Mort à l’arrivée (HUMAN TARGET par Tom King et Greg Smallwood)

HUMAN TARGET par Tom King et Greg Smallwood

Un article de JB VU VAN

VO : DC Comics

VF : Urban Comics

Mais qui a tué Christopher Chance ?
© DC Comics
© Urban Comics

Cet article concerne la maxi-série THE HUMAN TARGET publiée entre 2022 et 2023 par DC Comics, écrite par Tom King et mise en image par Greg Smallwood, ainsi que le one-shot TALES OF THE HUMAN TARGET, illustré par Greg Smallwood, Rafael Albuquerque, Kevin Maguire et Mikel Janin, mis en couleur par Dave Stewart, Alex Sinclair et Arif Prianto. Urban Comics a publié ces numéros en 2023 dans l’album HUMAN TARGET de la collection DC Black Label sous une traduction de Maxime Le Dain.

Christopher Chance, alias la Cible Humaine, gagne sa vie en prenant la place de ses clients menacés par un meurtrier. Sa dernière mission en date, empêcher l’assassinat de Lex Luthor, est un succès total. Il empêche le milliardaire d’être abattu sur scène par un illuminé, une attaque organisée par Luthor lui-même pour faire taire ses opposants les plus virulents. Mais Chance empêche accidentellement une véritable tentative d’assassinat, en buvant un poison destiné à Lex, un poison qui le tuera dans les 12 jours. Dès lors, la Cible Humaine n’a plus qu’un objectif : découvrir son propre assassin avant de succomber. Il a cependant une piste : le meurtrier a fait partie de la Ligue de Justice Internationale !

Remontons le cours des événements
© DC Comics

Autant l’avouer d’entrée de jeu, je ne suis pas un inconditionnel des comics de Tom King. Je trouve que l’ancien de la CIA a un peu trop tendance à copier d’autres récits pour les arranger à sa sauce. Et surtout, je déplore qu’il fasse souvent de héros classiques des ordures, des dépressifs ou des assassins afin de créer un effet choc et de susciter la polémique facile, comme c’est le cas dans STRANGE ADVENTURES, MISTER MIRACLE ou HEROES IN CRISIS. Et encore, c’est quand il ne s’attaque pas à des personnes réelles, soit par comics interposés (RORSCHACH), soit sur les réseaux sociaux, comme Jae Lee a pu en faire les frais.

Et THE HUMAN TARGET ne fait pas exception à ces travers. Tout d’abord, le principe même évoque le film D.O.A, ou Mort à l’arrivée en français, film noir de 1950 réalisé par Rudolph Maté, où le protagoniste enquête sur son propre empoisonnement fatal. Et le principe même du récit est qu’au moins l’un des membres de la Ligue Bwa-ha-ha, celle de Giffen et de DeMatteis, est coupable de meurtre. Enfin, Tom King ignore largement le gimmick même de Christopher Chance, qui ne se déguise que dans les premières pages du premier numéro. Et pourtant, étrangement, ça passe…

Des suspects inhabituels
© DC Comics

Tout part d’une plaisanterie. Sur le réseau social anciennement connu sous le nom de Twitter, Tom King évoquait le pitch pour une comic book Human Target, qui se résume en : “Chance se tient devant une vitre. Coup de feu. Chance dit “J’aurais dû le voir venir avant de s’écrouler.” Cette blague lui a pourtant valu de se voir proposer la série. Tom King est cependant resté sur le concept du héros se faisant assassiner, mais par un biais qui lui permet de rester acteur de l’histoire. Et pourquoi la Justice League de Giffen et DeMatteis ? Simplement parce que son fils est fan de Ice, qui en faisait partie !

