The Walking Dead 1 – Passé décomposé par Robert Kirkman & Tony Moore
PRESENCE
VO : Image
VF : Delcourt
Jamais je ne lirai Walking Dead. Ce n’est pas que j’en ai personnellement après Robert Kirkman, ou que je n’aime pas les zombies (ayant effectivement lu les 100 épisodes de la série Crossed, plus la minisérie initiale).
C’est juste qu’il y avait déjà une quinzaine de tomes disponibles, que Kirkman n’a pas besoin de mes sous et que certaines critiques lui reprochent des rebondissements mécaniques pour relancer l’intérêt de son intrigue (Qui va passer l’arme à gauche dans cet épisode, ou qui va perdre un membre ?).
Mais quand même, la tentation faisait son travail de sape dans mon esprit car un certain Bruce T. vantait les mérite de la série tome après tome, insinuant que mon évitement de ces zombies remettait en question ma capacité à tout lire.
Pire encore, le 13 avril 2016, un nouveau contributeur surgi de nulle part propose un angle de vision irrésistible sur la série : Thierry Araud. Bon, je veux bien faire un effort à condition que ça ne me coûte rien. Pas de chance mon collègue de travail qui lit la série avait revendu tous ses tomes pour basculer au numérique, support que je ne pratique pas. Mais le destin finit de me faire tourner en bourrique, quand Bruce me tendit négligemment le premier tome, me proposant d’y jeter un coup d’œil, comme ça pour voir. Vil tentateur ! (Oh, hé,hein,bon-Ndr).
Ce tome est le premier d’une série au long cours, indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2003/2004, écrits par Robert Kirkman, dessinés et encrés par Tony Moore. Le lettrage a été réalisé par Robert Kirkman lui-même, et Tony Moore a été aidé par Cliff Rathburn pour l’ajout de trame grise sur les dessins. Cette bande dessinée est en noir & blanc avec des nuances de gris. Elle commence par une introduction de 3 pages rédigée par Robert Kirkman (à une date non précisée) dans laquelle il indique qu’il s’agit d’un récit au long cours, ayant pour objet principal l’évolution du personnage principal au fil des années.
De nos jours (ou en 2003), 2 policiers interviennent sur une autoroute pour raisonner un individu armée d’un fusil à pompe. Rick Grimes est touché au torse et il reprend conscience des jours plus tard dans une chambre d’hôpital. Il se lève, enlève sa perfusion, récupère ses affaires dans le tiroir de la commode et s’habille. Il sort dans le couloir qu’il trouve désert. Il appelle l’ascenseur et les portes s’ouvrent laissant choir un cadavre. Il descend au réfectoire et découvre une pièce remplie de cadavres dont un avec encore un peu de peau sur les os, qui essayent de l’agresser. Il s’enfuit au plus vite.
Rick Grimes trouve une voiture dans le parking de l’hôpital, mais elle ne veut pas démarrer. Il s’enfuit à pied sur la route, et manque de marcher sur un autre cadavre gisant dans l’herbe, mais semblant encore vouloir parler. Il prend le vélo à côté, et rentre chez lui en pédalant e en faisant attention aux bas-côtés. Alors qu’il inspecte les abords de sa maison. Il se fait assommer d’un coup de pelle par un jeune adolescent. Il se réveille dans un lit, dans la maison voisine. Il descend alléché par l’odeur du repas. Morgan Jones lui explique que c’est son fils qui l’a estourbi, le prenant pour un zombie. Il lui explique qu’il y a eu une infestation de zombies et qu’il s’est réfugié ici avec son fils, dans une zone calme. Rick Grimes décide de se rendre à Atlanta, la grosse ville la plus proche, car il suppose que c’est là que se sont réfugiés sa femme Lori et son fils Carl.
Dans son introduction, Robert Kirkman annonce clairement son intention d’auteur : raconter ce qui se passe après l’infestation de zombies, en suivant un personnage principal (Rick Grimes), aussi longtemps qu’il est humainement possible. En 2016 (date de rédaction du présent commentaire), la série en est à ses 13 ans d’existence sans montrer de signe d’essoufflement, sans fin programmée proche, suivant toujours Rick Grimes. Cette série a donné lieu à plusieurs jeux vidéo, ainsi qu’à 2 séries télévisées The Walking Dead et Fear the Walking Dead. Le principe de la série est simple : un individu se réveille sur son lit d’hôpital alors que l’épidémie a déjà commencé.
