Spirit of Eden par Talk Talk et James Marsh
1ère publication le 14/03/17- MAJ le 26/02/19 suite au décès de Mark Hollis.
CYRILLE M
Spirit of Eden est le quatrième album du groupe anglais Talk Talk.
Contrairement aux couvertures de livres ou de bds – surtout les comics, puisque souvent, l’illustrateur des couvertures n’est pas le même que celui du contenu (et d’ailleurs, cela commence à se multiplier aussi dans la bd franco-belge) – la pochette de disque tient un rôle bien plus important que celui d’attirer l’œil. Le disque a pour objectif d’être écouté de nombreuses fois, et donc de traîner régulièrement partout où l’on passe, d’être constamment visible. Elle doit représenter tout ce que le contenu implique et inspire, identifier immédiatement une sensation aussi inexplicable que la musique. Mais aussi la période de temps qui a engendré ce disque, ce qu’ont vécu leurs créateurs ou créatrices.
La pochette de Spirit of Eden est un tableau légèrement recadré (il manque le bas où apparaît la signature de l’artiste) de James Marsh. Au milieu d’une étendue d’eau très large, représentée avec des vagues dans le genre des cartes marines anciennes (du XVème siècle par exemple), un arbre bleu aux feuilles tombantes abrite un pingouin, des libellules, un perroquet exotique aux couleurs exubérantes, et ses fruits sont des coquillages. Même si les libellules et papillons volent, ils semblent figés, comme si le tableau voulait être une photo, un instantané. Quelques nuages paressent au loin. L’impression globale générée confronte deux sentiments : d’une part la complexité des formes étranges des coquillages et des oiseaux, l’incongruité d’un arbre surréaliste et forcément imaginaire, de l’autre, l’incroyable apaisement et la beauté inédite de l’ensemble. Il semble promettre que toutes les incompatibilités trouveront une symbiose équilibrée et luxuriante, colorée, soulagée, que everything is gonna be alright. Pour illustrer la musique du quatrième Talk Talk, il ne pouvait y avoir meilleure image.
Premier contact
Ma vraie découverte de ce disque date de mes années de fac, dans les années 90. Mais comme je l’avais surtout écouté distraitement chez un ami de l’époque, j’avais sciemment décidé de ne pas chercher plus loin. J’ai une théorie sur les disques des autres : ils ne veulent pas être ramenés chez vous, leur vraie valeur ne se dévoile que chez ceux que vous appréciez. La plupart du temps en tout cas. Un disque, comme n’importe quelle œuvre, doit s’apprivoiser, s’approprier. C’est du boulot.
Bien plus tard, il y a maintenant plus de douze ans, je me remettais à la consommation de bd via internet et les forums de discussion. Mais comme j’avais tout à réapprendre, que je ne connaissais pas 90% des nouvelles œuvres et des auteurs, je passais surtout mon temps à discuter musique. Ce sont toujours les mêmes personnes ou presque qui me font découvrir aujourd’hui encore des dizaines d’artistes et d’albums, via le sujet « Qu’est-ce que tu écoutes là, maintenant ? ». Faites une recherche : il y en a des centaines de ce type, peut-être même un par forum. La question fatidique du top album personnel déboula rapidement. Et un de mes confrères de poster Laughing Stock, le cinquième et dernier Talk Talk, en première place.
Je m’interrogeais et me souvins vaguement de ces soirées de fac chez le pote qui écoutait ce groupe. Cette belle pochette, étrange et élégante, résonna directement en moi avec un album qui avait bercé mon adolescence et m’avait donc construit un peu, le Wind and Wuthering de Genesis : tous deux présentent un arbre solitaire devant un ciel changeant et y associent les oiseaux.
Comme Youtube existe à peine, je me renseignai et finis par acheter d’occasion les deux derniers albums du groupe, le précédent étant Spirit of Eden. Lui aussi avait une pochette dessinée, représentant un arbre avec des oiseaux colorés, mais également des coquillages, l’arbre semblant s’enraciner en mer. Un vrai poème illustré.
