Les mondes de Sophie (Promethea)

 

Promethea par Alan Moore & J.H. Williams III

Un article  : TORNADO

Première publication le 24/12/ 2014. Mise à jour le 29/11/20

VO : ABC

VF : Semic / Panini / Urban

Une réédition si attendue ! © ABC / Urban Comics

En 1999, Alan Moore s’installe chez l’éditeur Wildstorm et lance la ligne ABC (American Best Comics !), dans laquelle il œuvre sur quatre séries : Promethea, Top 10, Tom Strong et Tomorrow Stories.
Promethea est la plus ambitieuse, la plus complexe et la plus cérébrale de toutes ces séries, qu’il mène de concert !

Le point de départ du récit est le suivant : Dans un New-York de science-fiction, une jeune étudiante nommée Sophie Bangs prépare un exposé sur « Promethea », une mystérieuse figure mythologique issue de la littérature autant que des pulps et des comics.

Bientôt, Sophie est intégrée dans l’univers de son sujet d’étude au point de devenir elle-même Promethea, capable de prouesses super-héroïques et de traverser les plans du réel et de l’imaginaire. C’est le début d’une aventure parsemée de découvertes merveilleuses, mais aussi de menaces réelles. Car toutes les créatures infernales se sont dressées contre elle !

Je vous propose de faire un tour exhaustif de la série, tome après tome. Vous êtes prêts ? Alors accrochez-vous ! Le premier tome commence tranquillement et vous prend délicatement par la main. Le concept abyssal de la série se met néanmoins en marche et Alan Moore développe d’entrée de jeu une toile de fond aux multiples niveaux de lecture :

– Le super-héros concept :

A la manière de Flash ou Green Lantern, deux des héros de DC Comics, Promethea est une identité pouvant être amalgamée et portée par différentes personnes à travers les âges. C’est un parti-pris très intéressant qui permet à Alan Moore d’intégrer sa réflexion postmoderne sur le parcours des super-héros depuis l’Âge d’Or des comics. Réflexion qu’il mène également avec Tom Strong et sur laquelle il avait déjà balisé le terrain avec la série Supreme quelques années auparavant. Ainsi, en revenant sur les incarnations précédentes de son héroïne, le scénariste explore l’histoire de son médium et nourrit la culture de ses lecteurs.

La famille Promethea…

La famille Promethea…©ABC Comics

Pourtant, à bien y regarder, une autre figure de l’univers DC Comics nous vient également à l’esprit : Celle de Wonder Woman, à qui Promethea ressemble tout de même énormément ! Cette fois, Moore choisit d’entremêler les diverses mythologies avec le réel et le quotidien du lecteur (Wonder Woman est une figure directement issue de la mythologie grecque, qui finit par devenir littéralement un mythe urbain en choisissant d’évoluer dans les villes contemporaines de ce dernier). Et de rentrer dans le vif du sujet : L’univers des super-héros permet aux auteurs de comics les plus ambitieux de développer une véritable mythologie moderne.

Enfin, il y a la particularité principale de Promethea : C’est une héroïne purement imaginaire, qui s’harmonise avec le réel. Cette dimension, outre qu’Alan Moore parvient à l’intégrer à son récit comme une évidence, lui permet de s’adonner à une pure réflexion sur la nature de la figure littéraire. En effet, les mythes littéraires n’existent que dans l’imaginaire du lecteur, mais existent bel et bien en quelque sorte. Ou bien cessent complètement d’exister, si on les ignore (n’est-ce pas la raison pour laquelle les créatures féériques des mythologies celtiques on disparu, supplantées par la « raison » du Christianisme ?)…

Dès lors, Moore réussit à incarner une figure à priori purement théorique : Si Promethea n’existe pas, alors Sophie Bangs non plus, puisque toutes deux sont en définitive des personnages de papier. Ou bien le lecteur fait le choix que ce soit l’inverse ! Abolissant ainsi la frontière entre les degrés de rupture avec le réel, il invite le lecteur à partir aussi loin qu’il le désire dans le rêve, la magie et l’imaginaire : Promethea est l’incarnation d’une légende littéraire qui prend forme dès lors qu’on y croit…

1) Figure super-héroïque conceptuelle 2) Introduction de la dimension mythologique dans son ensemble 3) Réflexion sur la figure littéraire entant que mythe. Voilà donc que le maître Alan Moore nous concocte une série d’une richesse thématique époustouflante à la mise en abîme vertigineuse, créant ainsi la première héroïne qui n’existe que lorsqu’on écrit sur elle (Moore écrit sur Sophie qui écrit sur Promethea qui finit alors par se réveiller dans un monde l’ayant oublié en cessant d’écrire sur elle !) !

Le mythe de Promethea. Il suffit d’y croire !

Le mythe de Promethea. Il suffit d’y croire !©ABC Comics

– Une mise en page conceptuelle :

C’est le dessinateur J. H. Williams III qui hérite de la lourde tâche de mettre tout cet univers en images. La chose n’est pas facile car l’entreprise de mise en abîme effectuée par le scénariste pourrait mener rapidement l’ensemble à l’abstraction visuelle. Or, le dessinateur réalise une prouesse, qui illustre le tout avec une clarté et une évidence bluffante. Les mondes imaginaires de Promethea nécessitaient la participation d’un dessinateur à l’imagination illimitée. C’est chose faite avec Williams, qui donne corps aux délires de son scénariste avec une capacité de créer des images purement merveilleuses, au sens multiple du terme, et qui auraient beaucoup plu à Lewis Carroll.

