Le Surfer d’argent par Stan Lee et John Byrne
1ère publication le 1/06/17- MAJ le 13/11/18Par: BRUCE LIT
VO : Marvel
VF : Lug
Sortie en 1982 et publiée en 1985 en France, Le Surfer d’argent est une aventure complète scénarisée par Stan Lee et dessinée par John Byrne. L’encrage et les couleurs sont assurés par Tom Palmer. Le titre original est Run for Terror.
Les scans sont pour la plupart faits maison.
Pour peu que la notion de spoilers s’applique à une histoire old school vieille de 35 ans, cet article en sera parsemé de puissance cosmique.
Avec le temps, on finit par devenir ce que l’on a toujours été.
Uh ? Je m’explique !
Cette histoire de moins de 50 pages, complètement ampoulée old school, je devais avoir 12 ans lorsque je la découvrais chez Lug. Mes goûts étaient pourtant quasiment les mêmes qu’aujourd’hui: des héros urbains, middle class et faillibles. Avec déjà une sainte horreur des histoires spatiales, des magiciens psychédéliques et des divinités Marvel.
Mais j’aimais cette histoire. Parce que j’adorais les dessins de Byrne. Que l’histoire était facile à suivre et que déjà la simplicité narrative me séduisait. Et qu’enfin, comme pour La mort de Captain Marvel, il était possible d’apprécier cette histoire en se contrefichant totalement de l’univers du Surfer d’Argent.
Lui, je ne le croisais que de temps à un autre en guest dans Nova. C’était un gars gentil, sympathique mais un peu chiant à se lamenter en permanence sur son sort. Mais cette histoire, il aura fallu que je la relise une vie plus tard pour comprendre ce qui me parlait déjà.
Pourtant on ne pourra pas dire que l’histoire de Stan Lee soit des plus virtuose. C’est d’ailleurs le problème avec le papa de Marvel. Rien de ce qu’il aura produit en tant que scénariste n’aura été inoubliable. Pour tout vous dire, pour un gamin né dans les seventies, ses productions semblaient déjà ringardes pour qui découvrait en temps réel Frank Miller, Claremont ou Jim Starlin. Même Kirby…Je trouvais son style « froissé », nettement moins fascinant que les couvertures françaises incroyables de Jean Frisano de l’époque. Et ne parlons même pas de Ditko, qui lui était déjà fréquemment descendu dans le courrier de lecteur. Les apprécier, ce serait pour plus tard au moment du retour aux fondamentaux.
Les dessins de Byrne me paraissaient tellement plus actuels. Tout simplement magnifiques. C’est ici que vous trouverez la séquence où transfiguré par Galactus, le Surfer sort de la paume du Celeste pour atterrir sur les pochettes de disque de….Joe Satriani !
C’est aussi ici que Byrne réussit à met en scène l’espace, son silence et son immensité sans avoir l’impression d’avoir gobé les hallucinogènes de Pink Floyd.
C’est enfin ici que vous trouverez des angles de vues tout simplement-euh-hallucinants suggérant la force tranquille du Surfer sur la gravité qu’elle soit physique ou de situation. Sans oublier la grâce du langage corporel du héros.
Euh..Tout ça pour dire, que cet album n’est pas un chef d’oeuvre…Dès l’ouverture, on sait pas très bien s’il faut rire ou pleurer. Le Surfer, avachi dans un décor désolé est en pleine crise d’auto-apitoiement. Tout au long de l’histoire il faudra supporter la mise en scène théâtrale de Lee avec des dialogues grandiloquents inoubliables : « Me voici au milieu des vestiges poussiéreux d’une civilisation autrefois glorieuse ! Moi aussi, j’ai connu la gloire, la joie de vivre, la griserie de l’amour« .
Et puis ce scénario…Un grand foutoir quand même : après avoir revisité les origines du Surfer, on retourne sur la planète dont il était banni (Zenn-La). Il se fait jeter comme une vieille chaussette cosmique, revient sur terre en défonçant le château de Doom avant de repartir illico chercher sa meuf en enfer chez Mephisto. Avec une fin plus théâtrale que jamais. Une écriture à l’ancienne où les amants se séparent un peu dégoûtés en deux cases avant de remonter la pente à la vitesse de la lumière alors que la plupart d’entre nous se seraient déjà tiré une balle…
C’est pareil pour les combats : Le Surfer affronte et triomphe de Mephisto et de Galactus en deux pages sans que les pouvoirs des uns et des autres ne soient clairement définis.
Et pourtant, l’album présente un charme irrésistible allant au delà des illustrations de Byrne. Parce qu’il s’agit probablement de l’histoire de Stan Lee la plus sobre. Presque plus de bulles de pensées et aucun de ces pavés de texte. Rien que ça, c’est presque une révolution concernant le bagout du personnage.
Ensuite, le sous-texte est tellement savoureux que l’on aurait tort de bouder son plaisir. Le Surfer, en tout état de cause est présenté comme un héros qui, pour sauver sa patrie, s’engage à en offrir d’autres à un tyran. Lorsque l’on sait les liens ténus entre créateurs juifs et comics, il est difficile de ne pas y percevoir une certaine métaphore-inconsciente- de la seconde guerre mondiale, voire de la Shoah (point Godwin : ON).
