Focus : Une sélection des adaptations dessinées d’Elric
Une invocation hasardeuse de JP NGUYEN
1ère publication le 04/10/18 -MAJ le 13/12/20
Cet article s’intéressera à Elric de Melniboné, personnage emblématique de l’œuvre de fantasy de l’écrivain anglais Michael Moorcock. Prince albinos à la santé fragile régnant sur le peuple décadent de l’île de Melniboné, Elric devient le porteur de Stormbringer, la sombre épée runique buveuse d’âmes, qui lui confère un pouvoir redoutable mais finira par causer sa perte.
Anti-héros romantique à la destinée tragique, cette création littéraire fascinante a connu une vie tortueuse, dans les pages des romans mais aussi des comics ! Après une biographie express du Loup Blanc, nous nous intéresserons à quelques-unes des mises en cases les plus marquantes du personnage.
Sâche, ô lecteur, que t’aventurer plus loin t’exposeras à la lame de Spoilbringer !
Le Champion éternel
C’est dans Strange 228, datant de 1988, que je croisais pour la première fois Elric de Melniboné. De façon surprenante, l’éditeur LUG avait accordé une pleine page du « mensuel des super-héros » à une publicité de jeu de rôle, qui détonait par rapport aux habituels mots croisés gentillets ou autres articles éducatifs traitant des bisons, des pygmées ou des éoliennes. Partageant l’affiche avec Hawkmoon, Elric brandissait sa légendaire épée, semblant briguer, lui aussi, le titre de « Champion Eternel ». Intrigué, je finissais par consulter un nécromancien expérimenté un camarade de collège plus calé que moi en heroic fantasy. Il me prêta quelques bouquins de poche dont Elric des Dragons que j’abordais naïvement comme le premier récit consacré au prince de Melniboné, puisqu’il racontait comment Elric, trahi par son vil cousin Yyrkoon, fit alliance avec le seigneur du chaos Arioch pour sauver sa cousine Cymoril et se retrouva ainsi en possession de la terrible Stormbringer. En fait, j’apprendrais plus tard que si cette histoire n’était pas la première publiée sur Elric. Elle date de1972 alors que le personnage apparut dès 1961 dans la nouvelle La Cité qui rêve. Mieux ! Moorcock fit mourir Elric dès 1964 dans Le Trépas du seigneur condamné !
Mais l’ordre de publication des aventures d’Elric ne suit pas l’ordre chronologique et cela a permis à Moorcock, au fil des années, d’étoffer la « continuité » de sa création, en revenant sur telle ou telle période. Après avoir renoncé au trône de Melniboné, il débute une vie d’errances et d’aventures où il gagnera le surnom de Loup Blanc. Lorsqu’il revient à Imrryr, comme raconté dans La Cité qui rêve, pour libérer Cymoril, il livre la ville aux pillards et Stormbringer fauche sa bienaimée. Par la suite, Elric trouvera un compagnon de route fidèle en la personne de Moonglum (Tristelune en VF) puis une épouse avec la belle Zarozinia mais, de nouveau, il perdra tout, même la vie, lorsque le destin le rappellera à son devoir de Champion éternel !
Mais au fait, ce titre ronflant de « champion éternel », d’où lui vient-il ? Ce concept, récurrent dans l’œuvre de Moorcock, établit la persistance, à travers tout le multivers, d’un être désigné pour tenir ce rôle et défendre la Balance Cosmique, par-delà l’affrontement des forces de l’Ordre et du Chaos. Ainsi, dans bon nombre de récits de Moorcock (Hawkmoon ; Corum, Erekosë, Jerry Cornelius) le héros est l’incarnation du Champion Éternel. Pour autant, Elric évoque davantage l’image d’un poète maudit que celle du guerrier flamboyant. Initialement de constitution fragile, dépendant initialement de filtres et de potions, il doit sa survie à l’épée Stormbringer, qui vole les âmes et transfère la force vitale à son porteur.
C’est ce mélange de force et de faiblesse qui fait le charme vénéneux du personnage, conçu par son créateur comme un anti-Conan . L’un est valétudinaire, l’autre rayonne de vitalité. Le melnibonéen parcourt le monde et le multivers, jouet du destin mais sans véritable but ou volonté propre tandis que le cimmérien est en quête d’or, de gloire et de femmes. Elric renonce au trône dès le début de son cycle alors que Conan deviendra roi à l’issue de sa tumultueuse carrière. L’albinos pratique la magie alors que le barbare exècre cette dernière, se fiant avant tout à l’acier de sa lame.
