Imbattable 1 – Justice et légumes frais, par Pascal Jousselin
Un article de PRESENCEVF : Dupuis
Ce tome est le premier d’une série indépendante de toute autre. Il regroupe vingt-et-un gags dont quatorze en une page, initialement parus dans le journal de Spirou. La parution originale de cet album date de 2017. Les histoires ont été réalisées par Pascal Jousselin pour le scénario et les dessins, les couleurs ont été réalisées par Laurence Croix. Ce bédéiste a également réalisé LES AVENTURES DE MICHEL SWING (2006) avec Brüno. Il contient quarante-deux pages de bande dessinée.
Imbattable se rend dans sa cuisine et ouvre la porte du réfrigérateur pour en sortir la brique de lait. Il referme la porte, la brique de lait à la main et il se rend compte, en regardant vers le bas, qu’une agression se déroule dans une ruelle, dans la bande de cases juste en-dessous de celle où il se trouve. Il saute depuis sa case sur la première bande, dans la case juste en dessous de celle où il se trouve, dans la deuxième bande celle juste en-dessous. Dans cette dernière, une jeune femme tenant son fils par la main, se rend compte qu’elle vient d’entrer dans une impasse sordide. Deux malfrats y entrent à leur tour, les empêchant d’en sortir, et le plus costaud demande à la femme de leur filer son fric. Dans la dernière case de cette deuxième bande, Imbattable tombe sur le dos dudit malfrat, en provenance directe de la case située juste au-dessus. L’autre malfrat réagit immédiatement en dégainant son flashball. Dans la case suivante, une balle provenant d’un tir se déroulant dans la case située dans la troisième bande, estourbit le second agresseur. La jeune mère regarde les hommes inconscients au sol, ainsi que Imbattable en bredouillant et en finissant par dire qu’elle n’a rien compris.
Imbattable se trouve dans le bureau d’un conservateur de musée : celui-ci l’informe qu’il a besoin de son aide car un tableau très précieux a été volé dans son musée. Le voleur est sous les verrous, mais il refuse de dire où il a… Le conservateur s’interrompt car Imbattable dans la case du dessous est en train de donner un paquet enveloppé, de la taille d’un tableau, à Imbattable qui se tient devant le conservateur. L’Imbattable de la case de dessus le remet au conservateur qui enlève le papier d’emballage protecteur et qui n’en revient pas car il s’agit bien du tableau qui lui a été dérobé. Il demande au superhéros comment il a fait et celui-ci répond que c’est juste l’ébouriffante puissance de la bande dessinée. Alors qu’il revient d’acheter son pain, Imbattable est hélé dans la rue, il s’agit d’un appel à l’aide. Il pousse le portillon d’un jardinet dans lequel une vieille dame aux cheveux blancs regarde le sommet de son arbre dans lequel sa chatte Minouche est coincée. Elle demande à Imbattable s’il croit qu’il va réussir à monter tout là-haut. Pas besoin, lui répond-il, en se baissant pour attraper le chat au sommet de l’arbre, dans la case juste en-dessous. Il tend la chatte à la vieille dame qui le remercie chaleureusement.
Une bande dessinée issue du journal de Spirou, un titre maniant la dérision en associant la justice et les légumes frais, un superhéros qui n’a pas un corps bodybuildé, qui ramène sa baguette sous le bras, et dont le logo sur le torse correspond à un découpage d’une page en bandes et en cases. En outre, il est attaqué par un robot, l’une des deux menaces les plus génériques des histoires de superhéros, à égalité avec les méchants envahisseurs extraterrestres. Le lecteur a compris sans peine qu’il s’agit d’une parodie. Le premier gag repose également sur une situation typique des comics de superhéros : une agression urbaine dans une ruelle déserte en pleine ville et sale de surcroît. En revanche, le reste détonne, et c’est un euphémisme. Le superhéros est tranquille dans sa cuisine à vaquer à une occupation des plus anodines, et son apparence est parodique : masque sur la partie supérieure de la tête, sans iris ni pupille visibles, petite cape noir qui lui arrive tout juste à la moitié du dos, culottes courtes et bottes de catcheur, sans oublier un ventre bien arrondi, attestant clairement qu’il ne réalisera pas de prouesses physiques, ni ne surmontera d’épreuves de force. Le plus imprévisible se produit dans la troisième case de cette première bande : Imbattable saute dans la case immédiatement en-dessous. Il se laisse tomber, laissant la gravité faire son œuvre et se retrouve dans la case du dessous en termes d’agencement sur la page, mais trois cases plus loin en termes de narration. Durant les deux cases intermédiaires, la scène a changé de lieu, et quatre autres personnages ont été introduits dans cette ruelle.
