Les adaptations de Lovecraft par Gou Tanabe
Un article de MATTIE BOY, TORNADO et CYRILLE MVO : Enterbrain
VF : Ki-oon
1ère publication le 20/04/21 – MAJ le 18/08/21
Aujourd’hui nous vous présentons un article écrit à 6 mains sur 5 mangas adaptant des nouvelles de H.P Lovecraft, tous signés Gou Tanabe. Outre votre serviteur et coordinateur de cet article Mattie-Boy, ont été conviés Tornado (oui, le même Tornado qui ne lit jamais de mangas normalement) ainsi qu’un invité surprise qui s’est tapé l’incruste à la dernière minute, j’ai nommé Cyrille M.
CELUI QUI HANTAIT LES TENEBRES
Par TORNADODe tous les recueils sortis à ce jour regroupant les adaptations de Lovecraft par Gou Tanabe, CELUI QUI HANTAIT LES TENEBRES est le plus court, d’autant qu’il contient aussi l’adaptation de DAGON (elle-même l’une des nouvelles les plus brèves – quoique totalement fondatrice – de l’écrivain de Providence). Il s’agit également d’une œuvre de jeunesse car c’est une de ses premières adaptations, réalisée au départ avant les autres que nous vous présentons ici. Un coup d’essai.
Le recueil s’ouvre sur Dagon et c’est comme d’habitude brillant en termes d’adaptation. Le mangaka retranscrit complètement la dimension grandiose et hallucinante de la très courte nouvelle et chaque vignette s’imprègne dans les rétines du lecteur qui se souvient alors parfaitement avoir rêvé de telles images à la lecture du récit originel.
Son alchimie est déjà bien rodée : Ménager la surprise au travers de quelques scènes d’exposition qui prennent leur temps et plonger soudainement le lecteur dans les visons dantesques des mondes hallucinés que découvrent hébétés les personnages. Des mondes plus grands que nature, aux contours abstraits mais palpables, réellement différents du monde que nous connaissons, mais en même temps identifiables comme étant des paysages, des villes, des cités ou des monuments, voire des créatures. L’apparition de Dagon est à ce titre un poil générique, sans réelle surprise, mais en une poignée de vignettes, comme autant de fragments, le lecteur est invité à le contempler dans toute sa puissance assumée, revenant sans cesse sur chaque image afin de le reconstituer dans son entière monstruosité hybride.
CELUI QUI HANTAIT LES TENEBRES boxe dans la même catégorie.
Le pitch : Dans la ville de Providence, Robert Blake, un jeune écrivain fasciné par l’occulte, contemple depuis sa fenêtre, sous les mansardes, la vieille ville qui s’étend au loin. Il est obstinément attiré par un sombre clocher noir qui semble trôner au-dessus du vieux quartier italien. Un jour, cédant à la curiosité, il décide d’aller voir ce clocher de plus près. Il découvre alors une vieille et gigantesque église gothique aux pierres noires, abandonnée, que les habitants du coin évitent comme la peste en refusant même d’admettre son existence !
N’écoutant que son attirance pour l’indicible effroi qui semble se dissimuler derrière ces murs de suie, il pénètre dans le bâtiment en ruine. Là, outre le terrible Necronomicon exposé dans la sacristie, il va découvrir dans le clocher l’existence d’un ancien culte mystérieux, et contempler l’étrange pierre à facettes placée au centre de ce culte. Il ne se doute pas qu’en regardant la pierre, il va réveiller la monstruosité venue d’un autre monde qui se dissimule sous les décombres…
J’éprouve pour cette histoire une fascination sans bornes. C’est clairement ma nouvelle préférée de Lovecraft. De ces histoires dont on rêve avant de les avoirs lues. De ces histoires qu’on a longtemps fantasmées et moi-même, lorsque j’étais étudiant, je contemplais la vieille cathédrale gothique d’Aix-en-Provence qui domine la vieille ville, à l’architecture étrange et incompréhensible, en rêvant qu’elle renferme quelque ancien mystère nourrissant mon imagination juvénile…
Cette nouvelle a été maintes fois adaptée en bande-dessinée, et si je ne connais pas la version de Gene Colan publiée chez Marvel Comics en 1973 (offrez-la moi, par pitié !), je connais celles d’Alfredo Breccia et d’Horacio Lalia. Si Lalia livre un travail académique et appliqué, Breccia réalise sur le tard (c’est l’un de ses derniers travaux) une quinzaine de planches quasi abstraites ou de grands rectangles noirs viennent manger les pages en guise de cathédrale pour un résultat arty extrêmement emprunté et décevant. C’est dire à quel point j’attendais la version Tanabé !
Hormis une représentation du protagoniste principal un peu trop générique, sous la forme d’un jeune homme au physique passe-partout un peu trop lisse, j’ai été comblé par la version roborative du mangaka. Il n’oublie rien de la nouvelle. Et opère une série de choix qui mettent parfaitement en scène l’ambiance ténébreuse du récit et la longue montée vers le piège qui va saisir le héros, victime de sa curiosité malsaine.
J’ai été comblé par toutes ces représentations architecturales saisissantes, celles-là même qui m’avaient tant envoûté à la lecture du texte sans image de Lovecraft. Les apparitions furtives de la créature sont également réussies dans le sens où le lecteur croit davantage l’avoir aperçu que réellement contemplée, sans être vraiment certain de son apparence. Une vraie prouesse !
Certes, l’ensemble demeure extrêmement classique et d’ailleurs, en postscriptum, Tanabé lui-même nous confie son désir de pouvoir un jour raconter à nouveau ces deux récits (celui-ci et DAGON) d’une autre manière. Mais en l’état, il s’agit d’une adaptation brillante, à la fois fidèle et virtuose, qui parvient à capter parfaitement l’ambiance fascinante du récit originel.
LES MONTAGNES HALLUCINEES
Par MATTIE BOYLES MONTAGNES HALLUCINEES est une nouvelle de Lovecraft assez contemplative. Cela peut paraître étrange d’utiliser ce terme pour une nouvelle écrite, qui plus est d’horreur, où il n’y a rien à contempler, mais j’entends par là que c’est une des plus longues nouvelles de Lovecraft et qu’il ne s’y passe pas tant de choses que cela. La majeure partie du récit suit le quotidien d’une équipe de recherches dans le cercle polaire antarctique et les rebondissements consistent en des découvertes géologiques et biologiques étranges dans un paysage désert et mystérieux. Ce n’est aucunement un reproche car l’intérêt de la nouvelle réside dans cette ambiance d’isolement dans un coin désolé et perdu à l’autre bout du monde là où rien ne vit.
Gou Tanabe a adapté cette nouvelle en 2 tomes cette fois, afin de prendre le temps de retranscrire en BD cette dilatation du temps dans une contré hostile où chaque problème logistique peut représenter un danger mortel. On suit les découvertes des chercheurs, notamment les cadavres bien conservés de créatures étranges qui ne ressemblent à rien de connu. Ou les fresques millénaires témoignant de l’existence d’une civilisation très ancienne enfouie sous les glaces et racontant toute une mythologie à propos d’anciens dieux, de Cthulhu et autres folies ayant eu lieu bien longtemps avant l’apparition de l’homme.
Au fur et à mesure, l’équipe va connaître des difficultés, deux groupes vont perdre contact et une équipe de secours va découvrir des cadavres. Jusqu’à une découverte innommable qui aurait survécu au plus profond de constructions cyclopéennes au milieu des montagnes noires.
Le point fort de Gou Tanabe, c’est sa capacité à dessiner des décors mystérieux foisonnant de détails et dégageant une atmosphère étrange. C’est aussi son découpage qui joue énormément avec les scènes muettes, les gros plans et les pleine pages consacrées à des décors qui marquent des pauses régulièrement, forçant le lecteur à s’attarder sur des détails. Cela correspond parfaitement au rythme des écrits de Lovecraft qui, certes, sont avares en descriptions et laissent le lecteur imaginer (chose impossible en BD) mais fait durer l’étonnement de ses personnages et la description de leur ressenti face à des phénomènes étranges qui surgissent de leur quotidien. Gou Tanabe fait aussi durer ces scènes en s’attardant sur beaucoup de décors, dans un silence total, sans le moindre encart de texte.
S’il le fait sur la plupart de ses adaptations de Lovecraft, elle est d’autant plus marquante dans LES MONTAGNES HALLUCINEES où c’est tout une région désolée qu’il peut dépeindre sous nos yeux, avec ses montagnes, ses grottes, ses ruines, ses créatures. Même les hallucinations que peuvent avoir les personnages donnent lieu à des planches vertigineuses représentant notamment une ville antique dédoublée dans le ciel et autres folies qui nous en mettent plein les mirettes.
