Interview Palem Candillier
Propos recueillis par BRUCE LIT
1ère publication le 05/04/24- Maj le 09/05/24
Bonjour Palem, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour aux lectrices et lecteurs ! Je suis musicien, auteur, compositeur et écrivain. J’officie sur scène avec mes compos en tant que L’Ambulancier et dans un cover band qui s’appelle Les Reines du Baal. J’ai quelques cartouches en enseignement et en montage aussi. Mais pour revenir sur l’écriture : j’ai eu la chance qu’on me confie d’analyser In Utero aux éditions Densités, puis l’album blanc des Beatles, et ce sont deux sorties qui m’ont fait vivre pas mal d’aventures depuis. J’ai monté une conférence rock et j’ai joué quelques œuvres complètes en live : In Utero mais aussi Nevermind, Revolver et Rage Against The Machine.
IN UTERO est le dernier disque de Nirvana. Pourquoi écrire dessus ?
Au tout début, quand j’ai contacté Hugues de Densité pour rejoindre sa collection Discogonie (le concept : un livre = un album mythique décrypté), j’avais proposé plusieurs idées, de John Lennon à Placebo. Finalement nous sommes tombés d’accord sur Nirvana mais, je le cite : « pas n’importe quel disque » ! Nevermind était donc éliminé d’office et c’est In Utero qui s’est imposé, et Hugues a bien fait de me lancer dans la dissection d’un opus aussi intense et passionnant.
Tu avances une idée que j’aime beaucoup : IN UTERO est un concept album sur le sang, le sperme, la merde et le vomi. Tu peux développer ?
Kurt Cobain était fasciné par l’univers médical, non seulement parce qu’esthétiquement ça le passionnait (il faut voir ses œuvres plastiques) mais aussi parce qu’il souffrait atrocement de maux d’estomac dont on n’a jamais trouvé la cause. Il a beaucoup relié ce mal à des expériences organiques : non seulement la digestion mais aussi la maternité et son rapport complexe à l’héroïne. Le fait de perdre ou d’ingérer des fluides revient donc constamment dans ses paroles, ce qui était déjà un peu le cas avant avec des chansons comme « Drain You », mais là ça devient un fil rouge qui se retrouve jusque dans la pochette. C’est un album qui sent la gestation, les boyaux, la déliquescence et la désintox ratée aussi. Après je ne pense pas non plus que ça en fasse un concept album, mais je tenais à mettre un coup de projecteur sur le fait que les paroles de Kurt ne sont pas des atermoiements de junkie, mais qu’elles ont leur imaginaire très graphique et très cohérent.
Tu écris des pages passionnantes sur l’intégrité de Kurt Cobain qui cherche à faire fuir les adorateurs de NEVERMIND en embauchant Steve Albini avant de se raviser pour faire un mix plus abordable. Cobain était coutumier, quoiqu’il en dise, de ce genre de compromis, non ? Leurs grands rivaux de Pearl Jam en faisaient beaucoup moins…
Il y a quelques années, l’ancien manager du trio (Danny Goldberg) a sorti un livre où il donne sa version de l’ascension de Nirvana et son effet sur Cobain. Il raconte que malgré toute l’intégrité punk et le côté anti-star que montrait chanteur, ce dernier savait très bien où il voulait aller et s’en donner les moyens. Selon Goldberg, Kurt n’avait aucun doute sur la valeur de ce qu’il faisait et sur le succès qu’il voulait atteindre. Faire des compromis pour que sorte coûte que coûte l’album, même si ça devait passer par lisser le mixage hostile d’Albini ou remplacer les mots « Rape Me » par « Waif Me » sur certaines pochettes, c’était raccord avec ses ambitions qui étaient avant tout de toucher le plus grand nombre, du moins les kids et les fans qui avaient besoin d’entendre sa musique. Il avait été lui-même un enfant du rock des 70s en pleine cambrousse états-unienne, et sans ces ajustements ou ce sens du “grand public”, aucun disque important ne lui serait parvenu.
Tu décris des séances d’enregistrements fulgurantes, Kurt Cobain qui enregistre toutes ses voix en une journée, l’ambiance est studieuse et puis Courtney arrive et fout tout en l’air. Tu n’as pas peur que l’on te fasse un procès en Yoko ?
Non, d’autant que je défends l’une et l’autre dans mes livres. Courtney a été une inspiration littéraire très importante pour Kurt : ils composaient des poèmes ensemble et s’échangeaient des textes. Yoko est et a été une artiste accomplie sans John Lennon également, elle lui a permis de trouver sa liberté hors des Beatles et d’ouvrir son esprit à d’autres façons de faire de l’art. Donc je sais très bien où j’en suis sur la place majeure de ces femmes dans ces épopées du rock, et surtout qu’elles ont une valeur à elles sans devoir être obligatoirement reliées aux hommes qui ont été sur leurs routes. Après, je retranscris juste que « le rythme [de travail]a baissé » quand elle est arrivée au studio, du point de vue de Steve Albini, et c’est relié à son tempérament et au fonctionnement très intense qu’elle et Kurt avaient.
Il existe désormais deux mix d’IN UTERO, celui « commercial » de Scott Litt et celui plus brut de Steve Albini. Lequel a ta préférence ?
