Batman : Black and White
JP NGUYEN
VO : DC Comics
VF : Editions USA, Semic
Cet article parlera de Batman : Black and White, une anthologie d’histoires courtes de Batman en noir et blanc, éditées par DC Comics dans diverses revues, qui ont permis à une pléiade d’auteurs de livrer leur vision du chevalier noir et de son univers.
En 1996, DC Comics, sous l’impulsion de l’Editor Mark Chiarello, publia 4 numéros de Batman : Black & White. Sur 8 pages sans couleurs, toute une brochette d’auteurs étaient invités à raconter une histoire du justicier masqué de Gotham. Les numéros regroupaient cinq récits chacun, agrémentés de covers et pinups dessinées spécialement pour l’occasion par des maîtres comme Miller, Moebius ou Toth.
Ce premier volume fut compilé en VO dans un album relié en 1997. Le concept fut ensuite repris en 2000 pour fournir des backup-stories dans les 49 premiers numéros de la revue Batman : Gotham Knights. Une compilation des 16 premières histoires fut éditée en 2002 avec 5 récits supplémentaires.
Ensuite, en 2007, fut publié le troisième album relié avec les 33 histoires manquantes. En 2013, DC Comics publia un quatrième volume, dans 6 nouveaux numéros, contenant à nouveau chacun cinq histoires, avec parution de l’album relié correspondant en 2014.
Le tout n’est que partiellement disponible en VF, avec le volume 1 publié en albums cartonnés par Editions USA en 1996 et 1997 puis deux albums sortis en Semic Books (« D’ombre et de lumière« ) au début des années 2000 reprenant une partie du volume 2… Urban va ré-éditer le vol 1 + une partie du vol 2 en mars 2016 !
Alors, ces histoires valent-elles la peine d’écumer les bouquinistes ou de vous lancer dans des recherches en ligne pour mettre la main dessus ? A plus d’un titre, oui !
Autant de pointures, quel pied !
Si vous êtes un esthète du neuvième art, Batman : Black and White est l’occasion de retrouver des artistes prestigieux dans un exercice de style en apparence simple mais qui nécessite une bonne maîtrise de la narration séquentielle et aussi un peu d’inspiration. Dans le volume 1, on retrouve des habitués du Dark Knight comme Briand Bolland ou Matt Wagner mais aussi des guest-stars plus exotiques comme Katsuhiro Otomo , Gaetano Liberatore ou Jose Munoz. Par égard à un autre contributeur du blog, nous mentionnerons aussi la présence d’Howard Chaykin…
Dans le volume 2, plus trop d’incursions d’auteurs étrangers aux comics mais des légendes comme Gene Colan et John Buscema, plus habitués à bosser pour Marvel, et des superstars comme Alex Ross, Tim Sale ou John Byrne. Le volume 3 fait un peu pâle figure en comparaison des précédents, mais contient quand même des prestations de Mike Wieringo, Alan Davis, Chris Bachalo et Sean Phillips ! Avec le volume 4, c’est une génération d’artistes plus jeunes qui s’attaquent à la chauve-souris (Sean Murphy, Lee Bermejo, Chris Samnee) si l’on excepte l’apparition du vieux briscard Neal Adams. Il y a donc vraiment du beau linge parmi les 104 dessinateurs ayant œuvré sur ce format d’histoire !
Batman : Black and White, c’est l’occasion de voir défiler des dizaines d’approches graphiques différentes du Dark Knight. Version cartoon ou réaliste, classique ou moderne, sous des traits charbonneux ou délicatement peint, à grand renfort d’aplats noirs ou avec des nuances de lavis, minutieusement ciselé de détails ou brut de décoffrage : les couleurs sont absentes mais il y en a pour tous les goûts !
