très utile comme éclaireur et comme diplomate. Il aide l’équipe à dénouer bon nombres de situations épineuses tout en restant un mystère pour tous ses amis qu’il subjugue par sa grâce et sa beauté.
7-Finale: seule survivante d’une planète aquatique. Elle porte en elle toute l’âme et la culture d’un peuple disparu-un peu comme Superman. Désormais traumatisée elle ne supporte plus la vue ni le contact de la moindre goutte d’eau dont elle se protège en portant une armure intégrale. Guerrière accomplie, elle incarne l’élément instable et violent du groupe. On apprend plus tard que plutôt que de laisser sa planète aux main de l’ennemi, elle a préféré la sacrifier. Vivre libre ou mourir.
On ajoutera: Maîtresse: mère de Cascade, elle est cache derrière son apparente mauvaiseté un secret qui va ouvrir la voie de sa rédemption.
Rapture: qu’est ce que cette chose? Une sorte de fantôme, un vente folie impalpable manipulant les autochtones afin de les asservir. On peut le voir comme une sorte de «Roi d’ombre». Quand on sait que Chris a du écourter sa saga de l’île de Muir, avant de partir de Marvel sans même pouvoir la finir…
Pansy Smith et Violet Jones: propriétaires et gardiennes de Crossroads. Elle sont inspirées par le projet musical Flash girls dont les textes étaient parfois signés par Neil Gaiman. Dans ce comics, elles sont les jumelles personnification double de Roma, au centre du multiverse.
Dès la première page, on sent que le scénariste a bien campé ses personnages, leur donnant des expressions, des tics verbaux, des convictions ou encore du vocabulaire. Trop peut-être et nous touchons là ce qui commence à clocher dans la série.
L’ENFER EST PAVE DE BONNES INTENTIONS.
«Ad res», c’est le maître mot de la série, l’équipe de monarques débarquent dans l’histoire comme un cheveu dans la soupe et le lecteur avec. Intrus sur terre à Crossroads, ils en deviennent presque les figurants de leur propre histoire. Les dialogues très ardus à suivre-et nombreux-n’aident pas à l’immersion dans un intrigue voulue pleine de mystères. A peine arrivés sur terre, qu’ils sont aux prises avec les Furies de Darkseid au sein d’une intrigue qui ne les concerne pas. Ils découvrent ensuite qu’un passage dans la cave mène vers les Enfers et possiblement aussi vers la prison de Maîtresse la mère de Cascade. Ils sont donc résolus à la laisser fermée. Ils affrontent ensuite un serial killer. l’esprit de la nature qui se réveille à la saison de la chasse pendant la fête de Halloween, saison propice aux expériences inter-dimensionnelles surtout à Crossroads. Chaque épisode introduit une, voire plusieurs menaces antédiluviennes, posant à chaque fois plus que questions que de réponses et il faut avouer qu’on ne peut qu’attaquer la seconde année de parution que muni d’une boite de solides antalgiques.
Évidemment la parenté avec les précédentes créatures mutantes de l’auteur se fait parfois criante et comment ne pas reconnaître Ororo chez Cascade ou Nightcrawler chez Indigo. Toutefois, ce serait un mauvais procès à faire dans une époque où toutes les équipes de super héros étaient pompés dessus. Il serait bien dommage que Chris soit le seul à ne pas pouvoir le faire, surtout qu’il nous évite tout de même le clone d’un Wolverine déjà bien essoré au milieu des 90s.
S’il martèle à longueur d’interview, que les personnages Marvel ne sont pas les siens, mais bien la propriété de Marvel et qu’il faut savoir les laisser aux autres, la vérité est bien plus compliqué pour celui qui a inextricablement liée son destin à ses fantasme de papier.
Les caméos de Wolvie uniquement incarné par un «bub» et le «Snikt» caractéristique de ses griffes et celui d’une Ilyana bien vivante, sont les échos douloureux d’une époque où l’un venait de perdre son squelette de métal et l’autre de mourir misérablement.