On pourrait quand même leur trouver un point commun dans l’issue tragique de leur grand amour. Conan dut déplorer la perte de son amante Bêlit, reine des pirates tombée au combat. Les dulcinées d’Elric furent par deux fois victimes du destin et de l’épée noire, qui prit la vie de la cousine Cymoril puis de l’épouse Zarozinia, transformée en monstre par le théocrate Jagreen Lern.
Mais dans l’ensemble, presque tout les oppose, et c’est ce qui fait toute l’originalité du héros de Moorcock, assez puissant pour invoquer des dieux mais miné par une enveloppe charnelle bien fragile. Sans cesse balloté par les événements, il traverse les batailles avec mélancolie. Si les aventures de Conan permettent au lecteur de fantasmer une force primale qui surmonte toutes les épreuves, les errances d’Elric sont autant d’occasions de partager le spleen qui colle à sa peau d’ivoire.
Des adaptations… parfois oubliables
Ironie du sort, si on excepte une courte adaptation par Philippe Druillet, dans un portfolio de 20 pages à la diffusion plutôt confidentielle en 1971, c’est chez Marvel Comics, dans les numéros 14-15 de Conan The Barbarian, datés de 1972, qu’Elric fera sa première grande apparition en images et en bulles. Dans cette histoire écrite par Roy Thomas et Moorcock himself (et de son ami illustrateur James Cawthorn), on voyait Conan s’allier à Elric pour combattre Xiombarg, la reine du chaos. Le duo formé par le barbare et le nécromancien ne souleva toutefois pas forcément l’enthousiasme des Marvel-zombies et cette aventure fut sans lendemain. Il faut dire que, côté dessins, Barry Windsor Smith n’avait pas trop gâté le Melnibonéen, en l’affublant d’une terne cotte de mailles et en le coiffant d’un chapeau pointu assez ridicule…
Mais Roy Thomas ne lâcha pas l’affaire et, en 1980, il profita de la collection Epic de Marvel pour confier à P Craig Russell les illustrations d’un Graphic Novel de 64 pages adaptant The Dreaming City, l’histoire du tragique retour d’Elric à Imrryr. Le dessinateur met lui-même en couleurs ses planches et le résultat est remarquable. La finesse du trait, le soin apporté aux détails et les nuances de la colorisation font de ce GN un régal visuel. Après un second récit publié dans l’anthologie Epic Illustrated While the Gods laugh, Roy Thomas emmène la série chez Pacific Comics et Russell ne s’occupe plus que des découpages, confiant les dessins à Michael T Gilbert pour une mini-série en 6 numéros : Elric of Melniboné, qui raconte en fait les « origines » d’Elric et sa rencontre avec son épée maudite. Le trait de Gilbert est un peu moins fin que celui de Russell mais les compositions restent travaillées et l’ensemble est agréable à lire, même si certains designs peuvent interroger (le cousin Yyrkoon ressemble davantage à un bouffon qu’à un dangereux rival). Avec la faillite de l’éditeur Pacific Comics, la série déménage encore, chez First, et d’autres dessinateurs succèdent à Russell et Gilbert pour adapter les recueils de nouvelles de Moorcock en autant de mini-séries.
Longtemps difficiles à trouver car épuisés, ces récits ont fait l’objet d’une réédition VO chez Titan Books depuis 2015, sous le titre « The Michael Moorcock Library » avec déjà 5 volumes consacrés à Elric de parus, ainsi que des recueils dédiés à Hawkmoon, Corum et Erekosë, autres Champions Eternels dont les aventures furent jadis publiées chez First Comics… Elric of Melniboné est réédité dans le tome 1 de cette collection et The Dreaming City dans le tome 3. Ce sont, à mon sens, les deux meilleures adaptations de ce qu’on pourrait appeler la période « Roy Thomas ».
P Craig Russell retrouvera le prince albinos en 1997, cette fois sans Roy Thomas, pour une adaptation en 7 numéros de Stormbringer, co-éditée par Dark Horse et Topps Comics. C’était l’occasion pour lui de mettre en images la « dernière » quête d’Elric, à l’issue de laquelle l’albinos rétablit l’équilibre entre ordre et chaos et souffle dans le Cor du Destin pour faire renaître le monde juste avant de mourir empalé sur son épée, qui s’incarne ensuite sous une forme démoniaque. Paradoxalement, même si le dessinateur était alors plus expérimenté, j’ai été moins séduit par cette mini-série. L’évolution du trait de Russell, plus épuré, la colorisation informatique, le déséquilibre entre textes et images, sont autant de facteurs qui m’ont rendu la lecture assez pénible.