Robert Kirkman a choisi un simple policier d’une petite ville de province, avec une expérience de terrain limitée, mais assez de compétences pour pouvoir survivre en milieu hostile. Avec le recul, il apparaît qu’il avait confiance dans la force de sa série, assez pour prendre le temps de l’installer. Le premier épisode sert à montrer l’étendue des dégâts : les bâtiments désertés, les cadavres, quelques zombies, et le délabrement qui commence à gagner les constructions humaines. Le deuxième épisode permet de découvrir l’état d’une grande ville. Enfin dans le troisième épisode, Rick Grimes rejoint une toute petite communauté d’une dizaine de personnes.
Ce premier tome a ceci de particulier qu’il est dessiné par Tony Moore, car il laisse sa place dès l’épisode 7 à Charlie Adlard qui devient le dessinateur en titre de la série. Moore dessine de manière réaliste avec un très faible degré de simplification, ce dernier pour faciliter la lecture. Les personnages ressemblent à des individus normaux de par leur morphologie, mais aussi leurs tenues vestimentaires. Ils changent de vêtements régulièrement, moins souvent quand même que si la civilisation avait perduré (il est même question de lessive). Les décors sont dessinés de manière plus régulière que dans un comics de superhéros. Tony Moore sait rendre compte des spécificités d’un endroit : la route en zone dégagée, la chambre d’hôpital, le pavillon de banlieue dortoir, les rues d’Atlanta, le magasin d’armes à feu, la clairière en bordure de forêt où sont installés la dizaine de personnes dans un camping-car et quelques tentes.
Tony Moore et Cliff Rathburn utilisent des trames grisées pour habiller une partie des surfaces de chaque case, afin de donner une impression de couleur plus foncée, d’ombre portée plus ou moins sombre en fonction de l’éclairage. Le tout donne une impression plus consistante que ne peut parfois l’être du simple noir & blanc. Les zombies sont bien crades, avec des dents et des gencives apparentes, la bouche toujours ouverte, comme des simples d’esprit. Ils ont des pupilles blanches, sans iris. Leur peau semble parcheminée, parfois déchirée à certains endroits. À l’évidence tous ne sont pas au même stade de décomposition, en fonction de la durée qu’ils ont passé à l’état de zombies. Ils sont systématiquement entourés d’un essaim de moucherons attirés par l’odeur et par la chair en décomposition. Ils ne sont pas beau à voir, mais le lecteur finit par observer que l’artiste exagère leur comportement ballot et mécanique, comme s’il y avait une forme d’ironie dans leur représentation, comme si Tony Moore sous-entendait qu’ils ne sont pas à prendre au sérieux. Dans leurs postures et dans le caractère très factuel dont ils se font détruire à la hache ou à l’arme à feu, le lecteur reconnaît une forme de moquerie des conventions du genre, un second degré très agréable à la lecture.
Il en va de même pour les visages des personnages. Tony Moore a tendance à les simplifier plus que leurs corps ou les décors. Cela facilite la projection du lecteur sur ces personnages, mais là aussi cela fait naître une forme de second degré semblant dire qu’il ne faut pas trop les prendre au sérieux. En fonction de son état d’esprit, le lecteur peut voir dans le sourire des protagonistes, ou dans leurs expressions de visage très franches, la marque d’individus simples projetés dans un monde de survie qui n’a plus de sens. Il peut aussi y voir une légère exagération relevant d’une moquerie ou d’un clin d’œil adressé au lecteur sur les conventions de genre, c’est-à-dire d’une histoire utilisant les clichés propres aux récits de zombies.
La narration visuelle se révèle donc très agréable dans sa précision, sa volonté de plonger le lecteur dans un monde réel décrit avec attention, sans en devenir surchargé, avec un petit sourire en coin. De son côté, la narration de Robert Kirkman comprend elle aussi des particularités. En surface l’intrigue relève d’une forme de naturalisme simple. Les personnages ne se posent pas de questions existentielles. Soit ils font le nécessaire pour continuer à vivre en s’occupant des besoins basiques : se nourrir, se vêtir, s’abriter, trouver du réconfort dans la compagnie d’autres individus ; soit ils sont assommés par l’énormité de la situation et ils se comportent en automates, s’enferment dans le mutisme, ou encore avoisinent la dépression. En intégrant quelques enfants avec parcimonie dans sa distribution, le scénariste se montre assez habile, en montrant qu’ils s’adaptent à tout et que leur énergie vitale s’avère plus forte que tout, leur permettant de s’accommoder de ce nouvel état de leur environnement.