Je vais pas faire le malin : bien sûr le traitement est différent si on est très attentif, le mix d’Albini est plus inconfortable au niveau des guitares et surtout il intègre des petites bavures de jeu et de son, il mise davantage sur la vulnérabilité. Mais l’écart n’est pas non plus énorme, surtout avec l’oreille de quelqu’un qui veut simplement kiffer les chansons, et pour une raison simple à mon avis : le mix d’Albini est déjà dans les prises d’Albini. C’est un ingénieur du son redoutable parce que rien que sa captation des instruments, très radicale voire expérimentale sur les résonances de pièces, est déjà un parti pris qu’il est difficile de gommer… Ecoutez la puissance de la batterie ou le grain un peu mauvais de la voix de Kurt qui mène la danse tout le long de l’album : tout est déjà là ! Cobain a juste flippé en écoutant le mix original, justement parce qu’il ne voulait pas s’aliéner son vrai public fidèle – pas celui qui le comparait aux Guns N’Roses. Des choses ont été rattrapées au mastering, les deux singles ont été remodelés eux aussi, mais est-ce que In Utero y perd ou y gagne vraiment un impact ? Le mix qui est sorti en 1993 est suffisamment fort et fait vite comprendre où le groupe se dirige, c’est l’essentiel je crois.
La sexualité est assez absente des chansons de Nirvana ou alors très sordide : elle est évoquée pour dénoncer le viol ou vanter l’anulingus. Qu’en penses-tu ?
Dans « In Utero » elle est très présente mais surtout en tant qu’acte de reproduction. Kurt a sans aucun doute été bouleversé par la naissance de sa fille Frances Bean Cobain en 1992. Mais le fait de féconder ou d’être fécondé, de porter la vie en soi, de porter une progéniture, y compris en tant que mâle à l’instar des hippocampes, ça c’est un grand sujet pour lui. Disons que le sexe est surtout une fascination organique pour Cobain, comme dans « Heart-Shaped Box » où l’acte sexuel c’est surtout retrouver un cloaque, une matrice. C’est vrai aussi qu’il a dénoncé le viol, physique ou métaphorique, dans « Rape Me », « Polly » ou « Floyd The Barber ». Il était révolté par le traitement fait aux femmes dans la société américaine, et c’était le symptôme absolu de la médiocrité et de la méchanceté virile hétéronormée. Donc il a toujours été aux antipodes de la posture glamour-destroy “sex, drugs & rock’n’roll”, c’est sûr.
Selon toi MILK IT est la chanson pivot d’IN UTERO….
C’est une des préférées d’Albini, apparemment la sauce a pris tout de suite en studio et il la considérait comme un tube en puissance. Elme est surtout jouissive parce que Nirvana mélange des bidouillages dissonants qui rappellent leurs tontons-tatas qu’étaient les new-yorkais de Sonic Youth avec un riff très, très bien construit et très fluide. Les moments de blancs entre les assauts de guitares sont autant chargés de tension que les moments d’explosion. En apprenant à la jouer pour mes concerts, je me suis même rendu compte que Dave Grohl fait exprès de se mettre en décalage avec le groove de Krist Novoselic sur les couplets pour créer un sentiment d’inconfort. Kurt y pousse les potards au maximum niveau paroles tourmentées sur les rapports organiques : « her milk is my shit / my shit is her milk ». C’est vraiment le morceau le plus schizo, peut-être le plus dérangeant de cet album qui veut déranger.
PENNYROYAL TEA est une chanson sublime, traumatisante. Te rappelles-tu l’avoir entendu la première fois en Unplugged ?
Non, j’ai même mis du temps à revenir à l’Unplugged quand j’étais plus jeune, parce que je n’accrochais pas à l’époque avec le délire où il fait venir les Meat Puppets pour deux chansons ni dingues ni représentatives… mais c’était lui qui avait raison. Moi je voulais entendre « Rape Me » et « Aneurysm » en acoustique ! Ce qui est passionnant avec ce concert, c’est d’une part que « Pennyroyal Tea » est vraiment interprétée par Kurt seul, sans filet ni accompagnement donc ça la rend très nue et très vibrante, et d’autre part que ce concert n’a jamais été entièrement répété. Vous imaginez, un MTV Unplugged quasiment pas préparé en bonne et due forme ? Et pourtant il y a un état de grâce qui émane de l’enregistrement. Rien ne peut foirer.
Je crois me rappeler que Kurt n’était pas un fan hardcore de David Bowie. Pourquoi l’a-t-il repris ?
A mon sens, le thème de la chanson « The Man Who Sold The World », que Nirvana reprend en électrique dès la première partie de la tournée d’In Utero, représente un esprit de l’époque pour Kurt. Les multinationales dominent le monde après la fin de la Guerre Froide, MTV et les majors dominent la culture populaire. Lui-même, il est au sommet de la gloire, tout lui sourit et il pourrait se payer la planète s’il le voulait, pourtant il perd énormément de son argent non seulement en excès en tous genres mais surtout en avocats et en logistique pour conserver la garde de sa fille après les suspicions de prise d’héroïne par Courtney pendant sa grossesse. Quelque part, « vendre le monde » fait écho au chanteur parce qu’il serait prêt à tout donner pour les siens. Les paroles sont aussi lourdes de sens, avec ce personnage qui dit « j’aurais dû mourir seul / il y a très très longtemps ». Kurt se serre symboliquement la main à lui-même en chantant cette chanson de Bowie. Il est encore un peu vivant mais déjà mort, en tout cas quelque chose en lui s’est résigné à se voir mourir.
La question de la mort : quel Unplugged a ta préférence ? Nirvana ou Alice In Chains ?
Je ne suis pas fan d’Alice In Chains, donc…
Ta théorie sur l’album de Hole ? Qui l’a écrit ? Kurt ou Courtney ?