Par contraste, j’ai eu beaucoup plus de plaisir à me plonger dans l’adaptation en cours de publication chez Glénat depuis 2013. Le premier cycle comprend 4 tomes dont 3 sont déjà parus et fait le choix de raconter l’histoire d’Elric dans l’ordre chronologique mais en s’autorisant des ellipses et des modifications. Avec deux scénaristes (Julien Blondel et Jean-Luc Cano) se partageant le travail et, à ce jour, trois dessinateurs (Didier Poli, Robin Recht, Julien Telo) et un coloriste (Jean Bastide), on pourrait craindre un manque d’homogénéité et une production industrielle sans âme, mais pas du tout ! L’histoire, à la fois fidèle et réinventée, est portée par des dessins superbes. Les designs des décors, costumes et créatures sont travaillés et originaux, les planches nous transportent dans un univers sombre et glauque mais aussi grandiose et magique.
Au fil des pages, on peut sentir le souffle épique du récit et le lecteur familier de la saga d’Elric se surprend à désirer ardemment la suite, même s’il la sait inéluctablement tragique… Pour quelqu’un souhaitant (re)découvrir la saga d’Elric en BD, cette adaptation est hautement recommandable, adoubée par Moorcock lui-même en préface du tome 1 (mais bon, il a aussi donné son feu vert pour des trucs assez bof) mais aussi par Alan Moore et Neil Gaiman au début des tomes 2 et 3. Hé oui, ces deux pointures des comics ont aussi été des lecteurs d’Elric !
A travers le Multivers…
Dans le texte publié en intro du tome 3, Neil Gaiman avoue sans ambages toute la vénération qu’il voue à l’œuvre de Moorcock et à Elric en particulier. Il relie même le prince albinos à la création de son œuvre phare, Sandman . Gaiman a d’ailleurs écrit une nouvelle Une vie meublée en Moorcock, première manière, où il raconte l’influence considérable qu’eurent sur lui les lectures moorcockiennes. La nouvelle connaîtra une adaptation en comics par P Craig Russell (encore lui !) qui sera intégrée au TPB de la mini-série de 1997 publiée par Dark Horse / Topps Comics.
Mais dès les années 70, on peut retracer une influence manifeste de Moorcock sur certains comics, en particulier le Warlock de Jim Starlin . Il ne porte pas d’épée mais la gemme à son front dévore aussi les âmes… Et pour éviter l’avènement de son double négatif, le Magus, Warlock finit par se suicider, ne revenant de l’autre monde que pour sauver l’univers de la menace de Thanos sous l’égide des forces de… Master Order et Lord Chaos ! Pourtant, dans une interview donnée à Newsrama en 2014 Starlin affirme n’avoir lu le Elric de Moorcock qu’après avoir écrit son Warlock
Créé en 1976, le Luther Arkwright de Bryan Talbot reprend à son compte le concept de « Champion éternel ». Pour le coup, Talbot ne fait aucun mystère de sa source d’inspiration, reconnaissant sans ambigüité ce qu’il doit à Moorcock (et aussi à son prof de lettres qui lui fit découvrir cet auteur…). On peut toutefois préciser que Luther Arkwright est davantage inspiré de Jerry Cornelius et non pas directement d’Elric de Melniboné : Cornelius est l’incarnation du Champion éternel dans l’Angleterre du XXème siècle et Moorcock encouragea d’autres auteurs à s’en inspirer, comme s’il s’agissait d’un personnage « open source ». Mais s’il salua Bryan Talbot pour son Luther Arkwright, il critiqua en revanche le Gideon Stargrave de Grant Morrison dans The Invisibles car il estima qu’il s’agissait d’un simple plagiat, sans inspiration ou idée nouvelle.
Mais parmi toutes ces incarnations du Champion Eternel, on en revient toujours à Elric. Car c’était le premier. Car il avait formidablement réussi à capter l’esprit des années 60 qui l’avaient vu naître, comme le note Alan Moore dans son introduction à la BD de Julien Blondel & Co, où il établit un parallèle entre le dernier souverain de Melniboné, rongé par l’auto-destruction, et les créateurs des sixties, désireux d’enterrer le vieux monde de l’Empire Britannique. Détruire l’ancien pour rebâtir le nouveau, faire alterner l’ordre et le chaos…
« Le paysage de mes histoires n’est pas physique. Avant tout, il est métaphysique » Cette déclaration de Moorcock résume bien la richesse symbolique de son œuvre, à l’instar de Tanelorn, la cité perdue, refuge des champions éternels, qui existe partout dans le Multivers mais dont le chemin est fort difficile à trouver. Si elles furent aussi longtemps introuvables, les bonnes adaptations d’Elric en comics ou BD sont à présent plus accessibles. Si vous décidiez à présent de partir sur les traces du Loup Blanc, j’espère vous avoir fourni quelques pistes… de lecture !
