Interview Gregory Mardon : Les bijoux de la Kardashian
Des propos recueillis par BRUCE LIT
Dans la nuit du 3 octobre 2016, Kim Kardashian, vedette de télé-réalité et icône planétaire du web, est victime d’un cambriolage. Séquestrée dans la chambre d’un hôtel parisien aussi luxueux que discret, elle se fait dérober pour 9 millions d’euros de bijoux, le vol le plus important commis contre un particulier en France depuis 20 ans. Très vite, la presse et toute la twittosphère s’emparent de l’affaire, faisant de ce braquage l’un des buzz les plus retentissants de l’année.
Confrontée à un véritable maelstrom médiatique, la police va remonter la piste de suspects aux surnoms tout droit sortis d’un film d’Audiard. Des papys braqueurs venus, cette nuit-là, à bicyclette ! La rencontre de deux mondes aux antipodes, ou quand la réalité dépasse la fiction… Un alibi comme un autre pour rencontrer pour la troisième fois son dessinateur Gregory Mardon, 1er artiste à avoir été interviewé au début du blog.
Bonjour Gregory, prêt pour cette troisième interview chez Bruce Lit ?
Jamais deux, sans trois. Allons y !
LES BIJOUX DE LA KARDASHIAN retrace ce fait divers surréaliste : alors que la France est en Vigipirate rouge, des braqueurs âgés de 60 ans s’introduisent dans l’hôtel de Kim Kardashian et lui volent pour 9 millions de bijoux. Ils s’enfuient en vélo et la police au regard du scandale international mène une enquête sous pression. Monsieur Mardon, que faisiez-vous le 3 Octobre 2016 ?
Je n’ ai pas la moindre idée de ce que je faisais le 3 octobre 2016, désolé. Je gagnais ma croûte je suppose comme beaucoup de gens.
Tu es un auteur complet puisque tu dessines-encre-colorise et scénarise tes BD. En illustrant le scénario de François Vignolle et Julien Dumond, c’est une autre méthode de travail.
Même si j’ai fait quelques albums en solo, j’ai l’habitude de travailler avec des scénaristes. La méthode ne change pas vraiment. Je n’ai pas à me soucier de l’écriture. A part ça ,c’est à peu près la même chose.
Par contre c’est la démarche qui change. La façon d’aborder le travail. Je dois parfois me fondre dans un autre univers que le mien tout en y apportant ma part de personnalité.
Sur cette histoire, il y avait Paris à représenter, ce que je connais bien et incarner les personnages de l’histoire, les faire vivre à part Kim Kardashian qu’on a décidé de représenter comme elle apparaît à la plupart des gens; à savoir une image fabriquée de toutes pièces. On a évité de raconter ou imaginer la personne qu’elle est dans le privé. Ça aurait été une erreur. Personne ne sait qui elle est vraiment. Même si elle s’expose énormément, elle ne montre bien ce qu’elle veut montrer. Et même si elle est le personnage central de l’histoire, elle n’en est pas le personnage principal. Ce qui nous intéressait ici c’étaient, les braqueurs, l’enquête de police, le contexte social et historique et le tsunami médiatique mondial que ce fait divers a provoqué et qui en raconte beaucoup sur notre société moderne occidentale.
Ce qui frappe à la lecture, c’est les détails auxquels ont eu accès Vignolle et Dumond. Quelles ont été leurs sources?
François Vignolle et Julien Dumont sont deux journalistes qui ont une longue expérience dans les fais divers. Ils ont quelques bons contacts dans la police et ils ont mené une grosse enquête à l’époque des faits.
L’album est sorti avant le jugement des prévenus. N’est-ce pas déontologiquement limite ? Pourquoi ne pas avoir attendu la sentence ?
Les principaux protagonistes ont avoué les faits. Nous avons aussi changés leur nom. Les interrogatoires, les procédures d’enquête, le déroulement des événements sont basés sur des faits réels récoltés par François et Julien lors de leur enquête journalistiques. Ensuite , nous avons décidé de ne pas raconter cette histoire comme un documentaire mais plutôt sous la forme d’une fiction. Encore une fois c’était plutôt le portrait d’une époque qui nous intéressait alors pourquoi attendre? Le monde change tellement vite aujourd’hui.
