On va les épater ! (Astonishing Xmen)

Focus : Les Astonishing Xmen par Joss Whedon et John Cassaday

Un article de BRUCE LIT

VO : Marvel

VF: Panini

1ère publication le 17/01/23 – MAJ le 09/09/24

Les dernières grandes histoires des Xmen ? C’est par ici !
©Marvel / Panini Comics

Cet article portera sur l’intégralité du run ASTONISHING XMEN soit 24 épisodes parus entre 2004 et 2005, tous scénarisés par Joss Whedon et illustrés John Cassaday. Signalons les couleurs remarquables de Laura Martin qui donne à la série un délicieux cachet indépendant que l’on retrouvera par la suite dans GIDEON FALLS.

Des Spoilers Astonishing viendront pointer le bout de leur nez dans cet article.

J’ai déjà écrit un long article sur l’ascension et la chute des ASTONISHING XMEN (AX) je veux épargnerai donc les préliminaires. Rappelons juste que lorsque commence AX, la licence est à la merci de Chuck Austen qui après le départ de Grant Morrison signe des épisodes encore plus pathétiques qu’à l’accoutumée.
Le passage de l’écossais a saigné le lectorat à blanc qui ne se retrouve plus dans ces héros devenus amers, cyniques, violents et souvent idiots.
Il est temps de leur redonner de la noblesse, leur rendre leur personnalité et les débarrasser de leurs blousons noirs vaguement fascistes.

ASTONISHING XMEN se veut être le retour à la couleur scintillante après un noir et blanc gras et poisseux. Avec ses qualités et ses défauts, les XMEN de Whedon font partie des runs qui comptent dans la mythologie des personnages, l’un des derniers moments où l’auteur sait où il va.

Le retour de héros charismatiques et costumés.
©Marvel

AX bénéficie des dernières années de l’état de grâce de l’ère MARVEL KNIGHTS, cet épisode éditorial où les héros MARVEL se distinguait dans des histoires matures et remarqueblement écrites par des équipes solidement en place.
Pour faire rêver nos jeunes lecteurs qui découvrent désormais des histoires Marvel avec parfois 3 dessinateurs par épisodes, AX c’est une équipe instalée pendant deux ans, un luxe inimaginable avec une équipe de 6 Xmen sans guests (sauf dans le tout dernier épisode), sans ce putain de Deadpool et sans crossover.

Surtout, et c’est la grande différence avec le run de Grant Morrison, Joss Whedon connaît ses personnages, leurs caractères, leur mythologie et met son écriture à leur service et non l’inverse.

Un 1er épisode merveilleux pour anciens et nouveaux lecteurs.
©Marvel

Son run se divise en 5 parties :

1/ Surdoués

Après les millions de morts lors de l’attaque de Magneto / Xorn dans PLANET X, les Xmen doivent redorer leur blason. Ils se rappellent qu’ils sont aussi des héros et vont multiplier les sorties médiatiques pour montrer qu’il n’y a pas de différences à être sauvés par les Fantastiques ou les Xmen.
Mais c’est aussi le moment où apparait un vaccin pour guérir les mutants de leur malédiction. Un vaccin qui pourrait être récupéré par des mains moins bienveillantes que celles du Dr Kavita Rao.

Disons le : le 1er épisode avec le retour de Kitty à l’école Xavier est non seulement le meilleur épisode de toute la série mais il mériterait de figurer dans un Top des plus beaux épisodes de la licence.
Après les insupportables ellipses du mégalochauve, Whedon revient avec une écriture chaleureuse qui revisite les grands moments de Kitty Pryde, son héroïne, l’X-Woman la plus attachante ever.

A peine apparue que ses interactions avec Scott Summers à qui Whedon va donner de grands instants, Wolverine son sensei et Emma Frost qu’elle déteste ouvertement sont de vrais régals à lire.

Plus ça change, plus c’est la même chose !
©Marvel

Tout le reste va très vite à un rythme échevelé rappelant les 1er STAR WARS : l’apparition d’un nouveau personnage (chiant) Ord, du SWORD mené par Abigail Brand (encore plus antipathique que Nick Fury, c’est une gageure…) et surtout la résurrection de Colossus sacrifié à la fin du run de Lobdell auquel Whedon rend hommage. Whedon reprend aussi sans vergogne un épisode d’Alan Davis vite expédié à la fin de son run pour lui donner plus de consistance.

C’est aussi et surtout le retour de costumes iconiques qui leur rend leur spandex et leurs célèbres attributs. Ils resteront ceux officiels jusqu’à la fin de AvsX.

