Les Etats-Ennis : Interview Garth Ennis !!

The Dark Ennis Saga !

Propos recueillis et traduits par Bruce Tringale

Notre héros par Ed Illustratrice

Cette interview a une histoire un peu torturée. Elle mixe mes deux rencontres avec Garth Ennis le plus grand scénariste de comics actuel, détrônant même dans mon panthéon un Alan Moore totalement illisible depuis une bonne dizaine d’année !
La première partie a été publiée dans GEEK MAGAZINE en juillet 2023 pendant le Paris Fan où il était l’invité d’honneur et où mon entretien était centré sur la culture comics où il évolue depuis plus de trente ans.

La rencontre se passa comme un rêve et nous prîmes contact pour une deuxième interview pour le numéro 7 du journal BEST qui à ce jour, plus d’un an après, n’en finit pas de ne pas vouloir paraître.
Il y était question d’interroger Ennis sur sa culture rock omniprésente dans ses écrits.
Pour finir cette saison, je ne pouvais pas imaginer mieux que de vous offrir en exclusivité le montage de ces deux interviews avec en sus en médaillon quelques mots sur WOMEN IN WAR parue chez Komics Initiative qui avait patronné notre prise de contact !

Euh, par où commencer ?

Rencontrer en exclusivité Garth Ennis lors du dernier Paris Fan est un honneur et supplice. La liste des chefs d’œuvre commis par le turbulent irlandais est aussi longue que celle des victimes du Punisher qu’il présida pendant 10 ans et votre pauvre reporter est soumis à une tempête sous un crâne : si vous passiez 20 minutes avec le papa de Jesse Custer et Billy Butcher, de quoi lui parleriez-vous ?
Ennis est là, prêt à tout dire et tout raconter, souriant malgré le Covid qui le torture depuis la veille. Sûrement un coup de Vought America…

L’an dernier tu as été l’invité d’honneur au Paris Fan d’un pays que tu as souvent raillé, entouré de cosplay de super-héros ?
Garth Ennis (rires) : Well, c’était une convention de comics, on s’y habitue et c’est bien le signe de la prédominance des super-héros américains sur l’industrie de la bande dessinée. Ça m’exaspère mais je ne peux pas y faire y grand-chose.

Preacher, The Boys, Punisher mais aussi Jimmy’s Bastards, Hellblazer, The Pro, Judge Dredd, Battlefields, Crossed, Just a Pilgrim… Es-tu conscient de la consistance de ton œuvre ? Même Alan Moore a déclaré être impressionné par ton travail !
C’était très gratifiant de la part d’Alan Moore de parler ainsi de mon travail mais pour moi il est toujours le meilleur. Pour le reste, je ne suis pas très contemplatif de mon œuvre. Je peux même dire que je n’ai pas écrit d’histoires inoubliables depuis 3 ans. En 10 ou 15 ans, il y a même des trucs dont je ne suis pas fier, notamment ma reprise de The Shadow qui était une fausse bonne idée. Mais je reste très fier de ce que j’ai pu faire sur Preacher, Punisher, The Boys et aussi Crossed

Certainement le travail le plus malsain de toute la littérature ennisienne
© Black River Comics

Avec A Walk Through Hell, tu livres ton histoire la plus ambitieuse depuis Crossed justement !
Je suis d’accord avec toi. Je voulais donner l’impression de réaliser le film d’horreur le plus fauché qui soit avec ces 2 flics qui rentrent dans un entrepôt avant de raconter une de mes histoires les plus malsaines et tordues avec une femme badass comme j’en ai le secret (rires). L’agent Shaw a vécu une expérience terrifiante en découvrant le cadavre d’un enfant, elle est incapable de laisser son meurtrier s’en sortir. Le monde lui a déjà tout pris, elle est incapable de s’attacher à qui que ce soit et elle est prête à sa manière à traverser le scénario cauchemardesque que je lui ai préparé. C’est effectivement un de ces personnages féminins que j’aime écrire.

Parlons de super-héros. Tu les détestes toujours autant ?
Je déteste leur prédominance sur le marché. Tous ne sont pas stupides, il y en a même que j’aime bien mais à 99%, la manière dont ils sont écrits ne m’intéresse pas. Parfois ça marche avec des titres comme Watchmen ou Marshal Law.

Pourtant, même une raclure comme Hitman témoigne du respect pour Superman !
Ouais, même lui il n’y peut rien. On m’a souvent parlé de cet épisode. Pour Tommy, Superman incarne une personnification positive du rêve américain en opposition à la parodie du super-héros branleur que j’ai conçu pour lui.

Je t’aime, moi non plus
© DC Comics

Dans The Boys, tu es parfois capable de tendresse avec les supers-slips.
Tu me parles de l’arc The Innocents avec le groupe « Super-Pépère » ?  Ils ont été recalés de toutes les grandes équipes de super-héros. Ils n’ont ni de Spider-Man ni de Wolverine dans leurs rangs.  Ils sont pathétiques, si faibles, si infantiles que je n’avais pas envie de me moquer d’eux. Ils tentent de faire de leur mieux et j’ai fini par m’attacher à eux.

