Tintin Reporter Au Pays des Soviets, par Hergé
1ère publication le 30/04/17- Mise à jour le 25/09/21
Par : TORNADO
VF: Casterman, Editions Moulinsart
Cet article s’engage à respecter la charte d’utilisation de l’œuvre d’Hergé sur les réseaux sociaux émise par Moulinsart.
Cet article portera sur la dernière édition en date de la toute première aventure de Tintin : Tintin Au Pays des Soviets. Les deux albums qui viennent de sortir proposent, pour la première fois de manière officielle, l’intégralité des planches en version couleur. Car à cette occasion, l’éditeur Casterman a mis sur le marché deux versions distinctes : Un album simple (intitulé Tintin Au Pays des Soviets), avec les 138 pages de la bande-dessinée dans une version colorisée, sur papier mat ; mais aussi une version dite « deluxe » (intitulée Tintin Reporter Chez les Soviets), limitée à 50 000 exemplaires, avec la même chose sur papier glacé, agrémentée d’une préface de seize pages richement illustrées, écrite par Philippe Goddin (1), et d’une planche inédite reproduite en fac-similé, également colorisée.
Cet article portera sur la version « deluxe », vendue pour le double du prix de la version simple. Mais bon, quand on est fan, on ne compte pas…
Avouons-le tout de suite : C’est la première fois que je lis la chose !
Comme à peu-près tout le monde, j’ai découvert Tintin dans ma prime enfance, en lisant les aventures en couleur dans leur version définitive avec, au dos, la reproduction des 22 couvertures officielles des aventures de Tintin, qui omettaient sciemment la première, Tintin Au Pays des Soviets, ainsi que la dernière, l’inachevé Tintin et L’Alph-Art, laissé à l’état de story-board archaïque.
Chez mes parents, il y avait deux vieux albums élimés (Les 7 Boules de Cristal et Coke en Stock) qui possédaient un quatrième de couverture différent, avec une très belle illustration façon carte au trésor, où l’on voyait les personnages principaux sur une île toute verte. Mais aucune trace de cette aventure en Russie bolchevique. Et la première fois que je suis tombé sur la version en noir et blanc de Tintin Au Pays des Soviets en le feuilletant dans un supermarché, je n’avais pas eu envie de le lire tant les planches me paraissaient rébarbatives. Cette mauvaise impression demeurera pérenne, si bien que je n’avais encore jamais lu cette première aventure jusqu’ici !
Plus tard, j’ai eu beau apprendre que c’était la version voulue par son créateur, je n’avais pas plus envie que cela de la découvrir, sachant que je trouvais déjà Tintin Au Congo assez infantile (arrivé à l’âge adulte), et que tout le monde disait, à propos des Soviets, qu’il était bien pire…
Remettons d’ailleurs les choses dans leur contexte : Hergé n’aimait pas du tout Tintin Au Pays des Soviets. Il n’en avait cure. Et au départ, il s’était opposé à ce que l’album soit réédité après la guerre, alors que le succès de son héros devenait international. La réalité est la suivante : Etant devenu introuvable, l’album faisait les choux-gras des adeptes du piratage, qui revendaient les rares exemplaires à prix d’or et spéculaient à l’extrême. A contrecœur, Hergé se résigna à rééditer le bouquin afin de s’opposer à ces débordements, mais refusa radicalement qu’il soit refait et colorisé, comme cela avait été le cas avec Tintin Au Congo et toutes les autres aventures parues initialement en noir et blanc sous forme de strips dans le Petit Vingtième où dans le supplément jeunesse du journal Le Soir. C’est dire à quel point Hergé n’en avait strictement rien à cirer, de ce premier album, qu’il devait considérer, pour de multiples raisons qui lui appartenaient, comme une œuvre de jeunesse à oublier. Un premier essai obsolète…
Ainsi, les puristes qui ont opposé à cette nouvelle sortie en couleur une levée de boucliers ostentatoire, doivent peut-être tempérer leur réaction… de puristes.