Le lecteur se laisse donc porter par cette narration simple, linéaire, pragmatique et factuelle. Comme il s’en doutait, il y a plusieurs moments choc, jouant sur la rupture de ton entre un moment calme et une mise en danger soudaine du fait d’une attaque de zombie ou pour une autre raison. Néanmoins, ce dispositif narratif n’a pas le même impact qu’au cinéma ou à la télévision puisqu’ici le lecteur contrôle sa vitesse de lecture. Il remarque quand même le savoir-faire de Tony Moore qui sait jouer sur ce qu’il montre et sur ce qu’il ne montre pas pour laisser planer un doute sur ce qui arrive vraiment (en particulier lors de l’attaque du campement de fortune). Le lecteur remarque également que la mort de personnages peut survenir à tout moment, quel que soit le personnage et que l’auteur s’en sert comme un dispositif narratif efficace. Il a un peu plus de mal à avaler les retrouvailles providentielles de Rick avec sa famille, ou le fait que l’ascenseur de l’hôpital fonctionne encore alors qu’il ne semble plus y avoir d’électricité nulle part.
Le lecteur observe également 2 thèmes présents tout au long de ce premier tome. Si la menace des zombies est bien présente, les personnages jouissent d’une étonnante liberté, leur donnant une forme d’insouciance inattendue. Ils sont libérés du carcan de la société, n’ayant plus qu’à se préoccuper de leur sécurité (moins difficile que prévu, il suffit de se tenir à l’écart des zombies) et de se nourrir. Pour le reste, un groupe de femmes évoque la corvée de linge, les hommes chassent le gibier. Mais il semble ne plus y avoir de contrainte de se lever, d’aller travailler, de devoir se conformer aux innombrables règles de la vie en société. L’autre thème principal est plus pernicieux et il ne se remarque que du fait de la répétition.
De manière naturelle, les survivants s’arment pour pouvoir se défende en cas d’attaque par ces zombies patauds et lents. Mais à plusieurs reprises, s’approvisionner en armes et en munition devient un objectif prioritaire. La question se pose même de savoir qui doit être armé, en particulier les individus n’ayant jamais manipulé une arme, ou même les enfants. Derrière ce thème récurrent, il y a bien sûr celui d’assurer la sécurité de la communauté, et sous-jacent mais déjà présent celui de savoir qui doit diriger la communauté, sous quelle forme : consensus collégial ou chef reconnu pour ses compétences, mais lesquelles ? Cette insistance sur les armes à feu rappelle leur grande accessibilité aux États-Unis, et atteste également du changement radical de l’état de cette société dont les individus se retrouvent brutalement entre le premier et le deuxième niveau de la pyramide d’Abraham Maslow, entre la survie et la sécurité.
Au final, ce premier tome se lit tout seul, la narration simple offrant une lecture rapide et facile. Le lecteur éprouve quelques difficultés à vraiment prendre au sérieux ce début du fait des dessins parfois goguenards de Tony Moore. Il voit bien que Robert Kirkman est capable de poser des questions pertinentes sur la civilisation et sur la société, mais il peut aussi n’y voir que des évidences, sans réflexion derrière. 4 étoiles pour un début divertissant et léger.
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La BO du jour : l’apocalypse a eu lieu et Trent Reznor est son prophète
Présence qui écrit sur Walking dead… On aura tout vu !
La prochaine étape c’est JP Nguyen qui écrit sur Roméro ?
Blague à part excellent article qui montre (à mon sens) que le trait de Moore est un peu trop propre et clair pour réellement coller au genre horrifique. Par ailleurs comme tu le soulignes le risque/travers du genre est de passer pour une gigantesque pub pour le lobby des armes !
Si la course aux armements se justifie dans le comics par la disparition des institutions et l’apparition des Zombies, qu’est ce qui explique le même engouement pour les armes existe dans la réalité alors que les Etats Unis ont une Police efficace (et hélas) très zélée ?
J’ai vu des publicités pour les armes se basant sur la possibilité d’une apocalypse zombie ! Pour le coup ça fait vraiment peur.