Son espérance de vie, de 12 jours maximum, et la piste de la JLI (Justice League International) donnent au récit une véritable structure : à chaque jour va correspondre une rencontre avec un ou plusieurs anciens héros de la JLI, mais aussi l’approche de la mort. King adopte rapidement le style d’un film noir : une narration à la première personne, l’utilisation de nombreux clichés du genre (la femme fatale attendant le détective dans son bureau, le héros alcoolique, le flic brutal en la personne de Guy Gardner, la Vamp avec Fire), et un style graphique au classicisme impeccable sous le trait de Greg Smallwood.

Un détective, une cliente, le début des problèmes
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Pourtant, Tom King joue avec cet enjeu de film noir. Le protagoniste se détache peu à peu de son enquête et fait face à ses propres démons. La Cible Humaine dont la profession-même est de mettre sa vie en jeu doit gérer une mort inéluctable. King utilise les origines du personnage de Len Wein, reprenant la scène de la mort de son père, afin d’étudier la relation réelle qu’entretient Christopher Chance avec sa propre mortalité. L’écriture de la série date de 2021, et King a déclaré vouloir refléter les réflexions que la pandémie du COVID-19 avaient suscitées en lui.

J’ai été initialement surpris, voire déçu, que King laisse de côté l’aspect déguisement du héros, à l’exception des pages liminaires et du one-shot TALES OF THE HUMAN TARGET. Cependant, après des années, Chance est obligé de découvrir qui il est durant ses dernières heures, ce choix est raccord avec l’objectif de l’histoire. De plus, l’auteur évite toute répétition avec l’interprétation magistrale du personnage par Peter Milligan sous le label Vertigo.

Le premier et seul échec de la Cible Humaine
© DC Comics

Concernant le traitement des personnages, j’ai un ressenti partagé. Si l’un des anciens héros de la JLI est effectivement coupable de la tentative de meurtre sur Lex Luthor, Tom King fait de cette décision un élément de progression du personnage plutôt qu’une révélation gratuite et sordide de plus. De manière générale, Fire, Ice, Booster Gold, Blue Beetle, Gnort et même Rocket Red sont traités avec tendresse et respect par l’auteur. On notera également une manière créative d’utiliser le personnage de Batman. À l’inverse, je peine à reconnaître J’onn J’onzz, le cœur de la Justice League dans la plupart de ses incarnation, dans la version du Martian Manhunter que l’auteur présente. Et bien que le numéro qui lui est dédié est original et permet un parallèle entre les 2 détectives experts en imposture et déguisement, je regrette l’absence d’une confrontation directe entre eux.

Parlons continuité un moment. L’histoire demande simplement de connaître l’existence de la JLI et son atmosphère, Tom King donnant suffisamment d’informations pour découvrir les personnages les moins connus. L’auteur évoque également la mort de Ice durant le crossover Judgement Day (très oubliable) et son retour dans la série BIRDS OF PREY. Une pincée de nostalgie pour les aficionados, et pourquoi pas la possibilité de vendre des TPB… Mais mieux vaut ne pas trop réfléchir à la continuité et considérer ce récit comme situé à part, sous peine de voir émerger des incohérences. Comme la présence du Rocket Red de la JLI, pourtant mort dans le prélude d’Infinite Crisis. Ou l’absence de toute mention de Max Lord, qui devrait pourtant être un suspect de choix. Ou enfin de trop penser aux résurrections de Ice, de Blue Beetle, de Lord et autres, qui risqueraient d’amoindrir l’impact de la mort prochaine de Chance.

Judgement Day, plus beau en 4 cases qu’en 6 numéros des années 90.
© DC Comics

En termes graphiques, le travail de Greg Smallwood est un régal visuel. Mais plus que son trait, sa gestion des couleurs donne une dimension fascinante à la série. Ainsi, les scènes “en direct” proposent des couleurs réalistes alors que les flashbacks n’utilisent que 2 à 3 couleurs, permettant à l’artiste d’attirer l’attention sur certains éléments des images. Tom King propose à l’artiste plusieurs scènes intimistes répétitives, mais contrairement à Mitch Gerads, Smallwood tend à éviter les copiés-collés et montre des mouvements subtils mais visibles des personnages.