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Au hasard d’une publicité publiée dans STRANGE, JP Nguyen découvrit Elric, le héros de Michael Moorcock. Il vous en retrace la carrière chez Bruce Lit ainsi que son influence sur Neil Gaiman, Bryan Talbot, Jim Starlin et Grant Morrison.
Je n’ai jamais rien lu de Moorcock. Et je dois avouer que je connaissais très mal Elric. Le parallèle avec le Warlock de Starlin est en effet frappant.
Le problème de tous ces trucs, c’est qu’il y a 40 histoires et 25 romans, et moi ça me décourage d’avance.
Je note quand même que la série en cours de parution est à surveiller.
Merci pour ces infos et cet éclaircissement sur le personnage et son histoire.
P.S : Je la trouve très bien moi la planche « un trait différent et des couleurs moins réussies »^^
Oups, je crois qu’il y a eu inversion d’images…
sur la planche, y a eu une inversion avec celle du dessous, j’ai l’impression.
Pour Elric, si tu ne veux pas t’embarquer trop loin, commence par le cycle initial :
Elric le nécromancien, la sorcière dormante, l’épée noire, stormbringer
en plus, c’est court, on n’était pas encore à l’époque des pavés à la GRRos Martin
sur Warlock, le parallèle est encore plus frappant avec Hawkmoon, porteur lui aussi d’une gemme maléfique au front.
pour ma part, Elric a été un gros choc à 15-16 ans, et dans les 5-6 ans qui suivirent, j’ai lu tout ce que je pouvais trouver de Moorcock.
mais les gros chocs, derrière, ce furent ses romans plus expérimentaux : l’Assassin Anglais (le 3e Cornelius), le Chien de Guerre (de l’HF classique, mais qui retourne brillamment les codes de la quête du graal), la Défonce Glogaueur (un trip noir et désespéré sur le 20e siècle) et Souvenirs de la 3e Guerre Mondiale (qui ressort chez Denoel Graphics, en version complétée). ce sont tous, à mon sens, des indispensables.
J’avais également été très transporté par le cycle des Danseurs de la fin des temps.
En plus de Elric et de Hawkmoon, j’ai aussi lu Le navire des glaces. C’est sympa mais pas révolutionnaire.
https://www.amazon.fr/navire-glaces-Michael-Moorcock/dp/2266021591/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1538746385&sr=1-2&keywords=moorcock+le+navire+des+glaces
La lame de Spoilbringer : excellente trouvaille ! Ça fait froid dans le dos. Impressionnant en plus : tu as réussi à caser Valétudinaire.
J’ai beaucoup aimé la première partie (pas pour le rappel des romans que j’ai lus), mais surtout pour l’ingéniosité avec laquelle tu mets en lumière qu’Elric est un anti-Conan.
Ainsi donc, je découvre enfin que tu as apprécié la version de P. Craig Russell. J’ai bien vu passer la réédition de Titan Books, mais la (mauvaise) qualité des couleurs me retient d’investir dedans, d’autant qu’il me reste encore les TPB grand format publiés par First Comics. J’ai quand même craqué pour la réédition de The Michael Moorcock Library: Erekose – The Swords of Heaven, The Flowers of Hell, par Howard Chaykin, car je ne l’ai jamais lu en entier.
Le déséquilibre entre textes et images – Tu ne précises pas en faveur duquel, mais si Roy Thomas a conservé ses habitudes de carrément filer au dessinateur, des extraits du bouquin qui sont repris en l’état dans les récitatifs, je n’aurais pas la force de lire ça. Quant à l’adaptation par Julien Blondel et Jean-Luc Cano, je l’ai offerte à mon fis qui n’en est pas ressorti enthousiaste.
Comme tu l’indiques, je me souviens encore de ce ressenti de lire une nouvelle histoire de Jerry Cornelius, en suivant les aventures de Luther Arkwright. C’était du Michael Moorcock pur jus.
