Les plus grands monstres de l’univers – 1° partie

Encyclopegeek : Les films de monstres de la Universal dans l’âge d’or du cinéma hollywoodien

Par : TORNADO

1ère publication le 01/01/2016- MAJ le 16/09/18

Horror vintage !

Horror vintage ! © Universal Pictures Source : slashfilms  

Cet article portera sur les films de monstres produits par le studio Universal dans les années 30 et 40. Plus communément nommés les Universal Monsters.

Ces derniers temps, un certain nombre des ces films a été restauré en HD et il est désormais possible de se procurer les DVD, voire les Blu-ray d’une bonne partie d’entre eux. Un éditeur nommé Elephant Film propose d’ailleurs une jolie collection (intitulée Cinéma Monster Club), avec pas moins de 20 films emblématiques.

L’article offre un panorama de ce parcours cinématographique avec une première partie autobiographique, une deuxième dévolue aux artisans par lesquels les films ont vu le jour. Puis une troisième partie, plus large, revenant sur certains des films principaux de la série.

Afin de vous rendre la lecture moins indigeste, l’article a lui-même été divisé en trois parties distinctes…

Ce sont des stars ! © Universal Pictures Source : http://thelittlestwinslow.com/complete-universal-monsters-collection-coming-to-blu-ray/

Ce sont des stars !
© Universal Pictures
Source : The Littlewinslow  

1) Il ya bien longtemps, dans cette même galaxie…

La Fiancée de Frankenstein est diffusé au Cinéma de Minuit le 5 décembre 1976. Ainsi nait une tradition, qui veut que ces films d’horreur de l’âge d’or hollywoodien ne soient diffusés que tard le soir, à l’heure où les enfants sont couchés…
Cette tradition destine avant tout ces œuvres aux cinéphiles. A ceux qui font l’effort de passer outre l’heure tardive et qui sont également capables d’apprécier les films en version originale sous-titrée. Ainsi, l’ensemble de ces films des années 30 et 40 ne sera quasiment jamais doublé en VF pour la télévision. Néanmoins, à force que des hordes de spectateurs réclament cette traduction, elle a fini par arriver dans les éditions DVD les plus récentes. Et bien franchement, on s’en passait très bien de cette VF, car elle est proprement calamiteuse ! Comprenons-nous bien, je ne fais nullement partie des puristes qui refusent en bloc toute traduction. Mais celle-ci est vraiment affreuse, interprétée la plus-part du temps par des doubleurs qui ne sont nullement des acteurs, qui récitent le texte de manière monocorde, dans un total décalage avec le caractère des images ! Quand on pense que les acteurs de l’époque misaient tout sur leur diction suave et leur voix caverneuse, leur traduction ne tolère pas la demi-mesure ! L’ensemble finit ainsi par devenir complètement anachronique, et personnellement je suis retourné rapidement à l’ancienne VO, à laquelle j’étais de toute manière parfaitement habitué.

Mais revenons en 1976. A l’époque, je suis un tout petit garçon. Cela ne m’empêche pas d’entendre parler de ces films d’horreur qui ne passent à la télé que lorsque les enfants sont couchés…
Pendant bien des années, je vais trembler en pensant à Dracula, à Frankenstein et au Loup Garou, sans avoir vu autre chose que quelques photographies dans le magazine TV posé sur la table basse…

Ce sont des stars ! © Universal Pictures Source : https://www.slashfilm.com/universal-monsters-movie-universe/

Tremblez petits enfants !
© Universal Pictures
Source : slashfilms

Les choses sont ainsi : le fantasme est toujours supérieur à la réalité. Et ces quelques images vont me faire trembler de frayeur pendant bien longtemps.
Toujours est-il que le fantasme en question va marquer mon imaginaire de geek et, ainsi, sans même avoir vu ces films, ils vont hanter (c’est le cas de le dire !) mon esprit de manière pérenne.

A cette époque, déjà, je me souviens avoir regardé, par un dimanche après-midi d’automne pluvieux, La Beauté du Diable de René Clair, avec Gérard Philippe dans le rôle de Mephisto Phélès et Michel Simon dans celui du Dr Faust. Ce n’était pas un film de la Universal, mais bel et bien un film français datant de 1949. Toujours est-il que son atmosphère gothique en noir et blanc rapprochait dans mon idée cette histoire de diable avec les monstres de la Universal. Une expérience envoûtante, qui allait marquer à jamais le petit garçon que j’étais et inaugurer une histoire d’amour éternelle avec le fantastique.

Quelques années plus tard, un dessin animé intitulé le Croque-Monstres Show (The Groovie Goolies en VO), datant de 1970 mais diffusé en France sur le tard au début des années 80, allait m’aider à exorciser un peu ma terreur de ces figures fantasmées du patrimoine de l’horreur. Cela n’allait pas âtre facile car, dans le même temps, ma cousine lisait le roman de Bram Stocker et les quelques bribes qu’elle m’en racontait me plongeaient assez rapidement dans l’effroi le plus total ! Petit à petit, néanmoins, je réussis à vaincre ma peur et, un beau jour de l’adolescence, je revenais du vidéo-club avec les VHS de Dracula et de Frankenstein…

La collection VHS !