Le one-shot TALES OF THE HUMAN TARGET propose des styles plus variés. On notera la présence de Maguire, l’artiste qui a créé la JLI et dont la couverture a été reprise et parodiée à d’innombrables reprises, y compris dans les pages de THE HUMAN TARGET. Il propose une rencontre humoristique entre Chance et Booster Gold avec des expressions de visage hilarantes. Janin, qui a travaillé sur le Batman de Tom King, est malheureusement limité par un récit statique mais parvient à donner une touche de sentiments par une créativité de mise en scène. J’ai moins été touché par la partie de Rafael Albuquerque, mais c’est probablement dû à la présence de Guy Gardner…

En conclusion, THE HUMAN TARGET est un titre qui m’a surpris, où Tom King parvient à faire de ses tics d’écriture une force et à construire un récit solide, rendu encore plus touchant par le talent de Greg Smallwood. J’ai surtout été déçu par ce que je considère soit comme des occasions manquées, soit comme des incohérences entre une volonté d’évoquer la continuité et la logique que ce choix devrait entraîner. Un petit reproche également sur le choix d’Urban Comics de placer TALES OF THE HUMAN TARGET en fin d’album alors que le one-shot est paru durant la série et permet de construire un peu plus l’un des personnages. Des défauts qui ne ternissent cependant pas un titre qui a réussi à me surprendre.

Vivre vite, mourir jeune, laisser un beau cadavre derrière soi.
© DC Comics


BO du jour :

33 comments

  • Jyrille  

    Pour ce que j’en ai lu, j’aime beaucoup Tom King. Je ne tenterai pas son Rorschach car cela ne m’intéresse pas trop, mais j’ai ce HUMAN TARGET dans ma PAL (BAL en fait), et je ne désespère pas de trouver la série originale dont Bruce nous a vanté les mérites. Je vais donc faire l’impasse sur ton article pour le moment, mais je reviendrais pour sûr ! Je peux en tout cas déjà dire que les dessins sont très attirants et me rappellent un peu l’imagerie de Darwyn Cooke dans son PARKER (chef d’oeuvre, l’intégrale est de plus une édition magnifique. Mais papier mat, Tornado 😀 )

    La BO : classique.

    • JB  

      J’avais aussi apprécié Greg Smallwood sur les séries Dream Thief, mais j’ai l’impression que l’artiste est souvent cantonné aux couvertures.

  • Tornado  

    J’ai évité ce titre, comme tant d’autres désormais, sur un effet de hype.
    Tiens, en parlant de hype absolue, je viens de piquer à la médiathèque TOUTES LES MORTS DE LYLA STARR. C’est sympa, touchant et original, mais j’ai trouvé que c’était bourré de défauts (à peu-près les mêmes que THESE SAVAGE SHORES) et que ça ne méritait pas forcément une relecture et donc une place dans ma bibliothèque.
    En plus, ce qui m’a tenu à distance avec cette version de HUMAN TARGET c’est (contrairement à la version Milligan) le fait que le héros interfère ici avec les slips. Mon allergie croissante envers ce genre à la noix fait que, par exemple, quand je vois le second scan avec la photo de famille de la JLI, le ridicule du machin me fait hésiter entre l’éclat de rire et l’envie de gerber. Enfin bon, bref, ça c’est plus possible, et une partie du pitch m’a d’ailleurs fait penser à IDENTITY CRISIS (je suis surpris que tu n’en aies pas fait mention, JB), que j’avais déjà détesté à l’époque, justement pour son volet « famille de super-héros » complètement grotesque.
    Non… en fait le seul truc qui aurait pu m’intéresser, c’est justement si Tom King n’avait eu aucun respect pour ces figures en slip et qu’ils les avait trainé dans la boue comme il semble le faire habituellement, ou comme le fait Garth Ennis…