Tu nous racontais lors de notre dernière interview aimer raconter le quotidien de ceux qui ne sont rien. Je suis sûr que tu t’es pris de sympathie pour ces Tontons Flingueurs…
Evidemment que les braqueurs sont les personnages les plus intéressants de l’histoire. Même si ce sont de vrais braqueurs chevronnés, ils ne vivaient pas dans une situation reluisantes. En fin de course, vieillissant, problème de santé, de longues années de prisons, au RSA pour l’un d’entre eux, l’autre en cavale… Ils veulent faire un dernier gros coup et ça les dépasse complètement. Ils ne s’attendaient pas à un tel tapage médiatique (ils connaissaient à peine Kim Kardashian) ils sont d’une autre époque complètement en opposition avec l’univers 2.0 de Kim Kardashian et se font arrêter assez rapidement bien qu’ils avaient pratiquement monté le coup parfait avec un mode opératoire étonnant. .Comment ne pas avoir un peu de compassion pour eux?
Inversement, on peut pas dire que la personnalité de Kim Kardashian appelle à beaucoup d’empathie….
Comme je l’ai expliqué précédemment, elle est au centre de l’histoire mais ce n’est pas elle qui nous intéressait fondamentalement de décrire. Elle la victime et il ne s’agissait pas de se moquer d’elle, le braquage a dû beaucoup la marquer alors on est resté sur cette image de la star du web complètement « irréelle » et de ce que les médias et les réseaux sociaux ont raconté d’elle après cette événement.
J’ai beaucoup aimé la séquence du braquage : tu réussis à rendre l’angoisse et le comique de la situation en quelques planches. Kardashian n’est plus la bimbo écervelée qu’elle incarne plus ou moins consciemment mais juste une femme terrifiée à l’idée d’être violée…
Exactement. Le braquage, même s’il n’a fait aucun blessé, à du être traumatisant pour Kim Kardashian. Se retrouver dans sa chambre avec des gars qui vous braquent avec un flingue, traumatiserait la plupart des gens. Et c’est la scène choc de l’histoire, il fallait qu’elle soit spectaculaire même si pendant son déroulement, il y a des situations et des dialogues assez cocasses, tout comme le mode opératoire des braqueurs et le reste de cette histoire dans son ensemble aussi.
Es-tu d’accord pour dire que LES BIJOUX DE LA KARDASHIAN est une photographie politique d’un pays en plein délitement social : Matthieu Kassovitz se réjouit sur son twitter qu’une richarde se soit fait braquer quand Nathalie Kosciusko-Morizet, à l’époque en lice pour la Mairie de Paris, attaque sur le terrain de la sécurité de la capitale.
Oui tout à fait d’accord, c’est d’ailleurs le principal sujet de cette histoire. Le conteste en France au moment du braquage est mis en lumière avec ce fait divers. Les faits divers sont d’ailleurs souvent des instantanés d’une époque quand on prend le temps de les observer en détail.
Les héros portent des gilets jaunes… Braquer des riches qui vivent dans l’opulence et la superficialité la plus totale tandis que les braqueurs peinent à payer leurs factures, c’est une fatalité ?
Ça j’avoue que je ne sais pas. Je n’ai pas fait d’enquête sur le niveau de vie des braqueurs en activité aujourd’hui. Les braqueurs de notre histoire n’ont pas pour but d’être représentatif de cette profession. Leur histoire est particulier et c’est pour ça et pour tout ce que je viens de raconter qu’elle nous a intéressé.
Impossible au-delà du titre de ne pas comparer ton album avec LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE : des diamants qui disparaissent, des pauvres que l’on accuse et des paparazzis….
C’est vrai. Ce n’était pourtant pas aussi intentionnel. En tout cas, dans les faits cette similarité est étonnante. C’est pour ça qu’on n’a pas pu s’empêcher de faire un clin d’œil à l’album d’Hergé avec ce titre.
Les auteurs de BD font de plus en plus écho de leurs difficultés à arrondir leur fin de mois et n’obtiennent des gouvernements successifs que reculade et mépris. La boucle est bouclée avec ton album, non ?
