Ice Cream Man 2, par W. Maxwell Prince, Martin Morazzo et Chris O’Halloran
Un article de PRESENCEVO : Image Comics
VF : Huginn&Muginn
Ce tome fait suite à Ice Cream Man 1 Rainbow Sprinkles (épisodes 1 à 4) qu’il vaut mieux avoir lu avant, car il y a un fil conducteur sous-jacent. Il comprend les épisodes 5 à 8, initialement parus en 2018, écrits par W. Maxwell Prince, dessinés et encrés par Martín Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Chris O’Halloran. Il contient également les couvertures originales de Morazzo et les couvertures variantes réalisées par Frazer Irving, Christian Ward, Fábio Moon, Vanesa R. Del Rey.
Épisode 5 – Un homme en costume cravate se tient en haut d’un gratte-ciel dans une ville américaine, sur le rebord du toit. Il se jette dans le vide. Il a 100 étages à descendre en chute libre, avant de s’écraser sur le trottoir. Il se souvient de ce que se dit l’homme au sourire avant de se transformer en buse. À l’intérieur du bâtiment, dans la salle de réunion du quatre-vingt-neuvième étage, Vicky (ou est-ce Vanessa, ou peut-être Valerie) enjoint à sa cheffe de descendre avec elle. L’autre refuse, et une buse lui arrache l’œil droit de son orbite. Veronica sort en courant et commence à descendre les étages par l’escalier. Épisode 6 – Dans une banlieue pavillonnaire, un homme se promène à pied. Il arrive devant la camionnette du marchand de glace et en demande une à 3 boules : chocolat, vanille, fraise. Il repart en léchant sa glace. Il arrive devant un croisement où 3 choix s’offre à lui. Dans le premier, il tourne à gauche, dans le second il continue tout droit, dans le troisième il tourne à droite. Le lecteur suit ce qui arrive dans chacune de ces 3 possibilités.
Épisode 7 – Lucy (9 ans) est en train de faire de la balançoire dans le jardin, en mangeant un cornet de glace. Ses parents l’observent depuis le salon. Sa mère s’inquiète pour elle car sa meilleure amie Kayla vient de décéder d’un cancer. Le père s’énerve en disant qu’il faut que sa fille arrête de se conduire comme si le fantôme de Kayla étant tout le temps à ses côtés. Le lendemain, Lucy participe à sa séance de psychothérapie, et répond aux questions de la psy, lui indiquant qu’effectivement Kayla se tient à ses côtés et lui répond. Épisode 8 – Dans une petite ville de banlieue, Jenny conduit l’ambulance, avec Mike son coéquipier sur le siège passager. Dans la rue où ils circulent, une maison est en train de brûler, une voiture a percuté un arbre sur une pelouse, un groupe d’individus se promènent avec des torches, un autre est en train de traîner un cadavre ensanglanté par les cheveux. Un peu plus loin, un homme est en passe d’être dévoré par des vers de terre longs de plusieurs dizaines de centimètres. Dans l’ambulance, Mike est en train de s’envoyer plusieurs cachetons d’un médicament pour la leucémie pour voir s’ils ont un effet psychotrope. Brenda lui raconte comment elle et sa sœur avaient recueilli une petite souris à la patte brisée, quand elles étaient jeunes.
Le premier tome avait laissé un goût étrange, entre horreur et histoire qui ne démarre pas. Ce deuxième tome vient clarifier la structure de la série : une anthologie d’histoires en 1 épisode, avec un très discret fil rouge : les apparitions d’Ice Cream Man, et celles encore plus sporadiques de Caleb, l’homme au stetson. Le premier épisode du présent tome prend le lecteur au dépourvu, avec cet homme qui se suicide en sautant du centième étage, et cette femme qui rencontre une horreur après l’autre en descendant les étages. L’épisode suivant baigne également dans l’horreur, avec les 3 chemins de vie concomitant de ce jeune homme. Ça ne va pas en s’arrangeant avec la petite fille hantée par sa copine morte, et avec les 2 ambulanciers irresponsables. Cette série est bien une anthologie d’horreur, avec des éléments graphiques comme une énucléation graphique, un individu se vidant de son sang avec un couteau fiché dans la cuisse, un individu dépecé vivant, ou encore un type qui se plante une fourchette dans la main.