Norin Radd, c’est un peu l’indicateur de la Gestapo. Pas celui de mauvaise intention qui enverrait sciemment enfants et vieillards à la mort. Plutôt un type forcé de faire des choix cruciaux comme les Rabbins dans le Ghetto de Varsovie sommés de sacrifier un quartier pour en sauver un autre. Tel est à la fois l’embarras et la richesse dans laquelle nous plonge cette lecture : un héros qui part soulagé d’avoir sauver sa planète et s’engage à en détruire d’autres…
Un pitch qui donnera naissance à des imitations plus ou moins célèbres, plus ou moins conscientes : Rom qui, face au même Galactus détourne la fureur du dévoreur de monde sur la Nébuleuse Noire. Ou encore Les Sayens de Dragon Ball Z qui, soumis au tyran Freezer, partent coloniser d’autres planètes pour épargner la leur. Leïla Organa qui pour sauver la galaxie de la dictature de l’Empire, entraîne la destruction de la planète Aalderan. Ou cet idiot de Gambit qui collabore avec le Dr Mengele de l’univers Marvel, Mr Sinistre, en dirigeant les Maraudeurs dans les tunnels Morlocks sans savoir ce qui aller s’y passer (sic). Dans tous les cas de figure, la mort et la destruction d’innocents est au programme.
Lorsque le Surfer revient tel un exilé dans sa patrie, il découvre une planète détruite, des restes d’enfants assassinés et des survivants décharnés, affamés et haineux. Il est clairement reproché au Surfer d’Argent d’avoir collaboré au massacre de son peuple dans une séquence où la vue de la planète Zenn-La ressemble étrangement aux baraquements d’Auschwitz vu du ciel par les avions américains.
Vous trouvez toujours que j’extrapole ? Bon, là vous commencez à être un peu chiants parce que rappelons quand même que Byrne mettait en scène un an plus tôt les Xmen dans des camps d’extermination dans le légendaire Days of future past….Et que Lee en créant Ben Grimm n’a fait ni plus ni moins qu’une mise à jour du Golem.
Comme souvent chez Marvel, le héros doute de son innocence avant d’être dédouané par son scénariste : ce qui est arrivé à Zenn-La, c’est pas la faute du Surfer mais celle de Mephisto, le diable de l’univers Marvel. Après une séquence dans la vieille Europe, autrement dit les pays de l’Est (on s’en sort pas !), le Surfer affronte Mephisto en Enfer.
D’historique, le récit prend alors une tournure mythologique : le Surfer devient à la fois Ulysse qui, exilé de sa patrie, s’acharne à vaincre tous les périls pour rejoindre sa bien aimée dans une quête toujours plus longue. Orphée qui va chercher son amour en enfer sans pouvoir l’en sortir. Icare, dont l’ascension vers les Dieux n’a d’égal que la Chute. Et le Christ, qui rachète les péchés du monde en affrontant le démon et qui par son sacrifice permet la renaissance de son monde.
Au final, sur un script plutôt médiocre, Stan Lee parvient, aidé il est vrai par un dessinateur sensationnel, à raconter une histoire fascinante à la Marvel. Oh, certes, ce n’est ni du Alan Moore ou du Gaiman en ce qui concerne un développement philosophique resté ici à l’état embryonnaire. Mais parvenir à cette croisée de voies lactées, historiques et mythologique n’est pas honteux non plus. Tout comme pouvoir réveiller les émois de l’enfance de votre serviteur 30 ans après.
Le Surfer d’argent cumule ce qu’il y’a de meilleur et de pire avec la littérature super héroïque : une narration souvent embarrassante avec des sous textes passionnants dépassant les intentions des auteurs. Si avec cette histoire Stan Lee ne parviendra jamais à passer pour un nouveau Shakespeare, il prouve par son habilité à…surfer sur la mythologie et les grands drames humains qu’il n’aura pas usurpé son appellation d’Homère du XXème siècle. Ce qui n’est pas rien.
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La BO du jour : Le Surfer, une nouvelle version d Ulysse ? Quelle est belle ma liberté chante le grand Georges.
https://www.youtube.com/watch?v=_DJiFs65hcc
Je n’ai jamais trouvé vraiment d’histoire de Stan Lee qui me passionne en effet. Sans être toutes honteuses, c’est souvent un gros « mouais ».
Par contre j’adore l’ambiguité qui se dégage du personnage de Galactus. Parfois (souvent) présenté comme un abominable tyran, c’est pourtant quand il est présenté comme une entité échappant au concept de bien et de mal que je le trouve intéressant.
Tu le compares aux nazis…moi je le comparerais à un humain qui marche sur une fourmilière. Non, même pas. Qui mange des fourmis pour survivre.
Ah oui ok c’est pas cool pour les fourmis. Mais aucun humain ne va aller en taule pour avoir fait ça. ça nous semble tellement risible quelques bestioles qu’on voit à peine et qu’on écrase sans faire gaffe, et même sans méchanceté.
Galactus c’est un peu ça. Le mec mange pour se nourrir et les concepts de moral à l’échelle des fourmis, il ne les conçoit même pas.
C’est du moins comme ça que je l’apprécie. Cela lui permet aussi malgré ce qu’il fait de passer le temps d’une saga pour un allié des héros si l’univers est menacé.
Bref tout ça pour dire que ce que je retiens d’intéressant dans cette histoire, sans vraiment savoir si Galactus est bien écrit, c’est cette ambiguïté sur le rôle du surfer qui doit supporter le poids de commettre, à son échelle, des actes atroces…qui ne sont rien d’autre que l’ordre des choses pour son maître.
