A Walk Through Hell par Garth Ennis et Goran Sudzuka
Un article de BRUCE LITVO : Aftershock
VF : Black River
1ère publication le 30/01/23 – MAJ le 17/04/23
A WALK THROUGH HELL (AWTH) est une histoire complète scénarisée par Garth Ennis et illustrée par Goran Sudzuka parue en 2 volume chez Black River. Il s’agit d’une histoire assez violente à réserver à des lecteurs avertis.
Cet article est garanti sans spoilers.
Après que leurs confrères aient disparu dans un mystérieux entrepôt, deux agents du FBI qui se remettent à peine d’une enquête éprouvante sur un tueur en série pédophile, pénètrent à leur tour dans ce local où leur apparaissent des visions de cauchemar.
Au fur et à mesure que les agents Shaw et McGregor s’enfoncent au cœur des ténèbres, l’hypothèse que cet entrepôt serait l’antichambre de l’Enfer apparaît de plus en plus tangible.
Il ne s’arrête jamais ! 30 ans après ses débuts et sans besoin d’être ragaillardi avec le triomphe de la version TV de THE BOYS, Garth Ennis continue de produire plus vite que son Butcher pour des éditeurs indépendants.
Black River a le nez fin : il ne s’agit pas d’un récit anecdotique mais d’une véritable oeuvre qui revient percuter les obsessions de l’auteur telles qu’on les trouvait dans PREACHER, THE BOYS et les CHRONIQUES DE WORMWOOD. A WALK THROUGH HELL constitue une mise à jour du rapport qu’Ennis entretient avec la volonté, les relations gays, les violences pédopornographiques et bien entendu sur notre rapport à la religion.
Les moments Ennis, ces cartes postales visant à choquer son lecteur, souvent en contrepoint d’un message, sont bien présents. Le lecteur retiendra cette séquence choc où un homme se tire en continu une balle dans la tête en pleurant sans pouvoir mourir. Une souffrance par l’absurde à rapprocher de Hoover, l’agent du Grail dans PREACHER condamné à compter les grains de sable sur une plage parce qu’une voix divine le lui a ordonné.
C’est bien de cette voix dont il s’agit et qui s’inscrit en miroir négatif de PREACHER. Si Jesse Custer malgré sa violence et son rejet du catholicisme possédait déjà La Voix, il restait un être moral et animé de valeurs positives voire collectives.
Ici, Ennis inverse le propos : et si le Diable l’emportait sur la Déité ? Si ce pouvoir de se faire obéir n’était plus contrôlé, qui s’en emparerait ?
Si le propos n’est pas des plus originaux, son traitement permet à Ennis de s’inscrire dans l’air du temps : la chute programmée de l’Occident et plus largement de l’humanité dans la capacité que l’Homme a d’infliger souffrances et tourments, un propos déjà développé dans CROSSED ou PUNISHER MAX où Frank Castle était le monstre sorti de l’abime.
Bien que AWTH propose des moments éprouvants (un homme avalant son bras, d’autres leurs langues et excréments, la découverte du corps d’une enfant démembré), l’album ne fait ni dans le demago, ni dans le racoleur. Car l’horreur s’y situe souvent hors-champ dans un récit volontairement déconstruit où Ennis explique ce que les personnages ont traversé via de long pavés de textes.
On se souviendra que dans DEAR BECKY le spin-off opportuniste de THE BOYS était particulièrement bavard et que l’écriture de Garth Ennis privilégie désormais les dialogues à l’action. Oh, certes, ce n’est pas nouveau puisque de PREACHER à HELLBLAZER en passant par THE RED TEAM, l’une des marottes de Garth Ennis de mettre en scène des conversations dans des bars. Ici, comme dans DEAR BECKY, Ennis amène avec beaucoup de naturel et d’intelligence la régression intellectuelle et politique via les réseaux sociaux et l’ultra citoyenneté.