Des années qu’on en parle. Et Présence a fini par sauter le pas !
Ce ne sera pas mon cas…
Punaise, le hasard a voulu que je regarde le 1° épisode de la saison 7 de la série TV hier soir. Non mais qu’est-ce qu’il faut être tordu pour regarder un truc pareil ! L’épisode le plus insoutenable de la série depuis le début, et de loin ! Et probablement l’un des des trucs les plus éprouvants qu’il m’ait été donné de regarder ! J’ai failli lâcher l’affaire au milieu de l’épisode. Mais comme ma chérie tenait le coup mieux que moi, je me suis accroché par orgueil…
Franchement, c’est du sadisme à l’état pur. Atroce. Il faut être complètement marteau pour regarder ça… On va laisser passer un moment avant de regarder la suite, hein…
Bel article sinon, avec une acuité sans faux cols quant au fond et à la forme de l’ensemble.
Je ne vois pas ce qui pourrait me convaincre de regarder la série télévisuelle, toujours mon aversion ou ma chochoterie pour les horreurs en images qui bougent. Par contre, le comics est beaucoup plus édulcoré que n’importe quelle histoire de Crossed.
La violence de WD est brutale mais plus classique que celle de Crossed qui est teintée de sadisme.
Merci de l’avoir exprimé de manière si claire : il n’y a effectivement pas d’intention de sadisme. Même sans cela, Kirkman réussit à faire apparaître que le plus grand danger va venir des relations sociales des humains entre eux dès le tome 3.
Article intéressant qui me conforte pourtant dans l’idée de ne pas lire la série malgré ta note. Pas mon truc. Déjà la quête des armes dans les jeux vidéo Walking Dead, même si elle est logique dans ce monde apocalyptique soulève des questions sur le rapports des américains avec les armes.
Et puis je me demande vraiment si au bout de plus de 20 tomes, Kirkman ne fait pas finalement qu’enfoncer des portes ouvertes en ce qui concerne ses réflexions sur la société et la nature humaine.
En fait c’est un ressenti que j’ai devant chaque film de zombie. une chose qui explique pourquoi ça me gonfle au delà de la figure du zombie en lui-même que je pourrais apprécier davantage dans un autre contexte. Tu m’as aidé à mettre le doigt dessus. Dans tous ces films de zombies apocalyptiques à base d’invasion planétaire, on ressent une espèce de paranoïa constante qui ne se renouvelle pas de film en film et qui ne fait que répéter les mêmes choses d’une manière presque maladive comme si les créateurs transmettaient leur vision noire et désespérée du monde, une vision sans espoir et où les vertueux périssent. De temps en temps c’est bien. Que ça soit devenu super populaire et une mode d’en produire plein, ça devient presque inquiétant. Surtout si comme le dit Patrick, ils arrivent à vendre des armes en jouant sur l’hypothèse d’une apocalypse zombie.
On risque de déborder sur le sujet d’hier concernant l’influence des œuvres. Je pense cela dit que, même si une œuvre ne suffit pas à expliquer des actes barbares (parce que je ne pense pas qu’un mec sain comme Tornado ait envie de tuer des gens maintenant qu’il a vu cet épisode hier), l’exposition prolongée aux mêmes œuvres noires et sordides (imaginons un gosse qui ne fait que lire, regarder ou jouer à des trucs de zombie tous les jours sans que ses parents s’en souvient) ne peut pas faire que du bien non plus. L’abus de n’importe quoi n’est jamais bon. Donc ce phénomène de mode de la noirceur gore ne me plaît pas des masses.
D’un côté les enfants reproduisent les exemples qu’ils ont sous les yeux, à commencer par celui que leur donne leurs parents. De l’autre côté, il me semble que tout le monde sait faire le distinguo entre réalité et fiction. Je retiens ton éclairage sur le fait qu’un individu tout le temps exposé à un unique genre de fiction (ou choisissant de s’y limiter) finit par s’en imprégner de manière inconsciente.
Je n’avais pas pensé à la prolifération d’œuvres appartenant au genre zombie. Faut-il y voir une normalisation de la société de masse qui donne l’impression aux individus d’obéir aveuglément à des règles restrictives, limitant leur liberté ?
