Les 14 films de Ray Harryhausen décryptés !
1ère publication le 25/01/21 – MAJ le 04/08/22
Un article de TORNADO et MATTIE BOYVoici la suite de notre article visant à décrypter les quatorze films du magicien des effets spéciaux Ray Harryhausen. Vous trouverez la première partie de l’article ICI.
8. JASON ET LES ARGONAUTES (JASON AND THE ARGONAUTS) – 1963 (review : Mattie Boy)
Pour moi, on tient là le meilleur film du Harryhausen universe. Certains des meilleurs effets spéciaux sont dans ce film, le casting est solide, l’histoire aussi, la mise en scène rythmée, et Harryhausen nous gratifie de certaines de ses meilleures séquences d’animation.
L’histoire, inspirée par la légende grecque de LA TOISON D’OR, nous raconte le périple de Jason, demi-frère de l’usurpateur Pélias qui s’est emparé du trône de son père qui devait normalement revenir à Jason. Pélias lui dit que s’il est capable de lui ramener la légendaire toison d’or, il lui cédera le trône. On se doute bien que Pélias est fourbe et espère surtout que Jason perde la vie durant le voyage, mais Jason relève le défi et se met en chemin avec son équipage, les argonautes
Nos protagonistes vont affronter de nombreux dangers dans une quête semblable à celle de l’Odyssée d’Ulysse. Ils vont croiser un colosse de bronze, Talos (qui sera ici de la taille de King Kong), des harpies, une hydre, des squelettes, etc.
Jason va également tomber amoureux de Médée, l’ensorceleuse (jouée par la jolie Nancy Kovack). Et comme avec LE CHOC DES TITANS, nous verrons les Dieux sur le mont Olympe suivre la quête de Jason et intervenir en sa faveur ou non. C’est ainsi qu’Athéna donnera des conseils à nos héros en se manifestant sur des statues, que Poséidon (ou peut-être est-ce Triton ?) ouvrira un récif, etc. Il se dégage du film un souffle épique et magique.
La somme des efforts des films précédents
Concernant les effets spéciaux, on pourra trouver Talos pataud mais c’est complètement voulu, comme en témoignent les grincements métalliques de la statue vivante qui peine à se mouvoir. Mais de nos jours, plus personne n’accepte qu’une créature ne fasse pas des saltos arrière en rebondissant sur les murs…donc il ne sera pas l’effet visuel le plus apprécié. Par contre, nous avons de splendides harpies, une hydre inoubliable dont l’animation des 7 têtes a donné du fil à retordre à notre ami Ray qui faisait tout de mémoire, et cette fameuse scène des squelettes. Cette dernière scène est honnêtement encore bluffante aujourd’hui. Les mouvements ne sont peut-être pas extrêmement fluides (mais comme ce sont des squelettes, je pourrais sortir l’argument de mauvaise foi que ça colle très bien !) mais l’incrustation dans les décors est splendide et la nature d’objet réel des marionnettes (avec leur texture, leurs imperfections) les rend très convaincants.
Je suis obligé de vous mettre l’extrait
Au niveau des décors, de la photographie, des couleurs (surtout depuis leur restauration), le film est splendide. Il est rythmé, épique, il transpire la passion du cinéma d’aventure. Bref, vous l’aurez compris, j’aime beaucoup ce film et c’est surement le meilleur auquel a participé Harryhausen. Ce serait d’ailleurs le film préféré de Tim Burton selon une interview.
9. LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE (FIRST MEN INTO THE MOON) – 1964 (review : Tornado)
Le pitch : Fin XIXe siècle. Ruiné, le jeune Bedford s’associe avec un savant génial, auteur d’une matière permettant de vaincre la pesanteur : la Cavorite. Ce faisant, les deux hommes décident de partir pour la lune en compagnie de Kate, la fiancée envahissante de Bedford !