L’autre gros défaut de la série est de ne jamais trancher sur sa nature profonde. Pour la première fois nous avons bel et bien un titre en mode Creator Owned de Chris Claremont, il a réfléchi, travaillé chaque concept, chaque intervenant, possède chaque personnage, fait preuve d’un éclectisme délirant quant à ses inspirations, comme pour ces antagonistes Esher qui contrôle la perception de l’espace, Archiboldo qui peut transformer les gens en patchwork végétaux, ou animaux et Bosch qui crée des monstres infernaux. Ce trio sert un mystérieux Néron du nom de cet empereur fou obsédé par l’art. La richesse de son univers va rapidement dépasser son créateur. Surtout que Chris se fera un devoir d’intégrer un univers DC classique qui ne cessera de parasiter son intrigue qui pourtant se suffisait à elle-même.
On peut imaginer les Sovereign Seven comme faisant partie de la grande tapisserie du quatrième monde, certes mais ce cela devient vraiment intrusif lorsque la série passe par Gotham en plein crossover «Contagion» ou encore Final Night. Certains guests sont inutiles et de trop comme imposés par un arbitraire extérieur. Impluse, Hitman, n’ont pas grand chose à foutre là, il faut bien le reconnaître. Chris ira même jusqu’à intégrer Power Girl à la série (pour ceux qui sursauteraient, Power Girl n’avait pas la même histoire à l’époque) afin de mieux intégrer sa création au sein d’un univers dont ils ont toujours été les intrus. Avec le recul, le lecteur réalise que l’auteur ne tranche jamais entre creator owned normal et logique et comics mainstream de super héros sans autre but que de ramener ses fans mois après mois. Pire que de ne jamais trancher, Claremont esquive la moindre réponse au point d’en faire oublier les enjeux. A trop complexifier sa trame et à trop la diluer dans un univers qui ne l’intéresse pas, certaines choses s’oublient peu à peu et se font totalement bâcler quand le glas des vente vint sonner l’heure de ranger les jouets. Entre ambition démesurée et travail de commande, Claremont se perd et nous perd…
La saga de ces naufragés dimensionnels, se découpe grosso-modo en trois périodes.
1/Une première année prometteuse mettant en place une atmosphère très inhabituelle dans les comics de super héros. Cascade et ses compagnons découvrent leur nouvel environnement sur terre et font face à plusieurs menaces, tout en jurant de protéger ce monde du danger que représente Rapture. Comment ne pas s’interroger devant cette araignée qui conseille les personnages tout droit sorti de «Charlotte’s Web» où ce Ramirez de Highlander, tandis que plus loin Neil Gaiman s’avère être un obsédé de la bouffe…
2/Une deuxième année où les auteurs se démènent pour amener un certain sens de l’épique dans un climax assez bâclé, Après un détour vers Gotham City, les Sovereign affrontent une multinationale qui kidnappe les bébés pour en faire des télépathes à leur solde. Suite à ça, un nouvel agent de Rapture sépare et attaque les membres de l’équipe un par un jusqu’à ce que Superman vienne sauver tout le monde. Cette séparation permettant un focus sur chaque membre, certains numéros sont très réussis.
3/une dernière année où l’univers DC viendra étouffer le propos et précipiter la série vers le n’importe quoi dans le quel surnagent les dernières réponses importantes en terme de résolution de personnages. On sens un Claremont démotivé qui pratique la «terre-brûlée». A l’arrivée de Power girl, tout tournera soudainement autour d’elle, tandis qu’une dernière intrigue en Russie enclenchera finalement l’attaque de Rapture qui sera enfin repoussé. Un épisode spécial avec Hitman est toutefois très amusant à lire. Claremont qui s’amuse avec le tueur de Garth Ennis vaut son petit pesant de cacahuète. Le vieux rendant hommage à son cadet en imitant le ton (en soft) de son personnage désabusé et amateur de bière brune irlandaise.