On pourrait penser que le trait extrêmement détaillé de Gou Tanabe et sa capacité à interpréter visuellement les monstres vaguement dépeints par Lovecraft irait à l’encontre de l’intention première des nouvelles de l’écrivain qui stimulaient surtout l’imagination sans décrire en détails les créatures. Mais Gou Tanabe parvient justement, grâce à son trait fourmillant de détails, à nous montrer des choses qu’on a du mal à discerner pleinement. Justement grâce à une surcharge visuelle. On se retrouve à essayer de comprendre ce que tel dessin est censé représenter. Au design initial des créatures (qui ne nous facilite pas la tâche puisqu’il n’a rien d’anthropomorphe) viennent s’ajouter les nombreux détails pour un résultat qui nous rend la représentation de certains monstres difficile. C’est sans doute le meilleur choix artistique pour adapter du Lovecraft visuellement.
La BD est un media visuel, il est donc évidemment impossible de se montrer totalement fidèle et en accord avec la version écrite. Mais si on s’intéresse à des adaptations en film ou en BD, je pars du principe qu’on accepte de découvrir une représentation visuelle du l’univers de Lovecraft. Pas n’importe laquelle évidemment, on a le droit de se montrer exigeant, et il est justement intéressant de voir comment un auteur de BD peut s’en tirer. Gou Tanabe a pour moi trouvé une solution très intéressante avec sa surcharge visuelle, son utilisation de scènes muettes et ses pleines pages foisonnantes de détails qui nous forcent à rester un moment à les contempler, tel un protagoniste de Lovecraft qui serait pétrifié devant l’horreur de la situation.
LES MONTAGNES HALLUCINEES est pour moi une autre réussite du mangaka. Un véritable voyage de l’étrange contemplatif qui bascule lentement vers le mystère et l’horreur, avec une mise en scène rendant parfaitement hommage au travail de l’écrivain de Providence.
DANS L’ABÎME DU TEMPS
Par TORNADOLe pitch : Durant cinq longues années, le professeur Nathaniel Wingate, de l’université Miskatonic, va être la proie d’un parasite. Un être venu d’ailleurs ayant pris possession de sa personne, en échange de quoi l’esprit du professeur est transféré dans la sienne. En vérité tout se passe sur notre planète, sauf que ces êtres venus d’au-delà des étoiles y vivent quelques milliards d’années avant l’apparition du premier homme, dans des cités gigantesques s’étendant à perte de vue…
Il s’agit d’extraterrestres dotés d’un savoir et d’une technologie si vastes qu’elles leur permettent de voyager à travers l’espace et le temps, emmagasinant un maximum de connaissances depuis le passé et le futur.
Plus de vingt ans après avoir été l’hôte de ce parasite, le professeur Wingate apprend la découverte de ruines antédiluviennes au cœur du désert australien. Il organise une expédition afin de contempler ces vestiges et se remémore alors les cités qu’il a habité durant cinq ans, dans l’abîme du temps…
Mais une surprise de taille attend le professeur : Ces mégapoles étaient en partie construites afin de garder prisonnière une autre race de créatures, bien plus monstrueuse encore…
Récit complexe, l’un des derniers surgis de la plume de Lovecraft, l’un de ses plus ambitieux également, et l’un de ses plus longs (avec L’AFFAIRE CHARLES DEXTER WARD, LES MONTAGNES HALLUCINEES et LA QUÊTE DE KADATH L’INCONNUE), DANS L’ABÎME DU TEMPS représente en quelque sorte l’aboutissement du travail de l’écrivain qui y faisait fructifier de nombreux éléments déjà en partie développés dans ses précédents travaux, notamment LA CITE SANS NOM et LES MONTAGNES HALLUCINEES.
Texte quelque peu contemplatif et parfois abstrait, la nouvelle du maitre de la peur de l’indicible demeure l’une des plus difficiles à assimiler. L’adaptation miraculeuse de Gou Tanabé relève ainsi le double défi de la rendre parfaitement compréhensible, limpide, et de réussir à transposer la somme impressionnante d’informations nébuleuses que le lecteur devait imaginer sous les descriptions vagues et évanescentes de Lovecraft, quand bien-même il y décrivait ses créatures imaginaires et ses cités cyclopéennes avec davantage de précision que dans ses autres récits.
DANS L’ABÎME DU TEMPS avait déjà été adapté en bande-dessinée par Ian Culbard (qui s’était également imposé le challenge d’adapter les trois autres nouvelles les plus longues de Lovecraft). Grand admirateur de franco-belge, l’auteur britannique nous y proposait une vision extrêmement épurée de la nouvelle qui nous intéresse ici, à travers une ligne claire et une narration quelque peu « Hergé-enne », qui prenait le parti de contourner l’approche horrifique et les visions complexes de l’écrivain pour livrer à la place une version simplifiée, sorte de « Lovecraft Pour les Nuls », faussement simpliste puisqu’extrêmement précise dans ses choix d’adaptation.
C’est un tout autre concept que nous propose ici Tanabe, qui embrasse au contraire toute la complexité et le foisonnement du texte originel en livrant des planches extraordinairement ouvragées et détaillées, qui restituent tout ce qu’avait pu imaginer le lecteur en prolongeant et précisant encore ces visions si particulières et originales.
Tandis que Culbard enlève, Tanabé ajoute. Et il ajoute des éléments contextuels passionnants, notamment certaines visions du futur que ne pouvait pas avoir Lovecraft dans les années 20, comme la montée du nazisme ! Sa version est ainsi définitive tant elle propose à la fois une adaptation exhaustive et une relecture moderne ! Car Tanabe fait ce que Lovecraft ne pouvait pas faire : écrire le futur documenté de l’humanité en 1936 telle que la Grande Race de Yith (les fameux extraterrestres abondamment décrits dans la nouvelle) était capable de le visiter depuis l’abîme du temps…
Une idée d’une cohérence remarquable. Une fois encore, ses personnages sont figés et se ressemblent. C’est le seul défaut de l’ensemble…
J’ai lu DANS L’ABÎME DU TEMPS et LES MONTAGNES HALLUCINEES en roman et en BD, et plusieurs fois. Et pourtant ces deux récits continuent de se mélanger dans mon esprit, avec quelques autres nouvelles qui leur ressemblent également. Lovecraft avait cette idée obsessionnelle d’horreur cosmique qu’il a déclinée en plusieurs récits très ressemblants les uns des autres, et assez abstraits. Mais Gou Tanabé est arrivé et il a imposé une vision figurative qui a mis tout le monde d’accord.
Génial.
L’APPEL DE CTHULHU
Par MATTIE BOYCette histoire relate une série d’évènements au travers de plusieurs personnages ayant enquêté sur le mythe de Cthulhu. Cela commence avec Francis Thurston qui découvre des journaux et enquêtes suite à la mort de son oncle. De fil en aiguille, en multipliant les témoignages et avec la découverte d’étranges gravures et idoles sculptées représentant une créature inconnue et terrifiante, des chercheurs et archéologues retracent l’histoire d’un culte qui semble exister depuis des siècles, voué à une sorte de titan endormi dans les océans qui aurait régné sur terre avant l’apparition de l’homme : Dans sa demeure de R’lyeh, le défunt Cthulhu rêve et attend. Le lecteur découvre des adeptes fous de ce culte, ainsi que l’histoire de la rencontre avec la créature.
Cette nouvelle, malgré son caractère fondateur du mythe des grands anciens de Lovecraft, n’a jamais fait partie de mes préférées. Je trouvais que le récit se diluait trop dans les multiples sources d’informations réunies par les protagonistes. C’est très épistolaire. On passe d’une personne à l’autre en lisant leur journal, puis eux-mêmes lisent des lettres de gens qui ont trouvé des rapports, etc. La fin était bien sûr mémorable avec l’apparition (la seule d’ailleurs parmi les travaux de Lovecraft) de Cthulhu, mais ce n’était pas suffisant pour que la nouvelle trône dans mon top 5.
Avec la version de Gou Tanabe, c’est presque l’effet inverse qui s’est produit. Grâce à ses compositions visuelles hyper détaillées qui dégagent une vraie ambiance inquiétante, poisseuse, j’ai été happé par le récit retranscrit via les multiples sources réunies par les personnages. Grâce à la narration visuelle, on a davantage l’impression d’être dans l’action et non dans les récits de récits de rapports de lettres, etc. qui faisaient perdre en spontanéité. Tanabe s’en sort avec brio pour nous conter de manière fluide une histoire très morcelée à la base.
