Wonder Woman Earth One Tome 2, de Grant Morrison & Yanick Paquette
Un article de PRESENCEVO : DC Comics
VF : Urban Comics (à venir)
Ce tome fait suite à WONDER WOMAN TERRE UN – TOME 2 (2018) qu’il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome car il s’agit d’une histoire sous forme de trilogie. La première édition date de 2021, sans prépublication mensuelle. L’équipe créatrice reste identique à celle des deux premiers tomes : scénario de Grant Morrison, dessins et encrage de Yanick Paquette, mise en couleurs de Nathan Fairbairn. Le tome se termine avec 9 pages d’études graphiques.
Mille ans dans le futur, à Harmonia, la capitale mondiale, une commentatrice évoque les principales nouvelles diffusées par des haut-parleurs sur la grand-place. Les forces de l’ordre sont toujours à la recherche d’Arda Moore, la dominatrice élue. Elle aurait disparu alors qu’elle était en route pour la planète Infanta pour des négociations sur un traité commercial. Le parti Masculin du professeur Garrett Manly continue d’accuser le gouvernement mondial d’androphobie. Les festivités vont débuter à Harmonie, mille ans après que les femmes ont donné naissance au futur tel qu’il existe maintenant. Il y a mille ans, les femmes ont construit sur les ruines laissées par les cruelles prédations commises par la patriarchie. Il y a mille ans les femmes ont fondé la république mondiale de l’Harmonie. Sous le matronnage d’Aphrodite et d’Athéna, au nom de la beauté et de la sagesse, Harmonia est passée de l’état d’idée à celui de réalité, jusqu’à devenir le mode de vie que chacun s’est senti enjoint à faire sien. Il y a mille ans la dernière guerre des sexes a été menée, et elles ont gagné, comme chacun sait. Ça n’a jamais vraiment été une guerre, mais cette victoire a eu un coût. Cette commémoration évoque l’histoire des femmes de science, des philosopheuses, des doctoresses. Tout a commencé quand Hippolyta est morte.
Au temps présent, Nubia annonce que Hippolyta est décédée, avec Diana et Mala à ses côtés sur l’estrade. Elle rend hommage à cette reine qui les a délivrées du cruel esclavage d’Hercule, qui a si longtemps été leur boussole, qui était son amante, sa reine, sa sœur, son héroïne, son ami. Elle ajoute qu’elle vit éternellement dans sa fille, et annonce que Diana est la nouvelle reine, tout en mettant le feu au bûcher funéraire de Hippolyta. Quelque temps après, Diana se rend sur le monde d’Aphrodite, la planète Vénus, pour s’entretenir avec sa tante Desira. Elle souhaite en apprendre plus sur la manière dont les femmes ont instauré la paix sur leur planète. Desira évoque la domestication des hommes qui a permis de supprimer l’instinct de compétition et ils ont fini par embrasser la soumission à l’autorité aimante. Elle rappelle que leur planète est un monde parallèle à celui de Diana et que la divergence dans leur histoire respective s’est produite quand les amazones ont conquis la Grèce, puis l’Europe, il y a de cela trois milles ans. Pour prouver l’efficacité de leur mode de vie, elle fait amener Leon Zeiko devant Diana, mais malgré son conditionnement, celui-ci s’emporte. Après cet incident, Desira réitère sa promesse : les filles de Vénus seront à la disposition de Diana pour repousser toute tentative d’invasion de Themiscyra.