Arrivé à destination, le trio découvre une race d’insectoïdes évolués, vivant sous la surface de la lune : Les Sélénites. Alors que le professeur tente une communication pacifique, Bedford agresse instinctivement les extraterrestres. Dès lors, la présence des terriens devient une menace pour l’équilibre de ce peuple qui vivait en harmonie…
Librement inspirée du roman de H.G. Wells, cette adaptation ressemble un peu à LA MACHINE A EXPLORER LE TEMPS, le chef d’œuvre de George Pal réalisé en 1960, d’après un autre livre de Wells. De nombreuses scènes sont calquées sur ce dernier, notamment celle où les Sélénites (en lieu et place des Morlocks) ont trainé la capsule (celle du voyage dans l’espace se substituant ici à celle du voyage dans le temps) à l’intérieur de leur antre…
Toutefois, LES PREMIERS HOMMES DANS LA LUNE se démarque dans le message philosophique en posant un regard amer sur la nature colonialiste de l’homme, prompt à s’approprier toute terre qu’il découvre au détriment de ses habitants…
Ce classique de la science-fiction a pris un sacré coup de vieux et c’est un euphémisme ! L’ensemble est incroyablement kitsch et il faut faire l’effort de se replacer dans l’époque, pour ne pas rire ! A partir de là, la chose ne manque pas de charme et l’on retrouve cette magie des décors et des trucages surannés avec, outre le voyage dans l’espace, quelques extraterrestres croquignols et une paire de chenilles géantes pour une scène de combat dans la grande tradition des films de monstres !
Après nos films N°4, 5 et 6, c’est la quatrième et dernière fois que Ray Harryhausen coopère avec le réalisateur Nathan Juran (également auteur de JACK LE TUEUR DE GEANTS dans le même registre, sans Harryhausen). En solide artisan du 7° art, Juran orchestre le spectacle avec beaucoup de fraicheur, contrebalançant les faiblesses du récit (complètement improbable dans le cadre de la réalité scientifique) par un second degré amusé et candide.
Un petit classique familial, teinté de méta-commentaire, réservé aux afficionados…
10. UN MILLION D’ANNEES AVANT J.C. (ONE MILLION YEARS B.C.) – 1966 (review : Mattie Boy)
Aaah ce film ! Un pur plaisir coupable bien kitsch signé HAMMER. Presque un nanar. Mais non en fait ! Je ne peux pas dire une telle chose ! Un nanar est un film mal fait sur pas mal de plans (interprétation, effets visuels, script, mise en scène, etc.) et en fait…ce film est bien mieux fait que ce qu’il mérite d’être ! Le script est assez cocasse oui, avec l’histoire de cet homme préhistorique, Tumac, exilé de sa tribu barbare qui débarque dans une tribu plus pacifique dont les femmes sont vêtues de peaux de bêtes taillées en forme de bikinis (qui ne doivent pas tenir chaud du tout !), et qui vit diverses péripéties impliquant des attaques de dinosaures (bah oui les femmes préhistoriques sortaient toutes d’une école de mannequinat et côtoyaient des dinosaures à l’époque ! On vous apprend quoi à l’école ?)
Sauf que…tout le monde semble faire de son mieux ! On s’attendrait presque à entendre les acteurs parler en anglais et sortir des jurons du XXème siècle, mais non ! Contrairement à ce navet même pas drôle de 10000 de Roland Emmerich qui tombait dans ce piège, ici on a un film…muet. Ou du moins les personnages parlent une langue inconnue (sans sous titres.) Les acteurs font de leur mieux, la photographie est soignée ainsi que les décors (même s’il s’agit majoritairement de grottes) et Harryhausen nous livre encore quelques magnifiques dinosaures (bon ok il y a aussi des utilisations discutables de vrais reptiles qui…paraissent plus réels, mais ne semblent pas savoir ce qu’ils foutent là. Béh oui ce n’est pas pour rien qu’on les crée en CGI aussi aujourd’hui. Un lézard ne se dresse pas trop…)
Oui c’est un peu ridicule. Mais curieusement bien fichu.
L’histoire, on s’en fiche un peu honnêtement. C’est presque un road movie préhistorique qui n’a honnêtement pas grand intérêt. On retiendra que les femmes se disputent Tumac et qu’on aura droit à un catfight entre une Raquel Welch et une Martine Beswick en peaux de bêtes. Car oui c’était un des premiers rôles de notre ravissante Raquel, surtout taillé pour mettre en valeur son physique il faut l’avouer.
C’est clairement du cinéma d’exploitation un peu nunuche, mais cela reste très réjouissant visuellement et tout le monde semble faire de son mieux (bon ok, sauf le mec qui a écrit le scénario.) Le film ne s’adresse peut-être pas à tout le monde, mais il reste plaisant.