    Voilà, c’était la minute troll de la journée 😅
    Franchement, je ne peux plus lire ça aujourd’hui… Ces histoires de continuité, de caractérisation de personnages jeunes mais vieux de 70 ans, ces références à tels comics de l’an pèbre souvent infantile que je n’ai jamais lu et dont je me contrefout… C’est devenu une secte les comics de super-héros.
    Merci pour l’article (très bon, comme d’hab). Une bonne manière de me montrer que ce n’est plus ce que je recherche aulourd’hui.
    C’est un bon angle d’approche pour moi si je décide de lire un comics de super-héros puis d’écrire un article dans le futur : Pas de série ongoing. Pas d’encrage dans la continuité, ou en tout cas pas de contrainte de continuité. Pas de référence à cette continuité ou en tout cas aucun élément qui lui donnerait de l’importance dans la lecture. Rechercher absolument le récit autonome (que ce soit une série ou un one-shot), auto-contenu, adulte, déconnecté à la fois de la continuité et de ses oripeaux. Pour avoir relu KILLING JOKE et WATCHMEN récemment, c’était exactement ça !

    • JB  

      Je pense qu’on ne sera jamais d’accord sur les superslips. Infantile, pour moi, ce sont les Ultimates de Millar et son côté rebelle adolescent, le crapoteux gratuit d’Identity Crisis (ouah, c’est trop edgy d’écrire le viol d’un perso de la JLI !) ^^ Mais c’est la beauté de la pluralité des avis sur ce blog, on apprécie tous des choses différentes 🙂

    • zen arcade  

      « Pas de série ongoing. Pas d’encrage dans la continuité, ou en tout cas pas de contrainte de continuité. Pas de référence à cette continuité ou en tout cas aucun élément qui lui donnerait de l’importance dans la lecture. Rechercher absolument le récit autonome (que ce soit une série ou un one-shot), auto-contenu, adulte, déconnecté à la fois de la continuité et de ses oripeaux. Pour avoir relu KILLING JOKE et WATCHMEN récemment, c’était exactement ça ! »

      Contrairement à ce que peut peut-être laisser penser la chronique de JB, le Human Target de Tom King c’est absolument TOUT ce que tu décris. Et je me sens légitime de l’affirmer parce que mon horizon d’attente par rapport aux comics de superslips est très proche du tien.

      En fait, ce dont on se rend compte quand on a terminé la lecture de ce Human target c’est que sous ses apparences d’enquête utilisant les codes du noir en mettant en scène des superslips, le coeur de ce qu’on a lu en fait, c’est du pur mélo. C’est une histoire d’amour tragique de laquelle s’échappe une déchirante mélancolie liée au temps qui passe et qui s’échappe inexorablement.
      Le Human target de King et Smallwood est un très très très grand comic.

      • Jyrille  

        Comme tu le décris là, ce Human Target me rappellerait fortement les SLEEPER de Brubaker et Phillips.

        • zen arcade  

          « Comme tu le décris là, ce Human Target me rappellerait fortement les SLEEPER de Brubaker et Phillips. »

          J’ai un souvenir trop lointain de ces Sleeper pour confirmer.
          Mais bon, en règle générale, je ne trouve guère de points communs entre Tom King et Ed Brubaker.

          • Jyrille  

            Je suis d’accord, je les trouve différents également. Mais SLEEPER c’est un polar dans un monde de super-héros, où en tout cas les personnages ont des pouvoirs, et qui raconte surtout l’histoire d’un homme et de ses regrets, un homme qui se questionne, qui rencontre l’amour mais qui est dans une situation inextricable.

      • JB  

        Pour le coup, je suis relativement d’accord ^^ Pas besoin de connaître par coeur les histoires pour lire ce récit
        Par contre, je ne suis pas complètement d’accord avec la mention d’une déconnexion de la continuité, puisque des évènements antérieurs ont une importance dans cette histoire.