Afin de matérialiser toutes les facettes de cette fable sur les mythes littéraires, J. H. Williams III prend le parti de structurer ses planches sur la base d’un découpage illustratif venant faire corps avec le sujet. Ce principe de mise en page, où les vignettes deviennent des tableaux aux formes illustratives, avec un style art-déco lorsque le récit évolue dans un New-York aux allures de Metropolis (le film), ou bien gréco-romain lorsqu’il s’agit d’explorer la dimension mythologique de l’héroïne, ou encore faites de volutes brumeuses lorsque cette dernière évolue en milieu imaginaire, offre au récit d’Alan Moore toute la substance et l’assise dont il avait besoin pour s’imposer au lecteur comme une évidence.

La mythologie dans le fond et dans la forme !

La mythologie dans le fond et dans la forme !©ABC Comics

Cette mise en page conceptuelle fera école au point de la retrouver dans certaines séries au contenu sémantique similaire (Fables), et deviendra l’apanage du dessinateur J. H. Williams III, notamment dans sa série Batwoman.
Au delà de toutes ces tergiversations, la grande qualité de ce dessinateur talentueux aura été de mettre en image, de la manière la plus limpide possible, un récit à la dimension particulièrement abstraite. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le royaume imaginaire de Promethea se nomme « Immateria »…

Quant à Alan Moore, on pourra remarquer une fois de plus la faculté exceptionnelle de cet auteur à s’adjoindre les services d’un metteur en image taillé pour le sujet. Car le scénariste est doué d’une capacité surnaturelle de s’adapter au style de ses dessinateurs, au point de visualiser chaque récit de manière… conceptuelle !

Le concept de l’infini !©ABC Comics

Lorsque s’achève le premier tome, le lecteur est étourdi par toutes les composantes mises en œuvre et ne sait pas à quoi s’attendre pour la suite de ces aventures. Sur ce point, il ne sera pas déçu car il s’est embarqué pour une expérience littéraire inédite !
Pendant ce temps, Alan Moore poursuit son exploration sur la création littéraire avec son art du récit dans lequel il fait toujours mieux que tout le monde ! Et la série jette à la face du lecteur tous les questionnements essentiels auxquels il oublie de penser lorsqu’il lit la plus-part des récits de fiction habituels. Le tout saupoudré d’un sens du détail, d’un humour et d’une imagination délirante, à la personnalité unique.

Mais là où le scénariste impressionne le plus, c’est qu’il ne se contente pas de soulever des questions sur les relations entre le réel et l’imaginaire, entre la fiction et le quotidien, entre le créateur et la création. Il y apporte des réponses ! Ainsi, lorsque le lecteur suit Sophie Bangs dans « Immateria », le parcours initiatique de l’héroïne est de ce fait l’occasion pour le scénariste d’exposer tranquillement ses théories sur la création, sur la place de l’homme dans l’univers, sur le sens de la vie, sur les pouvoirs de l’esprit et de l’imagination ! Et il le fait avec une faculté unique et puissante de tisser des allégories.

Et comme si cela ne suffisait pas, il profite également des scènes se déroulant à New-York (un New-York de science-fiction échevelé !) pour faire passer ici et là quelques critiques sociales et divers messages à l’encontre de l’intolérance !

Promethea est ainsi une série qui fait réfléchir, une lecture dense et enrichissante, qui nécessite beaucoup de concentration de la part du lecteur, mais qui lui offre en échange un voyage unique et essentiel au royaume de l’imagination, qui pour le coup, et ce n’est pas le moindre des tours de force, est à prendre au sens littéral !

Par contre, il existe un revers de la médaille à toute cette éclatante réussite : Les planches sont parasitées par une avalanche de texte. Car Moore est obligé de parler beaucoup pour exposer toutes ses idées, et du coup le lecteur est noyé dans les phylactères.

Comprenons-nous bien : Je ne dis pas qu’une bande-dessinée c’est bien quand il n’y a pas trop de texte à lire, comme si le lecteur amateur de ce genre de medium était forcément un grand paresseux. Mais c’est un fait : La bande dessinée, c’est l’occasion de raconter une histoire davantage avec les images qu’avec les mots, ce qui requiert une savante maitrise de l’art séquentiel. Ainsi, lorsqu’un auteur de bande-dessinée met beaucoup de texte dans son récit, cela trahit forcément une incapacité de dire les choses de manière différente, notamment avec les images.
Quoiqu’il en soit, il s’agit d’un défaut mineur, et Promethea surnage tellement à des années lumières au dessus du tout-venant de l’industrie des comics, que cela m’arracherait les doigts de lui enlever une étoile pour si peu…

Des images splendides… Et beaucoup de texte !©ABC Comics

En commençant la lecture du troisième tome, le lecteur qui avait trouvé que les précédents épisodes étaient originaux n’avait encore rien vu. Il découvre ainsi quatre nouvelles étapes (puisque quatre épisodes) conceptuelles comme jamais. Le premier épisode sert surtout à clore les éléments du précédent volume, tout en préparant la suite de la saga. C’est un épisode de transition.
Le second est une longue scène érotique, dans laquelle Alan Moore tente de hisser le coït à un niveau de spiritualité extrême. Une initiation de plus pour son héroïne, qui entame ainsi son chemin vers la maitrise de la magie. Toutes les planches sont construites et illustrées de manière à symboliser les différentes étapes du rapport sexuel.