La collection VHS !

Je trouvais, en regardant ces premiers films du genre, qu’ils ne faisaient finalement pas très peur. Mais le « mal » avait été fait : Ils faisaient partie de ma vie et de mon patrimoine personnel, à, défaut de pouvoir dire génétique. Et je les garderai à jamais dans mon univers…
Au passage, je me familiarisais avec la VOST, à défaut de ne pouvoir regarder les films autrement. Et je percevais au passage à quel point l’interprétation de ces acteurs qui, à l’aube du cinéma parlant surjouaient beaucoup mais avec une diction extrêmement travaillée, méritait de faire un tel effort.

Ainsi vont les choses. Il aura donc fallu que je fantasme longtemps sur ces œuvres pour que mon imaginaire s’en nourrisse définitivement. Ils rejoignaient ainsi le panthéon de mes œuvres phares (à l’époque), avec les trilogies Star Wars et Indiana Jones, les films de Bruce Lee , les dessins animés de Walt Disney et toutes les bande-dessinées que je collectionnais.

2) Les faiseurs de monstres.

En 1929, cela fait quelques temps déjà que le studio Universal produit des films de monstres, avec de grands classiques comme Le Bossu de Notre Dame et Le Fantôme de l’Opéra, tous deux interprétés par l’immense Lon Chaney.
L’année 1929, marquée par la Grande dépression, l’est aussi par l’avènement du cinéma parlant qui commence à se démocratiser et à contaminer tous les studios. Car Laemmle, le grand ponte de la Universal, passe alors le flambeau à son fils : Carl Laemmle Jr. Ce dernier décide de se lancer dans une série de films d’horreur. Ce sera le début de l’aventure. Les Universal Monsters sont nés.

Lon Chaney, promu meilleur acteur pour incarner les monstres ! © Universal Pictures Source : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Fichier:PhantomOp.jpg

Lon Chaney, promu meilleur acteur pour incarner les monstres !
© Universal Pictures
Source : Wikipedia 

Hélas, hélas. Après avoir tourné son unique film parlant en 1930 (Le Club des Trois), le grand Lon Chaney disparait des suites d’une pneumonie. Il devait jouer le rôle de Dracula dans le film de Todd browning, en 1931. Ce sera finalement Béla Lugosi qui incarnera le roi des vampires…
L’acteur Hongrois, qui jouait la pièce adaptée du roman de Bram Stocker depuis des années, fait une très grosse impression dans le rôle-titre, au point qu’il va représenter, pour l’éternité, l’archétype du Comte des Carpates dans l’imaginaire collectif. On lui propose ainsi, la même année, d’incarner le rôle du monstre de Frankenstein pour le film de James Whale. Mais Lugosi a pris la grosse tête et refuse de crouler sous les maquillages. Il estime que son physique et ses talents d’acteurs n’ont pas à subir cet outrage ! Ce sera l’erreur de sa vie. Car le rôle échoit à Boris Karloff, un acteur anglais de très grand talent, qui obtient un succès tout aussi considérable (créant derechef un autre archétype visuel pour l’éternité). Bien qu’amis dans la vie, la concurrence que vont s’opposer les deux acteurs sera rude, et la carrière de Béla Lugosi en prendra ombrage, de manière très nette, voire tragique par la suite.

Pendant près de vingt ans, les deux compères vont incarner toute une série de monstres divers et variés, avec des variations plus ou moins importantes. Lugosi incarnera ainsi Dracula, le savant fou, le psychopathe, le monstre de Frankenstein, tandis que Karloff endossera le maquillage du monstre de Frankenstein, du savant fou, du psychopathe et de la Momie. A partir des années 40, un troisième acteur emblématique viendra néanmoins agrandir les rangs des interprètes spécialisés dans les rôles de monstres. Ce sera Lon Chaney Jr, le fils du grand Lon Chaney, qui se chargera quant à lui d’incarner le Loup Garou de manière exclusive, en plus du monstre de Frankenstein, de la momie et du fils de Dracula !


Béla Lugosi, Boris Karloff : Les monstres universels

Les autres principaux artisans de la série sont les réalisateurs des films. Mais nous en reparlerons plus tard. Pour l’heure, nous allons nous attarder sur le rôle de Jack Pierce. Celui-là, ce n’est ni un acteur, ni un producteur, ni un metteur en scène. C’est le maquilleur officiel des studios Universal !
Pierce avait succédé à Lon Chaney, puisque l’acteur était également, de son vivant, le grand spécialiste du maquillage ! C’est donc bien lui qui va imaginer et créer tous les monstres de la Universal, jusqu’en 1947, date de son renvoi. Un renvoi assez brutal, à l’heure où ses techniques de maquillages se révélèrent dépassées.
Pendant près de vingt ans, Jack Pierce va donc réaliser l’apparence de toutes ces créatures horrifiques. Et si aujourd’hui, la simple pensée du vampire Dracula, du monstre de Frankenstein ou du Loup-Garou dessine dans votre esprit cette image universelle venue des années 30, c’est à ce génie de l’histoire du cinéma que vous le devez !


Tout un art !