Dès la première page, le scénariste établit que le récit se situe dans le futur, et que les choses ont bien changé sur Terre, avec l’instauration d’un gouvernement mondial dont la forme ne fait aucun doute : une matriarchie bienveillante. Grant Morrison a donc tiré parti d’une trilogie indépendante de la continuité pour faire aboutir un la dynamique sous-jacente de cette héroïne. Themiscyra et son peuple d’amazones constituent une société harmonieuse, en paix, et égalitaire : il semble logique qu’elle soit étendue à toute la Terre. Le lecteur suit donc deux lignes temporelles : celle du futur où le gouvernement de l’autorité aimante est une réalité, et celle contemporaine qui voit les amazones prendre le dessus sur le patriarcat. D’un côté, il ne prend pas ce récit au sérieux, parce que le scénariste continue d’intégrer des énormités avec parcimonie et discrétion, mais impossible à rater. Le lecteur se retrouve impuissant à réprimer le sourire qui lui vient en voyant une géante armée d’un rouleau à pâtisserie en faire un usage brutal lors d’une bataille de grande envergure. Il pouffe de bon cœur quand Diana évoque la grève du sexe des femmes de Lysistrata. Il s’amuse de la provocation de l’auteur à donner le titre de Dominatrice à la présidente du gouvernement mondial. Dans un autre registre comique, un des juges du monde souterrain suggère à Diana de passer par un autre chemin parce que ça lui fera gagner dix minutes, un contraste tout en dérision par rapport à l’enjeu de Diana dans le monde des morts.
D’un autre côté, le scénariste sait se montrer incisif quand il étoffe le réquisitoire à charge de Diana et des amazones contre le patriarcat. La narration et l’humour tiennent à l’écart toute forme de prétention d’un réquisitoire féministe, tout en employant des arguments classiques et pertinents. L’idée sous-jacente consiste à faire apparaitre le point de vue des amazones, des femmes ayant fondé une société excluant les hommes, après s’être libérées de leurs violeurs : les amazones considèrent les tares de la société humaine sont donc à imputer aux hommes qui l’ont construite puisqu’ils ont cantonné les femmes à des rôles subalternes. De ce point de vue, c’est donc bien de leur faute si la société humaine est inégalitaire, et si la technologie masculine a donné naissance à des armes toujours plus sophistiquées et meurtrières comme les tanks, les missiles et les bombes. Pour aller de l’avant, une seule solution : exterminer les hommes, ou au moins le monde des hommes doit tomber. Bien évidemment, il ne s’agit pas d’éradiquer la population mâle, mais les réduire en esclavage n’est pas exclu puisque ça se pratique sur la Terre Vénus, et cette société est pacifiée, même s’il faut parfois effectuer des recyclages de rééducation pour certains mâles qui rechutent.
Les auteurs ne font donc pas semblant que ce sous-texte n’existe que dans la tête de quelques intellectuels avec trop de temps à tuer, mais avant tout, ils racontent une histoire divertissante. Une société d’amazones vit en paix, et dispose d’une technologie avancée. Finalement, le scénariste fournit quelques informations sur l’évolution de Themiscyra, mais cela n’a pas grande importance au regard de l’intrigue. D’un côté, les premières pages annoncent l’avènement d’une société matriarcale donc tout finit bien ; de l’autre côté, il reste du chemin à parcourir depuis le temps présent du récit. Le lecteur est très vite rassuré sur le degré d’investissement de l’artiste : il a passé du temps sur chaque page, conçu des découpages très vivant, nourri ses décors, et soigné ses personnages. Le spectacle est de très grande qualité : les costumes aussi bien des amazones que des civiles à Washington. Le peuple de Themyscira s’avère plus varié que simplement des couleurs de peau différentes, avec les gigantas, les femmes tatouées, et quelques créatures mythologiques. Cette version d’Artemis en impose. Les femmes à aile de libellule volètent gracieusement, avec leurs ailes diaphanes. Les membres du parti viril font plus pitié que peur. C’est un plaisir de voir les Moires (Clotho, Lachésis, Atropos), et d’aller à la rencontre de Cerbère ou de Charon, Rhadamante, Éaque et Minos (le tribunal des morts).