2/ Dangereuse

Un épisode nettement moins bon que le 1er qui participe sans encore le savoir à la chute de la licence. C’est le 1er acte de Charles Xavier is an asshole qui accablera la caution morale de nos héros jusqu’à ce qu’il soit écarté et assassiné tous les 10 épisodes.

Charles Xavier commence ici sa loooongue descente aux enfers.
©Marvel


Ici il s’agit de raconter l’histoire de Danger, une IA emprisonnée par Xavier pour entrainer les Xmen en salle des dangers. Une histoire à peu près aussi couillonne que la révolte de Cerebro chez Joe Kelly et Steve Seagle. Il n’en demeure pas moins que la mise en scène est éblouissante et réserve de fantastiques moments d’actions et de complicité entre les personnages.
A noter quand même qu’un enfant meurt dans l’enceinte Xavier dans l’indifférence générale de ses profs et qu’aucune scène ne montre la restitution de son corps à sa famille. Les risques du métier sans doute…

3/ Déchirée

Tout le run de Whedon semble obsédé par la traitrise et l’infiltration au sein des Xmen. Colossus est censé détruire une planète, le gouvernement génocider les mutants et à de nombreuses reprises Emma Frost quitte le champ de bataille pour planifier la chute de ses amis.
Les cendres du Phénix sont encore chaudes et durant ce run le couple Emma Frost/Scott Summers passe du plan cul en authentique histoire d’amour entre deux protagonistes à la fois aguerris par les épreuves de la vie et surpris de l’intensité de leurs sentiments que Whedon distille assez habilement.

La relation entre Emma Frost et Scott Summers enfin correctement écrite.
©Marvel

Emma Frost semble pourtant avoir viré sa cuti en menant contre ses amis un assaut avec Le Club des Damnés. Très à l’aise de ce huis clos passionnant qui explore les failles intimes des personnages, le binôme brille de mille feux même si l’identité de la vraie coupable ne fait aucun doute.

Tous les X-Men ont leur moment, de véritable punchlines même si Scott Summers dont on apprend qu’il n’a jamais voulu contrôler sa rafale et Kitty qui rentre dans la peau de Wolverine se taillent la part du lion.
Après 30 ans de flirt, Colossus et Kitty ont enfin leur première relation sexuelle. Une scène irrésistible montre Kitty en train de phaser au moment de son orgasme.
Un classique.

Quand Kitty jouit, elle toujours faire ainsi !
©Marvel

4 et 5 Invincible et Parti

A peine remis de l’assaut de Cassandra Nova contre l’hôtel Xavier, les Xmen sont enlevés par l’agent Brand du SWORD pour contrecarrer l’attaque de Breakworld, cette planète qui est persuadé que le X-Man Colossus va la détruire et qui a un missile pointé sur la terre.

Manque de pot, le run se termine sur cette histoire assommante et interminable où Whedon tente de reproduire le drama des Xmen contre Les Badoons.
Depuis le début du run, cette intrigue et cette peuplade si antipathique ne tiennent pas la route et plus l’on avance moins c’est cohérent : l’agent Brand cautionne la capture et la torture de Colossus pour infiltrer le Breakworld, capture nos amis pour les forcer à collaborer alors qu’il suffirait de leur apprendre que Peter est vivant et qu’ils doivent une fois de plus sauver la terre.

La « mort » sublime de Cyclope à la hauteur du personnage.
©Marvel

Disséminés aux quatre coins de Breakworld comme au bon vieux temps de la Guerre d’Asgard, les Xmen alternent entre bastons intenses (Wolverine brûlé vif) et scène intimes (Peter et Kitty qui s’envoient l’air une dernière fois, l’Agent Brand qui viole littéralement Hank McCoy). Les intrigues politiques du Breakworld sont tellement tarabiscotées et artificielles qu’il est possible de les survoler et se focalisant sur les interactions entre les personnages : Emma Frost bouleversée par le sacrifice de Kitty qui la déteste, Wolverine dans son rôle de sensei avec Armor, Beast ce nounours profondément bon et humaniste et Cyclope privé de ses pouvoirs qui sacrifie sa vie pour son équipe sans aucune arrière pensée…enfin si… le stratège génial a toujours un tour dans son sac.