Mis à part Boris Karloff, qui développera une amitié indéfectible avec le maquilleur, on ne peut pas dire que son art était du goût de tout le monde. Et pour cause ! Le bonhomme était si perfectionniste qu’il infligeait des heures et des heures de poses à ses acteurs ! Karloff devait ainsi arriver sur le studio à trois heures du matin, afin d’être près à huit heures pour le tournage. Lon Chaney devait rester immobile pendant six heures pour endosser le masque du loup-garou, puis encore trois heures pour qu’on lui enlève ! De plus, les masques étaient extrêmement rigides et les acteurs, ainsi grimés, ne pouvaient quasiment pas bouger leurs muscles faciaux ! C’est l’actrice Elsa Lanchester, qui incarnait la Fiancée de Frankenstein, qui restera la plus revêche, criant sur tous les toits que le bonhomme était un affreux tortionnaire !
N’empêche qu’au bout du compte, il contribua, de manière optimale, à faire entrer nos Universal monsters dans la légende …

3) Vers un univers partagé…

Dracula, par Todd Browning (1931)

Et Béla Lugosi incarna l’archétype universel du conte transylvanien…
Et Béla Lugosi incarna l’archétype universel du conte transylvanien… © Universal Pictures

Dracula est un film très important pour l’histoire du cinéma. Il fut à la fois le premier film d’horreur parlant et la première adaptation officielle du roman de Bram Stocker, réalisé neuf ans après le Nosferatu de Murnau, qui était en vérité la première adaptation officieuse du roman, sans pouvoir bénéficier des droits.
Produit par la Universal à l’aube du cinéma parlant, il lança la mode des grandes adaptations gothiques, sauva son studio et annonça l’âge d’or du cinéma fantastique. Car le succès du film fut phénoménal et planétaire.
Tout ce qui fait la qualité et la légende des Universal Monsters se trouve déjà à l’écran : Le noir et blanc directement calqué sur l’expressionnisme allemand des films de Murnau et Fritz Lang, les décors gothiques avec château des Carpates (en vérité une très belle peinture sur verre), brumes et toiles d’araignées, ainsi que la présence d’un acteur taillé pour les rôles ténébreux : Le grand Bela Lugosi.

>em>La séduction vénéneuse selon Béla Lugosi. © Universal Pictures Source : https://www.flickr.com/photos/sescsp/8613085265/

La séduction vénéneuse selon Béla Lugosi
© Universal Pictures
Source : Flickr

Si aujourd’hui, la seule prononciation du nom de Dracula évoque un aristocrate gominé au teint blafard, à la chemise à jabot et à la grande cape noire teintée de rouge (telle qu’on pouvait la contempler sur les affiches en couleurs de l’époque), c’est parce que Lugosi a su immortaliser son interprétation au point de la rendre indissociable du personnage. Il est d’ailleurs notoire que ce rôle étouffa l’acteur qui devint plus ou moins fou, au point de s’habiller comme ça dans la vie et de dormir dans un cercueil ! Il n’interpréta pourtant le rôle de Dracula qu’à deux reprises : le film de 1931 et la parodie Abbott et Costello contre Frankenstein en 1949 ! Tous ses autres rôles de vampires ne seront pas ceux du Comte Dracula.
Dans ce rôle en particulier, celui qui fit sa gloire, l’acteur hongrois en impose dans un jeu outré et incroyablement habité, faisant des merveilles avec sa voix suave directement issue de la vieille Europe. Certaines de ses tirades sont devenues éternelles au point d’être reprises, mot pour mot, dans les autres adaptations cinématographiques de l’œuvre de Stocker (dont la version de Francis Ford Coppola réalisée en 1993), comme « Ils sont les enfants de la nuit », lorsqu’il entend le glapissement des loups, ou bien « Je ne bois jamais… de vin » !


Béla Lugosi : un des castings historiques du 7° art !

Pourtant, dans un sens, Dracula de 1931 n’est pas vraiment un très bon film. De plus, davantage que les autres films de la série, il accuse très mal le poids de l’âge.
Les premières minutes, qui montrent le jeune Reinfield voyager en carrosse et rejoindre le château des Carpates où l’attend un Dracula incroyable d’ambivalence chaleureuse et maléfique, sont largement les plus réussies. Elles en imposent toujours autant 80 ans plus tard et sont particulièrement envoûtantes, notamment grâce aux somptueux décors. La suite, qui voit le Comte Dracula partir en Angleterre, y fréquenter l’intelligencia et s’en prendre aux gentes damoiselles, est nettement moins excitante. C’est extraordinairement lent, statique, bavard, théâtral et surjoué. Et les courtes 74 minutes qui composent le film deviennent interminables.
En réalité, une chose explique cette faiblesse de manière indiscutable : Depuis 1927, la pièce de théâtre transposant le roman de Bram Stocker est jouée à Broadway et c’est un succès sans précédent. Le studio Universal, qui ne veut pas prendre de risques, décide donc d’adapter cette pièce de manière presque littérale. Il convoque les scénaristes de la pièce en question, ainsi que son acteur principal, c’est-à-dire Lugosi (après que bon nombre de stars de l’époque aient été écartées) ! Le résultat donne forcément un film aux allures de pièce de théâtre, avec ses décors intérieurs statiques et le ton surjoué de l’ensemble des acteurs.
Il faut également se remettre dans le contexte de l’époque : Le parlant n’existe que depuis quatre ans et les réalisateurs ne savent pas très bien encore maîtriser le débit des dialogues. Ils ont souvent tendance à en faire trop.