Dotée d’un sang froid à toute épreuve, assez portée sur la bouteille suite à un trauma pour lequel le lecteur ne peut ressentir qu’un maximum d’empathie, l’agent Shaw pourrait être une Scully immergée dans le cauchemar de SEVEN. Cette nouvelle icône au panthéon Ennisien, notre guide dans cette Satanique Comédie, est de loin, le seul personnage intéressant de AWTH.
Car, disons-le, tout n’est pas captivant dans ce récit. Tout d’abord la déconstruction sans unité de temps et de lieu est censée participer au sentiment de perdition du lecteur. En réalité, Ennis se prend les pieds dans le tapis avec un gimmick qui aurait pu se dérouler chronologiquement sans que l’histoire n’y perde.
Le fil narratif manquant de rythme et d’enjeux, ces constantes interruptions Then/Now rendent la lecture désagréable obligeant à recommencer à lire la scène précédente pour comprendre certaines situations.
Les dialogues donnent l’impression au lecteur d’avoir loupé quelques scènes, notamment dans les 5 premiers épisodes. Une fadeur décuplé par le découpage peu inspiré de Goran Sudzuka qui ajoute beaucoup de rigidité à l’ennui.
Ses planches sont composées de décors souvent peu inspirés et des angles de vues qui appesantissent encore davantage les dialogues. Si la deuxième partie se situe devant une cathédrale du plus bel effet, la majeure partie du récit se passe sur un fond noir avec des expressions de visages limitées et répétitives.
Les moments Ennis manquent également de force visuelle et c’est à n’y rien comprendre car sur la fin, en dessinant une créature surnaturelle, Goran Sudzuka montre que quand il veut, il peut. Le tout est enrobé par des couvertures également peu alléchantes ; même celles alternatives de Ben Templesmith ne brillent guère par leur originalité, et laissent à penser que cette histoire est sans doute plus écrite que visuelle.
Un constat donc mitigé pour une oeuvre ambitieuse pour laquelle Ennis semble s’être investi mais qui souffre de tics d’écriture imparfaits et un rendu visuel paresseux.
Pour qui sera capable de surmonter ces réels défauts, le plaisir de lecture et la beauté du diable seront au rdv.
Salut Bruce,
Pas le temps de lire ton article ce matin… Grosse journée aujourd’hui je vais prendre la route. Je reviendrai sûrement car je vois qu’il est question de Ennis et j’ai encore du mal à dire de lui😀😀😀. Comme : il faut qu’il arrête de faire de la violence son fond de commerce ☹️☹️☹️. C’est bon..,on a compris. Peut-il passer à autre chose ? Sait-il il écrire autre chose ?
En fait j’intervins rapidement pour la BO: Il fallait que je donne mon ressenti sur cette belle surprise 👍
Très bon choix Bruce. Voilà un artiste intéressant !!! Le créateur du démentiel I PUT À SPELL ON YOU. J’ai rarement vu interprète aussi habité…Il donne tout quand il chante. Ça vient des tripes.
Ça fait plaisir…Merci
Salut Surfer.
En même temps, ce n’est pas comme si l’humanité avait arrêté de faire de l’horreur son copyright. Mais reviens demain, tu seras surpris. Promis.
La BO : marre de poster du Alice Cooper et du Marilyn Manson à cahque fois que l’on parle de l’enfer. J’ai voulu faire original. Content que ça ait pris.
Merci pour cet article ! J’ai lu les 2 tomes VF. Le comics le plus noir de l’auteur à mon avis, et c’est peu dire vu sa biblio : aucune once d’espoir ou d’humour (paradoxalement, j’ai lu le Marjorie Finnegan des mêmes auteurs en même temps, on peut dire que c’est l’extrême opposé !)
Les allez-retour passé/présent m’ont moins dérangé dans la mesure où il y a une révélation au bout du chemin. En revanche, certains flashbacks m’ont semblé moins utiles – leur seul utilité est parfois de montrer la naïveté du sous-fifre de l’héroïne, naïveté par laquelle il finit par être damné. Pour ma part, la scène qui m’a vraiment sorti de l’histoire est le faux semblant autour de la supérieure de nos héros, un passage qui ne fait pas illusion pour le lecteur.