Malgré tout le plaisir à regarder les dessins de John Byrne, voilà une histoire que je n’ai dû lire qu’une seule fois, en particulier du fait des limites que tu pointes avec pertinence sur le scénario de Stan Lee.
En regardant l’iconographie de l’article, je vois aussi l’influence de Jack Kirby (pour le Surfer qui sort de la main de Galactus), celle de John Buscema (pour le portrait en pied de Galactus).
J’admire l’encrage de Tom Palmer. Je n’en peux plus de ces villages de l’Est de l’Europe qui semblent figés au début du 20ème siècle (le dessin avec la légende : Des situations toujours plus théâtrales), et encore tout juste sortis du moyen-âge, il ne manque parfois que la calèche, comme si le seul élément de référence des dessinateurs était les films de monstres Universal.
En effet comme tu le dis le script de cet histoire n’est pas exceptionnel et pourtant 30 ans plus tard on s’en rappelle encore ! C’est presque un art au final d’amener une histoire un peu bancale au rang d’œuvre inoubliable !
Personnellement le coté mélodramatique du Surfer ne m’a jamais dérangé, bien au contraire en bon fan de Cure la mélancolie, la nostalgie, le mélodrame (j’en passe et des meilleurs) m’ont toujours hautement parlé !
Je reste donc fan du personnage.
Même si paradoxalement je trouve qu’il a perdu une grande partie de sa majesté et de sa grandeur à partir du moment il a quitté la terre !
Mince certains oiseaux sont pus beaux en cage ??
Tiens au fait dans cette collection TOP BD, ça me fait penser que j’avais lu « l’effet aladin » et « Fatalis Imperator ». Je garde un bon souvenir du 2ème avec un Fatalis en mode maître du monde qui se montre moins cruel que ce qu’on pourrait imaginer. Dictateur certes, mais pas horrible avec le peuple.
Le premier, je ne m’en souviens plus trop. C’était curieux. Une histoire avec une petite fille comme perso principal. Je crois qu’à l’époque j’avais trouvé ça pas assez super héroïque, trop différent. Mais peut-être est-ce le point fort du truc.
@Matt : Dictateur certes, mais pas horrible avec le peuple. Gasp ! ça existe ça ? On dictate sur qui alors ? 🙂
Je te taquine. Je vois très bien où tu veux en venir sur le côté « noble » du personnage. Il y a même des moments où Doom a sauvé l’humanité quand même ! Inversement, dans le run de Waid pour les FF, les effets de sa dictature sur le peule sont bien amenés. Mais quelque chose me dit que nous v’avons pas fini de parler de lui…Puisque il sera le prochain collant sur Divan du Dr Hivence.
@Pat 6: Le surfer héros gothique ? Mince, c’est la semaine des concepts étranges chez Bruce Lit…
@Présence: Je n’aime pas taper trop fort sur Stan Lee. J’aime bien le personnage. Je n’ai pas envie de tuer le père. Je suis même parfois agacé de ce qu’on lui reproche. Ça me rappelle cette idiotie que j’entendais dans les années 80 à propos de Paul Mc Cartney : « ils ont tué le mauvais Beatles ». Et bien moi j’aime Mc Cartney. Je peux même vous démontrer qu’il fut plus créatif que Lennon. Mais au final, pourquoi toujours choisir entre la tête ou les jambes ? Kirby ou Lee ?
Quel créateur n’a pas de zone d’ombre ? Dîtes : il faudrait donc réduire la portée des oeuvres de Paul Claudel ou de Rodin parce que ils ont abandonnés et rendu folles Camille Claudel. C’est totalement absurde. Et dénote de l’obsession de notre civilisation pour la faute, l’incident de parcours, le dérapage ou les conneries.
Personnellement je continue donc d’apprécier les talents d’acteur de Brando, de Kinski ou de Depardieu qui ont autant détruit que créé. Et je crois aussi en la rédemption et la réconciliation. Comme en témoigne cette très émouvante photo de Lee avec Miller prise récemment.
Roo oui, j’ai pas réfléchi au sens du mot dictateur en écrivant ma phrase. Un monarque tout puissant je voulais dire.
Et ça parle de l’obsession de la faute après hein.
Je taquine aussi. Ne nous « détestons » pas^^
Quelqu’un partage mon avis sur Galactus ? Oui ? Non ? Je suis le seul fan de cosmique ici ?
Ils étaient fâchés Lee et Miller ?
Miller a beaucoup ragé contre Marvel. Je n’en sais pas plus.
Galactus: c’est un personnage que j’aime bien mais que je connais très mal puisque allergies cosmiques…Au fait, on l’a déjà vu sans son masque ?
Euh….ouais, mais les auteurs ne semblent pas se décider sur son apparence.
http://aminoapps.com/page/comics/5468016/galactus-unmasked
Parfois on l’a vu…chauve. Je trouvais ça moyen.
Byrne l’a dessiné comme ça :
http://www.geekykool.com/image-of-the-day-galactus-unmasked/
Un peu trop humain peut être.
Et le voilà chauve :
https://static.comicvine.com/uploads/original/1/12780/1193440-023b_hurtsthanos_thanos5.jpg
M’enfin ! JP Nguyen a même intégré toute une page de Galactus sans son masque dans l’article paru il y a 2 jours.