Car à l’argument « il faut absolument respecter le vœu de son auteur », on pourra aisément leur répondre qu’Hergé ne voulait pas de cette mise en couleur tout simplement parce qu’il n’avait pas envie de s’emmerder avec un album qu’il préférait oublier, et non parce qu’il souhaitait absolument qu’il demeure en noir et blanc pour des raisons artistiques. De toute manière, c’est une fatalité : il y aura plus tard une version pirate en couleur, bien avant celle qui vient de sortir !
Mais observons encore les arguments à charge contre cette sortie colorisée tardive :
J’ai par exemple lu ici et là que la mise en couleur était affreuse, avec des choix bâtards, des teintes criardes, flashy, et une colorisation Photoshop faite à l’arrache. Enfin, les allergiques au papier glacé ont encore (encore !!!) fait la moue en tartinant qu’on aurait dû faire « comme à l’époque », avec un tramage à l’ancienne imprimé sur papier mat… En y regardant bien, tous ces arguments sont lassants, complètement injustifiés, quand ils ne sont pas tout simplement faux. La mise en couleur actuelle est en réalité très élégante, sobre, pensée à partir de toute une gamme de gris colorés, avec une dominante bleue, taupe ou vert-olive. On est très, très loin du kitsch annoncé !
L’autre argument qui m’a agacé est de l’ordre de la bien-pensance et, là encore, on nage en pleine mauvaise foi surréaliste lorsqu’on lit qu’Hergé cassait bêtement du communiste, ce qui est vrai, mais que cette version couleur enfonce le clou en affublant chaque personnage russe d’une peau rosâtre, comme si tous les ruskovs étaient des poivrots notoires et que le coloriste était un méchant réac pratiquant la discrimination anti-communiste. Disons-le tout net : Ce genre d’argument est aussi inepte que lorsque l’on entend qu’Hergé était un facho de premier ordre et un collabo nazi parce qu’il écrivait Tintin Au Congo et qu’il ne s’est jamais impliqué dans une cause politique. A se demander qui pratique la discrimination dans ce type d’accusation…
Comme on l’avait déjà précisé dans l’article sur Hergé et l’humanisme, l’auteur de Tintin était très jeune lorsqu’il a commencé à dessiner son héros (entre dix-neuf et vingt-et-un ans au moment des Soviets), et il était alors sous l’emprise de son rédacteur en chef au journal du Vingtième Siècle : l’abbé Wallez. Par exemple, ce dernier demandait à Hergé d’envoyer Tintin casser du bolchevique parce que son journal était antibolchevique (mais pas antifasciste puisque le portrait de Mussolini trônait au dessus de son bureau !). Par la suite, Hergé va s’émanciper de cette ascendance et opérer un énorme travail de prise de conscience personnelle, ne cessant plus, dès lors, d’humaniser ses propos, en même temps que ses personnages. L’inverse d’un sale con, en définitive.
A fortiori, entendre encore parler de discrimination dans un album de Tintin est exaspérant. Et si le coloriste ne peut plus apporter un simple signe distinctif afin de conceptualiser les méchants (car les soviets, dans cette histoire, sont effectivement méchants. C’est naïf, mais c’est comme ça !), autant dessiner les nazis de Maus avec un air de poupon et une auréole sur la tête, comme ça il n’y aura plus de discrimination nulle part…
Pour ma part, je vois dans cette nouvelle édition en couleur l’opportunité de me pencher enfin, de manière optimale, sur cette première pierre à l’édifice de l’une des œuvres majeures du XX° siècle. Et là où les puristes voient une trahison et un crime de lèse-majesté, j’y trouve personnellement un surplus de séduction. Un modèle de modernité rétroactive. Une passerelle entre les époques. Et je suis quasiment persuadé qu’Hergé aurait apprécié le boulot (après, on pourra toujours lever un débat sur le principe de la restauration des œuvres d’art, et le degré permis de transformations intrinsèques).
Je me suis donc offert cette nouvelle édition car il s’agit avant tout d’un beau livre et d’un bel objet de collection, qui redonne un très beau coup de jeune à une BD qui m’avait toujours donné envie, jusqu’ici, de passer à côté sans m’arrêter…
En fin de compte, est-ce que cette colorisation apporte quelque chose à ce bouquin ? C’est quand même la question principale, non ? La réponse est affirmative, sans hésiter, tant l’ensemble, en plus d’être plus séduisant, devient extrêmement plus lisible, notamment en isolant le blanc des phylactères, qui restent assez envahissants.