Oh non, la lutte continue. Et pas forcément contre les institutions politiques et les différents gouvernements mais en ce qui concerne les auteurs, nous devons continuer à revendiquer l’importance de notre place dans la chaîne de l’industrie du livre et acquérir plus de reconnaissance. Rien de bien différent des autres industries finalement. C’est pas gagné.
Encore une fois, après INCOGNITO et PAUVRE JEAN PIERRE, tu représentes la Femme en position écrasante face à des hommes minuscules. Ça va Grégory ?
Très bien merci. La couverture des « bijoux » est inspiré d’un dessin que j’avais fait pour « Incognito » et c’est une suggestion de mon éditeur. Cette image correspondait bien avec notre image. L’icône tapageuse omniprésente des réseaux sociaux et les braqueurs en petits dérobant plusieurs millions d’euros en toute discrétion.
Croquer la croqueuse de diamant, plaisir ou contrainte ?
Plaisir mais sans plus. C’est un peu une coquille vide et une icône aussi (quoique on en pense). Et puis je l’ai trouvé particulièrement mal habillée lors de cette fashion week. Sur les photos elle a l’air assez mal à l’aise d’ailleurs.
Tu as envoyé ton album à Kim ?
Nous l’avons envoyé à son avocat français qui nous a dit qu’il lui ferait suivre, théoriquement.
Lors de notre entrevue le mois dernier, tu me disais plancher sur un projet super-héroique ? Tu peux nous en dire plus ?
Je n’en dirais pas beaucoup parce que c’est en cours de réalisation. C’est l’histoire d’un auteur de BD parisien qui crée une super-héroïne noire qui finira par prendre vie et se retrouvera sans papier dans notre capital jusqu’à retrouver son créateur. Ce sera chez Futuropolis.
Avant cela, je sors une bande dessinée sur l’oppression au travail inspirée d’une histoire vraie (toujours chez le même éditeur). Celle d’un ingénieur Renault qui s’est suicidé sur son lieu de travail. Elle sort le 5 Juin 2019 , elle s’intitule « Le travail m’a tué » et elle est scénarisée par Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande. C’est une histoire très forte et qui a comme point commun avec « les bijoux de la Kardashian » de faire une radiographie sociale de notre monde contemporain et comment le travail peut devenir oppressant au point de pousser certaines personnes à l’inéluctable.
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La BO du jour : Vous n’avez jamais eu envie de la tuer, Kim ?
Excellent ! Lorsque tu en as parlé hier je m’étais demandé si c’était une blague, mais manifestement non ^^
Au final faire une BD sur le braquage de la Castafiore.2 est une excellente idée ! Du reste j’avais totalement loupé le dénouement de cette affaire (autre coté de la terre oblige) je m’informe donc tout en me distrayant, vive le blog ! ^^
Ceci dit j’ignore si les braqueurs portaient vraiment des gilets jaunes (la vache plus discrets tu meurs) mais manifestement la réalité sociale a rattrapé cette BD !
Euh et autrement la peinture sur la dernière photo m’est très familière ^^
@Patrick : ah ! bien vu cette histoire de gilets jaunes. On peut être braqueurs et tenir à sa sécurité, ceci dit.
Quant à la discrétion, je pense au contraire, que porter ce qui est conforme à la sécurité routière évite d’attirer l’attention. Un peu comme si tu commettais le casse du siècle (et celui-ci s’en approche) mais que tu te fais serrer pour non port de la ceinture.
@Eddy : je ne saurais dater l’apparition de ce phénomène. La téléréalité ? La Factory de Warhol ? Les courtisanes chez Balzac ?
J’avais bien aimé la citation de Woody Allen dans CELEBRITIES : Il existe des personnes dont le métier est d’être célèbre.
Je ne lis pas Balzac, je ne lis que du Engleheart! :):):)
l’interview se lit rapidement, est claire, précise….