Du coup je suis allé revoir cette pleine page, et j’ai un peu exagéré dans mon souvenir. Il s’agit du dessin avec la légende « Plus un concept qu’une entité physique ». Une partie de ses apparences portent encore un casque ou un masque et une autre ne le porte pas.
En fait je pensais également à la première version de l’origine de Galactus dans Thor :
http://marathon.bungie.org/story/Origin_of_Galactus_comparison.html
Ce que tu dis à propos de Stan Lee (et des autres que tu cites) et lorsque tu notes, je cite : « l’obsession de notre civilisation pour la faute, l’incident de parcours, le dérapage ou les conneries » semble vouloir dire qu’il y aurait donc une forme d’extraterritorialité, d’immunité pour les « artistes », les « créateurs ».
Bien sûr que personne n’est à l’abri de faire des conneries et d’en dire, cela n’empêche pas non plus d’en tenir compte.
Pour revenir à Stan Lee que j’aime beaucoup aussi malgré tout, ce qui de mon point de vue ne passe pas c’est sa propension à dénier aux autres la part qu’ils ont pris dans l’élaboration de l’univers Marvel.
Il me semble qu’encore aujourd’hui, il use de sa mauvaise mémoire, pour ne pas en parler (et ce n’est pas seulement une question d’âge, il utilisait déjà cet argument il y a des années).
C’est assez mesquin, d’autant que si on prend Ditko et Kirby, ce qu’ils ont fait tous les deux de meilleur en mainstream a été fait avec lui, du moins selon bien sûr mes propres goûts.
Ce qui ne m’empêche pas au demeurant d’aimer pas mal de choses de ce qu’il a écrit, et soit dit en passant il n’a lui aussi, jamais été aussi bon que lorsqu’il travaillait avec des gens du calibre de Ditko, Kirby , ou Romita (et quelques autres).
C’est curieux parce qu’il me semble quand même que c’est le premier à avoir crédité les artistes, non ?
C’est ce qu’ils disent là :
https://youtu.be/NldtYWBR_mg?t=164
Bon c’est vrai qu’ils disent aussi que Lee est un dialoguiste talentueux, ce qi est discutable…mais bon…^^
Qu’est-ce qui est curieux ? Ce que j’avance en disant que Stan Lee a pendant longtemps minimiser le travail de ses collaborateurs ?
Pourtant tout cela est abondamment documenté. Sans parler – et il suffit de voir comment il était présenté aux lecteurs français via les éditions LUG – qu’il a également profité d’une starisation (qu’il avait en partie mis en place) en devant, durant les années 1960/1970 la Marvel (et bien après dans la mémoire de certains) à lui tout seul. Son visage n’ornait pas pour rien les « Strange Special Origines ».
Stan Lee était Marvel.
L’utilisation de son image a même fait l’objet de contrat avec l’éditeur si mes souvenirs sont bons.
Pour détailler tout ça il faudrait refaire l’histoire de la Marvel. De nombreux documents existent.
Cela dit il a, c’est vrai inventé la Maison des Idées au travers d’un Bullpen qui n’existait pas, une connivence tout aussi factice etc.
Très bon editor, dans le sens de superviseur/rédacteur en chef/directeur de collection, bon dialoguiste en effet (selon mes critères en tout cas), très très bon représentant de commerce (de sa propre personne surtout), éminemment sympathique, quand je l’entends, je lui pardonne tout [-_ô].
Bref il a sa part dans la réussite de la Marvel et dans celle de beaucoup gens avec qui il a collaborait, je ne le lui enlève pas.
Mais le reste de mon propos reste valable.
@Artemus: ces temps-ci l’immunité artistique m’est tout de suite plus sympathique que celle politique. Mais je souscris à ta démonstration. Le fait de voir un petit pépé de 90 ans atténue bcp de choses. Je ne connais le conflit Kirby-Lee que de très loin, je ne m’y risquerai pas.
Bah j’étais juste étonné qu’il minimisait l’importance de ses collaborateurs. Je ne savais pas. Surtout qu’il les avait mus lui-même en avant auparavant.
Bon, j’imagine que l’un n’empêche pas l’autre.
@Bruce: Brando, Kinski, Depardieu, comme le chantait aussi le moustachu de Sète « …mais ils sont avant tout, des fils de la chimère, des assoffés d’azur, des poètes des fous… » La récente BD de Mathieu Sapin, Gérard cinq années dans les pattes de Depardieu, réhabilite l’image abîmée du plus russophile d’entre nous, tout en ne cachant rien du côté « monstrueux » et hors norme du personnage. C’est une chouette lecture pour les curieux où les amateurs de road trip endiablé.
Tiens bah Galactus est un autre exemple pour Patrick d’un méchant en rose^^
Et pour le coup, je ne l’ai jamais trouvé kitsch Galactus.
Il y a quelque chose dans le cosmique que j’adore, c’est cet aspect super dépaysant qui chamboule nos repères. C’est finalement l’être humain habillé normalement qui parait avoir une mode bizarre face à tous ces délires bigarrés des entités cosmiques, et les modes vestimentaires des peuples aliens.
Alors oui, le lecteur aura le droit de trouver ça kitsch et se moquer de certains costumes. Mais dans un sens il ne ferait que témoigner de son mépris pour une autre culture, non ?^^
Après tout un mec habillé en Yellow Jacket dans les rues de Paris aurait l’air con. Mais au sein d’un peuple alien, n’est-ce pas l’humain habillé à la dernière mode terrienne qui aura l’air con ?^^
C’est aussi pour ça que j’ai à peine la sensation de lire du super héros quand je lis du cosmique. Les costumes ne choquent pas. ça fait très mythologique.