Non seulement la distribution de personnages s’avère très fournie, mais en plus l’action transporte le lecteur en de nombreux endroits : de Themyscira à Washington en passant par Vénus et le monde souterrain. Là encore, l’artiste s’investit pour donner de la consistance à chaque site, chaque bâtiment, avec des visions magnifiques du palais de la reine Desira, de la clairière où Artemis accueille Diana, de la salle de commande de Maxwell Lord, ou encore de Themiscyra une fois ses moteurs à plein régime. L’enchantement visuel continue avec le jeu sur la bordure des cases dont la forme fait bien souvent écho au lieu ou aux personnages : par exemple en reprenant le motif des ailes diaphanes, celui de branchages, celui du cadre d’un miroir, ou encore de frises géométriques de la Grèce antique telles qu’il peut y en avoir sur des murs ou sur des vases. Paquette réalise également des pages très vivantes, pleines de bruit et de fureur pour les batailles, la première se déroulant sur 18 pages et la seconde sur 7 pages : à nouveau une narration visuelle conçue sur mesure, avec un sens impressionnant du mouvement, un passage obligé dans un comics de superhéros, sans pour autant donner l’impression de déjà-vu, ou de remplissage pour un quota de pages d’affrontements physiques.
Comme dans les tomes précédents, les auteurs intègrent de nombreux éléments de la mythologie du personnage, soit de manière évidente comme le dieu de la guerre, soit de manière plus discrète comme les gigantas, les kangas, ou encore l’origine de Troia. Une fois encore, Morrison fait la preuve de sa connaissance encyclopédique des aventures du personnage, sans en faire étalage, mais en piochant les éléments qui l’intéressent pour un hommage qui sait conserver l’esprit de l’original, en en adaptant la lettre à son propre récit. Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, le lecteur constate que le discours est moins binaire qu’il n’y paraît. Ce n’est pas une bête guerre des sexes. C’est une condamnation du patriarcat dans ce qu’il a de plus oppresseur, tout en proposant une alternative, plus constructive, plus respectueuse, mais une autre forme de dictature malgré tout, avec une forme de totalitarisme par l’autorité de l’amour. À nouveau, les pointes d’humour font que le lecteur ne prend pas cette alternative au premier degré, ni comme les convictions intimes du scénariste, ni comme un programme politique viable. Il voit bien que ce qui a séduit Grant Morrison, c’est de pouvoir développer la logique d’une société matriarcale avancée, prenant les rênes du pouvoir et mettant un terme à la puissance destructrice des hommes qui s’applique aussi bien sur les femmes, que sur les hommes eux-mêmes. À l’opposé d’un pamphlet revendicatif, il s’agit d’un divertissement, d’une histoire de superhéros provoquant le lecteur pour l’amener à s’interroger sur une alternative.
Des différents projets estampillés Earth One, celui-ci est le plus ambitieux et le plus abouti. Les auteurs, les trois mêmes pour la trilogie, racontent une histoire complète. Ils se montrent respectueux du personnage et des intentions de son créateur, développant une version à la fois fidèle et personnelle d’un personnage complexe et dont il est difficile de conserver la cohérence comme guerrière de la paix. L’artiste a imaginé une personnalité visuelle pour la série, au travers des protagonistes, de leur apparence, et des lieux. Il les met en œuvre dans des pages à la composition inventive, avec une narration fluide, et un niveau de détails élevé. Le scénariste profite de la liberté offerte par cette collection hors continuité pour explorer la logique d’une société matriarcale décidant de pacifier le monde des hommes, et qui en a les ressources nécessaires. Cette trilogie constitue un excellent divertissement, un vrai récit de superhéros qui sait en éviter les poncifs, une aventure de la vraie Wonder Woman avec une approche aussi respectueuse qu’originale, une utopie matriarcale loin d’être bête, avec des touches d’humour provocateur et savoureux.
Présence merci pour cet aperçu.
comme tu le décris soit ce truc est le « starship troopers » du féminisme, soit c’est illisible pour moi. peut-être sous le mode de l’humour mais c’est un discours trop souvent entendu de manière on ne peut plus sérieuse sur les RS…
je doute de lire ça un jour.
Comme tu as pu t’en rendre compte, j’ai beaucoup aimé. Je suis un grand fan du personnage de Diana, et les créateurs ont su prolonger la vision de William Moulton Marston de manière respectueuse, et raconter une histoire en 3 tomes qui met à profit le format Earth One, mettre en scène une logique féministe issue de l’île du Paradis, en sachant mettre en œuvre des nuances et des éléments humoristiques. Je leur tire mon chapeau car je n’ai pas souvenir d’autres auteurs ayant réussi un tel récit.