Au cas où le lecteur nourrirait encore des doutes, l’auteur utilise ce même procédé une seconde fois dans cette page quand Imbattable ramasse le pistolet tombé à terre dans la quatrième bande pour tirer sur le malfrat qui se situe juste au-dessus dans la troisième bande. Non seulement, l’artiste fait à nouveau usage de la disposition spatiale relative des cases, mais en plus le scénariste utilise le résultat (le malfrat neutralisé ayant laissé tomber son arme à terre) pour provoquer ce résultat (Imbattable ramasse l’arme à terre et s’en sert pour neutraliser le malfrat), produisant ainsi un paradoxe temporel, une boucle paradoxale où la réaction précède l’action. Le bédéiste brise ainsi le quatrième mur, non pas avec un personnage qui s’adresse au lecteur en direct, mais en jouant avec l’un des principes de fonctionnement de la bande dessinée : ce système de narration transforme le temps en espace. L’auteur mélange ces deux utilisations de l’espace, brouillant la distinction entre temps et espace, créant des boucles, des paradoxes temporels et spatiaux, et d’autres effets encore.
Dans un premier temps, le lecteur constate bien que les dessins sont tout public : un niveau de détails adapté, par exemple pas forcément des lacets aux chaussures, pas toujours des plis aux vêtements, souvent des surfaces bien lisses et propres sans aspérités ou trace d’usure, quelques pièces qui se limitent à un parallélépipède rectangle très géométrique, des chaussées bien plates et uniformes, des trottoirs bien rectilignes, et parfois des arrière-plans vides, ou uniquement avec le trait de contour supérieur de l’horizon des bâtiments. Dans le même temps, les pages donnent une impression d’être bien remplies. Cela tient au fait de l’utilisation régulière du gaufrier, soit avec douze cases (quatre bandes de trois cases), soit avec seize cases (quatre bandes de quatre cases). Le scénariste intègre souvent des phylactères dans la plupart des cases. Finalement, le lecteur se rend compte que bien des cases comportent un niveau élevé d’informations visuelles : le décor en arrière-plan, deux, trois, quatre ou cinq personnages, et pas mal d’éléments comme les véhicules sur la voie publique, les aménagements, meubles et accessoires en intérieur. Au fil des pages, il peut relever bon nombre de détails : le logo complexe sur le torse du costume d’Imbattable, les barrières métalliques le long d’un escalier en extérieur, le petit jardinet aménagé et bien entretenu devant le pavillon de la mamie du superhéros, les joueurs en pleine partie sur le boulodrome, les véhicules attendant au passage à niveau, le carrelage d’une piscine vidée de son eau, la foule à un discours du maire de Grandville, les casseroles dans la vitrine d’un magasin, ou encore les tasses, bols et soucoupes dans un meuble du salon d’Imbattable, etc.
Le personnage principal passant littéralement d’une case à l’autre ajoute encore à cette impression de pages bien remplies. Côté intrigue, le scénariste s’en tient à des menaces très clichés des comics de superhéros en les détournant souvent vers la dérision. Outre les robots tueurs et l’agression dans une ruelle malpropre et sans fréquentation, le lecteur retrouve le vol d’œuvre d’art, le braqueur passé maître dans l’art de la fuite, le savant fou avec ses inventions diaboliques et destructrices, l’élu qui abuse des pouvoirs qui lui ont été confiés, l’industrie chimique qui détruit l’environnement, et bien sûr un supercriminel, Némésis récurrente du superhéros. De temps à autre, ce dernier accompli aussi une bonne action en décalage avec les capacités que lui confère son super-pouvoir, par exemple sauver un chat coincé au sommet d’un arbre. Il est entendu que Imbattable triomphe à chaque fois, en utilisant au moins une fois sa capacité à se déplacer comme bon lui semble dans la page, sans respecter les bordures de case, ou leur chronologie.