50 nuances de Noir
Le scénario est soit confié à des vieux routards de Batman (notamment Archie Goodwin dans le volume 1), soit assuré par un auteur faisant habituellement équipe avec le dessinateur (la paire Azzarello-Risso, par exemple) quand il n’est tout simplement pas pris en charge par l’artiste (pour des fortunes diverses). Dans l’ensemble, c’est l’approche « Super héros Noir » qui domine mais il y a des incursions dans le fantastique ou l’horreur, de même que des récits plus légers.
Parfois, les histoires sont racontées du point de vue du chevalier noir, ce qui permet une immersion rapide dans le récit (assez bienvenue, vu que les auteurs disposent de peu d’espace..). D’autres fois, la parole est donnée aux adversaires, ce qui permet une vision différente de Batman, déformée par le prisme des esprits criminels. Il peut s’agir de vilains bien connus ou de simples truands de bas étage.
Certains auteurs font preuve d’originalité dans les dispositifs narratifs utilisés. Dans « Good Evening, Midnight » (vol 1), Klaus Janson narre un sauvetage mené par Batman avec des pavés de textes sans lien direct avec l’action dessinée sur les pages (une lettre de Thomas Wayne à son fils). « Punchline » par Doug Alexander/Rob Haynes (vol 3) est une histoire sans paroles. « Day & Night in Black & White » (vol 3) par Carlin/DeCarlo/Austin déroule deux histoires parallèles en coupant les pages en 2 (le jour dans la moitié supérieure, la nuit dans la moitié inférieure).
Je décernerai la palme de l’inventivité à Jill Thompson avec « The Best of Gotham » (vol 3), qui prend la forme d’un article de magazine pour parler des lieux où sortir à Gotham, donnant vie de manière très amusante à cette métropole fictive.
Concert d’auteurs pour Batman, l’homme-orchestre
Les récits sont l’occasion d’explorer toutes les facettes du chevalier noir. Détective hors pair et artiste martial absolu. Créature quasi-invincible ou justicier très humain. Légende urbaine ou personnage folklorique. Dans « To become the Bat » (vol 2), Warren Ellis et Jim Lee retracent en accéléré la formation de cet être extraordinaire, supposé exceller dans maints domaines. Ted McKeever lui fait déployer ses talents de médecin légiste dans « Perpetual Mourning« , pour une enquête/autopsie intimiste et touchante. John Arcudi et Sean Murphy montrent ses talents de pilote et de mécanicien dans « Driven » (vol 4). Les intrigues s’aventurent parfois dans des domaines inattendus comme la psychologie dans « In Dreams » (vol 1) par Helfer/Liberatore ou l’architecture dans « Gargoyles of Gotham » (vol 3) par Dean Motter/Phil Hester.
Malgré sa multi-compétence, Batman n’est pas invincible et plusieurs histoires montrent ses faiblesses, ce qui l’humanise. Dans ces récits hors-continuité, certains auteurs s’amusent même à le faire mourir, même si c’est souvent de façon purement imaginaire comme dans « An Innocent Guy » (vol 1) par Briand Bolland.
Des choix éclairants
Très souvent, les histoires en disent aussi long sur Batman et son univers que sur les auteurs, dans leurs choix thématiques et narratifs. John Byrne propose ainsi une histoire de Batman et Robin (sans titre, dans le volume 2) résolument Old School. « Petty Crimes » (vol 1) d’Howard Chaykin, sous des dehors d’enquête sur un justicier dévoyé, critique à la fois la société contemporaine et le principe même du Vigilante, homme cherchant à imposer sa loi par la force. « Last Call at McSurley’s » par Barr/Davis/Farmer est un joli conte, enthousiasmant et impeccable, sur le rôle-clé d’un bar malfamé dans les enquêtes de Batman. « A Black & White World » par Gaiman/Bisley présente Batman et le Joker comme des acteurs jouant des rôles dans leur propre BD, pour une mise en abyme qui démonte les codes du comic-book.