Cette histoire restera pourtant majeure pour peu que la continuité des personnages intéresse encore quelqu’un, Whedon écrivant ce run en écho aux nombreuses aventures de Kitty Pryde : elle revient dans une école dirigée par Emma Frost qu’elle fuyait lors de sa première apparition, elle vit enfin son grand amour avec Peter Raspoutine après que celui-ci ne l’abandonne encore lors de l’attaque psychique de Cassandra Nova, elle le tient encore dans ses bras lui dont elle avait disséminé les cendres et elle finit sa carrière dans l’espace, elle qui avait courageusement contré Sidri et Broods.

Même avec des tocards en face d’eux, les Xmen brillent de mille feux.
©Marvel

Après des années de Bendiseries et alors que depuis 3 ans, l’écriture d’une licence qui a dépossédé ses personnages de leur essence et leur concept ne semble déranger personne, c’est un vrai rafraichissement de se rappeler que l’investissement émotionnel prévalait dans le Marvel d’avant et que même si leurs histoires pouvaient parfois être baclées, ces héros, probablement les meilleurs du comics maintsream, restaient les meilleurs dans leur partie.

AX fait partie de ces œuvres rares comme YEAR 1 ou BORN AGAIN qui parviennent à s’imposer aussi bien pour les novice que pour ceux qui ne voudraient lire les Xmen qu’une fois tous les 10 ans. Facile d’accès et fun pour les néophytes, référencé et émouvant pour les autres malgré quelques facilités d’écriture dans la résolution des conflits, ces Xmen savaient faire plaisir à tout le monde en satisfaisant tout à chacun.
Epatant effectivement.

Des adieux pudiques et déchirants entre Emma et Kitty.
©Marvel





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La BO du jour


36 comments

  • Eddy Vanleffe  

    Si ce run ne brille pas par ses intrigues très ingénieuses, les personnages retrouvent une dernière fois leur voix mieux encore qu’avec Claremont, et c’est un pur plaisir à lire, un bonbon comme on dit avec une merveilleuse Kitty Pryde, telle qu’on ne l’a plus jamais vue depuis (et ne me parlez pas de la tortionnaire alcoolique de HOX/POX)

  • JB  

    Merci pour ce panorama !
    Pour la descente aux enfers de Xavier, j’ai envie de chanter sur un air de Billy Joel « He didn’t start the fire, it was always burning since the world’s been turning ». Momo, Waid/Lobdell, Claremont avaient déjà érodé la figure paternelle avant lui.
    Tout le paradoxe de ce run : excellente écriture des personnages (surtout après Momo), mais aventures « OSEF » et souvent déjà vues.

    • Matmout Gougeon  

      Mince, pour Xavier tu m’as devancé, désolé pour la répétition ^^

  • Bruce lit  

    @Eddy : en fait l’écriture de Lobdell et Whedon se ressemblent : intrigues plan-plan et super gestion des personnages.
    @Morisson, ça ne compte pas tu sais bien…
    Chez Waid/Lobdell le personnage est équilibré et sa chute est infiniment triste car le lecteur est du côté de ce bon vieux Charles. C’est tout simplement le récit d’un burnout. Pas d’une manipulation machiavélique, c’est quand même très différent.

    • JB  

      La raison de la haine que lui voue Amelia Voight date de bien avant son burn out. On peut aussi évoquer sa relation douteuse avec Gabrielle Haller, avec laquelle il aurait dû avoir un rapport docteur/patient plutôt qu’une romance avec une femme fragile. Ou encore « L’entité », sa part sombre qui fait subir un viol psychique à Mirage dans X-Men and the Micronauts

      • Bruce lit  

        Ahem…
        Tu n’as pas tort.
        Inconsciemment je zappe ces moments tellement embarrassants pour lui.
        j’aimais bien Amelia Voght.

  • Tornado  

    Voilà un article qui me surprend parce que pour moi ce run est un raté quasi-complet. Bac à soldes sitôt lu.
    Oui, le premier arc était très réussi avec cette sensation formidable d’avoir ENFIN une saga mutante auto-contenue sur une seule série sans saloperie de crossovers. Un seul truc à suivre linéaire et aéré. Oui la caractérisation était soignée. C’était bien écrit.
    Hélas, très vite on s’aperçoit que Whedon raconte des histoires minables, ne s’embarrasse d’aucune trouvaille (le pompon revenant à la résurrection hors-champ de Colossus, sans aucune explication. Hallucinant !). Et puis ça monte en puissance dans la médiocrité pour culminer avec ce faux final dans l’espace complètement délirant et foireux.
    Son équipe restreinte peut rester attachante pour les fans hardcores, mais non je ne suis pas d’accord pour dire que l’ensemble reste attractif pour les autres lecteurs. C’est avant tout un soufflé qui ne raconte quasiment que des histoires médiocres.
    C’est comme pour WOLVERINE & X-MEN (et même UNCANNY X-FORCE) qui reste pour moi une atrocité : On ne peut pas se contenter de respecter une caractérisation des personnages pour flatter le fan. Ça ne suffit pas à faire de bonnes histoires. AX c’est comme W&X : Des histoires pourries (voire complètement débiles). En comparaison Morrison bâcle la caractérisation mais raconte au moins des histoires intéressantes (sur les X-men je veux dire, pas sur Batman…).