Le gros pari d’Ennis est d’en montrer peu, de ne pas afficher l’indicible, comme ce qui pousse réellement l’un des flics à se suicider en boucle. Ennis ne s’en cache pas : il indique dans le dialogue que l’entrepôt est une simple galerie des horreurs et l’antagoniste ne se révèle sous son vrai jour dans une unique page que pour pousser l’héroïne dans une direction bien précise. Que ce pari soit réussi ou non, c’est une autre affaire.
Oui, je suis d’accord, c’est l’histoire la plus sombre du catalogue Ennis. Je parlerai de Marjorie Finnegan dans le prochain GEEK.
Généralement je déteste l’effet Then/Now popularisé par Brian Vaughan dans Y, THE LAST MAN et de LOST. Globalement, je trouve que ça n’apporte rien.
Fichtre, tous ces comics signés Ennis qui sortent chez des petits éditeurs VF indépendants, la plupart passent complètement sous mes radars ! Merci pour cet éclairage.
Je ne sais pas si je vais sauter le pas. le sujet me branche bien (ça rappelle pas mal le NEONOMICON d’Alan Moore avec sa pseudo-Scully (c’est vraiment devenue une icône absolue de la pop-culture !)). La signature Ennis encore plus (pourquoi diantre ne pourrait-il pas continuer à écrire sur la violence ? En quoi le sujet serait-il plus mauvais qu’un autre surtout entre les mains d’un expert ?).
Ce serait plutôt la critique mitigée et le prix (près de 40 boules les deux tomes, quand même…) qui me retiennent. Et le fait que ma bibliothèque croule déjà sous les comics Ennis (et ben oui, elle ne croule pas sous les John Byrne, hein…).
La BO : De l’humour et de la folie furieuse dans l’histoire du rock. L’idôle de Gainsbourg !
L’amateur d’énigmes et de construction oblique que tu es devrait y trouver son compte. Si tu es parvenu à aller jusqu’au bout de PROMETHEA et du SWAMP THING de Moore, aucune raison que tu bloques là-dessus.
SJ Hawkins et Gainsbourg ensemble sur CONSTIPATION BLUES https://www.dailymotion.com/video/x18yxe
Ce qui est certain, c’est que le procédé Then/Now que tu n’aimes pas, j’en suis au contraire extrêmement friand. Ça permet de raconter le récit en le structurant de manière sophistiquée, en lui apportant des élements petit à petit, par couche successive, en reconstituant le puzzle et en l’enrichissant sans cesse. J’avoue que j’ai toujours été étonné que tu bloques dessus car il est utilisé par la plupart des meilleurs auteurs de comics (on ne parle pas du old-school) et on le trouve autant dans PREACHER que dans SCALPED ou dans BLACK SCIENCE (etmême au cinéma par exemple dans HIGHLANDER, raison pour laquelle j’avais le rapprochement avec Vertigo dans mon article), même si certains l’utilisent plus ou moins systématiquement.
Je connais très bien cette vidéo Hawkins-Gainsbourg. Je l’ai dans mes fichiers-vidéo. Culte.
Le Then/Now n’est pas utilisé systématiquement dans PREACHER. DAns Y THE LAST MAN c’était la condition d’ouverture de chaque chapitre.
C’est comme les films qui commencent par la fin. J’ai horreur de ça.
Concernant la video Gainsbourg, je trouve tout de même le résultat très en dessous que ce que la rencontre de ces 2 monstres sacrés pouvait laisser imaginer.
Les films qui commencent par la fin, ça a quand même donné :
CITIZEN KANE
LOLITA
LITTLE BIG MAN
IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE
CASINO
L’IMPASSE
AMADEUS
FIGHT CLUB
USUAL SUSPECTS
DONNIE DARKO
et… LOST HIGHWAY !