Merci beaucoup pour cette plongée dans des lectures (les romans de Moorcock) qui m’ont également marqués à jamais.
J’ai lu le cycle d’Elric à 18 ans. Juste après Le seigneur des Anneaux et les premiers recueils épars de Conan mal fichus (il n’y avait pas que du Howard). C’était vénéneux et fascinant à la fois.
J’ai investi dans la série de Blondel. Mais j’attends que le 1° cycle soit achevé avant d’en commencer la lecture.
J’ai évidemment lu les Conan de Thomas et BWS avec le crossover Elric. Il me semble d’ailleurs qu’il n’y avait pas une, mais deux histoires.
Quant aux adaptations par Craig Russell, elles m’intéressent toutes car même aujourd’hui avec son trait épuré et ses couleurs pâles, j’adore le travail de ce type ! A voir si ça sort un jour en VF…
Et bien entendu, le parallèle entre Luther Arkwright et l’univers de Moorcock m’avait frappé. Mais je le disais déjà dans mon article 🙂
C’est là qu’on reconnait les gros geeks qui ont tous lu ces bouquins^^
Pour ma part, même les 8 bouquins Harry Potter j’ai pas envie de me replonger dedans. Comme les séries TV, les sagas en 15 romans, ça ne me fait pas envie.
Je vais voir pour la série de BD en 4 tomes mentionnée en fin d’article. Je l’avais déjà vue mais je ne savais rien de ses qualités.
« on pourrait craindre un manque d’homogénéité et une production industrielle sans âme, mais pas du tout ! »
M’enfin…pourquoi ? Et puis t’en lis tes camions de comics industriels avec 15 dessinateurs, c’est pas forcément toujours naze non ? Je confirme hein, z’avez des apriori plus sévères avec la BD de chez nous.^^
oui mais Matt l’intégrale de Elric c’est l’équivalent de l’ordre du phénix à lui tout seul en volume.
les écrivains ne faisaient pas des pavés de 1200 pages mais des recueils de 250 pages maxi…
@Presence : quand je parle du déséquilibre texte/image, c’est à propos de l’adaptation de Russel en solo.
Mais, vraiment, à la réflexion, si je dois pointer le truc qui me dérange le plus dans le Stormbringer de 1997 par PCR, c’est la colorisation, inadaptée au genre du récit.
@Tornado : je crois que cette série là était sortie en VF, à l’époque… (je me rappelle confusément l’avoir aperçue en rayon)
@Alex : un jour, quand je reprendrais le temps de lire, je me plongerai dans une de tes pistes de lecture Moorcockienne.
@tous : j’avais hésité à faire cet article car je suis très loin de tout connaître sur le sujet, je n’avais pas vocation à être exhaustif. Mais étant donné l’influence considérable de cet auteur et de sa création fétiche, je me suis dit qu’il méritait largement un article sur notre blog qui se veut dédié à la culture geek et à la culture tout court.
Un article est même trop court et j’envisage de récidiver en teamup en nous focalisant sur une adaptation en particulier…
Oups ! J’avais lu trop vite. Du coup, je suis allé regarder, et c’est quand même Lovern Kindzierki qui a réalisé la mise en couleurs, une coloriste de talents. Je suis allé consulter les pages en libre accès sur le site Dark Horse, et elles me donnent l’impression de contenir peu de texte. Peut-être ne sont-elles pas représentatives du tout ?
Après un coup d’œil plus détaillé d’un épisode complet sur internet, effectivement le texte est assez présent, mais comme P. Craig Russell le fait dans ses adaptations d’habitude, à commencer par celles des romans de Neil Gaiman.
J’ai lu le premier roman, qui m’a bien plu. Je n’ai pas pu finir le deuxième, dans le désert ; j’ai tout ça dans des intégrales récentes. Je devrais continuer…
Très bel article.
Putain il donne la pêche cet article ^^
il faut que je mette la main sur les volumes de Roy Thomas et P-craig russel.
Ca se trouve en VF ça?
j’ai connu Elric grâce à un pote au lycée qui a insisté pour que je lise Strombringer.
on a aussi joué au jeu de rôle (pas souvent) j’aimais bien le système du « D100 » et longtemps après en relisant mon strange 228 je remarquais enfin cette pub.. ^^ que j’avais jamais vu…
Matt le bouquin existe en omnibus et le tout n’est pas plus gros qu’un tome de Game of thrones. c’est des nouvelles surtout. Moorcok c’est surtout les romans qu’il faut lire. le reste c’est du bonus.