Un peu comme Eddy, j’avais été refroidi par le tome 1 qui choisissait des raccourcis faciles (et même un Steve Trevor black pour faciliter le procès en évoquant l’esclavage…ce qui fait qu’on se demande comment il se serait défendu en étant blanc)
ça ne faisait que renforcer l’idée déplaisante que le blanc est un connard indéfendable et que l’homme tout court aussi en fait, sauf s’il a une excuse d’avoir vécu des persécutions aussi. Genre si t’en as chié dans la vie, ça va t’es dans le camp des « oppressés » donc t’es gentil. Et si t’as rien vécu de terrible, t’es surement une merde.
Alors que bon…les oppressés devenant oppresseurs c’est pourtant une réalité.
Bref propos traité de manière simpliste dans le tome 1, ça ne m’avait pas donné envie de lire la suite.
Mais le dessinateur assure, c’est joli au moins.
J’ai la faiblesse de penser que je ne suis pas un connard blanc indéfendable, donc je ne me suis pas senti visé. Je garde à l’esprit que Grant Morrison et Yanick Paquette sont également blancs et mâles, or il ne semble pas y avoir d’amertume dans leur propos, pas d’auto-flagellation, pas de mea culpa. De ce que j’ai pu lire des ouvrages de Morrison, ce n’est pas le genre à envisager une situation ou état de fait de manière dichotomique, soit ça, soit son contraire, sans aucune autre façon de voir les choses.
Les oppressés devenant oppresseurs c’est pourtant une réalité : c’est ce qui se passe avec le gouvernement des amazones, sous une forme douce (le pouvoir de l’amour), mais bien qualifié comme tel.
Je ne prétends pas que c’était le but des auteurs de faire un mea culpa ou de dire que les blancs sont indéfendables, mais c’est ce qui en ressortait.
Steve Trevor en black ne sert qu’à évoquer le fait que son peuple aussi a subi des injustices lors de son procès. Moi je me suis dit « ah ben c’est pratique. Et s’il avait été blanc, il aurait dit quoi ? Il n’aurait pas eu d’excuse et du coup il était coupable ? »
ça aurait complexifié le truc, il aurait fallu justement mettre en valeur le fait que les amazones sont impitoyables et que les actions d’un homme ne reflète pas celle de tous. Mais non, hop pirouette esclavage et du coup ça va elles ont compris parce que lui aussi a souffert.
Mouais…
perso, je vois Présence insister sur l’humour et l’ironie de la chose, du coup je vais lire pour me faire un avis.
parce que oui au départ, j’ai cru que c’était bien premier degré bête et méchant…
Je ne connais pas les numéros des années 40..mais ma vesin de référence de WW est celle de George Perez et je trouve qu’il a tout dit dans sont premier numéro.
de plus le fait d’avoir fait de Steve Trevor un homme mûr qui perd ses tifs qui se rapproche plutôt d’Etta Candy (qui sort de son rôle de petite grosse marrante pour devenir une femme d’action compétente aussi) plus inattendu… .
Steve Trevor en black ne sert qu’à évoquer le fait que son peuple aussi a subi des injustices lors de son procès : après avoir pris le temps de la réflexion, je me dis que ma réaction était de même nature que la tienne, mais encore plus primaire. Quand j’ai découvert que Steve Trevor était passé de mâle blanc, à afro-américain, je me suis dit que Morrison avait fait ce choix pour respecter les quotas de diversité.et de représentation.