    Avec le recul, les X-men, pour moi, sur 60 ans de continuité c’est vraiment peu de bonnes histoires. J’ai de plus en plus de mal à comprendre l’émeute collective que représente encore cette franchise aujourd’hui (que j’adorais quand j’étais gamin).

    • Bruce lit  

      La résurrection de Colossus : elle est expliquée et dans mon souvenir mise en scène. C’est au moins rétrospectivement un effort puisque désormais les personnages reviennent sans tentatives d’explications. Je serai presque d’accord sur le contenu des histoires si ce n’est que le rythme trépidant empêche de trop s’y attarder. Je pensais exactement comme toi avant ma relecture de cet été en passant ce run à mes critères d’évaluation d’une bonne histoire X : y a t-il des moments qui méritent de figurer dans la longue continuité des personnages ? Sont-ils bien écrits ? Une intrigue globale méritant d’être retenue ? Une vision d’ensemble à résumer ? Une alchimie créative ? Et force est de constater que oui, AXM remplit toutes ces cases.

    • zen arcade  

      Tornado a écrit : « On ne peut pas se contenter de respecter une caractérisation des personnages pour flatter le fan. Ça ne suffit pas à faire de bonnes histoires. AX c’est comme W&X : Des histoires pourries (voire complètement débiles). En comparaison Morrison bâcle la caractérisation mais raconte au moins des histoires intéressantes (sur les X-men je veux dire, pas sur Batman…). »

      Je partage plutôt ton avis.
      Whedon, c’était le retour à un certain classicisme de bon ton après le run de Morrison.
      Le retour du comic en pantoufles après l’ébullition d’idées de Momo.
      Ca se lit sans problème, et dans son genre c’est plutôt bien fait, mais c’est tellement moins stimulant que ce qu’avait fait Momo.

      • Bruce lit  

        Je ne suis pas tout à fait d’accord.
        Au fur et à mesure, il a été fait des Xmen une sorte de vecteur unique de toutes les contestations sociales, raciales ou minoritaires. En fait tout a été mis derrière l’adjectif Mutant. Et c’est pour ça qu’à mon sens la licence a perdu en force. En transformant en BD en manifeste politique de ses auteurs.
        Alors certes durant son âge d’or, la licence prônait tolérance et lutte contre le racisme mais pour moi c’est aussi oublier que les Xmen se sont battus en Terre Sauvage, contre les Badoons, les Broods, les Shi’ar ou Proteus sans que tout celà ne vienne interférer. Même la saga du Phénix Noir, c’est l’histoire d’une jeune femme qui veut échapper à tout contrôle. C’est cet esprit d’aventure romanesque que j’ai trouvé dans ces histoires avec une gestion de personnages remarquables qui comptent les uns sur les autres malgré leurs différences et leurs différents.
        Avec le dernier Arc, les Xmen sauvent de nouveau la planète. CA faisait longtemps.

  • Jyrille  

    Très cool cet article, tu me donnerais presque envie d’essayer : j’aime beaucoup Whedon et Cassaday. Dans les scans, on voit bien sa patte et parfois le manque de décor mais je suis très client de ce dessinateur, je ne sais pas pourquoi.

    Pour Whedon, je ne dois rien avoir lu de lui à part son prologue dans les Ultimates de Millar je pense, mais bon, le papa de Buffy et Firefly, je sais qu’il sait écrire.

    Il manque un truc ici : la chronologie des mutants que vous mettez habituellement en fin d’article.

    La BO : super. Toujours pas approfondi les disques solos du monsieur. Là je me fais un XTC que je ne connaissais pas, Nonsuch, c’est fortement conseillé à tous les fans des Beatles et Kinks.

    • Bruce lit  

      C’est envisageable : la chronologie portait jusqu’à présent sur les Xmen des 90’s. Il y a désormais suffisamment de contenus sur le site pour en écrire la suite.
      Ta remarque m’a fait réaliser que Cassaday est effectivement fâché avec les décors. Je ne l’avais pas réalisé, pris par la beauté des planches.