Mais comme je l’ai dit, l’effet inverse, ça veut dire que j’ai été moins marqué par la fin. Si Gou Tanabe nous propose évidemment sa version réinterprétée de Cthulhu magnifique, si détaillée qu’on ne distingue pas toute l’anatomie de la créature, cela reste à mon goût un peu trop démonstratif. Je sais, j’ai dit plus haut qu’il fallait bien accepter de voir les créatures dès l’instant où on s’intéresse à une version illustrée des récits de Lovecraft. Mais peut-être qu’on la voit un peu trop. Sur un trop grand nombre de pages qui vire presque en combat. Sans doute qu’en obscurcissant la nuit, en noyant le tout dans une tempête, une créature partiellement révélée à moitié masquée par les ombres aurait été plus saisissante. Mais ce n’est que mon humble avis.
Le manga n’en reste pas moins très bon, parmi les meilleures adaptations de Lovecraft en BD, et malgré une petite déception sur la fin, j’ai été séduit par les dessins magnifiques et le mystère planant sur l’enquête durant les ¾ du récit. Les décors sont toujours le point fort de l’auteur, que ce soit les marais de Louisiane ou les ruines antiques à la géométrie folle de la cité de R’lyeh. Mais disons qu’après avoir lu (et été impressionné !) par DANS L’ABIME DU TEMPS et LES MONTAGNES HALLUCINEES du même auteur, je préfère toujours ces deux-là à L’APPEL DE CTHLHU. Ce sont d’ailleurs mes deux adaptations favorites de Gou Tanabe.
LA COULEUR TOMBEE DU CIEL
Par CYRILLE MVenu à Arkham, la ville où se situe un grand nombre de nouvelles de Lovecraft, afin d’étudier un projet de barrage, un jeune architecte (le premier narrateur, dont nous ne connaîtrons pas le nom) tombe sur la Lande foudroyée, une zone agricole où plus aucune végétation ne pousse, recouverte d’une poussière grisâtre. Attisé par la curiosité, il va voir Ammi Pierce, le dernier habitant situé au plus près de cette terre désolée. C’est Ammi, devenu second narrateur, qui raconte cette histoire terrible de météorite aux propriétés inconnues.
Datant de 1927, LA COULEUR TOMBEE DU CIEL diffère sur plusieurs points des autres nouvelles de Lovecraft présentées ici. Elle est courte (une trentaine de pages), et même si l’histoire nous est narrée par l’intermédiaire d’un spectateur, il n’y a pas de chronologie compliquée. De plus l’histoire prend place dans les années 1880 au lieu des habituelles années 1920 ou 1930, et son traitement est beaucoup plus horrifique.
Notons déjà que Gou Tanabe, qui n’a peur de rien (vouloir transposer Lovecraft, le maître de l’indicible, en bd, est une gageure), adapte cette nouvelle en noir et blanc. Mais cela fait sens : la couleur de l’histoire est sensée ne pas exister sur Terre, ne pas faire partie du spectre visible terrestre. Quand bien même cela serait possible, pour nos yeux finalement limités, cette couleur est sans doute un mélange de celles que nous connaissons. Je ne sais pas quels ont été les partis-pris des adaptations cinématographiques de cette nouvelle (la dernière datant de 2020 avec Nicolas Cage), mais en s’affranchissant de la couleur dans son adaptation, le travail de suggestion tourne à plein pour le lecteur. Pour les éléments extraterrestres et cette couleur, Tanabe penche ainsi pour un niveau de gris plus clair, éthéré, qui paraît presque translucide.
Comparée au texte original, l’adaptation de Tanabe est extrêmement fidèle : chaque phrase ou presque est transcrite ou dessinée, des premières expériences scientifiques sur le météorite jusqu’aux diverses transformations monstrueuses des animaux, de la végétation et des humains empoisonnés par cet artefact venu d’ailleurs.
Notons que ce genre d’histoire basé sur la découverte d’un objet tombé sur Terre n’est pas nouveau, mais qu’à l’époque, Superman n’existait pas encore et que le film comique EVOLUTION était loin d’être réalisé, tout comme le récent ANNIHILATION de Netflix qui semble également s’en inspirer. Tout comme LES MONTAGNES HALLUCINEES peuvent être les prémices de THE THING, celle-ci a donc dû rester en mémoire pour de nombreux auteurs.
Mon édition roman de LA COULEUR TOMBEE DU CIEL est ancienne, une des premières, avec la traduction des années 60. Tanabe fait donc une entorse sur au moins un aspect : dans la nouvelle, il y a très peu de dialogues, mais dès que les personnages s’expriment, ils parlent avec les clichés des paysans : « de » devient « ed », « qu’elle » devient « qu’alle » ou « qu’al ». Tout ceci n’apparaît pas dans le manga, ce qui en facilite la lecture mais surtout évite toute suspicion de racisme ou de xénophobie quant à ces campagnards dépassés par les événements.
Mais Tanabe ne se contente pas de reprendre le texte presque tel quel : il le met en scène. Il n’hésite pas à aligner des planches muettes qui décrivent parfaitement l’angoisse montante, la santé déclinante de la famille de Nahum Gardner et surtout toutes les bizarreries qui diffusent une sourde terreur plutôt que des effets chocs. Il multiplie parfois les cases avant de nous laisser contempler une pleine planche effrayante.
Malgré des visages souvent figés, Tanabe dessine de manière très précise toutes ces improbabilités physiques et biologiques, aussi bien sur les végétaux que les décors. En y réfléchissant, cette histoire peut être une métaphore de l’empoisonnement de nos terres avec les produits industriels, l’agriculture intensive, voire le nucléaire.
CONCLUSION
Nous avons tout trois été séduits par ces adaptations signées par cet artiste exceptionnel qu’est Gou Tanabe, mangaka spécialisé dans l’adaptation d’histoires d’horreur (il a aussi signé KASANE, une adaptation d’une légende bien de chez lui.) Son style graphique hors norme (bien que perfectible concernant les personnages humains) a retenu notre attention et grand bien nous en a pris de tenter l’aventure.
En attendant le prochain à paraître qui sera LE CAUCHEMAR D’INNSMOUTH. Une autre histoire qui ne vous fera jamais oublier que « notre race humaine n’est qu’un incident trivial dans l’histoire de la création »
BO du jour :
Hé bien, vous vous êtes trouvés un Gou commun !
Un beau travail d’équipe avec Matt au Gou-vernail !
Une oeuvre qui semble faire l’unanimité : tiendrez-vous là un nouveau Gourou ?
Mention spéciale à Cyrille qui s’est retrouvé à devoir parler de Gou et de couleur…
Concernant Lovecraft, suite à un précédent article, j’avais acheté un bouquin de poche, qui dort encore sur mes étagères (je n’avais pas dépassé les premières pages)… Un jour, peut-être…
Même pas un « Le Gou et La Couleur », je suis déçu 🙁
Dit-il 2 secondes avant de voir que tu as bien fait le jeu de mot évident. J’ai honte…
Ah ah ah chapeau bas JP pour tous ces bons mots 😀
Quel bouquin de Lovecraft as-tu acheté ?
Le Lovecraft qui dort sur mes étagères, c’est une édition poche de « Dans l’abîme du temps », qui contient aussi La maison de la Sorcière, l’Appel de Cthulhu et Les montagnes hallucinées, soit trois des adaptations chroniquées dans cet article…
Merci JP, pas le plus simple pour commencer mais une bonne pioche !
Une bonne lecture de plage…
Le dessin d’ouverture de Mattie est très sympathique.
J’ai beaucoup aimé le § qui commence par On pourrait penser que le trait extrêmement détaillé de Gou Tanabe et sa capacité à interpréter visuellement les monstres vaguement dépeints par Lovecraft irait à l’encontre de l’intention première des nouvelles de l’écrivain qui stimulaient surtout l’imagination sans décrire en détails les créatures. – Voilà une explication très enrichissante pour moi de l’état d’esprit nécessaire pour accepter de voir représenté une version de la vision d’un romancier : on a le droit de se montrer exigeant, et on attend une version personnelle.
Dommage pour la version d’Alfredo Breccia et d’Horacio Lalia : elle m’attend dans ma pile mais du coup je suis moins pressé de la lire. 🙂
Whouaaaah ! Tornado a lu à l’envers : grande devait être sa motivation. 😀 Tanabe, qui embrasse au contraire toute la complexité et le foisonnement du texte originel en livrant des planches extraordinairement ouvragées et détaillées, qui restituent tout ce qu’avait pu imaginer le lecteur en prolongeant et précisant encore ces visions si particulières et originales. – On retrouve cette idée d’adaptation où l’auteur donne sa version, et visiblement c’est à la fois respectueux et personnel. Merci pour le bonus : le commentaire sur les adaptations de Ian Culbard que j’ai souvent été tenté d’acheter.