Puisque l’on parle de Super-Héros, mentionnons que Jesse Custer, le héros de Preacher en a quelques codes : il a le pouvoir, la responsabilité et il a été élevé par une grand-mère castratrice !
HumAvec Preacher je voulais écrire un Western moderne. Il a peut-être ses habilités surnaturelles mais il les utilise comme un as de la gâchette, pas comme un super-héros. Mon école, ce sont les Westerns pas les Super-Héros. On m’a dit parfois que Goddess évoquait La Saga du Phénix Noir, une histoire que je n’ai jamais vraiment lue. C’était superbement dessiné par Phil Winslade mais honnêtement mon script n’était pas terrible (rires).

Ton travail pour le Punisher équivaut à ce que Frank Miller a fait pour Daredevil. J’ai toujours rêvé de te voir écrire ce personnage.
Oh, j’adore tout le travail de Millersur Daredevil, j’adore Born Again, c’était brillant, il y avait aussi ce roman graphique avec Sienkiewicz….

Love and War !
Oui, splendide et puis tout leur travail sur Elektra Assassin. Daredevil a eu une somme de talents inimaginables sur sa série et je ne me sens pas capable de m’en occuper.

Si Ennis, pouvait écrire DD…
© Marvel Comics

Je suis très surpris !  Lorsqu’il apparait dans Le Punisher, c’est le seul super-héros que tu sembles respecter.
Tu sais la leçon que j’ai apprise en scénarisant Le Punisher, c’est qu’il n’y a pas mieux qu’un super-héros pour ruiner une bonne histoire. C’est pour cela que je me suis dirigé vers l’univers MAX afin de m’en débarrasser (une collection Marvel pour lecteurs matures –Nda). SI je voulais aborder des sujets de société ou politiques, je ne pouvais pas le faire avec des clowns costumés. Je n’ai fait qu’utiliser Nick Fury qui, débarrassé de son attirail super-héroïque, est l’incarnation idéale de la CIA.  Avec Frank Castle, ils forment le parfait tandem de soldats américains du XXème siècle.

Dans The Slavers, tu signes une histoire du Punisher bouleversante…
Oh merci, je l’aime beaucoup moi aussi. Il y’ a beaucoup de colère dans cette histoire. Ma femme m’avait fait lire un article de 3 pages sur le trafic d’êtres humains. J’étais horrifié, furieux et ce fut l’une des rares fois où j’aurais voulu que le Punisher existe dans le monde réel. Bien sûr que ce n’est pas possible, ça nous conduirait vers un processus dangereux mais, oui, j’ai aimé confronter la brutalité de Frank au professionnalisme de l’assistante sociale qui l’accompagne dans cette histoire.

Le Saint Of Killers (Preacher) et le Punisher ont pas mal de points communs.
Je vois ce que tu veux dire mais pour moi le Saint Of Killers incarne le vieux Ouest Américain quand Frank est un soldat discipliné qui cible ses victimes. Frank a un code très strict quand le Saint tue absolument tout le monde. Mais effectivement tous les deux ont perdu leurs familles et livrent une guerre sans fin.

Ennis sait écrire des moments bouleversants lorsque le Punisher réconforte à sa manière une mère endeuillée.
© Marvel Comics

Tu as lu les autres Punisher après toi ?
Je sais que Rick Remender a transformé le Punisher en Frankenstein mais ce n’est vraiment pas pour moi. J’ai beaucoup aimé le travail de Jason Aaron sur la série MAX. La nouvelle série, non je ne peux pas, c’est une commande Marvel pour disculper le personnage de toute accointance avec l’extrême droite américaine. C’est factice et ne m’intéresse pas beaucoup.

Tu as souvent été étiqueté comme le « Punk » des Comics. Tu apprécies ? 
Non, j’ai une vie relativement confortable que je n’ai pas l’intention d’abandonner. C’est une étiquette facile apposée par des paresseux poseurs. Quand j’entends le mot Punk, je pense immédiatement à la réplique de Richard Burton dans Quand les aigles attaquent : « Je vous considère comme une petite frappe et une frappe particulièrement minable »
J’apparais bientôt dans les Punks des Comics, une anthologie d’auteurs anglais qui ont influé sur les comics des années 80 et 90. Si j’avais su que le bouquin s’appellerait comme ça, j’aurais refusé d’y participer.

Pourtant tu commences ta carrière sur Judge Dredd, LE comics Punk !
Ouais, j’ai droit à cette association tout le temps. Je suppose que 2000 AD a eu un effet similaire, même s’il convient de noter qu’ils devaient avancer prudemment après l’arrêt, l’année précédente, d’Action, le prédécesseur de ce magazine, qui était beaucoup plus « trash ». Il y avait au départ une atmosphère anti-establishment, bien sûr, mais au moment où j’ai écrit pour eux (très mal), 2000 AD était devenu l’establishment de la BD britannique, une forme d’aristocratie.

Allons droit au but : Est-ce que tu aimes le rock et quels sont tes albums cultes ?
De manière aléatoire, je peux te citer Hendrix, les Beatles, quelques Stones, des morceaux de REM, des Pixies, James Taylor, Johnny Cash, Elvis, Tom Petty, Bowie.
Mais mon groupe préféré restera les Pogues. Mon concert préféré, c’était pour leur reformation il y a 15-20 ans. Ils étaient géniaux, on sentait qu’ils avaient encore la flamme, mais après la tournée ils n’ont rien sorti et se sont séparés. Dommage.