Le film est pourtant réalisé par l’immense Tod Browning, génie du 7° art et auteur complet du mythique Freaks, la Monstrueuse Parade. Mais il est évident que le metteur en scène, privé de libertés et de la présence de son acteur fétiche, Lon Chaney, prévu au départ pour incarner Dracula mais décédé peu avant le début de la production, ne maîtrise pas son sujet comme il a pu le faire sur ses autres films. C’est tout le paradoxe de constater que le film le moins réussi de Tod Browning demeurera pour toujours son plus grand succès…
Pour l’anecdote, notons que, pour les besoins de la distribution étrangère, une version espagnole du film était tournée la nuit par une équipe entièrement ibérique, et que cette version de 104 minutes, plus spontanée, est souvent jugée supérieure à la version américaine !

https://www.youtube.com/watch?v=b7xYbaCztI4
Version américaine ou espagnole ?

Pour le reste, le film ne devrait quand même pas beaucoup plaire aux nouvelles générations, ni même aux amateurs les plus extrêmes du roman de Bram Stocker. Le scénario fonctionne à la manière d’une version courte qui fait l’impasse sur la plus-part des éléments du livre pour n’en conserver que l’essentiel.
A part le générique d’ouverture qui permet d’entendre un très mélancolique Lac des cygnes, aucune musique n’est présente tout au long du film. Ce parti-pris, propre aux premières années du parlant, s’il a l’avantage d’imposer une atmosphère très particulière, laissant surtout s’exprimer les bruitages, accentue aujourd’hui la lourdeur de l’ensemble.
Quoiqu’il en soit, je conseille tout de même de voir ce classique absolu, ne serait-ce que pour sa culture personnelle. Il demeure un film très important dans l’histoire du cinéma, et la pierre angulaire du cinéma fantastique. Il reste le monument du genre qui inventa une forme entière de cinéma, définissant les archétypes et enfantant toutes les sous-catégories du genre devenues aujourd’hui incontournables, comme l’épouvante, l’horreur et le gore.

Frankenstein, par James Whale (1931) :

Diantre ! Encore un casting historique !
Diantre ! Encore un casting historique ! © Universal Pictures

Frankenstein, second film d’horreur de l’histoire du cinéma parlant, entérina le succès des Universal Monsters. Il consacra le grand Boris Karloff dans le rôle du monstre et fit de l’acteur une immense star, malheureusement cantonnée aux rôles de méchants pour le reste de sa carrière, avant qu’il ne décide, de manière ironique, de présenter une émission TV pour les enfants à la fin de sa vie…

L’esthétique gothique expressionniste qui faisait tout le sel de Dracula se retrouve à l’écran. Mais Frankenstein est encore meilleur que son aîné transylvanien. Le film est désormais affranchi de toute adaptation théâtrale et développe son propre scénario de manière plus émancipée. Tout comme Dracula, il fonctionne à la manière d’une version courte qui fait l’impasse sur la plupart des éléments du livre dont il s’inspire pour n’en conserver que l’essentiel. Ainsi, le roman de Mary Shelley donne-t-il une version cinématographique de 71 minutes seulement.
L’absence de musique, comme c’était le cas pour la majeure partie des films de cette époque, procure au film une atmosphère très particulière, bizarrement réaliste, d’autant que le maquillage du monstre est une réussite absolue. Comme on l’a dit et répété, il demeurera dans les esprits au point de devenir indissociable du mythe de Frankenstein dans l’inconscient collectif. Si aujourd’hui, la seule prononciation du nom de Frankenstein évoque une armoire à glace au teint crayeux, au regard torve, aux paupières pesantes, avec un crâne démesuré et des vis sur le cou, c’est parce que le maquillage de Jack Pierce sur Boris Karloff a permis d’immortaliser cette interprétation du monstre au point de la rendre indissociable de cette figure romanesque.

L’art de marquer l’inconscient collectif…

L’art de marquer l’inconscient collectif… © Universal Pictures / Source : Dimland 

Le jeu de Boris Karloff ajoute évidemment une note vibrante d’humanité étouffée à un rôle que la plus-part des acteurs auraient cantonné à une grosse baudruche effrayante, comme ce sera le cas sur la plus-part des autres versions cinématographiques. Et pourtant, dans cette version de 1931, Karloff ne prononce pas un seul mot !
Il est bien ironique de remarquer aujourd’hui que cette immense star du cinéma fantastique n’est pas créditée au générique. En effet, on peut lire à la fin, un très mystérieux et incongru point d’interrogation à la place de son nom (The Monster : « ? ») !