Je n’en ai pas, principalement parce que c’est le type de théorie qui a l’effet pervers d’amoindrir le mérite de Courtney Love dans ce qu’elle a entrepris. On peut lui reprocher son attitude parfois et moi-même je ne suis pas sensible à Hole, mais je ne peux que reconnaître l’impact et l’influence positive qu’elle a eu sur des générations de musiciennes. Qu’elle ait été aidée ou pas est un peu accessoire, dans cette perspective.
Si je te dis que j’étais dans la fosse pendant le dernier concert de Nirvana au Zenith de Paris, tu es jaloux ?
J’ai envie de te jeter des objets, mais je vais plutôt faire comme Kurt et te balancer des fluides variés.
Qui serait l’héritier de Kurt Cobain aujourd’hui ? On murmure le nom de Billie Eillish….
Si on veut, on a aussi parlé du trio Biffy Clyro et il y a une scène de “nouveau” grunge très active aux US. Je pense qu’effectivement il faut voir du côté des groupes majoritairement féminins, car Kurt était fan des Raincoats et de Shonen Knife et voulait pousser ces formations sur le devant de la scène. Il aurait sans doute applaudi les Coathangers par exemple. Mais là où tu vois juste, c’est que ça n’aurait pas forcément été un.e artiste grunge, voire un.e artiste rock, qui aurait cette place. Sur la fin de sa vie, Cobain rêvait de bricolages électroniques et de chansons avec des samples, ce qu’il a toujours fait avec ses K7 persos comme on le voit dans le film “Montage Of Heck”. Alors pourquoi pas Miley Cyrus aussi, Madison Cunningam ou Phoebe Bridgers. Mais je pense que toutes ces artistes n’ont pas besoin d’être des héritières.
Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Mangez des disques, mangez des livres : aidez les auteurs, les créatifs, les gens qui mettent toutes leurs tripes dans des oeuvres, et autant que possible sans intermédiaire autre qu’un libraire ou un disquaire indépendant !
La BO du jour :
Palem vous l’ a dit, il est aussi un musicien qui combine les textes de Souchon avec les guitares de Cobain (!) Si le résultat vous plaît autant qu’à moi, vous pouvez participer au crowfunding pour son premier album et/ou le retrouver sur Spotify.
Excellente ITW !
L’artiste interviewé a l’air très sympathique et sa chanson placée en bonus est également très sympa (je ne connaissais pas du tout).
J’ai un rapport avec Nirvana à la fois profond et très intuitif.
C’est tout simplement la bande-son de mes vingt ans. C’est une musique qui exerce sur moi un très puissant effet madeleine. Il n’y en a pas dix comme ça et celle-ci me transporte instantanément à cette époque particulière. Ça c’est pour le côté profond, voire viscéral.
Pour le reste, je n’ai jamais cherché plus loin et je n’écoute aujourd’hui que les chansons que j’ai toujours aimées du groupe, et mon album préféré est tout simplement NEVERMIND. Je ne cherche pas à me démarquer de cette relation très « mainstream » et de toute manière mon rapport à la musique ne va quasiment jamais au-delà de la simple émotion (l’inverse de mon rapport à la lecture, où là je vais décortiquer à mort).
Du coup, je n’ai jamais aimé (et je n’aimerai jamais) le versant punk et hardcore de Nirvana, et un titre comme SCENTLESS APPRENTICE, je zappe direct (un viol pour mes oreilles). Les quatre titres d’IN UTERO que j’écoute encore sont DUMB, ALL APOLOGIES, PENNYROYAL TEA et HEART-SHAPPED BOX.
J’ai toujours adoré la reprise de Bowie mais je trouve que cette version électrique, malgré un solo de Cobain très réussi n’égale vraiment pas la version UMPLUGGED.
Pour ce qui est de la collection Densité, j’ai acheté 4 bouquins (MELODY NELSON, HARVEST, OK COMPUTER et FIVE LEAVES LEFT) et puis Stop. Il faut littéralement une loupe pour lire le texte. je ne veux pas être méchant ici mais cette maquette est soit ratée, soit irrespectueuse de son lecteur potentiel. C’est dommage, j’adore ce concept un album/un bouquin. Ça mérite une réédition mieux faite.
Qui a vu le film de Gus Van Sant sur les derniers jours de Cobain ? Moi qui adore les premiers films de ce réal (MY OWN PRIVATE IDAHO en particulier), j’ai trouvé que c’était l’un des films les plus irregardables de l’histoire du cinéma. En revanche j’ai adoré l’épisode de CLASSIC ALBUM consacré à NEVERMIND.
Merci pour ce retour, je n’étais plus sûr que tu apprécies ce groupe. Je me lasse pas de cette musique. Je crois pouvoir dire aimer tous les morceaux de Nirvana, tous à part Polly que je trouve trop redondante. Kurt Cobain est l’un des rares musiciens dont j’ai littéralement pleuré la mort. Lui et Christophe.
Non je n’ai pas vu le VAN SANT, j’ai un Bullshit Detector intégré, remember ?
« Kurt Cobain est l’un des rares musiciens dont j’ai littéralement pleuré la mort » : Tant que tu n’as pas tenté de te faire sauter le caisson façon Arseface… 😅
Je ne me souviens pas avoir été particulièrement affecté par sa mort. Il avait déjà dit et fait ce qu’il avait à faire. Ça a été une autre affaire avec Jeff Buckley, qui n’avait sorti qu’un seul album et qui s’apprêtait à en sortir un second. Là, ça m’a extrêmement touché.