Ça donne envie de lire cet album, rien que pour se détendre…
Kim Kardashian, fait partie e ce genre de célébrité que je ne comprends pas…j’arrive pas à être « connecté » et plus j’avance dans le flux de ces nouvelles pensées, plus je m’y sens étranger…
Imaginez quand même que dans u pays où son émission ne passe même pas, quand on ne la voit que par « brèves » interposées, c’est une femme qui est connue essentiellement pour son postérieur.
d’un côté, on a « metoo » et de l’autre on n’ a jamais autant objectivisé une personne depuis peut-être je ne sais pas….Lolo Ferrari et quand on voit comment elle a fini la pauvre…
cet univers ne me fait pas rêver, il me donne le cafard…
Les interviews se suivent et ne se ressemblent pas. Je note que Grégory Mardon n’a pas d’alibi pour 03/10/16. Je suis frappé par l’absence de misanthropie (déjà présente dans l’interview précédente) qui transparaît à nouveau dans cette interview : il n’y a ni mépris pour les braqueurs, ni pour la célébrité.
Il me tarde encore plus de lire cette bande dessinée car cette affaire semble un cas d’école, faisant se rencontrer 2 mondes tellement éloignés.
Effectivement l’interview est un modèle de limpidité et de précision quant à son sujet. Et le but est atteint puisqu’on en ressort avec l’envie de lire.
Je note que Mr Six a été le premier à commenter. La discussion d’hier semble porter ses fruits ! 😀
Quant à cette toile abstraite jaune sur la photo, j’ai également l’impression de l’avoir déjà vu quelque part…
@Tornado : Si même Tornado accepte de lire de la BD sociale garantie 100 % sans karaté alors cette interview a atteint son but. Quant aux peintures du Festiv’ c’est mon fond vert à moi !
@Présence : c’est effectivement l’absence de certitudes précipitées qui font de Gregory Mardon un auteur si attachant.
Me tenant à distance de tout ce qui fait l’actualité mondaine, et des réseaux sociaux, et de la téléréalité en particulier, j’avoue que cette Kardashina, je ne sait même pas qui c’est en dehors du fait que je sais que j’ai déjà entendu prononcé son nom mais rien de plus.
C’est effectivement cette « ’absence de certitudes précipitées qui font de Gregory Mardon un auteur si attachant » qui me donne envie de lire cet album. Là où, par exemple; je fuis les albums « La Présidente » qui sentent quand même la bienpensance et l’orientation politique à 15 km.
C’est également la raison qui fait que je reste loin des oeuvres sociales le plus souvent : Si c’est trop subjectif et que je sens de la bienpensance derrière, ça va pas le faire.
Je ne lis ni ne regarde jamais rien pour avoir droit à une leçon du genre « la guerre c’est pas bien, la paix c’est mieux et moi regardez comme je suis gentil parce que je dénonce les méchants ». En quoi ça fait réfléchir, ça ? Qu’est-ce que ça m’apporte que je ne sais pas déjà (en dehors du fait que je sais au contraire que c’est beaucoup plus compliqué que ça) ? Si c’est une analyse en finesse, avec un regard objectif et une absence de jugement à l’emporte-pièce, là ça va vraiment mieux le faire.
Enfin bref, tout ça pour dire que, oui, j’aimerais bien lire ça.
Tiens bah c’est aussi souvent ce problème que j’ai avec les oeuvres type « portrait de geek ». Soit ça va te les montrer comme des gens pathétiques avec une leçon finale du style « faut sortir davantage les gars ! » ou alors ça va te montrer le geek super cool à l’opposé des clichés qui a une vie bien rangée comme il faut.
Soit c’est méprisant, soit ça nous prend pour des cons, soit ça veut casser les clichés mais d’une façon trop « miroir inversé » sans parler des gens qui ont des soucis.
Je suis TOTALEMENT d’accord avec toi Tornado.
même si les œuvres que tu cites sont sans doute bien intentionnées, documentées et sincères, c’est encore pire…
il y a des sujets sur lesquels en France, on refuse l’analyse. on préfère l’émotion et une certaine vision de la morale, ce qui en politique, fait bien rigoler.
cette pensée qui fait croire aux gens qu’ils se sont réveillés fascistes un beau matin…
cette façon de se prétendre humaniste en excluant ceux qui excluent, cherchez l’erreur…
la bien bien-pensance s’accompagne souvent d’un refus d’analyse au delà du bout du nez et ce ne sera jamais bon.