D’un point de vue formel, il est évident que ce second film d’horreur, pionnier du cinéma parlant, avance encore bien maladroitement, demeure théâtral et statique, manque de rythme et parait bien timoré en regard de l’évolution cinématographique. Mais tous ces défauts n’ont jamais réussi à entamer l’aura de ce monument du 7° art.
Le réalisateur James Whale, dont le succès se résumera (injustement) à quatre films d’horreur réalisés pour la Universal dans les années 30, gère le tournage de main de maître. Reléguant le thème principal de l’œuvre de Mary Shelley (les limites de la science et de l’étique) au second plan, il préférera tout miser sur le pathos et le crescendo, focalisant tous ses efforts sur le traitement du monstre qui, « à cause » du metteur en scène, portera dans l’esprit du public le nom de « Frankenstein », pourtant tenu par son créateur… De ce changement de cap vont émerger de nouvelles thématiques passionnantes, comme celles du droit à la différence, de la peur de l’inconnu, de la vanité humaine, de l’intolérance que génère la différence et de la dictature de la normalité. Soit une sacrée densité !

Le créateur face à sa créature (version colorisée). © Universal Pictures Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Frankenstein1931KarloffCrop.jpg

Le créateur face à sa créature (version colorisée).
© Universal Pictures
Source :  Wikipedia 

Le film recèle des moments inoubliables, à jamais gravés dans la mémoire du cinéma et du mythe de Frankenstein : La première apparition du monstre, impassible, en gros plan dans un silence pesant ; le célèbre « It’s alive ! It’s aliiiiive !!! » que crie le baron Frankenstein (interprété par Colin Clive) lorsqu’il voit bouger la main de sa créature ; la bouleversante scène de la petite fille, que le monstre compare à une fleur flottant sur l’eau, avant de la précipiter tragiquement dans la marre ; la vindicte paysanne qui voit une horde de gens hystériques armés de fourches et de pioches, poursuivre le monstre sur les collines brumeuses ; et bien entendu le final cathartique, dans les flammes du moulin à vent.
Toutes ces séquences auront un tel impact sur le public et sur les cinéphiles qu’elles seront sans cesse reprises, calquées, citées, parodiées et immortalisées dans l’hommage rendus par d’autres chefs d’œuvre de l’histoire du cinéma. Plus encore, il n’existera aucune expression artistique qui échappera à l’héritage du film, à son esthétique, à son aura, à sa poésie macabre, faisant de cette référence un poncif majeur de l’histoire de l’art.

 Double Assassinat Dans la Rue Morgue, par Robert Florey (1932) :

 Le retour de Béla Lugosi. Cette fois, c’est le savant fou

Le retour de Béla Lugosi. Cette fois, c’est le savant fou © Universal Pictures

Le pitch : A Paris, en 1845, le Docteur Mirakle dirige une représentation foraine dont le clou du spectacle est l’exhibition d’un gorille, qu’il surnomme « Erik le premier homme ». Mirakle est en réalité un savant fou, qui repère dans son public les jeunes femmes qui deviendront bientôt se victimes, car il tente de mélanger leur sang avec celui de son gorille, afin de prouver cette filiation jugée hérétique par la populace…

Le gorille le plus célèbre de l’Histoire du cinéma, c’est King Kong , apparu pour la première fois sur les écrans en 1933. Mais King Kong n’était pas le premier ! Un an plus tôt, un gorille belliqueux (mais de taille normale), terrorisait les spectateurs dans Murders In The Rue Morgue, un film d’horreur réalisé par Robert Florey d’après la nouvelle d’Edgar Alan Poe.
Alors, parlons-en de ce gorille, car ce n’est vraiment pas une réussite ! Le réalisateur a eu la très mauvaise idée d’alterner ses prises de vue simiesques entre celles d’un acteur costumé, déguisé en gros singe, et celles d’un chimpanzé grimaçant, filmé en gros plan ! A ce stade, les images ne sont absolument par raccord et le résultat est catastrophique ! Ernest B Schoedsack & Merian C Cooper s’en souviendront certainement l’année suivante, lorsqu’ils feront appel au spécialiste des effets spéciaux Willis O’Brien pour la conception de leur singe géant !
C’est dommage, car le film offre par ailleurs une mise en forme très soignée, recyclant les très beaux décors gothiques de la Universal et mettant en lumière les nuits de ce vieux Paris façon expressionnisme allemand…
Béla Lugosi joue de nouveau les méchants, mêlant son regard perçant à cette diction suave si immédiatement reconnaissable. Son jeu théâtral a énormément vieilli, mais le charisme est indiscutable.
La première scène de meurtre est d’une cruauté malsaine encore étonnante, qui distille une réelle folie macabre. Hélas, le reste de la réalisation est un peu mollasson, surtout dans sa deuxième partie, lors d’une série de scènes humoristiques franchement lourdingues. L’absence totale de musique (hormis lors du générique, où l’on joue Le Lac Des Cygnes, comme dans Dracula !), participe également de cette impression apathique. A noter que le film est extrêmement court (58 minutes) !


Admirez le singe sur la toute dernière image de ce trailer !