Oui, je suis conscient que faire la différence entre la fiction et la réalité est quelque chose que la majeure partie des gens savent faire. Je ne voulais pas dire qu’un gosse soumis à toutes ces oeuvres constamment deviendrait un tueur. Mais que ce ne serait pas sain de baigner dans le trash sans arrêt, et que s’il est sensible ou influençable, cela peut tout de même rendre sa vision du monde plus triste et désespérée.
C’est pour ça que la noirceur abyssale et la violence « réaliste » (comme s’il n’y avait que ça de réel) comme « qualité » d’une œuvre me laisse parfois dubitatif. Les qualités sont ailleurs pour moi. Pas juste dans le parti pris sombre et déprimant.
On en revient un peu à ce que disait Bruce hier concernant la prévention. Il s’agit de ne pas laisser n’importe quoi aller dans n’importe mains ou devant n’importe quels yeux. Du coup, ce que dit Tornado sur Walking Dead peut être préoccupant concernant l’heure de diffusion de Walking Dead. Et quand c’est une mode, il n’y a plus de prévention, tout est mis en avant dans les magasins, etc.
Super article. Bienvenue au club.
Pour ma part, je n’ai pas l’impression d’une mode zombie. Kisrkman gère bien son fond de commerce entre la BD, les séries, les jeux, les livres et le merchandising. Je n’ai pas vu une recrudescence de sorties de films à base de zombies. Perso, c’est un thème que j’adore mais je rassure tout le monde je n’ai pas d’arme (hormis un opinel) et même après une bonne soirée de films zombies l’envie de tuer quelqu’un ne m’assaille pas particulièrement 😉
C’est un peu passé la mode maintenant. Mais beaucoup ont été marqués et sont devenus fans alors qu’ils n’avaient jamais vu un truc de zombie avant 2006. Il y a quelques années, il y avait du zombie partout. Des comics Star Wars zombie, des jeux qui ont connu un renouveau du genre horreur/action, ou des extensions de jeux en mode « zombie » même si le jeu initial n’avait rien à voir. Des films, des séries TV. De quoi faire une overdose. Et tout se ressemblait.
@Thierry – C’est vraiment ton décryptage qui m’a guidé tout le long de ma lecture, et qui m’a permis de terminer ma lecture du tome 3 que j’ai trouvé très démagogique. Merci
Gasp : Walking Dead un récit divertissant et léger ? Tu vas nous attirer des hordes de zombies en colère Présence là ! Je te rassure, après ça rigole plus, mais alors plus du tout ! L’absence d’humour est d’ailleurs une des caractéristiques de la série ou alors de manière indirecte avec des personnages cyniques comme Negan.
Comme toujours, je te trouve toujours plus sévères avec du Creator Owned que des récites de Super Heros…Je me rappelle avoir relue cette histoire dans le train le soir de notre rencontre (chabada chabada). J’étais surpris de toutes les informations que Kirkman faisait passer en un seul arc. Je ne me souvenais pas que Shaun mourrait si vite dès la fin du volume 1. Je trouve que cette histoire ne souffre d’aucun problème de rythme et qu’à l’inverse de ce que tu dis Matt, WD a son identité dès le début.
Les personnages sont même plutôt confiants dans l’avenir, ils font du camping avec des moments de vie assez amusants. La tension va s’insinuer petit à petit jusqu’à devenir insupportable.
Sur le coup de l’ascenceur Présence, je trouve que là aussi tu fais ton Bruce (=ton chieur) puisqu’une panne dans un secteur de l’hôpital n’induit pas forcément que tout le complexe soit HS.
J’ai porté bcp d’attention à ton analyse du dessin de Moore. Parce que je suis un inconditionnel du travail d’Adlard pour la série. Ils sont d’ailleurs diamétralement opposés : Adlard dessine vite, peut être trop vite (je l’ai vu à l’oeuvre en vrai et il est impressionnant), son trait est gras, sans nuance tandis que le trait de Moore est fin et caricatural. Je me rappelle que la première fois que j’ai vu Lorie, la femme de Rick, je me marrais en voyant la taille de son pif. Elle devient plus standard et plus jolie avec Adlard. Effectivement Moore comme Bachalo ou Ramos chez les Xmen n’y est pas à sa place.
As tu lu les volumes 3 et 4 ?
C’est sûrement ton influence pour l’ascenseur. Avant de rédiger cette remarque dessus, j’ai relu le tome pour chercher une précision sur la durée qui s’est écoulée pendant laquelle Rick Grimes est resté inconscient. Kirkman reste assez vague. Du coup je me suis fié au reste de l’état de la technologie, et seules les véhicules à moteur à combustion semblent encore fonctionner.
