Les Micronautes : Petits mais costauds !

Les Micronautes de Bill Mantlo et Mike Golden

Un article de DOOP O’MALLEY



Mike Golden réalisera des couvertures iconiques sur la série ! ©HASBRO

VO : Marvel

VF : Panini/Aredit

Introduction

Drôle d’histoire que celle des MICRONAUTES. Tout comme ROM, GI JOE ou TRANSFORMERS, le titre est une adaptation d’une ligne de jouets et/ou d’un dessin animé. Et comme le chevalier de l’espace, les droits de la série ont été gelés par HASBRO pendant près de 40 ans, jusqu’à ce que la situation se débloque il y a un peu plus d’un an.

Cette adaptation, on la doit à Bill Mantlo, scénariste de « fill-ins » tout juste débutant chez Marvel à l’époque. Son fils Adam a en effet reçu pour Noël 1977 tout un tas de figurines bizarres (les jouets MICRONAUTES produits par la compagnie MEGO) et Mantlo commence alors à imaginer tout un univers autour de celles-ci. Et il se demande, finalement, si cela ne ferait pas une bonne série de comics. C’est en tout cas ce que l’on pouvait lire dans le courrier des lecteurs de l’époque. Il fonce donc voir Jim Shooter, le patron de Marvel et quelques coups de fils et contrats plus tard, l’affaire est faite : la maison des idées va produire un comic-book MICRONAUTES. Précisons-le, on n’imagine pas le succès de ces jouets aux Etats-Unis, car elles ont été très peu diffusées en France. Ce fut un véritable carton de 1977 à 1981 avec plusieurs lignes différentes et des dizaines de figurines. Pour ma part, j’avais réussi à obtenir (je ne sais comment) un Golden Glider mais c’est tout. À l’époque, c’était plutôt LES MAITRES DE L’UNIVERS que l’on avait à profusion, tout du moins dans ma région.

Au départ, c’est le dessinateur (et assistant éditeur) Bob Hall qui est chargé de l’adaptation en dessins. Il propose même une splash page des MICRONAUTES en action ! Une version très technologique et mécanique qui n’aura absolument rien à voir avec la version définitive puisque, débordé, Hall se retire du projet. On propose ensuite le titre à George Perez, mais ce dernier n’a pas le temps. On confie finalement la série à un tout nouveau venu, qui n’avait dessiné que quelques épisodes chez Marvel et DC (dont Mister Miracle) : Michael Golden ! Et dès son arrivée, LES MICRONAUTES prennent une nouvelle dimension.

Les abominations de Karza ©HASBRO

Un début en fanfare

Les deux auteurs nous plongent immédiatement dans le Microvers, un monde subatomique dominé depuis 1000 ans par le tyrannique Baron Karza : un scientifique qui a promis à la population de Homeworld, sa planète natale, l’immortalité au prix d’une obéissance sans faille. Cette immortalité a toutefois un prix : Karza, aidé par une secte religieuse, utilise notamment les corps de rebelles et autres opposants pour remplacer les organes de ses fidèles sujets. Enfin, surtout ceux qui ont les moyens de se payer un nouveau corps. Les « donneurs » involontaires sont enfermés dans une prison : la banque des corps où Karza effectue aussi, à l’occasion, des expériences génétiques. Immédiatement, on reconnaît l’un des traits typiques des histoires de Bill Mantlo : une fascination pour les corps difformes et transformés, qu’il poussera beaucoup plus loin dans ALPHA FLIGHT. Il l’accompagne ici d’une certaine dénonciation sociale en représentant une société où ceux qui veulent se payer l’immortalité ont tous les droits. Les autres (les pauvres et les opposants) n’ont d’autre choix que de se soumettre, sous peine d’être arrêtés et internés dans la banque des corps avant que leurs organes ne servent à la régénération des riches et des puissants. Toute ressemblance avec Apokolips etc etc…

Et les aristocrates qui refusent d’entrer dans le rang, comme ces descendants des souverains de Homeworld, sont pourchassés et conduits aussi sec à la Banque des Corps.