Parmi les histoires laissant le haut de l’affiche aux vilains de la Bat-galerie, deux sont de la plume de Paul Dini : « Case Study » (vol 2), peint par Alex Ross, une analyse psychologique du Joker pleine de rouerie et « The Bet » dessiné par Ronnie DelCarmen, mettant en compétition Harley Quinn et Poison Ivy à l’asile d’Arkham.
Mais c’est le comparse Dini sur Batman : The Animated Series, Bruce Timm, qui livre sans doute la meilleure histoire de vilain du lot avec « Two of a Kind« , une seconde chance offerte à Two-Face/Harvey Dent, qui fait rimer gémellité et fatalité.
Même si Batman se taille la part du lion, certains récits braquent le projecteur sur ses alliés et en particulier Robin, comme dans « Rule Number One » (vol 4), où Lee Bermejo met joliment en scène un Boy-Wonder en phase d’apprentissage.
The Devil’s Trumpet
Un petit focus sur une de mes histoires préférées, par Archie Goodwin et Jose Munoz, publiée dans le volume 1. Parmi la centaine d’histoires de Batman : Black and White, pourquoi celle-là ? Simplement parce que je la trouve emblématique de ce que la série peut proposer de mieux lorsque les auteurs réussissent leur pari.
Pages 1 et 2 : une voix non-identifiée narre la légende de Coley Treadwell, trompettiste de Jazz qui aurait battu le diable et gagné une trompette ensorcelée, produisant un son à nul autre pareil. Mais en poussant trop loin son art, il aurait fait apparaître un démon venu de l’enfer et aurait disparu.
Page 3 : on découvre le narrateur, un vieux musicien de rue, qui s’entretient avec un homme semblant enquêter sur la légende de cette trompette magique.
Page 4 : l’investigateur est en fait Les Farrell, un artiste déjà établi, se produisant en concert mais insatisfait de son art et cherchant à se dépasser
Pages 5-6 : Farrell retrouve la trompette, détenue par Milo Crane, un musicien jouant dans un petit club sans prétention et tente infructueusement de lui acheter l’instrument. Farrell tue Crane et s’enfuit
Page 7 : chez lui, Farrel joue de la trompette et atteint enfin le niveau dont il avait rêvé
Page 8 : Sur une case occupant la moitié de la planche, Batman surgit en défonçant la vitre de l’appartement de Farrell. Sur l’autre moitié de la planche, en 2 cases, on retrouve le musicien de rue du début de l’histoire, racontant cette nouvelle version de l’histoire à un autre musicien intéressé par la trompette maudite.
Un scénario malin et bien troussé, aux relents Faustiens, pour une histoire d’obsession menant au crime, où Batman n’apparaît que sur une case mais conforte ainsi son statut de légende, le tout dessiné par José Munoz, un magicien du noir et blanc. Le procédé d’anaplodiplose, rebouclant la scène finale avec la scène initiale, participe sans doute à mon enthousiasme pour cette histoire.
Quelques tâches sur le parcours
Avec la diversité des auteurs s’étant livré à l’exercice, il est fatal que le lecteur n’accroche pas à tous les styles. Certains créateurs livrent aussi des copies très en dessous de leur meilleur niveau. Ainsi, dans le volume 1, rebuté par les dessins de Teddy Kristiansen, je n’ai jamais pu me plonger dans l’histoire racontée par Dennis O’Neil dans « A Slaying Song Tonight » . Idem pour « Bent Twig » de Bill Sienkiewicz.