        • zen arcade  

          La connaissance de ces évènemetns antérieurs ne me semble pas du tout être’ une condition nécessaire à l’appréciation de l’album pour ce qu’il est.
          Ce qui est montré dans l’album en terme de relations entre les personnages et en terme de poids que le passé a pu leur conférer est suffisant pour que l’on puisse apprécier la lecture sans gêne.

  • Nikolavitch  

    Hmm, ça donne envie, j’aime bien le personnage, et je place le run de Milligan très haut. J’irai voir ce qu’il en est.

  • Alchimie des mots  

    oh la ! incroyable, toi plus que les autres m’a convaincu de lire ce titre!
    j’ai le même ressenti que tu évoqués sur sa manière de traiter les personnages.
    j’ai beaucoup aimé Strange Adventure et Mr Miracle mais effectivement certains personnages de ces récits sont horriblement mis en scène.
    Orion et Adam…
    puis j’ai lu Batman Catwoman ainsi que Héroes in crisis c’est là que j’ai décidé de ne plus le lire.
    tu as très bien expliqué les différentes craintes que j’avais sur ce récit (déguisement, le traitement des personnages.
    par contre, peut être ai je mal lu mais comment est traité Green Lantern.
    car c’est l’une des principales raisons pour lesquelles j’ai évité la lecture.
    un excellent retour merci!!!

    • JB  

      Green Lantern (Guy Gardner) est traité comme un « bully », le male alpha à la masculinité toxique. Pour moi, Guy ne se limite pas à cette représentation unidimensionnelle.

      • Alchimie des mots  

        c’est noté merci

  • Fletcher Arrowsmith  

    Salut JB.

    A la fin de la lecture de ton article (excellent une nouvelle fois), je ne sais toujours pas quoi en penser.

    Déjà je ne suis pas du tout un fan de la JLI. Et puis Tom King peine à me convaincre. En plus je n’achète plus de comics des big two sauf des ré éditions de leur comics patrimoine, correspondant à mes époques et mes gouts.

    D’un autre côté j’aime beaucoup Greg Smallwood et l’atmosphère proposée m’attire assez ici. Par contre je n’aime pas les gros pavés cartonnés de URBAN. En fait désormais cela a tendance même à me sortir de ma lecture.

    Par contre, et on en a déjà discuté tous les deux, je pense que ton approche de chercher la petite bête sur la continuité est une erreur. Surtout que tu parles de quelle continuité ? Même les goules absolues de DC ou Marvel se savent plus de quelle continuité on parle tant il y a des incohérences obligées vu l’historique. Si je dois lire ce récit je me garderais bien de faire une quelconque comparaison. Je le prendrais pour ce qu’il est.

    Enfin, ce qui bloque mon achat : c’est que je n’ai toujours pas lu le HUMAN TARGET de Milligan. Et je crois que je préférerais attaquer d’abord par cela.

    Donc tu as globalement réussi à me convaincre. Je pense aussi que cela à l’air d’un récit majeur, largement au dessus de la moyenne.

    Bon choix de BO.

    • JB  

      Pour la continuité, je n’ai pas de problème pour m’en détacher quand c’est un récit indépendant. Le hic pour Human Target, c’est que l’auteur invoque la continuité avec l’obscur crossover Judgment Day pour expliquer la situation de Ice. Dès lors, on est un peu conduit lorsqu’on la connaît à situer HUMAN TARGET dans cette continuité, avec les problèmes qui en découlent (comme l’absence étonnante de Max Lord, alors que même MISTER MIRACLE utilisait – plus ou moins – Obéron)

    • JB  

      (Et puis bon, ce que j’aime dans les comics des Big 2, ce sera toujours la notion d’univers partagé ^^)