Choix et Circonstances
Toutes les pochettes de Talk Talk sont l’œuvre d’un unique dessinateur anglais, James Marsh. Ce dernier est un peintre, designer et artiste visuel, qui a créé plusieurs couvertures du Time Magazine. Si vous en avez les moyens, ses œuvres sont à vendre.
Je ne sais pas quelle mouvement a le plus influencé Marsh, mais on peut facilement trouver des points communs à ses tableaux : ils sont colorés, représentent souvent la nature, en particulier des animaux volants (oiseaux, papillons), ne proposent quasiment aucun mouvement, et intègrent toujours des éléments surréalistes. Le douanier Rousseau, Dali et Magritte semblent des références évidentes, soit pour la constante présence de la nature soit pour le questionnement de l’image elle-même, de sa réalité et de sa véracité.
Contexte historique
Datant de 1988, le visuel de Spirit of Eden ne dénote pas trop avec les autres albums sortis cette année-là. Les années 90 approchent, la mutation est en marche. Que ce soit avec Daydream Nation de Sonic Youth, Surfer Rosa des Pixies, Nothing’s Shocking de Jane’s Addiction ou Green de R.E.M., le rock indé passe à l’offensive, supprimant l’image de trublions sortis d’un garage pour fournir des albums plus complexes et élaborés, gagnant en maturité tant dans le fond que dans la forme. Les productions deviennent plus léchées et les maisons d’éditions indépendantes se professionnalisent, comme Sub Pop qui voit le jour deux ans plus tôt.
Les années 80 écrasées de fluo et de modes déjà régressives s’achèvent, les stars des stades commencent à se ternir et se tarir, une catastrophe nucléaire a eu lieu, la guerre Iran-Irak se termine, les otages français au Liban sont libérés, la fin d’une crise pétrolière commencée quinze ans plus tôt va se transformer en un long bras de fer avec l’occident tandis que la guerre froide n’en a plus pour longtemps. Le monde connaît un donc apaisement général, une mise à plat d’années chaotiques et violentes pour des relations internationales plus souples et ouvertes mais où tout se complexifie, car les années fastes des trente glorieuses sont définitivement enterrées.
Contenu
Talk Talk se forme à la fin des années 70, mais ne sort son premier album, The Party’s Over, qu’au milieu de 1982. Le groupe est directement affilié au mouvement New Romantic, qui compte dans ses rangs Duran Duran ou The Human League, des groupes à synthétiseurs plutôt enjoués mais qui n’oublient pas qu’ils font du rock avant tout. Ils participent donc à ce début de décennie un peu régressive, où MTV demande à ce que la vidéo soit nécessaire, où les balbutiements de l’informatique nous infligent des cubes censés représentés des hommes en train de travailler dans le clip Money for Nothing de Dire Straits, où les sons synthétiques et bientôt la dance somment la terre entière de s’amuser coûte que coûte et d’oublier le noir du punk pour porter des vêtements fluos. Une certaine idée du futur. Le groupe devient incontournable avec les tubes Such a Shame et It’s My Life tirés de son second album publié en 1984, It’s My Life. En France, le premier titre servira même de bande-son pour une pub de voiture.
Pour leur troisième album The Colour of Spring, Talk Talk prend une nouvelle direction musicale, tout en gardant leur identité mélodique. Les instruments et les musiciens de studio se multiplient, les titres s’allongent et sont moins nombreux, mais le succès reste et l’album est un best-seller malgré la disparition des synthés. Deux ans plus tard, complètement libre grâce à ses ventes, le groupe provoque un suicide commercial avec Spirit of Eden.
