Nous sommes les morts-vivants ! (Walking Dead)

Walking Dead : Les Spin Off par Collectif

Une espagnolade de BRUCE LIT


VO : Image

VF : Delcourt

A Spanish Zombie
© Image / © Delcourt

Cet article portera sur le WALKING DEAD post Robert Kirkman, c’est à dire les spin off sortis après la fin de la série officielle.
Il s’agit d’un épisode d’une quarantaine de pages écrites par Brian K Vaughan et illustrés par Marcos Martin. Il relate l’échappée d’un jeune américain dans les rue de Barcelone au début de l’épidémie. C’est la première fois qu’un épisode de WD se situe en Europe.


Vendu obligatoirement avec L’ETRANGER, un autre spin off de 20 pages : NEGAN LIVES par Robert Kirkman et Charlie Adlard qui s’offrent un come back pour fixer le destin de Negan, le célèbre enfoiré de la série, absent de la conclusion.
Il s’agit d’un récit alimentaire mais dans le bon sens du terme : observant la
disette dans laquelle les comics shop ont été plongés lors du 1er confinement (juste un préliminaire quand on connaît la suite), Robert Kirkman a souhaité rameuter du monde dans les librairies avec cette histoire offerte lors du Free Comic Book Day. Ce qui n’a pas été sans lui valoir pas mal de critiques, nous y reviendrons.

Ces deux histoires étant bâties sur deux twists, il n’y aura pas de spoilers à l’horizon.

Un nouveau geste barrière : dormir sur un échafaudage
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Il y a une certaine ironie à lire du WALKING DEAD en 2021. C’est le moment où la réalité a dépassé la fiction. Celui où voir un personnage fuir les porteurs d’un virus transmis par la salive dans les rues de Barcelone confinées n’est plus l’expression d’un fantasme survivaliste ou d’anticipation mais le quotidien de la planète entière depuis maintenant un an.

Un monde où ses citoyens peuvent désormais travailler et produire mais sans vie sociale, culturelle et sexuelle. Où passer Noël en famille concourt à risquer sa vie. Où il n’est plus possible de se marier ou d’enterrer décemment ceux que l’on aime. Où nos enfants sont considérés comme les porteurs de ce virus. De quoi pouvoir lancer une campagne : RICK GRIMES WAS RIGHT ! NOUS SOMMES LES MORTS-VIVANTS!

La publication de ces deux épisodes ont fait hurler certains à l’arnaque : 14€ pour à peine 40 pages !
Euh, les mecs, faut pas déconner ! L’objet a une belle couverture cartonnée qui met bien en valeur le dessin expressionniste de Marcos Martin, d’un format un peu plus grand que celui du Comic Book traditionnel, d’une quinzaine de pages de bonus et d’une histoire gratuite de Negan.
Alors ne jouons pas les enfants gâtés : l’industrie du livre s’écroule, librairies et bibliothèques sont amenées à disparaître (la vénérable enseigne Gibert Jeune va laisser sa place à une enseigne de supermarché qui positive) et les amateurs de BD ont l’habitude en temps normal de dépenser leur pognon dans des produits dérivés autrement plus onéreux.

Vieille Canaille
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Reste le contenu.
Disons-le d’emblée : le récit de Negan n’a pas grande importance, tout comme les romans de Robert Kirkman sur le Gouverneur ou les origines de Negan. WALKING DEAD est une série qui s’écrit au présent et dans la durée. Bâtie sur la tension d’une intrigue au long cours et sur les interactions entre les personnages, le format court s’accommode mal du cahier des charges de la série.

En cela, Robert Kirkman et Charlie Adlard livrent une copie très professionnelle : en moins de pages qu’il n’en faut, on voit ce vieux roublard de Negan vivre en exil, tomber dans un traquenard et envoyer ses jurons irrésistibles. La nostalgie étant bien ce qu’elle était, le lecteur se sent chez lui dans cette horreur chaleureuse (!) . Les uns trouveront que Kirkman ne s’est pas foulé même pour du comics gratuit, les autres seront fascinés par l’attrait de ce personnage qui crève le quatrième mur et à qui on pourrait faire vivre n’importe quelle aventure en la trouvant amusante.

Une étrangère nommée Lucie !
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Quant au récit de Brian.K.Vaughan, le lecteur ne pourra pas s’empêcher de sourire de nouveau face à l’ironie de la chose : confier un nouveau virus à l’auteur de Y, THE LAST MAN.
Là encore, le savoir faire du scénariste est là : en moins de 40 pages, il parvient à bâtir une intrigue, une ambiance, un enjeu.

Certes, c’est très léger, il s’agit pour un américain et une espagnole de traverser les rues de Barcelone pour s’enfuir en bateau. A peine l’aventure commencée qu’elle se termine déjà. Le lecteur n’a ni le temps de s’attacher au personnage ni vraiment de craindre pour eux.

Les tics de Vaughan sont de la partie également : les personnages ne peuvent pas s’empêcher de faire de l’humour un peu lourdingue au pire moment qui soit et semblent dotés d’une omni conscience : notre héros vole au secours d’un jeune enfant noir en sachant comme ça, d’emblée, en un clin d’oeil son pays d’origine. Un enfant crie en teeshirt, c’est forcément un somalien. Bon… C’est l’effet Vaughan, ce cheveu sur la soupe, dont il parsème souvent ses récits.

Tiens, un Somalien !
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Niveau graphisme, celui de Marcos Martin est très plaisant, non dénué d’humour et rappelle le début de la série lorsque Tony Moore y officiait. Il y a un peu de triche dans la mesure où le gaufrier est réduit à 3 cases par pages et que vous aurez terminé votre lecture en moins d’un quart d’heure.