Le travail de suggestion tourne à plein pour le lecteur : au fur et à mesure de la lecture de vos commentaires, je change totalement d’avis par rapport à mes a priori. Ainsi donc il est possible de se montrer descriptif tout en conservant une part de suggestion, et il est possible de donner une forme aux visions de HP Lovecraft sans tomber dans le ridicule. Un tour de force, à la fois pour Gou Tanabe, à la fois pour vous pour avoir réussi à me convaincre (d’un autre côté, il a fallu que vous vous y mettiez à trois.
😀
Le plus curieux encore en ce qui me concerne, c’est que celui qui a le moins marché sur moi est LA COULEUR…
Alors qu’il n’y a pas vraiment de créature et donc de « trahison » trop représentative. Mais je n’ai pas ressenti le frisson que j’avais eu à la lecture de la nouvelle. Et je n’imaginais pas vraiment ainsi les effets de la couleur sur les gens.
Donc mon esprit c’était pire^^
Bon ça reste très bien comme BD. Mais c’est celle que j’ai le moins aimé.
Mon classement perso de ces mangas :
1. Dans l’abîme du temps (la nouvelle, dont je ne suis pas trop fan à la base, moins horrifique et plus démonstrative même chez l’écrivain, est sublimée)
2. Les montagnes hallucinées
3. Celui qui hantait les ténèbres
4. L’appel de Cthulhu
5. La couleur tombée du ciel
Merci Présence. Tu as raison, le passage de Mattie qui explique comment Tanabe a réussi à tordre des images qui ne devraient pas exister pour garder leur effroi tout en devenant précises et détaillées sont incroyables, à la fois d’interprétation et de respect de l’oeuvre. Ayant relu la nouvelle puis la bd pour ma partie de cet article, j’ai bien pu voir que chaque phrase était adaptée, rien n’a été laissé de côté.
Ah et j’aime beaucoup le dessin d’introduction également. Je suis très fier d’en faire partie 🙂
J’ai adoré ces adaptations de Lovecraft, très fidèles, qui rentrent dans le trio de tête avec celles de Lalia et de Breccia. Un dessin clair et précis qui fait presque penser aux gravures de Doré ou des éditions de Hetzel, une reconstitution réaliste du début du XXe siècle (particulièrement efficace pour l’expédition arctique avec ses navires à gréements et ses aéroplanes), des créatures indéfinissables véritablement terrifiantes, une représentation à la fois exposée et insaisissable de l’horreur : superbe du debut à la fin.
En revanche, je n’ai pas du tout accroché avec celle de Culbard, trop lisse, pas assez organique, trop « Hergé-enne », pour reprendre la formule de Mr. T(ornado).
Il existe aussi une adaptation faite par un Néerlandais : Erik Kriek, en N&B aussi, mais avec un dessin beaucoup moins évocateur et beaucoup plus démonstratif.
Jamais lues les Lalia et Breccia. Ca se trouve facilement ?
Super facilement :
https://www.amazon.fr/Cauchemars-Lovecraft-LAppel-Cthulhu-terreur/dp/2344001085/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=horacio+lalia&qid=1618908016&s=books&sr=1-1
https://www.amazon.fr/Mythes-Cthulhu-Alberto-Breccia/dp/287827220X/ref=sr_1_2?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&dchild=1&keywords=alfredo+breccia&qid=1618908049&s=books&sr=1-2-catcorr
Merci, je verrai ça à l’occasion. Cela me rappelle que j’ai un Corben qui adapate des nouvelles de Poe et de Lovecraft à lire !
https://www.amazon.fr/LAntre-lhorreur-%C3%89d-N-B/dp/2809475938
Vivement que Tanabe s’attaque à des nouvelles du rêve de Lovecraft, des Randolph Carter. J’adore cette partie.
Je suis beaucoup moins fan du cycle du rêve pour ma part. Enfin certaines histoires comme les chats d’Ulthar ou L’Étrange maison haute dans la brume sont cool, mais Kadath l’inconnue j’ai vraiment trouvé ça pénible à lire. Il n’y a pas de fil directeur. C’est une succession de trucs qui se passent « et il se passe ceci. Et un oiseau arrive. Et un truc meurt. Et… »
Je sais pas, je suis pas rentré dedans du tout…
C’est le deuxième que j’avais acheté et qui est quelque part dans une pile.
Lalia a été publié chez Glenat voici 5 ou 6 ans sous le titre Les Cauchemars de Lovecraft, donc oui je pense.
Pour Breccia, j’ai une édition de Rackham qui a une bonne quinzaine d’années : Le Mythe de Cthulhu. Mais je ne sais pas trop si c’est toujours réédité.
Petit détail amusant sur Celui qui Hantait les Ténèbres, le texte est le second d’une sorte de trilogie… dont les deux autres ne sont pas de Lovecraft !
Lovecraft répond ici au jeune Robert Bloch (Psychose) qui, dans Le Visiteur venu des étoiles, tuait un écrivain ressemblant beaucoup à HPL, ce qui avait fait beaucoup rire ce denier, qui répond en tuant « Robert Blake » dans Celui qui Hantait.
C’est un des derniers textes d’HPL, qui est déjà malade, même s’il ne le sait pas encore à l’époque.
Bloch y répondra quelques années plus tard, en forme d’hommage, avec l’Ombre du Clocher.
Ah c’est cool, je ne savais pas du tout ce détail.
Moi non plus, super anecdote, merci Lavtich !
Il y a un coffret offre d’appel en ce moment, je vais peut-être sauter le pas malgré la réticence pour moi de voir l’univers de Lovecraft en images…
j’ai du mal par exemple avec la description « définitive » que semble avoir Cthulhu de cet immense personnage marvelien, bardé de muscles au visage de poulpe.
Pourtant vouloir mettre des images pour traduire les textes à la fois vagues mais pourtant assez précis (oui je sais) est assez immédiat. je me souviens encore des marges de mes copies de lycée où indifférent au baragouin du prof de math j’essayais de retranscrire de mémoire les monstres apparaissant dans les Montagnes Hallucinées… (des trucs en formes de pyramides avec des tentacules et des yeux…) et ce mot qu’il faut être balèze pour replacer au scrabble: « cyclopéen ».
et pour revenir à Marvel, on sent bien aussi que les artistes essaient souvent de rendre hommage aux horreurs cosmiques du maître…
Lovecraft, c’est vraiment un écrivain des plus important du XXième siècle… tellement de choses découlent de lui…
Je suis sûr qu’on pourrait faire un lien avec les Kaijus japonais
« des trucs en formes de pyramides avec des tentacules et des yeux… »
ça c’est la grande race de Yith et c’est dans DANS L’ABÎME DU TEMPS^^
Mais plein de gens confondent. Techniquement les montagnes hallucinées en parle aussi je crois, dans les fresques.
Ce sont les machins en forme d’étoile dans les montagnes (voir le scan)
Pour Cthulhu je comprends. ça m’a aussi un peu dérangé comme je l’explique dans l’article. Mais pour le coup les autres sont déjà davantage descriptives (les montagnes, et l’abîme du temps) avec les monstres coniques, les fresques sur les murs qui représentent des créatures, etc.
Celui qui hantait…on ne voit rien. Ou du moins rien de précis. La représentation la plus lisible est le gloubi-boulga bizarre sur le scan de Tornado. On dirait qu’il y a des tentacules et des ailes. Plus tard on voit 3 yeux ronds blancs…on ne voit jamais la bestiole.
Dans la couleur…y’a rien à voir.
Cthulhu reste le seul que j’ai trouvé pas assez « masqué » par les ombres ou je ne sais quoi.
Bon c’est pas un truc plein de muscles déjà hein^^ ça fait très gélatineux.
https://images.app.goo.gl/jUrhToWqUvXv9nre7
En tous cas ça reste la grande classe pour les décors aussi. Nos scans ne rendent pas assez hommage à ça. C’est parfois vertigineux et super impressionnant.