C’est un peu inhérent au format des anthologies et, à moins d’être un lecteur tout-terrain (éclectique ou particulièrement bon public), il y aura forcément des coups à blanc. Cela dit, il me semble que, sur le volume 1, les histoires ne m’ayant pas plu découlaient plutôt d’un effort de lecture que je ne souhaitais pas faire. Sur les autres volumes, j’ai eu l’impression que certains épisodes d’être tout simplement ratés (mais peut-être n’ai-je tout simplement pas encore vu la lumière…). Nonobstant, c’est moins agaçant d’être déçu par une histoire en 8 pages que par un « event » en 12 numéros, 36 tie-ins où on vous avait promis que « plus rien ne sera comme avant »…
Un bilan contrasté
Batman : Black and White démontre à la fois la richesse du personnage de Batman et de son univers, de par la diversité des approches qu’il autorise, et celle du medium des comics, dans la multiplicité des tons et des modes de narration qu’il permet. Même si la qualité individuelle des histoires est variable, l’ensemble constitue une mosaïque impressionnante, hommage à un héros de papier source d’inspiration semble-t-il inépuisable.
Ces pages remplies de cases en noir et blanc peuvent se voir comme un gigantesque échiquier sur lequel les auteurs ont avancé leurs pions autour du Dark Knight, sous les vertigineuses tours de Gotham et face aux terribles fous d’Arkham. Avec l’avantage du trait, certains ont délivré des coups de maître tandis que d’autres ont été mis en échec. Mais le lecteur reste le roi et lui seul décidera de ce qu’il prendra ou laissera.
Si vous ne deviez en lire qu’un seul, je vous recommanderais le volume 1, même si des parties intéressantes vous attendent aussi dans les volumes suivants.
Tu veux te la péter ce WE dans les file d’attente du Comic-con ? Parle donc tout fort de « Batman : Black and White » ! Un recueil d’histoires courtes où officient Brian Bolland, John Byrne, Neal Adams, Neal Gaiman, Warren Ellis, Paul Dini, Lee Bemejo, Bill Sienkiewicz…Et aussi Brian Azzarello et Frank Miller ! Des idées de dédicace ? On dit merci Jean-Pascal Nguyen, d’autant que tout ça arrive bientôt chez Urban !
Des variations sur Batman à base de touches noires et blanches ? C’est possible en musique, aussi. Tous les thèmes de Batman au piano et au violoncelle !
https://www.youtube.com/watch?v=skVo8AYWRYk
Félicitations pour cet article d’anthologie. Je suis épaté par sa structure rigoureuse qui permet de faire ressortir les nombreuses qualités variées de ces histoires courtes si disparates. Un article d’autant plus excellent qu’il n’oublie pas Howard Chaykin. Pour l’instant ma curiosité ne m’a pas poussé plus loin que la relecture du premier tome.
Ce qui m’avait retenu d’aller plus loin, c’était la perfection du premier tome où chaque créateur a joué le jeu d’insérer Batman dans ses propres préoccupations. Effectivement Dennis O’Neil n’avait peut-être pas pris conscience de l’ampleur de la liberté créative et de l’ambition de cette première minisérie. Effectivement certains auteurs ont peut-être été trop loin. Par exemple la narration de Bill SIenkiewicz est un peu indigeste comme tu le fais observer. Mais le thème qu’il explore est bel et bien celui d’une justice appliquée par une seule personne (un vigilant), transposé dans une situation quotidienne : la relation père / fils, qui est également au cœur du personnage Batman.
Impossible de résister à Barry Windsor Smith, Richard Corben, Bill Sienkiewicz, Ted McKeever, Kent WIllaims, Howard Chaykin, Simon Bisley, Kevin Nowlan, Gary Gianni (et tant d’autres) dans un seul et même recueil. Ton article met bien en évidence que ce premier tome était un lieu d’accueil pour des artistes étant déjà des légendes des comics, c’est-à-dire d’un certain âge, ou, plus politiquement correct, avec une expérience confirmée.
Oui, le volume 1 est assez grandiose mais il y a quand même de bonnes pioches dans les volumes suivants.
Et je rêve parfois d’un volume 5 avec des artistes ne s’étant pas encore frotté à l’exercice : John Cassaday, Declan Shalvey, Michael Lark, Alex Maleev, Mike Del Mundo, David Aja, Carmine Di Giandomenico, Marco Checchetto, Paul Renaud, Olivier Coipel, Bryan Hitch, Frank Quitely…
Quand je relis la liste des artistes du tome 1, je constate que ce sont ceux qui m’ont marqué dans la deuxième partie des années 1970 et la première des années 1980, ce qui ne me rajeunis pas.