Reste une lecture très plaisante, avec quelques pages soignées sur le rendu de Barcelone assiégée. La jonction est bien vue puisque L’ETRANGER par son coup de théâtre assure la préquel immédiate de WALKING DEAD. Un Twist que personne ne voit venir et qui prend toute son ampleur avec une deuxième relecture de 10 minutes.

Ce n’est qu’une question de temps avant que WALKING DEAD ne se décline en préquelles et spin off, c’était déjà la loi des séries dans le monde d’avant.
Un curieux objet, attachant dans sa chicherie, totalement superficiel et charmant. Une futilité dont nous avons finalement bien besoin dans l’ère des gestes barrières. Car comme, chacun le sait, le virus se transmet par les gouttelettes et….
Ta gueule !

We’re from Barcelona
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La BO du jour : légers ces épisodes de WD mais avec du Savoir Faire

10 comments

  • Présence  

    Cette horreur chaleureuse (!) : superbe formule, c’est vraiment tout Negan ça.

    Merci pour cet article car je n’ai pas lu ces deux histoires, et ma curiosité étant ce qu’elle est je me demandais quand même ce dont il pouvait s’agir.

    Je me demande bien par quel concours de circonstance Brian K. Vaughan et Marcos Martin ont pu réaliser un récit pour Robert Kirkman, en 2016 ?

    • Bruce lit  

      Je me demande bien par quel concours de circonstance Brian K. Vaughan et Marcos Martin ont pu réaliser un récit pour Robert Kirkman, en 2016 ?
      Probablement d’être sous contrat avec Image en premier lieu non ?

  • Surfer  

    « Un monde où ses citoyens peuvent désormais travailler et produire mais sans vie sociale, culturelle et sexuelle. Où passer Noël en famille concourt à risquer sa vie. Où il n’est plus possible de se marier ou d’enterrer décemment ceux que l’on aime. Où nos enfants sont considérés comme les porteurs de ce virus. De quoi pouvoir lancer une campagne : RICK GRIMES WAS RIGHT ! NOUS SOMMES LES MORTS-VIVANTS! »

    Il n’y a pas que Rick qui avait raison. Malheureusement tu es aussi dans le vrai avec ce triste constat ☹️.

    Je n’ai pas lu ces histoires, mais pourquoi ne pas me replonger dans WALKING DEAD…Même si ces récits sont, a priori, anecdotiques….pourquoi se priver d’un petit plaisir coupable…C’est vendu !
    J’ai bien investi dans l’album hors-série sur les origines de NEGAN et les récits courts consacrés à MICHONNE, TYREESE et le GOUVERNEUR 😉

    La BO: Un peu trop électronique / synthétique à mon goût.

    • Bruce lit  

      J’ai bien investi dans l’album hors-série sur les origines de NEGAN et les récits courts consacrés à MICHONNE, TYREESE et le GOUVERNEUR
      Ces récits sont effectivement du même acabit.
      La BO: Un peu trop électronique / synthétique à mon goût.
      Disons BritPop.

  • Kaori  

    Triste constat en effet, mais très bon article qui donne bien envie d’en savoir plus. Je suis un peu plus intéressée par le court récit sur Negan, personnage qui a semble-t-il gagné ses galons de personnage détestable mais que tout le monde adore.
    Et donc, on parle enfin de la pandémie hors continent américain… Celui-là me botte moins… Je me demande bien pourquoi 😉 . Peut-être parce que j’en ai un peu soupé des histoires de virus, en ce moment !

    • Bruce lit  

      Peut-être parce que j’en ai un peu soupé des histoires de virus, en ce moment
      Je n’aurais pas imaginé lorsque j’ai écrits cet article cet été qu’il annoncerait un troisième confinement ce soir…
      Le récit Negan et L’étranger sont vendus ensemble.

  • Jyrille  

    Excellent article. J’adore ton introduction et ta lucidité, ainsi que celle sur le comic comme produit dérivé. Comme je me suis méfié de ces nouvelles productions, je n’ai pas sauté le pas et tu m’évites donc que je tente ces bds.

    Cela dit je n’ai pas compris un truc : L’ETRANGER, c’est la nouvelle bd de Brian K Vaughn ? En quoi peut-elle devenir une préquelle de TWD ? Elle se passe avant ? L’origine du mal vient d’Europe ? Lesscans ne me donnent pas envie., même si on reconnaît Barcelone, y compris sur la – très réussie – couverture.

    La BO : j’avais les deux premiers albums du groupe, très bons, surtout le second, très Bowie. Je n’ai jamais eu la curiosité d’aller plus loin. C’est sympa.

    • Bruce lit  

      @Cyrille.
      L’ETRANGER est un One Shot de Vaughan sur la série. 40 pages et puis s’en va. L’histoire se passe simultanément au 1er épisode de WD pendant que Rick est à l’hôpital.
      ——SPOILERS——–

      Le personnage principal est le frère de Rick Grimes qui veut quitter l’Espagne pour rejoindre son frère.

      —–
      Fin du spoiler

      Suede : j’aime bcp à dose homéopathique. Pareil que toi, deux albums et puis s’en va.

  • JP Nguyen  

    J’ai lu en ligne le Negan Lives. Euh… y’a rien de honteux mais c’est juste cousu de fil blanc. Après, n’ayant pas lu les arcs de WD où est apparu Negan, je n’ai aucun attachement particulier à ce personnage. En le découvrant, j’ai un peu pensé au personnage de Lono dans 100 Bullets.

    • Bruce lit  

      Il y a de ça oui. Mais Negan est moins dégueulasse que Lono et sait faire preuve de valeurs que Lono n’a pas.

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