Enregistré en un an, l’album, à l’instar du Pet Sounds des Beach Boys, est le résultat d’expérimentations sonores que le chanteur Mark Hollis et le membre non-permanent, multi-instrumentiste et producteur Tim Friese-Greene conduisent en studio. Les musiciens requis deviennent légion : on y trouve le chœur de la cathédrale de Chelmsford, du hautbois, de l’harmonica, du basson, de la clarinette, du cor anglais en plus d’une tonne de guitares et de percussions. Invoqués par leurs créateurs, l’accident heureux et le hasard font partie du processus de création de ce disque, totalement unique, mélangeant les influences du rock progressif, du jazz, de l’ambient pour une œuvre maîtresse miraculeuse : les instants calmes remplis d’un piano rappelant Keith Jarrett peuvent soudainement se voir déchirés par une guitare électrique doublée d’écho puis piétinés par de solides basses et batteries, ce que la pochette ne laisse pas du tout présager : elle insiste au contraire sur la sensation de plénitude des parties musicales quasi classiques, de ces notes longues et élevées des instruments à vent. L’album suivant Laughing Stock, le dernier du groupe, reste très fidèle à cette nouvelle direction, sans être aussi lumineux ni réussi, plus répétitif et encore plus obscur.
Le public ne suit pas, mais le groupe vient de fournir aux critiques l’occasion d’inventer un nouveau sous-genre du rock, le post-rock, même si bien sûr des œuvres plus anciennes du Velvet Underground, de Bowie, de Scott Walker, de Kraftwerk ou de Pink Floyd pourraient être les vrais instigateurs de cette mélancolie furieuse.
Héritage
Devenu culte, l’album est désormais cité par nombre de musicens et groupes, comme Graham Coxon (guitariste de Blur) ou le très bon Elbow. Vous pouvez presque en trouver une version française dans le magnifique L’imprudence de Bashung. D’abord enfermé dans une case new wave, Talk Talk se sépare en laissant le soin aux critiques de ranger un tas de nouveaux groupes dans cette nouvelle mouvance, même si leurs sons peuvent énormément varier (punk, math-rock, ambient) : Slint, Bark Psychosis, Godspeed You ! Black Emperor, Mogwaï, Mono, Explosions in the sky, Tortoise, Sigur Ros. Cependant, le groupe qui aura sans doute le mieux suivi le parcours de Talk Talk sera Radiohead, son Kid A présentant quelques similitudes avec Spirit of Eden, que ce soit dans les cassures et les ambiances que dans les choix artistiques.
Quant à la pochette, elle a semble-t-elle trop marqué les esprits pour être reprise, copiée ou pastichée. La patte de James Marsh reste reconnaissable, et les années 90 ont préféré se détourner de la nature pour célébrer la ville, qu’elle soit fantasmée ou déprimante, ou au contraire continuer à faire quelque chose avec l’informatique. En général, ce ne fut pas très réussi.
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C’est au tour de Jyrille Bocellin de surfer sur la vague de la New Wave et de nous Parler-parler de sa pochette culte, celle de Talk Talk et de son Spirit of Eden.
Un avant goût de Paradis chez Bruce Lit !
La BO du jour : allez, la musique, le mieux, c’est encore de l’écouter.
Un très bon numéro HS-comme Hors série ou Hors Sujet 🙂 . Au fur et à mesure des copies rendues pour ces thématiques, je me suis rendu compte que soit je n’avais pas été clair dans mes consignes, soit j’ai des rebelles dans ma team. Mais deux articles de Cyrille et dans la même semaine, ça ne se refuse pas, surtout de cette qualité.
J’ai toujours considéré Talk Talk comme des aimables faiseurs auteurs d’un excellent tube comme Such a Shame ! Shame on Me en effet car, visiblement je suis passé à côté de quelque chose. Tu vois, je vais donc faire amende honorable et m’écouter ça ;).
Sur le style de James Marsh, je trouve ça un peu rococo, un peu naïf, mais bon j’ai appris quelque chose.
Allez M. cyrille, on se remet : « Rebel, rebel » ? 😉
Ps : je croyais gamin que le chanteur de TAlk Talk était le fils de John Lennon….