  • Bruce Lit  

    Je me suis débarrassé de tous les Tom King de la maison tellement tous le stics d’écriture que tu pointes me sont devenus insupportables. Et je ne parle même pas de l’homme.
    Il se trouve que j’ai été en contact avec lui pour mon interview de Frank Miller et ses propos assez médiocres à ma question ne m’ont pas étonnés.
    Les planches sont magnifiques, je suis très fan du film MORT A L’ARRIVEE et de son remake avec Dennis Quaid dans les années 80, et j’ai une entière confiance dans ton jugement et celui de Zen Arcade, mais j’ai juré de ne plus jamais lire ce mec et je m’y tiendrai.
    La BO : je dois haïr Sinatra à peu près que Tom King… Rien que de le voir me hérisse le poil.

    • JB  

      Désolé pour le combo visuel et auditif, chef ^^ Je suis assez peu étonné de ton retour sur la personne également (non content de lancer une campagne en ligne contre Jae Lee, il a été minable pour gérer l’après-coup pendant une période en plus difficile pour l’artiste)

      • zen arcade  

        Les artistes ne sont pas toujours à la hauteur de leurs oeuvres. Episode 3879.
        Chacun se débrouille avec ça.
        Perso, je me contrefiche de savoir si c’est un sale con ou pas.

        • Jyrille  

          Comme Zen sur ce coup-là.

        • JB  

          A noter, ce n’est pas entré en ligne de compte dans mon appréciation ou non de la lecture ^^ (j’ai déjà assez de critères un peu baroques 😉 )

          • Jyrille  

            Et c’est tout à ton honneur.

    • Jyrille  

      Comme Bruno a laissé un commentaire sur l’article RORSCHACH, j’ai relu l’article. Je l’avais complètement oublié, et voici ce que tu écris, Bruce :

      « Entre ses déclarations mégalomanes, ses derniers comics illisibles et méprisants pour la vulgate, ses déclarations de vieux con sur la culture populaire dont il se rêverait l’Alpha et l’Omega, le fait qu’il se soit coupé de tout contact avec ses fans sans compter les langues de ses collaborateurs qui se délient sur la maltraitance du travail avec lui, le misanthrope avec qui il est difficile de rester ami et qui s’est coupé de ses fans, Rorschach c’est bien Alan Moore »

      Cela ne me changera rien : Watchmen restera sans doute pour moi la plus grande bd de tous les temps (d’ailleurs j’écoute un podcast, 9ème art, qui interviewe des dessinateurs ou scénaristes de bd franco-belges, qui se termine en faisant un questionnaire de Proust revisité : Stephanie Hans et JD Morvan ont tous les deux répondu Watchmen à la question « Quelle est la meilleure bd de tous les temps ? »). Et les autres Moore que j’ai resteront en mémoire et en bonne place dans ma bibliothèque.

      • zen arcade  

        D’autant plus que, mis à part les allégations de certains de ses collaborateurs, je ne vois rien dans les récriminations de Bruce qui ferait d’Alan Moore un gars peu recommendable.
        Il n’est pas plus misanthrope que Kubrick par exemple. Et la manière dont il traite certans de ses collaborateurs n’est certainement pas pire que celle qu’avait Kubrick.

        Ses derniers comics illisibles et méprisants? C’est un avis subjectif que je ne partage pas.
        Ses déclarations de vieux con mégalomane? Who cares? En plus, n’en déplaise, je trouve qu’il a souvent largement raison sur le fond.
        Il s’est coupé de ses fans? Tant pis pour eux. Il n’est pas leur bitch.

        Tant qu’à parler de gars infréquentables, je vois beaucoup d’adulation ici pour un acteur qui a violé et brisé la vie d’une acrice sur un tournage. Et ça ne semble pas gêner.

        La géométrie variable, qu’on le veuille ou non, d’une manière ou d’une autre, à des degrés divers, on la pratique tous.