Mon seul soucis avec Nirvana, et bien c’est tout simplement la moitié de leurs chansons, puisqu’elle sont punk. Je ne peux pas écouter ça. Tandis que je suis fan de l’autre moitié. Je ne sais pas si ça a un nom comme phénomène (adorer et détester à la fois un groupe) !
Le 1° album de Buckley est un des mes albums préférés de tous les temps. J’attendais le second comme le messie. Mais la vérité c’est, qu’avec le temps, en ayant lu pas mal de trucs dessus, GRACE était avant tout un miracle dû à son producteur (Andy Wallace), et que les quelques titres originaux (la spécialité du chanteur étant avant tout les reprises), avaient été écrit en duo, notamment avec Gary Lucas, son ancien collaborateur. Il est fort probable que Buckley n’aurait jamais pu réitérer un tel chef d’oeuvre.
Avec le recul, je suis d’accord pour dire qu’on a eu de la chance de vivre notre jeunesse dans les années 90. On ne s’en rendait pas du tout compte à l’époque !
Bon, sinon je suis vraiment dans l’incompréhension quand je lis les retours positifs sur le film de Gus Van Sant. Je ne vois absolument pas ce qu’on peut aimer à regarder un truc pareil.
MY OWN PRIVATE IDAHO est l’un de mes films cultes. Je ne suis pas gay et pourtant à l’époque je m’étais vachement identifié à ces personnages en totale rupture.Je connaissais plusieurs répliques par coeur et j’aimais bien les répéter en soirée !
« Le 1° album de Buckley est un des mes albums préférés de tous les temps. J’attendais le second comme le messie. Mais la vérité c’est, qu’avec le temps, en ayant lu pas mal de trucs dessus, GRACE était avant tout un miracle dû à son producteur (Andy Wallace), et que les quelques titres originaux (la spécialité du chanteur étant avant tout les reprises), avaient été écrit en duo, notamment avec Gary Lucas, son ancien collaborateur. Il est fort probable que Buckley n’aurait jamais pu réitérer un tel chef d’oeuvre.
Avec le recul, je suis d’accord pour dire qu’on a eu de la chance de vivre notre jeunesse dans les années 90. On ne s’en rendait pas du tout compte à l’époque ! »
Je suis totalement d’accord avec tout ça. GRACE comporte des reprises par ailleurs, et son second album non finalisé ne m’a jamais totalement accroché. Par contre si tu n’as pas essayé d’écouter la version longue du LIVE AT SIN-é, fonce.
Oh mais j’ai bien écouté le LIVE AT SIN-É, et toutes les versions, tous les inédits possibles et imaginables enregistrés à un moment donné par Buckley. Avant d’enregistrer GRACE, sa spécialité était les shows en solo ou en duo, et les reprises. Ses shows étaient des spectacles et apparemment il fallait voir ça dans un café (et donc le LIVE AT SIN-É en est le témoignage).
Mais bon, on n’y retrouve pas du tout les sensations de GRACE qui est donc peut-être davantage l’album d’Andy Wallace que celui de Jeff Buckley au final ! Moi qui trouvait les parties instrumentales inouïes sur cet album, que les musiciens impliqués n’avaient rien à envier aux plus grands, j’ai appris ensuite que tous ces mecs ne savaient pas jouer d’un instrument deux ans avant ! Cet album est donc bel et bien un miracle ! Un ovni, un accident sublime.
Je trouve aussi que l’album posthume ne vaut pas grand chose. En fait on n’est pas du tout sûr de ce que devait comporter l’hypothétique « 2ème album ». Buckley était à la ramasse niveau écriture et composition (parce que son truc c’était les reprises et il tentait laborieusement d’écire des chansons sans vraiment y arriver). Il n’avait plus Gary Lucas pour l’aider et son projet d’enregistrer l’album avec Tom Verlaine à la production ne donnait rien. GRACE ne pouvait apparemment pas avoir une suite…
Et puis il s’était engouffré dans une impasse : Il racontait qu’il était fan de punk et cherchait à enregistrer des trucs dans le genre. Or, en vérité, il n’écoutait aucun truc punk. Il écoutait du rock progressif, du jazz, des trucs qu’il fallait écouter en cachette à l’époque pour paraitre intègre au sein de la presse rock. c’est authentique ! Son projet d’enregistrer avec Verlaine était complètement incohérent !
Cool, tu m’apprends des trucs sur Buckley, merci Tornado ! En effet, je ne vois pas pourquoi, après avoir fait un disque avec Andy Wallace, Buckley se tourne vers Verlaine. Enfin si, je pense qu’il voulait avoir un son à la Television, plus brute. Mais je me souviens de ses interviews de l’époque dans les Inrocks, il ne disait pas du tout écouter du punk, il disait à quel point il était fan de Led Zep et de Edith Piaf, enfin, oui, toutes ces reprises du Live at Sin-é et tout ça. Tu es sûr que Buckley ne savait pas jouer deux ans avant ? Car rien que sur le Sin-é, on entend bien sa maîtrise de l’instrument.
Buckley savait jouer depuis tout petit et il était surdoué (4 octaves, quand même). Ce sont ses musiciens, notamment le bassiste et le batteur qui étaient des novices. Et ils assurent à mort sur l’album.
Oui, il disait être fan de Led Zep, de Piaf, de Nusrat Fateh Ali Khan et de Nina Simone. Mais vers la fin il n’arrêtait pas de citer des groupes punks et on a su plus tard qu’il était fan de Genesis par exemple, et qu’il le cachait.
Ca ne m’étonne pas, c’est toujours un peu la honte de dire qu’on est fan de Genesis, et je sais de quoi je parle, j’en suis un, pas vrai, Bruce ?