11. LA VALLEE DE GWANGI (THE VALLEY OF GWANGI) – 1969 (review : Tornado)
Le pitch : Dans le Far-West, des forains découvrent l’existence d’une mystérieuse vallée, dont les murailles imprenables ont favorisé la survie de plusieurs animaux préhistoriques. Décidés à ramener un dinosaure afin de l’exhiber dans leur spectacle, ils s’exposent alors à la terrible « Malédiction de Gwangi », annoncée par les gitans qui vivent à proximité…
Il s’agit d’un concept puisant sa source dans le KING KONG de 1933. En effet, le script est à l’origine un projet avorté de Willis O’Brien sur un film de dinosaures affrontant des cowboys (VALLEY OF THE MIST) ! De plus, il répond au désir inassouvi, de la part de Ray Harryhausen, de réaliser un remake de KING KONG, les deux récits étant presque identiques dans le fond.
Mal équilibré entre les séquences fantastiques et les abondantes et ennuyeuses scènes de dialogue, LA VALLEE DE GWANGI est loin d’être le meilleur spectacle de Ray Harryhausen. Le principal défaut tient à son manque de décors fantastiques. En effet, hormis un très beau plan « à la King Kong » au moment où les personnages pénètrent dans la vallée (avec un superbe mate painting montrant une falaise en arrière-plan d’un pont rocheux suspendu entre deux pics), le décorum se résume à quelques plans dans le désert et un cirque en plein air assez insignifiant. Heureusement, le film culmine avec la grande scène qui voit le tyrannosaure s’échapper dans la ville et, tel King Kong, semer la panique. Lorsque l’animal pénètre dans la cathédrale en flammes, on assiste enfin à une séquence qui tient la comparaison avec les grands classiques du genre.
Peu généreux en créatures préhistoriques (cinq en tout), le film vaut surtout pour ses deux scènes d’anthologie (le combat entre T-rex et styracosaure après que les cowboys aient tenté de capturer le premier au lasso et son évasion dans la ville à la fin). Passablement longuet et naïf (on n’est pas loin d’une vieille BD), il s’adresse surtout aux inconditionnels de Ray Harryhausen et démontre que, sans ce dernier, les mêmes films réalisés par des tâcherons (ici un certain Jim O’Connelly) n’auraient aucun intérêt.
12. LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD (THE GOLDEN VOYAGE OF SINBAD) – 1974 (review : Tornado)
Comme souvent, Ray Harryhausen est à l’origine du script, puisqu’il développait chacun de ses projets sur des concepts d’effets spéciaux et de mythologies. Ainsi, ce second Voyage de Sinbad, réalisé bien plus tard que le film de 1958 cité plus haut, a pour but unique d’explorer un continent mythique : la Lémurie. Plus ancien encore que l’Atlantide, il s’étendait dans l’océan indien et pouvait ainsi réunir en son sein les origines de plusieurs mythologies distinctes, issues aussi bien de l’Afrique que de l’Asie.
Sur cette base fabuleuse, Harryhausen va opposer son héros à des créatures piochées dans plusieurs folklores différents. Le Magicien des mille-et-une nuits côtoie ainsi la déesse Kali (l’une des plus belles séquences d’animation du maître), un centaure, un griffon, une figure de proue, un homoncule aux ailes de chauve-souris et la mythique Fontaine de jouvence au beau milieu d’un continent fantastique sublimé par de magnifiques décors en peinture sur verre. Ajoutons à cela la présence de la somptueuse Caroline Munro et de son poitrail stupéfiant (que les amateurs de cinéma fantastique connaissent très bien pour ses rôles divers et variés dans le genre consacré), la superbe partition de Miklos Rosza, et vous obtenez un joli film d’aventures fantastiques qui ne manque pas de qualités.
Comme tous les films issus de la collaboration entre Ray Harryhausen et le producteur Charles H. Schneer, le script basique n’est prétexte qu’à la matérialisation d’une série de tableaux fantastiques d’une beauté purement poétique. Ici encore, cette plastique parvient à tirer le film vers le haut, et ce malgré la mise en scène assez laide du réalisateur Gordon Hessler, artisan mineur du monde du cinéma, qui emballe le tout comme une série TV, avec une vision sans ampleur et une direction d’acteurs en roue libre. Ces derniers semblent néanmoins s’amuser comme des fous en nous balançant du début à la fin, avec une bonne humeur communicative, moult aphorismes arabisants de pacotille, dont le désopilant « attache ton chameau » (mort de rire) !