Bon il faut s’atteler maintenant au cycle des épées de Fritz Leiber…
Je ne connais rien à tout ça. Ni une seule page de Moorcock, ni aux jeux de rôles qui semblaient attirer plus geeks que moi et dont le fanatisme -apparent- me faisait peur, ne l’héroic fantasy auquel j’ai toujours été récalcitrant.
Tu combles donc un large pan de ma culture sur le sujet même si je pense qu’il est trop tard pour moi pour m’investir là dedans.
Nikolavitch m’avait prêté quelques Conan et le cycle des épées de Mignola, c’est ça. J’avais trouvé ça bien mais pas assez pour farfouiller comme un malade chez les bouquinistes. Ce que je fais plutôt pour les manges dont l’univers seinen me passionne.
Tiens je me sens moins seul^^
Enfin j’apprécie l’heroic fantasy, mais pas tant que ça en roman. J’aime bien qu’on m’impose un univers visuel quand on crée un monde original.
Par les dieux quel article ! Je suis un privilégié : je l’ai lu en avant-première il y a peu. JP tu te dis non-érudit et pourtant j’apprends une pléthore de choses ici ! Je dois avouer par contre que je ne suis que très peu attiré par les adaptations bd de Elric. Je me trouve à mi-chemin entre Mattie et Présence et Nikolavitch : je suis tombé dans Moorcock à l’adolescence, vers 15 ans, alors en pleine frénésie de jeux de rôles. L’illustration qui couvre le JDR Stormbringer (Chaosium, édition VF Oriflam) trône désormais dans la bibliothèque de mon fils, fièrement à la vue de toutes et tous. J’ai lu quasi toute la série des Elric (10 ou 11 tomes, un livre est sorti il y a moins de 10 ans en collaboration avec un auteur français), j’ai lu la plupart des Hawkmoon (j’ai le JDR aussi) mais j’en ai moins de souvenirs. Par contre, je n’ai jamais osé sauter le pas et lire d’autres champions éternels comme Corum ou Jerry Cornélius… Mais je devrai ! Je vais noter de suite les références de Nikolavitch et tâcher de me trouver ça au plus vite.
En effet Mattie, les romans de Moorcock sont très courts (comme ceux de Philip K. Dick), le premier tome de Elric (Elric des Dragons ou Elric of Melniboné en VO) ne fait même pas 180 pages.
Jerry Cornélius est un personnage qui a énormément influencé : Moebius s’en sert dans sa grande oeuvre (Le garage hermétique ou Major Fatal) et Grant Morrison s’en inspire dans The Invisibles par exemple. Il faut que je les lise.
J’adorerai voir également ce qu’en fait Chaykin puisque c’est un auteur à découvrir pour ma part.
Bon, je reviendrai, le sujet me passionne tellement… Non seulement Elric est l’anti -Conan, mais son histoire va aussi à l’envers : avant de devenir roi, il est empereur d’un monde en déclin, il est celui par qui le malheur arrive.
La BO : chef d’oeuvre. Un pote m’a offert le 45 tours ce week-end, une double Face A We Are The Champions et We Will Rock You.
Ah bon, en avant première ??
Queen : argh, je peux pas avec ce groupe, cette chanson…La phrase « No time for losers » sortie de son contexte, je n’y arrive pas. Je crois que je préfère encore Mader…
Pour information, Moorcock est en dédicace la semaine prochaine à Paris.
Je me rappelle très bien la pochette du 45 tours (la même que sur l’album, avec le robot), car on l’avait à la maison et elle me fascinait. Je trouve l’intro de « We are The Champions » absolument sublime, mais j’aime beaucoup moins le reste de la chanson. Je crierais davantage au chef d’oeuvre, personnellement, pour « We Will Rock You » (un des grands solos de guitare de mon enfance).
@Bruce : avec Cyrille, on prépare un autre article et du coup, je lui ai montré celui-là pour qu’il voit ce qui avait déjà été évoqué.
Préférer Jean-Pierre Mader à Queen ???
Décidément, nos divergences de goûts en matière musicale ne cessent de me surprendre !
Ouep chef, et j’en suis pas peu fier ! Sutout que l’article de JP est vraiment génial.
Promis JP je reviens vers toi bientôt.
D’ailleurs tu as raison : impossible de préférer Mader à Queen ! En plus c’est une chanson qui parle de la fierté d’être gay apparemment. J’avoue cependant que j’avais les mêmes sentiments que toi sur ce titre avant de faire le même exercice avec Queen que pour Pink Floyd : tout réécouter ou presque. Depuis, je la vois totalement différemment. L’album News of the World dont elles sont tirées (avec We Will Rock You) est une tuerie.