Graphiquement, nous sommes en 1995 totalement sous l’emprise esthétique d’ Image Comics où chaque série d’équipe est dessinée en mode «sous-Jim Lee». A ce titre Dwayne Turner souscrit aux épaulettes, tiares, mitaines et autre accessoires inutiles qui ne sont là que pour donner un look, pourtant, il serait injuste ne pas lui reconnaître une certaine personnalité. Déjà son dessin va plus loin en lorgnant parfois du côté caricatural de Todd Mac Farlane et une expressivité qui n’est pas sans rappeler Michael Golden. J’ajouterais que sa façon de vouloir rendre les saisons et particulièrement l’automne sur l’épisode 7 est assez jolie à revoir. Les planches sont donc globalement agréables, même si parfois assez rushées. Il faut dire qu’il ne laisse presque jamais place au moindre fill-in et signe les douze premiers épisodes sans faiblir. Ce sera Ron Lim qui lui succédera à partir du 17 jusqu’au dernier. Ce ne sera donc malheureusement pas l’occasion de relancer la série. Malgré tout, et en dépit des seaux de merde que se prend ce bon vieux Ron sur la gueule, il livre une prestation honnête, détaillée et claire. C’est juste assez plat et sans vraie fantaisie. Le titre perd donc la fraîcheur qu’il avait jusque là. Fini les caméos improbables, les cadrages bizarres et la mise en couleur semble se faire plus criarde également. Les plus sentimentaux remarqueront que Dave Cockrum vient croquer une back-up, et cela pendant 5 épisodes. L’occasion pour lui de refaire équipe avec son vieux comparse du début d’Uncanny, Byrne viendrait il se joindre à la fête? Non je rigole!
Sur la fin Lim tire la langue et les derniers épisodes ne sont vraiment pas à la hauteur.
LE DEBUT DE LA FIN
Revenons plus en détail sur la fin d’une série. Elle est symptomatique de tout ce qui ne va pas dans les univers partagés lorsqu’ils mettent à la barre un auteur dont la voix est trop forte ou trop personnelle. Si SOVEREIGN SEVEN fut son exutoire et son va-tout, à vouloir l’intégrer au DC universe, Chris a en fait perdu de vue son fil conducteur. Cas étrange et unique dans l’histoire des comics, cette série appartient pourtant à son créateur. Ainsi il devra la saborder plutôt que d’en perdre la propriété, Chris ne sachant que trop ce que c’est que de se sentir dépossédé. Peter David ne fit pas la même erreur sur Son FALLEN ANGEL, dérivation de son run sur SUPERGIRL. Il en extirpa tous les scories de la continuité pour finalement concevoir une série pouvant tenir debout toute seule.
Chris se débrouille donc pour ne pas négliger son lecteur à répondre à peu près à toutes les question qu’il se posait, mais au moment de conclure, sort de la route, demande à son dessinateur de ne faire que le crayonné, et avoue: tout est faux, tout n’est qu’un conte, une histoire inventée par l’un des personnages. Chris fait le choix de tout casser lui même plutôt que tout perdre. La dernière page à travers le dialogue n’est qu’un gigantesque commentaire «méta». L’auteur donc de cette fan-fiction, une femme prénommée Morgan (ultime référence à la mythologie arthurienne) soupire en disant adieu à ces personnages qui avaient bien d’autres aventures de prévues. «Bah,se dit-elle, il y aura bien d’autres manières de les raconter…C’est juste dommage qu’il faille attendre longtemps avant de pouvoir les lire…»
Avant de conclure, elle monte dans la chambre de sa fille afin de lui dire bonne nuit, cette fille porte le même prénom que Cascade. Clin d’œil? Flashback sur ce qui va finalement se produire? Une manière de tout recommencer? On ne saura jamais. DC n’aura pas la permission ni l’envie d’utiliser ces personnages.
Chris Claremont ne crie pas «Fuck!»
Il ne claque pas la porte non plus.
Il referme juste un livre pour en ouvrir un nouveau.
En guise d’épilogue, des années plus tard j’eus le privilège de laisser un commentaire sur le livre d’or de son site et c’est très gentiment que lui-ou son assistant- m’a répondu.