Et bien voilà un article comme je les aime : Bien équilibré, qui sait pointer les défauts, les qualités et le second niveau de lecture d’un vieux comics ! Bravo chef !
Et au fait, il faut qu’on discute du fait que je t’horripile, hein, parce que moi je suis ni Galactus, ni Mephisto. Hein… 😉
Entièrement d’accord avec Matt sur la perception de Galactus. Pour moi, le personnage transcende les notions de manichéisme lorsqu’il est bien écrit. Je retrouve un peu le même sentiment avec Thanos lorsque celui-ci est traité par Starlin. A mes yeux le Silver Surfer reste un caliméro de l’espace. Mais je reste attaché au personnage à travers son coté théâtrale et cette naiveté qui l’empêche de voir la contradiction qu’il y a à » prêcher la vie » et à sacrifier un nombre incalculable de planètes pour sauver la sienne. Je garde également un bon souvenir des albums réalisés par Kirby, le Buscema en pleines pages et le Moebius. Régulièrement je glane sur le net des visuels de sa nouvelle série par Slott et Allred. Quelqu’un a-t-‘il un avis sur celle-ci?
Le Surfer de Slott, c’est assez épatant. Très fun, ça se moque gentiment du côté pleurnichard du perso, mais tout en respectant ce pan d’univers. ça a un côté Doctor Who assumé, et certains des épisodes sont carrément brillants (la boucle temporelle en bande de Möbius dans l’amas de Giraud, c’est tout simplement énorme)
En ce qui concerne Silver Surfer de Dan Slott & Mike Allred : tout pareil que Nikolavitch (sauf pour les références à Doctor Who que je ne connais pas)., avec en plus une touche humaniste qui réchauffe le cœur.
@ Matt : au sujet des « crédits », tu remarqueras qu’il n’est pas souvent (je dis « pas souvent » parce que bien évidemment je n’ai pas tous les « crédits » de l’époque en tête), indiqué que Kirby ou Ditko par exemples son « co plotter » voire scénaristes des histoires publiées.
Et pourtant c’était souvent le cas.
La « Méthode Marvel© » mise au point par Stan Lee justement, était du genre : » dis Jack pour le mois prochain les FF rencontre Dieu », et Jack Kirby d’inventer : Galactus, les Inhumains & ttuti quanti, tout ça dans une histoire mémorable des Fantastic Four.
Dont il faisait aussi le découpage, étape importante dans la réception qu’on peu avoir d’un scénario. Et Lee venait mettre les dialogues.
Ditko a dû batailler ferme pour être crédité de sa participation à Dr Strange, alors qu’il en était pratiquement devenu le scénariste & le dessinateur.
Je ne veux pas dire par-là que les collaborateurs de Lee étaient des parangon de vertu, mais sur certains points « Stan the Man » n’a pas joué franc jeu.
[-_ô]
Artemus a raison, Lee a certes mis les dessinateurs en avant dans les crédits, mais il y avait tout de même une forme de flou artistique sur qui faisait quoi. Lee était souvent considéré comme le scénariste, mais parfois il se contentait du « plot » de départ et des dialogues.
Cela a manifestement agacé Kirby, de ne pas être considéré comme au moins co-scénariste (alors que dans les faits c’était le cas, après tout sans lui il n’y aurait pas eu de Silver Surfer, puisque c’est lui qui l’a inventé) alors qu’un petit jeune comme Steranko y a eu droit.
Un contributeur qui cite des mythes grecs. Si c’est pas la classe, ça.
Merci pour ces précisions. J’ai lu pas mal de mythes parce que j’aime beaucoup la mythologie mais j’avoue que je ne me souvenais pas trop de celui-là. Bellérophon, celui qui fut envoyé tuer la Chimère par un roi qui espérait que ce combat lui soit fatal, de la même façon que Persée fut envoyé tuer Méduse dans l’espoir qu’il succombe au combat.
Bon, celui-là, je ne l’ai pas lu (le comic, hein, pas l’article…)
Je trouve que l’encrage de Palmer est trop pesant, et transforme le trait Byrnien en trait « Buscemien »… (non, je n’ai pas dit « Bruce est mien », ça, c’est réservé à la femme du Boss…)
Lee en créant Ben Grimm n’a fait ni plus ni moins qu’une mise à jour du Golem.
Hum. Mouais. C’est une théorie qu fleurit depuis quelque temps et qui me semble une sorte d’excroissance un peu foldingue du par ailleurs excellent et juste « Kavalier et Clay » de Michael Chabon. Les super-héros, fils de Houdini et du Golem, ouais — mais de là à faire de la Chose un Golem simplement parce qu’il peut ressembler à un tas de terre à ses débuts… Pas sûr que Lee ait eu grand-chose à voir dans son aspect, d’ailleurs: la seule chose qui l’approche du Golem. Car il est dans le droit-fil des histoires de monstres que débitaient par brassées Kirby et Ditko sur une vague phrase de résumé que leur donnait Lee.