Aucune honte à avoir, je n’ai jamais ce groupe 😉
« Mon seul soucis avec Nirvana, et bien c’est tout simplement la moitié de leurs chansons, puisqu’elle sont punk. Je ne peux pas écouter ça. Tandis que je suis fan de l’autre moitié. Je ne sais pas si ça a un nom comme phénomène (adorer et détester à la fois un groupe) ! »
Un trouble dissociatif. 🙂
Wikipedia : « Les troubles dissociatifs sont caractérisés par une fragmentation du moi qui entraîne un état de dissociation. » 🙂
Bon sinon, Montaigne écrivait qu’il se trouve autant de différence de nous à nous-même que de nous à autrui.
Nous sommes tous plusieurs. Multiples, contradictoires, variables, en constante reconfiguration,…
« Bon, sinon je suis vraiment dans l’incompréhension quand je lis les retours positifs sur le film de Gus Van Sant. Je ne vois absolument pas ce qu’on peut aimer à regarder un truc pareil. »
Ben, on dira que parfois la distance entre nous et autrui est quand même plus grande que celle de nous à nous-mêmes. 🙂
Et pan dans la gueule, Montaigne !
Sinon, pourquoi faudrait-il « aimer » regarder Last days ?
C’est une élégie aux parti-pris formels et narratifs radicaux, c’est pas fait pour être « aimé ».
Merci pour ce retour et ce récit ! Bonne journée 🙂
Les éditions Densité sont une petite maison : je ne suis pas fan non plus de la maquette mais il faudrait connaître le budget.
« Qui a vu le film de Gus Van Sant sur les derniers jours de Cobain ? Moi qui adore les premiers films de ce réal (MY OWN PRIVATE IDAHO en particulier), j’ai trouvé que c’était l’un des films les plus irregardables de l’histoire du cinéma. »
J’aime beaucoup Last days mais je comprends très bien que tu le trouves irregardable.
J’en ai profité pour le revoir ce matin vu que mon souvenir était lointain.
C’est un film très triste.
J’aime aussi My own private Idaho, dont le titre est un hommage aux B52’s. Je l’ai revu il y a quelques années et il m’a à nouveau autant plu qu’à la première vision. C’est vraiment le film emblématique du new queer cinema, avec notamment les premiers films de Todd Haynes.
Je n’ai pas vu le Gus Van Sant. J’adore son ELEPHANT et DRUGSTORE COW-BOY, et même WILL HUNTING. Je n’ai aucun souvenir de MY OWN PRIVATE IDAHO. Je ne connais pas CLASSIC ALBUM, de quoi s’agit-il ?
Des making of des plus grands albums de rock.
C’est souvent passionnant quand le producteur de l’époque isole les pistes une à une.
Merci, j’aime beaucoup lorsque Rebecca Manzoni le fait dans sa chronique sur une chanson, d’écouter piste par piste. Je vais tâcher d’en voir.
Je passe, interview très intéressante.
J’aime le concept Un livre/Un album.
J’ignore tout de Nirvana à part leurs tubes et quelques interviews dans R&F.
Curt Cobain ne me parlait pas, ses thèmes non plus (et l’interview me confirme ça aussi)
Je n’ai de toute façon plus de héros en ce bas monde…
j’aime certaines personnalités imparfaites, mais plus d’artistes dans lesquels je crois.
Tu me connais : j’aime les symboles, lorsqu’un artiste propose plus qu’une simple chanson à hurler sous la douche (ce qui est déjà pas mal). Mais lorsqu’un artiste forge une manière de vivre, de penser ou de mourir, il devient un mythe et nous avons eu la chance de vivre la Cobain era.
c’est ça que j’ai u mal à percer.
L’artiste qui se consume pour devenir un mythe comme le Phénix
Cobain, je me souviens de l’annonce de sa mort…
J’étais en terminale je crois, j’allais au lycée et j’ai vu la manchette de journal au matin qui l’annonçait.
je me souviens vaguement m’être dit que le grunge c’était fini…
En fait c’était déjà la pop-rock indé américaine qu’on entendrait partout dans les séries TV
Je ne suis pas sensible à cette notion de mythe.
J’ai beaucoup aimé Nirvana, j’étais à fond dedans à l’époque. J’aimais beaucoup Kurt Cobain. En plus de ses qualités d’artistes, j’aimais l’intensité et l’intégrité qu’il mettait dans ce qu’il faisait. J’ai ressenti beaucoup de tristesse à l’annonce de sa mort. Parce que c’était un mec avec plein de fragilités qui s’est fait bouffer et qui n’y a pas survécu. Mais ça n’en fait certainement pas un mythe en ce qui me concerne. Pas plus lui qu’un autre.
La notion de mythe implique des croyants, des personnes qui croient qu’il existe des humains capables de s’élever autour du quotidien pour orienter ou changer notre perception de la réalité. Des personnes comme Dylan Bowie ou Lennon dont la vie et l’oeuvre se confondent pour tout plaquer et faire autre chose. Si nous nous retrouvons ici depuis onze ans à parler après notre boulot de super-héros et de leur métaphysique c’est que quelque part, nous l’avons été, croyants…
Mais je comprends ta position et depuis le phénomène #Metoo avec ces artistes qui se comportaient comme des gourous avec les femmes, cette pensée libertaire a montré ses limites. Bcp de mes anciennes idoles me dégoutent et ont trahi l’image que j’avais d’eux. Il aurait mieux fallu qu’ils meurent jeunes et laissent un beau cadavre, le pire de tous étant Marilyn Manson.