Dans Preacher, Arseface est un jeune paumé qui est défiguré après avoir essayé de se suicider comme Kurt Cobain.
Oui, mais en fait Arseface est inspiré de 2 crétins qui se sont suicidés après avoir écouté un disque de Judas Priest à l’envers. Sans déconner ! Un a réussi, l’autre s’est loupé mais en est sorti défiguré. Je me moque de ces personnes qui en viennent à se tuer après avoir cru devoir agir comme des héros de la contre-culture. Putain de Darwin Award !

Arseface devient un chanteur célèbre en massacrant Wonderwall d’Oasis…
C’était la chanson à la mode de l’époque et j’étais sûr que mes lecteurs la reconnaitraient même chantée par la bouche défigurée d’Arseface. C’est assez approprié pour lui, incroyablement catchy avec des paroles qui ne veulent rien dire.

Et après tout, tu es mon mur des merveilles…
© Vertigo
Toujours dans Preacher, tu ridiculises les Gothiques…
Je pense que j’en avais principalement contre les fans d’Anne Rice. J’apprécie The Cure, mais tu conviendras que le look gothique prête à parodie. Beaucoup ont pensé que je me foutais de Sandman et de ses lecteurs souvent gothiques. C’était en partie vrai et mon dessinateur Steve Dillon n’a rien arrangé en donnant les traits de Neil Gaiman à un personnage. Mais j’apprécie beaucoup Sandman, notamment les histoires avec la convention des tueurs en série, l’arc autour de la clé des enfers et l’homme qui ne voulait pas mourir.

Jesse Custer prend en stop un Elvis vieillissant à la fin de Preacher
Oui, je te l’ai dit, j’aime Elvis. Une grande partie de sa musique est phénoménale.
Je me suis rendu aux Studios Sun à Memphis où j’ai ressenti de manière palpable ses vibrations musicales. J’ai aussi visité Graceland alors j’ai aussi tâté de tout le grotesque et de l’indigence du personnage. Dans Preacher, j’ai aimé mettre en scène Elvis comme un vieux sentimental nostalgique, un fantôme américain errant sur les autoroutes pour l’éternité.

Jesse Custer confesse Elvis dans le dernier arc de PREACHER
© Vertigo

L’ami invisible de Jesse Custer, c’est John Wayne !
Ouais, chaque génération sait les conneries qu’il a pu débiter en interview. Mais pour moi, il est avant tout Marion Morrison, le mec qui jouait John Wayne dans ses films. Le vrai John Wayne n’a jamais existé, c’était un mythe américain moderne, une légende vivante de l’époque.
Je précise que le John Wayne que j’aime, c’est celui d’une demi-douzaine de films. Les autres sont fastidieux et répétitifs. Mais j’adore La Chevauchée Fantastique, Le Dernier des Géants, les Cowboys, Iwo Jima et Cent Dollars pour un Shérif. Je le trouve super également dans Le jour le plus long. La prisonnière du désert est furieusement inconsistant et La rivière rouge aurait pu faire un film incroyable si la fin n’avait pas été foirée.

Dans tes œuvres récentes tu dissertes beaucoup sur le phénomène Woke et l’extrême droite.
Lorsque la Droite ajoute de la pathologie mentale à son répertoire habituel d’égoïsme et de cruauté, la Gauche décide de lui répondre sur le terrain de la morale et de la vertu principalement sur les réseaux sociaux. La Droite a le pouvoir politique, la Gauche maitrise Twitter. Qui l’emporte ? 
Ici, aux USA, tous ces trous-du-cul parviennent à peine à être contenus mais il y a ce sentiment qu’ils se fraient leur chemin jusqu’au sommet.
L’emploi du mot Woke est une diversion incroyablement stupide sur des sujets réellement préoccupants. Il arme la Droite d’un bâton bien commode pour frapper la Gauche avec ce que les gens veulent entendre.
Quant à la Gauche, elle a souvent adopté le politiquement correct tout aussi pompeux et arrogant, une arme qui a fini par se retourner contre elle. Ils n’en ont pas marre de perdre les mecs de Gauche ? J’aimerais les voir gagner mais je crois qu’ils n’apprendront jamais de leurs erreurs.

Mon pied, tes couilles : les présentations sont faites !
© Image Comics

Tu écris toujours des femmes fortes et résilientes. Te sens-tu féministe ?
Je ne me revendique pas féministe, je ne crois pas avoir le droit de le faire, car aucun homme n’a traversé toutes les merdes indescriptibles que les femmes ont connues.
Bien sûr, je souscris à la majorité des principes féministes et aimerais les voir réalisés tout autant que je méprise cette étrange et putassière campagne de la Droite contre les Droits des femmes. Il n’y a aucune chance qu’ils abandonnent tous leurs clichés machistes sur l’endurance et le stoïcisme féminin.
C’est vrai que j’écris des femmes fortes. La plupart que j’ai connues dans mon enfance étaient très autonomes tout comme ma femme et ses amies aujourd’hui. J’ai eu la chance de grandir au moment où des personnages d’action au féminin sont apparues dans les comics.

Au fait, merci pour cet adorable clin d’œil à Uderzo dans The Boys !
De rien ! J’ai toujours été un fan absolu d’Asterix. A chaque fois que je lis mon édition anglaise, je ne peux m’empêcher de corriger la bourde de traduction : Non, il n’y a pas 3 mais bien 4 garnisons autour du petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur !


Tout au bout de mes rêves, où la raison s’achève…


Garth Ennis : BATTLEFIELDS / FEMMES EN GUERRE – Komics Initiative –

La bibliographie de Garth Ennis est titanesque mais il serait criminel de passer à côté de ses récits de guerre dans lesquels le scénariste s’est spécialisé en marge de ses histoires d’anti super-héros.
Ennis entre ses WAR STORIES, BATTLEFIELDS ou des histoires annexes dans THE BOYS, PUNISHER ou PREACHER fait montre d’un savoir encyclopédique sur les grandes guerres du XXème aussi documenté que dans des livres d’histoires.
En refusant le manichéisme, Ennis se sert de ses histoires de guerre pour plonger au cœur de la nature humaine lorsque celle-ci devient folle. Il montre de manière impitoyable tous les dysfonctionnements hiérarchiques et matériels qui entraînent le gaspillage de vies humaines en temps de conflit.
Dans ce volume de BATTLEFIELDS jusqu’ici inédit en VF, il suit le destin d’une infirmière devenue tueuse en série dans un hôpital suite à son viol par l’armée japonaise.
Puis celui d’Anna Karkhova inspiré de la fameuse Nadia Popova, la célèbre pilote de chasse russe multi-décorée surnommée La sorcière de la nuit par les soldats allemands.
2 récits de guerre écrits au féminin magistraux d’une rare intensité dramatique et psychologique mis en beauté par les éditions Komiks Initiative.


44 comments

  • Jyrille  

    Excellentes interviews qui me confortent dans l’idée que je me fais de Ennis : je suis tellement d’accord avec lui sur tellement de points, y compris la réduction du sens des mots, que ce soit woke ou punk. Seule faute de goût, ta citation de JJG 😁

    Je me souviens très bien de ces types qui ont écouté Judas Priest et ont inspiré Arseface, tout comme je suis d’accord pour La prisonnière du désert et ses analyses politiques. Il n’y a que sur The Pogues que je n’ai jamais accroché. Merci en tout cas, tout fait plaisir ici.

    Bonnes vacances d’été (?) à tout le monde et à bientôt !

    Pas de BO ?

    • Jyrille  

      Ah et comme toujours, je l’oublie : très chouette dessin d’Ed, un peu flou, un peu brut, j’aime beaucoup.

    • CritiKomics  

      Quelle chance de pouvoir discuter avec Ennis 🙂 je l’ai aussi rencontré pendant le PFF. Personne dans la file d’attente car il avait le covid, j’ai même pas eu peur et j’en ai profité.
      Merci pour cette interview.
      Ennis est et restera pour moi le meilleur !

    • Bruce lit  

      La BO ? Wonderwall bien entendu 😉
      J’assume totalement ma citation JJG car ses ses chansons ont forgé mon ADN : A coups de livres, je franchirai tous ces murs.

  • JB  

    Merci pour cet interview.
    Je trouve intéressant dans la filmo citée de John Wayne qu’il y ait 3 films où Wayne (puisque Garth Ennis en parle comme d’un personnage fictif) meurt et un 4e où sa mort est envisagée et préparée.
    Il y a aussi une certaine ironie concernant la distance que prend Ennis avec le « fandom » : finalement, il a ramené le Punisher sur le devant de la scène et sa popularité moderne lui doit tout. De plus, l’adaptation de The Boys doit sans aucun doute inspirer des cosplayers ^^

    Je crois que le diptyque A Walk through Hell / Marjorie Finnegan est mon travail préféré de l’auteur, d’une part parce qu’il s’écarte de ce qu’il peut écrire les yeux fermés (les récits de guerre) pour aller sur des genres assez éloignés de ses habitudes. On y retrouve également des exemples parfaits de personnages féminins forts qu’il affectionne sans en faire des modèles de vertu. Et malgré le côté délirant de Marjorie Finnegan, on y retrouve des moments de sincérité émouvants, ce qui n’est pas rien lorsque l’un implique un raptor intelligent et qu’un autre se déroule durant le siège du Capitole par les supporters de Trump !

    • Bruce lit  

      Je suis d’accord : ce dyptique est particulièrement ambitieux et prouve qu’Ennis sait évoluer dans son écriture.

  • Doop O'Malley  

    Parfait pour finir une année !

    • Bruce lit  

      Je suis très fier de cette fin de saison et de ses interviews.

  • Ludovic  

    Belle fin de saison et belle interview du grand Garth Ennis, fidèle et cohérente avec ce qu’on peut deviner du bonhomme en lisant son œuvre !

    Comme il casse LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT, c’est couillu, cela dit, c’est un film que j’ai mis beaucoup de temps à apprécier !

    Bravo Bruce pour cet article et pour toute cette saison 2023/2024 de ton blog !

    • Bruce lit  

      Les westerns sont les grands absents des plateformes numériques. Il y a une palanquée que je veux revoir dont ceux cités par Ennis.
      Et les westerns sont les bienvenus pour la prochaine saison.
      Bravo à toi aussi Ludovic

      • Tornado  

        Mon double article sur Leone est toujours en cours de finalisation…

        • Bruce lit  

          Voilà qui est plaisant à lire

  • Michel  

    Ouha, c’est la grande classe ! C’est du gros gibier Loulou ! Tu m’impressionnes !