Le troisième, qui se passe exclusivement le soir du réveillon de l’an 2000, est une interprétation délirante du fameux « bug de l’an 2000 », qui fait référence aux films de science-fiction paranoïaques des années 50 (avec un monstre issu des errances de la science !). Il est entièrement mis en image à « l’italienne » (ce qui oblige à tourner le livre pour tout lire horizontalement. Je déteste ça !).

Le dernier est un éblouissant pamphlet philosophique sur le parcours de l’humanité et les origines de la vie, qui prend ses sources depuis le Big Bang et au-delà ! Alan Moore y expose sa propre vision de la destinée humaine entant que projet de la création, qu’il mêle ainsi avec son entreprise de lier la création littéraire avec un tout emphatique (le fameux principe de la mise en abîme !) ! Ses références scientifiques et historiques sont à la fois concises et précises, d’une densité affolante. En un seul et unique épisode, il parvient à élever son travail au niveau de celui de Jens Harder sur l’époustouflant Alpha… directions, auquel il oppose un contrepoint philosophique de haute volée.

L’initiation sexuelle et spirituelle de Sophie. Tout un concept…

L’initiation sexuelle et spirituelle de Sophie. Tout un concept…©ABC Comics

Le fan du créateur de Watchmen le sait : Moore est un féru de magie. Et il s’emploie ici à tisser une allégorie de la destinée humaine sous l’angle d’une interprétation qui dépasse les strates de la réalité. C’est très difficile à expliquer, il faut le lire pour le comprendre, d’autant que le scénariste a conçu son discours de manière là encore très conceptuelle : Point de vignettes, mais des doubles pages mêlant le texte avec les images, sur la base d’un jeu de Tarot avec une carte au centre de chaque page. 22 cartes en tout, autour desquelles l’héroïne questionne les arcanes de la magie et de la création ! Dans le quart inférieur, un deuxième récit symbolique vient illustrer l’idée que tout n’est peut-être qu’illusion ou affabulation collective !

Attention, certains lecteurs risquent de trouver l’expérience éprouvante, voire indigeste (il y a beaucoup de texte !), mais la puissance et la crédibilité de l’ensemble sont tout de même très impressionnantes. Un sacré tour de force.

Le tome 4 s’ouvre sur six nouveaux épisodes qui développent une vision incroyable de l’univers, que l’auteur conçoit comme un tout spirituel et métaphysique. Moore part du principe que la littérature est un acte de création, au même titre que la vie, la matière, les éléments, l’âme et les croyances. Ainsi, sa série Promethea est un essai dont l’objectif consiste à lier le tout en une vision unique et globale. Promethea étant une héroïne qui possède le pouvoir de l’imagination, elle est désormais capable de franchir toutes les strates du réel et de l’imaginaire, passant de la réalité au rêve, de la matière à l’immatériel, de la vie à la mort, du présent au futur, d’une dimension à une autre, d’un espace à son contraire, etc.

A l’arrivée, l’Univers selon Promethea est une entité qui entremêle sa globalité en une multitude d’actes créatifs, tantôt matériels, tantôt spirituels, dans laquelle toutes les religions évoluent en harmonie avec toutes sortes de conceptions scientifiques ou purement philosophiques de la création…

Puisqu’il en est ainsi, Alan Moore prend le parti de chercher pour chaque chose ses multiples symboles. Cette technique proprement géniale lui permet de multiplier les niveaux de lecture sur chaque étape de la quête de son héroïne, qui prend alors une dimension spirituelle, mystique et métaphysique d’une densité ébouriffante. En explorant chaque thème à travers toutes ses déclinaisons, il creuse une toile de fond d’une épaisseur sans commune mesure !

Par exemple, lorsque Sophie voyage sur Mars, il ne s’agit pas d’une simple visite de la planète rouge (ça, le Dr Manhattan l’avait déjà fait dans un épisode de Watchmen), mais devient au contraire un moyen d’explorer, dans un tourbillon d’images psychédéliques, toutes les facettes, physiques, spirituelles, scientifiques, étymologiques et mythologiques de la notion de Mars ! Ainsi, toutes les images de l’épisode en question sont rouges puisque, d’un point de vue conceptuel, c’est tout à fait logique.

Life on Mars

Life on Mars©ABC Comics

Mars n’est pas simplement une planète. C’est aussi le Dieu de la guerre, le chiffre Cinq, le troisième mois de l’année. Le parcours de Sophie ne s’effectue donc pas sur la surface de la planète, mais au cœur d’un lieu symbolique. Là, tout est envahi par des flammes rouges brûlantes qui ne nous brûlent pas littéralement puisqu’elles ne sont que le symbole de la colère et de la volonté, propre au Dieu de la guerre. D’ailleurs, lorsque Sophie aperçoit les immenses statues grecques, représentation physique du Dieu en question, son guide lui fait remarquer que ces Dieux ne sont pas sur cet endroit, mais qu’ils SONT cet endroit, et inversement…

Le guide insiste ensuite sur la notion de Volonté : Pour elle, il ne s’agit pas de la volonté de l’Homme, mais de celle qui fait bouger le Soleil et les planètes, c’est-à-dire la « Volonté universelle », qui purge la surface de Mars de toutes ses impuretés, de tout ce qui est défectueux et faible. Telle est la nature de Mars, inflexible, qui ne peut s’encombrer de sentimentalisme. Soit la notion de Guerre vue autrement, comme une partie nécessaire de l’ordre des choses…

Au cours de l’épisode, Sophie et ses compagnes vont même s’amalgamer avec toutes ces notions, jusqu’à combattre le danger en elles-mêmes, puisqu’elles font partie de ce tout physiquement, spirituellement et philosophiquement parlant : Mars est en elles, dans leur cœur et dans leur esprit, et elles sont donc sujettes à une certaine forme de violence et de force brute parfaitement innée en chaque élément de la vie… Bref, vous l’avez compris, Moore entraîne le lecteur dans une expérimentation de toutes ses techniques narratives dans lesquelles il s’emploie à lier le Fond avec la Forme, non sans en explorer toutes les facettes possibles et imaginables, opérant une mise en abîme narrative vertigineuse et purement conceptuelle.