Puis je suis tombé sur la page où il est enchaîné et agenouillé aux pieds de Diana, femme et dominatrice ayant soumis le mâle, dans le registre esclave. Avec ma sensibilité, j’y vois une provocation de type punk, faite sciemment, en pleine conscience. Après réflexion, je te rejoins, Steve Trevor en black ne sert qu’à incarner le peuple afro-américain oppressé et réduit en esclavage, ce qui m’a semblé fort pertinent dans le contexte d’un récit dont le thème est l’oppression d’une partie de la population. C’est la raison pour laquelle j’ai apprécié cette provocation. Elle m’a, entre autres, rappelé la pochette de l’album Animal Magnetism de Scorpions (1980) avec une femme agenouillée devant un homme, sa tête au niveau de son entrejambe, mais aussi la présence d’un chien qui vient tourner en dérision cette prétention de virilité dominatrice.
https://m.media-amazon.com/images/I/81dQdo8MsGL._SL1200_.jpg
Et le verso de la pochette confirme l’intention de dérision :
https://m.media-amazon.com/images/I/61nDinZ5EcL.jpg
excellent album au demeurant…
Je n’irais pas jusqu’à excellent (pour mes goûts) parce qu’il est coincé entre Lovedrive (Excellent 🙂 ) et Blackout (excellent 🙂 ) , mais j’aime plusieurs des chansons (Make it real, Don’t make no promises, Only a man, Animal Magnetism) et un indispensable parmi les 10 meilleurs de leur riche discographie The Zoo.
C’est peut-être « pertinent » pour faire un parallèle entre les injustices faites aux femmes et celles faites aux afro américains…mais c’est aussi une grosse ficelle scénaristique bien pratique. Je ne pouvais pas me sortir de la tête ette question « si Steve était blanc et bourgeois n’ayant rien vécu de terrible, aurait-il été jugé coupable pour ça ? »
Et de plus, on peut appartenr à un peuple opprimé et être un connard quand même. C’est ce côté porte-étendard qui m’a dérangé.
« je suis black, je fais partie d’un peuple opprimé, donc je suis gentil, je vous comprends, femmes »
S’il avait été tueur en série, il les aurait bien eu les amazones^^
Enfin pour moi on parlait comme ça des problèmes raciaux et des injustices en 1970 chez Claremont. Pas toujours subtil mais osé pour l’époque dans un média de type comics super surveillé et censuré.
En 2020, et de la part de Morrison, ça faisait vraiment maladroit pour moi.
Après bon…peut-être qu’en lisant les autres tomes j’aurais senti autre chose. Peut être aussi que seul le début est maladroit, je sais pas…
Mais comme on ne peut pas tout lire…
Bien que tout (absolument tout, le genre, le personnage, son univers) me fasse fuir dans ce comics, j’ai apprécié la présentation qui me permet de me tenir au jus de l’actualité récente du médium.
Tu as également réussi à être convaincant sur le talent de l’auteur réussissant à l’être également quant à cette société fictive ayant évolué sous le pouvoir du féminisme tellement en vogue aujourd’hui sur les RS. Ce n’était pas gagné !
Mais oui, avec de la verve, de l’humour et un poil de provoc, c’est tout à fait jouable ! Vive les femmes ! 😀
C’est toute la différence entre un auteur de talent et un gros lourd des RS donneur de leçons que de traiter le même thème mais avec de la pertinence, des arguments et de l’esprit. C’est un sujet tellement casse-gueule à l’heure actuelle. Un sujet (le féminisme aveugle) qui me fait également fuir par sa bêtise binaire généralisée. Du coup il faut vraiment être fin pour que ça passe…
A priori Morrison délivre ici une trilogie beaucoup plus linéaire et accessible que ses travaux habituels, non ?
Le genre, le personnage, son univers : c’est du superhéros pur jus, avec la vision très idiosyncrasique de William Moulton Marston des années 1940, je comprends que cela puisse te faire fuir. Pour ma part, c’est un goût acquis après de nombreuses lectures expliquant toute la saveur d’une telle création.
Je te confirme que l’intrigue est presque linéaire (deux fils temporels dans le dernier tome) et beaucoup plus accessible, mais aussi plus savoureuse pour un lecteur familier de la mythologie de Wonder Woman (sinon il y a plusieurs éléments qui semblent sortir de nulle part, et assez bizarres, comme les kangas ou le rayon pourpre). En revanche la réflexion sur le matriarcat nécessite de prendre un minimum de recul, pour prendre en compte que ce n’est pas un râlage de type réseaux sociaux.