J’ai lu le tome 3. Si possible, je viendrai bientôt t’emprunter les tomes 4 et 5.
Oui, je continue d’apprécier les récits de superhéros dont effectivement j’attends moins que les récits de genre. En prenant un tome de Spider-Man ou de Batman, je sais que le niveau sera très relatif et que j’y cherche un divertissement sans second degré. En ce qui concerne Walking Dead, c’est l’introduction de Kirkman qui fixe le niveau de mon horizon d’attente, en termes d’empathie avec les personnages et de plausibilité. D’une certaine manière, il affiche qu’il s’attend à être jugé sur son intention d’auteur.
A la fin du volume 1, il me semble que Lorie mentionne que Rick était hospitalisé depuis une quinzaine de jours.
Les 22 autres volumes t’attendent avec plaisir Présence (et oui, plus que 15 !).
Et puis à force d’entendre des éloges sur un auteur, on en attend énormément. Et même si ça peut paraître injuste, on peut être donc plus sévère et tenté de le descendre de son piédestal. Parce que ce n’est pas sain cette admiration unanime. C’est même louche et ça sent l’effet de mode.
A l’inverse, à force de matraquer les récits de super héros parce qu’il n’y a pas toujours de message profond derrière, on a parfois envie de dire « ET ALORS ? On n’est pas obligé de jouer les intellos tout le temps, on peut bien se divertir sans être qualifié de cons par l’élite intellectuelle qui ne jure que par les récits abscons »
Voilà^^
Effectivement, ma réaction participe aussi de ce que tu décris : j’ai entendu tellement de bien sur Walking Dead que par réaction ça m’a donné envie d’être critique.
En ce qui concerne mes lectures, j’assume le fait de lire des trucs faciles ou bas du front. Par contre, je m’oblige à formuler ce qui m’a plus dans ce type de lecture.
Attention, chacun aime ce qu’il veut mais je n’ai aucune envie d’être jugé comme un « bas du front » parce que je passe un bon moment en lisant les gardiens de la galaxie de Abnett et Laning.
Comme je le disais hier, il y a les tendances radicales qui se côtoient dans cette société. Ceux qui adorent et prétendent que c’est de la grande littérature (c’est pas le cas, mais ça peut rester fun à lire) et ceux qui disent que c’est pour les cons. Jamais de demi-mesure. ça m’agace.
J’avais complètement oublié que tu n’avais pas lu TWD, Présence ! Ta vision est rafraîchissante, et tu soulèves des points que je n’avais pas vus, notamment le côté irréaliste ou distant de Moore, ce qui fait que la réalité sèche de Adlard colle mieux à la série. Tu me donnes envie de le relire, pour me faire une idée : je n’ai jamais relu TWD.
Les scans sont très bien trouvés, et celui avec l’autoroute est la même image que celle de promotion pour la saison 1 de la série télé je crois. Comme toi, par contre, je n’ai aucune envie de la regarder, cette série. Chaque fois que je suis tombé dessus, je l’ai trouvée très violente. Déjà que la bd m’a assommé à certains moments (tomes 7 à 9 on va dire)…
Mouais, pas sûr que j’apprécie Adlard à sa juste valeur…
Pour Walking Dead, c’est assez facile de trouver les images qui correspondent à ce que j’ai écrit. J’avais même oublié que l’image de l’autoroute avait été reprise pour la série, alors que je es ai effectivement vues côte à côte sur internet…
Je ne suis pas un grand fan du dessin de Adlard (je préfère Tony Moore par exemple) mais il est devenu naturellement le meilleur dessinateur pour TWD.
Le coup de l’ascenseur, ça s’explique facilement par la présence dans l’hôpital d’un groupe électrogène. Il y en a dans tous les hôpitaux pour éviter les interruptions du courant en cas de panne de secteur.
Oui, j’aurais dû y penser. Je crois que Bruce a raison et que j’ai fait mon pinailleur juste pour râler, en toute mauvaise foi. Il doit y avoir quelque chose qui me prend dans le mauvais sens du poil dans l’écriture de Kirkman.