(L’un de mes passages de dialogue préférés du quatrième tome) : « ... Les anciens pensaient que le royaume des rêves et celui des morts ne faisaient qu’un. Où rencontre-t-on ceux qui ont disparu, sinon en rêve ? ». C’est bien connu : rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !)

Lorsque débute le tome 5, c’est le moment de s’accrocher : Jamais encore Alan Moore n’était allé aussi loin dans ses déclinaisons narratives et ses recherches séquentielles. Si depuis le début de la série, le scénariste et son dessinateur avaient emmené le lecteur dans un voyage pictural, philosophique et métaphysique extrême, parsemé d’une gamme d’expérimentations en termes de styles visuels et de techniques narratives inédite, ce dernier n’avait encore rien vu.

Les héroïnes perdent pied au fur et à mesure de leur quête initiatique dans l’imaginaire, la magie et la création (on les comprend !). Et les auteurs s’arrangent pour que le lecteur perde pied avec elles. Bien que le récit demeure parfaitement linéaire (pas de déconstruction chronologique ou temporelle), la perception de l’espace, du réel et du tangible est complètement éclatée.

Peu à peu, J.H. Williams III s’éloigne davantage des représentations réalistes et s’affranchit complètement des codes propres à l’illusion du réel : Les effets de perspective disparaissent, les rapports d’échelle n’existent plus. La couleur n’a plus aucun rôle figuratif, mais devient au contraire symbolique, atmosphérique. Le premier épisode du recueil est ainsi complètement bleu, peint par Williams lui-même (alors que d’habitude, c’est le coloriste Jeromy Cox qui se charge de ce travail), conçu comme un hommage à Van Gogh.

Van Gogh style !

Van Gogh style !©ABC Comics

Moore quant à lui, ne cesse de creuser les divers niveaux de lecture de chaque élément du récit, puisant parfois à la source de son origine symbolique et étymologique. Il ne cesse d’explorer les racines hébraïques relatives à tous les mots issus de la création céleste et multiplie les références à la Kabbale. Il s’agit pour le scénariste d’aborder l’élément ésotérique de sa création comme une mise en abîme avec le concept même de la série : Promethea est une pure héroïne imaginaire qui devient héroïne par le pouvoir de l’imagination…

La compréhension de la notion de « Kabbale » a toujours été quelque chose de particulièrement obscur, réservé à quelques initiés (je ne me risquerais pas à vous faire croire que je m’y connais plus qu’un autre !). Il s’agit, dans les grandes lignes, d’une tradition ésotérique du judaïsme qui, sur le principe d’une connaissance secrète des multiples niveaux de lecture de la Torah, ouvre une possibilité de saisir une forme de compréhension métaphysique de Dieu, de l’homme et de l’univers.

Mais Alan Moore, passionné d’ésotérisme et toujours enclin à puiser à la source des choses dans une boulimie de savoir, démontre que sur le terrain de la toile de fond, au cœur de son scénario, il ne prend pas son lecteur pour un imbécile… A maintes reprises, et bien qu’il ne soit pas cité, j’ai pensé à l’œuvre de Marc Chagall, nourrie de multiples niveaux de lectures et d’une forte personnalité aux résonances hébraïques.

Soyons clair : Arrivé à ce stade de la série, le lecteur venu chercher un simple divertissement ne réussira pas à passer le cap. Nous ne sommes plus du tout dans une relation traditionnelle avec le medium du comicbook et la perception de l’ensemble exige désormais de gros efforts de concentration et d’ouverture d’esprit, voire des recherches connexes.

Qui plus-est, c’est l’époque où Panini commence à réaliser un véritable travail de sagouin et le passage à la version française voit le TPB original amputé des deux derniers chapitres (reportés sur le tome suivant dans un complet décalage). Ce changement prive ainsi le lecteur VF des seuls épisodes un tant soi-peu « récréatifs », qui devaient donner au recueil américain un ressenti final moins indigeste. Il faut le savoir, Promethea est une œuvre complexe qui ne s’offre pas facilement à son lecteur si lui-même n’est pas prêt à sauter dans l’abîme créatif que nous a concocté le grand Alan Moore…

Life in… Orange, of course !©ABC Comics

Avec le sixième tome, Alan Moore et J.H. Williams III entament la dernière partie de leur saga métaphysique. Mais c’est alors que le ton change radicalement : Trois ans sont passés et Sophie a renoncé à son statut, de peur de provoquer la fin du monde. Elle vit comme une jeune femme banale et ordinaire. Le FBI la recherche désespérément, au point de demander à Tom Strong (un héros issu d’une autre série de la ligne ABC), de les aider à retrouver celle qui constitue désormais la pire menace pour l’humanité…

Ce changement de cap s’accompagne d’une autre manière pour le scénariste et le dessinateur de mettre en scène leur récit, qui redevient classique, avec des planches simples composées de vignettes traditionnelles. Pendant un temps, le lecteur familier de la série Tom Strong a l’impression d’être passé dans cette dernière. Mais lorsque Sophie redevient soudain Promethea, la construction du récit, la structure des planches et le bouleversement des valeurs réalistes reprennent peu à peu leurs droits, et l’ensemble replonge dans le tourbillon psychédélique et surréaliste des limbes de la création…