Dans le même temps, j’ai trouvé cette trilogie de meilleure qualité que celle de Batman ou même les 2 premiers tomes de Green Lantern, et plus ambitieuse dans son propos.
« Au genre, au personnage et à son univers », j’ajouterais aussi son esthétique, particulièrement bling-bling. Je sais que c’est une composante des comics de superslips (poussé à son paroxysme pour l’univers de WW je trouve) mais justement j’en deviens allergique.
Toutefois tu es quasiment parvenu à me donner envie de donner sa chance à cette lecture. Au moins par curiosité. Manquerait plus que je la croise dans les rayons de la médiathèque pour être tenté… 🙂
Résiste ! Prouve que tu existes ! 😀
Oui, mais ce monde n’est pas le sien ^^
Merci pour cette review. A la lecture du résumé, ce tome semble être un remake direct de Wonder Woman n°7 (série de 1942) de Moulton lui-même, où l’héroïne découvre une simulation de l’an 3000 dans laquelle la Présidente des Etats Unis est « Maîtresse Arda Moore »
Merci pour la référence. J’ai dû lire ce Wonder Woman 7, mais je ne m’en souviens pas. J’ai trouvé que Morrison reprend les caractéristiques de l’écriture William Moulton Marston et de nombreux éléments de ses épisodes, chose que personne n’a vraiment su faire fonctionner jusqu’alors.
Je ne te surprendrai probablement pas en indiquant que, sur les tomes précédents (je n’ai pas lu ce tome 3), j’ai un avis plus réservé sur la manière dont Morrison traite la philosophie de Marston. En toute honnêteté, je trouve que Momo porte sur la civilisation des amazones un œil étrangement accusateur et critique à une époque où le BDSM est devenu un fétichisme/une philosophie communément acceptée.
Le BDSM est devenu un fétichisme/une philosophie communément accepté : je dois être assez coincé, parce qu’aucune personne de mon entourage ne m’a parlé de ces pratiques sur un ton badin de conversation à bâton rompu. 🙂
A la lecture, je n’arrive pas à faire la part des choses, entre un œil étrangement accusateur, ou une façon d’écrire en anticipant les contre-arguments pour mieux y répondre direct et pouvoir ainsi aborder les éléments qui l’intéressent. Parce que Grant Morrison, côté pratiques déviantes, ce n’est pas un timide, que ce soit dans The Filth, The Invisibles. 🙂
Le fait que Claremont n’ait pratiquement jamais écrit le personnage de Wonder Woman reste un mystère pour moi, les 2 étaient faits l’un pour l’autre 😉
🙂
Excellent.
Là comme ça tout de suite, il ne me vient à l’esprit que le Elseworlds Whom Gods destroy
https://en.wikipedia.org/wiki/Whom_Gods_Destroy_(comics)
Il y a également JLA: Scary Monsters où il transforme l’Amazone en créature démoniaque, et peut-être également JLA: The Tenth Circle ?
Il s’agit d’histoires que je n’ai pas eu l’occasion de lire : merci pour les références.
J’aimerais bien mettre la main sur SCARY MONSTERS par pur fétichisme pour Claremont (on va dire que c’est le mot du jour) .
sinon en voyant l’engouement de présence, je vais tâcher d’y jeter un œil après avoir ouvert mes chakras …
Pour les actes manqués de Claremont, on n’ a pas fini d’en faire le tour…prisonniers de kraoka à jamais…
Mince : je ne connaissais pas non plus l’existence de Scary MOnsters. Merci pour la référence.
https://dc.fandom.com/wiki/JLA:_Scary_Monsters_Vol_1
« l’autorité de l’amour » : c’est vrai que c’est intrigant. En plus j’adore Morrison donc ça pourrait me plaire. Surtout que je trouve les dessins vraiment chouettes, avec des découpages de cases comme JH Williams III aime en faire, dans son superbe Batwoman par exemple (que je dois relire en entier). Non mais c’est vraiment tentant, surtout si l’humour fonctionne. Je ne connais pas vraiment ce personnage, la seule bd que j’ai avec elle en personnage principal est le ANNEE UN de Greg Rucka que je dois encore lire.