J’avais fait part de mon affection pour cette série mal-aimée et du fait que j’aurais aimé en lire la suite.
La réponse qui me fut faite, précisait que l’idée prenait vie doucement sous la forme d’un roman jeunesse. Des rumeurs en 2018 font état d’une parution prochaine? Info ou intox? Tout est possible sur le net. En tout cas j’attends.
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En 1991, viré des Xmen, Chris Claremont tente d’intégrer une équipe d’Outcasts à l’univers DC avec Power Girl en guest star. Ça s’appelle Sovereign 7 et Eddy Van Leffe vous en raconte la saga chez Bruce Lit.
En illustration musicale, la mélodie doucereuse de Pansy Smith et Violet Jones, les Flash girls sur un texte de Neil Gaiman.
Tiens et quand tu passeras par là, tu pourras me dire aussi si le tome Hachette sur Shang Shi est bien^^
Alors le Iron Fist, je suis assez mal à l’aise. j’ai bien aimé, c’est de l’action assez rythmé et c’est assez fascinant de voir « naître » le style de John Byrne sous nos yeux. le premier épisode est totalement quelconque et le dernier, c’est déjà très reconnaissable.
Par contre, c’est vraiment daté. surtout pour ce qui est de la vision de l’étranger par exemple. c’est pas raciste, juste un peu nawak…
Shang-shi: on a le droit à deux mini séries dont une est assez sympa, mais très générique. on suit les aventures d’un expert en art martiaux. bon mais qu’est ce qui fait de Shang-shi un personnage à part entière , je ne saurais le dire. l’autre mini est un Tie-in à Spider Island et ça ne tient pas debout tout seul.
Du coup, le Iron Fist, si tu as envie de lire un truc patrimonial: pourquoi pas. Shang-shi: Bof!
C’est totalement personnel!
Ok. Bon bah je vais peut être tenter le Iron Fist quand même.
Ah les clichés « racistes » je connais^^ C’était les années 70 aussi…
Sont cons pour le Shang Shi d’avoir pris un tie in à Spider Island. Il y a plein de vieux épisodes. Et pourquoi pas sa première apparition ? Bizarre.
« Et pourquoi pas sa première apparition ? »
Ça dépend, la parution est récente ? La principale raison dans ce cas, c’est que série Master of Kung-Fu n’a pas pu être réédité pendant plusieurs décennies pour une question de droits.
Oh bah oui c’est récent. Janvier 2018.
Les volumes Hachettes paraissent toutes les 2 semaines depuis 3 ou 4 ans maintenant.
Dans les premiers shang-shi,il est le fils de Fu-Manchu et de sa moustache diabolique. il ne peuvent plus utiliser ce personnage et donc… boom dans la case ROM et Micronautes…
pour Iron Fist, ne n’est pas raciste, c’est juste que les asiatiques, on les découvraient à peine alors pours ‘exactitude des costumes, des noms tout ça… bon ben ça a super vieilli…
Tant pis. Et pis y’a Misty et Colleen, je les trouve cool moi celles là ^^
Panini a sorti la suite dans l’intégrale numéro 2. Mais bon forcément le découpage n’est pas le même et ça implique d’avoir des épisodes en double.
Pour les rééditions de la première série Master of Kung-Fu, Marvel a réussi à trouver un arrangement en ce qui concerne la propriétés intellectuelle de Fu Manchu, et tous les épisodes ont été réédités en VO dans 4 omnibus. Il y a eu depuis un tome en Epic Collection, pour lequel j’ai laissé un commentaire sur amazon.
Ta jolie rétrospective sur Paul Gulacy m’en a donné l’eau à la bouche je dois dire…
C’est marrant de voir qu’il y a des séries que PERSONNE n’a lu…même pas un mec comme Présence. Alors que l’auteur n’est pas un inconnu.