12. SINBAD ET L’ŒIL DU TIGRE (SINBAD AND THE EYE OF THE TIGER) – 1977 (review : Tornado)
Le pitch : De retour d’un voyage (fantastique ?), Sinbad débarque dans la cité de Sharak avec en tête l’idée d’épouser la main de la princesse Farah (oubliant de fait les seins de Caroline Munroe…). Hélas, cela semble compromis, car le frère de la princesse (le prince, donc) a été transformé en babouin par la maléfique sorcière qui convoite le trône ! Il n’en faut pas plus à Sinbad pour reprendre la mer (il ignore manifestement que c’est la mer qui prend l’homme) en quête d’un remède, afin de gagner le cœur de la main de la princesse…
Après la Lémurie, Sinbad explore L’Hyperborée, située dans le grand nord au-delà des glaciers. On y découvre de nouvelles créatures issues de tous les folklores, depuis les milles-et-une nuits jusqu’aux légendes celtiques, en passant par la Grèce et l’ère préhistorique ! Sorcière, prince arabe, minotaure, morse géant, troll et tigre à dents de sabre s’affrontent ainsi dans une réunion cosmopolite !
Comme chaque film de la trilogie, Sinbad est interprété par un acteur différent. Après Kerwin Mathews et John Phillip Law, c’est désormais Patrick Wayne, fils du « Duke » (John Wayne, quoi !) qui reprend le turban. Son interprétation est loin d’être mémorable (un charisme d’huitre), à l’image de sa carrière. Nous retiendrons surtout les deux actrices assurant le glamour, c’est-à-dire Tarin Power (elle aussi fille de star (Tyrone Power)) et Jane Seymour (future Dr QUINN) !
Ce troisième Voyage de Sinbad peut paraître aujourd’hui embarrassant tant il est ubuesque. Qui plus-est, le film est réalisé par Sam Wanamaker, un homme de théâtre. Le résultat est ainsi similaire au précédent Voyage, c’est-à-dire plutôt affligeant en termes de grammaire narrative. Pis encore : Mues par un naturalisme prosaïque, certaines scènes sont en contradiction totale avec la poésie candide de la Dynamation…
Heureusement, on retrouve le merveilleux attendu dans la seconde partie, portée par une imagerie inédite faisant surgir l’Hyperborée au cœur des glaciers du pôle nord dans un décor rétro-futuriste qui ne manque pas de charme !
Les spectateurs venus chercher un grand film d’aventures comme on en voit aujourd’hui risquent d’être refroidis, surtout s’ils découvrent que la chose est sortie au cinéma en même temps qu’un certain phénomène intitulé… Star Wars ! Phénomène qui annonce la retraite de notre magicien des effets spéciaux…
14. LE CHOC DES TITANS (CLASH OF THE TITANS) – 1982 (review : Tornado)
1982 marque une date pour le dernier film de Ray Harryhausen : Nous sommes en plein milieu des trilogies STAR WARS et INDIANA JONES, et c’est l’année de CONAN LE BARBARE. Au sein de ces énormes machineries hollywoodiennes, les trucages de notre magicien font figure de vieilleries obsolètes. Attention, tous les artisans de la profession qui travaillent sur ces nouveaux standards le vénèrent et lui doivent leur vocation. Mais sa technique est à présent dépassée.
Ainsi, l’année 1982 marque une époque charnière : celle où le vétéran passe le relai à ses successeurs.
LE CHOC DES TITANS est à la fois fun, grandiloquent et incroyablement ringard. Mais c’est une ringardise élégante, délicieuse. Son premier degré assumé dénote son cœur de cible, à savoir les enfants, et son humour diffus (le jeu distancié de Laurence Olivier dans le rôle de Zeus, celui de Burgess Meredith en vieillard truculent, les péripéties du robot-chouette Bubo, sorte de R2D2 à la noix) leur est également réservé.
Côté effets spéciaux, le film ménage à la fois le pire et le meilleur. Le début nous inflige deux effets kitsch des plus embarrassants avec la mouette qui survole le générique et la scène où Poseïdon libère le Kraken, deux incrustations tellement ratées qu’elles nous fichent la honte pour le pauvre vétéran des FX. Heureusement, la suite rattrape le tout, avec notamment une splendide séquence de raz-de-marée encore impressionnante aujourd’hui.