Bon je note tout ça dans un coin car tu le vends vraiment bien, Présence. Merci !
L’autorité de l’amour : un autre concept qui m’a bien fait sourire. Le bonheur obligatoire, aimez-vous les uns les autres, imposé de force. 😀
Les découpages de JH Williams III : il s’en était également donné à cœur joie dans Sandman Ouverture.
http://www.brucetringale.com/un-epilogue-en-forme-de-prologue/
Si l’humour fonctionne : je présume que je suis bon client et qu’il ne fonctionne pas avec tout le monde.
Exact pour Overture. Je compte d’ailleurs le relire aussi.
Bonjour Présence,
merci pour cette review imposante et très intéressante. Elle fait bien le tour de ce que propose ce récit.
Bien qu’intéressé par le personnage de Wonder Woman, le nom du scénariste et mon désintérêt grandissant pour la production mainstream notamment DC m’a éloigné de Wonder Woman Earth one. Pourtant j’aime beaucoup le trait de Yannick Paquette mais je ne me voit pas mettre du temps (et de l'(argent) là dedans. Tu as plein d’arguments convaincants mais ce n’est clairement plus dans mes envies actuelles et puis Grant Morrison …. je ne peux plus.
Toujours un plaisir de te lire par contre.
Merci. L’offre de BD est tellement pléthorique qu’il serait dommage de se contraindre à lire des comics qui n’ont pas d’attrait qui ne suscitent plus d’envies actuelles. Etant toujours sous le charme de l’écriture de Grant Morrison, je me suis fait un grand plaisir de lire Superman and The Authority, que j’ai également trouvé très bon. A nouveau, Morrison défend un point de vue pas si consensuel que ça : les valeurs morales de Superman n’ont rien de dépassé, et les cyniques violents et efficaces de The Authority finissent par les partager à leur manière.
Mais n’est-ce pas exactement l’idée d’Action Comics n°775, « What’s so funny about Truth, Justice and the American Way » où Superman affronte l’Elite, une copie à peine voilée de The Authority , en s’opposant à leurs méthodes brutales ? J’ai un peu l’impression que Morrison réinvente la roue… https://en.wikipedia.org/wiki/What's_So_Funny_About_Truth,_Justice_%26_the_American_Way%3F
Mince : encore des épisodes que je n’ai pas lus, donc je n’ai pas pu faire le lien. Oui, la thématique a l’air d’être très porche, voire franchement identique.
Vil tentateur, j’avais décidé de ne pas craquer pour ce Superman + Authority, et maintenant j’ai le doute…
Je ne connaissais pas du tout ce comic, JB, mais comme il date de 2001 et que ce n’est pas Authority, sans doute l’attrait de l’argent (pour DC) n’est pas pour rien dans la nouvelle version de Morrison ?
j’attends le volume Urban « JOE KELLY PRESENTE LA JLA qui va sortir cet été avec impatience…
Le Superman de Joe Kelly : Urban en avaient sorti deux tomes à leurs débuts. Leurs premières publications sur l’homme d’acier. Je les avais achetées et j’avais été déçu. C’est parti au bac à soldes il y a bien longtemps.
Je crois que je peux compter sur les doigts d’une main les comics que j’ai lu de Wonder Woman.
Certainement pas les bons car je n’en garde aucun souvenir😀.
Le personnage ne m’a jamais attiré. Même enfant j’ai toujours trouvé ridicule ses armes et ses pouvoirs : lasso magique, bracelets pare-balles…
Par contre, le vrai plus des récits de Wonder Woman sont les références liées à la mythologie grecque 👍. Cela permet d’enrichir sa culture de manière ludique.
Tout comme THOR pour la mythologie nordique ou SLAINE pour la mythologie celte.