En ce qui me concerne, ma fin des Illusions Rock s’est produite au Bataclan. Notre mythologie personnelle canardée, les décibels explosées sous les cadavres, de gros durs sur les photos qui détalent comme des lapins face aux terroristes montrent que l’attitude et l’intensité ne sont que des postures autorisées et admises.
« La notion de mythe implique des croyants, des personnes qui croient qu’il existe des humains capables de s’élever autour du quotidien pour orienter ou changer notre perception de la réalité. »
Je n’ai jamais cru à ça.
Ce qui oriente ou change ma perception de la réalité, ce n’est pas l’artiste, c’est parfois son oeuvre.
Sauf quelques très rares exceptions, la biographie des artistes ne m’intéresse pas. Je peux capter comme tout le monde quelques éléments qui informent leurs choix de carrière, leur inspiration à un moment donné,… mais ça reste diffus et surtout c’est toujours subordonné à l’oeuvre elle-même.
Ceci dit, il y a évidemment des artistes dont le parcours suscite mon admiration (exemplairement Nick Cave dans le monde du rock ou Alan Moore dans la bande-dessinée). Je ne vais pas mentir en disant que l’implication (intensité, intégrité,…) que je sens chez certains artistes (comme ce fût le cas chez Kurt Cobain) ne me touche pas mais c’est leur oeuvre qui m’intéresse. Ce sont des humains et pas des mythes, et c’est pour cela que je les aime. Il n’y a rien au-delà de l’humain.
« Si nous nous retrouvons ici depuis onze ans à parler après notre boulot de super-héros et de leur métaphysique c’est que quelque part, nous l’avons été, croyants… »
La figure du super-héros n’est en rien constitutive de mon rapport au monde.
Un album, un artiste ne t’ont jamais donné envie de changer de vie ?
Je suis étonné pour ne pas dire choqué par ton dernier post Bruce…
Comme Zen ( on n’ a pas beaucoup de lignes communes) je n’ai jamais « cru » à quoi/qui que ce soit..Je n’ai jamais mythifié un artiste.
Si je reste assez circonspect par rapport aux déballages actuels, c’est pour une raison principale: Rien ne m’a étonné! Je n’ai rien découvert. Souvent les révélations sont des choses déjà dites, écrites depuis des années?
Je suis un peu un spécialiste de Lennon, et je suis étonné qu’il n’ait pas encore pris son procès à 40 ans de distance…ça ne saurait tarder.
Là encore, je ne vais pas m’offusquer soudainement parce que cela sortirait en « une ».
C’est pour le Bataclan que je ne comprends pas. Quels « gros bras »?. Evidemment que quand des fous furieux haineux débarquent, personne ne peut se préparer à cela.
Il n’y a pas de héros avec une cape qui aurait pu protéger le public. C’est peut être cette illusion que t’u t’étais construite, qui est morte chez toi.
Je ne comprends donc pas cette ironie sur des gens qui « détalent »…
vraiment pas.
Alors pardon si je t’ai choqué Eddy.
Aucune ironie de ma part. Les victimes du Bataclan ont toute ma compassion et je les honore, comme ceux de Charlie, sur mon mur.
Je me suis sans doute mal exprimé (j’ai rédigé mon post très tôt le matin).
Je veux juste dire qu’il est normal de fuir face à cette horreur et que même un grouppe qui posait de manière macho comme les Eagles a abandonné la posture rock’n’roll pour échapper à la mort (même si Jesse Hughes, jamais à une connerie près dira le contraire par la suite).
Josh Homme lui-même s’effondrera en larmes dans une viédo à l’évocation de ces souvenirs.
Bcp de mes héros rock : Iggy, Bowie, Alice, Reznor ont multiplier les poses rock boudeuses et arrogantes. Je dis juste que cette rebellion s’accomode d’un contexte pacifique. Lorsqu’une tuerie guette, il n’y a plus de héros, rock ou pas.
C’est plus clair comme ça ?
« Comme Zen ( on n’ a pas beaucoup de lignes communes) je n’ai jamais « cru » à quoi/qui que ce soit..Je n’ai jamais mythifié un artiste. »
Il y a pour moi une forme de croyance dans le rapport amoureux que l’on peut tisser avec la musique rock.
Dans le sens où, pour que le rock soit quelque chose d’important dans sa vie, il faut croire que le rock est important, même si ce n’est pas vrai. Ca parait évident mais c’est essentiel. Si on ne croit pas en ça, tout s’écroule.
Et c’est pour cela que le rock a modelé la vision du monde de tant d’adolescents. Quand on est adolescent, on vit beaucoup de choses nouvelles, on les vit très intensément, avec souvent une intensité qu’on ne retrouvera plus ensuite (on qu’on cherchera en vain et de manière illusoire à retrouver).
On a besoin de croire dans le rock pour le vivre intensément.
Mais on n’a pas besoin de croire dans le mythe du rockeur. Ce sont les oeuvres qui comptent.
« Un album, un artiste ne t’ont jamais donné envie de changer de vie ? »
Qu’est-ce que ça veut dire « changer de vie » ?
On est ce qu’on est. On évolue au gré des rencontres avec des gens, avec des oeuvres,… On apprend à se comprendre soi-même. Mais au plus profond, on reste toujours qui on est. « Changer de vie », ça ne me parle pas.
Les albums que j’ai écoutés, les livres que j’ai lus, les films que j’ai vus,… tout cela a contribué profondément à modeler ce que je suis. Ce n’est pas très original mais ça me parait suffisant comme impact.