Parce que, pour la personnalité, Ben Grimm est plus proche du Fantôme de l’opéra et de la créature de Frankenstein (il est laid et en souffre, et il rencontrera une aveugle, ce qui rappelle le film de Whale) que du Golem, qui est, lui, juste un robot embryonnaire. Ce genre de mélange des classiques des films ou des romans populaires, ça ressemble clairement plus à ce que faisait Kirby depuis des années (autre exemple flagrant: le Hulk qui passe de Jekyll et Hyde au Loup-garou en qqs épisodes quand Kirby ne sait pas trop quoi en faire) qu’à ce que Lee a affirmé après coup avoir fait. Chaque fois que Lee reste seul sur une série, c’est vite la cata: voir justement le Surfer, qui part avec qqs scénarios sympas et se ratatine vite dans des trucspasse-partout et finit dans les team-ups tartouilles, avant d’appeler Kirby au secours; bref…).
Sans compter que Ben Grimm ne s’est découvert juif que très tardivement, en hommage à Kirby et à un de ses crobards pour sa femme, sans qu’il y ait eu grand-chose pour soutenir l’idée, sinon le soupçon que Kirby a mis pas mal de lui-même dans le personnage. Ce qui nuit pas mal à la théorie d’une parenté directe de Lee.
Enfin, bref. On saura jamais: Kirby est mort, et Lee, quand il se rappelle encore qq chose, fait dans le script approuvé par Marvel. Mais on peut douter, quand même.
Merci pour ce développement sur la théorie du Golem. C’est une question que je me pose souvent de savoir si certaines similitudes sont intentionnelles et conscientes, ou simplement une ressemblance par rapport à un archétype générique auquel il est facile de raccrocher plein de choses hétéroclites. Est-ce que la filiation est légitime, ou est-ce qu’on voit des liens qui n’ont jamais existé ?
On ne saura jamais. – Je me demande s’il y a d’autres éléments d’informations du point de vue de Jack Kirby dans les livres de Mark Evanier.
Il faut relire la recension qui a été faite ici où Chris Claremont parlant de Stan Lee dit je cite : « Lee ne s’intéressait qu’à ses 3 règles : 1/ soyez dans les temps 2/ faites de bons comics 3/ Ne me faites pas chier ! (Don’t be a pain in the ass. Ndt). Si vous avez deux sur les trois vous êtes embauché ! » (rire).
Il faut aussi replacer la création des FF dans leur contexte (pour ceux que cela intéresse j’ai mené une enquête sur la base de la « partie de golf la plus chère de l’histoire » dixit Paul Levitz [http://artemusdada.blogspot.fr/2013/08/enquete-sur-les-quatre-fantastiques.html] : Marvel – qui n’est pas encore Marvel – est au bord de disparaître,
Goodman donne plus ou moins carte blanche à Stan Lee pour inventer une équipe de super-héros sur le modèle de la JLA (pour la faire courte).
J’ai donc beaucoup de mal à imaginer que Kirby et Lee ont pris la peine de réfléchir à ce type de filiation, et comme le dit Manti, la Marvel de l’époque, et Kirby, étaient très spécialisés en monstres ; et les FF en sont aussi.
Il n’est qu’à voir le traitement de la couverture de leur premier numéro, et son contenu.
Lee disait par contre dans une interview qu’il était fan du monstre de Frankenstein et de Dr Jeckyll et Mr Hyde. Et qu’il se serait basé là dessus pour créer Hulk.
D’ailleurs Hulk serait devenu vert après le gris prévu au départ pour des facilités d’impression.
Bon après s’il ne faut pas croire Lee sous prétexte qu’il s’approprie le boulot de ses collaborateurs, on ne s’en sort plus. Enfin…je veux dire par là que tergiverser sur qui a inventé quoi en premier ça ne mène nulle part puisqu’on ne saura surement jamais la vérité. Et c’est tomber aussi dans les travers des pro-DC qui prétendent que Marvel a tout piqué à DC. Il y a du vrai, oui. Mais est-ce si important au final ? Il est plus intéressant de savoir qui a fourni les meilleures histoires que de savoir si la couleur de peau de tel personnage Marvel est inspiré de tel perso DC. Personnellement je m’en balance complètement.
Bien sûr tu as parfaitement le droit de te balancer de « qui-a-fait-quoi-et-comment », reste que certains amateurs (dont je suis), en lisant des BD, aiment en chercher le « code créatif ».
Cela ajoute au plaisir d’en lire, voire parfois pallie à leur vacuité. Ou l’explique.
L’idée n’est pas d’établir une « vérité » immuable, mais plutôt ( en tout cas c’est ce qui m’intéresse) d’établir des théories, par un travail sérieux de recherches et de recoupements, qui soit à la fois intéressant en tant que théorie, mais aussi d’une certaine manière une fiction.
C’est par exemple ce qu’a fait Serge Lehman (dont il a été question ici pendant pas mal de temps) pour aboutir à ce que l’on sait dans le domaine de la bande dessinée d’inspiration super-héroïque.
Et même sans se prendre pour Lehman (ce n’est pas foncièrement utile), on peut, avec les moyens qui nous sont idiosyncrasiques, si je puis dire, élaborer des « fictions théoriques » intéressantes. Et ludique.s Et argumentées.
Ce dernier point est l’un des plus importantes car elle permet à un éventuel lecteur, de la réfuter, de s’en inspirer, ou de s’en amuser (liste non exhaustive).
En outre, je crois que pour critiquer dans l’acception large du terme, un sujet – la BD américaine « mainstream » par exemple – il vaut mieux avoir connaissance de comment elle se fabrique, avec qui, depuis quand, etc.