Ah ah, y a un air effectivement… sinon c’est vrai que par rapport aux comics, je suis totalement hors-sujet, donc merci pour m’avoir pris mes articles, chef !
C’est étonnant que tu n’aies jamais tenté, toi qui adore Bashung, je pense qu’il en a parlé plus d’une fois. Avec un peu de chance je vais faire un doublé après Présence !
Pour le dessin, c’est un peu naïf oui, on le voit bien sur le dessin d’oiseau fait d’oiseaux, c’est le côté Douanier Rousseau…
Ces pochettes sont magnifiques.
Étant resté sur Such a shame, jamais je n’ai approché à moins d’un mètre les vinyles ou les CD de ce groupe qui incarne une bonne partie de ce qui échoue à susciter le moindre intérêt chez moi, à commencer par les nouveaux romantiques et la new wave… Au fur et à mesure de ton commentaire, je sentais souffler le chaud et le froid sur mes goûts. La majeure partie des groupes que cites ne me sont connus que de nom, sans que je n’ai envie de les écouter, mais d’un autre côté comment résister à un disque, totalement unique, mélangeant les influences du rock progressif, du jazz, de l’ambient pour une œuvre maîtresse miraculeuse.
Je pense que ma curiosité aura raison de mes a priori négatifs et que je vais aller écouter ça sur youtube. C’est ce que j’ai fais après l’article de Bruce sur Animals, et j’ai redécouvert un disque qui finalement me plaît (c’est du boulot, comme tu le dis), puis écouté dans la foulée Atom Heart Mother (pas convaincu) et Meddle (passé sur ma liste d’acquisition). Quoi qu’il en soit, ce sera une découverte totale, et un effort considérable pour sortir de ma zone de confort.
La pochette doit représenter tout ce que le contenu implique et inspire. – Un frigo, une lampe et un aspirateur… qu’est-ce que ça m’inspire ? 🙂 Et en plus, ce n’est même le groupe qui a choisi sa pochette…
La pochette doit aussi intriguer et attirer l’attention (et quelque part se faire le reflet de son temps).
Mission accomplie pour le 1er Cure et de manière différente pour Talk talk également.
Encore un peu de patience, l’heure de ta vengeance approche, car je me suis lâché dans mon choix de pochettes, toutes plus testostéronées les unes que les autres… Du coup, je me demande à quoi elles font rêver, je n’avais pas envisagé la question sous cet angle là. Angoisse soudaine.
Bien joué pour Meddle, la sortie de ta zone de confort et le boulot abattu… Il va falloir de mon côté que je réécoute Animals et écoute plus souvent tes titres sur FB : je ne connais pas la plupart que tu postes.
On parlait d’hier des groupes qui opéraient à des changement radicaux, je crois que Talk talk appartient à cette catégorie ! Comme tu le dis il n’y a que très peu d’exemple de groupe ayant démarré comme un groupe pop (ou Néo romantique) pour finir dans l’expérimentation la plus étrange !
En tous cas je dois dire que j’ignorais à peu prés tout sur cette pochette (ainsi que de son peintre d’ailleurs).
Paradoxalement je trouve que les peintures de James Marsh collaient davantage à la première période de TT pour le coté kitsch et un peu désuet. Je fais moins le lien avec le coté expérimental de la musique qui fait tout de suite moins nature morte ^^
En tous cas je n’avais pas fait la connexion entre Talk talk et Sigur ros (dont je suis fan) mais en effet l’influence est pourtant manifeste !
Bref merci pour cet article qui me donne tout simplement envie de me retaper l’intégrale de Talk talk ! Dont acte…
Ah mais l’expérimental est dans l’incongruité du mélange ! Merci Patrick, toute la semaine, j’ai réécouté les Beatles, du Marvin Gaye, du Genesis et même un peu de Cure… étonnant non ?