  • Matmout Gougeon  

    Plein de frissons à la lecture de cette chronique consacrée à l’un de mes 5 ou 6 runs préférés sur la franchise mutante. Ca fait chaud au cœur.

    Astonishing X-Men ou le tour de force monstrueux d’un Whedon qui parvient à proposer un récit très « rétro » dans son approche, tant sur le plan scénaristique que graphiques (le retour du statut de super-héros, les clins d’œil plus qu’appuyés à l’ère Claremont/Byrne/Paul Smith), tout en conservant les apports de ses prédécesseurs. Au final, un récit intemporel qui s’exonère de la continuité de l’époque pour se recentrer sur ce que Whedon a à raconter, comme tu le soulignes très justement (aucune implication dans quelconque crossover ou event, qu’il soit mutant ou non).

    Le gros point fort de ce run, ça n’est pas tant l’intrigue (comme toi, je n’ai pas cherché à m’intéresser aux ramifications du Breakworld et compagnie, on n’est absolument pas là pour ça et au fond je m’en bats les yeu-cou mais d’une force) que la caractérisation des personnages et surtout les dialogues. Cyclope est de nouveau le leader – je dirais pour la première fois « charismatique » et « badass » – en qui ses co-équipiers peuvent se fier sans même avoir à réfléchir. Je me souviendrai toujours des échanges entre Kitty et Emma (cette dernière n’aura d’ailleurs jamais autant rayonné que sous Whedon) qui viennent délimiter le début et la fin du run, comme en écho. Tu le dis très bien, Whedon consolide ce qui n’était qu’une vulgaire affaire d’adultère chez Morrison et rend crédible la présence et le statut d’Emma Frost au sein des X-Men.

    Et bien évidemment, gros « thums up » pour Cassaday, son travail sur la caractérisation des visages plus que sur les décors, et ses découpages cinématographiques (la scène où Cyclope pulvérise les Sentinelles venues attaquer l’institut, incroyable découpage), dans un style au fond très proche de celui de Paul Smith. Son Emma Frost est comme je l’aime, froide et impériale, là où sa Kitty est toute menue, presque enfantine. C’est ce que j’ai lu de meilleur de sa part.

    Juste pour revenir sur l’un des passages de ta chronique concernant l’arc Dangereuse : « Un épisode nettement moins bon que le 1er qui participe sans encore le savoir à la chute de la licence. C’est le 1er acte de Charles Xavier is an asshole qui accablera la caution morale de nos héros jusqu’à ce qu’il soit écarté et assassiné tous les 10 épisodes. »
    -> C’est sans compter l’épisode Onslaught (années 90), l’épisode où Xavier force Tornade à commettre un vol (années 90 toujours) ou encore celui où l’on découvre qu’un Xavier adulte lorgne dangereusement sur sa jeune élève rouquine (eurk). Au final, Marvel n’avait pas attendu Whedon pour écorner la figure paternelle bienveillante.

    • Bruce lit  

      ça alors, on est d’accord sur tout !
      Tornade vole pour Xavier, non pas pour Onslaught mais Fatal Attractions : il s’agit d’obtenir une combinaison pour affronter Magnus. Ce que j’aime, c’est qu’à l’inverse de maintenant, les Xmen ont encore un esprit critique et Ororo lui sort cette réplique cinglante : « Charles, je suivrais toujours vos ordres et si besoin je mourrais pour vous. Mais jamais plus vous ne me demanderez de voler : les Xmen sont au-dessus de ça ». Et là dessus, impériale elle s’envole sans un regard. Le costume de Xavier n’ayant pas été endommagé, gageons que Charles l’a rendu par la suite….
      Les pulsions pédo de Charles : ce n’est ni le fait de Waid et Lobdell mais bien de Stan Lee dans XMEN 1 ! Oui, dès la toute première histoire ! Waid, raccrochera les wagons en rappelant qu’il s’agissait d’une pulsion bien entendu inconsciente.

      • Matmout Gougeon  

        Comme quoi, on ne peut pas qu’avoir des divergences (cf Ultimate X-Men) 😉 )

  • Fletcher Arrowsmith  

    Bonjour Bruce,

    je suis assez team Matmout sur les Astonishing X-Men de Whedon et Cassaday. Il a d’ailleurs bien développé son argumentaire.