Tu as développé un savoir-faire très caractéristique pour parler du 9ème art et donner au lecteur potentiel comme à celui qui a déjà découvert l’objet de ton étude, une perspective complète et détaillée de l’histoire et du travail graphique qu’il peut avoir entre ses mains.
C’est très rafraichisssant de redécouvrir ces 6 premiers épisodes sous ta plume et d’apprécier la nuance de second degré que tu mets en évidence dans le traitement de Tony Moore. Il avait fait cette émouvante variant cover hommage au temps qui passe pour Rick Grimes pour le 150ème épisode: http://www.mdcu-comics.fr/news-0019792-walking-dead-tony-moore-sur-la-couverture-de-the-walking-dead-150.html
Hello,
Excellent article, (comme d’habitude !) sur ce comics que je n’ai pas encore lu.
Pas parce que je ne le trouve pas ! Ma bibliothèque municipale a tout les volumes.
Mais car, amateur des zombies de Romero, je connais très bien cet univers de survie, c’était un peu convenu pour moi…
Ensuite, j’ai découvert la série et je me dit maintenant que je devrais m’y mettre pour rattraper mon retard…
UNE SEULE IDÉE ORIGINALE de tout la série
Vaste débat. Bowie n’a eu aussi que très peu d’idées originale durant sa carrière mais il a emprunté et recyclé dans son médium populaire ce qu’il emprunté ailleurs. En se l’appropriant. Kirkman n’est pas un génie. Mais il a eu le mérite d’introduire une série zombie il y a une quinzaine d’année de celà sans que personne n’eut parié un kopeck là dessus. Des séries zombies il n’ y en avait pas tant que ça.
WD est un exact reflet de notre époque : autocentrée, partagée entre les valeurs et la violence, la sécurité et la liberté.
Rien d’original ? Quand même ! l’idée de transformer une prison en havre de liberté, je n’ai jamais vu ça chez Romero.
WD est un mix de survival, de reality show et surtout de héros de comics books. Car là pour le coup tous les codes y sont.
Des fois il n’en faut pas plus.
Bah le problème c’est cette idée à la con (pardon hein) d’un truc qui n’aura jamais de fin. Comment tu fais pour ne pas te répéter au bout d’un moment ?
@Matt
Arf…
là aussi on est dans le subjectif….
On a aucun intérêt à lire du Spider-Man après la mort de Gwen Stacy du coup non ?
Pour l’instant, Kirkman ne se répète pas trop. Bien sûr l’équation sécurité = morts= here we go again est inchangée.
MAis l’exploration de la psyché de Rick Grimes de chef inné mais hésitant puis aventurier puis coupable puis patriarche avant de devenir démagogue reste d’une extrème intelligence.
@Lionel : et le personnage de Negan alors ? Si ce n’est pas le meilleur vilain créé depuis le Barracuda de Ennis, je veux bien être zombifié !
Ah j’attendais l’argument^^
Mais comme je le disais, tu peux lire du Spidey sans connaitre toute sa continuité. Même si c’est enrichissant de la connaitre (et encore…vu le bazar que c’est devenu, ça se discute), il y a pas mal de run ou d’histoires indépendantes. Ou qui, même s’ils font références à certains éléments du passé, sont compréhensibles par un néophyte.
Celui qui a lu tout Spidey pourrait trouver légitimement que ça se répète, oui. Mais il n’est pas obligé. Walking Dead, apparemment on ne peut pas commencer par le tome 12 et se lire une récit complet puis s’arrêter.
Mais attention, hein ! Faut pas croire que je refuse par principe de me plonger dans l’univers. J’ai 2 jeux vidéo d’aventure Walking Dead qui sont très bons et qui développent très bien leurs personnages. Mais le comics…je crois que même en compilant tous mes comics Spider-man, je n’atteins pas le nombre de pages de toute la série WD. C’est quelque chose dont je ne pourrais même pas reprendre la lecture depuis le début tellement c’est long…
Sur l’originalité : ça me fait bien chier de ne pas retrouver la source, mais je me souviens distinctement d’une interview de Jimi Hendrix, qui n’en manquait pas, dire que pour lui l’originalité était secondaire et que la sincérité primait.
C’est intéressant comme remarque, je ne la connaissais pas. Du coup, je me demande comment juger le degré de sincérité d’un artiste.
Juger je ne sais pas, ressentir en tout cas.
Après les modes d’expressions et les goûts doivent se rencontrer.