Alors là… Je ne sais pas trop quoi penser, j’ai des sentiments contradictoires :
1) Je n’ai jamais entendu parler de cette série / anthologie, et les noms qui apparaissent me rendent fou d’impatience (Moebius, Bermejo, Bisley, Bolland, Toth, Sean Murphy ! etc etc). Ou devrais-je craquer pour la VO ? Connaissant Urban, l’édition VF sera sans doute très bonne.
2) Comment écrire après un article aussi bon ? La structure, tes analyses, tes scans, rien est à jeter. Du grand art, JP !
Un énorme merci donc, pour la découverte (mais comment ai-je pu passer à côté si longtemps ?) et pour la lecture.
Ravi de te faire découvrir quelque chose !
Etant donné la réputation d’Urban, je pense que ça vaut le coup d’attendre pour faire l’acquisition de la VF. Cela encouragera de plus la publication des tomes suivants…
Ouaip, un article qui a la classe !
Tu sembles n’avoir rien oublié de ce qu’il y avait à dire. Et le choix sur les scans a dû être un vrai casse-tête tellement il y en avait ! Tu as d’ailleurs bien fait d’opter pour le Bolland. P’tain, la vache ! Comme c’est beau !
J’ai les 3 tomes VF, le Comics USA et les deux Semic.
Je suis fou de ces exercices de style, qui font ressortir ce qu’il y a de meilleur dans l’art séquentiel. Raison pour laquelle j’adore des créations comme les « Spider-Man’s Tangled Web » par exemple.
@JP : Je me tâte pour savoir si je craque pour la collection Urban Comics, sachant que je déteste acheter ce que j’ai déjà (et en plus Urban choisira certainement le papier mat dont j’ai horreur !). Manque-t-il beaucoup de choses à la deuxième série dans les albums Semic ? Les saisons 3 et 4 sont-elles vraiment moins bonnes ?
Bolland rulez !
@Tornado : en VF, dans le volume 2, il manque les 5 histoires qui ont été ajoutées au TPB VO et qui n’avaient pas été publiées dans Gotham Knights dont 1 histoire par Paul Dini/Alex Ross, 1 par Claremont/Rude/Buckingham (assez originale) et 1 dessinée par… Tim Sale !
Pour le volume 3, c’est sans doute le moins « dense » en terme de qualité, mais il y a quelques petites perles comme les prestations d’Alan Davis, Rob Haynes, Sean Phillips, Ryan Sook et Jill Thompson.
Dans le volume 4, j’ai aimé les histoires dessinées par Lee Bermejo, Paolo Rivera, Dustin Nguyen, Adam Hugues et Dave Johnson.
En fait, la relative baisse de niveau sur les volumes 2-3-4 montre aussi tout le talent d’Archie Goodwin, qui avait pitché/écrit plusieurs histoires du volume 1.
Globalement, il y a des histoires bien dessinées mais dont le scénar est très décevant ou mal formaté pour 8 pages et d’autres dans lesquelles je n’arrive pas à rentrer à cause du dessin. Anoter que quand certains dessinateurs se mettent au scénar, il peut y avoir de bonnes surprises (Lee Bermejo, Dustin Nguyen).
Oui, c’est très bien que le grand Archie Goodwin ait pu bénéficier de cette vitrine pour pouvoir rappeler à quel point il a été un scénariste important de la scène comics. Je ne rate pas une sortie des anthologies Creepy et Eerie et je tenterais bien, d’ailleurs, un article sur le sujet ! Et puis Archie Goodwin a écrit « Cris dans la nuit », l’une de mes histoires préférées de batman.