Tu as bien fait de préciser car je me demandais de quelle série tu parlais. 🙂
En ce qui me concerne, quand j’ai vu arriver cette série de Secret Avengers, je l’ai perçue comme une extension facile de la franchise Avengers pour vendre plus de comics, sans forcer. En outre, le premier scénariste a été Ed Brubaker qui était déjà moins impliqué dans Captain America, donc pas forcément très motivé pour créer quelque chose d’original pour Secret Avengers, et dont il était vraisemblable qu’il avait été collé là uniquement pour le lancement de la série, donc pas très longtemps. Enfin, Nick Spencer était encore un jeune scénariste à l’époque, suiveur de Jonanthan Hickman (comme l’avait été Rick Remender avant lui), et n’ayant pas fait ses preuves.
Avec le recul des années passées, cette série a vu se succéder une suite impressionnante de scénaristes : Ed Brubaker, Nick Spencer, Warren Ellis, Rick Remender. Je n’ai lu que les épisodes d’Ellis (excellents, avec un article sur le présente site) et Remender.
Ca y est, j’ai tout lu ! Je remarque que cette lecture te tient malgré tous ses défauts très à coeur : on sent l’urgence de tes idées à vouloir sortir… que tu te débarasses une bonne fois de cette oeuvre, la lâcher au monde…
Pour ma part il est impossible que je puisse m’y intéresser : trop d’efforts et des scans que je n’aime pas du tout, vraiment trop 90s pour moi. Mais merci encore pour la rigolade et la culture !
La BO : j’écouterai plus tard, je ne connais pas du tout. J’aurai dû me douter que Neil Gaiman avait écrit des chansons…
Je dois avouer considérer Sovereign Seven comme un énorme copier-coller d’Excalibur. Outre la ressemblance fonctionnelle entre le bar et le phare, Cascade est la fille d’une déesse proclamant qu’elle est la vie et le feu, lien direct avec Rachel Summers. Et les frasques dimensionnelles de l’équipe ne sont pas sans rappeler l’interminable Cross-Time Caper
Et puis, c’est du Claremont moderne, qui laisse de plus en plus transparaître les fétichismes de l’auteur. Cascade en fait les frais dans les épisodes parus en VF
Hello JB
merci pour ton retour…
Je te sais attentif aux tics et travers des auteurs de cette génération.
j’ai tenté de parler d’autre chose que de ses tics SM… ^^
Notamment de sa filiation littéraire qui m’a sauté aux yeux quand j’ai relu la série pour la conception de cet article….et du fait que fut écrit par Claremont en toute connaissance de cause comme l’atteste le titre du premier épisode:
» it was a dark and stormy night… »
ce titre est issu d’un livre de Washington Irving est sert souvent dans un but parodique pour qualifier l’écriture un peu trop maniérée…
un peu comme en France on va sortir un truc du genre « Nous partîmes 500 et par un prompt renfort, nous nous vîmes 3000 en arrivant au port… » pour parler des lettre un peu désuètes…
j’y vois une forme d’aveu de l’auteur qui semble assumer aimer ce phrasé si ampoulé comme les auteurs de la première vague de « dark fantasy » américaine.
Je dois avouer que j’aime troller quand cela concerne mes cibles préférées (Byrne, Claremont, Momo, Bendis…) J’aurais dû le préciser dans le message initial : excellent article 😉
Merci
même en quelques mots je te reconnais… ^^
pour Byrne, je vais avouer que qui aime bien, châtie bien…
même pour Claremont d’ailleurs je compte bien prouver cette année que je ne suis pas dénué de regard critique à son égard… ^^
« même pour Claremont d’ailleurs je compte bien prouver cette année que je ne suis pas dénué de regard critique à son égard »
Mon petit doigt me dit que ça a sent les comics fin 90’s de Claremont ça.
say you want a revolution
you’d better free your mind instead….
Ça sent Kitty en mode shibari bien comme il faut, ça
argh!
j’ai voulu me renseigner sur ce qu’était le shibari….
sois-maudit JB!!!! 🙂
ça m’apprendra à faire une recherche google au boulot!
Ah ben oui, j’aurais du préciser NSFW ^^’