C’est d’ailleurs une poursuite entre la princesse Mari, son frère le prince Argon et les Acroyears, la garde d’élite de Karza venue de la planète Spartak, qui ouvre le récit ! Durant ces années de règne, Karza a envahi et asservi un bon nombre d’autres planètes du Microvers et règne donc sans partage sur celles-ci. Spartak n’est que l’une d’entre elles : elle est dirigée par Shaitan, le spartan albinos, frère du véritable régent de la planète, qu’il a trahi sans ambigüité pour mettre le population spartanne sous son contrôle mental via les expériences de Karza. Ce frère, qui n’a pas de nom et qu’on appellera tout simplement Acroyear, se trouve emprisonné à la fameuse banque des corps en compagnie de Bug, un alien insectoïde. Mari réussit à s’échapper mais Argon est capturé. Les espoirs semblent vains.

Un évènement va toutefois tout changer : le retour du commandant Rann, le tout premier Micronaute, qui s’était envolé pour parcourir le Microvers pendant plus de 1000 ans en animation suspendue ! Par la force des choses, Rann a développé des pouvoirs télépathiques qui lui permettent d’avoir un lien fort avec son robot de compagnie, Biotron ainsi qu’avec une mystérieuse énergie cosmique : la Force Enigma. Cette dernière se manifeste sous la forme d’une entité assez mal définie, le Time Traveller, qui apparait au gré des évènements importants. Durant le voyage de Rann, les scientifiques de Homeworld ont malheureusement inventé les vaisseaux à vitesse de distorsion. De fait, n’importe quel vaisseau peut désormais traverser le microvers en quelques instants, ce qui a rendu la mission de Rann caduque. Et pourtant, Karza s’en méfie. Le Micronaute est en effet devenu une légende au fil des siècles. Ses parents, Dallan et Sepsis, qui ont été les premières victimes de Karza 1000 ans plus tôt sont même considérés désormais comme des déités révérées. Rann se retrouve donc en prison dès son arrivée et rejoint le prince Acroyear, Bug et les autres. Ils s’échappent, retrouvent Mari et forment donc les Micronautes ! Poursuivis par Shaitan et son armée, nos nouveaux aventuriers n’ont pas d’autre choix, pour s’échapper, que de briser le mur du Microvers, ce qui provoque leur arrivée sur Terre sous la forme de petits êtres de 10 centimètres de hauteur. La taille d’un jouet donc.

Rann et Mari avec un style typique de Golden ! ©HASBRO

Un premier arc…fantastique

Voici le résumé du premier épisode, qui est de fait une très bonne introduction à l’univers et qui est de plus très dense selon les standards actuels. Mantlo nous propose de découvrir ce nouveau monde via les yeux de Rann, qui joue, de par son décalage, le candide de service. Son histoire peut faire penser à celle d’un autre voyageur resté coincé des milliers d’années dans un vaisseau : Vance Astro des gardiens de la Galaxie. (Pour info, Vance Astrovik a été créé 8 ans plus tôt). Mantlo pioche un peu de partout dans l’univers de la science-fiction et des comic-books mais l’amalgame se fait plutôt bien. Et sa principale influence, c’est bien évidemment le film STAR WARS. Même si Mantlo s’en défend dans un courrier des lecteurs, MICRONAUTS a quand-même de très nombreux points communs avec la saga de George Lucas sortie elle aussi en 1977. Un héros un peu vintage, un prince et une princesse déshonorés par un tyran en armure noire de jais, deux robots (un grand et un petit) ainsi qu’une force mystérieuse : tout est coché pour plaire aux fans du film.