De toutes façons le souci avec ces trucs sociaux, c’est de ne pas tomber dans le panneau de dire au lecteur quoi faire ou quoi penser. ça peut lancer une réflexion, faire réfléchir à un truc. Mais si ça te dit quoi penser, comment te comporter, comment vivre ta vie, ce qui devrait être un comportement normal ou pas normal; c’est tout de suite agaçant.
Même si certains abrutis auraient peut être besoin de changer d’attitude, c’est pas en leur gueulant dessus que ça fonctionnera^^
Je pense que c’est le type de BD le plus compliqué à faire en fait. Ne pas enfoncer des portes ouvertes, ne pas s’adresser aux gens comme s’ils étaient demeurés, véhiculer un message intéressant mais sans chercher à imposer une opinion, plutôt à faire réfléchir.
C’est pour ça entre-autres que j’apprécie les comics mainstream. dans la fenêtre très étroite qui les concernent, les auteurs n’hésitent pas à confronter leur héros à des questions très générales mais qui peuvent aller dans l’immigration, l’handicap, le droits des animaux, les métaphores politiques… mais toujours dans un esprit de poser des questions plutôt d’asséner une vérité…
lourd ou pas, les Daredevil de Nocenti avaient une sensibilité de reporter, ceux de Miller une réflexion sur la réinsertion et la peine de mort…
Les X-Men n’en parlons pas…
Superman interroge sur l’ingérence ou simplement sur le quotidien des paysans du kansas…
c’est bien moins manichéen qu’on pourrait le croire et plus habile qu’un pensum sur la mondialisation récité en direct du parlement européen…
Moui….
J’ai aussi vu des planches de Superman sur les réseaux sociaux où il est plus que liberal envers la population qui le supplie de les aider à reconstruire une maison et à qui il répond de se retrousser les manches…
Sur les ravages de la dictature de l’émotion et du politiquement correct, l’interview de BE Ellis dans MADAME FIGARO met un peu de baume au coeur : http://madame.lefigaro.fr/celebrites/bret-easton-ellis-anticonformiste-par-essence-white-310519-165382
Tu parles de celle-ci Tornado ?
bedetheque.com/BD-Presidente-Durpaire-Boudjellal-Tome-1-La-Presidente-261694.html
Elle est aussi sur le blog, chroniquée par Patrick…
Sympathique interview.
Par contre je dois bien l’avouer, et sans vouloir vexer personne (parce que les auteurs français peuvent nous lire^^), ça ne m’intéresse pas du tout.
Je trouve que le manga Prophecy a tout dit en ce qui concerne le décalage entre les actes graves et les réseaux sociaux qui s’en amusent, les gens pauvres qui commettent des crimes et la manipulation médiatique.
Et d’autre part, je me fiche pas mal de ce qui est arrivé à cette femme. Ce n’est pas pour minimiser la chose mais je ne peux pas m’inquiéter ou montrer de l’intérêt pour tous les gens que je ne connais pas qui vivent des traumatismes.
Et si je devais m’inquiéter pour quelqu’un que je ne connais pas, ce ne serait pas une personnalité pétée de thunes.
Je me fiche complètement de Kardshashian également.
La BD relate l’impact d’un fait divers sur notre société. Gageons qu’on en reparlera bientôt lors du jugement des braqueurs que je suivrai avec attention.
« On a évité de raconter ou imaginer la personne qu’elle est dans le privé. Ça aurait été une erreur. » C’est une approche que je trouve remarquable et totalement juste. La BD m’attire mais pour l’instant je n’ai pas sauté le pas. Comme d’habitude, une bonne interview, éclairante et soulevant de nombreuses pistes de réflexion. J’ai vu passer le dernier Mardon sur le travail, il me fait également de l’oeil.
La BO : j’aime bien.
Cette interview restitue bien la démarche des auteurs et donne envie de tenter la lecture.
Maintenant, Kim Kardashian, j’ai jamais compris le phénomène… Je suis sans doute trop vieux…
Sinon, sur la photo de fin, on aura vu Bruce plus souriant…
Gregory a été suffisamment patient pour supporter une session de photo improvisée, plus loupées les unes que les autres…
Globalement, j’essaie de ne plus sourire sur les photos : j’ai l’air idiot.