Le temps de trois épisodes, le dessinateur J.H. Williams III s’essaie un peu à tous les styles en faisant cohabiter les héros des séries Tom Strong et Tomorrow Stories, unis afin de reformer l’équipe des « America’s bests », une sorte de parodie de la « JLA » au sein de la ligne ABC créée par Alan Moore. Il adapte son trait et s’arrange pour que chaque personnage soit dessiné de la même manière que dans sa série d’origine, inventant ainsi le principe du crossover conceptualisé, qui regroupe aussi bien les divers héros d’un même éditeur que le style de chaque dessinateur concerné par leur création !

Regardez-y de plus près : C’est de la BD !

Regardez-y de plus près : C’est de la BD !©ABC Comics

Le troisième épisode opère néanmoins le changement relevé plus haut et tout ce beau monde se voit peu à peu intégré à l’univers de Promethea dans la mesure où les planches conceptuelles de Williams III les y intègrent par leur structure ! Il s’agit donc bel et bien d’une toute nouvelle façon de concevoir le principe du crossover, comme un acte de création issu du Fond et de la Forme !

Alan Moore semble éprouver le désir de récompenser le lecteur qui a eu le courage de résister aux multiples expérimentations séquentielles qu’il lui a fait subir jusqu’ici. En revenant, le temps de quelques épisodes, à quelque chose de directement divertissant, haletant et bourré de rebondissements, il semble presque s’excuser de lui avoir infligé le parcours métaphysique extrême que représentait la lecture des douze épisodes précédents. Mais il ne s’agit que d’une courte pause, car Promethea est de retour et le vertige de l’imaginaire reprend ses droits pour les quatre derniers épisodes qui nous attendent dans le tome 7…

Presque toujours, je suis un peu déçu par la fin d’une saga de très haute qualité. Promethea ne fait pas exception à la règle et j’ai trouvé le dénouement un peu précipité. Alan Moore lui-même semble le confesser, qui a écrit le dernier épisode (#32) comme un épilogue illustré, qui annonce la couleur sur la page de garde : « Et voici une féérie visuelle, un soliloque récapitulatif ».

La plus grande frustration réside dans le fait que le scénariste n’a pas beaucoup centré la fin de son histoire sur ses personnages, dont un grand nombre passe à la trappe. Il y a bien quelques vignettes et un épilogue pour certains d’entre eux, mais c’est peu, bien trop peu pour que le lecteur puisse s’y attacher réellement. Et finalement, le principal défaut de la série n’est révélé qu’à la toute fin : Alan Moore ne s’est pas beaucoup attardé sur la caractérisation de ses personnages, qui ne sont souvent que le support trop superficiel de son grand projet sur les arcanes de l’imaginaire…
Qui plus-est, l’épilogue sur les aventures de Tom Strong, qui fait office de crossover avec la fin de Promethea (et la fin de la ligne éditoriale ABC), n’a encore jamais été publié en français ! Je n’ai donc pas pu lire une partie de la saga (uniquement disponible en VO pour le moment : TOM STRONG !

Le grand final d’ABC Comics, c’est chez Tom Strong…

Le grand final d’ABC Comics, c’est chez Tom Strong…©ABC Comics

Mais il s’agit quand même d’un merveilleux voyage ! La saga dans son entier est un trip littéraire unique, d’une ambition folle. L’avant dernier épisode boucle la boucle en invitant le lecteur à pénétrer lui-même dans l’aventure, en conversant directement avec son héroïne le temps d’une brillante démonstration du pouvoir de l’imagination et, par extension, d’une interprétation de l’existence bien réelle de la magie de la création littéraire !

Le dernier épisode est très spécial. Les planches ont disparu au bénéfice d’images colorées dans lesquelles l’abstraction se dispute à la figuration. Sur chaque page, une Promethea réduite à ses seuls contours exprime des aphorismes qui se mêlent à des soliloques venant exposer les thèmes de la saga. Le temps d’un aphorisme, il m’a semblé saisir l’essence du projet : « La magie était la science de toute chose, la façon dont nous comprenons l’univers. En nous attachant aux détails, nous avons tout réduit en catégories : La science, l’art, la religion… fragmentant notre vision du monde. Graduellement, cependant, l’humanité réunit les choses pour en avoir une vision d’ensemble. La magie renait »… Et de lire vingt huit pages au contenu vertigineux d’une rare profondeur !

Pour terminer, quelques mots sur l’art de J. H. Williams III : Ce grand monsieur du monde des comics aura réussi à imposer une dimension psychédélique qui, paradoxalement, ne l’aura jamais empêché d’illustrer les scènes les plus délirantes de la manière la plus claire possible, et ce malgré les myriades de détails qui fourmillent dans tous les coins !

La structure des planches se sera développée sur le même principe depuis le début : Une composition sur deux pages, plus ou moins divisée en vignettes évanescentes, qui deviennent des soleils, des végétaux, qui se matérialisent dans les bras d’une pieuvre démoniaque ou bien dans les cheveux d’un ange, ces vignettes étant elles-mêmes cernées d’un cadre plus ou moins figuratif selon leur contenu sémantique, ces derniers décorés de volutes, de flammes ou de frises gréco-romaines selon les diverses étapes du voyage. Le tout étant composé de manière symétrique, depuis le centre de chaque planche, qui occupe donc deux pages, presque systématiquement.