À la décharge de Mantlo toutefois, ces références très présentes dans le premier épisode vont rapidement évoluer et prendre une tournure bien différente de celle attendue. On peut penser que l’auteur a voulu, pour son premier récit, mettre toutes les chances de son côté en proposant aux lecteurs des archétypes connus, identifiés et qui fonctionnaient à merveille à l’époque. Il faut dire que MEGO ne proposait pas vraiment d’histoire pour accompagner ses figurines et que Mantlo avait donc le champ libre pour faire ce qu’il voulait de ses MICRONAUTES. Mais la compagnie de jouets avait quand-même quelques exigences : l’action devait pour la plupart du temps se passer sur Terre et les personnages devaient ressembler, tout du moins en taille, aux jouets. Ceci expliquant cela. Les Micronautes débarquent donc en Floride dès le deuxième épisode où, après de longs moments passés à éviter les soucis causés par leur taille (affronter un chien, une tondeuse) ils se lient avec la famille Coffin (Ray et son fils Steve). Le choix de la Floride est assez original, mais je pense que cela permettait à Mantlo et Golden d’avoir un peu plus de libertés qu’avec une histoire se déroulant à New York, où forcément ils seraient confrontés à des super-héros (on en reparlera d’ailleurs plus tard) ! Steve Gerber avait déjà utilisé cette idée de délocaliser l’action pour son MAN-THING, que l’on retrouvera dans un épisode futur. Une petite dizaine de numéros se déroule donc sur Terre, où les Micronautes, par l’intermédiaire des Coffin vont devoir affronter le directeur d’un laboratoire Phillip Prometheus Il s’agit d’un ancien astronaute dont une partie du corps a été reconstruit par des machines après un accident dans l’espace (en passant, une jolie inspiration pour le Cyborg de Marv Wolfman et George Perez juste l’année d’après). Prometheus fait des recherches sur le Microvers, pensant que cela pourra lui donner des pouvoirs divins et a même crée un puits lui permettant de franchir l’espace entre le monde microscopique et le nôtre. La bataille qui va s’en suivre va plonger Prometheus ainsi que Ray Coffin dans le puits et ainsi les projeter dans le Microvers. Ray est accueilli par le Time Traveller tandis que Prometheus tombe entre les mains de Karza, qui comprend rapidement qu’il y a un nouveau monde à conquérir. Karza entre-temps n’a pas chômé ! Il a non seulement renié Shaitan, qui n’a pas réussi à capturer les Micronautes et a libéré les spartans de son joug mental. Ce dernier est emprisonné. Karza a aussi conduit des expériences sur le prince Argon, fusionnant son corps avec celui de son cheval ! En utilisant l’enveloppe de Prometheus, Karza et son armée débarquent sur Terre. Il faudra toute l’énergie des Micronautes ainsi que l’appui de Ray Coffin transformé en Captain Univers (un super-héros investi de la Force Enigma) pour repousser le méchant. C’est la première apparition de ce super-héros pas comme les autres et il sert de deus ex machina dans le cadre de ce récit, puisqu’il peut quasiment tout faire !

C’est un procédé d’écriture dont Mantlo va user et abuser, comme on va le constater dans les épisodes qui suivent. Le Captain Univers réapparaitra de temps en temps dans l’univers Marvel, la Force Enigma donnant à des êtres humains des pouvoirs incroyables durant une durée de temps limitée et au gré des imaginations en berne des scénaristes. Tout le monde se rappelle d’ailleurs des épisodes de AMAZING SPIDER-MAN où ce dernier est confronté aux Sentinelles investi de la Force Enigma. Mais c’est une autre histoire. Karza a dans la bataille réussi à tuer Bug et à capturer Rann et Mari, qui sont désormais amants. Pour le coup, la romance que Mantlo a établi entre les deux personnages est assez lourde, à base de dialogues pompeux et de situations très cliché. Mais ce n’est, à priori, pas son point fort. On approche de l’épisode 11 et la bataille finale dans le Microvers va s’engager. Rann ayant disparu, c’est Acroyear qui va prendre le destin des Micronautes en main. Acroyear, c’est, on le sent assez vite, l’un des personnages favoris de Mantlo. En tout cas c’est celui qui est le plus développé et le plus mis en avant durant ces douze premiers numéros. Alors que Rann est à chaque fois en incapacité de faire quoi que ce soit, c’est Acroyear qui prend la situation en main et la règle ! On a d’ailleurs droit à un détour par Spartak où le héros retrouve sa femme Cilicia et son peuple désormais libéré…pile au moment où les forces de Karza attaquent. La situation semble critique, mais Mantlo nous propose encore une fois plusieurs résolutions impromptues dont il a le secret. Tout d’abord les forces rebelles ont fait exploser la banque des corps, menées par l’ingénieuse et intrépide Slug, ce qui a mis à terre une partie des troupes de Karza. Ensuite, Mantlo fait fusionner Acroyear avec sa propre planète (Spartak se révélant être une sorte d’ersatz d’Ego, la planète vivante crée par Lee et Kirby dans JOURNEY INTO MYSTERY ) qui attaque donc le Homeworld. Pour couronner le tout, on apprend que le Time Traveller n’est autre qu’une partie de la conscience du commandant Rann, devenu durant ses 1000 années d’hibernation le conduit de la force Enigma. Les différents Time Travellers qui apparaissent au fil des épisodes sont de fait des fragments de son esprit qui s’est déplacé à travers le temps (oui, cela n’a pas vraiment de sens). Avec tout ça, Karza est non seulement défait, mais tué à la fin de l’épisode 11 ! Le Microvers est enfin libéré du tyran !