Une petite galerie google ici :
https://www.google.com/search?q=tanabe%20lovecraft&tbm=isch&tbs=rimg:CfVwCuF0_12GoYX0K13Cdyt8H&rlz=1C1GCEU_frFR873FR873&hl=fr&sa=X&ved=0CAIQrnZqFwoTCOD8taqrjPACFQAAAAAdAAAAABAV&biw=1903&bih=937
Comme le dit Bob au dessus, parfois on dirait des tableaux à la Gustave Doré (enfin le style de dessin est différent mais c’est sombre et détaillé et hallucinant)
Après si tu n’es pas du tout ouvert à la moindre représentation visuelle…bah peut être que ce n’est pas pour toi. ça parait difficile en BD de ne rien faire de visuel^^
Tu ne devrais pas regretter Eddy. Comme dit Matt, les décors valent le coup. Dans les MONTAGNES, ce sont des pages et des pages de décors cyclopéens qui prennent forme devant nous, c’est remarquable, le dessin est magnifique et surtout, on ressent tout ce que voulait dire Lovecraft. Idem avec l’ABÎMES mais aussi dans CELUI QUI HANTAIT, le clocher étant bien effrayant. Bref, pour moi aucune n’est à jeter pour le moment, ce sont les meilleures adaptations de Lovecraft que j’ai pu voir.
J’aurais aimé trouver des scans pour les architectures des cités de l’abîme du temps aussi.
Mais déjà c’est pas moi qui m’occupait de cette partie^^
Et ensuite, on trouve pas les meilleures planches en scans…
Celui-là peut être mais c’est pas trop à ça que je pensais :
https://images.app.goo.gl/KwWSRn1vn3pJ6Z8o6
Je pensais aux espèces de tours qui semblent flotter ou se « découstruire » (il y a des pierres qui flottent au sommet) un peu comme on le voit en arrière plan du scan choisi par Tornado avec les squelettes au premier plan.
Le village de « celui qui hantait » sous la pluie :
https://images.app.goo.gl/EhyPW1w6bUd57NQLA
ça décolle la rétine quoi^^
https://images.app.goo.gl/5AgwGSJM6Gnm11CY6
Tu as raison on ne trouvait pas grand chose sur le net. Fut un temps où je faisais les scans moi-même mais je crois que Bruce préfère qu’on prenne des scans sur Google.
Je n’ai jamais aimé abimer mes livres pour les scanner (sauf les Satanik que j’ai chopés mais c’était pour la bonne cause^^ J’ai décensuré et tout réimprimé en plus joli)
Du coup je ne faisais pas les scans.
Par contre pour les films j’aimais prendre mes captures d’écran. Pas pratique de devoir trouver des images et/ou se reposer sur des vidéos youtube qui 3 mois après sont supprimés. On a plein d’articles ou il manque les vidéos maintenant…ça contribue à faire vieillir très vite les articles…
Bon, non, je ne peux pas faire l’impasse là-dessus. Si Tornado est parvenu à lire du manga, je parviendrai à lire du Lovecraft ! C’est ma résolution 2021. Ces dessins sont somptueux, non vraiment je vais me lancer sitôt que j’en trouve en librairie.
J’avais commencé LES MONTAGNES HALLUCINEES et Mattie le précise, j’avais trouvé ça mou et contemplatif. Je n’étais pas allé jusqu’au bout. Et puis, de la même manière que certains se sentent largués avec les écrits rock trop pointus, je suis intimidé : tous ici semblez connaître cet auteur aussi naturellement que Goldorak…
L’ABIME DU TEMPS est très complexe d’après Tornado et en plus il y a des aliens.
Chtullu est un récit choral si je comprends bien et j’ai horreur de ça.
Peut-être commencerai je par CELUI QUI HANTAIT LES TENEBRES ou la COULEUR TOMBEE DU CIEL.
Content de voir Cyrille rejoindre le duo dynamique Tornado-Matt pour en faire un Treemup !
« …et en plus il y a des aliens »
Techniquement toutes les créatures sont des aliens. Ils sont juste arrivés sur terre bien avant l’homme et ressemblent à des monstres terrestres enfouis dans des cités antiques. ça fait pas « alien/vaisseau spatial » ça fait monstres mythologiques, malgré leurs origines cosmiques.
« Chtullu est un récit choral »
C’est quoi choral ? Quand c’est épistolaire ? Avec des lettres, des rapports et plein de persos qui racontent ?
Oui…c’est ça^^
Après ça gêne moins en manga. Et puis il faut se mettre un truc en tête : Lovecraft essayait d’insérer ça dans le quotidien, le réel. Trouver des lettres, des témoignages, avoir la version de plusieurs témoins, ça ancre vachement les choses dans le réel plutôt qu’un aventurier qui part seul et découvre tout.
Quand tu dis que tu as commencé les montagnes, tu veux dire la nouvelle ?
En général Lovecraft c’est pas de l’action, c’est sûr. Tu suis des sortes d’enquêtes de gens qui foutent leur nez ou il ne faut pas.
Mais c’est sûr qu’en n’ayant jamais lu Lovecraft, je ne conseille ni Cthulhu, ni les montagnes, ni l’abîme^^
ça se lit après avoir lu des récits plus simples de faits divers un peu inquiétants. Ce sont des nouvelles qui rentrent plus dans la mythologie.
Alors que tu peux lire plein d’autres trucs sans savoir à quoi ça fait allusion.
Les nouvelles les plus friendly :
-des rats dans les murs
-la couleur tombée du ciel
-Celui qui hantait les ténèbres
-Celui qui chuchotait dans le noir
-la musique d’Erich Zann
-le modèle de Pickman
-le temple
-Le molosse
-Air froid
-le festival
Ce sont toutes des histoires qui ne font que peu mention du mythe de Cthulhu
D’ailleurs sur cette page wikipedia, elles sont classée dans « histoires macabres » et les autres dans « cycle du rêve » ou « mythe de Cthulhu »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_%C5%93uvres_de_H._P._Lovecraft#Cycle_du_r%C3%AAve
choral, c’est un récit à plusieurs voix (comme Rashomon, disons)
Cthulhu, c’est même plus vicelard, parce que les récits des divers intervenants sont enchâssés les uns dans les autres, c’est une nouvelle très complexe dans sa structure.
pour ma part, j’adore ce genre de récits qui confrontent les points de vue, c’est un truc que j’utilise assez souvent dans mon travail (notamment dans mon dernier roman, le Dossier Arkham, lovecraftien jusqu’aux oreilles, qui n’est qu’une compilation de documents épars dont le lecteur doit se débrouiller)
Et raconter de manière épistolaire, à une époque c’était aussi une mode. Dracula est raconté par des lettres, un journal intime, etc.
» tous ici semblez connaître cet auteur aussi naturellement que Goldorak… »
Bah il faut bien être conscient d’un truc : comme le mentionne Jyrille dans « la couleur… » Lovecraft (et Alan Poe, ainsi que Robert Howard…et Tokien) ont quasi TOUT inventé de la littérature fantastique et horrifique (fantasy et dark fantasy pour Howard et Tolkien) dont l’héritage s’étend encore aujourd’hui.
C’est juste un énorme chainon de la culture pop. Un bout de chaîne entière même !
Il est probable que certains trucs que tu aimes (tiens bah Junji Ito déjà…) soient inspirés de ce mec dont tu n’aimes peut être pas le travail ou la façon d’écrire, mais qui a posé les bases. ça parait normal de s’y intéresser.
Je trouve la façon d’écrire très belle aussi. Très lyrique et presque poétique dans la description de choses folles.
ouais, Lovecraft est à l’horreur moderne ce que son pote Robert Howard est à l’Heroic Fantasy, un père fondateur incontournable. il cristallise d’un bloc des choses qui étaient déjà dans l’air du temps : l’horreur maritime et cosmique de Hodgson, le délire érudit et jamais explicite de Chambers, les envolées oniriques de Dunsany, etc. tout comme Howard a pioché dans Burroughs et le western pour créer quelque chose qu’on n’avait jamais vu comme ça.
Merci à eux de m’avoir accepté pour ma petite partie !
Si vraiment tout ça ne te parle pas, je te conseille vraiment de commencer par CELUI QUI HANTAIT LES TENEBRES, c’est ce qui se rapproche le plus d’un film d’horreur classique. LA COULEUR fait beaucoup penser à L’INVASION DES PROFANATEURS ou ce genre de vampires de l’espaces.
Mais clairement, les meilleurs ici, c’est l’ABÎME et les MONTAGNES.
» tous ici semblez connaître cet auteur aussi naturellement que Goldorak… »
Tout le pop culture semble être de l’extérieur une sorte de package homogène et c’est vrai jusqu’à un certain point…
oui il y une culture geek faite des comics les plus célèbres, les manga de notre enfance et d’autres aussi les films comme Star wars ou Blade runner, les jeux de rôles, Buffy et et x-files où les mots Conan, Lovecraft, spider-sens, Vite à la batcave, king of the north, font partie du limon commun…
Pourtant rien n’est moins faux aussi…
On m’a parlé de Lovecraft en seconde et c’est le premier bouquin que j’ai emprunté au CDI…
Il y a plein de gens qui n’arrivent jamais à accrocher à Lovecraft.