J’ai lu beaucoup de Moorcock à une époque, fasciné par le concept du Champion Éternel. C’est un auteur vers lequel je reviens souvent, par le biais de la nouvelle ou du roman. Il me reste encore beaucoup de choses à découvrir, mais j’aime thésauriser quand j’apprécie énormément.
Je vous aussi un culte au dessinateur P. Craig Russell dont je rêve de voir traduire un jour son adaptation de la Tétralogie de l’Or du Rhin par Richard Wagner. Il a souvent collaboré avec Neil Gaiman, mais c’est LA CITÉ QUI RÊVE, un album trouvé dans une grande surface à l’époque, qui m’a fait découvrir son univers graphique. Depuis, je ne me lasse pas de (re)découvrir ses travaux, souvent inspirés par des auteurs que j’affectionne comme Ray Bradbury, Neil Gaiman ou encore Oscar Wilde.
Intéressant ce parallèle avec le Warlock de Starlin, même si j’ai tendance à croire le créateur de la GEMME DE L’ÂME quand il rejette cette source d’inspiration. L’artefact maléfique à l’horrible appétit n’était pas une nouveauté quand Moorcock créa STORMBRINGER. Concernant l’affaire Morrison, dont j’ai pu lire les arguments à charge de Moorcock sur Wikipédia, je compte bien lire la source prétendue et les histoires incriminées avant de juger. Notons simplement que les apprentis scénaristes/écrivains plagient tous plus ou moins leurs idoles, et je me demande si derrière la colère de Moorcock ne se dissimule pas une pointe de vanité. Affaire à suivre…
Dernier point intéressant : POURQUOI la Bibliothèque de Michael Moorcock n’est-elle pas encore disponible en VF ? Il ne s’agit pas d’une demande égoïste puisque j’en possède l’intégrale en VO, mais il me semble que ces quelques volumes pourraient apparaître comme une excellente alternative à la lecture d’un corpus originel qui n’a eu de cesse de s’étoffer.
Somme toute, une chronique qui offre un bel aperçu du personnage et de ses adaptations en BD. Merci.
La tétralogie de l’Or du Rhin m’attend dans ma pile de lecture. J’ai envoyé un article à Bruce sur l’adaptation d’un des contes d’Oscar Wilde par P. Craig Russell.
Tiens ça m’intéresse ça aussi. Il s’agit de Ring of Nibelung c’est ça ?
J’ai lu Siegfried qui m’a déçu dans le sens ou ce n’est pas du tout une adaptation mais une version bien simplifiée (et ça peut être intéressant pour quelqu’un qui se fout des légendes, mais ce n’est pas ce que je cherchais) et Le crépuscule des dieux en franco belge (pas mal, mais un certain manque d’emphase sur les moments les plus marquants, un brin académique quoi, même si bien plus fidèle au légendes nordiques)
Du coup cette version de Craig Russeel me fait bien envie. Même en VO s’il le faut^^ Mais c’est sûr qu’avant d’acheter en VO, j’aime bien avoir des retours^^ Car si je n’aime pas, c’est quasi impossible à revendre la VO.
Oui, c’est Ring of Nibelung. Il s’agit d’une série initialement parue en 4 miniséries (de 4 ou 3 épisodes selon la minisérie) entre 2000 et 2002. P. Craig Russell s’est livré à une adaptation du récit tel qu’il a été écrit par Richard Wagner dans son cycle de 4 opéras. Russell était déjà un habitué des adaptations d’opéra, regroupées dans 3 tomes réédités par NBM. Mais, comme je l’indiquais, je ne l’ai pas encore lu.
@Ozymandias : merci !
LA CITE QUI REVE, tu l’avais trouvée en VF à l’époque ?
Concernant la bisbille entre Moorcock et Morrison, je ne crois pas qu’il s’agisse de pure vanité, étant donné que Jerry Cornelius est considéré par son auteur comme une sorte de personnage « open source ». Mais du coup, il semblerait que dans son traitement, Morrison ait pu laisser penser qu’il n’avait fait qu’un vulgaire copier-coller. Après, je ne connais pas vraiment en détail les deux oeuvres concernées, donc je ne peux pas dire de quel côté je me rangerais plutôt.