Le combat final dans un style très DITKO! ©HASBRO

Le départ de Golden

Si toutes ces circonvolutions ne tombent pas du ciel (Mantlo avait quand-même préparé un peu le terrain avec l’histoire de Spartak et le Time Traveller ressemblait quand-même beaucoup au commandant Rann), elles sont néanmoins très abruptes. Comme si Mantlo se doutait que le dessinateur (et co-scénariste) Mike Golden allait partir à la fin de l’épisode 12 et qu’il voulait terminer son histoire avec lui. Le départ du dessinateur n’est malheureusement pas le fruit du hasard. Golden avait accepté de venir chez Marvel à la stricte condition qu’il n’aurait pas à dessiner de super-héros. Chose due dans les premiers épisodes, très orientés science-fiction et qui ne contiennent aucun personnage en collant. Malheureusement, le succès de la série a conduit Jim Shooter à l’intégrer dans l’univers Marvel. Cela a commencé avec l’apparition du Man-Thing puis de Captain Universe, un véritable super-héros. Ce qui est devenu un point d’achoppement impossible à régler.

Golden décide donc d’aller voir ailleurs puisque les intentions de Shooter et même de MEGO (qui veut voir les figurines interagir sur Terre) vont contre ses envies initiales. Pour preuve, on sent que le travail de Golden est, au fil des pages, de moins en moins inspiré. Il faut dire que ses dessins ont pris un sacré coup dans le nez lors du changement d’encreur autour de l’épisode 6. Joe Rubinstein, qui arrivait véritablement à mettre en valeur le travail et la finesse des dessins de Golden, est remplacé plutôt abruptement par ce gros tâchon d’Al Milgrom et la partie graphique baisse de facto en qualité. Golden pousse de moins en moins ses crayonnés, donne beaucoup moins dans ses compositions. Cette volonté de ramener les MICRONAUTES dans le giron des comics de super-héros, qui va contre les intentions initiales des auteurs, peut en partie expliquer pourquoi le récit passe petit à petit d’un véritable comic-book assez compliqué et au ton assez adulte à une série faite pour les jeunes lecteurs.

Mantlo lors de la première moitié de la série se permet même des dialogues assez incongrus comme lorsque Slug avoue au prince Argon qu’elle a planqué un pistolet laser dans une partie intime de son anatomie ! On peut aussi penser à cette fameuse banque des corps ainsi qu’aux difformités liées aux expérimentations génétiques, ce qui est assez audacieux mais ne plaît ni à Shooter, ni à Milgrom (qui est aussi l’éditeur du titre). Les éditeurs veulent du super-héros, pas une série de science-fiction qui lorgne vers les publications un peu indépendantes de l’époque. Le fait de remplacer Rubinstein par Milgrom n’est peut-être pas si anodin que ça en fait, même si c’est uniquement une spéculation de ma part. Cela permettait à l’éditeur d’avoir la main mise sur les planches des auteurs.