Mon cousin m’a dit avoir essayé LES MONTAGNES HALLUCINEES et avoir trouvé ça imbitable. Je lui répond que c’est logique, car le truc est un de ses plus complexes et expérimentaux (comme quand je dis que c’est comme approcher le rock avec un album de Frank Zappa). Je lui conseille de retenter avec LE CAUCHEMAR D’INNSMOUTH. Et puis il n’a pas aimé non plus. Il m’a dit « il y a tout ce qui fait que je devrais aimer, et pourtant je n’aime pas ». J’en conclus donc que cet univers, on aime ou on déteste…
Je n’aurais pas dit que les montagnes est le plus tordu pourtant. Long peut être, oui.
Dans l’abîme me parait bien plus compliqué. Bah d’ailleurs j’ai pas trop accroché. Mais Tanabe te rend le truc hyper lisible et passionnant.
Je pense que les nouvelles se rapportant à Cthulhu ne doivent pas être lues en premier. Ma petite liste au dessus propose des histoires plus accessibles, un peu façon Alan Poe, et t’aident à t’habituer déjà au style de l’auteur. Avant de plonger dans la folie des autres histoires^^
C’est marrant, parce qu’en effet, à l’époque, LES MONTAGNES, j’avais trouvé ça chiant, interminable, avec plein de descriptions scientifiques des créatures etc… alors qu’en le relisant il y a trois ou quatre ans, j’avais trouvé ça génial, avec plein de parties différentes, de l’archéologie, de l’horreur, du suspense, un univers différent (l’Antarctique), une histoire originale, vraiment un de ses chefs d’oeuvres.
Le CAUCHEMAR d’Innsmouth est déjà assez long aussi. Je pense que ses nouvelles courtes, celles que j’ai dans JE SUIS D’AILLEURS devraient mieux passer pour les néophytes, pour commencer.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Je_suis_d%27ailleurs_(recueil)
Oui je pense aussi. Très sympathique sélection dans ce recueil que tu mentionnes.
Je pense que ses longues nouvelles, et celles qui entrent dans le détail de sa mythologie, s’apprécient mieux une fois familiarisé avec son univers et son style d’écriture. Tu te mets à vouloir en apprendre plus. Alors que si tu lis ça en premier, et que déjà dans le texte on te parle de Necronomicon et Cthulhu comme si c’était un truc que tout le monde devrait connaître…euh…ça peut laisser perplexe.
Par contre elle est vieille ton édition^^ Pas forcément le truc le plus simple à trouver.
Le même sommaire pour l’édition de 2001 :
https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=-323074
Et celui-ci peut être tenté après :
https://www.noosfere.org/livres/niourf.asp?numlivre=-326535
Même si je pense que Dunwich, Bruce n’aimera pas. Pas la nouvelle la plus subtile avec le gros monstre^^
Je suis d’ailleurs est un souvenir indélébile de lecteur et on peut pas dire ça de toutes les nouvelles …
le pouvoir des mots!
La musique d’Erich Zann aussi…
j’ai rencontré une jeune autrice qui présentait son premier roman de steampunk fantasy… je lis la quatrième de couverture et je lis le nom de son héroïne Erika Zann, je luis dit:
-Fan de Lovecraft?
elle explose d’enthousiasme :
-vous avez remarqué?
et on a parlé de cette nouvelle que je n’ais plus lue depuis 20 ans…
c’est l’incroyable pouvoir de Lovecraft…
Punaise, Lovecraft c’est même pratique pour draguer les nanas ! 😅
Blague à part ça me fait rudement plaisir de voir qu’il peut exister ici un article qui rameute les foules sans être un truc de Marvel en slip ! J’aimerais tellement que ce soit le cas pour des trucs comme le cinéma ou d’autres univers différents, quoi.
A présent, quand c’est du Marvel ou même du super-héros mainstream/ongoing en général, je trouve le temps tellement long…
La MUSIQUE D’ERIK ZAHN, LE MODELE DE PICKMAN, ce sont des petites nouvelles sur « l’art et le fantastique » dignes d’un Edgar Poe. Mais Lovecraft était fan de Poe de toute façon.
Oui ça fait plus Alan Poe mais en même temps ça peut annoncer le mythe.
Par exemple, c’est quoi l’entité repoussée par la musique d’Erich Zann ? On peut inclure ça dans son univers en fait. C’est assez vague.
J’ai toujours trouvé flippant cette image de contempler le néant par la fenêtre. Rien. Tout noir à l’extérieur.
En ce moment ça ne m’intéresse plus du tout non plus le super slip.
Et ça m’attriste aussi de voir 6 commentaires dans la journée sur un truc qui n’a rien à voir avec le super héros, et 40 commentaires au bout d’1h sur un truc Marvel. Pfiou…
De quoi te passer l’envie d’écrire des fois…
Je ne sais pas si cet article rameute les foules, mais en tous cas notre équipe se rameute bien, c’est cool^^
Ah ? Tu n’es pas dans l’attente fébrile d’un article sur un event Marvel ou DC, une saga X-men ou un autre sur la Bat-family ? Tu ne trouves pas ça passionnant ? 🙄
Euh non.
Je t’ai déjà donné cette impression tout court ?^^
Même si j’ai mes sagas et persos que j’aime chez Marvel, j’ai pas écrit plus d’une dizaine d’articles Marvel moi^^
Je n’attends rien fébrilement dans ce domaine.
J’ai débarqué ici avec Harryhausen et Mardi-Gras Descendres^^
c’est là que je vois pourquoi je suis de moins en moins à l’aise dans l’espace commentaires ici…
le problème d’être caméléon…
j’aime tout et je ne partage pas le mépris du super slip en vogue ici
Alors, je comprends les deux positions pro et anti super héros.
Comme je te le disais à l’instant ce n’est pas tant un problème de personnages que de politiques éditoriales.
L’alternance c’est bien : des sujets pointus, des sujets populaires. Ne nous enfermons ni dans l’un ni dans l’autre et surtout ne décourageons pas -invonlaiterment- la team qui aime et a encore envie d’en parler : Eddy; Kao, Présence.
Moi j’ai adoré la semaine Daredevil de la semaine dernière et j’aime bcp celle-là aussi. N’établissons pas de hiérarchie.
@Matt : votre article est formidable et a réalisé le meilleur score de la semaine, je n’ai même pas eu besoin de le booster.
La bise à tous (et Eddy j’attends de pied ferme ton article sur Age of Apocalypse.)
Je ne méprise pas.
ça me gonfle juste que ce soit le truc ultra populaire qui rameute tout le monde pendant que les films hongkongais ou les BD franco belges de fantasy, tout le monde s’en tape.
Mais houlà, Marvel, même si c’est le pire event du monde, ça va commenter sévère et faire 2000 vues !
Ce qui justifie, pour faire vivre le blog, de parler à 70% de super slip…
Et c’est pas une critique, c’est cool d’avoir nos 30% d’autre chose, mais ça ne rameute personne quoi
Je crois que je préférais le super slip quand c’était un truc de niche.
La popularité du truc le rend indigeste, ça me sort par tous les trous…
Alors je m’excuse si ce que je dis peut décourager d’autres de la team. J’ai été maladroit. Je vais même dire l’inverse : Heureusement qu’il y a encore des copains de la team pour aimer et parler de tout ça parce que ça permet de suivre l’actualité et/où de redécouvrir des choses anciennes (au hasard l’article d’Eddy sur Green Arrow). Là où j’ai surtout été maladroit c’est que ce sont les comics en questions qui me saoulent, et certainement pas ce qu’écrivent les copains, dont les articles sont toujours très chouettes et bien foutus. De la même manière ce ne sont certainement pas les 25 lecteurs qui se ruent sur un article de Marvel que je méprise, mais plutôt que je regrette qu’il n’y ait pas le même engouement pour d’autres choses.
C’est ça. Y’a pas de mépris envers un genre. Tu veux voir mes photos de mes comics de slip Eddy ? J’en ai toujours^^
Ce que je supporte mal c’est cet engouement, cette mode, le fait qu’il y ait plein de lecteurs pour ça mais pas pour autre chose (à croire qu’ils ne lisent que ça…)
Si tout genre suscitait un intérêt de manière égale, je n’aurais rien à dire.
Mais c’est pas le cas.
Et en plus, impossible de se sortir de l’idée que c’est une mode, une passade. Il n’y avait pas autant de gros fans de Marvel avant les films.
C’est comme la popularité de Deadpool.
Ou le fait que plein de cosplayeurs qui n’ont jamais ouvert un comics se déguisent en des persos qu’ils ne connaissent pas parce que c’est la mode.