Reste que chacun est libre de mener sa barque comme il l’entend, ça va sans dire (mais toujours mieux en le disant).
[-_ô]
C’est surtout les débats sur « qui a fait quoi » ou « à qui c’est la faute ? » qui me semblent un peu voués à finir dans une impasse. Et donc inutiles quand ils s’éternisent sur le net. Je ne parle pas de la présente discussion hein.
Bien sûr que c’est intéressant de relever ces choses là, d’être conscient des contraintes éditoriales de l’époque, et donc du contexte.
Mais quand tu parles de recherches…c’est là qu’il y a des limites. Qu’est-ce qu’on diffuse comme informations ? On répète ce que les journalistes ont laissé échapper ou des affirmations qui peuvent potentiellement être des ragots déformés depuis des années sur Internet.
Du coup savoir si c’est Stan Lee ou Dikto qui a eu l’idée en premier de creér Hulk (par exemple), je m’en balance.
Mais je ne me fiche pas de leurs inspirations, de la manière dont ils ont du s’adapter à la censure, etc.
Disons que c’est surtout que je préfère penser à Marvel comme un collectif qui fait des trucs que comme des gens qui se disputent. Tout simplement parce que je n’étais pas là en privé avec eux pour savoir.
Salut Mantichore,
Je suis plutôt d’accord avec tout ça. Sur le mythe du Golem, je t’avoue n’en avoir qu’une connaissance sommaire donc je ne pourrais pas aller plus loin.
Sur ce que tu écris et la judéité de Ben tout comme les intentions après coup des auteurs Marvel, il est vrai que tout ça s’est écrit au fil des années à coup de rétrocontinuité plus ou moins habile : les enfants de Magnus, le frère de Scott Summers, la rencontre de Jean avec Xavier avant la fondation des Xmen etc.
Si mythe du Golem il y a dans le mix, alors ça vient de Kirby. C’est lui le passionné de mythologie dans le couple.
et surtout, Ben Grimm, bougon, massif, fumeur de cigare et toujours habité par sa jeunesse tapageuse dans le lower east end… c’est une projection de Kirby lui-même.
@ Matt :
« Tout simplement parce que je n’étais pas là en privé avec eux pour savoir. », dis-tu. Bien sûr, je développe un peu ce que je pense de ça sur l’article de Présence sur Star-Brand, mais j’ajouterai ici que c’est la pierre d’achoppement de l’Histoire (avec sa hache majuscule).
Peu de gens étaient à Marignan et sont encore ici pour en témoigner.
Certains intervenants ici, n’étaient peut-être pas nés lors l’élection de François Mitterrand, mais lorsqu’on s’intéresse à l’Histoire on s’en accommode.
La BD c’est pareil.
On est pas obligé de répéter ce que les autres on dit non plus. On peut faire des recoupement, chercher des documents peu ou pas exploités, etc. Et réfléchir.
Dans mes trois articles sur les Fantastic Four dont j’ai mis le lien quelque part chez Bruce, j’élabore une théorie que je n’ai lue nulle part ailleurs.
Il y est question de cette célèbre partie de golf, et de l’identité de celui qui glisse à l’oreille de Goodman qu’il serait intéressant pour lui de développer une équipe de super-héros « à la JLA ».
Je ne dis pas que cela c’est passé comme ça, mais j’avance des arguments qui – à mes yeux tiennent la route – et le tout permet de comprendre – un peu – pourquoi les FF sont ce qu’ils sont : une famille, sans identité secrète, etc.
Et pourquoi Marvel a été une telle avancée dans la BD de super-héros de l’époque.
Idem lorsque je donne les raisons qui ont procédé à la création presque simultanée des X-Men et de la Doom Patrol, respectivement chez Marvel et ches DC.
Je pense que tout cela (pas seulement mon propre travail bien évidemment) permet de mieux parler de ce dont il est question ici : les comic books.
Non je ne crois pas, « Stan Lee, Homère du XXème siècle » a été écrit – si mes souvenirs sont bons – par Jean-Marc Lainé mais avant que je ne me lance là-dedans.
D’une certaine manière c’est en lisant le livre de Jean Marc, et en relisant un autre opuscule plus confidentiel au même moment, sur « Stan the Man », que j’ai eu l’idée de faire des recherches sur cette fameuse partie de golf.
Jean-Marc, si mes souvenirs sont bons encore une fois, émet des réserves sur le fait même qu’elle ait eu lieu, et je mes suis dit : « cette partie de golf soi-disant « la plus chère de l’histoire » est souvent cité (par Paul Levitz dans l’un des tomes qu’il consacre à l’histoire de DC Comics par exemple) mais on ne sait pas grand chose sur elle, et l’interlocuteur de Goodman n’a pas été formellement identifié ; je me suis donc mis au boulot.
[-_ô]
J’ai adoré cet article, sans pour autant être d’accord avec beaucoup d’arguments avancés par Bruce.
Parfois, quand je lis certaines réflexions concernant la nécessité de l’adulte de renouer avec l’enfant qu’il a été, de conserver son âme d’enfant, j’ai un peu envie de hurler. On a l’impression, parfois, que k’esprit humain est hyper-déterminé par certaines théories qui ont souvent un siècle à peine, comme le Freudisme.