Quoiqu’il en soit, tout est réglé à la fin de l’épisode 11 et Golden et Mantlo préparent donc la transition du titre pour la suite dans le numéro 12, où l’on s’occupe plus des conséquences des premiers épisodes que du reste. Shaitan est tué par Acroyear, Rann doit s’habituer à la perte de sa puissance lors du départ de la Force Enigma et Argon devient le nouveau régent de Homeworld, avec Slug à ses côtés. Même si la fin est abrupte, on ne peut nier que les personnages ont tous été particulièrement bien développés, à l’exception peut-être de Biotron (toujours laissé dans un coin pour réparer le vaisseau) et de Microtron, qui a du mal à se débarrasser de son statut de R2D2 du pauvre. On a déjà parlé plus tôt des dessins de Golden, qui sont largement au niveau, voire au-dessus de ce que pouvaient produire Byrne ou Perez à l’époque. Même en 2025, les planches de Golden restent d’une modernité folle et il se démarque surtout par sa composition et son sens du détail. Golden réussit le parfait amalgame entre une modernité à la George Perez mais un certain côté psychédélique comme celui de Steve Ditko (qui dessinera deux annuals totalement indigents d’ailleurs). Preuve de l’apport de Golden aux histoires de Mantlo : dès que l’artiste quitte la série, les histoires deviennent de moins en moins intéressantes.

Sérieux ? L’Homme Plante ? Au moins les dessins de Broderick sont bons. ©HASBRO

Fin du premier omnibus

À partir de l’épisode 13, Mantlo semble en effet sans idées et ce n’est pas un Howard Chaykin débutant qui va pouvoir le seconder dans son intrigue. Après 2 épisodes pas très intéressants sur le retour de Bug (un personnage encore très agaçant), le groupe est de nouveau réuni et va affronter Psycho-Man, un ennemi des FF ; ce qui valide complètement la thèse de l’intégration des personnages dans l’univers Marvel. Mantlo invite donc le célèbre quatuor dans les pages des MICRONAUTES via le puits de Phillip Prometheus et l’aide du SHIELD, dont on va très vite reparler. Le groupe (auquel a été rajouté Cilicia, la femme d’Acroyear) revient encore une fois sur Terre et va y rester un temps interminable pour affronter, durant quelques épisodes assez médiocres, des vilains de seconde zone de l’univers Marvel comme l’Homme Plante, l’Homme Molécule, le Fixer et d’autres du genre.

On s’ennuie énormément et encore une fois, ce n’est pas l’encrage de Milgrom qui apporte une valeur ajoutée aux dessins faiblards de Chaykin. Heureusement, l’arrivée de Pat Broderick et d’Armando Gil à l’encrage va se corréler à une augmentation de la qualité des histoires. Mantlo a l’idée de raccourcir les aventures de ses personnages sur Terre en ajoutant une histoire secondaire de quelques pages à la fin de chaque épisode, TALES OF THE MICROVERSE (encore une fois un emprunt aux TALES OF ASGARD de Kirby et Lee) qui ne se consacre qu’à ce qui se passe dans l’univers subatomique. Cela lui permet de préparer l’intrigue qui sera développée dans les derniers épisodes du premier Omnibus. Et c’est nettement plus intéressant, avec le retour de Karza, qui possède le corps d’Argon et revient sur Terre pour tout défoncer. Avec l’appui du SHIELD et de ses agents, les Micronautes vont connaître de nombreuses pertes. Il faut dire que Karza a aussi pris les commandes de l’Hydra et qu’il est aussi épaulé par Shaitan, ressuscité ! Biotron, avec lequel Mantlo n’a jamais rien su proposer meurt et Spartak, la planète d’Acroyear, explose. En effet, lors du combat Rann est grièvement blessé et c’est encore une fois Acroyear qui va faire office de héros en sacrifiant sa planète entière pour défaire le sinistre Baron. Bien évidemment ses compatriotes ne vont pas apprécier cette action et vont désormais le considérer comme un traître, le reniant, comme sa femme Cilicia, à tout jamais. Ces quatre ou cinq derniers épisodes sont vraiment très réussis et redonnent, après un bon passage à vide, de l’espoir au lecteur.

On comprend alors que c’est le fait de rester sur Terre qui plombe les Micronautes, Mantlo ayant épuisé toutes ses idées concernant la taille réduite de ses héros. Il préfère nettement, comme il le dira dans un courrier des lecteurs à postériori, faire de la science-fiction.