Pour ma part, j’ai appris pas mal de choses en lisant ces comics et ils m’ont poussé à m’intéresser de plus près à tout cela. Du coup je suis presque devenu un spécialiste de toutes ces mythologies. Maintenant je peux briller en société 😁😉.
Alors comme je n’ai jamais rien lu de récent sur l’héroïne je veux bien, si je le croise un jour, lire ce EARTH ONE. Je commencerai par le tome 1…et plus si affinités 😉.
Pas de BO aujourd’hui ☹️.
C’est pas grave car tu as quand même évoqué une pochette mythique des SCORPIONS dans les commentaires👍
J’ai toujours beaucoup aimé Wonder Woman, avant tout pour sa gentillesse.
J’ai toujours trouvé ridicule ses armes et ses pouvoirs : lasso magique, bracelets pare-balles… et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, parce que la dimension bondage est pas mal non plus, même si elle est plus visible par un adulte.
Il y a déjà 4 articles sur des comics Wonder WOman sur le site (en plus de ceux sur les tomes 1 & 2 de Terre-Un) :
Wonder Woman Legendary (par Eddy Vanleffe)
http://www.brucetringale.com/la-legende-du-xxe-siecle-wonder-woman-legendary/
Wonder WOman par Greg Rucka & JG Jones
http://www.brucetringale.com/une-vie-entre-les-mains/
Wonder Woman par Christope Moeller
http://www.brucetringale.com/la-chasse-au-dragon/
Wonder Woman par John Byrne
http://www.brucetringale.com/remise-a-niveau-wonder-woman-by-john-byrne-1/
Mais… Mais… Mais… Mais… Il manque une article sur Wonder Woman par George Pérez !!! Eddy ?
La BO : pour des raisons historiques, c’est Bruce qui se charge de la BO sur mes articles. Toutefois, je peux te proposer Woman, de Neneh Cherry.
https://www.youtube.com/watch?v=pAYSAYg9kPI
Ou bien Man! I feel like a woman, de Shania Twain, peut-être plus adapté du fait de son second degré humoristique.
https://www.youtube.com/watch?v=ZJL4UGSbeFg
Ou encore Girl on fire, d’Alicia Keys
https://www.youtube.com/watch?v=J91ti_MpdHA
Et une petite favorite : juste parce que je suis une femme, de Dolly Parton.
https://www.youtube.com/watch?v=HxPbJQGBtT0
« la dimension bondage est pas mal non plus, même si elle est plus visible par un adulte. »
Le pouvoir le plus redoutable 😀😀😀. Manifestement je ne suis pas le seul à voir cet aspect du personnage 😉.
Les BO: que des femmes magnifiques 😍.
Les chansons je connais celles de Neneh, Shania et Alica par cœur. Je découvre celle de Dolly. Je ne sais pas pourquoi tu laisses Bruce se charger des BO de tes articles…tu as beaucoup plus de goût 😀😀😀
Malheureux, pourvu qu’il ne lise pas ta dernière remarque. 🙂 🙂 🙂
C’est un coup à se faire bannir. 😀
Effectivement désormais Présence, je trouve plus judicieux que tu te charges de tes BO. Au fil des années, il n’y a plus de sens que je choisisse pour toi alors que toute la team propose ses propres morceaux.
Oui chef.
On pourra avoir du Manowar?
pas sur Wonder Woman évidemment… ^^
Je ne suis pas sûr de comprendre : y aurait-il soudain un complot pour provoquer une brouille entre Bruce et moi, ou juste pour faire sortir le chef de ses gonds ?
J’adore passer en mode paranoïaque : même si c’est pas vrai, ça rend tout de suite la vie plus palpitante. 😀
comme on dit chez moi, je suis un « moqueux de gins »!
pour le run de Perez, j’aimerais vraiment le faire mais je ne sais pas quoi dire, à part c’est bien. achetez-le… ^^
et comme je laisse ça aux youtubeurs qui secouent frénétiquement des couvertures sous les yeux en faisant deux blagues sub-ventrales et en lançant des formules si convaincantes à base de « j’ai trop kiffé ma race »