Dès le premier épisode, le lecteur est également frappé par la structure des récits : une alternance entre un suicidé et une femme qui descend les escaliers, 3 récits en parallèle, et même la folle cavalcade des 2 ambulanciers. Seul l’épisode 7 suit un déroulement plus classique. Dans ces formes, le lecteur est bien sûr impressionné par l’épisode 6 dans lequel il suit 3 chemins de vie en parallèle sur chaque page d’un même individu, en fonction du trottoir qu’il a emprunté pour manger sa glace. La mise en parallèle provoque un effet ludique irrépressible chez le lecteur qui se met à comparer les 3 destins, à établir des rapprochements de nature plutôt sinistre. Le premier épisode produit aussi un effet ludique, le lecteur se livrant également au jeu de comparer les 2 descentes, même si les préoccupations du suicidé et de Veronica sont de nature très différente. Du coup, il adopte la même approche de lecture pour l’épisode 7 en s’interrogeant sur la réalité du fantôme, sur ce qu’il va advenir de cette petite fille, sur l’équilibre psychique de son père. Dans le dernier épisode, il apprécie la suite de situations macabres et ne fait pas forcément attention au mystère installé dans les premières pages.
Martin Morazzo continue de dessiner de la même manière, dans une approche réaliste et détaillée, en utilisant un trait de contour très fin, mais pas cassant. Avec la première page, le lecteur se dit que l’artiste utilise peut-être un logiciel de modélisation pour la vue du dessus des immeubles, puis pour la façade de verre au fur et à mesure de la chute de l’homme, tellement les traits sont droits et propres sur eux. Il en va de même pour la netteté de la cage d’escalier en vue de dessus dans une perspective vertigineuse. Mais cette impression disparaît dans les épisodes suivants, les décors étant moins géométriques. Il subsiste parfois une impression d’éléments factices, trop propres sur eux. D’un autre côté, le niveau élevé de détails et la méticulosité des dessins donnent corps à des environnements substantiels : les façades des pavillons de la banlieue dortoir, l’ameublement du bureau de la psychologue de Lucy, l’aménagement du diner où Jenny et Mike vont manger un burger. Du coup, Morazzo donne à voir une réalité concrète, des endroits où le lecteur peut se projeter même s’il peut les trouver manquant de texture de matériau, de marque du temps qui passe.
Comme dans le premier tome, il faut un petit temps d’adaptation au lecteur pour les visages des personnages. En effet Morazzo aime bien leur faire entrouvrir la bouche pour montrer leurs dents. Les expressions des visages peuvent également sembler parfois un peu décalées par rapport à l’émotion qu’elles expriment. Il faut un peu de temps pour comprendre que la majorité des personnages semblent habités par une sourde inquiétude mêlée d’une douleur sous-jacente, avec un brin de nostalgie. Une fois repéré cet état d’esprit généralisé, le lecteur peut passer outre et constater que les expressions de visage sont en fait variées et nuancées, tout en étant marquées par cette inquiétude. Bien sûr, l’épisode 6 constitue une preuve éclatante du talent de narrateur visuel de l’artiste, car il est dépourvu de mot et il se lit sans aucune difficulté, avec un impact émotionnel bien réel. À la fin du présent tome, le lecteur peut lire le script du scénariste pour une demi-douzaine de pages de l’épisode 6, et voir comment le dessinateur y a apporté sa vision et son savoir-faire pour y insuffler de la vie et de l’émotion. Tout au long de ces 4 épisodes, il sait faire apparaître à la surface la vie intérieure des personnages, en ce qu’elle a d’unique et d’intense. Le lecteur ressent leur implication émotionnelle et se retrouve incapable de prendre ses distances. Il se trouve donc impliqué dans leur situation. Il ne peut pas non plus se protéger contre les situations horrifiques qui surviennent, du fait de leur caractère inattendu.