Cela fait plusieurs fois que tu mets le nom de Dustin Nguyen en avant. N’y aurait-il pas du favoritisme ? 😀 !
Pour l’anecdote, Dustin Nguyen est homonyme de l’acteur de 21 Jump street, dont je suis un cousin éloigné (c’est la diaspora Viet, on est partout! )
Sinon, je ne le connais pas personnellement mais j’aime bien son style…
JP,
non seulement ton article est brillant mais tu as accomplis là une gageure : me donner envie de lire du Batman !!! La thématique du héros et du vilain prisonniers de leurs rôles m’intéresse au plus haut point. Mince ! Tout finit par arriver !! J’ai failli le prendre à 45€ chez un libraire spécialisé dans le Vintage aujourd’hui avant de me raviser et acheter que du Manga…
L’édition Urban fera 368 pages pour 28 euros, il est donc potentiellement plus intéressant d’attendre. L’intérêt de l’ancienne éditions USA (200 et quelques pages) réside plus dans son format (« BD européenne » et pas comics) voire son papier (pour les réfractaires au papier mat) et aussi… en ce qui me concerne, un côté affectif.
Ce bouquin m’a nargué pendant des mois dans le rayon BD d’une maison de la presse quand j’étais étudiant et je l’ai acheté juste après les exams de fin d’année…
Très bel article implacablement construit, comme le raisonnement de notre justicier ailé. La comparaison avec l’échiquier est bien vu pour synthétiser l’ensemble. Bravo
Merci Matt ! La métaphore sur le jeu d’échecs m’est venue un peu par hasard en fin d’article et j’étais assez content de moi, pour le coup.
Je revendique des droits d’auteur là dessus ! (Echec et Matt !)
Superbe article un grand merci JP ! Grâce à ton article je sais que je vais pouvoir prendre le tome d’Urban en mars sur lequel j’hésitais, notamment avec une appréhension sur les histoires que je pensais baclées ou vides…Les scans choisis sont de toute beauté ! J’espère qu’Urban mettra les histoires mises en scène de Ross et Sale….Etant fan du noir et blanc et de Batman je suis ravi ! C’est génial de lire des gars qui savent de quoi ilparle bravo mec !
PS: J’ai vu que Urban ressortait le Ronin de Miller je ne l’ai jamais lu mais au niveau histoire c’est lèger semble-t-il mais les dessins j’adore…Un article là-dessus pour bientôt ? ( non non promis les gars je vous prends pas pour des vendeurs de la fnac apposant leur sceau de validation sur un produit !)
Pour yuandazhukun, voici le copier coller du commentaire de l’époque pour amazon. Je n’en suis pas très fier, je le trouve même plutôt mauvais ce qui explique que j’ai renoncé à le mettre en forme pour le blog…Mais puisque tu veux un avis….
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Frank m’enerve !
Par Bruce Tringale TOP 500 COMMENTATEURS le 12 novembre 2010
Format: Broché
Au cours de sa carrière, Frank Miller a cumulé un bon nombre de laudatifs : Visionnaire, génie , maître du graphisme et de la narration. C’est en grande partie méritée. Pour ceux n’ayant pas connu cette époque, il fut un temps où lire des comics était honteux, voire abêtissant, la priorité étant donnée dans les bibliothèques à la BD Franco-belge .Et pourtant les rares exemplaires de comics trouvables dans les dites bibliothèques étaient systématiquement « Batman Year One » , « Dark knight » , « Daredevil : Guerre et amour », « Elektra Assassin » en plus de « Watchmen » et « V pour Vendetta » . C’est dire si la réputation de Miller n’est plus à faire.
Maintenant , il n’est pas sûr que son oeuvre intégrale survive au temps . Si les Sin City et son run pour Daredevil restent des réfèrences, je serai moins indulgent pour Ronin.