  • Fletcher Arrowsmith  

    Hello.

    Je vais retenir les références musicales de Garth Ennis. Aucune fausse note de mon côté. Et ouais les POGUES.

    Pour le reste je connais trop peu son oeuvre. Je pense que je suis bientôt près à enfin m’attaquer à PREACHER mais les éditions d’Urban ne me donne pas trop envie (gros pavé cartonné, lourd). Peut être aussi son PUNISHER, mais je crois qu’au fond de moi je n’aime pas ce personnage. Etrangement c’est le dessin de feu Steve Dillon qui m’attire.

    Pour l’itw, comme pour celle de Chichester, l’érudition de l’interviewer fait pour beaucoup. Tu maitrises ton sujet Bruce, ce qui rend l’itw réellement passionnante, même pour un néophyte comme moi.

    Néanmoins je n’ai pas apprécié le passage « woke ». C’est un mot que je déteste, qui ne représente rien. Je ne comprends donc pas qu’on l’emploie. La réponse de Ennis est intéressante. Je n’y souscris pas complètement mais elle a le mérite de proposer une vrai réflexion sur un spectre politique élargie même si cela reste un peu simple car le problème c’est que ce n’est pas que de la politique, c’est surtout sociétal. La période trouble que nous visons actuellement le montre bien.

    Merci à Garth Ennis de défendre les femmes comme il le fait (à priori ayant encore une fois peu lu). Sa réponse me fait croire en l’être humain, même si j’aimerais aussi voir, lire autre chose que des « femmes fortes ».

    Superbe saison again. Vivement la prochaine.

    Repose toi, profite de ta famille et de tes proches

    BIG KISS à Ed (encore une fois quel dessin), l’ensemble des chroniqueurs et surtout toutes nos lectrices et lecteurs qui postent ou non.

    • Bruce lit  

      Je partage totalement l’analyse politique de Garth Ennis.

  • Tornado  

    Non mais qu’est-ce que c’est que cette ITW deux fois trop courte ???

    Une âme sœur ! Ennis est une âme sœur ! J’en étais sûr !!!
    J’ai bu ses réponses du début à la fin. Et à part de rares exceptions (LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT), on est exactement sur la même planète. Je suis tellement fier d’être en totale adéquation avec celui qui est aujourd’hui pour moi le plus grand (en activité).
    Étonné qu’il n’ait pas cité RIO BRAVO dans les John Wayne (j’imagine qu’il l’a fait exprès mais du coup on ne sait pas pourquoi, probablement parce qu’il est trop manichéen ?).
    J’aurais aimé des échanges sur le choix de ses dessinateurs que j’ai souvent trouvés indignes de son talent et parce que je le soupçonne de travailler avant tout avec ses potes au détriment du résultat. Notamment avec Dillon, dont la mort prématurée a certainement dû l’affecter.

    • Bruce lit  

      Quatre pages pour la presse écrite, c’est la taille d’un dossier 😉
      Je déplore juste d’avoir attendue si longtemps pour que BEST agonise dans sa formule papier. Voilà qui n’est pas très sérieux quand on s’engage // d’un artiste.

      • Tornado  

        Mes points de désaccord avec Ennis sont plutôt maigres. Outre LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT on a les Pixies, que je n’aime pas du tout, et le PUNISHER de Remender, qu’à mon avis il n’a même pas lu, et du coup il n’a pas noté que le dernier arc était non seulement un hommage à son propre travail, mais en plus était à la hauteur…
        On aurait pu le questionner sur Remender d’ailleurs, qui le cite plus qu’à son tour.
        Et vraiment, si j’avais l’occasion de discuter avec lui, je lui demanderais pourquoi il s’entoure si souvent des mêmes dessinateurs que je trouve si médiocres.
        On sent que, même s’il a une culture rock, elle est plutôt limitée. Si on m’avait posé la même question, j’aurais répondu de manière bien plus dense ! Mais en même temps, ça se comprend tellement ! Car j’imagine que pour arriver à un tel niveau de génie, le mec bosse comme un dingue, et qu’il n’a pas toujours le temps de kiffer autre chose… À ce niveau, à mon avis, c’est 8 à 10 heures de taf par jour. C’est un boulot de passionné qui ne laisse guère la place à autre chose.

        • Bruce lit  

          Je note quand même que tu n’as pas relevé la saillie contre les punks.
          Je pense qu’Ennis n’a pas besoin d’écouter beaucoup de rock. Il EST rock.

          • Tornado  

            Quand je dis que c’est une âme soeur, je mets le rapport au punk dedans…
            Et oui, bien sûr qu’il est rock. C’est une culture. J’ajoute que je suis comme lui fan absolu des Pogues. A PAIR OF BROWN EYES est pour moi l’une des plus belles chansons de tous les temps et RUM SODOMY & THE LASH l’un des grands albums de l’histoire du rock.