Peu à peu, Williams se sera éloigné davantage des représentations réalistes en s’affranchissant complètement des codes propres à l’illusion du réel : Selon les degrés voulus d’imaginaire, les effets de perspective auront fini par disparaitre, les rapports d’échelle n’existeront plus. La couleur n’aura plus aucun rôle figuratif, devenant au contraire symbolique, étrange ou atmosphérique…

Voilà, c’est terminé. Alan Moore nous aura finalement exposé sa propre vision de la destinée humaine entant que projet de la création, qu’il mêle ainsi avec son entreprise de lier la création littéraire avec un tout emphatique (le fameux principe de la mise en abîme !) !

Je pense que cette série ne plaira pas à tout le monde. Il ne s’agit nullement d’une lecture reposante ou purement divertissante. C’est une série qui ne se lit pas en dilettante (évitez de vous y adonner un soir de fatigue…) ; qui ne va pas vers le lecteur, mais qui exige au contraire que ce dernier fasse un effort de concentration pour aller vers elle…

Mais…mais… c’est à moi qu’elle parle !!!

Mais…mais… c’est à moi qu’elle parle !!!©ABC Comics

55 comments

  • Présence  

    Wouah ! Commentaire génial, complet et très bien structuré. L’idée d’avoir suivi l’ordre numérique des épisodes permet de ne pas perdre le fil. Je suis très impressionné par la manière dont tu as réussi à faire ressortir les thèmes et leur approche au fur et à mesure des épisodes.

    Ce que tu décris et analyses me donne l’impression qu’Alan Moore a retenu une approche similaire à celle qu’il a utilisée pour « From Hell », c’est-à-dire évoquer un thème sous tous ces aspects de manière exhaustive. Cette façon de concevoir un sujet avait été l’occasion pour moi d’apprendre une nouvelle expression : une approche holistique.

  • JP Nguyen  

    On sent beaucoup de travail et de passion dans cet article pour une oeuvre qui en regorge également.
    Je dois avouer que je n’ai pas lu toute la série, j’ai du m’arrêter vers la moitié. Je me rappelle de superbes illustrations de JH Williams III et d’un scénario, ou plutôt de textes amibitieux mais qui m’ont un peu perdu en route. J’avais trouvé l’épisode avec le jeu de tarot génial (22 cartes = 22 pages de comics et des anagrammes de Promethea sur chaque page…) Les petits textes humoristiques du Weeping Gorilla m’avaient aussi marqué. Mais le manque d’attachement aux personnages et à leur sort m’a fait abandonné la lecture. Je la reprendrai peut-être un jour…

    Allez, pour niveler un peu le niveau intellectuel amené par l’article lui-même et le commentaire de Présence, je vais sortir deux blagues carambars :
    – Dès Watchmen, pour les origines du Hibou, Alan Moore avait choisi une approche Hollis-tique.
    – Dans les années 2000, les djeuns choisiront plutôt une approche LOL-istique

  • Tornado  

    Merci beaucoup. La recherche des scans épisode par épisode m’a occupé pendant un bon bout de temps !
    Pour que l’article soit vraiment complet et limpide, il aurait fallu en plus un résumé des épisodes, et un plan du contenu de chaque tome. Mais ç’aurait été encore bien plus long. Alors je ne sais pas si j’ai bien fait de m’en tenir à cette « version courte »…

    Je suis tout à fait d’accord sur le fait qu’Alan Moore a fait la même chose avec From Hell (évoquer un thème sous tous ces aspects de manière exhaustive). Les deux oeuvres sont de la même époque.

  • Tornado  

    Ah pardon JP, j’ai écrit ma réponse à Présence en même temps que toi.
    Comme dit dans mon article, certains des personnages sont effectivement trop distants. C’est l’un des deux défauts majeurs de l’ensemble (avec le texte envahissant).

    La première fois que je l’ai lu, je me suis également arrêté en cours de route et il a fallu des années avant que je m’y remette depuis le début.
    J’ai alors décidé d’écrire un commentaire approfondi après la lecture de chaque tome, en faisant des recherches connexes sur des thèmes que je n’étais pas certain d’avoir maitrisé. Cet exercice exigeant m’a offert de multiples niveaux de lectures et j’ai ainsi embrassé la série de manière très approfondie. La récompense a été immense, puisque j’ai ainsi profité d’une belle partie de la profondeur de l’oeuvre !

  • Bruce  

    Remarquable ! Vertigineux ! Lors de la préparation du texte, je devais relire plusieurs fois pour m’assurer d’avoir tout compris. Comme tu le mentionnes, voilà une lecture qui se mérite et nécessite un temps de cerveau disponible important.

    Ma première réaction serait de dire que je ferais l’impasse dessus : de la magie, de l’ésotérisme, du mysticisme et, mon dieu, ces blocs de texte ! au secours !

    Je me demandais si je n’allais pas investir dans LA VO. Après t’avoir lu, je me rends compte que j’ai bien fait de m’abstenir. Et je suis sûr de n’être intéressé ni par Tom Strong, et encore moins Suprême dont j’avais laissé tombé la lecture au bout de 20 pages.

    Maintenant, en prenant du recul, je me dis que je tenterais bien une lecture en français. Après tout, Gaiman a réussi à m’emporter avec Sandman. Et je me rends compte que, comme tu le décris, certaines lectures doivent changer nos habitudes de lecteurs.