    J’appuierai aussi sur les dessins de Cassaday (d’ailleurs c’est étonnant que tu en parles si peu, alors que tu avais signalé l’excellent travail de Laura Martin à la colorisation dès ton introduction), très en forme (il n’y a que dans PLANETARY qu’il a fait mieux je trouve), parfaitement en phase avec les deux périodes de référence, Claremont-Byrne et Claremont-Smith (et début de JRjr).

    Les arcs ne sont pas révolutionnaires mais se tiennent. Pas pire que d’autres scénarii de soit disant cadors. Parfois faire simple ce n’est pas plus mal. Il y a quand même des bonnes idées, notamment Danger que j’ai de mon côté assez apprécié. D’ailleurs Fraction (pour la fameuse bullet puis Ord) et Carrey (Danger) sauront s’en rappeler.

    Saga en 4 arcs : là aussi simple, lisible. C’est peut être là que se trouve la faiblesse du passage de Whedon. Claremont, sur qui il prend exemple, bien que très verbeux (ce que n’est pas Whedon) arrivait à faire des aventures en 1, 2 voire 3 épisodes maximum. Depuis McFarlane et son $pider-Man, on a désormais une écriture décompressée et calibrée pour la vente de TPB ou HC. C’est dommage car avec plus de consistance dans la proposition de Whedon, je reste persuadé que l’on aurait eu un véritable passage marquant.

    Sur Xavier je suis persuadé que peu de lecteur l’apprécie réellement. Claremont a tous fait pour s’en débarrasser en y arrivant d’ailleurs. Mais j’avais bien aimé son traitement sous JRjr de UXM 175 à UXM 200, puis sous Lobdell/Nicieza et Carey.

    La BO : je ne connaissais pas ce titre de Paul. On oublie souvent qu’il taquine le piano également.

    • Bruce lit  

      J’avoue : généralement je laisse à Présence la palme de la meilleure description des dessins sur le site quand je suis plus à l’aise sur la portée narrative et scénaristique des scenarii.

  • Surfer  

    Alors j’ai acheté ce Run lorsqu’il est sorti en albums Deluxe.
    J’ai encore les 2 tomes.
    Par contre, cela remonte à quelques années (Le temps passe si vite☹️).
    Du coup, je ne me souviens que vaguement des intrigues! Et c’est vrai que ce n’est pas forcément ce qu’il faut retenir de ce travail.
    Ce qui m’a le plus marqué et dont je me souviens encore, est la parfaite caractérisation d’un groupe de personnages restreint, leurs dialogues et les clins d’œil à Claremont.
    Je me souviens aussi que c’était l’époque où je reprenais de manière intensive la lecture de comics et qu’en lisant ce Run j’avais l’impression de retrouver les X-Men de mon enfance (La merveilleuse période Spécial Strange 👍).

    Tu m’as donné envie de me replonger dans mes Deluxes. Et par la même occasion par tout ce qui a été produit grâce de l’ère MARVEL KNIGHTS. Ma bedetheque regorge de bons comics de cette période bénie 😉. Il est temps de se raviver la mémoire par des œuvres intelligentes qui le méritent.
    Au regard de ce qui se fait aujourd’hui je ne perds pas au change et je fais des économies 😉.

    La BO : Un titre de MACCA est toujours une valeur sûre 👍

    • Bruce lit  

      Comme je le mets dans l’article, la force de ces histoires est d’être intemporelle. Tu n’auras donc aucun mal à raccrocher les wagons.

  • Tornado  

    Je me rends vraiment compte qu’on n’a pas les mêmes attentes et les mêmes degrés d’évaluation selon les sujets et surtout selon les médiums.
    C’est vrai qu’avec les super-héros je suis très exigeant et vite très critique. C’est parce que je trouve que le genre très bête à la base, raison pour laquelle il me faut du niveau pour que ça me plaise. Il ne faut pas que ce soit pris à la légère, en tout cas pas à l’arrache. Ici, non, je ne peux pas me contenter du fait que Whedon écrive les relations entre les personnages à partir d’histoires-prétexte. Je veux d’abord lire une bonne histoire avec si possible de la consistance. Juste des relations entre les personnages ? Non. Aucun intérêt à mes yeux. Ce sont des personnages auxquels je m’intéressais quand j’avais 7/8 ans.