Pardon Bruce, je ne voulais certainement pas te blesser..
J’ai trouvé la formule « bizarre » .
Après tu le dis très bien (et Zen aussi)
Il y a un feeling adolescent très fort, très bravache, très provocateur qui s’évanouit certainement face au réel.
A un moment on y croit on a envie de s’armer de la même attitude…
C’est ça qui est beau…
D’ailleurs cette violence qu’on vit désormais, nous sape aussi symboliquement de nos rêves de révoltes romantiques dont on a voulu se bercer sans doute.
Je suis passablement déprimé en ce moment où je voudrais choper une navette pour m’évader de cette planète de tarés…
un reste de rêve adolescent aussi
Encore une fois je ne veux pas du tout te blesser Bruce, Ta façon d’adorer l’art, ton rapport à la source que vie que sont ces « figures » fait partie de ton être, ta manière d’écrire, de pousser des artistes, tes rédacteurs aussi, Bref c’est l’ADN de BRUCE LIT…
Je viens juste faire couler le venin des mes veines toujours en rage dans ton jardin…
C’est moi qui a eu peur de te blesser mon grand !
All Apologies 😉
Merci pour cet entretien !
Comme l’ami Eddy, je ne connais pas la musique de Nirvana (à part les incontournables) mais c’est toujours intéressant de découvrir l’envers du décor, sans diaboliser ni sanctifier les personnes concernées.
Vilain Bruce qui nargue ses interlocuteurs moins chanceux !
Mon objectif est effectivement de terroriser mes interlocuteurs en plus de mon équipe.
Un album que je n’ai pas écouté et qui ne m’attire pas, n’ayant pas d’atome crochu avec Nirvana. L’article a été l’occasion d’écouter les morceaux qui y sont intégrés.
Nonobstant l’interview s’est avérée passionnante. Chaque question révèle une perspective que je n’aurais jamais soupçonné : le thème principal (le fait de perdre ou d’ingérer des fluides), la dynamique relationnelle avec Courtney Love, une analyse passionnante du rôle de Steve Albini (sa captation des instruments, très radicale voire expérimentale sur les résonances de pièces, est déjà un parti pris qu’il est difficile de gommer), le sexe comme fascination organique, la violence faite au femme (= symptôme absolu de la médiocrité et de la méchanceté virile hétéronormée), l’interprétation de The man who sold the world). Une interview révélatrice.
Présence, cet ovni…qui n’a pas écouté de Nirvana et n’a pas vu de films de super-héros ! 😉
Kurt Cobain comme tu l’écris à bien des égards préfigure tout ce mouvement progressiste, féministe et lgbt friendly. Il haïssait le machisme, aimait s’habiller en femme et chantait que Dieu est gay. Sa pensée a laissé des traces profondes dans la construction de ma personnalité même si, comme ces mouvements que je viens de citer, il y avait une certaine hyprocrisie et surtout un manque total d’humour (et pourtant Cobain n’en manquait pas).
Bonjour.
Intéressant. Bien que lycéen également à l’époque, NIRVANA n’a jamais été mas tasse de thé. Je suis passé complètement à côté de ce phénomène. Tout comme le mythe Kurt Cobain.
Néanmoins le MTV Unplugged reste encore un des albums que j’écoute le plus.
J’aime assez LAST DAYS au milieu de la trilogie ELEPHANT – PARANOID PARK. Gus Van Sant reste un de mes cinéastes de référence.
J4ai appris plein de chose. Des analyses fort intéressantes grâce à des questions pertinentes. Sans particulièrement apprécier la musique et le personnage, j’ai dévoré cet article.
Le MTV UNPLUGGED reste un disque marquant tout comme celui d’Alice In Chains.
Superbe interview où j’apprends plein de choses et doit noter des noms de groupes que je ne connais pas. Si vous n’avez pas vu le documentaire MONTAGE OF HECK, foncez, c’est terrible. Je l’ai vu deux fois. Maël a adoré. Pennyroyal Tea n’est pas la plus belle chanson du monde pour moi mais clairement, IN UTERO est mon Nirvana préféré (si je mets de côté le LIVE AT READING). Je ne savais pas que le mix de Albini était disponible. Je ne le trouve pas sur Spotify, où alors il est planqué dans des bonus. Comme je ne savais pas qu’un édition anniversaire des trente ans (bon sang) était sortie, j’ai réécouté le disque hier. Il me semble aujourd’hui bien plus désespéré et sombre qu’à l’époque. Il est vrai que MILK IT sonne presque comme du Shellac, le groupe de Albini, un titre ardu et dérangeant.
Le concept de un livre = un disque est pas mal mais également un peu étonnant, c’est beaucoup je trouve. En tout cas cette interview donne clairement envie d’en savoir plus, surtout que Palem Candillier en a fait un sur un de mes favoris, le double blanc.
Je suis étonné que tu ne fasses pas remarquer que SCENTLESS APPRENTICE est directement inspiré du roman best-seller LE PARFUM. Moi qui ne m’intéresse jamais (ou très peu) aux paroles, je savais pour celle-ci. C’est intéressant toutes ces recherches sur les paroles, ça me permet de me dédouaner de le faire. Perso je suis fan de SERVE THE SERVANTS.