Le scénariste ne se limite pas à répéter le même schéma à chaque histoire ou à chaque gag. Il introduit trois autres personnages qui disposent eux aussi d’une capacité différente pour mettre à profit le fonctionnement de lecture d’une bande dessinée. Le lecteur découvre ainsi un bouliste qui se bat pour sauver son terrain de pétanque, un apprenti superhéros, 2D-boy, très conscient des catastrophes que peuvent provoquer les utilisations de son superpouvoir, et enfin un supercriminel, le Plaisantin, que le lecteur suppose destiné à être un ennemi récurrent et que l’auteur a indiqué être inspiré, librement, de Joker, l’ennemi de Batman. Même si les intentions de Plaisantin s’avèrent criminelles et un tantinet sadiques, elles sont mise en scène de manière à rester dans un registre tout public, et même enfantin. Ces pouvoirs donnent lieu à d’autres formes de narration paradoxale, et même à une page donc il manque littéralement un morceau qui a été désintégré par un rayon laser, laissant le lecteur s’interroger et vérifier s’il n’a pas acheté un tome défectueux.
Une série de superhéros à la française à destination d’un lectorat d’enfants : certes il y a déjà eu des réussites éclatantes comme SUPERMATOU créé par Jean-Claude Poirier en 1975, mais il y a également eu une flopée d’ersatz insipides. Ici, Pascal Jousselin choisit le registre de la parodie gentille dans un environnement français, avec des enjeux simples, et une narration visuelle plus nourrie qu’il n’y paraît de prime abord. Le lecteur se dit vite qu’il triche car son superhéros est capable de s’affranchir de la succession ordonnée et chronologique des cases. En bafouant ainsi les règles élémentaires de la bande dessinée, l’auteur engendre une narration paradoxale qui s’avère ludique et très savoureuse pour le lecteur adulte.
Wow, tu décris très bien la particularité de la « mise en cases » de cette BD et tu me donnes très envie de la lire…
L’effet Présence : imbattable !
Il a fallu que je dépasse deux a priori négatifs dans mon esprit : un superhéros français (en plus visiblement bien franchouillard), une BD pour un jeune public (je ne fais plus tout à fait illusion avec mon demi siècle bien tassé). C’est en voyant passer des pages sur facebook que j’ai fini par réviser mon jugement… Et grand bien m’en a pris : j’ai dévoré les trois tomes parus à ce jour.
L’effet Pascal Jousselin : Imbattable !
Rien que pour le travail sur le cadrage et s’il n’est pas répétitif à la longue, je suis client de cette BD.
Je l’ai déjà exprimé ici, mais J’adore quand la BD triture les outils qui lui sont propre pour créer son propre univers.
Je te confirme que Pascal Jousselin triture le fonctionnement interne de la bande dessinée avec inventivité, gentillesse et humour.
J’ai lu les deux tomes suivants qui sont tout aussi amusants, et dans lesquels l’auteur joue avec d’autres conventions structurelles de la narration en BD.
les-bd-de-presence.blogspot.com/2023/07/imbattable-tome-2-super-heros-de.html
les-bd-de-presence.blogspot.com/2023/07/imbattable-t03-le-cauchemar-des-malfrats.html
Bon, j’ai compris, 3 tomes commandés !
Merci pour cette découverte, ça me rappelle quelques gags de Gotlib, et je suis toujours friand des BD/Comics qui jouent avec le medium.
GOTLIB, voilà un taulier dont je me demande s’il ne sombre pas un peu dans l’oubli…
De ce que je vois, c’est plutôt le contraire, Gotlib étant considéré comme quasi divin désormais.
Comme Jyrille, je vois régulièrement des références à Marcel Gotlib comme étant un auteur au panthéon des créateurs essentiels.
Salut JB,
il me tarde de découvrir ton avis sur ces BD.
J’avais déjà eu l’occasion de lire de tels jeux sur la structure d’une page et sur le personnage qui brise la logique de déroulement des cases, mais pas comme étant le cœur d’une série. C’est un exercice de haut vol dans lequel Pascal Jousselin se montre aussi habile qu’élégant.
Tout à fait d’accord, les jeux avec la narration sont habiles. Au delà des gags « standards » jouant sur la capacité du personnage de voir le reste de la page et d’interagir avec les autres cases, les pouvoirs d’autres personnages permettent de varier les scénarios.
J’ai même eu l’impression que, derrière l’humour, l’auteur jouait parfois avec l’horreur existentielle, notamment avec la menace du »grand néant » introduite à la fin du second tome. Mais mon histoire préférée reste l’aventure solo (ou presque) de Jean-Pierre le gendarme dans le 3e tome, très touchante et brillante dans son côté technique (littéralement !).
100% d’accord avec l’’horreur existentielle :
Le grand néant fait partie de la vie, c’est comme ça, il faut faire avec ; sans grand néant, on n’existerait pas. (citation du tome 2).