    Je remarque au contraire que je suis hyper indulgent avec les séries TV par exemple. Et même les films. J’ai aimé toutes les séries STAR WARS quand la majorité gerbe dessus sur des détails qui ne posent aucun souci dans les comics.
    Je viens de finir WILLOW et même si j’ai trouvé ça très léger, je me suis bien amusé en me vidant l’esprit une fois par semaine. et j’hallucine de voir la haine générée par la série sur les RS. Surtout de la part de gens qui se disent fans du film de 1988, et qui reprochent à la série… et bien juste TOUS les défauts du film (scénario à la truelle, poncifs, personnages pas bien malins, humour constant). C’est fou. Qu’attendaient-ils ? le nouveau BLADE RUNNER ? Le nouveau Kubrick ? C’est WILLOW bon sang !
    Et bien sûr il y a eu le cas LES ANNEAUX DE POUVOIR avec les gens qui scutent le moindre atome de chaque image pour essayer de trouver un défaut et de déglinguer la série parce que, apparemment, leur vie est en jeu à chaque seconde de visionnage…

    Comme quoi, on n’a vraiment pas les mêmes attentes selon le médium.

  • Présence  

    Quel plaisir ce fut de découvrir le premier épisode de cette série. Exactement comme tu l’exprimes : Joss Whedon connaît ses personnages, leurs caractères, leur mythologie et met son écriture à leur service et non l’inverse.

    Le 1er épisode avec le retour de Kitty à l’école Xavier est le meilleur épisode de toute la série. – Au fur et à mesure de ma lecture, je me suis trouvé conforté dans ce ressenti : le meilleur épisode de cette itération d’Astonishing X-Men.

    Un épisode nettement moins bon que le 1er qui participe sans encore le savoir à la chute de la licence. – Pour cette série, mon impression de lecture a été que la qualité baissait à chaque nouvel arc, peut-être parce que je suis plus sensible aux intrigues, peut-être parce que j’étais insatisfait par ce scénariste qui mise beaucoup sur les émotions, à la limite (à mes yeux) d’une mise à profit facile (mais il est vrai par quelqu’un qui connaît ses personnages, leurs caractères, leur mythologie) pour un retour d’investissement à très court terme.

    Danger : le début de la déception en ce qui me concerne, avec un concept très intriguant de mutation d’Intelligence Artificielle, et un développement dans lequel le scénariste finit par perdre le sens de cette mutation conceptuelle.

    A noter quand même qu’un enfant meurt dans l’enceinte Xavier dans l’indifférence générale de ses profs : j’ai peine à croire que tu puisses exonérer Whedon pour un tel comportement, tu aurais crucifié Bendis ou Hickman pour moins que ça. 🙂

    Les intrigues politiques du Breakworld sont tellement tarabiscotées et artificielles : un concept catastrophique où seuls les forts survivent, ou les mises à mort des faibles sont encouragées. Une fois fois que tous les faibles sont morts, qui fait fonctionner cette société ? D’ailleurs, les enfants ne sont pas dans les forts, donc on peut, non, on doit les massacrer.

    AX fait partie de ces œuvres rares comme Year One ou Born Again : non mais allo quoi ? pour citer une célèbre penseuse du 21ème siècle. Je suppute une provocation intentionnelle car je ne peux croire que tu mettes sur le même plan Born again et ces deux saisons d’Astonishing X-Men.

    Wikipedia indique que Whedon & Cassaday ont produit ces 24 épisodes en 4 ans, de 2005 à 2008.

    • Tornado  

      Merki Présence (d’accord avec lui ++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++)

    • Bruce lit  

      Tu veux dire que mettre 5 étoiles à toutes les oeuvres, quelques soient leurs qualités, serait vain ?
      Je le maintiens : Pour qui voudrait découvrir les Xmen sans continuité et à moindre coût, c’est une occasion rêvée.

      • Présence  

        Touché. 🙂

  • JP Nguyen  

    En comparant avec l’intro de ton ancien article sur le run de Marjorie Liu, il semble que tu as réévalué ce run à la hausse suite à ta relecture de cet été.
    Pour Cassaday, je préfère son boulot sur Planetary, plus varié et chiadé.
    Pour le scénario, je suis mitigé. J’aime plutôt la caractérisation mais ça frôle parfois l’overdose de fan-service. Par exemple, le moment où Kitty prend la pose de Wolverine sortant de l’eau dans la saga du Phoenix.
    Et la conclusion du suppositoire géant est à la fois grand guignolesque et décevante. Je n’ai pas souvenir de moments aussi poignants que Claremont à ses meilleures heures. Ça reste poseur, ça raconte un truc con, juste avec de bonnes illus et quelques bons moments. Pas assez pour le mettre dans mon top 5 des X-Men.