C’est vraiment pénible, et quand t’as le malheur de t’intéresser à autre chose dans ce climat « super-héroesque », tout le monde se fout de ce que t’as à dire. Parce que c’est pas la mode. Faut parler super slip.
Merci à tous d’avoir remis les choses à plat. C’est vrai qu’avec Eddy, on a été un peu (beaucoup) démoralisés par les commentaires anti-superslip de ces derniers temps. Tornado, j’apprécie beaucoup ton dernier message, parce que je t’avoue que déjà que j’ai du mal à trouver des sujets qui me passionnent, alors si en plus ça agace les copains, c’est plus la peine !
Le plus drôle, c’est que je suis sûre que Matt et toi, vous allez apprécier le sujet de mon prochain article alors que c’est un Marvel 😉 . Un Deluxe paru en octobre 2020 et dont Matt a parlé récemment. D’ailleurs, merci Matt, sans ça je serais passée à côté !
La bise les copains 🙂
PS : je m’excuse si je suis moins présente en ce moment, j’essaye de prendre le temps de lire les articles, j’ai un peu plus de mal à les commenter par contre. Je suis un peu dans le creux de la vague mais ça va revenir 😉
Bravo Matt pour ton illustration, j’adore ! Pour l’article, je lis ça tranquillement ce soir (si j’arrive à lâcher mon bouquin… Je sais pas comment vous faites pour trouver le temps de lire des livres, écrire des articles, lire les articles des copains et commenter, en plus de la vie quotidienne !!!)
Béh tu vois Kaori, chacun voit midi à sa porte. Moi ce qui me démotive c’est que d’autres sujets que le super héros fassent un bide (en vues, en commentaires) Presque tous mes articles en fait.
Ce n’est pas que vous nous emmerdez avec vos articles^^ C’est que ça agace que ça marche 10 fois mieux que le reste. Genre si j’ai pas de trucs de super héros sur lesquels écrire, j’ai plus qu’à arrêter d’écrire ?
Mais tant mieux pour vous si ça marche hein.
Et pour cette histoire de temps…bah…j’ai pas le temps non plus^^ Moi aussi je suis moins présent.
ça sent le soldat de l’hiver de Brubaker ton deluxe^^
Loin de moi l’idée de saper vos envie de vous exprimer…
l’articile du jour prouve à quel point parfois sortir de sa zone de confort peut nous faire découvrir des choses et que ces choses nous enrichissent.
je m’enrichis 5 jours par semaine
mon humeur de cet matin n’était que le reflet d’une frustration pas évidente à traduire, mais de toute façon passée…
@Kaori : Je me confonds une nouvelle fois en excuse : Si tu as des envies d’articles, quels qu’ils soient, je n’ai absolument rien à y redire. Ne prends absolument pas en compte mon aversion pour telle ou telle chose. Fais ce que tu aimes, et si je ne suis pas content c’est pareil ! On s’en fiche ! Vraiment !!! 😉
@Tornado : c’est noté 😉 (et excuses acceptées, bien entendu !!)
Très « jolie » nouvelle la musique d’Erich Zann. Une de mes préférées.
Je dis jolie parce que point de monstre, mais il y a tout de même une atmosphère d’effroi liée à la musique et…ce qui existe par delà la fenêtre du vieux.
Mais je la trouve assez « poétique »
Et la fin mystérieuse est très sympa aussi.
les descriptions cliniques du matériel et des bestioles participent vachement de l’impression de réalité que recherche Lovecraft dans ce texte. C’est quasiment écrit comme une histoire de Jules Verne qui partirait en banane.
Ah ben voilà l’article qu’il me fallait.
Depuis le temps que l’on évoque ces mangas sur le blog.
Maintenant qu’il y a une critique très complète positive et unanime sur cette série d’adaptations. Je n’ai plus aucune raison de ne pas, au moins, acheter un tome pour essayer.
Et je suis presque sûr qu’au final je vais tout acheter. Manifestement ces mangas ont tout pour me plaire.
L’imagination de Lovecraft mise en images par un virtuose du crayon cela ne se refuse pas.
Joli travail d’équipe les gars. On croirait voir le PSG jouer au foot. 😀😉
Enfin c’est bien joli tout ça, mais vu que vous avez mis 5 étoiles à chaque histoire il va m’être difficile de faire mon choix ^^
Quoi qu’il en soit je découvre cet auteur qui semble s’écarter résolument du « style manga ». Lovecraft à la sauce nippone voilà tout un programme que vous avez fort bien vendu ! Well done !
Bon, ça y est, j’ai lu. L’horreur et moi, ça fait quinze, donc jamais je ne lirai les nouvelles de cet auteur emblématique, mais je dois dire que je suis subjuguée par les scans que vous avez tous postés. Quelle technique utilise Gou Tanabe pour apporter autant de profondeur, de détails dans ses dessins ?
C’est marrant, je suis restée longuement sur la créature de Tornado, en essayant de voir où était la tête, les pattes, les ailes, et rien, impossible. Je me suis dit « c’est moi ou bien ? » et je ne comprends pas comment il fait, comment avec autant de détails, il arrive à ne pas donner de forme. C’est Matt je crois qui explique que c’est la surcharge visuelle qui donne cet effet ? Ben c’est magnifique et impressionnant. Peut-être que c’est pour ça qu’il ne semble pas douée pour donner vie à des visages humains.
Merci à tous les 3, l’intro de Matt m’a bien fait rire avec l’incruste de Jyrille, qui a eu bien raison. Je reste scotchée par cette histoire de « couleur qui n’existe pas »… (Tiens, ANNIHILATION a été regardé par les hommes de la maison, qui se font un « samedi soir film d’horreur » toutes les semaines… Je crois qu’ils ont bien aimé).
La créature n’est probablement pas entière sur l’image en plus^^ Elle casse le clocher et je pense qu’une partie de la bestiole est encore dedans. A un autre moment on voit 3 yeux. Pas de trace d’yeux sur cette image. C’est assez malin de faire ça pour éviter de donner une forme trop précise à une créature qu’on ne peut qu’imaginer dans la nouvelle.
On voit ça aussi à un moment
https://images.app.goo.gl/b6mPtQWxsxPqCKQ7A
Pareil on comprend rien à ce que c’est^^
a titre de découverte, j’ai pris le petit coffret contenant LA COULEUR TOMBEE DU CIEL et L’ABIME DU TEMPS.
nul doute que l’on a là une sorte de pari risqué/réussite assez dingue… comme le souligne le groupe, la couleur en noir et blanc ne manque pas grâce à l’astuce assez simple et courante pour un mangaka: LA TRAME. c’est une trouvaille digne des anciens cinéastes.
sinon, on croirait lire les nouvelles tant les images ont outrancièrement descriptives.
c’est une des nouvelles pièces maitresses du manga sur nos contrées l’une des armes de persuasion massive au même titre que GUNNM, AKIRA, 20th CENTURY BOYS, et d’autre plus contemplatives mais qui peuvent toutes êtres brandies avec fierté par tous les fans et les combattant pour la gande et belle BD internationale.
Je ne sais pas si je prendrais tous les adapataions parce que je prèfère encore les lire en « mots » mais c’est très beau et surtout ça ne prend pas les fans pour des imbéciles.
Ah super ! Oui, je pense que le plébiscite est largement mérité. Je te jure que tu ne seras pas déçu par les autres !
Tiens je n’avais pas réagi à ton retour.
Tu as déjà L’abime. Si tu ne veux pas toutes les prendre, je te recommande quand même les montagnes ! C’est une tuerie graphique et une bonne adaptation avec ce côté fouilles archéologique (t’aimes bien ça dans Poirot non ?^^)
Désolé pour Bruce qui a pris LE MOLOSSE, ce sont vraiment les débuts de Tanabe sur les nouvelles de Lovecraft, c’est très sympa mais ça manque de liant, de concrétisation, malgré des ambiances qui essaient d’exister tout au long des trois nouvelles (la première étant la moins bonne je pense).
Par contre je viens de finir les deux tomes du CAUCHEMAR D’INNSMOUTH et là, c’est du grand art. J’ai été proprement terrifié. Je me souvenais bien de la nouvelle, l’ayant relue il y a quatre ans, mais Tanabe la transcende et le résultat est incroyable, très différent des ambiances des précédentes nouvelles, ici on navigue entre le polar et l’horreur pure.
Je crois bien que je vais m’acheter les nouvelles traductions de Lovecraft parues chez Mnemos.
Ah ouais c’est les débuts de Tanabe ? J’ai pris LE MOLOSSE mais je ne l’ai pas encore lu. Je pensais que c’était une nouveauté. Bruce n’a pas aimé ?