C’est très bon, je trouve, « Spirit of Eden ». Au début des années 2000, un pote me dit « ah ouais, Talk Talk, les descendants de Pink Floyd! »
Je hausse un sourcil et je dis « ouais, plutôt les cousins de Depeche Mode et Tears For Fears! »
Et il m’explique ce que tu as écris ici, l’éloignement de plus en plus rapide au fil des albums et la boite de prod’ qui les lâche, l’échec commercial du disque.
Je n’ai pas accroché de suite. J’espérais vraiment du Floyd, du puissamment mélancolique. Ça l’était mais pas comme j’espérais. Et puis, bon, peu à peu…
Merci pour ton article. Je vais ré-écouter le CD, à présent!
C’est marrant comme souvent nous avons des comparaisons qui tombent à côté ou qui sont différentes selon les personnes… Je ne sens pas de Pink Floyd non plus, mais bien content que ça te plaise. Merci Leo.
Par manque de place (les comics étant un chuya envahissant), je suis passé à la dématérialisation (même pas mp3, je n’aime pas engranger des tera de données sur les DD) pour la musique excepté pour le trio Pink Floyd/Dire Straits/The Cure, mais je dois avoir encore le très bon album « It’s my life » caché dans un carton qui est lui-même caché dans le débarras (succursale avant l’étape Emmaüs).
J’en ai gardé que de bons souvenirs.
Bon, Bruce, demain, c’est Dire Straits ? Qui s’y est collé ? C’est là que tu vas me sortir un lien en me disant « déjà fait ? » 😀
Ah Dire Straits je ne peux plus, pas un album entier en tout cas. C’est vrai que Love Over Gold était mon préféré. Pour la dématérialisation, tu es passé sur une appli genre Deezer ou Spotify ? Ils n’ont pas tout non plus…
Et bien je suis content de voir arriver un des albums phares de ma discothèque idéale. Comme toi je l’ai découvert chez une amie. Et comme l’ami-e voulait m’attirer dans son lit et que c’est précisément ce disque qu’elle avait choisi pour y parvenir, inutile de préciser que la découverte fut particulièrement forte…
Qui plus-est, c’était la veille au soir de mon oral de capes. J’étais extrêmement stressé et cet intermède paradisiaque (Spirit of Eden, ça ne s’invente pas !) a probablement joué à la réussite de mon épreuve, remportée haut la main !
Pour ce qui est de James Marsh, le soi-disant néophyte a très bien analysé la chose : Une sorte de néo-surréalisme, avec du Dali, du Magritte (auxquels j’ajouterais une large part de Miró), avec une approche naïve digne du douanier Rousseau. Et bien ça me semble parfait comme synthèse ! C’est kitsch et charmant à la fois. Je trouve que ce qui donne du caractère au travail de cet artiste et qui le hausse au dessus du peintre du dimanche, disons, c’est cet étrange mélange entre les côtés désincarnés et incarnés de ces images surréalistes.
Quant à l’héritage actuel de Talk Talk, et surtout de ses deux derniers albums, Elbow me parait être un bon candidat. Ensuite je dirais que si j’aime aujourd’hui des groupes comme Tindersticks et Timber Timbre, l’héritage des derniers Talk Talk n’y est pas pour rien non plus.
It’s My Life est un très bon album et The Colour of Spring, une pure merveille. En revanche, The Party’s Over est pour moi complètement inécoutable, because opposé à mes goûts persos.
Connaissez-vous le seul et unique album solo de Mark Hollis (sorti en 1998) ? Il est à la fois totalement dans la lignée de Spirit of Eden et Laughing Stock, et en même temps encore différent car beaucoup plus épuré et minimaliste. Presque du silence musical !
Wow, merci pour l’anecdote ! J’adore. Ca sent la vraie vie. Je dois avouer que j’avais un peu peur de dire des conneries quant aux influences de Marsh, mais tu fais plus que me rassurer, tout en m’apprenant un nouveau terme (néo-surréalisme).