J’ai également été très touché par l’histoire de Jean-Pierre.
Du coup, merci pour la découverte !
J’ai lu les tomes 2 et 3 et je suis en accord total avec JB et ta citation, Présence donc pareil : merci pour la découverte et bravo à Jousselin pour toutes ces trouvailles qui permettent de ne jamais faire d’Imbattable quelque chose de répétitif.
@Jyrille
J’ai été agréablement surpris de voir le retour de la notion de grand néant dans le tome 3, pour l’histoire avec le robot à gravité inversée. Tomber en dehors du cadre de l’existence renvoie à la fois à l’angoisse de la mort après avoir disparu de la page de la vie, mais aussi à l’angoisse de ce qui existe en dehors de notre cadre de vie, des limites de notre capacité à appréhender la réalité, et des conséquences que cela peut avoir sur notre quotidien.
Je suis admiratif de Pascal Jousselin qui parvient à faire fonctionner des concepts aussi complexes que la gravité inversée, ou le détournement des cartouches de texte par la collectionneuse de timbres.
Mon fils est fan (il a les 3 tomes) ! Toutes les planches qui sont dans l’article, je me souviens parfaitement qu’il me les a montrées, analysées et décortiquées. Lui-même dessine des BDs au km et s’inspire beaucoup du travail de Pascal Jousselin, avec des trouvailles sur les passages entre le vignettes, les titres, la disposition des cases. Cette série est effectivement une merveille de création ludique, légère comme une bulle de savon.
La BO : Ce type de rock français m’est tellement infiniment insupportable, que je ne trouve même pas la chanson drôle. Je n’ai pas tenu plus d’une minute. Allez, je suis certain que tu n’écoutes pas ce machin en vrai…
Parmi les parodies françaises de super-héros, si je suis encore les avis de mon fils, le CAPTAIN BICEPS de Zep et Tébo, c’est très bien aussi.
Captain Biceps m’attire également, mais je n’ai pas encore sauté le pas.
Oldelaf, Rock?
Au sens très large….alors
Il y a toute une tradition de chansons de ce genre en France, Je trouve ça largement plus plaisant que tout ce qui vient du hip-hop qui justement ne rigole pas beaucoup.
Il y a un peu de GIedré chez lui
J’ai pas vérifié mais je crois que les Fatals Picards ont bien plus d’ancienneté que Giedré.
J’ai une préférence pour Marcel et son orchestre, par rapport aux Fatals Picards :
youtube.com/watch?v=cNGJKSrPq0M&list=OLAK5uy_ltWvWIvu1ASnnt_OeN6ArNTGWx57fl8Qc
Aaaaah les frites de Brigitte !!!
youtube.com/watch?v=VwYF-uPr-0k
Le suspense du trapèze volant
youtube.com/watch?v=8ECFSKHlLoA
Je suis tombé sur un clip de GiedRé après un peu en même temps que j’ai découvert Oldelaf. Je suis tout de suite tombé sous le charme noir et cynique de cette jolie jeune femme pimpante.
Duo entre Oldelaf & GiedRé :
youtube.com/watch?v=S3H3a2nRSiU
GiedRé : la chanson sur les grands-mères :
youtube.com/watch?v=QesoDrvQMvA
Le concert à l’Olympia de Giedré :
youtube.com/watch?v=CYjCtcQp050
Meurs! est un classique pour moi. ^^
Bon depuis elle fait des trucs pour France inter…J’estime que ce genre d’artiste totalement libre sur scène se perd un peu quand il devient chroniqueur TV/radio…
Je suis aussi totalement fan de ma presque compatriote Laura Laune plus humoriste que chanteuse mais qui n’est pas loin non plus
Merci Eddy, je n’arrivais plus à retrouver le titre de cette chanson. J’en aime toujours autant les paroles : Meurs, ta vie est trop moisie.
Si tu es triste
Ne sois pas pessimiste
Écoute ma chanson
Et trouve la solution
Ne désespère pas
On ne va pas te laisser comme ça
Il existe pleins de moyens
D’adoucir ton chagrin
Tu peux te jeter d’un pont dans la Seine
Ou dans ta baignoire t’ouvrir les veines
Te pendre dans ton salon
Ou encore essayer l’auto-strangulation
Mais te jeter sous un métro c’est abusé
C’est pas parce que ta vie pue qu’il faut faire chier
Et sauter de ta fenêtre c’est pas très réglo
Pense à ton concierge qui devra balayer tes os
Meurs, meurs, meurs
Qu’on n’en parle plus
Meurs, meurs, meurs, meurs, meurs, meurs, meurs
Toute façon ta vie est foutue
Meurs, meurs, meurs je te dis
Meurs ta vie est trop moisie!