Oui ! bien sûr, l’éditeur nous bassine qu’en 1986 Miller faisait du Manga avant l’heure. Oui ! Certaines planches sont absolument superbes ! Et pourtant, j’ai lu les six chapitres laborieusement et souvent très irrité. Depuis le temps que Miller nous gonflait avec ses ninjas dans DD , on était en droit de s’attendre à une histoire complètement inédite , libérée des majors et de leur Diktat . Et bien non ! Miller refait un best of de ce qu’il avait déjà fait auparavant.
Novateur Ronin ? Encore faut il que l’histoire tienne la route ! Au XI siècle au Japon , Un jeune samouraï , quasiment sexuellement soumis à son maître assiste impuissant à sa mort . Il devient un Ronin , un samouraï sans maître , ni but autre que de venger celui-ci . Pour cela il doit tuer un démon polymorphe avec une épée magique.
Au bout de quelques pages, la vengeance devient une promenade de santé et les deux adversaires s’entretuent. Leur essence est absorbée par l’épée magique, qui découverte au XXI siècle est détruite par les lasers d’archéologues ( tout le monde sait que les archéologues détruisent systématiquement les objets qu’ils découvrent…).L’épée détruite libère les esprits des ennemis éternels au sein d’un New York apocalyptique !
Ronin est capté par un jeune telekinesiste sans bras , ni jambes et la réincarnation est tellement puissante qu’il retrouve son physique de jeune premier …Âgir le démon , se réincarne en chef militaire et va déployer un arsenal futuriste sur le Japonais à l’épée.
Très vite on se rend compte que la trame de Miller est débile ; lui-même le reconnaît à chaque chapitre , un samouraï échappé d’une épée pour une saga cyber-punk? Vraiment ? ….
L’amateur de Miller est en territoire connu , son cahier des charges étant tellement respecté que celà en devient lassant : Méchants Punks bardés de croix gammées , résistance à la douleur , l’amputation, le monde plongé dans la folie et la cruauté . Tout cela ne serait pas si grave si le maître ne cumulait pas des fautes de goût impardonnables .
Ronin , est un héros bien pâle , et prononce à peine trois mots en 300 pages , la psychologie du méchant est totalement absente ; finie donc la partie d’échecs entre DD et The Kingpin , ici on est là pour se bastonner sur la gueule point final !
Les costumes sont horribles, Miller qui n’est pas un grand paysagiste, ne se donne même pas la peine de détailler la station Aquarius . Le personnage féminin , Casey , est d’une laideur rare pendant les trois premiers chapitres avant de transformer en clone d’Elektra . Notons que cette femme, responsable de la sécurité d’Aquarius devient une ninja experte en moins de deux heures de temps passé en compagnie de Ronin dont elle tombe bien sûr amoureuse….
Quant à l’originalité, on repassera : on reprend ce qui a marché ailleurs : le visage d’Elektra , de Ben Urich , voire de John Cheever l’aspirant maire marron de Daredevil . Le chapitre des égouts reprend son run de Daredevil où Murdock cherchant Vanessa Fisk était confronté à une bande de cannibales pustulés .
Comment aimer une histoire aussi puante que le narrateur reconnaît via ses personnages avoir bâclé ? Comment imaginer une éventuelle adaptation cinématographique face à ce fatras Et surtout quelle histoire Miller souhaite nous raconter ?
Alors que l’audace aurait été de raconter toute l’histoire de Ronin au XI siècle , ( ce qu’il fera pour « 300 » dans la Grèce Antique) , Miller se met en difficulté en nous racontant l’histoire d’un samouraï à New-York .
Je passe enfin sur le prix exorbitant et une traduction panini qui une fois n’est pas coutume ne connaît pas ses conjugaisons.
Miller ira jusqu’au bout du désastre en appliquant certaines de ses idées pour Robocop 2 et 3 avec le succès que l’on sait …..