J’avais entendu parler de cette BD, mais impossible de me rappeler via quel média.
C’est un fait divers dont je n’ai absolument aucun souvenir.
J’ai découvert Kim K. quand on a commencé à dire qu’elle avait la plus grosse fortune du monde.
C’est là que j’ai appris qu’elle était en fait connue pour son cul et une émission de télé-réalité.
Je n’ai ni mépris ni empathie pour cette personne, elle m’indiffère, mais je ne suis pas non plus fan des histoires trop sociales.
Je pense tout de même suivre le dénouement du jugement.
Concernant la BO : ouah, je ne m’attendais pas à ça. Je ne savais pas que Marshall était allé aussi loin.
La musique est obsédante, mais les paroles sont difficilement supportables.
Enfin la photo : tu n’as peut-être pas l’air idiot, mais tu fais peur ! A chaque fois que je vois une photo je me dis « mais si rappelle-toi, il est gentil, ne te fie pas à son air méchant » 😀
@Kaori : avant ses duos assez pathétiques avec Rihanna et Beyoncé, Eminem était un méchant, un vrai.
Dans cette chanson, il s’imagine assassiner sa femme de l’époque Kim et mère et de sa fille unique. Le rendu est effectivement particulièrement éprouvant pour ces 4 minutes de rage pure où Eminem passe de l’amour à la haine. Une chanson qui terrifiera dans la vie réelle la vraie Kim et aboutira au divorce du couple.
Concernant la photo, je suis moins méchant qu’Eminem. Mais le mimétisme qui permet à un animal inoffensif de passer pour un prédateur évite souvent des combats inutiles. Un mode de défense comme un autre… La vie serait sûrement plus simple sans scrupules…
Mmmm.
Je ne connais pas le duo d’Eminem avec Beyoncé.
J’associe surtout Eminem à the slim shady, Stan et le film 8 mile. J’avais oublié son duo avec Rihanna…
J’ai du mal avec les étiquettes concernant les « stars ». Comme le dit bien l’article et l’artiste interviewé, les stars véhiculent une image mais peu de gens les connaissent vraiment, et certainement pas le grand public.
Eminem, je l’ai toujours vu comme un sale gosse provocateur, et comme tu le dis toi même, c’est parfois un moyen de se protéger.
Mais cette chanson pour sa femme va au-delà de ma compréhension. Je pense que n’importe quelle épouse aurait flippé.
Après recherche, je vois qu’il n’a jamais été accusé de violence par sa femme, donc ça corroborerait mon idée que c’est un provocateur, et peut-être que ce titre est une espèce d’exutoire, mais à force de jouer avec le feu, on s’y brûle…
Au delà du volet provocateur évident, je retiens que Eminem utilise son art pour cautériser ses blessures : mieux vaut tuer sa femme en chanson que dans la réalité. Pour anecdote, le couple se reformera quelques années plus tard avant de nouveau se séparer, ce qui plongera le chanteur dans une dépression et la fin de l’âge d’or de sa carrière.
Je ne vois pas trop le caractère « social » de ce fait-divers. Ces trois « retraités » avaient sans doute un casier avant cette affaire. Ils ne sont pas devenus des cambrioleurs sous la pression. Je touche le RSA, ça ne m’a jamais incité à braquer des petites vieilles. Je dirais même que, d’une manière assez perverse, ça fait encore de la pub pour KIM. J’ai néanmoins ressenti de l’empathie devant cette femme terrorisée. Grégory Mardon est un artiste complet que j’apprécie depuis plusieurs années, mais j’avoue être plus intéressé par son album chez Futuropolis (LE TRAVAIL M’A TUÉ).
Je ne vois pas trop le caractère « social » de ce fait-divers
Alors j’ai loupé mon itw 😉
Je dirais même que, d’une manière assez perverse, ça fait encore de la pub pour KIM
Les braqueurs ne savent même pas qui c’est (ils la confondent avec Kim Bassinger) et maîtrisent encore moins la folie des réseaux sociaux.