Avec ces quatre épisodes, W. Maxwell Prince sait faire remonter à la surface l’absurdité de la vie, l’angoisse de la différence et de l’anormalité. Le suicide et la course pour sortir du bâtiment mettent en évidence l’absence de sens de la vie et sa valeur relative. Les 3 chemins de vie indiquent que cet individu ne pouvait pas échapper à la souffrance. Le scénariste confronte ses personnages à des horreurs absurdes et dramatiques survenant sans raison, s’acharnant parfois sur un individu. Pour autant, ces épisodes ne flanquent pas le cafard, car il sait faire preuve d’humour noir avec un second degré, et il ne fait finalement que montrer que le comportement des individus n’a pas grande incidence sur ce qui leur arrive. Malgré l’horreur bien réelle du vide existentiel, le lecteur se retrouve étrangement rasséréné de voir qu’il n’est pas le seul à y être confronté, que d’autres que lui s’y heurtent sans que leurs tentatives d’effort n’y changent rien. Il finit par se produire un effet libérateur de voir que le suicide n’a pas produit d’effet significatif (sauf sur le suicidé bien sûr), que quel que soit le choix, le chemin de vie reste de même nature, que les efforts des parents n’influent pas sur le sort de l’enfant, ou que le comportement à risque des ambulanciers ne prête pas à conséquence (enfin, pour ce dernier épisode, si). Le scénariste a l’air de suggérer au lecteur d’accepter le caractère arbitraire des événements et de ne pas s’en sentir responsable.
À la fin du premier tome, le lecteur s’était dit qu’il voulait en avoir le cœur net et qu’il reviendrait pour le suivant. Son jugement sur cette anthologie de récit évolue. Il apprécie plus les dessins précis et détaillés de Martin Morazzo et les expressions bizarres de ses personnages. Il se confronte à l’horreur des situations imaginées par W. Maxwell Prince, se réjouissant que ce soit les personnages qui y sont soumis et pas lui, et éprouvant un effet cathartique inattendu à voir de telles situations absurdes.
BO : The farm, par Aerosmith
Une nouvelle fois, cette série fait très envie par le prisme de ta critique.
Par contre, ce genre de proposition de lecture ne me semble pas suffisant pour y investir. Je veux dire par là que c’est le genre de lecture qui me tentera bien en médiathèque. Vraiment bien. Mais que, par contre, je ne me vois pas acheter les albums (4 épisodes à 18 €, je ne sais pas dans quel monde vivent les éditeurs, mais ce n’est déjà plus le mien), les stocker sur mes étagères et les relire. Pour moi, c’est comme une bonne petite série TV actuelle : On regarde ça parce qu’on est abonné (ou pas…), et puis on passe à la suite…
La BO : Le groupe préféré de ma chérie. J’aime bien. À petite dose.
« 4 épisodes à 18 €, je ne sais pas dans quel monde vivent les éditeurs, mais ce n’est déjà plus le mien »
Récemment j’ai vu Panini faire pareil avec leur nouvelle collection « graphic novel » qui en fait…est juste un format 21×29,7 qui pioche des épisodes au hasard (c’est pas des graphic novel au même titre qu’un God loves man kills)
Ils ont fait ça avec des épisodes du Silver Surfer pré-gant de l’infini (en gros 4 ou 5 épisode à 22€.) En soi ça peut m’intéresser mais alors à ce prix…euh…on va attendre l’intégrale.
Bon par contre dans la rubrique histoires courtes d’horreur j’ai pris le Vampirella tome 2 enfin sorti chez Delirium (j’aurais pensé qu’il sortirait pour fin octobre mais non)^^
Je serais très intéressé par un avis sur les Vampirella de Delirium.
« Je serais très intéressé par un avis sur les Vampirella de Delirium. »
Ben c’est là :
brucetringale.com/horror-in-the-past/
Tornado te dirait qu’il a déjà écrit dessus^^
://www.brucetringale.com/horror-in-the-past/
C’est de la vieille BD hein.
Mais ça fait 8 ans que le premier tome est sorti. 8 ANS ! et seulement maintenant on a le 2eme…
J’espère juste que ça ne se terminera pas sur un cliffhanger malgré le côté feuilleton des épisodes de Vampirella. Parce que je sens que ce sera difficile d’avoir un tome 3.
Ah mais oui d’accord ohlala pardon j’avais oublié… Alors que je l’avais lu cet article évidemment… bon sang.
@Tornado : 4 épisodes à 18€ en VF, à comparer à 4 épisodes à 17€ en VO, pas grande différence. En VO, j’ai présumé qu’il s’agit d’un petit tirage et que l’équilibre financier impose ce prix relativement élevé.
Bruce résume bien le pari éditorial en VF, exprimer un responsable d’Urban Comics : publier ce genre d’album en VF est un vrai suicide. Du coup, cela semble également être du quitte ou double en VF : le pari d’un prix élevé pour espérer atteindre le seuil d’équilibre et peut-être un petit bénéfice.