La cité qui rêve en VF
https://www.bedetheque.com/BD-Elric-Thomas-Russell-Tome-1-La-cite-qui-reve-21076.html
Oui, complètement par hasard, ainsi que le BEOWULF de First Comics, mais en VO cette fois.
https://www.comics-sanctuary.com/comics-elric-la-cite-qui-reve-vol-1-simple-s23459-p89321.html
https://www.mycomicshop.com/search?TID=480841
Concernant l’affaire (si on peut utiliser ce mot) Moorcock/Morrison, je suis sans doute trop partisan, étant un grand fan de l’Écossais. Mais bon, ça ne m’empêchera pas de dormir non plus.
Au plaisir de te lire prochainement…
C’est magique internet. Cet article m’a incité à recommencer mes recherches, pour retrouver la première adaptation en BD d’Elric que j’avais lue, à une époque où je ne savais pas qu’il s’agissait d’un personnage de roman. J’ai enfin retrouvé ce souvenir d’enfance. Le prisonnier de Pan Pang, par Eric Kimball & Bob Gould, paru dans Star*Reach 6 en 1976. Je l’avais lu dans l’Echo des Savanes Spécial USA 10. Je pense que cette première vision d’Elric a participé à figer son apparence dans mon esprit.
http://bronzeageofblogs.blogspot.com/2016/07/elric-prisoner-of-pan-tang.html
Bob Gould ressemble incroyablement à Barry Smith…
Oui, c’est ce que je viens de constater en redécouvrant ces pages 35 ans après les avoir lues pour la première fois.
Je ne connaissais pas du tout cette bd de 21 planches, merci beaucoup Présence ! Le dessin est débutant, mais il y a de très belles idées de plans et de découpages. L’histoire est très bien, mais je ne sais pas si elle est tirée d’une nouvelle de Moorcock ou si c’est un fanfic comme on dit maintenant…
J’avais dessiné ma propre version de Elric et Sormbringer quand j’étais étudiant. J’ai toujours le dessin. Malheureusement je ne peux pas vous le montrer (il n’est publié nulle part, évidemment).
Bah pourquoi ? Tu peux le scanner…
Le souci c’est l’hébergement d’images après je pense.
Moi j’ai un compte sur imgur. Mais j’y mets pas souvent les pieds.
Sinon par mail pour pas s’embêter.
j’avais créé une parodie, vers 17 ans « Eric, le Nabot Malsain », avec un nain armé d’une épée démesurée qui faisait tomber des éclairs sur ses ennemis. c’était très con.
Tu as trop joué à la Mégadrive…
Hahaha ! 😀
Bon, c’était juste un dessin en couleur de l’époque…
N’empêche, l’article m’a donné envie de me relire le cycle d’Elric (j’ai quand même lu les trois intégrales Bragelonne du Mythe de Cthulhu cette année, donc même pas peur). J’ai vu qu’il y a l’intégrale Omnibus. Quelqu’un sait si c’est une bonne édition, avec un bon ordre de lecture, tout ça ?
T’en as pensé quoi de Herbert West Re-animateur ? Apparemment c’était pas un truc que lovecraft appréciait beaucoup, et plein de gens trouvent qu’au final le film est mieux, mais j’ai trouvé ça vraiment sympa moi. Bon…faut juste oublier la théorie de West comme quoi la résurrection d’un noir n’a pas marché parce que…bon…quelques considérations racistes de l’époque^^
l’omnibus est dans l’ordre chronologique du récit, et respecte scrupuleusement les incohérences de traduction de l’édition pocket.
Ah donc je n’ai pas besoin de la racheter puisque j’ai les Pocket ? D’ailleurs j’ai recommencé à relire Elric des Dragons. N’empêche, c’est un roman que j’ai lu plusieurs fois…
Quelle édition recommanderais-tu ? Est-ce que ça vaut le coup de rechercher de plus anciennes publications pour la traduction ?
(j’avais lu le cycle dans la collection Pocket (les livres de poches argentés avec marqué « Fantasy » en haut), mais je ne me souviens pas avoir été perturbé. Mais bon, ça fait un bail).
Oui, j’ai bien aimé. C’est dans l’esprit de plusieurs autres nouvelles plutôt modestes dans son oeuvre, mais avec un esprit feuilletonnesque et quelques méchancetés jubilatoires en plus (si l’on excepte effectivement les relents racistes qui sont, hélas, présents aussi dans d’autres récits).
L’avantage du récit raconté à la première personne, c’est qu’on peut se voiler la face en se disant que c’est le personnage qui est raciste^^