Le reste est affaire de nostalgie, entre le recyclage de JASON ET LES ARGONAUTES dont il semble être la suite avec sa galerie de créatures mythologiques, et l’ultime hommage à Willis O’Brien avec la scène des scorpions géants (LE SCORPION NOIR étant le dernier film du créateur de KING KONG).
LE CHOC DES TITANS est le chant du cygne de toute une époque de l’histoire du cinéma, le testament d’un magicien légué à toute la profession du 7° art en matière de magie des images, de rêves et d’illusions. Un dernier cadeau certes suranné, mais porté par une foi en ce que l’on appelle aujourd’hui la « suspension consentie d’incrédulité », que l’on ne retrouvera plus jamais avec autant d’innocence…
Notre article est terminé.
Il est de coutume, aujourd’hui, de tergiverser sur les effets spéciaux « à l’ancienne », certains cinéphiles y étant attachés comme à de doux souvenirs d’enfance, quand d’autres les estiment dépassés et « mal faits ». Il s’agit en vérité d’un débat complètement stérile tant il est évident que le temps à fait vieillir cette technique à base d’animation effectuée image par image.
La réflexion que l’on peut se faire en revoyant les film de Ray Harryhausen, est que ces effets spéciaux et ces décors étaient avant tout magnifiques, et que c’est cette beauté, davantage que cette technique dépassée, qui mérite aujourd’hui le coup d’œil, comme l’on regarde un tableau de maitre peint jadis à la tempéra sur bois, technique de peinture médiévale aujourd’hui obsolète, tout en le trouvant aussi beau que la peinture à l’huile sur toile d’un tableau moderne ou, encore, qu’une œuvre multimédia suintant la technologie futuriste…
MATTIE : le plus triste pour moi, ce sont les gens qui ne se rendent pas compte qu’à l’époque, c’était le top des effets spéciaux (sauf peut-être pour LE CHOC DES TITANS, sorti trop tard.) Ne pas être réceptif aux vieux films est une chose compréhensible, mais se moquer comme je le vois parfois sur des commentaires ignares qui me brisent le cœur sur des sites de vente « ha ha ha c’est trop mal fait, on se marre trop ! » ça revient à se moquer de vos grands parents parce qu’ils ne se servaient pas d’Internet à leur époque ! Eh ! Sans dec ? ça n’existait pas !
C’est évidemment à prendre pour ce que c’est : du cinéma daté. Mais du cinéma qui nous a conduit là où nous en sommes aujourd’hui. Du cinéma qui a inspiré les plus grands réalisateurs d’aujourd’hui et même d’hier (parce que Harryhausen ça remonte à avant-hier quand même…) Du cinéma fait avec la passion de mettre en scène des histoires, de donner vie à des créatures par nos propres moyens ! Du cinéma porté par un homme presque seul, un précurseur qui faisait quelque chose d’unique et a ouvert la voie à la profession d’animateur au cinéma.
Nous espérons humblement que notre approche vous aura aidé à comprendre pourquoi ces films méritent, ici comme ailleurs, leur place dans la stratosphère geek !
BO : Alors, c’est qui le magicien du 7° art ?
Je n’ai vu aucun de ces films en entier mais je connaissais la séquence de Jason vs les squelettes et également celle de Sinbad vs Kali. Je crois que j’aurais pu en chopper certains quand j’étais gosse car Canal+ avait fait un cycle autour de ces films, mais non, je suis passé à côté.
Vos articles à 4 mains rendent un bel hommage à Ray Harryhausen, complémentaire à l’article initial de Matt.
C’est marrant, par association d’idées, le titre La Vallée de Gwangi m’a fait repenser à… La Vallée de l’Etrange, ce concept désignant le « décalage » perçu par un esprit humain entre une reproduction artificielle et la réalité.
Et pour me replonger dans ce concept, j’ai surfé sur quelques pages et je suis tombé sur une interview d’un professionnel des FX qui, en début d’itw,cite comme influence et inspiration… Harryhausen !
https://postperspective.com/tag/the-uncanny-valley/
What film inspired you to work in VFX?