Pour conclure, que reste-t-il de ce premier Omnibus ? 12 excellents épisodes qui tiennent encore largement la route, un ventre très très mou au beau milieu du volume et une fin qui promet un peu plus. La suite ? Elle sera à la hauteur puisqu’on pourra apprécier les premiers pas de Butch Guice mais aussi de Kelley Jones ! Tout un programme dont on vous reparlera, peut-être, sur Bruce Lit !

Les Micronautes par Broderick ! ©HASBRO


La BO du jour : Invitation au voyage

23 comments

  • Bruno. :)  

    … J’en ai eu un ! Tout jaune transparent, avec sa tête gris métallisé, nanti d’une sorte de pitit’ navette dont les ailerons pouvaient être remplacés par des skis, si je me souviens bien… Il faisait très exotique, au milieu de mes bonhommes de La Guerre Des Étoiles, mais l’échelle concordait.
    Je ne connais des Micronautes que l’affreux arc avec les X-Men ; autant dire que je n’ai jamais cherché à me renseigner, malgré la gueule franchement séduisante des couverture de Michael Golden, aperçues ça et là.
    C’est intéressant que Pat Broderick ait pris la relève : il y a effectivement une correspondance assez évidente entre le style des deux artistes : les rondeurs omniprésentes, ainsi que ces visages aux formes tourmentées. Bon point pour l’Editor, ça.
    Je suis d’accord sur l’incroyable maitrise de Michael Golden, pour l’époque : il est regrettable qu’on l’ait cantonné à ce genre d’adaptations, forcément corsetées -et Bill Mantlo n’a jamais fait dans la dentelle. Je suis longtemps demeuré sous le charme de l’épisode spécial de la série Star Wars qu’on lui a confié : au delà de la grande qualité graphique de son trait (et de ses tics, très personnels !), il a le chic pour représenter l’espace sidéral -et les vaisseaux qui le sillonnent- avec une esthétique remarquable, et très proche de ce qu’on pouvait (rarement, alors) voir sur le grand écran. M’étonne pas que la S.F. soit le genre de prédilection du monsieur : j’aurais probablement accueilli avec joie une série régulière transfigurée par ses crayons, pourvu qu’on s’éloigne un peu de l’ordinaire (vengeance, conflit, Etc…) pour se concentrer sur les possibilités bien plus larges d’extrapolation du genre.
    Merci pour les infos pertinentes ! Et notamment cet « embargo » des droits par Hasbro : je n’en comprends pas les raisons ?!

    • Doop  

      Merci pour le retour. Elle est très bien la mini X-Men /Micronauts ! Golden après, je trouvais que son dessin était de moins en moins bon.

      • Fletcher Arrowsmith  

        Guice sur XvsM côté dessin assure plus que bien. Impressionné par son niveau avec de très belles planches et surtout il croque magnifiquement les personnages féminins.

        Maintenant le scénario …. Comme annoncé entre nous si j’ai le temps j’en ferais un article assez court, sachant que cette mini se situe juste avant la fin de la série de Mantlo (entre l’avant dernier et le dernier épisode il me semble) donc techniquement on a le temps

        • Bruno. :)  

          Ben, Jackson Guice, je l’ai surtout connu via les débuts de X-factor, et j’avais trouvé ça franchement caca : dessin (la caractérisation des personnages…) et maitrise du médium (découpage, mise en scène, ETC…). Pas été séduit du tout.

          • Doop O'Malley  

            Jackson Guice a fait pourtant de très grandes choses : Resurrection Man chez DC, Ruse chez Crossgen, pas mal de Captain America de Brubaker, des Nouveaux Mutants, un Doc Strange à tomber ! C’est un dessinateur important pour moi !

          • Bruno. :)  

            Bon, alors je suis en train de découvrir Resurrection Man (épisode un, merci pour la liste) et, même si ça n’est pas jojo (à mes yeux à moi), c’est, en effet, sacrément mieux maitrisé que ce que je connais de lui, niveau storytelling et rendu général : très beau boulot. I stand corrected, comme disent les z’Anglishes.