Au final, plutôt que de condamner un livre que les mêmes puristes se sont quand même achetés (va comprendre !), ne peut-on tout simplement l’accepter comme une belle opportunité de le redécouvrir, voire de le réinventer ? Il n’est dès lors pas question de le substituer à l’ancienne version en noir et blanc, faite pour les puristes, les curieux et les collectionneurs, mais plutôt de permettre aux deux versions de coexister pacifiquement et d’offrir ainsi à tout le monde le choix de lire cette histoire comme elle a été publiée à l’époque, ou au contraire de faire sa connaissance par le biais d’un coup de jeune qui ne trahit nullement son esprit, mais le réactualise en toute connaissance de cause, tout simplement. Et finalement, la seule chose qu’il faut espérer, c’est que les deux versions continuent de coexister.
Et sinon, Tintin Reporter Chez les Soviets, est-ce que c’est bien ?
Non, ce n’est pas terrible ! Mais comme le dit fort bien Philippe Goddin dans sa préface, « il serait absurde de chercher à y déceler une certaine maturité politique, graphique ou scénaristique : son récit doit être observé pour ce qu’il est, comme le point de départ d’une incontestable évolution. Il s’agit certes d’un pamphlet naïf, manichéiste et outrancier. Mais c’est sur ce canevas simpliste qu’Hergé a déployé son humour et ses talents de narrateur burlesque… »
Et plus loin, on peut lire aussi : « Tintin apparait ici comme un personnage monolithique, muré dans ses convictions : comme un matamore. Il est d’ailleurs amusant de constater qu’au fil de cet épisode, Hergé éprouve de moins en moins le besoin de lui dessiner une bouche. Pour quoi faire ? Il n’interroge pas, ne converse pas ! Il se contente d’observer à travers le prisme de ses préjugés… ».
Philippe Goddin a tout compris car c’est comme ça qu’il faut prendre le début de l’œuvre d’Hergé : Un travail de jeunesse (de gamin, même !) déconnecté des complexités du réel, et en même temps l’invention latente de la bande-dessinée moderne et, par extension, les débuts timides et les tâtonnements de l’œuvre d’un génie.
En ce sens, il est impressionnant de comparer les premières planches de Tintin Au Pays des Soviets avec les dernières : L’évolution est fulgurante. Et l’on y voit le jeune auteur apprendre, innover et inventer en direct, de manière complètement autodidacte.
Si l’on essaie d’imaginer la publication initiale de cette histoire sous la forme de strips périodiques, on peut encore être étonné par la fluidité du découpage, qui est d’une limpidité telle que l’œil se laisse guider par un enchaînement extrêmement inventif de plans et de cadrages en perpétuelle variation de points de vue, le tout guidé par une volonté exemplaire de s’encrer dans un réalisme maniaque du détail au niveau de la représentation graphique (chaque véhicule étant rigoureusement fidèle à la réalité), quand bien même Hergé ne possédait qu’une vague idée de la Russie (avec, pour toute documentation, un seul livre intitulé Moscou Sans Voiles, rédigé par un ex-consul de Belgique en Russie tsariste nommé Joseph Douillet).
C’est cette évolution rapide de la mise en forme conceptuelle qui fait tout l’intérêt de cette lecture, bien davantage que l’histoire désuète et surréaliste qu’elle raconte. Et cette première aventure de Tintin n’est au final intéressante que pour la place qu’elle occupe dans son contexte bien particulier.
1929 est, pour l’occident, une période dominée par le progressisme et Hergé s’inscrit précisément dans ce courant de pensée, même sans le savoir. Attention, la notion de « progressisme » des années 20 n’entretient aucun rapport avec celle d’aujourd’hui (soit un courant de pensée qui décide que toutes les idées « d’avant » sont nocives par définition et qui oppose un rempart contre la pensée réactionnaire, avec en contrepoint le même type d’extrémisme aveugle !). Le progressisme des années 20, cher à Charles Chaplin ou aux futuristes italiens, c’est la confiance dans les progrès de la technologie (bien avant l’arrivée de la bombe atomique !), la fascination pour les inventions et, par extension, pour la vitesse, nouvel apanage de la civilisation industrielle.