Je t’avoue que cette BD me pose problème. La victime, quoi qu’on en pense, c’est Kim Kardashian, pas les trois cambrioleurs. Si tu voulais prouver que c’est la société actuelle qui est responsable de leur vocation, je ne serais pas (entièrement) d’accord. Dans cette histoire, je ressens autant d’empathie envers les agresseurs qu’envers la victime. Kim Kardashian est une icône, elle est riche, et d’une certaine manière elle reflète la superficialité de la société actuelle (elle a d’ailleurs bien raison de capitaliser sur la connerie des gens), mais je me refuse à faire de ces trois pieds-nickelés un symbole de la lutte des classes. Ce serait un peu réducteur. Il faudrait dans ce cas accepter de les voir comme des Robins des bois modernes, ce qui serait foncièrement romantique, voire un tantinet naïf. D’ailleurs, dans cette affaire, on peut sans mal imaginer un autre scénario avec trois brutes et le résultat aurait été très différent.
Au final, je pense sincèrement que cette BD capitalise sur l’image de la Kardashian et en aucun cas ne tente d’attirer l’attention du lecteur sur la néo-féodalité et le culte de l’apparence. Si la victime avait été riche, mais inconnue du grand public, ce livre n’existerait pas et on se ficherait pas mal que les trois bandits touchent le RSA ou souffrent de problèmes de santé.
C’est d’ailleurs pour cette raison que je salue le travail de Grégory Mardon, mais que je me fiche complètement de cette histoire. En revanche, et sans vouloir radoter, il y a de vraies bandes dessinées engagées qui attendent le lecteur ayant une conscience sociale dans les librairies.
Donc, pour résumer, l’interview est réussie, même si je ne suis pas d’accord avec certains passages et non je n’achèterai pas cet album, préférant investir dans LE TRAVAIL M’A TUÉ chez Futuropolis.
Pascal,
A aucun moment ils ‘agit d’en faire des Robins des bois. Pour ce faire il faudrait d’ailleurs que les braqueurs redistribuent leur butin, ce qui n’est aucunement le cas. Le bouquin montre 3 types avec un casier judiciaire monter un coup qui marche contre toute attente. C’est la rencontre d’une France de bandits à la Audiard contre le sécuritarisme post 13 novembre (encore un événement nettement plus dramatique et aussi invraisemblable : tuer des gens aussi « facilement » dans les rues de Paris ».
L’un d’eux écrira une lettre d’excuse à Kardashian pris par le remords. Il ne s’agit pas de les excuser mais de montrer le côté humain de la chose, et en cela on est bien chez Mardon qui montre sans juger. On est bien dans une BD où l’on comprend la haine de Magneto ou la violence de Bruce Banner sans l’accepter. Sauf qu’ici c’est la réalité.
Après, je peux tout à fait comprendre ta position qui était celle de Libé si je me souviens bien : rire des malheurs de Kardashian n’est pas moral ou révolutionnaire. Mais je t’assure que ce n’est pas le cas.
Enfin, je te rejoins autour du fait que j’ai aussi hâte de retrouver Mardon dans LE TRAVAIL M’A TUE.
@Bruce : l’analogie avec Robin des bois était mauvaise, je te l’accorde.
Une fois encore, j’ai de l’empathie pour ces trois types, mais c’est dans ma nature de penser à la victime d’abord. À ce sujet, je te connais suffisamment pour savoir que son sort ne t’a pas fait rire.
Tes arguments sont tout à fait recevables. Disons simplement que je remets en cause la portée sociale d’un tel bouquin. La couverture, à ce titre, est emblématique, parce que KARDASHIAN est immense, dans la lumière, alors que les « gilets jaunes » sont petits et dans l’ombre (interprétation personnelle qui peut être retournée comme un gant, j’en ai bien conscience). Mais bon, je n’aime pas polémiquer sur un album que je n’ai pas lu. Il est fort probable que je le lirai en médiathèque, via un ami ou par les voies détournées habituelles. Le cas échéant, je viendrai en reparler ici.
Et une fois encore, ton interview est réussie, parce qu’elle confirme tout le bien que je pensais de Gregory Mardon. À ce titre, je vais partager ton article sur ma page. ^^