  • Nikolavitch  

    « On regardait passer les bateaux
    On lisait du Bill Mantlo »… (air connu)

    • JP Nguyen  

      « Les Alix ou les Lefranc
      on faisait que passer d’vant

      On lisait des BD populaires
      Plus malignes qu’elles en avaient l’air

      Et quand la censure était tranquille
      On ne perdait que dix pages sur mille
      Sauf quand ils coupaient beaucoup plus… »

      Signé : Michel-Joe Naze, bluesman des vieilles VF

      • Bruno. :)  

        … Je vais me balader toute la semaine avec cette chanson dans la tête, maintenant ! C’est malin. :))

  • JB  

    Ah, souvenirs d’Artima (24 n° + un annual, mine de rien !)
    Mais même avec les… « inspirations » Star Wars (Bill Mantlo est malheureusement un peu connu pour ses récupérations, Barry Windsor-Smith en sait quelque chose), j’avais trouvé ces histoires assez sympathiques, bien que les passages sur Terre perdent en magie SF-Fantasy.
    Je lui préfère la série Micronauts: New Voyages, plus méditative et assez sombre (les héros luttent désespérément contre l’entropie qui condamne le Microverse à courte échéance. Un petit regret également sur le volume que Marvel a commencé à préparer avant de le jeter à la corbeille, The Lost Voyages, illustré par Cary « X-O Manowar » Nord.

    • Doop  

      j’en avais eu quelques uns des artima. mauvaise pioche, y avait l’anuual avec ditko

  • Sébastien Zaaf  

    Hello Doop et merci pour ce tour d’horizon complet. Jamais lu les Micro autres. J’ai quelque part la mini série avec les X-Men que je n’ai pas lu et dont Fletcher va parler bientôt. Tout cela donne envie mais comme souvent avec les omnibus, le prix est un frein … Je verrai éventuellement parce que la série m’intéresse bien. Déjà que JB m’a incité (sans le savoir) à acheter le premier omnibus GI Joe 😝 Et puis pour la suite Butch Guice et Kelley Jones ça fait saliver.

    • JB  

      J’ai déjà parlé de GI Joe, moi ?! (quoi que j’ai beaucoup aimé les séries de Larry Hama et les crossovers avec Transformers ^^)
      Niveau prix, les albums Artima, ça devrait valoir une bouchée de pain, non ?

      • Sébastien Zaaf  

        Tu avais mis l’omnibus dans tes coups de coeur 2024 je crois et c’est ce qui m’a donné envie. Les anthologies Vestron sont bien mais ce ne sont pas des intégrales. Les albums Artima je me méfie de la qualité d’édition en fait entre les coupes éventuelles et la colorisation italienne parfois douteuse… Une bouchée de pain je ne pense pas, il y a un vrai marché de la VF vintage. Parfois sur eBay, la VO vaut plus le coup en termes de prix surtout que les reliures Artima sont de mauvaise qualité avec le risque de feuilles volantes.

        • JB  

          Ce n’est pas faux pour Artima ! J’ai eu de la chance, je me suis acheté plusieurs lots complets de séries Micronauts à une époque ou c’était abordable (ainsi que les séries par Image, pas mal non plus). L’ère IDW serait celle où j’aurais le plus de lacunes, en fait.

    • Fletcher Arrowsmith  

      Jamais lu les Micro autres. J’ai quelque part la mini série avec les X-Men que je n’ai pas lu et dont Fletcher va parler bientôt oui j’ai compris 🙂

      Je vais le faire, promis.

      • Sébastien Zaaf  

        Ah non c’est pas du forcing 🤣🤣

  • Fletcher Arrowsmith  

    Merc Doop pour cette review avec ce qu’il faut d’anecdotes. C’est d’ailleurs ces dernières que j’ai trouvées les plus intéressantes.

    Aucune envie de lire cela. Déjà que je n’arrive pas à terminer le premier omnibus de ROM. Et pourtant j’aime l’écriture Bill Mantlo mais je crois que c’est en fait le principe qui est un peu naze. Maintenant avec TRANSFORMERS et GI JOE il y a pourtant eu de chouettes comics. Peut être que ces derniers assument complètement de se passer sur Terre. Alors que pour ROM et les MICRONAUTS c’est forcé et finalement pour de la SF, c’est trop terre à terre. Je fais la même remarque sur les scénarii de Bendis (ses GoG ignobles ou tout remettre à des ninjas ou des conversations autour d’un petit déj comme ses Avengers).