Merci Bruce ! Bon…voila un constat net et précis…va falloir peser le pour (j’aime le Miller de cette époque) et le contre (pas le meilleur de Miller et de loin!)…Je feuillèterai ça avec attention chez le libraire…
C’est sûr que certains dessins de Ronin ont l’air fabuleux, mais la réputation de cette mini-série a toujours été catastrophique. Résultat, je ne l’ai jamais lue… Merci de confirmer que cela ne m’arrivera sans doute jamais !
Merci pour cet article qui a fini de me convaincre de prendre le volume proposé par Urban lorsqu’il sortira. L’histoire de Brian Bolland est proposée en couleur dans le hardcover de The Killing Joke me semble-t-il (je ne l’ai pas sous la main pour vérifier), et a été reprise ainsi dans l’édition VF d’Urban si je ne dis pas de bêtises.
C’est moi où la case de José Munoz pourrait être un hommage à la célèbre image de la chauve-souris traversant la vitre ?! Ce n’est peut-être qu’un hasard, mais cela m’a frappé en la voyant !
@Marti : je confirme tes dires pour Bolland.
Pour l’image de la vitre brisée, cela me semble plus lié au récit qu’un hommage délibéré mais qui sait…
Le Tim Sale était également publié dans le Semic Halloween tome 1.
Mazette! Le noir justicier de Gotham, Urban et Claude Nougaro peuvent t’ être reconnaissants.
C’est une chronique laudative et critique, donc remarquable. Et j’applaudis à l’anaplodiplose…
Merci Lone. C’est la deuxième fois que j’arrive à placer « anaplodiplose » dans un article, et la première fois, c’était déjà pour un article sur Batman !
http://www.brucetringale.com/pinceau-virtuose-pour-plume-inspiree/
En relisant l’article et les commentaires, je suis surpris que personne n’ait relevé que l’attrait pour ces histoires provienne plus des dessinateurs que des scénaristes (même s’ils ne sont pas mauvais). Moi-même, j’avais acheté le premier tome pour les dessinateurs, et j’avais eu ensuite la bonne surprise d’y découvrir des histoires intéressantes.
Bon faut que je relise cet article car j’ai acheté le premier tome paru chez Urban : c’est super. Enfin, pas tout, puisque ce sont des histoires courtes avec des approches différentes, il y a du bon et du moins bon, mais tout ces dessinateurs mon dieu ! C’est une vraie tornade graphique. Bolland (que j’avais déjà dans une réédition de The Killing Joke), Otomo, Bisley, Sienkiewicz, Paul Pope, la couve de Toth, enfin, bref c’est ahurissant. Et je découvre d’autres auteurs aussi, c’est cool. Il faut que je me trouve la rééd du Batman 100 de Pope. Et j’ai adoré l’histoire de Gaiman et Bisley.
J’ai fini le tome 2, et son avantage principal pour moi est de me faire découvrir de nombreux auteurs que je ne connais pas. Je pense que les histoires qui m’ont plu sont les mêmes que celles que JP met en avant (comme celle de The Bet), mais dans ce second tome, les scénarios sont largement moins convaincants en général que dans le tome 1 – ce qui explique le temps que sa lecture m’a demandé. Mais il y a des pépites, notamment celle avec la statue de Batman qui a réussi à me faire rire (et ça c’est rare). Graphiquement, il y a toujours de tout, et c’est souvent très chouette. Encore un tome et ce sera fini. Petite remarque : je trouve que la couverture de Amanda Conner (première en bas à gauche de ton dernier scan) est très belle.
BOn allez, je l’ai relu, et l’ai d’avantage apprécié cette fois-ci. L’histoire de Sienkiewicz est très chouette et m’inspire un futur article 2019 assez ambitieux. J’attends les vacances pour m’y atteler.
Sinon, je confirme quand même que certaines chutes sont assez nazes. L’histoire du créateur d’Akira est d’une nullité absolue. C’est trés joli mais on y comprend rien et à moins qu’il pratiqua le cut-up façon Burroughs, je suis resté abasourdi par l’amateurisme du montage.