Merci pour la suite des aventures du glacier, Présence ! Dans le fond, tu donnes envie, j’ai toujours aimé ces histoires courtes d’horreur, à la télé : Bizarre Bizarre, Le voyageur, La quatrième dimension, Les contes de la crypte… j’en oublie. C’est vrai que ce n’est plus trop exploité comme format.
Ces histoires m’intriguent donc mais je n’aime pas du tout les dessins présentés ici et par principe, je ne commence pas de nouvelle série hors auteur ou oeuvre que j’ai loupés. Mais je n’hésiterais pas à les lire le jour où je les trouve en médiathèque (et que je me serais inscrit).
J’ai beaucoup aimé ta conclusion sur le mode de pensée de l’auteur, je peux totalement comprendre ce fait, même si quelque part je déteste cette idée de fatalité.
La BO : un Aerosmith que je ne connaissais pas (facile, j’en connais un ou deux albums ptêt trois albums), bof bof. La BD a un rapport (consenti) avec la ferme ?
Le dessin : j’aime bien cette façon de décrire posément la réalité avec un trait de contour fin et précis. Dans le même temps, je peux comprendre que cette approche un peu clinique ne soit pas du goût de tout le monde, et que les expressions de visage puissent paraître parfois repoussantes.
Parfois, en argot US, le terme Farm désigne un asile psychiatrique. J’ai choisi ce sens pour cette chanson, même s’il n’est pas sûr que ce fut l’intention de Steven Tyler.
Merci pour les explications ! Je ne savais pas que Farm pouvait avoir ce sens. J’ai su très tard que Specials désigne également les gens handicapés en argot anglais.
C’est une de mes grandes difficultés avec l’argot, je devrais dire les argots, américains et britanniques : je ne détecte pas toujours qu’il s’agit d’un mot d’argot. Par exemple, je ne me suis rendu compte que plusieurs années plus tard que The Filth (de Grant Morrison & Chris Weston) est un mot d’argot pour désigner la police.
on parle alors de « funny farm », d’ailleurs.
Merci pour cette précision.
En vérifiant sur internet pour cette chanson en particulier, j’ai trouvé une autre interprétation qui ne me serait pas venue à l’esprit. Le commentateur indiquait que The Farm est également le surnom de la CIA, et que c’est ce sens que Steven Tyler avait visé, avec une référence au projet MK-ULTRA.
wikipedia.org/wiki/Projet_MK-Ultra
Most people don’t understand the meaning of this song.
For starters, « The Farm » is actually a slang term for the CIA (Steven said on Howard Stern his best friend is in the CIA so it makes sense in the respect that he’d mention something about it).
In this song they play tons of clips from the movie « The Wizard Of Oz », which is well known to be the biggest mind control/ MK Ultra movie there is, full of subliminal messages. This was the CIA’s first attempt at brainwashing the public on a massive scale.
‘The Farm » is where the characters in the movie are trying to go in order to find the great and powerful Oz to grant them their wishes. But basically, the song is very trippy with a lot of hidden meanings. « The Farm » is also where MK Ultra (mind control victims) are sent to be programed. The song is without a doubt about Mk Ultra.
My favorite line is « I got terminal uniqueness » which many Mk Ultra victims technically have, since it is their « uniqueness » that makes them targets to become Mk Ultra victims, which of course kills many of them in the end.
Quand j’ai croisé la première fois cette BD en librairie, ça m’a évoqué une des mes histoires préférées de la série télé LES CONTES DE LA CRYPTE qui s’appelle DES FRÈRES TRÈS SOUDES avec Brad Dourif et Bill Paxton où un personnage de vendeur de glace assez antipathique affronte deux frangins débiles qui veulent se venger de lui ! Bon ca n’a pas beaucoup de rapport au final, mais ça a l’air intrigant !
Merci pour cette référence culturelle : j’avais l’impression que le marchand de glaces ambulant avait déjà été utilisé comme personnage inquiétant dans des récits d’horreur. Un autre exemple : Billy Kincaid dans Spawn.
Il y a aussi le tueur dans Mr Mercedes de Stephen King
C’est drôle, le résumé du numéro sur les ambulanciers m’évoque beaucoup le film A TOMBEAU OUVERT de Scorsese avec Nicolas Cage.
Encore une fois, va falloir que je réussisse à me dégotter ça, probablement en VO si les numéros ne coûtent pas un rein. L’irruption de l’horreur dans un cadre apparemment réaliste, c’est quelque chose qui me parle !