La première LE TEMPLE est la moins bonne ? Zut…je l’aime bien la nouvelle. Je trouvais que ça retranscrivait bien une ambiance inquiétante ce mec qui écrit dans un sous marin en perdition et qui finit par descendre dans les ruines.
Sinon oui LE CAUCHEMAR D’INNSMOUTH est terrible.
D’une certaine façon on pourrait encore dire qu’on en voit trop. Alors qu’en roman, bah on imagine plus. Cela dit Lovecraft ne dissimule pas ses créatures, c’est juste le format écrit qui nous empêche de les voir, donc c’est inévitable dans une adaptation de montrer les monstres.
Mais du coup Tanabe s’en sort bien pour transformer ça en une sorte de cauchemar éveillé, avec toujours beaucoup de planches muettes et de fresques « innomables » ^^
« Je crois bien que je vais m’acheter les nouvelles traductions de Lovecraft parues chez Mnemos. »
ENCORE des nouvelles trad ? Ou ce sont les mêmes que celles sorties chez Bragelonne ? Ce sont celles de Maxime Le Dain ?
Au bout d’un moment c’est chiant 30 traductions différentes.
Pour LE MOLOSSE j’attends les retours du boss, il n’a lu aucun Tanabe et aucun Lovecraft je crois… Tu me diras ce que tu en as pensé !
LE TEMPLE pâtit du manque d’informations. On ne sait pas trop ce qu’il se passe, c’est trop muet, il y a un flagrant manque de rythme qui justement est lui totalement maîtrisé dans INNSMOUTH (rah ces doubles planches inquiétantes pleines de suspense, ce cauchemar éveillé comme tu dis à d’autres moments… incroyable. J’étais à fond.).
Pour les traductions, a priori ce ne sont pas celles de Bragelonne, c’est le même traducteur tout du long donc ça m’intéresse fortement moi qui n’ai que les vieilles versions des années 60.
Pour INNSMOUTH on est raccord.
C’était le même traducteur pour toutes les parutions Bragelonne aussi.
S’ils refont des trad tous les 10 ans…ça va perdre en authenticité je trouve.
Bon ok de base dès que tu traduis, c’est plus authentique. Mais bon imagine t’as 10 trad différentes d’une histoire…personne n’a lu la même chos, personne n’est marqué par la même tournure de phrase. C’est dommage quand même.
L’intérêt d’une nouvelle trad par rapport à celles de Jacques Papy c’est que bon…ça datant des années 60, et il paraitrait aussi que certaines n’étaient pas complètes.
Mais en faire encore une 10 ans après Bragelonne…bof
Si les éditeurs se tirent la bourre pour savoir qui c’est qui traduit mieux on va crouler sous les versions.
non, sur Bragelonne, ils étaient deux (et avec des délais à la noix, parfois)
et c’était pas une intégrale. (après, c’est du bon taf, hein)
après, oui, les trads type Papy et Noël, elles avaient salement vieilli (bon, les très grosses bourdes avaient été globalement corrigées dans l’édition Bouquins).
après, oui, depuis qu’HPL est libre de droits, y a des trads dans tous les sens. y a par exemple aussi celles de François Bon.
Mais la version Mnemos, elle est vraiment conçue pour devenir une référence, y compris au niveau universitaire.
Fun fact : il devrait y avoir une édition Pleiade de Lovecraft dans pas longtemps, et on ne sait pas encore quelle traduction sera dedans.
Alors, la nouvelle trad Mnemos, c’est une intégrale avec le même traducteur de bout en bout pour toutes les fictions écrites par Lovecraft seul (les coécritures et les essais ont été traduits par d’autres gens, histoire de soulager David Camus, maître d’oeuvre de la chose, qui aurait craqué sinon, vu la masse délirante de boulot) (fun fact, du coup j’ai traduit six textes du tome 6).
Pour le coup, cette version Mnemos est vraiment conçue pour devenir l’édition de référence pour les trente prochaines années (de la même manière que les trois tomes de la collection Bouquins de robert Laffont étaient l’édition de référence des trente dernières années), avec une traduction harmonisée, faite à partir des manuscrits à chaque fois que c’était possible (bon, de la transcription des manuscrits par S.T. Joshi, en fait, l’un des seuls hommes au monde à pouvoir lire les pattes de mouches d’HPL). c’est un très gros morceau.
Bon, j’ai lu Le Molosse chez Ki-oon et confirme n’y avoir trouvé aucun intérêt.
ce sont essentiellement des textes de jeunesse d’HPL, et les premières tentatives de Tanabe, donc c’est pas à la hauteur du reste, clairement.
M’en fiche. Vous me dîtes ça à chaque fois.
Lorsque je lis ton commentaire à celui de Tornado sur Morrison, je commence en effet à croire que cela ne sert à rien d’essayer de t’apporter des arguments 😀
Objection !
Je suis sans doute le seul ici à aller volontairement piocher dans des oeuvres/auteurs que je n’aime pas pour vérifier si je n’avais pas tort à leur propos.
C’est pas faux. Mais sur ce coup-là, tu es vraiment mal tombé…
Mais des fois je me demande si Bruce a une vraie curiosité de découvrir un truc différent avec lequel il aurait moins d’affinités.
Parce que ça ne va pas miraculeusement se transformer en truc qui te plait. Forcément faut pas s’attendre d’un coup à y trouver une profondeur chez les personnages ou je ne sais quoi que tu préfères lire. Forcément ça va rester de l’horreur cosmique et/ou étrange à base de personnages qui ne sont que de la chair à canon. L’intérêt c’est l’expérience (ici visuelle) ou la façon d’écrire (dans les nouvelles)
Moi j’ai toujours pensé que de base pour savoir si c’était fait pour toi, il fallait lire un recueil de l’écrivain en premier (pas une adaptation) et sans choisir des trucs de fou comme DANS L’ABIME DU TEMPS en premier.
J’avais conseillé il y a des années de ça un recueil J’ai Lu « L’abomination de Dnwich » ou encore le recueil chez Folio SF « je suis d’ailleurs » qui ont presque les mêmes sommaires avec des nouvelles comme celles-ci
L’Abomination de Dunwich
Je suis d’ailleurs
Les Rats dans les murs
Le Modèle de Pickman
La Musique d’Erich Zann
Arthur Jermyn
Le Molosse
La Cité sans nom
La Maison maudite
« l’abomination de Dunwich » ne te plaira certainemrnt pas. C’est pas terrible et c’est à base d’un gros monstre. Mais le reste sont des nouvelles plus subtiles. Et c’est bien pour commencer.
Et encore une fois chez Lovecraft c’est la façon d’écrire qui importe beaucoup. Chose que déjà tu ne retrouves pas dans une adaptation. Donc si le sujet de fond ne te passionne pas, peut être que la façon d’écrire te plairait. Et c’est pas dans une BD que tu trouveras ça.
Je viens de finir le troisième tome de l’adaptation de L’ABOMINATION DE DUNWICH et c’est du toujours grand art, même en faisant autant de dessins de monstres (la mise en scène est toujours hyper bien pensée). Mais je crois que LE CAUCHEMAR D’INNSMOUTH m’a encore plus impressionné tout de même.
Punaise, c’est trois tomes maintenant ??? J’arrive plus à suivre (et je ne prends que les coffrets intégrale qui sortent en général pour Noël et qui sont vite épuisés).
INNSMOUTH Vs DUNWITCH : Il me semble que la première nouvelle est plus longue. Et de toute manière je la trouve bien meilleure (même si DUNWITCH est très bien, INNSMOUTH c’est carrément le summum de Lovecraft je trouve).
Dunwitch c’est là qu’il y a le monstre invisible avec les paysans qui parlent comme des attardés, non ? C’est un poil laborieux à lire la nouvelle. Clairement pas le meilleur de Lovecraft. Assez premier degré avec des gens qui chassent une créature géante plutôt qu’un récit d’atmosphère.
@Tornado : oui avec le recul, la base de l’adaptation d’Innsmouth est déjà un des summums de Lovecraft, il ne pouvait en être autrement avec Dunwich. L’avantage de ne pas prendre de coffret collector : j’ai toute la collec dès que ça sort 😀
@Matt : Oui c’est celle-ci. Tanabe réussit à rendre la première partie de la nouvelle très angoissante, à générer une ambiance. Et sur deux tomes ! Ce dont parle ta dernière phrase ne concerne que le dernier tome. Et bien sûr comme pour la Couleur, la version Tanabe ne fait pas parler les paysans comme des attardés, uniquement avec quelques expressions et abréviations.
Je vous laisse juger par vous-mêmes.