    Ainsi je me rappelle que la lecture de Filles Perdues, un ouvrage pornographique par Alan Moore, m’a demandé une semaine, alors que je lis une BD par jour….

    Donc, à votre contact, j’ai appris à ne plus dire jamais…..

    @ Présence « Dès lors, Moore réussit à incarner une figure à priori purement théorique : Si Promethea n’existe pas, alors Sophie Banks non plus, puisque toutes deux sont en définitive des personnages de papier. Ou bien le lecteur fait le choix que ce soit l’inverse ! Abolissant ainsi la frontière entre les degrés de rupture avec le réel, il invite le lecteur à partir aussi loin qu’il le désire dans le rêve, la magie et l’imaginaire : Promethea est l’incarnation d’une légende littéraire qui prend forme dès lors qu’on y croit… »

    Ce n’est pas la démarche de Morrison pour The Filth ou les Invisibles (  » The Setence is up ») ?

  • Jyrille  

    Et bien, c’est un magnifique article encore une fois. Je suis épaté par ta rigueur, Tornado, ainsi que par la somme de travail contenue ici ! Ton article mérite plusieurs lectures je pense, et tu as pointé du doigt certaines choses que je ne savais pas.

    J’ai lu un Tom Strong chez Panini qui semble être une fin de cycle ou un truc à part qui fait référence à de nombreux autres épisodes, je n’ai donc rien compris. Je ne me souviens pas du tout de ce crossover dont tu parles. Tu n’as pas non plus parlé des couvertures qui se relient pour former une image (c’est le scan « Regardez bien c’est de la bd ») ni de l’arbre de vie, qui vient de la Kabbale je crois. J’avoue ne pas avoir fait de recherches en lisant cette bd très difficile, je devrai je pense. Ainsi j’aurai une vision plus claire, telle celle que tu as eue. En fait tu me redonnes envie de la lire… J’essaierai de voir ce que j’ai loupé, notamment le travail de sagouin de Panini.

    Je suis d’accord pour dire que cela fait penser à From Hell, et également à Morrison qui utilise lui aussi l’arbre de vie dans The Filth il me semble. Tu as donc raison, Bruce, il y a un lien, puisque The Filth manipule les allégories et les métaphores. Et parle bien évidemment du 4ème mur.

    Il y a aussi de l’humour dans Promethea, ainsi qu’une apparition irrésistible de Moore sur la fin. Enfin, JH Williams III est un dessinateur fabuleux, j’ai acheté le premier Batwoman pour ses dessins mais l’histoire ne m’a pas pris plus que ça et j’ai laissé tombé la série, je fais peut-être une erreur.

    En tout cas, encore bravo et merci !

  • tornado  

    Merci, Cyrille. Promethea mérite quoiqu’il arrive au moins une seconde lecture. Ne serait-ce que pour les images !
    Le crossover avec Tom Strong et Tommorrow Stories se trouve dans l’avant dernier tome de Promethea. Et tout l’ensemble possède une conclusion dans le dernier tome de Tom Strong, inédit en VF (Panini ayant arrêté alors qu’il restait encore 2 tomes à sortir, plus 2 ou 3 tomes de spin-off)…

  • Lone Sloane  

    Un article passionnant, de son titre (hommage au bouquin de Gaarder?) à sa conclusion. Tu invites, avec enthousiasme, à se plonger dans cette oeuvre. Et le temps passé sur les scans offrent à tes lecteurs une récompense à la hauteur de ton investissement.
    L’allusion au travail de Jens Harder et la lecture, répétée, de ton article m’amène à l’idée que ces ouvrages ambitieux, réunissant une réflexion sur le fond et la forme, sont ce qui me motive à prendre un temps de lecture pour la BD, le comics ou le manga. Lecture aussi simulante, et plus viscérale peut-être, que celle que j’ai avec des romans ou des essais.
    Dans la série des auteurs capables de telles prouesse, je me suis offert la VF de Building stories de Chris Ware et je vous mets en lien l’impeccable article de du9, où j’ai à mon tour appris un mot intéressant pour la compréhension de la narration, intradiégétique.
    http://www.du9.org/chronique/building-stories/

    • tornado  

      Merci Lone Sloane.
      Oui, le titre est un hommage au bouquin de Jostein Gaarder !
      Je pense que je vois ce que tu veux dire lorsque tu parles d’une lecture plus viscérale que celle des romans.
      Merci pour le lien. Je le lirai quand j’aurais un peu plus de temps !

    • Jyrille  

      Bon, je l’attendais à Noël, je ne l’ai pas eu, je crois que je vais m’acheter Building Stories. Et en VF, ce sera moins fatigant et moins intimidant que ça ne l’est déjà. Très bon article sur du9 (parce que je ne comprends jamais les chros de Jessie Bi) qui m’apprend aussi ce terme, intradiégétique (et extradiégétique par la même occasion), merci Lone Sloane !

  • Bruce lit  

    « Parfum de femme » 6/6
    Et donc, comme c’est grasse mat’ demain, le teaser du samedi avec, euh….7 heure d’avance ?
    Pour les insomniaques, « Promothea » un divin dossier Tornado, où la preuve que Alan Moore n’a pas écrit que Watchmen, V for Vendetta, From Hell, Jack.B.Quick, League of Gentleman, Lost Girls, blablabla, Top 10 etc..