Encore merci pour ce panorama !
Cette série combine à la fois une sensation de C’est comme ça et c’est à prendre comme tel parce qu’on n’y peut rien changer, et rien ne sert d’y chercher un sens, et une recherche formelle enthousiasmante, gagnant en sophistication de tome en tome.
Initialement j’avais transmis un commentaire sur le tome 4 à Bruce parce que les auteurs ont affiné leur concept et leur approche, et que la série atteint sa maturité, en particulier pour les formes narratives. Ce dernier aspect est bien illustré par l’épisode 6, et ses trois chemins de vie en parallèle.
« Le premier tome avait laissé un goût étrange, entre horreur et histoire qui ne démarre pas. »
Ah mince, moi c’est pour tous les tomes que je ressens ça. Ton enthousiasme permanent envers cette série (je prends aussi en compte nos conversations IRL) me donneraient presque l’envie de m’y plonger de nouveau.
J’aime les dessins, j’aime le principe mais je trouve que la série ne va jamais au bout de son potentiel.
Pour en avoir discuté récemment avec le responsable de Urban Comics, j’apprenais que publier ce genre d’album en VF était un vrai suicide : le lectorat français serait très peu friand de ce genre d’histoires sous forme de nouvelles horrifiques. Ce qui explique que Urban ne voulait pas le publier.
La BO : pareil : un groupe à qui je n’ai jamais trouvé grand chose d’intéressant à part une poignée de tubes. Mais pour avoir vu Joey Perry sur scène avec Les Hollywood Vampires, j’ai été assez impressionné.
Merci beaucoup pour cette remarque du responsable d’Urban Comics, car ça répond à la question que je me posais sur le potentiel commercial d’une telle série, y compris aux États-Unis d’ailleurs.
Bonjour.
Cette série est bien une anthologie d’horreur, avec des éléments graphiques comme une énucléation graphique jolie formule qui vend bien la série.
Il se confronte à l’horreur des situations imaginées par W. Maxwell Prince, se réjouissant que ce soit les personnages qui y sont soumis et pas lui, et éprouvant un effet cathartique inattendu à voir de telles situations absurdes. Une conclusion qui devrait donner envie mais pourtant il y a une retenue dans l’air. Surement graphiquement.
J’ai toujours du mal à voir où est l’ambition réelle de la série. Va t elle réellement décoller un jour ?
Plus de mal avec Morazzo, qui je trouve n’a guère évolué depuis ses débuts. Ce n’est pas assez percutant à mes yeux. Je trouve ses personnages figés, les visages ayant une mono expressions et les décors remplissent du vide mais n’habillent pas les cases.
Après sur le prix de l’édition française : et bien les temps sont durs pour tous le monde. Pour les consommateurs-lecteurs mais aussi les éditeurs. On parle de comics qui en VO, sont à 3.99$ le single. Pour aller dans le sens de Bruce, je fais parti de ceux qui pensent que malheureusement le marché français ne peut pas absorber ce type de production sauf si elle se rapproche d’un format franco-belge. D’où le packaging cartonné, d’où l’augmentation de prix ….
La BO : pas ma came du tout.
L’énucléation comme argument de vente : je n’y aurais pas pensé car ce n’est pas très politiquement correct. 😀 (mais je l’ai quand même écrit)
Je ne comprends pas la question relative au décollage. J’ai toujours tendance à prendre une série ou un récit pour ce qu’il est, c’est-à-dire ici une série d’histoires courtes en 1 épisode, avec chaque fois une situation nouvelle et une confrontation humaine, soit avec une situation où le libre arbitre ne permet d’en modifier l’issue, soit avec une forme de folie pouvant se matérialiser par un élément surnaturel. De ce point de vue, la série atteint son objectif et se bonifie avec les épisodes.
Personnages figés, les visages ayant une mono expressions et les décors remplissent du vide : merci d’avoir ainsi exprimé ce que je n’étais pas capable de formuler consciemment. Ces caractéristiques graphiques ne m’ont pas gêné parce que la structure de la narration graphique les compense à mes yeux.
$4 par épisode * 4 épisodes –> $16, très proche de 18€ finalement.