    • Bruce lit  

      Oui, je l’ai revu à la hausse car une oeuvre s’apprécie aussi en fonction du contexte dans lequel elle paraît.

  • doop  

    Un des derniers runs qui m’ait enthousiasmé !

  • Kaori  

    Comme Doop, le dernier run avec les X-Men que j’ai vraiment aimé.
    Je me rappelle de cette époque où je débarquais ici, et où on débattait d’Emma Frost que j’ai longtemps honni. Où on me conseillait des lectures. C’est ici le seul run où je l’apprécie.
    La scène où elle et Scott « voyagent » dans le passé de Scott est d’une telle intensité, dans les mots, dans les images. J’ai adoré.
    Ce run m’a rendu leur relation acceptable, voire même touchante. Ce n’est pas peu dire !
    Alors que le run de Morrison, il n’y a rien à faire, je ne peux pas, je ne supporte rien là-dedans.

    Peut-être que les intrigues sont tarabiscotées, voire inintéressantes, c’est sans doute vrai. Mais pour quelqu’un comme moi qui vibre d’abord avec les personnages, ça n’a pas grande importance. Tout dépend donc de notre grille de lecture.

    Cette série n’est pas trop longue, les personnages sont bien écrits, certes elle a des défauts (Danger ou Abigail, en effet, rien à carrer), mais ça fait tellement de bien après Morrison.

    Un constat me revient en revoyant la scène où Scott décide de ne jamais contrôler sa rafale optique : c’est resté. Le « nouveau monde de Krakoa » permet aux mutants de ressusciter comme ils le souhaitent. Scott aurait pu choisir de guérir son inaptitude à contrôler sa rafale optique. Le contraire me parait inconcevable, au vu des capacités extraordinaires de chacun. Pourtant, il a toujours sa visière ou ses lunettes.
    Ca me donne envie de relire cette scène, tiens !

    Merci pour cet article, ça fait plaisir de voir ce run si bien noté !

    • Bruce lit  

      Alors ce passage où Scott décide de ne jamais contrôler sa rafale, je ne l’ai jamais compris.
      Mais effectivement, que ce soit sur Krakoa ou même lors d’AvsX, il décide de rester handicapé.

  • Christophe  

    Concernant la décision de Xavier de dissimuler l’existence de Danger. Si on l’isole des autres récits qui diabolisent le prof il en reste un récit qui interroge. Xavier est un idéaliste, sa détermination à concrétiser son rêve le pousse à faire un choix. À la lecture de cet arc je n’ai pas pu m’empêcher de me demander « et moi, à sa place, j’aurais fait quoi ? ». Xavier n’a jamais été un héros mais un idéaliste et ce récit nous rappelle que les idéaux entraînent bien souvent des compromis pour se réaliser.

    • Bruce lit  

      Salut Christophe.
      Tu as tout à fait raison. Xavie est un idéaliste qui mène une guerre secrète dans laquelle il fait mourir la jeunesse. C’est le propos que soulevait Mike Carey dans son run.

      • Bruno :)  

        En même temps, le personnage a été créé dans les Sixties : il reflète les espoirs humanistes des mouvements populaires de l’amérique de cette époque-là. Et, comme pour beaucoup d’autres aspects de ce Comic si particulier, il est regrettable que ce trait originel n’est pas évolué avec le temps.
        Le pitch S.F. aurait définitivement pu encaisser les années, si l’intérêt principal soulevé (la différence et ses conséquences sociales -rejet/intégration- et personnelles -psychologiques/éthiques-) n’avait pas été complètement perdu de vue au profit du genre Super-Héros -même si, là, je suis complètement dans l’illusoire, hein ! Marvel, c’est pas le marché visé.
        … Mais ce serait pas mal si des auteurs inspirés s’attaquaient -sans forcer la caricature- au sujet : Xavier et ses élèves, à l’école ; point barre.

  • Jyrille  

    J’ai craqué, j’ai pris le premier tome à bas coût de cette série.

    • zen arcade  

      Classique, bien réalisé mais sans surprise.
      Ca se laisse lire sans déplaisir mais c’est quand même très mineur par rapport à ce qu’avait fait Morrison.

      • Jyrille  

        Je ne suis pas du tout attaché aux X-Men. J’adore Morrison mais je n’ai même pas envie de lire son run. Je viens surtout pour Cassaday et un peu pour Whedon. Plus de la curiosité qu’autre chose.

    • Bruce lit  

      Aucun risque que tu sois déçu, c’est très accessible

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