J’ai très peu écouté Tindersticks (qui me faisaient penser à Nick Cave) mais jamais Timber Timbre. Et je crois bien n’avoir jamais écouté The Party’s Over. Déjà que It »s My Life passe difficilement chez moi…
J’ai l’album de Mark Hollis, mais je n’ai pas écouté depuis longtemps. C’est marrant, ce week-end j’ai récupéré de vieux Inrocks chez ma mère, et j’ai retrouvé le numéro Joyeux Bordel, un numéro hebdomadaire double de la fin d’année 98, où le sociologue Pierre Bourdieu était rédac-chef de la semaine. Ce Mark Hollis faisait partie de leur liste des 50 albums de l’année. Alors que je ne m’y suis intéressé que sept ans plus tard…
J’ai réécouté le Mark Hollis, il est beaucoup plus facile d’accès que dans mon souvenir. Il est vraiment excellent. Du coup, j’ai écouté un autre album de 1998 que je connais beaucoup mieux et que j’ai beaucoup écouté à sa sortie, Psyence Fiction de Unkle. C’est un groupe composé de DJ Shadow et de James Lavelle (patron du label Mo Wax il me semble) avec beaucoup d’invités : Thom Yorke de Radiohead, Richard Aschroft de The Verve, un Beastie Boy… et il est vraiment très bon. Ca te plairait peut-être Tornado !
A nouveau, on voit que le sujet te tenait à coeur, Cyrille, car ton article est à la fois riche et fluide. De Talk, Talk, je ne dois connaître que le refrain de It’s my life, ce qui ne fait pas lourd…
Ce qui me frappe dans la succession d’articles, c’est qu’à partir du sujet de base (parler d’une pochette de disque) nous avons quasiment tous choisi une pochette marquante pour nous, avec des anecdotes et un vécu associé. Je veux dire, nous aurions pu zapper et tomber sur un visuel intéressant, chiadé qu’on aurait décortiqué, mais non, nous avons tous choisi d’y superposer notre histoire personnelle. Et du coup, le spécial Pochettes est aussi un peu un Spécial Origines pour la Team (on en apprend aussi dans les commentaires, sur comment faire craquer le jeune étudiant Tornado…)
La minute de Relektor :
« le visuel de Spirit of Eden ne dénote pas trop avec les autres albums »
tu as utilisé « dénoter » à la place de « détonner »
http://www.academie-francaise.fr/denoter-pour-detonner
Alors là merci beaucoup JP ! J’apprends un truc ! Mais si tu n’as vu que cette faute, je suis également très content.
Je répondrai à tous plus tard mais je peux d’ores et déjà vous remercier bien bas pour vos supers retours. Merci !
Je parle de film parce que les musiques de la série étaient reprises dans les « films » ou OAV dérivés.
Moi je n’ai pas vraiment d’histoire personnelle avec la musique, et personne n’a tenté de me séduire avec hélas…
C’est pour cela que, malgré des articles rédigés avec passion, je ne me retrouve pas là dedans. ça me laisse un peu froid et ne me captive pas. Désolé.
Je n’ai jamais suivi de groupes.
Pour moi c’était musiques d’anime, de jeux, de films, du classique, de la soul (mais que j’ai connu aussi via des films comme Blues Brothers, Ray)
Je me souviens juste que j’avais réussi à trouver les notes de musique de la mélodie de fin d’un film Saint Seiya, et que je la jouais à la flute.
Celle ci :
https://www.youtube.com/watch?v=v1XmhqtyvsY
J’ai toujours trouvé que les musiques de l’arc Asgard sont les plus belles, même si ce n’est pas l’arc que je préfère.