Je parle souvent de dialogues shakespeariens en évoquant Jim Starlin, mais là je suis respectueux. Quand il s’agit de Stan Lee, c’est TRÈS ironique. À bien des égards, je le considère comme Edison, un type qui n’était pas dénue de talents, notamment celui de s’approprier le travail des autres. Ce fut un colporteur, un bateleur, l’équivalent du RINGMASTER (il a d’ailleurs été dépeint ainsi dans plusieurs comics). S’il fallait le rapprocher d’un personnage de la Maison des Idées, ce serait sans aucun doute Mephisto : un escroc bellâtre sans le côté compassé.
Paradoxalement, ce sont les aventures du Silver Surfer qui m’inspirent, aujourd’hui encore, un minimum de nostalgie. Je prends encore plaisir à les relire aujourd’hui, amusé et attendri à la fois. J’ai presque envie de dire que Jim Starlin est un Stan Lee qui savait écrire. Et même si je déteste l’admettre, il faut conserver une part d’enfant pour les relire sans éclater de rire. Stan Lee se rêvait tragédien, il se rapprochait plus du Bourgeois gentilhomme.
En revanche ton commentaire mythologique et historique est très pertinent. Le Golem est le père de tous les héros, le protecteur du peuple juif depuis des siècles. À ce titre, on peut même considérer les vilains comme ces êtres d’argile ayant échappé à la volonté du rabbin et qui finissent par détruire l’ennemi, mais aussi ceux qu’il est censé protéger.
C’était trop court comme délai pour que je ponde un truc.
Et puis honnêtement…j’ai rien contre Stan Lee mais je peux pas dire non plus qu’il a représenté quelque chose pour moi. En fait j’y connais rien au monsieur.
Je ne lisais même pas les noms des auteurs quand je lisais des comics gamin. Et je n’avais pas de Strange special origines avec sa tête dessus.
Je connaissais son nom parce qu’il était écrit en plus gros^^, mais je ne m’étais jamais renseigné sur ce qu’il faisait exactement.
Limite j’ai découvert son visage dans les films Spider-man quoi…
Je suis un peu comme Matt. Si c’était Alan Moore ou un artiste qui aurait révolutionné ma vie…
De toute façon, je ne suis pas triste, puisque ses histoires perdurent. Sans oublier que quelques hommages de plus parmi le tsunami qui s’annonce. Ce n’est jamais du temps perdu, mais je ne suis pas certain que ce soit vraiment utile.
Cela étant, je lirai vos textes, par solidarité, curiosité et esprit de groupe. 🙂
A chaud je n’ai pas su réagir. je ne vouais pas dire des choses bêtes pour dire de réagir avec tout le monde. Depuis ce matin, je réfléchis à ce que représente Stan Lee pour moi. vraiment. ce que j’ai lu de lui plutôt que ce j’ai lu sur lui.
il est celui qui amena cette patte particulière des « héros problèmes » vivant dans un New York ordinaire.
Je reprends les Fantastic Four, où il fut un dialoguiste hors norme, alternant langage de rue avec l’accent gouailleur des Ben Grimm, s’auto caricaturant avec Jonah Jameson, tout en délirant sur la science de Reed Richards et l’emphase théâtrale d’un Fatalis.
je retiens ses allitérations, ses formules et cette volonté de vouloir tenir un univers.
ces petits ingrédients qui ont fait de Marvel cet univers unique.
il est celui qui a fait des comics des témoins de leurs époque en reflétant toujours l’actualité.
du coup il me reviens en mémoire lors de son passage sur le tisseur de cet épisode où Flash part naïvement le fleur au fusil au Vietnam, félicité par ses camarades. il allait défendre la démocratie dan sun pays, qu’il savait à peine situer sur la carte. plusieurs années plus tard, il signe l’histoire où Flash avec Sha-Shan une vietnamienne, en vétéran désabusé. Nous n’étions certes pas dans Platoon, mais voilà, les années avaient quand même imprimé de leur sceau amer cette décennie qu’ils avaient cru flamboyante.
un peu comme Beatles étaient passé de Please Please me à Let it Be.
Donc voilà, le dernier géant a disparu, je suis assez confus, peiné.
triste? pas vraiment, mais d’avantage conscient qu’au fur et à mesure que mon musée intime se garnit de statues de plus en plus nombreuses, l’inéluctable s’impatiente à présent.
s’il ya un endroit pour accueillir les gens qui ont embelli le monde à travers le temps, puisse il retrouver son épouse Joan et ses compères afin de dissoudre une bonne fois pour toutes ces querelles futiles.
Chouette hommage, Eddy…
Ouaip, pareil que JP.
« Nous n’étions certes pas dans Platoon, mais voilà, les années avaient quand même imprimé de leur sceau amer cette décennie qu’ils avaient cru flamboyante. »
C’est vrai que la tournure prise devient plus noire (Harry sombre dans la drogue, Gwen meurt, Flash ne ressort pas indemne de la guerre, MJ révèle ses autres facettes au fil du temps). Les épisodes revenant sur cette bande du Coffee Bean reposent souvent sur une certaine saveur mélancolique.
Très beau texte Eddy.
« davantage conscient qu’au fur et à mesure que mon musée intime se garnit de statues de plus en plus nombreuses, l’inéluctable s’impatiente à présent » comme c’est bien dit et comme je ressens la même chose… Le pire, c’est que je sais pertinemment que je passe à côté de plusieurs univers d’oeuvres, de cultures, d’art.
Très chouette, en effet.