A ce titre, il faut voir Tintin filer à toute vitesse tout au long de ces 138 pages qui ne sont rien d’autre qu’une fuite en avant, une succession de péripéties dont le pitch de départ (Tintin part au pays des soviets afin d’effectuer un reportage qui dénoncera aux yeux du monde leurs activités impies) n’est qu’un prétexte afin de mettre en scène des poursuites où tous les véhicules, voitures, avions, trains, bateaux, finissent par former le prisme d’une volonté constante d’illustrer le mouvement et la vitesse !
Puisqu’il s’agit d’illustrer cette dernière idée, la huitième planche de l’album est décisive : Alors qu’il n’était coiffé que d’une frange grossière sur les sept pages précédentes, Tintin s’empare soudain d’une automobile et, afin d’échapper à ses poursuivants, démarre à toute blinde. Ses cheveux, sous l’effet de cette vitesse, opèrent un mouvement en arrière et forment une houppette. Née sous l’impulsion de la traduction picturale du mouvement, elle ne disparaitra plus jamais. Tintin est donc l’enfant de l’action et de la vitesse, ayant pris vie dans l’utérus du mouvement virtuel de l’image fixe et de la narration séquentielle…
A l’arrivée, Tintin Au Pays des Soviets vaut le détour non pas pour son scénario anémique, mais pour son aura d’œuvre de l’aube, car tout vient de là. Soit l’Histoire de la BD (oui, avec un grand « H » !).
Pour ses expérimentations graphiques et conceptuelles, sa volonté de mener le plus rapidement possible l’œil du lecteur de la gauche vers la droite et de haut en bas, cette première aventure est une fascinante expérimentation séquentielle qui, au-delà de sa conception dictée par une sorte de dogme sclérosant (l’abbé Wallez et ses velléités de vindicte politique au rabais), parvient à transcender ses limites afin de faire « œuvre », de marquer de manière lumineuse une avancée inéluctable vers un ailleurs narratif qui marquera son temps en inaugurant le 7° art et, peu à peu, en devenant l’un des mediums majeurs de la contre-culture et, au bout du compte, de la culture tout court.
Au final, il s’agit ni plus ni moins de la naissance d’un véritable mythe moderne.
(1) : Professeur d’arts plastiques, Philippe Goddin écrit, depuis près de 20 ans, la biographie la plus complète publiée à ce jour sur le créateur de Tintin (Hergé, Chronologie d’une Œuvre). C’est l’un des plus grands spécialistes vivants de la vie et de l’œuvre d’Hergé.
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La BO du jour
Un article très clair et passionant sur cette oeuvre et sa position clef dans l’histoire de la bd. Le passage sur l’apparition de la houppette est savoureux et peut effectivement se lire comme un point de départ. Un très bon 1001e article. Thanks
En ayant seulement connu la version N&B, je trouve cette colo plutôt adapté ma foi, et cet article met bien en lumière le contexte de production et le talent émergeant de l’artiste.
Tintin c’est un peu comme Gaston pour moi, en ce sens que la partie que je préfère sur le plan graphique ne correspond ni au premiers tomes ni aux derniers, mais plutôt à la partie intermédiaire (à partir du Lotus Bleu pour Tintin, et des volumes 6 à 16 environ de l’édition de 1997 pour Gaston, bien que j’ai tendance à préférer les R1 à 5).
Tintin est une série d’enfance que je n’ai curieusement jamais eu envie de revisiter, contrairement à Gaston, que j’ai découvert pour la première fois en savourant plus jeune des numéros de Spirou des années 1976 à 1978, précieusement gardés par des proches, et contenant notamment le Trombone Illustré (compilé dans un recueil assez onéreux sur le web) ainsi que les gags de Gaston se trouvant sur le dos de couvertures.
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L’autre période du magazine que j’avais apprécié, c’était celle de la fin des années 90/début 2000 (je suis fan du mal-aimé Machine qui Rêve) avec l’arrivée de Thierry Tinlot au poste de rédacteur en chef.