Mais peut-être as-tu une réelle passion pour certains compositeurs ? Je crois que tu en parlais dans un autre article… pour moi c’est la même chose, ton attachement à Beethoven, c’est le même que celui de Patrick aux Cure, même si c’est avec moins de maquillage et de concerts 😉
C’est vrai, nous nous sommes beaucoup épanché ces deux semaines… Mais, alors que je n’ai pas trop suivi les critères requis par Bruce quant aux comics, je l’ai parfaitement suivi quant à notre relation à la pochette. Comme je le dis, la musique est forcément personnelle, plus qu’une bd : aucun air ne sort d’une bd…
Et puis il serait impossible (pour moi en tout cas) de parler d’une pochette d’un album que je ne connais pas ou n’apprécie pas. Il existe des albums de ce genre (dont le contenant me plaît mais pas le contenu), mais je ne crois pas pouvoir en parler.
En tout cas, merci JP. Et oui, ça me tient à coeur, mais j’ai tout de même le sentiment d’avoir été moins enflammé que mes camarades 😀
C’est vrai, nous nous sommes beaucoup épanché ces deux semaines… Mais, alors que je n’ai pas trop suivi les critères requis par Bruce quant aux comics, je l’ai parfaitement suivi quant à notre relation à la pochette. Comme je le dis, la musique est forcément personnelle, plus qu’une bd : aucun air ne sort d’une bd…
Et puis il serait impossible (pour moi en tout cas) de parler d’une pochette d’un album que je ne connais pas ou n’apprécie pas. Il existe des albums de ce genre (dont le contenant me plaît mais pas le contenu), mais je ne crois pas pouvoir en parler.
En tout cas, merci JP. Et oui, ça me tient à coeur, mais j’ai tout de même le sentiment d’avoir été moins enflammé que mes camarades 😀
J’aurais peut être pu parler de musique. Mais pas d’une pochette de disque. Ni de rock.
Tiens, une musique qui a une forte résonance en moi c’est l’Adagio d’Albinoni. D’une certaine façon, il vaut pourtant mieux que je ne l’écoute pas si je ne veux pas chialer. Bon ok…peut être pas à ce point mais je ne l’écoute pas pour me mettre d’humeur joyeuse, en tous cas.
Et j’aurais même pu faire un parallèle avec des trucs geek vu qu’elle est présente dans le long métrage animé « Albator 84 l’Arcadia de ma jeunesse. » qui constitue le début de la série. Que j’ai toujours trouvé triste d’ailleurs…mais peut être à cause de cette musique (enfin…il est assez désespéré comme film quand même).
Rassure-toi, j’ai une facilité déconcertante à pleurer en écoutant de la musique. Et pas spécialement triste hein, tout dépend de mon ressenti. J’ai réussi à pleurer en écoutant Modern Love de Bowie peu de temps après sa mort. Je pleure à chaque fois que j’écoute Born To Run de Springsteen qui est pourtant très rock et enlevée. C’est personnel, et j’ai le sentiment que seule la musique a cette puissance révélatrice.
Personnellement, je chiale à chaque fois que j’écoute Freebird de Lynyrd Skynyrd. Le milieu du morceau, où soudain le titre décolle et la guitare se lâche, sachant que le mec joue son élégie à son pote disparu et qu’il y met toutes ses tripes. Ça m’achève à chaque fois. Et pourtant tout le début chanté me saoule !
https://www.youtube.com/watch?v=D0W1v0kOELA
Hum…je ne sais pas. C’est différent, c’est évident. Plus personnel comme tu dis car on ressent des choses qui peuvent être très différentes selon les individus.
Mais j’ai déjà versé ma larme en lisant un roman ou une BD. Je ne cite pas les films parce que justement c’est souvent grâce à la musique là aussi^^
Bah tiens « Daytripper » de Fabio Moon et Gabriel Ba m’a mis dans un état…
Je l’ai revendu.
J’ai aimé dans un sens, mais j’y ai vu aussi des trucs trop déplaisants, et ça m’a tellement touché en des points sensibles que j’en ai pleuré.
Mais bon je connais des gens à qui ça n’a fait aucun effet et qui n’ont pas aimé. Bah…ok.
Quartier lointain de Taniguchi, lu très récemment, m’a aussi fait venir une larme à l’œil vite fait (pas les grandes eaux) au moment du départ du père et de la réaction de la mère.