Murders In The Rue Morgue est le troisième film de la série des Universal Monsters. C’est aussi l’avènement, dans la série, d’une figure récurrente : Celle du savant fou…

Auréolé de son succès dans le rôle de Dracula, Béla Lugosi était spontanément devenu une star du film d’horreur. Ainsi, en 1932, pour sa seconde prestation au sein de la Universal, celui qui se faisait déjà appeler Dracula par le public refusa le rôle masqué du monstre de Frankenstein et reporta son choix sur ce qui devait être la première adaptation d’une œuvre d’Edgar Alan Poe par le studio, pensant ainsi côtoyer l’aura d’un écrivain majeur et passer pour un acteur spécialisé dans les rôles, horrifiques certes, mais prestigieux. A l’arrivée, Murders In The Rue Morgue se révéla être un film mineur. Comme quoi tout est question de choix ! Mais le costume de savant fou allait devenir une constante chez Béla Lugosi, alors qu’il n’incarna le rôle de Dracula que deux fois dans toute sa vie…

Je vous donne à présent rendez-vous dans la deuxième partie de notre article pour vous parler de bien d’autres films de monstres…

Ambiance de torture malsaine mais décors très chouettes pour cette première adaptation d’Edgar Poe (image colorisée). © Universal Pictures Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Murders-in-the-rue-morgue002.png

Ambiance de torture malsaine mais décors très chouettes pour cette première adaptation d’Edgar Poe (image colorisée).
© Universal Pictures
Source : Wikiepdia  

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La BO du jour :

Les films de monstres de la Universal, c’est l’horreur ?
Que nenni ma bonne dame, c’est la fête (d’halloween) !

https://www.youtube.com/watch?v=OiXsM0eo-hk

75 comments

  • JP Nguyen  

    Voilà un article très bien structuré, qui sait emmener le lecteur sans le perdre, tout en distillant de nouvelles bribes des Tornado Secret Origins (plus si secrètes…) !
    « le fantasme est toujours supérieur à la réalité » : j’ai parfois imaginé des trucs horribles à cause de bandes annonces ou couvertures/jaquettes alors qu’en fait, les oeuvres n’étaient pas si terribles que ça…

    Quelques remarques d’un monstre hantant ce blog, Relektor :
    « l’archétype du conte des Carpates » : le comte, plutôt ?
    « une équipe entièrement hybérique » : ibérique, non ? à moins que ce ne soit la contraction de ibérique et hystérique… 😉

  • Matt  

    Magnifique article. J’aime bien le volet nostalgique de ton enfance. Il est amusant de commencer un article par des souvenirs. Moi mon premier film c’était 20000 lieues sous les mers.

    Je dois avouer cela dit ne pas être bien fan du Dracula de 1931 ni du Frankenstein qui pour le coup n’a vraiment plus grand chose à voir avec le roman de Mary Shelley. Je me souviens cela dit que la première fois que j’ai vu ce film c’était en cours. Une prof fan de cinéma nous l’avait projetté. mais bien sûr les jeunes de mon âge ricanaient face à l’aspect daté de la chose. Et je me souviens avoir été un des seuls exaspéré par ces réactions d’ignares et de…ahem…pardon. Je ne suis pas fan du film mais se moquer comme ça de vieux classiques qui ont, comme tu le dis, beaucoup apporté au cinéma, ça m’agaçait.

    Mes films préférés de la période Universal sont la momie, l’homme invisible et la créature du lac noir (qui est bien plus tardif je crois) Et ce, malgré le côté un peu bof du maquillage de l’homme poisson. Il y a plein de scènes magnifiques comme les scènes sous-marines. Je n’ai jamais vu la fiancée de Frankenstein et vu la réputation qu’il a, je crois que je loupe quelque chose. Faudrait que j’y pense.

    Par contre hé, y’a du favoritisme dû à l’ancienneté là hein ! On me dit qu’il ne faut pas dépasser les 3000 mots dans un article, et Tornado il dépasse les 4000^^

    Et comme on aborde la rivalité entre Lugosi et Karloff, il est temps que Relektor aille se coucher et que sévisse Korector, car il n’a pas vu « avant de la précipiter tragiquement dans la marre »
    La mare, non ? A moins qu’on se marre^^

    • Bruce lit  

      La longueur des articles : c’est un vaste débat. J’ai autant de remarques positives sur la densité et la qualité de la prose de nos gens que la longueur qui fait fuir les lecteurs pressés sur le net. Et il y’en a beaucoup. De manière globale, je préfère les articles courts, car il ne faut pas oublier, que chacun a droit à sa une et que si dans une semaine thématique chacun y va de ses 4000 mots, il n’est pas sûr que tous les articles soient appréciés à leur juste valeur et simplement survolé. C’est ce que je fais sur d’autre blog. Laisser un article deux jours à l’affiche c’est bien aussi mais ça retarde le rythme de parution pour les autres copains.
      Enfin, la longueur des articles m’oblige à jongler et bricoler mes semaines en fonction des articles sur le même thème. C’est ici que la limite démocratique du blog se trouve parce que à un moment il faut trancher. Il s’agit vraiment de respecter votre travail.
      Néanmoins, je connais Tornado depuis presque 10 ans, il est un contributeur fondateur du blog et on en largement discuté en -off. Il a donc droit à ce -léger avantage.

  • Bruce lit  

    Pendant bien des années, je vais trembler en pensant à Dracula, à Frankenstein et au Loup Garou, sans avoir vu autre chose que quelques photographies dans le magazine TV posé sur la table basse… Oh l’autre ! il copie mes articles !
    Je plaisante 🙂 Je suis content d evoir qu’on l’on a la même expérience en fait. Par contre pour moi, c’était d’avantage les films modernes de l’époque et surtout les pochettes de Lp’. Je devais aller chez le toubib chaque semaine, ça ouvrait à 9h00. Alors pour passer le temps ma mère me laissait 1/2 heure chaque semaine au Leclerc du coin où j’observais les pochettes des disques en vente.