    La BO du soir / jour /WE et jour férié : Pour partir avec Promethea vers les mondes de l’imaginaire, on va rester avec du classique (et même du « un peu chiant ») :
    https://www.youtube.com/watch?v=UwhS0htex9Q

    Dans mon souvenir, l’article était plus long….:)
    Mais rien n’y fait, en relisant ton article avec attention et en retravaillant les scans de Williams, je reste trop impressionné par le chemins labyrinthiques de cette oeuvre aussi bien scénaristiquement et graphiquement. Je déclare forfait, tout à ma honte de ne pas être clairement au niveau.

    • Jyrille  

      Tu ne les as jamais lues, Bruce ?

      • Bruce lit  

        Non, comme dit dans les commentaires, je ne suis que très peu intéressé par l’ésotérisme et le mysticisme. Encore moins par la magie, la kabale, les tarots et la numérologie. Promothea semble cumuler tout ça et si j’ai bien lu l’article Tordandesque, il faut en plus se coltiner Tom Strong et du héros Pulp…Donc, non, vraiment sans façon…

  • Bobiw  

    J’aime venir apprendre avec vous, pas seulement car vos articles regorgent toujours de mot que je ne connais pas (ce qui me fait en apprendre toujours plus) ou traite de Comics que je ne li ou ne lirai pas sans vous, mais surtout car il es agréable de parcourir un de vos articles en reconnaissant le style de chacun sans même savoir qui la rédigé. Avec Tornado ce que j’aime plus particulièrement, c’est ca capacité a expliquer et désigner en simplicité des concepts qui paraisse compliqué. Et cela se prouve d’autant plus quand tu nous parle d’une oeuvre d’Alan Moore, adepte d’un certain élitisme ésotérique. Merci d’avoir opté pour une description linéaire de son récit, comme tu le souligne à la fin de ton article, cette oeuvre n’est pas faite pour tout le monde. Je suis donc bien content de connaitre son contenu et ses thèmes sans avoir a la lire, et ceci grâce a toi. Merci de nous donné ce qu’on cherche en venant vous lire, ça parait simple, mais c’est beaucoup.

    • Bruce lit  

      Salut Bobiw,
      Je ne le redirais jamais assez, notre salaire c’est votre plaisir (intellectuel hein…). Alors lorsque on nous rend ce genre d’hommage, ben forcément ouais, on est fiers de travailler jour et nuit….
      D’autant plus qu’avec Tornado, on se demande souvent si ce genre d’articles fleuves est susceptible d’attirer ou faire fuir ! Tu lui donnes raison Bobiw et j’en suis fort aise !

  • Tornado  

    Merci beaucoup. Les articles fleuves, c’est un peu mon pêché mignon. Je n’y peux rien, ils sortent de moi comme ça d’un coup et je ne peux pas les arrêter ! 😀
    Ainsi, parce que je me dis que ça fait chier tout le monde, ce genre de retour fait chaud au coeur. Merci, Bobiw. 😉

  • Bobiw  

    De rien ! Mais surtout n’hésite pas, tu connais surement l’adage qui dit qu’il faut d’abord écrire pour soit pour touché autrui. Si cela sort de toi d’un seul coup alors c’est déja le cas. 🙂

  • Bastien  

    Bonjour,
    Merci pour cet article très intéressant.
    Je m’étais essayé à cette lecture et malheureusement je n’ai pas réussi à dépasser le volume contenant l’initiation sexuelle.
    Beaucoup trop de texte à mon gout et surtout le découpage n’est malheureusement pas assez claire pour que la lecture soit fluide.
    Je penses m’y replonger car j’avais tout de même beaucoup apprécié les premiers tomes.
    Le conseil donné par Monsieur Tornado de ne lire ces tomes que lorsque vous êtes en forme et que vous êtes décidé à y passer du temps est vraiment nécessaire.
    Je penses que le fait d’avoir du lire le troisième tome dans la précipitation pour le rendre en temps et en heure à ma médiathèque a été ma pire erreur.

    En tout cas merci pour cet article très intéressant qui me donne envie de repartir chercher ces tomes à ma médiathèque.

    Bonne journée

  • Tornado  

    Bonjour Bastien et merci pour le petit mot.

    La série mériterait une bonne réédition digne de ce nom chez Urban Comics, avec celle de Tom Strong puisque, comme je l’ai dit dans l’article, c’est aussi là que le parcours de Prométhéa se termine !

  • Bruce lit  

    Jeremy Manesse vient d’annoncer sur son Twitter retravailler sur une traduction pour une réédition chez Urban…

    • Jyrille  

      Bon sang. Vais-je craquer alors que je les ai tous chez Panini ?

      • Bruce lit  

        Attendez que ça sorte hein…

      • matt  

        Mais c’est quoi ces gens qui ont déjà le truc et veulent tout racheter ?^^
        Je peux pas les lire moi ! Les versions Panini coutent un rein. Deux reins même.

        • Tornado  

          L’édition Panini est médiocre. Mal découpée. Je l’ai expliqué dans l’article.

          • Jyrille  

            Je trouve que comme pour FABLES, les marges de Panini aident tout de même la pagination et la lecture… Même si en grand format ce doit être mieux. Comme toi, je verrai lorsqu’ils sortiront. J’ai vu la réédition de LOLA CORDOVA : c’est du beau boulot sur papier glacé, c’est pour toi Tornado 😀

        • matt  

          Mais l’édition Urban risque d’être…en papier mat !!

          • Tornado  

            Non, TOM STRONG et TOP 10 sont en papier glacé. Et en format deluxe 🙂

  • Tornado  

    Cool. C’était inévitable, mais c’est bien de savoir que c’est programmé. Vais-je résister à la tentation de bazarder mon édition Panini…

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