La liste est trop longue mais je sais que j’ai pleuré lorsque l’on apprend la mort de Valmont dans Les Liaisons dangereuses (le livre, pas un des films).
@Mattie Boy : les musiques de St Seiya sont somptueuses. Elles participent à 50 % au succès de la série. Et effectivement celles d’Asgard touchent au coeur. Il faut que je retrouve le commentaire que j’avais fait dessus sur Amazon.
@Jyrille : Boys DO CRy !
Mon top pour me faire chialer à coup sûr :
1/ L’ost de la liste de Schindler
2/ Le thème du lac des cygnes
3/ The Great Bellow de NIN, un grand classique quand la fille que j’aimais comme un dingue s’est mariée aux States…
4/ Ex aequo : Pour me comprendre / Seras tu là : parce Michel Berger c’est encore plus déprimant que Nirvana ou Alice in Chains
5/ The final Cut de Pink Floyd parce que le mec veut se suicider et interrompu par le téléphone !
Je viens de finir d’écouter cet album : mais ! mais ! mais ! c’est quoi le rapport avec It’s a shame ? Tout ça pour dire que ça m’a plu et que je n’avais aucun commencement de début d’idée qu’un groupe comme Talk Talk ait pu composer et réaliser un album pareil. Merci pour cette découverte.
Je me disais bien que ça me disait quelque chose. Je ne peux que me retrancher derrière la même excuse que d’habitude : je comprends vite, mais il faut qu’on m’explique longtemps. Et puis, pour passer à l’acte d’écouter du Talk Talk, il me fallait vaincre une force de résistance considérable : des nouveaux romantiques.
Ah ah ah ! Par deux fois aujourd’hui, Présence, tu m’as vraiment fait rire. En ce qui concerne les pochettes que tu as chroniquées, je pense que toute cette virilité est forcément pour donner une image de violence et de musique agressive, de macho qui se veut mâle alpha…
En tout cas je suis extrêmement flatté que tu aies écouté et apprécié ! Ma mission est remplie !
L’hésitation entre les deux, c’est tout à fait ça, bien vu Omac ! Pour le reste, merci beaucoup car j’adore ta poésie, surtout lorsqu’elle touche juste comme ça.
C’est fait, c’est irrémédiable : j’ai maintenant un disque de Talk Talk chez moi. Contrairement à ce que je pouvais espérer ma femme ne l’apprécie pas du tout. Conformément à ce que je pouvais espérer, je l’ai trouvé très agréable. Merci Cyrille M.
Yes ! Merci ! Tornado a raison, il faut que tu tentes le suivant, Laughing Stock. Je l’ai réécouté, il est très beau. Quant à ta femme, elle l’appréciera peut-être plus tard. Il demande un certain apprivoisement.
Il ne te reste plus qu’à essayer le suivant (et dernier album du groupe), complètement dans la même lignée : Laughing Stock.
Laissez-moi quand un peu de temps pour me remettre des émotions et pour digérer, et surtout apprécier Spirit of Eden. 🙂
De retour chez Bruce Lit après un long voyage, et je retrouve cette saga de pochettes surprises avec un Cyrylle baudelairien (et dont le titre est aussi un hommage à Matisse). J’ai été saisi par le macareux, heureux dans son arbre coquillage et j’écouterai demain Spirit of Eden, tu en causes si bien que je me fais une joie de le découvrir.
Ca m’a réjoui les esgourdes et emmené dans des endroits nouveaux, Merci Cyrille
Tu ne connaissais pas ? C’est super ! J’espère que tes esgourdes y retourneront, dans ce pays !
Et merci pour les compliments old chap 🙂
J’ai trouvé un best of pour…3€ à Gibert.
Je vais écouter ça.
Enfin !
Oh tiens j’avais pas vu ton commentaire, Bruce… Alors ?
Mark Hollis serait mort aujourd’hui 🙁
Je viens de voir ça, oui.