Une mort assez sympa c’est les médicaments
C’est plutôt propre et tu pars en planant
Mais tu peux aussi déménager dans la Creuse
Si tu préfères une mort lente et ennuyeuse
Crier Allah Akbar dans un aéroport
Peut aussi considérablement avancer ta mort
Écouter en boucle le CD de Florent Pagny
Mais encore faut-il vouloir mourir dans son vomi
Il y a toujours les bons vieux classiques
Comme t’étouffer dans un sac plastique
Mais Nicolas Hulot trouverait ça très vilain
Si tout le monde le faisait il n’y aurait plus de dauphins
Meurs, meurs, meurs
Qu’on n’en parle plus
Meurs, meurs, meurs, meurs, meurs, meurs, meurs
Toute façon ta vie est foutue
Meurs, meurs, meurs je te dis
Meurs ta vie est trop moisie!
Le grand classique de Oldelaf, c’est LA TRISTITUDE
youtube.com/watch?v=UQObMEXyhrU
Moi j’aime bien LA PEINE DE MORT.
C’EST MICHEL
OU LE CAFE
Pour bien commencer ma petite journée
Et me réveiller, moi j’ai pris un café
Un arabica noir et bien corsé
J’enfile ma parka, ça y est je peux y aller
« Où est-ce que tu vas » me cri mon aimée
Prenons un kawa, je viens de me lever
Étant en avance et un peu forcé
Je change de sens et j’reprends un café
À 8h moins l’quart, faut bien l’avouer
Les bureaux sont vides on pourrait s’ennuyer
Mais je reste calme, je sais m’adapter
Le temps qu’ils arrivent, j’ai l’temps pour un café
La journée s’emballe, tout l’monde peut bosser
Au moins jusqu’à l’heure de la pause café
Ma secrétaire entre « Fort comme vous l’aimez »
Ah mince, j’viens d’en prendre un, ‘fin bon, maintenant qu’il est fait
Un repas d’affaires tout près du sentier
Il fait un temps superbe mais je me sens stressé
Mes collègues se marrent « Détends-toi Renée
Prends un bon cigare et un petit café »
Une fois fini, mes collègues crevés appellent un taxi
Ho mais moi j’ai envie d’sauter
Je fais tout Paris, ahou, puis j’vois un troquet
J’commande un déca’ mais encaféiné
J’arrive au bureau, ma secrétaire me fait
« Vous êtes un peu en retard, je me suis inquiétée »
Mmh, j’la jette par la fenêtre, elle l’avait bien cherché
D’façon il faut qu’je rentre, mais avant, un café
Attendant l’métro, je me fais agresser
Une petite vieille me dit « Euh, vous avez l’heure s’il-vous-plaît »
Hmm, j’lui casse la tête, et j’la pousse sur le quai
Je file à la maison et puis j’me sers un, devinez
« Papa, mon papa, en classe je suis premier »
Putain mais quoi, tu vas arrêter d’me faire chier
Ho mais qu’il est con ce gosse, en plus, il s’met à chialer
J’m’enferme dans la cuisine, il reste un peu d’café
Ça fait 14 jours que je suis enfermé
J’suis seul dans ma cuisine et je bois du café
Il faudrait bien qu’je dorme, les flics vont m’choper
Alors je clous les portes et j’reprends du café
La BO : je n’écoute par Oldelaf comme j’écoute un album de rock progressif, ce qui ne m’empêche pas d’apprécier son humour, son autodérision, son humanisme, sa gentillesse.
Et puis, sa guitare ne sert pas juste à décorer. Il a même réalisé un duo avec Ibrahim Maalouf
youtube.com/watch?v=qyIanOynl_8
Pour le plaisir une version a capella de la tristitude
youtube.com/watch?v=HANOtqR3nuY
Oldelaf & GiedRé chantent Hervé Vilard
youtube.com/watch?v=2m3XV1SojCQ
Je n’ai pas lu les tomes de Imbattable en entier, seulement quelques planches de-ci de-là, et j’aime beaucoup ce que j’ai pu voir. Je me demande cependant si l’utilisation systématique du super-pouvoir ne devient pas trop redondante. Merci pour le lien vers Michel Swing !