There was Ray Harryhausen’s film Jason and the Argonauts, which I watched on TV when I was seven. The skeleton-fighting scene has been visually burned into my memory ever since.
Comme mentionné en fin d’article, Ray Harryhausen a certainement inspiré une voire deux générations d’artistes des effets spéciaux.
De nos jours, le boulot semble beaucoup plus « découpé ». Lorsque je m’intéresse aux crédits qui défilent à la fin d’un film, il y a souvent plus d’une demi-douzaine de studios FX impliqués. Certains pour les décors, d’autres pour les explosions etc… C’est comme pour l’animation 3D, il y a les responsables de décors, de l’éclairage, des textures… Vu de l’extérieur, ça semble très industriel…
Oui c’est ça.
Je ne doute pas que ça reste du boulot aujourd’hui, et je ne veux pas discréditer des techniciens.
Mais Ray avait un côté « auteur » puisqu’il faisait tout. Le film terminé de tourner, il allait s’enfermer dans son atelier pour ajouter tous les FX et ça prenait des mois (Jason ça a pris 5 ou 6 mois je crois.) Il inventait les comportement de ses créatures, etc.
Et c’est également beaucoup plus facile pour nous de mesurer le travail accompli. Et se rendre compte du truc. Tenez bah j’aime bien ce petit gif
https://64.media.tumblr.com/679f17335a7aff500e589fd4d0948ec1/13decfd97662a10e-72/s540x810/d92b76065ce4ddebbad662f4d45e7a070ed38135.gifv
Je trouve ça incroyable^^
Bref sinon oui, je ne suis pas surpris de son influence. Ce qui est surprenant c’est plutôt que le grand public ne sache pas trop qui il est au final. Enfin tout le monde connait Spielberg par exemple quoi…
Sans doute que ces films sont trop vieux et destiné à un public moins large à l’époque.
John Landis disait que Ray était un des seuls techniciens à être un auteur.
Bon sans doute qu’il y en a d’autres^^ Mais le formule veut dire ce qu’elle veut dire.
La plupart des spécialistes des effets spéciaux et des cinéastes qui oeuvrent dans le fantastique (il suffit de prendre Tim Burton, qui a d’ailleurs rendu hommage plusieurs fois au maitre, notamment avec la séquence des squelettes de MS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS, carrément inférieure à l’originale !) vénèrent Ray Harryhausen. Il incarne vraiment l’artiste-magicien. Celui qui fait rêver.
Tiens c’est marrant, je viens de voir que Marvel avait adapté Le voyage fantastique de Sinbad en 2 épisodes : Worlds Unknown 7 et 8.
https://www.bedetheque.com/BD-Worlds-Unknown-Marvel-1973-Tome-8-The-Golden-Voyage-of-Sinbad-380455.html
Bon ça vaut ce que ça vaut, histoire racontée à la va vite en 40 pages et plein de blabla. Mais c’est une anecdote amusante.
Ouaip. Ça a l’air mignon mais je ne pense pas remuer ciel et terre pour le trouver…^^
Paradoxalement, plus les effets spéciaux actuels entendent nous en mettre plein la vue, plus je les trouve artificiels.
L’hyperréalisme n’est pas le réalisme.
A trop chercher le réalisme, en fait, on s’en éloigne et on fait juste de la purée visuelle.
Les effets spéciaux à la Ray Harryhausen assumaient leur artificialité mais gagnaient en poésie et me semblent aujourd’hui plus réels que tous les CGI contemporains.
Le seigneur des anneaux de Peter Jackson, qu’est-ce que c’est hideux.
Les Marveleries d’aujourd’hui, qu’est-ce que c’est hideux.
J’ai beaucoup d’admiration pour Willis O’Brien, Ray Harryhausen, Eiji Tsuburaya, parmi d’autres.
Qui aujourd’hui connait le nom d’un seul créateur d’effets spéciaux actuel ?
Je replonge avec délectation dans ces films moi aussi…
J’ai commencé par le moins coté parce que je voulais revoir Jane Seymour en « hourie » et ce fut un bon gros kiff quand même, malgré les réticences, je ne m’étais pas aperçu que ça datait de 1977 (ouch! quand même!)
merci au duo de choc!
Oui, même un poil nanardesque, ce dernier Sinbad exhale une vraie magie dans sa fantasy débridée.