        • Jyrille  

          Et ça marche dans les deux sens : il paraît que Truffaut était un gars adorable, à l’écoute et bienveillant avec tout le monde et ses acteurs et actrices en particulier. Cela ne change rien pour moi au fait que je n’aime quasiment aucun de ses films, ni ne me fait revoir ses films à la hausse. Alors que j’adore les Kubrick sachant que le gars était tyrannique et le Velvet Underground alors que Lou Reed était odieux et pas du tout fréquentable a priori.

    • Bruno. :)  

      ARF ! On est les deux seuls allergiques à Sinatra :))
      J’avais gardé un très bon souvenir du Mort À L’Arrivée des années quatre-vingt : ça m’avait beaucoup impressionné (le vol-plané du gamin !) ; mais son re-visionnage adulte m’a moins ému, même si j’apprécie toujours autant la phrase assassine de Quaid à son assassin, à la toute fin : » … Tu ne sauras jamais ! ».

  • Présence  

    Ces épisodes sont dans ma pile de lecture, car j’aime beaucoup l’écriture de Tom King, et comme tu l’écris :

    Un style graphique au classicisme impeccable sous le trait de Greg Smallwood

    Je n’ai pas pu résister à l’aspect élégant et séduisant des dessins.

    L’écriture de la série date de 2021, et King a déclaré vouloir refléter les réflexions que la pandémie du COVID-19 avaient suscitées en lui. – J’ignorais cette intention. Intéressant, je la garderai à l’esprit en lisant cette série.

    Totalement d’accord avec ton appréciation de Judgment Day, au point que même moi, je ne lui avais attribué qu’une unique étoile.

    babelio.com/livres/Johns-Day-of-Judgment/843803/critiques/1056705

    Tom King parvient à faire de ses tics d’écriture une force et à construire un récit solide : Doit-on en déduire qu’il s’agit d’un récit sur la résilience ?

    • JB  

      Pour le coup, c’est un autre Judgement Day, un crossover entre les différentes séries Justice League (Justice League America, Justice League Task Force et Justice League International) qui ferait passer Day of Judgment pour un 5 étoile 🙂

      • Présence  

        Oups !

        Merci pour cette rectification.

  • JP Nguyen  

    Je l’ai lu en ligne. Il y a de bons moments et les dessins sont bons, ils installent une ambiance particulière et sont agréables à regarder (plus que ceux de Mitch Gerads, qui à côté semble seulement « fonctionnel »)
    Pour la caractérisation, c’est assez critiquable. Je rejoins JB sur le fait que le Martian Manhunter de King est écrit comme un personnage à la fois imbu de lui même mais aussi lâche et pervers, ce qui a tout du « plot device » où l’intrigue a besoin qu’un personnage X fasse telle connerie pour que Y en tire partie…
    Les flashbacks sur l’enfance de Christopher Chance et sa motivation pour devenir le Human Target sont émouvants mais font un peu forcés.
    Le décompte des jours restant à vivre est assez bien géré, avec une résignation fataliste qui me rappelle la Vision de King.
    Au global, j’ai davantage apprécié les dessins que l’écriture…

    • JB  

      J’avais relu les apparitions initiales du personnage, les flashbacks sur le père sont pour le coup assez raccord avec les origines du héros présentées à l’époque. Par contre, l’entraînement anti-télépathie de Chance sort de nulle part (ou alors du plus profond du fondement de Tom King…)

  • Sébastien Zaaf  

    Hello JB et merci pour ton article très complet. Je n’ai pour ma part pas été enthousiasmé à la sortie. Je me suis beaucoup interrogé et finalement ton article m’aide un peu et je pense que les points négatifs soulevés me donnent plus envie de passer mon tour. Sur la personnalité de King no comment. Si je devais boycotter tous les artistes borderline… ce sont plutôt ses tics d’écriture et le côté « je choque facilement ». La partie graphique est très plaisante. Il y a 15 ou 20 ans ça m’aurait décidé mais plus maintenant.

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