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https://vimeo.com/89294618
A aucun moment, je me suis demandé si la colorisation de l’album était un crime de lèse majesté vu qu’elle permet d’apprécier une oeuvre plutôt maudite. Ce qui serait inconcevable, ça oui c’est d’écrire une suite à Tintin, ça oui. Heureusement je serai mort (probablement) que Tintin passera dans le domaine public.
Les Soviets, c’est au delà du mauvais. Tes arguments et ceux de Godin m’ont pleinement convaincu, c’est un tour de chauffe, une ébauche. Mais c’est chiant. C’est à peu près aussi passionnant que d’entendre s’accorder un grand musicien. Autant, il y a des moments qui m’amusent dans le Congo, autant dans cet album rien n’est drôle, c’est une série de courses poursuites sans grand suspense. Et je trouvais déjà ça naze il y a 30 ans quand mes parents me l’avait acheté à France Loisirs…
Les couleurs ne me choquent pas. Pas plus que la représentation du Bolchevique ou des noirs à lèvres lippues par la suite. Voire même des Juifs à gros nez. La Bd est né de la carricature. La carricature a été détournée par le nazisme. Le noir de chez Asterix me fait mourir de rire.
Il ne prononce pas les -R ? Et alors ? Les auteurs sont de l’autre côté assez impitoyables avec les habitudes françaises non ? Nous , les Français , on est nul en langues. Lorsque Gambit est écrit avec un accent Français lamentable, c’est mignon.
Voir des russes accompagnés de Vodka ne me choque pas plus que la baguette. C’est une BD pas un traité de sociologie. Et ici, il s’agit de « méchants ». Et je rappelle que le gentil Haddock est lui aussi accompagné de sa bouteille. Et que je vénère TIntin et surtout HAddock. Et que celà ne m’a pas rendu alcoolique pour autant.
Avec moins de censure, notre époque est beaucoup plus frileuse que pour Coluche par exemple. Rire de l’autre c’est aussi rire avec l’autre. Rire n’est pas humilier. Mais pour faire rire il faut du talent. Et surtout de l’amour.
Vive Hergé ! Le seul à pouvoir se positionner pour le mille et un article.
Je vais dire « comme Bruce » pour faire simple^^ Toutes ces polémiques modernes sont ridicules. Tous les persos sont caricaturés dans Astérix par exemple. Mais le noir c’est raciste ? Il faut être noir pour avoir le droit de caricaturer un noir ?
Le pire c’est que ce ne sont même pas les noirs qui s’indignent de ça.
Je ne connaissais pas cette histoire de Tintin. J’avais vu la couverture sans savoir qu’il s’agissait de la première histoire.
ça ne m’intéresse pas vraiment. Les dessins sont même bien laids.
Pour le coup je pense préférer les comics old school 😉
Je ne me considère pas comme un immense fan de Tntin. Mais j’ai tout lu (sauf cette histoire donc)
J’aime surtout Haddock. Tintin est quand même peu intéressant. Je garde surtout un bon souvenir des dyptiques « secret de la licorne », « objectif lune » et « l’ïle noire » (dont j’étais très fan grâce au gorille…parce que j’aimais déjà les « monstres »^^)
Tornado, tu aimes Boney M ?
C’et toujours un immense plaisir que de découvrir un article de Tornado sur Tintin. Bizarrement, je n’ai aucune envie de me renseigner par moi-même sur Hergé, alors même que j’ai lu tous les Tintin une première fois pour moi-même dans ma jeunesse, une seconde fois pour mes enfants… sauf Tintin au pays des soviets que je n’ai lu qu’une seule fois à l’âge adulte. Du coup, peu m’en chaut que cet album ait été colorié ou non. J’ai l’impression que le lectorat visé reste celui des fans de Tintin, et pas du grand public.
L’inverse d’un sale con, en définitive. – Très jolie formule pour conclure une explication aux petits oignons.
Sur la caricature des russes, le point de vue de Bruce me convient tout à fait. C’est nauséabond si l’auteur ne fait que critiquer les autres, c’est une tout autre histoire si tout le monde en prend pour son grade, et que l’auteur commence par balayer devant sa porte.
Une fuite en avant : ça exprime complètement l’impression que j’en ai gardé, Hergé prolongeant son histoire au fur et à mesure, dans un esprit feuilletonesque, avec l’incroyable présence du scaphandre dans la cellule de la prison.