En tout cas encore un article impeccable qui fait bien le tour de l’objet. Je ne savais pas pour le trou dans la planche, déjà fait par Marc-Antoine Mathieu dans L’ORIGINE, le premier Julius Corentin Acquefacques.
Tu me donnes presque envie d’essayer en fait, surtout que j’aime bien le trait de Jousselin. Merci Présence !
La BO : j’aime bien ce disque, je l’ai peu écouté mais c’est vraiment marrant (je suis fan de Nathalie, mon amour des JMJ).
Ayant lu les trois albums de la série, je n’ai pas ressenti de redite, ni même de dillution avec l’introduction de personnages disposant d’autres superpouvoirs. dans une interview, Pascal Jousselin explique qu’il ne se met pas à faire un album de Imbattable, mais qu’il réalise un gag ou une histoire quand l’inspiration lui vient, avec l’accord de son éditeur. Aussi, il ne sort un album que lorsqu’il y a assez de gags de réalisés.
Il me semble que j’avais lu une BD avec un bout de page intentionnellement manquant, mais je suis incapable de dire laquelle.
Oldelaf : un vrai plaisir pour son humour mêlant autodérision, gentillesse, quotidien, absurde, Pathétique, entre musique et sketch. J’aime également beaucoup ses interactions avec GiedRé.
Matt Kindt a carrément mis le feu à une de mes bd … on peut aller loin .
J’ai deux dédicaces de Ptiluc : pour la première il a mis le feu à l’album. Pour la deuxième il l’a déchiré 😅
Mais c’est quoi ces bédéistes nihilistes Punk ?
Bon, pour ce qui est de Ptiluc, c’est cohérent avec son œuvre. 😀
À une époque, il venait systématiquement au festival de BD près de chez moi. Et contrairement aux autres dessinateurs qui étaient derrière un stand, lui dédicaçait dans une ruelle, sur sa moto ! 😀
Ah oui ! Sur sa moto : vraiment en cohérence totale avec son œuvre.
Mais quand même : cramer les BD achetés par ses lecteurs !
Re-bonjour Jyrille,
ça a fini par me revenir : ce n’est pas dans des bandes dessinées que j’avais vu ce dispositif de page manquante ou trouée, mais dans des livres pour jeune enfant, comme un jeu avec un trou, ou une page incomplète.
Ah oui bien vu !
Salut Présence.
Je suis fan (ainsi que mon fils) d’IMBATTABLE et on a les 3 tomes à la maison.
J’adore quand on joue avec le support comme par exemple Jeff Lemire sur TRILLIUM ou encore Matt Kindt (MIND MGMT…)
Mais là c’est du grand art, c’est imaginatif à foison et surtout plein de bons sentiments ce qui manque actuellement dans le genre super héroïque toujours plus violent, plus dur :
l’auteur engendre une narration paradoxale qui s’avère ludique tout est dit. LUDIQUE. Du fun, on a envie de s’amuser, de sourire, de rigoler, d’en prendre plein les yeux, de s’émerveiller.
Clairement un fleuron de notre production française où même les clichés les plus éculés passent comme une lettre à la poste. IMBATABLE c’est le Melies de la bd.
Très bonne description des pouvoirs et de la particularité de la bd. Ton style fait merveille
Merci pour ce mot très gentil, je présume que j’ai été inspiré par la qualité de la BD.
Une découverte tardive en ce qui me concerne : un plaisir d’une qualité que je ne soupçonnais pas au vu des dessins très gentil et du principe de superhéros à la française.
Vous le vendez super bien….ça donne envie.
Chouette article.
On est super fans d’Imbattable à la maison.
En voyant les posts sur facebook et les remarques en dessous, je me suis rendu compte que je ne découvrais pas une pépite méconnue, mais que j’arrivais avec deux trains de retard pour enfin apprécier ce que tout le monde connaissait déjà.
Une lecture ludique et intelligente qui m’a amené à reconsidérer la lecture (dite) jeunesse sous un autre angle.
Bon ben j’ai pris les trois tomes.
Je suis très curieux de savoir ce que tu en auras pensé.
Lu le premier : c’est très bien et original tout en conservant une âme un peu dichotomique pour s’adresser aux enfants. Belle imagination, et principes chers à Marc-Antoine Mathieu pour briser la page, sacré travail de Jousselin.
J’avais également ressenti cette caractéristique narrative qui s’adresse aux enfants.