  • JP Nguyen  

    Ce que j’ai le plus relu de Ennis, ce doit être son Punisher Max.
    Je ne l’ai pas trop suivi ces dernières années.
    Beau travail que ces 2 interviews fusionnées, même si on voit un peu la couture.
    Mais quelles idoles te-reste-t-il à rencontrer, Bruce ? (Si tu réponds Toriyama, ne te presse pas de le faire)

    • Bruce lit  

      J’adorais déjà Garth Ennis avec PREACHER. Je le vénère depuis son PUNISHER qui est à mes yeux la plus grande vision d’auteur sur un personnage Marvel avec le DD de Miller. D’où ma question dans l’itw. ET tu n’y es pas étranger JP puisque ce sont tes avis qui m’ont dirigé vers PUNISHER MAX, donc merci.
      Mes idoles inassouvies ? Frank Miller bien attendu et BWS. David Mazzucchelli aussi.
      Et puis reste tout le gratin rock…

  • Présence  

    Ah ouais, respect pour cette interview combinée, mais… si je t’ai bien reconnu sur la photographie, c’est qui le monsieur à coté de toi ? 😀

    Une interview où l’on sent une véritable communion entre intervieweur et interviewé.

    Et du coup, Ennis a-t-il su te convaincre ?
    Quand il dit que Nick Fury, débarrassé de son attirail super-héroïque, est l’incarnation idéale de la CIA.

    • Bruce lit  

      J’ai 10 000 questions de plus à poser à ENnis ainsi qu’un projet de livre avec lui que j’aurais tellement voulu voir aboutir.
      Malheureusement le fiasco de Best ne va pas me rendre crédible et j’ai un peu la haine.

  • zen arcade  

    Chouette interview d’un scénariste qui fait partie depuis longtemps de mes préférés et dont l’écriture s’est affirmée et a maturé avec les ans. Là où d’autres qui faisaient flèche de tout bois à une époque sont depuis rentrés dans le rang, Ennis parvient à maintenir le cap et à continuer de produire des oeuvres qui enrichissent l’importance de son oeuvre..
    Il veillit bien et son oeuvre vieillit bien avec lui.
    Je le verrais plus comme un vieux blesman à la fois teigneux et profondément humain que comme un rocker. De toute façon, les rockers ça vieillit mal.

    Sinon oui, Rum, sodomy and the lash, c’est un putain de très très grand album.

    • Bruce lit  

      Merci pour ta participation active aux commentaires Zen Arcade.
      A quels rockers penses-tu ?
      Je trouve pour ma part que le rock a donné naissance à un style de vie et que désormais, nos héros montrent comment se diriger vers la fin avec dignité et énergie. Oui, il est encore possible de sortir des bons disques et de faire le zouave à plus de 80 ans passés ! C’est une leçon de vie incroyable par rapport à notre génération où, rappelez-vous, on était bons pour la poubelle déjà à 50 ans.
      Nick MAson, Iggy, Alice, Bowie, Leonard COhen, Neil Young, Mac Cartney, Burnel, Jagger bien sûr montrent que la génération rock sait vieillir et mûrir avant de mourir. C’est quelque chose qui m’inspire beaucoup ce vivre vite, mourir vieux.

      • zen arcade  

        Merci pour tes remercements, ce fut un plaisir de commenter nombreux des articles publiés cette saison. J’ai hâte de découvrir ceux de la saison prochaine.

        A quels rockers je pense ?
        A peu près tous. Je parle artistiquement bien entendu. Selon moi, la plupart des artistes de rock n’ajoutent plus rien ni d’essentiel ni même de notable à ce qu’ils ont apporté dans leur meilleures années.
        C’est sans doute le style qui veut ça. Ce n’est pas pareil dans le jazz ou le classique par exemple, où de nombreux artistes continuent à innover, à explorer, à inventer, à se renouveler, à produire de grandes oeuvres même dans leur grand âge.
        Franchement si je prends Jagger que tu cites, tu trouves que les Rolling Stones ont ajouté quelque chose d’essentiel à leur discographie depuis preque 50 ans? A la grosse louche les Rolling Stones depuis 1975, ça a quoi d’intéressant ?
        C’est quoi aujourd’hui les Rolling Stones? Des nouveaux disques dont tout le monde se contrefout à raison et des concerts où le public ne veut entendre que les vieilles rengaines. C’est pour moi la définition parfaite du groupe artistiquement mort.
        Sinon, des gens comme Leonard Cohen que tu cites également restent très grands avec l’âge, évidemment, mais je ne les classe pas dans la case rockers.
        Franchement, le rock, pour moi, c’est pas un truc de vieux.

        • Bruce lit  

          C’est sans doute le style qui veut ça. Ce n’est pas pareil dans le jazz ou le classique par exemple Le beotien en moi a peine à croire que le jazz soit toujours plus innovant que le rock, mais soit. Cette musique ne m’intéressera jamais, j’en ai encore eu la preuve la semaine dernière, enfermé dans un car à écouter la playlist de mon chauffeur pendant des heures. Un cauchemar absolu.
          Je pense que notre approche reste sensiblement différente : lorsque j’aime un artiste, je l’aime sensiblement, je prends plaisir à le voir vieillir, écouter sa voix, le voir évoluer. Je n’attends pas qu’il révolutionne la musique et le rock encore moins. Ce mouvement ne peut plus évoluer de toute manière dans sa forme scabreuse et outrancière. Les rockers aujourd’hui ce sont les politiciens qui multiplient les provocations, les scandales et les outrances. Trump en celà est la rockstar de la politique comme Berlusconi ou Sarko avant lui.
          Seul m’importe désormais le plaisir d’écouter de bonnes chansons et je rejoins ce que je disais ce matin : en vieillissant, le monde parait plus petit, les plaisirs plus simples à atteindre.