Magnifique explication et analyse de la naissance de la houppette.
Ce n’est plus un article, mais un vrai cours de l’art, Tornado ! Merci beaucoup pour tout ce que tu m’apprends ici, et pour remettre en perspective cette bd. J’ai une vieille version de Casterman, un fac-similé de l’édition originale, qui date de la sortie de Tintin et l’Alph-Art : les deux bds m’avaient été offertes à Noël, et j’étais très jeune. J’ai lu les deux, que je garde en tant que beaux livres, mais je ne les ai jamais rouverts. Tu me donnerais presque envie de le faire, même si je n’ai pas cette version colorisée. Mais bon, je ne serai jamais fan de Tintin… il me faudra beaucoup de courage. Et puis j’ai plein de trucs sympas à lire.
Je me rends compte également que le premier album de Trondheim (Lapinot et le carottes de Patagonie) doit être influencé par ce voyage chez les Soviets, ainsi que beaucoup d’autres de ses oeuvres, qui sont tournées vers l’action et la fuite.
Je ne connaissais que la version en noir et blanc de Tintin chez les soviets. La mise en couleurs des planches de Hergé me parait très agréable. Mais je n’irai pas racheter l’album pour ça. Lire un tirage limité de 50 000 exemplaires me fait beaucoup rire.
Saviez-vous que le personnage phare de Hergé n’est pas le premier à s’appeler Tintin? Benjamin Rabier avait crée un personnage, blond qui possédait une houppe et se nommait Tintin-Lutin. « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. »
Et il y a Rintintin aussi.
Bon ok je sors…
L’évocation de Rintintin, ça me rappelle à chaque fois la citation de Mitchum (« Je suis devenu acteur de cinéma… Je me suis dit que si Rintintin pouvait y arriver, ce serait du gâteau pour moi. »).
Hello Lionel, oui je connaissais cette anecdote et l’apparence physique de ce modèle d’Hergé. Mais pour tout dire le volet origines ne m’intéresse que peu chez les artistes. D’ailleurs la plupart du temps je commence mes biographies par la fin.
J’aime lorsque un artiste arrive à maturation de son talent. Ou une musique. Je ne changerai pas un disque des Stones contre un camion de bluesmen des années 30 🙂
J’étais distrait ce matin et je pensais que l’article était signé par Bruce. Les références à l’histoire de l’art et l’emploi d’un certain adjectif auraient du me mettre la puce à l’oreille !
Clairement, cet album ne m’intéresse pas, ni en standard, ni en deluxe.
Cela dit, quelle évolution dans ces pages, et encore plus dans les albums suivants !
Petite question pour les experts, à partir de quand Hergé s’est-il mis à bosser avec des assistants ?
Hergé s’est mis à bosser avec des assistants, si je ne dis pas de bêtises, au moment où, après la guerre, il signe avec Casterman et commence à refaire les albums pour le format standard des 62 pages. Bob de Moor et Edgar P. Jacobs sont les premiers grands auteurs de BDs a commencer par être ses assistants.
L’album qui restitue le plus cette association mais, tu dois le savoir, reste « Le Sceptre d’Ottokar » dans sa version couleur. Jacobs l’a quasiment entièrement redessiné, amélioré et approfondi plastiquement et dans les détails. Au point qu’il insiste pour avoir son nom sur le haut de l’album, ce qui conduira les deux amis, Hergé & Jacobs, à stopper leur collaboration…
Bon ben, rien à ajouter. Cet album entant que récit est plutôt mauvais. C’est archaïque et maladroit. Mais c’est un témoignage historique de l’histoire de la BD. Ça m’a fait un peu le même effet que de lire les premiers épisodes de Stan Lee, Kirby et Ditko : Valeur historique certaine. Valeur artistique obsolète. Et en même temps quelque chose d’important artistiquement dans l’idée de découvrir les germes d’un medium en devenir.
J’ai été navré, effaré, atterré par la réactions des tintinophiles puristes qui ont attaqué cette éditions tout en avouant l’avoir achetée. Les arguments étaient exaspérants, et j’en ai restitué un florilège dans mon article.