Suite à l’article sur le tome 1, j’avais lu plusieurs épisodes en ligne. L’épisode de la chute et celle de la petite fille fantôme me sont un peu restés en tête mais au final, je n’aime pas l’ambiance de cette série. Il y a un malaise persistant, sans doute voulu par les auteurs (comme avec les sourires figés et dérangeants de nombre de protagonistes) mais chez moi, ça ne produit pas d’effet cathartique comme évoqué dans l’article du jour.
En matière de fiction, je n’ai pas envie de fuir un monde de merde pour tomber dans un autre…
Pour reprendre les paroles d’un certain Alain B., il est probable qu’à l’avenir, mon « coeur transi reste sourd, au cri du marchand de glaces »…
Il y a un malaise persistant : 100% d’accord, et je trouve que là réside une grande réussite, car ce n’est pas facile à obtenir comme résultat dans une société saturée d’images où tous les médias jouent sur la fibre anxiogène.
Un monde de merde : il est possible de s’échapper de celui-ci, et constater qu’il est bien pire que la réalité. Ce qui nourrit mon optimisme parfois défaillant.
Comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, j’ai fini par me lancer dans cette série (j’ai lu les deux premiers tomes) !
Et j’ai bien fait : Je suis plus que conquis. Je suis fan. Cette mise en parallèle entre l’horreur surnaturelle (incarnée par le marchand de glace) et l’horreur naturelle de la vie, c’est absolument génial. C’est aussi évident que brillant. De plus, chaque épisode contourne tous les schémas attendus et c’est sans cesse d’une inventivité incroyable.
Au final, on a une série qui divertit (chaque épisode se dévore en quelques minutes) mais qui, en plus, fait vraiment réfléchir sur le sens de la vie, en renouvelant le questionnement à chaque épisode. Imparable et original. Et superbement écrit et mis en scène. C’est vraiment brillant !
Mais… attendez, attendez…
AAAAAAAAAAAAAAAARRRRRRRRRGGGGGGHHHHHHHHHHH !
Vous le savez très bien : À chaque fois que je me lance dans une série en cours et que j’ai un coup de coeur, il se passe quoi ? Hein ? Il se passe quoi ??? La malédiction fatale !!!
Dans le meilleur des cas, la série est abandonnée en VF (quand ce n’est pas aussi en VO)… Merde 🙁
Quel plaisir de lire un retour aussi positif.
A mes yeux la série gagne en sophistication et en audace de tome en tome, en particulier en audace formelle sur le plan visuel, et le scénariste ne semble jamais en mal de trouver une autre horreur du quotidien.
J’enquille les numéros et je suis dans le tome 5 et en effet l’univers de la série se déploie peu à peu pour former une unité dans les thèmes traités.
Je ne trouve pas toujours tout complètement abouti mais la série possède une musique unique, W. Maxwell Prince possède une voix qui lui est propre (plutôt très déprimante) et c’est largement sffisant pour me donner un goût de « reviens-y » qui me pousse à poursuivre l’aventure.
Ouh la la, je viens de lire l’épisode 18, celui avec le vieil homme en fin de vie dont les souvenirs se désagrègent alors que ses deux enfants viennent lui rendre visite pour la dernière fois.
Rien que pour cet épisode (mais pas que, évidemment), je suis très heureux que les deux articles sur la série de ce blog m’aient donné envie de me lancer dans la lecture.
Fucking masterpiece. 24 pages extraordinaires.
TU as lu celui avec le palindrome ?
Oui.
Episode très réussi également, mais l’épisode avec le gars en train de mourir sur son lit d’hôpital m’a vraiment beaucoup ému.
J’imagine qu’on ne sait pas encore combien la série va comporter de numéros ni de tomes ?
Difficile aussi de savoir si Huginn & Muninn, l’éditeur VF, va poursuivre l’aventure…
Le tome 10 en VO est annoncé pour le 24 juillet 2024, sans savoir s’il agira du dernier.
ICE CREAM MAN 3 sortira bien puisque ce n’est nul autre que son traducteur, un certain Alex N qui m’a confirmé hier soir avoir renvoyé sa copie…
Holala ! C’est une super nouvelle ça ! Merci à toi et à Alex de m’en faire profiter !!! 🙂
En marge de Ice cream man, je suis en train de lire Haha de W. Maxwell Prince.
Mini-série de 6 one-shots indépendants autour de la figure du clown (d’où le Haha) avec un dessinateur différent à chaque numéro.
Et c’est très très bien aussi.
Malheureusement, je ne pense pas qu’il y ait une vf.