          • zen arcade  

            J’ai l’impression inverse. Plus je vieillis et plus le monde me parait grand. Plus son extrême diversité me saute aux yeux. Plus l’envie de découvrir de nouvelles choses me semble précieuse.
            C’est ça qui continue à me passionner dans les productions artistiques (musicales ou autres).
            Les Rolling Stones qui sortent un nouvel album dont tout le monde se contrefout et qui servent la soupe en concert à ceux qui ne veulent rien entendre d’autre que ce qu’ils ont déjà fait des milliers de fois en mieux, ça ne m’a jamais intéressé et ça ne m’intéressera jamais. Le Jagger vieux tel qu’il est, tant mieux s’il continue à prendre son pied mais j’en ai vraiment rien à foutre.
            Ma plus grande est allée voir les Pixies en concert l’année dernière et elle m’a demandé si je voulais l’accompagner, sachant que le fait de ne jamais avoir vu les Pixies sur scène étair sans doute mon plus grand regret en matière de rock. Je lui ai dit non parce que ça ne m’intéresse pas de les voir jouer aujourd’hui leurs vieux morceaux moins bien qu’il y a 30 ou 35 ans.
            En règle générale, si je n’ai pas l’impression de découvrir quelque chose que je ne connaissais pas auparavant, je m’emmerde rapidement.

            Sur un plan sociologico-politique, le rock m’intéresse sous sa forme d’alternatives possibles aux formes d’expression majoritaires. Ca peut passer par des formes scabreuses ou outrancières mais cette attitude n’en est au mieux que l’écume.
            Trump ou Berlusconi, ça n’a absolument rien de rock pour moi..C’en est même l’antithèse. C’est la brutalité du pouvoir dans sa forme la plus vulgaire. Quand les Smiths chantent « It’s easy to laugh, it’s so easy to hate, it takes strength to be gentle and kind », c’est bien plus rock que la brutalité de Trump.

          • Bruce lit  

            It’s easy to laugh, it’s so easy to hate, it takes strength to be gentle and kind »
            C’est une citation de James Dean que Morissey a reprise à son compte 😉

          • zen arcade  

            Ah ben, je ne savais pas. Merci pour l’info.
            Tout est dans tout. 😉

          • Jyrille  

            Ah tiens je ne savais pas non plus pour cette citation. Merci.

  • Kaori  

    Très chouette article et interview qui me donne envie de lire du Ennis…
    Il va falloir que je me penche là-dessus pour faire un tri sur que je peux lire ou pas…

    Tornado tes questions sur les dessinateurs médiocres pourraient être blessantes, même si je partage ton point de vue 😉 .

    En tout cas, le Bonhomme a l’air sympathique, ses propos m’ont plu, et contrairement à JP, je n’ai pas senti la césure dans l’article.
    Désolée pour le fiasco de Best, même si je n’ai pas saisi ce qui se passe. Je pense qu’Ennis saura faire la part des choses entre le magazine et l’interviewer ! Ne perd pas espoir !

    Beau portrait de Ed et photo très rock de Ennis avec Bruce, très classe !

    Donc c’est le dernier article de la saison ?

    Bon boulot les copains pour cette saison, bon repos à venir et bonnes vacances à tous !

    Kao’

    • Tornado  

      Oui mais non 😅 On ne lui dirait pas comme ça !
      J’imagine :
      « On t’a souvent vu travailler avec les mêmes artistes. C’est parce que tu préfères travailler avec des copains ? Parce qu’on te les impose ou tout simplement parce que tu estimes que ce sont les meilleurs ? »
      Et là, s’il botte en touche du genre « tout ça à la fois », on peut rentrer un peu plus dans le vif :
      « Mais vraiment, tu préfères travailler avec des potes même si tu a l’opportunité d’avoir des dessinateurs encore plus doués qui ramèneront encore plus de lecteurs ? »
      Là on devrait avoir une réponse peut-être plus précise.

    • Bruce lit  

      Hello Kao’
      Le destin de BEST est celui de la presse écrite si ce n’est que les féés qui se sont penchées sur son berceau sont des losers qui ont pété plus haut que leurs culs cocaïnés.
      Ce n’est pas un échec, juste une leçon et suis un bon apprenant. Il en faut bien plus pour me décourager.
      Pour Garth Ennis, je doute que ses bouquins puissent te toucher.

  • Eddy Vanleffe  

    Boulot brillant et empli d’admiration et de respect pour un auteur que tu vas chercher forcément sur les questions qui te tarabustent.
    Je partage son analyse politique assez rigolarde.
    mais ses réponses que je n’ai pas d’affinités avec son œuvre.. (Wayne, Elvis, the POgues tout ça c’est tellement éloigné de mon univers…)

    • Tornado  

      John Wayne : mon acteur préféré (et de loin, à égalité avec DeFunès) quand j’étais gamin. On regardait « un John Wayne » comme on regardait « un Louis de Funès » ou « un Hitchcock ».
      Elvis : Un de mes chanteurs préférés quand j’étais gamin aussi (avec Gainsbourg !). J’adorerais faire comme Ennis, aller visiter Graceland mais surtout les studios de Memphis. L’album From Elvis in Memphis est un chef d’oeuvre (surtout dans sa version avec bonus). Y a Jerry Scheff à la basse. Un des plus grands bassistes de rock ever (il joue aussi avec les Doors à la même époque)
      Les Pogues : Toute l’Irlande en rock. C’est magique. Magnifique. Exceptionnel. Transcendental. Je ne comprends même pas qu’on ne puisse pas aimer quand on aime le rock et/ou l’Irlande.