En fait, les anti-tintin idiots qui traitent Hergé de facho et les tintinophiles extrémistes qui restent persuadés que Tintin leur appartient et qu’ils ont leur mot à dire sur tout ce qui sort, je les mets dans le même panier. Ou plutôt la même poubelle…
J’espère néanmoins que Tintin restera le plus longtemps possible dans le registre des oeuvres que l’on ne doit pas poursuivre. Comme le disait bien Hergé : « Si quelqu’un d’autre reprenait Tintin après ma mort, ce serait peut-être moins bien, ce serait peut-être mieux, mais ce ne serait pas Tintin ». Une phrase lucide et beaucoup plus modeste qu’elle en a l’air. A méditer.
@Bruce : Oui, j’aime bien Boney M. Je trouve que « Sunny » est une chanson magnifique (Ma Baker est pas mal). Le reste est très anecdotique, très kitsch, avec quelques chansons à prendre au 2nd degré (Daddy Cool, Bahama Mamma, Rivers Of Babylon, Rasputin), pour rigoler et faire la fête.
Au pire il faudrait juste le prendre comme ça si Tintin continuait. Un truc différent. J’avoue que ça ne m’inquiète pas que Tintin soit poursuivi. C’est une série avec des histoires indépendantes. Rien n’oblige à acheter les albums si ça reprend. Spirou ça continue il me semble, et je m’en désintéresse. Yoko Tsuno aussi, Natacha aussi. M’en fous, j’ai déà les albums qui me vont et ça fait longtemps que je ne cherche plus à avoir une série complète. Je n’ai que des échatillons de Spirou, Sammy, Natacha, Blake et Mortimer. Je ne suis plus attiré par la perspective de tout avoir et donc moins gêné par le fait que ça continue de sortir et soit moins bien.
S’ils ne savent pas s’arrêter et font des trucs moins bons qui ne ressemblent plus aux débuts…tant pis. Du moment que ça ne vient pas pourrir les anciennes histoires. Genre je sais pas…avec de la PU… de rétro-continuité bendisienne !
@Matt : Ce qu’il y a de différent avec Tintin, c’est qu’il s’agit d’une oeuvre où chaque pièce constitue un élément clé au coeur d’une évolution et d’un tout. Ajouter des histoires reviendrait à changer le visage de cette oeuvre. Elle serait irrémédiablement dénaturée, en ce sens qu’elle incarne l’évolution d’un homme et d’un seul : Hergé. Soit l’un des artistes majeurs de son temps. Un peu comme si un sculpteur décidait demain de poursuivre l’oeuvre de Michelange. Ça n’aurait aucun sens.
On ne dénature pas l’oeuvre d’une vie. C’est aussi simple que ça.
Euh…ouais, j’avoue que je saisis moyennement le concept. Je ne perçois pas vraiment ce que tu mentionnes avec les clés et le « tout ».
Disons que du point de vue du lecteur lambda (que je suis pour le coup, vu que j’ai lu ça gamin et que je ne me suis jamais bien renseigné sur Hergé), je ne suis pas sûr qu’il perçoive ça différemment des auteurs qui se succèdent sur d’autres séries. Pourquoi Hergé et personne d’autre ? Doit-on dire que Spirou c’était Franquin et personne d’autre ? Moi j’aime bien les albums de Fournier. C’est une question de dates ? C’est trop vieux pour reprendre la série ?
Je m’interroge vraiment, hein. Je ne fais pas l’idiot^^ Après, je ne dis pas que ce serait bien de reprendre Tintin, loin de là. D’ailleurs beaucoup de séries devraient savoir s’arrêter. Mais j’avoue ne pas trop saisir en quoi c’est différent d’une autre série et je ne suis surement pas le seul, donc ça pourrait bien arriver que la série reprenne^^
@Matt : Un album de Tintin, ce n’est pas qu’une histoire d’aventures à lire au 1° degré. C’est une étape dans l’évolution d’un artiste qui est entrain d’inventer un medium et de lui donner de la consistance, des thèmes, une toile de fond, une vision du monde contemporain, une mythologie intrinsèque. Et une construction de lui-même à travers son oeuvre, et inversement. Imagine que n’importe quel réalisateur réalise une suite à « Mon Voisin Totoro ». Ce serait complètement révoltant de mon point de vue, sachant que le film est, pour l’essentiel, défini par les aspects auto-biographiques et les thèmes récurrents de Miyasaki.