Ensuite quand on est ancré dans un genre, ce qui est le cas de TWD, l’originalité peut facilement passer au second plan. Un amateur de blues ou de metal reprochera difficilement à un artiste d’être trop blues ou trop metal.
En ce qui concerne cette série, je suis grosso-modo d’accord avec ta lecture de ses travers et de ses forces, mais pour y adhérer il aura fallu que je dépasse la guerre totale et que je me persuade que Kirkman s’était véritablement engagé en tant qu’auteur à montrer la reconstruction de la civilisation. L’usage des chocs à la reality-TV (j’ai vraiment failli lacher l’affaire après l’assaut du Gouverneur) et la facilité du nihilisme me semblaient trop cheaps pour être honnêtes.
Je partage ton avis sur le côté artificiel de l’usage répété et parfois systématique de trucs et astuces comme les effets chocs. Je pense que Robert Kirkman a pris ce parti pour être sûr d’accrocher son lecteur à chaque épisode mensuel, s’assurer de son retour le mois d’après. Il a adapté son écriture au mode de parution. J’ai mis très longtemps à me lancer dans la lecture de la série, parce que vu de l’extérieur la dimension politique et le thème de fond (la reconstruction d’une société, pas forcément à l’identique de la précédente) n’étaient pas apparents.
Une idée originale – Je ne suis pas aussi exigeant que ça. Voir avec l’entrée dans un monde postmoderne où tout a déjà été recyclé et décliné à de nombreuses reprises, il n’est pas certain qu’il apparaître beaucoup d’idées originales, ou qu’elles puissent se frayer un chemin dans une production pléthorique, ou au milieu d’éditeurs de comics frileux. N’ayant lu que 3 tomes, je ne suis peut-être pas le mieux placé pour avoir un avis, mais il me semble que le rythme lent et la durée de la série permettent d’explorer le monde avec les zombies d’une manière différente.
Des zombies qui parlent – D’un point de vue basique, pour moi, ce ne serait plus des zombies, mais juste des monstres comme il y en a à longueur de comics. George Romero l’a fait dans la suite qu’il a donné en comics Empire of the Dead. Je n’ai lu que les 2 premiers actes, sans aucune envie de découvrir la fin. Si Spurrier l’a fait dans Crossed +100, avec plus d’intelligence.
Un petit peu de provocation inconsciente alors…
Je pars du principe qu’un auteur donne naissance à un personnage qui est souvent plus grand que lui.
Negan est un grand personnage et Kirkman son papa. Point. Il fffffait désormais partie des vilains historiques des comics-books. Un psychopathe à l’intelligence aiguisée toujours de bonne humeur tel que oui, Garth Ennis aurait pu l’écrire. Il n’est pas possible de les comparer. Juste de constater que des scénaristes moins doués que Moore, Miller, Ennis et cie ont donné naissance à des légendes : Lein Wein : Wolverine, Gerry Conway : Punisher ou …Stan Lee, pas vraiment un génie de l’écriture une bonne partie des personnages Marvel.
Negan s’est imposé de lui-même. Et une des grandes forces de Wd reste ses personnages même si pour le coup, je suis d’accord, les secondaires mériterait d’être d’avantage développés (ce qui est le cas dans la série TV).
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A propos de zombies, quelqu’un a vu la série Izombie ?
Cela titille ma curiosité car pour le coup c’est un concept original. Une fille qui bosse comme médecin légiste se fait changer en zombie et pour calmer son côté…ben…zombie…elle bouffe les cerveaux des victimes qui arrivent à la morgue. Cela lui donne les souvenirs de la victime et lui permet d’apporter son aide dans des affaires criminelles.
Cela semble à la fois un peu idiot et carrément original (comme Malicia en mode gore qui récupère des souvenirs en bouffant des gens). Et ce serait tiré d’un comics aussi dont je n’ai jamais entendu parler.
Certains diront que ça ne fait pas très « zombie classique » mais moi je ne demande que ça de voir des concepts différents avec des morts vivants.
Hum…apparemment c’est très différent. Même pas les mêmes personnages.
Histoires de monstres sympathiques dans le comics, médecin légiste zombie enquêtrice dans la série TV.
Le seul point commun est l’histoire de la jeune femme (qui porte un nom différent) qui obtient des souvenirs en mangeant des cerveaux.
Je reste curieux de savoir si la série TV est bien, malgré ses différences.