Pour le reste hé bien ça ne me rajeunit pas et me rappelle pas mal de tristesse lorsque j’appris la mort de Cobain. J’en m’en souviens très bien. Nirvana n’a jamais fait partie de mes groupes nécessaires, ceux vers lesquels je retourne le plus, mais il reste immense et le son de mes jeunes années adultes. Encore maintenant, à la réécoute, je trouve que c’est du génie. Le génie de l’efficacité et de la simplicité tout en étant recherché et bien plus subtil qu’on ne pourrait le croire. Merci, je crois que je reviendrais lire cet article plusieurs fois.
La BO : c’est hyper pro mais pas trop ma tasse de thé, ça me rappelle une certaine scène française, comme du Aston Villa.
Palem reconnaît lui-même avoir évolué depuis la sortie de ce morceau. J’aime bien la sonorité Axel Bauer du truc.
Oui, je me rappelais de cette histoire de PARFUM. Spotify, en parlant de literature, m’a permis d’écoute la collaboration entre Cobain et Burroughs. C’est nul. La version Albini de IN UTERO est assez intéressante, oui.
Je suis très très très triste ce matin. Surtout que le nouveau Shellac, attendu depuis dix ans, sort la semaine prochaine.
youtube.com/watch?v=AC7Pkwmllow
@Fletcher J’ai enfin vu DRIVE MY CAR. J’ai bien aimé, le film vaut surtout pour ses petites histoires que se racontent les personnages, ces histoires étranges ou non qui forment un lien entre les êtres. En cela, cela m’a rappelé THE LEFTOVERS, surtout que le film parle d’abord – encore une fois, comme THE BODY de Buffy – de continuer à vivre après nos deuils, grands ou petits. Formellement c’est très bien et le casting est excellent mais le film est trop long. En gros, j’ai dû le regarder en cinq fois et je me demande pourquoi tu en parlais en le comparant au SPIDER-MAN NO WAY HOME. Pour moi, ce n’est pas du tout comparable, à part le fait que ce soient deux longs-métrages. Le film m’a plutôt rappelé EXOTICA de Atom Egoyan, pour le côté d’histoires banales pleines de mystères. Il faudrait que je le revoie mais, même si il est sûrement moins joli, il est plus efficace (dans mon souvenir).
imdb.com/title/tt0109759/
Cela dit, DRIVE MY CAR reste un bon film et je suis content de l’avoir vu. Si j’en parle malgré tout ici, c’est que les coïncidences sont parfois glaçantes. Ce matin, je cherchais à m’écouter un album de Steve Albini, or les albums de Shellac ne sont pas sur Spotify. Je me suis empressé de les mettre sur mon téléphone (je les ai en CDs et donc, en MP3) mais en attendant, je me suis remis le premier Slint (que j’ai aussi en CD d’ailleurs), produit par Albini. Or la pochette de ce disque est une vieille Saab 900, peu ou prou le même modèle que celui du film. Peut-être cela est-il simplement inconscient et que le hasard n’existe pas ?
caradisiac.com/route-de-nuit-drive-my-car-une-saab-rouge-en-guise-de-fil-rouge-191747.htm
discogs.com/fr/release/10716888-Slint-Tweez
youtube.com/watch?v=igq7M54xRVw
je crois que la discussion portait sur la longueur du film. D’où mon allusion à DRIVE MY CAR. Rarement un film long m’aurait paru aussi court.
Si tu as apprécié l’ambiance, plonge toi dans la lecture de l’oeuvre de Haruki Murakami. C’est d’ailleurs un assemblage de ses nouvelles qui forme le script de DRIVE MY CAR.
Plutôt qu’EXOTICA, j’aurais plutôt cité DE BEAUX LENDEMAINS d’Atom Egoyam (son meilleurs film d’après moi) qui prend également sa source chez un grand écrivain (Russel Banks).
Pas vu DE BEAUX LENDEMAINS (pas sûr d’avoir vu d’autre films de Egoyan). Pour les films longs qui paraissent courts, je peux te citer le SCARFACE de De Palma ou l’inusable APOCALYPSE NOW qui peut être cité dans tellement de catégories que c’est indécent.
Et contrairement à notre boss, j’ai beaucoup aimé le dernier Tarantino… je l’ai même vu deux fois, au ciné et à la télé.
En effet pour Murakami, plus précisément sur son ensemble de nouvelles DES HOMMES SANS FEMMES apparemment. J’en ai acheté un il y a longtemps, LA FIN DES TEMPS, que j’avais commencé à lire sans rentrer dedans. Je retenterai (mais je ne sais pas quand…). J’espère parvenir à le terminer un jour.
Hamaguchi reprend des éléments de plusieurs nouvelles du recueil mais il ne s’agit pas d’adaptation à proprement parler. Il reprend des situations issues de nouvelles et il brode autour.
Sinon, même avis que Fletcher sur le film. Un très grand film en ce qui me concerne et pas du tout trop long. Et pas vu en cinq fois vu que je l’ai vu en salle.
Je trouve le film tellement supérieur aux références auxquelles tu le compares (Egoyan et Leftovers).
La fin des temps, c’est un roman de Murakami que j’aime beaucoup. Parmi ceux que j’ai lus, il figure parmi mes préférés.
Sinon, pour revenir à Albini, la nouvelle de sa disparition m’attriste beaucoup.
C’est l’une des figures les plus marquantes du rock indépendant américain de ces dernières décennies. Son apport au son d’un certain rock underground de la fin des années 80 et du début des années 90 est essentiel : Pussy Galore, Jon Spencer Blues Explosion, Jesus lizard, Slint, Palace ou des trucs très recommendables mais mojns connus comme Melt Banana par exemple. Il a vraiment traversé ces années en la marquant de son empreinte.
Sans compter évidemment les groupes qu’il a menés de Big Black à Shellac.