    Je dois dire que j’admire ton amour pour ces films. Je crois n’en avoir vu aucun. Même pas Frankenstein. Je ne suis ni amateur de cinéma muet et encore moins du noir et blanc. J’aime bien un Chaplin de temps à autres mais le cinéma m’intéresse à partir de la fin des années 60, en fait contemporain à ma naissance. Tout bêtement, parce que du temps des vidéo club, le mien devait être moins bien constitué que le tien…. Le seul qui me fait envie ce sont les deux premiers Frankenstein. Pour le reste, et c’est routinier de le répéter, je ne suis pas un fana des monstres.

    Le croque monstre : je dois avoir une vieille k7 audio où je chante le générique par coeur à mon père. Pour le reste j’ai le souvenir d’un truc….pas inoubliable, si ?

    Les scans de Frankenstein montre une photo absolument sublime. Voilà qui ‘mintéresse. Dracula…jamais accroché avec les vampires. Même celui de Coppola ne trouve pas grâce à mes yeux.

    @Présence : tiens ! puisque on parle de vampire ! j’ai lu hier Blood de De Matteis que j’avais trouvé à Gibert. Oh mon Dieu, j’ai détesté….Tout ce qui m’horripile dans les Comics : un parti pris graphique très beau mais tellement virtuose que c’en est glacial, une histoire hermétique incompréhensible, un montage haché qui donne un goulbi-goulba indigeste. Au moins quand je lis du Millar ou du Morrison, je me marre…. Bon…Tant pis

    @Tornado : ahem, je reviens : ah si ! Freaks , j’adore !

    Merci en tout cas pour ces dossiers qui manquaient à ma culture et aussi ton respect SCRUPULEUX des consignes de mise en forme qui font que c’est désormais un vrai plaisir de travailler sur des articles si dense.

    • Matt  

      Eh ! J’peux être plein de scrupules aussi m’sieur ? Et gagner des mots en plus qui seront un vrai plaisir pour toi ?^^

      • Bruce lit  

        Bon, disons qu une assistance informatique fera l affaire…..

        • Matt  

          T’es encore en galère ? Mais comment c’est possible de supporter des pannes aussi longtemps ?
          T’as pas un gentil dépanneur dans ta grande capitale ?^^
          Non pas que je ne veuille pas aider mais bon…c’est pas toujours l’idéal à distance.

    • Présence  

      @Bruce – Promis : je ne t’amène plus de DeMatteis. 🙂

      • Bruce lit  

        Ben non, celui la je me le suis acheté. Et jaime De Matteis, ce qui explique ma deception….

  • JP Nguyen  

    @Matt : Relektor ne prétend pas à l’exhaustivité et accepte toute aide extérieure. Welcome Korrektor !
    Et si d’autres veulent se joindre à nous… Il nous faudrait une sidekick… Coquillette ? Un bourrin… Fotdefrap ? et un nom d’équipe… les Proof-Readers ?

    • Matt  

      Les boulettes proof ?
      Ahem…pardon.

      • Matt  

        Surtout que des fois à cause du titre, des balises pour souligner, les légendes et autres codes de mises en forme on dépasse de 20 mots et ça oblige à effacer toute une phrase passionnante pour rester dans le quota^^

        • Bruce lit  

          La marge de 20% est autorisée ainsi que les dossiers exceptionnels comme celui de Mk Vs SF. Maintenant retour à l’article de Tornado 😉

          • Bruce lit  

            Flatteur…

  • Matt  

    @Bruce : Oh je comprends bien la limitation, tu sais. Je rigolais. C’est juste que de temps en temps, on sent que pour faire un article plus exhaustif on aurait besoin de 200 mots de plus…et que le couper en 2 est peu pertinent pour juste 200 mots. Surtout que techniquement 2 articles accaparent autant la une que si l’article restait 2 jours.
    Faudrait faire comme certains profs de français qui donnent comme consigne « 3000 mots, + ou – 20% » Enfin…sans l’obligation d’en écrire autant.

  • Tornado  

    Merci à Bruce pour m’avoir permis de pondre cet article qui, dans sa totalité, avoisine les 20 000 mots !
    Merci pour avoir rendu possible de mettre sur le blog cette vitrine de tout un pan de la culture geek, qui méritait une place de choix, au même titre que les super-héros.
    Etant donné que j’en parle tout le temps, que j’y fait sans cesse référence, je pourrais désormais mettre cet article en lien ! 😀

    Il est effectivement très long. Il fait partie de ces articles qui sortent tout seul, et qui s’écoulent sous mes doigts sans que je puisse rien y faire ! Il fait partie des sujets que je tiens à voir sur le blog, car ils ont marqué mon existence : le Star Wars originel, Bruce Lee, King Kong, la Hammer (Patrick, j’aurais ma vengeance et elle sera terrible ! 😉 ), Pif Gadget, Tolkien, ainsi que les grands classiques du cinéma fantastiques des années 50 et 60 en Italie, au Japon et aux USA (articles à venir, certains déjà livrés au boss).
    Lorsque j’aurais terminé cet ensemble d’articles qui me tient à coeur (auquel il faut encore ajouter des théma sur Dracula, Frankenstein et le loup-garou, Harry Potter, Game of Thrones et L’Incal), je n’aurais plus aucune raison de pondre des articles longs… 😀

    J’ai bien conscience que ces articles longs font fuir plus d’un internaute pressé. Mais tant pis. Ils demandent à sortir de ma tête, et je ne fais que les laisser s’échapper… au meilleur endroit possible !