La suite des aventures de Tintin est au programme du blog. J’espère que, petit à petit, tu comprendras mon point de vue.
Matt, plutôt que de lire de nouveaux épisodes de Tintin (je suis 100% de l’avis de Tornado, cela n’aurait que peu d’intérêt, pour moi en tout cas), je t’invite personnellement à la découverte d’un autre auteur qui s’est récemment illustré dans une aventure très inspirée par Hergé : Norton Gutiérrez et le collier d’Emma Tzampak de l’argentin Juan Sáenz Valiente.
C’est de l’hommage à peine déguisé, une belle ligne claire, de l’Aventure (avec un grand A) et pour autant, ce n’est pas Tintin ! C’est plaisant et ma foi… ça a flatté ma nostalgie 🙂
Je sais pas si je peux donner un lien vers ma chronique d’album par ici : https://bedeajactaest.wordpress.com/2013/10/26/norton-gutierrez-et-le-collier-demma-tzampak/
(Bruce, sinon, tu peux retirer ce dernier paragraphe).
Une 1001 ème qui dècoiffe la houpette du plus célébre reporter occidental. J’ai acheté la version simple et nous l’avons (re)dédcouvert en famille, les enfants sont des juges impitoyables en matière de relecture de BD. Et je ne les trouve pas souvent avec les Soviets entre les pattes dans les positions acrobatiques que seule leur souplesse juvénile autorise.
Tu évoques avec bonheur les influences progressistes d’Hergé et la période à laquelle les Soviets a été crée. Dans la récente exposition parisienne, ce sont les influences graphiques d’Hergé qui étaient présentes dans la dernière salle et sur un grand écran était diffusée la scène animée de course poursuite qui est reprise dans la couverture de l’édition simple. La vitesse et le mouvement était manifeste et l’explosion de la bombe à la chute de la scène marquait le début d’une aventure imaginaire extraordinaire dans un siècle de progrès et de guerre.
Je me réveille encore après la bataille (c’est le décalage horaire hein) mais à ton instar je n’ai découvert l’existence de cet album que très tardivement et la première chose que je me suis dit après en avoir fini la lecture c’est « Euh mais quelle merde ce truc ! » :))
De la propagande oui, mais de la propagande mal faite !
Après comme tu le soulignes c’est avant tout un document historique, je suis donc content qu’il soit réédité mais je n’ai aucune envie de me retaper cette bouse une nouvelle fois !
Hello,
Pour ce qui est de la colorisation, je ne sais pas si je suis un puriste (sûrement un peu au fond de moi) mais je pense pas qu’elle soit indispensable, ne serait-ce que parce qu’elle n’est pas souhaitée par l’auteur. D’ailleurs, pour toutes les histoires réalisées avant guerre et colorisées après guerre, il ne s’agit pas seulement d’une mise en couleur mais d’un véritable travail de (re)dessin et de narration (Hergé devait être un peu fou pour s’infliger tant de boulot). Comparer les versions (grâce aux superbes fac-similés qui existent en N&B et en couleurs) permet de voir à quel point les albums ont été modifiés. Là, nous n’avons pas ce même travail.
Chouette article en tout cas. Merci. J’ai particulièrement apprécié ton anecdote sur la naissance de la houppette. Il l’avait déjà dès les premières vignettes ceci-dit bien qu’elle ne soit pas aussi droite ! Mais comme tu le soulignes, le style d’Hergé s’affirme planche après planche !
Merci, Lunch. On est d’accord qu’Hergé ne souhaitait pas cette mise en couleur, puisqu’il refusait de refaire cet album.
La suite des aventures de Tintin est prévue dans ces pages. Nous aurons largement l’occasion de reparler de la refonte des albums d’avant guerre ! 🙂
Je n’ai pas le courage de relire ces articles, Tornado, mais je sais bien qu’ils sont extrêmement intéressants. Je dirais juste que la BO est vraiment de la bonne came.
Ah oui. Il n’y avait pas de BO avant. J’ai demandé à Bruce de l’ajouter au moment de la remise en ligne de l’article.