      Une âme soeur je vous dis…

      • Fletcher Arrowsmith  

        Comme Eddy, pas fan de John Wayne non plus, limite un repoussoir pour l’Amérique qu’il incarne.

        • JB  

          Pour le coup, John Wayne a pas mal incarné une époque mourante et/révolue (Les Cowboys, Le Dernier des Géants, L’homme qui tua Liberty Valance, La Prisonnière du désert)

          • Nikolavitch  

            Liberty Valance, je trouve dommage qu’Ennis l’ait pas cité, ouais.

          • JB  

            Avec le surnom « Pilgrim » que donne « Wayne » à Jessie dans Preacher, j’imagine que c’est une référence pour Ennis

    • Bruce lit  

      Contre toute attente, je me sens aussi assez loin des obsessions d’Ennis. John Wayne ne représente à mes yeux que l’Amérique conservatrice, Elvis un chanteur incroyable oui mais que je circonscris à un coffret à la maison comme les Pogues et son pub rock très éloignés de ma sensibilité.

  • Tornado  

    John Wayne c’est pas Hergé (Hergé est irréprochable, alors que John Wayne a vraiment dit et pensé des conneries). Mais dans le même ordre d’idées, on a ces gens célèbres très complexes, qui ont été des icones, très médiatisés, et surtout adorables humainement dans l’intimité. C’est facile de les conchier quand on y connait rien. Mais quand on fait des recherches sérieuses, quand on investit la réalité des faits, on s’aperçoit que c’étaient des êtres humains que l’on peut franchement respecter. John Wayne était réac et balançait des conneries xénophobes. Mais quand on creuse, on découvre un bonhomme franchement intéressant, qui faisait le bonheur de son entourage, ultra féministe malgré son image de macho. Et un acteur exceptionnel. C’est quoi le mieux ? Un trouduc influenceur qui balance de la bienpensance sur les RS et qui ne fait rien de sa vie, imbuvable avec son entourage (j’en connais plusieurs comme ça), ou un artiste complexe et ambigu dans ses discours publics, mais qui dans la vie fait le bien chaque jour et rend heureux des tonnes de gens (et oui, Ferdinand Céline, je pense à lui) ?
    J’ai lu des mégas conneries à propos de John Wayne (il aurait soi-disant été planqué pendant la 2nde guerre mondiale. Erreur absolue : on lui a refusé son engagement parcequ’il était père de quatre enfants. Il en a eu honte toute sa vie). Et j’ai vu moult documentaires. Sur l’un, il est interviewé par des étudiants de gauche qui pensent le démolir. À la fin de l’ITW, à force d’humour et de charme (il est franchement à mourir de rire dans se répliques pleines d’auto-dérision), il gagne leur respect, sans avoir à aucun moment essayé de les convertir, et en s’excusant de ne pas les comprendre. Sur l’autre, Jeanne Moreau explique avoir refusé de le rencontrer à cause de ses idées conservatrices. Le mec lui rend quand même visite et insiste en s’excusant d’avoir des idées qu’elle ne partage pas. Elle explique qu’à la fin de la rencontre, elle avait honte de ses propres préjugés, ayant rencontré l’un des acteurs hollywoodiens les plus charmants, humbles, respectueux et attachants possible.
    Quasiment toutes les actrices ayant travaillé avec lui ont loué l’homme le plus adorable, drole et respectueux qui soit. Alors que le mec trimbale l’image du macho ultime.
    Moi c’est ce genre de personne que j’ai toujours aimé et que j’aimerais toujours : le gars complexe qui ne fait pas l’unanimité, qui déblatère peut-être des tonnes de conneries à longueur de journée mais qui dans la vie est quelqu’un de bien. À l’inverse, je déteste les bienpensants qui balancent des belles phrases toute la journée et qui sont des grosses merdes le reste du temps.

    Tout ce que je viens de dire peut paraitre bizarre un jour d’élections comme aujourd’hui. Mais c’était une autre époque et un autre contexte. Ce qui est important à mon sens, c’est ce que la personne est dans la vie. Je déteste l’idée que l’on démolisse un artiste sur des préjugés, des ragots, des facilités. J’ai appris ça avec Hergé.

    • zen arcade  

      Je pense qu’avec les années qui passent, j’espère être de plus en plus capable de comprendre que tout le monde ne pense pas comme moi, que c’est normal et même que c’est sain. Ca n’empêche pas de tracer des lignes rouges qu’il convient de ne pas dépasser. Là où je peux très bien appréhender par exemple la complexité d’un John Wayne comme tu la décris bien, le rejet que génère chez moi par exemple un gros porc comme Gérard Depardieu est rédhibitoire.
      On comprend mieux aussi avec les années la duplicité de beaucoup de personnages publics dont les comportements dans leur vie privée sont parfois très éloignés de l’image publique qu’ils projettent. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai bien du mal à m’attacher à la plupart des artistes et que ce qui m’importe, c’est avant tout leur oeuvre.

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