  • Tornado  

    Ah… et Stephen King, Clint Eastwood, Sherlock Holmes, Thorgal, Conan, Spiderman, Matrix, Superman, Tintin, Batman… Longue liste d’idoles…

    • Matt  

      A ce propos j’ai lu ton article sur les adaptations des nouvelles de Stephen King et je suis content de voir que je ne suis pas le seul à avoir apprécié The Night Flier.
      Et Harryhausen, tu l’as oublié ?^^

  • Tornado  

    Harryhausen, c’est vrai ! J’aurais ma revanche aussi !!! 😀
    Et ALan Moore, Daredevil, le Punisher, Garth Ennis, Warren Ellis, Indiana Jones, Steven Spielberg, Chaplin, George Pal, Louis de Funes…

    • Matt  

      Mais c’est pas cool de ne pas se sentir seul à aimer tout ça ?^^ Tes articles sur le cinéma me font super plaisir.
      En plus on t’a laissé de la place pour parler des films car, si je me souviens de l’article de Patrick sur la Hammer, il ne faisait pas trop de focus précis sur les films.

  • PierreN  

    « Shelley. Je me souviens cela dit que la première fois que j’ai vu ce film c’était en cours. Une prof fan de cinéma nous l’avait projetté. mais bien sûr les jeunes de mon âge ricanaient face à l’aspect daté de la chose. Et je me souviens avoir été un des seuls exaspéré par ces réactions d’ignares et de…ahem…pardon. Je ne suis pas fan du film mais se moquer comme ça de vieux classiques qui ont, comme tu le dis, beaucoup apporté au cinéma, ça m’agaçait. »

    C’est souvent le cas avec les films d’époque en noir et blanc malheureusement, pour une partie des spectateurs du moins, et dont je suis bien content de ne pas faire partie.
    Je me souviens d’un visionnage en classe de L’Enfant sauvage de Truffaut qui ne s’était non plus pas déroulé dans les meilleures conditions.

  • Tornado  

    Ouah ! Le dernier scan est trop bien ! Si je l’avais vu avant je l’aurais mis en couverture !
    Bruce, je peux l’avoir pour le prochain ou celui d’après ? 🙂

  • Présence  

    Merci de tout coeur pour cet article didactique et enjoué. C’est un vrai plaisir de pouvoir ainsi étoffer ma culture sur un thème qui imprègne de nombreux comics sans que je n’ai jamais eu le courage ni de regarder les films, ni de me plonger dans un bouquin spécialisé.

    Dès le début, je comprends enfin qui est ce Lon Chaney, souvent évoqué, mais que je n’arrivais pas à situer clairement. Je découvre aussi qui est Jack Pierce et en quoi il mérite une place aux côtés des acteurs emblématiques.

    Dracula de Tod Browning, plombé par la forme d’une adaptation d’une pièce de théâtre. J’avais déjà fini par comprendre ce mode d’adaptation, en revoyant des années plus tard Arsenic et vieilles dentelles, très drôle, et très marqué par des acteurs en train de surjouer, Cary Grant en tête, suivi de près par Peter Lorre.

    Génial ! Je sais enfin d’où vient la réplique culte It’s alive ! Merci Tornado.

    La vindicte paysanne dans Frankenstein – Et pour des décennies et des décennies, les villages de la vieille Europe sembleront être en provenance directe du moyen-âge dans tous les films américains.

  • Tornado  

    Merci pour ces retours chaleureux !
    Et en parlant de chaleur, quelqu’un a-t-il sauté le pas et osé écouter cette pépite kitschissime qu’est la chanson de Hot Blood en BO du jour ??? 😀

    • Matt  

      Ouais, j’ai cliqué dessus à cause de l’image.
      Euh…c’est spécial.
      Pas vraiment mon genre de musique. On va dire que c’est rigolo pour être gentil.

  • Tornado  

    C’est un monument de kitsch ! A une époque je gravais des « CD sanctions », que j’offrais à des copains pour les punir de tel ou tel truc. Et ce tube disco complètement improbable faisait partie de la compil… 😀

  • Bruce lit  

    Le réalisateur a eu la très mauvaise idée d’alterner ses prises de vue simiesques entre celles d’un acteur costumé, déguisé en gros singe, et celles d’un chimpanzé grimaçant, filmé en gros plan ! J’imagine que tu as dû jubiler devant le Ed Wood de Burton.
    Je ne connaissais pas le Pitch de la rue Morgue. Je vais donc m’orienter vers le livre de Poe.

  • Tornado  

    Tiens, Ed Wood, encore un qui mériterait un article !

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