    C’est sympa de voir cela enfin édité à nouveau mais attention à la mauvaise nostalgie. Je pense que certains devrait mieux dépenser leur argent….

    • Doop O'Malley  

      Franchement, ça tient encore bien la route !

  • Ollieno  

    bon.. il me semble que je l’ai déjà dit…

    mais je n’ai jamais été fan de Micronauts…

    POurtant je me suis forcé .

    j’avais lu les aredit à leur sortie… j’ai les Micronauts Special Edition.. mais le redécoupage des épisodes fait que peut etre que … en tout cas je coince. .et même si j’ai pris plus de plaisir à lire le FS de micronauts 1 , que sa version SE … non, je n’ai pas accroché … (en plus les couleurs des SE sont BBBBBBeuark !!)

    – Et je trouve l’encrage de Rubinstein, trop pesant sur Golden .. .(tout comme sur Miller ou Cockrum .. les même tics au pinceau).

    Je te trouve méchant avec Chaykin, qui n’est plus débutant (ses premiers travaux publiés datent de 1971 dans Imagination, le Magazine réalisé avec le studio dans lequel il était .. Jeff Jones, Bernie Wrightson, Neal Adams, Mike Kalluta .. il ne manque que Walter Simonson ) ses premiers travaux DC et marvel datent de 1972 (Young Love et Fear).. .et il réalise Star Wars dés 1977 (c’est pour ca qu’il s’est retrouvé avec Micronauts dont il ne voulait pas.. il aurait préféré s’occuper de Dominic Fortune ..).

    J’attends l’arrivé en Epic (si les prix ne s’envolent pas trop) pour essayer de m’y remettre ….

    Enfin c’est surtout la seconde série , écrite par Peter Gillis qui m’intéresse ….(‘dont je n’ai lu aucun épisode de mémoire).

    • Doop O'Malley  

      Je vais y aller doucement sur la suite !

  • Présence  

    Hé bien, je suis très content de pouvoir replonger dans cette série, sans avoir à la lire. Je me souviens que j’avais acheté à parution, le tome 1 de l’édition Arédit/Artima… en juillet 1980 !

    Le Microvers : je me suis toujours demandé si c’était une invention de Bill Mantlo, ou si ça venait du concept des figurines.

    Karza, aidé par une secte religieuse : dans les emprunts ou influences que tu cites, on peut aussi évoquer Magus et son Église, qui ont été combattus pas Adam Warlock.

    Une fascination pour les corps difformes et transformés : intéressant et éclairant, je n’y avais jamais songé sous cet angle.

    Toute ressemblance avec Apokolips etc. : décidément, je n’avais pas pensé à ce rapprochement non plus.

    La Force Enigma […]
    Durant le voyage de Rann, les scientifiques de Homeworld ont malheureusement inventé les vaisseaux à vitesse de distorsion. Etc. – Autant de référence avec Captain Universe que j’allais énoncer… avant de lire qu’elles se trouvent déjà dans l’article. 😀

    Mantlo pioche un peu de partout dans l’univers de la science-fiction et des comic-books mais l’amalgame se fait plutôt bien : C’est aussi l’impression que j’en avais gardé.

    Slug avoue au prince Argon qu’elle a planqué un pistolet laser dans une partie intime de son anatomie : un épisode que je n’ai pas dû lire, ça me serait resté.

    Pat Broderick et d’Armando Gil : un beau tandem, avec ce qu’il fallait d’originalité graphique.

    Merci beaucoup pour ce voyage dans le passé, j’ai l’impression d’avoir rajeuni de quelques décennies.

    J’attends avec impatience l’article sur le deuxième omnibus, car j’avais lu les premiers épisodes dessinés par Butch, Guice, en VO cette fois.

    • Doop O'Malley  

      Merci beaucoup pour le retour. J’ai attaqué doucement le deuxième omnibus. Mais on revient sur un ventre mou !

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