Hawkins/Gainsbourg : Oui, c’est du pipi-caca. C’est juste rigolo. En même temps, ça montre qu’on improvise pas le génie comme ça. Ça se travaille.
Tu connais L’HOMME ORCHESTRE avec Louis de Funès ? Il y a une scène où on entend une parodie d’I’M PUT A SPELL ON YOU, avec moult hurlements, interprétée de manière bluffante par… Olivier de Funès, le fils de l’acteur ! (sur une musique de François de Roubais)
youtube.com/watch?v=AqUX0QH8Ewk&list=PLkAUJkbhd-RiQodPjpEOfQowFfBH1j5Zo&index=10
Une série sortant de l’ordinaire pour Garth Ennis.
Dans l’article que j’avais soumis à Bruce, j’évoquais la narration visuelle de Goran Sudžuka qui devient une évidence, à la fois tout en retenue, à la fois terriblement expressive dans l’horreur, sans complaisance ni voyeurisme. Sous cet angle-là, la logique du récit devient évidente, et l’habileté élégante du scénariste impressionne. Garth Ennis utilise les conventions du genre horreur avec une grande intelligence sans en abuser, et il s’en sert pour s’interroger sur la nature du mal. Il développe ce concept à partir de sa définition religieuse, au travers d’un thriller éprouvant, à partir du constat du monde réel, jusqu’à montrer l’impact du mal sur les êtres humains, des individus imparfaits. Il donne sa définition du mal, ainsi que la façon de le combattre ou au moins de le tenir à distance par chacun, d’une manière très concrète, avec un point de vue philosophique intelligent et sensible.
Une fois de plus nous ne sommes pas d’accord. Je trouve Goran Sudzuka bien plus à son aise dans le comique troupier de Marjorie Finnegan.
Merci pour la présentation, je crois avoir vu passer cette bd, mais bon cette année c’est décidé, ce sera juste l’essentiel. Donc un petit Ennis, je m’en passe, surtout que je n’ai vraiment pas envie de ce genre de lecture en ce moment.
La BO : sympa, je ne connaissais pas.
Gasp.
Mais je viens d’écrire que ce n’était pas un petit Ennis, bien au contraire 😉
Nope vil tentateur, trois étoiles, c’est pas « grand ». Et même, pas envie…
Comme promis je reviens pendant ma pause déjeuner pour te lire😉.
Au passage, c’est toujours très agréable d’être accompagné par ta plume lorsque je mange. Souvent je suis seul et cela permet de passer agréablement le temps entre l’entrée, le plat, le dessert et le café 😀.
Aucune surprise en te lisant, cela vient conforter tout ce que je pense de cet auteur. Il est encore dans la surenchère gore et malsaine. Ou s’arrêtera t-il ? Je pensais qu’il avait atteint le summum avec CROSSED ! Je vois qu’il n’en est rien !
Quand tu écris
« Le lecteur retiendra cette séquence choc où un homme se tire en continu une balle dans la tête en pleurant sans pouvoir mourir. »
Quelle est la finalité du truc ? J’aimerais que l’on m’explique. J’suis peut être pas assez intelligent pour comprendre.
A part nous questionner (nous pauvres lecteurs avides de violence) avec son cynisme habituel : Alors vous n’en avez toujours pas assez…Vous en voulez encore ?
Je ne vois pas bien🤔
Non décidément ce n’est pas pour moi!
Et pour répondre à Tornado qui pose une vraie question pertinente :
« pourquoi diantre ne pourrait-il pas continuer à écrire sur la violence ? En quoi le sujet serait-il plus mauvais qu’un autre surtout entre les mains d’un expert ? »
Personne ne l’empêche d’écrire ce qu’il veut . Et pour sûr c’est un expert dans ce domaine ? Sauf qu’en ce qui me concerne, j’aime bien être surpris et j’aimerais le voir dans un autre registre. Cela permettrait d’évaluer un peu plus objectivement ses qualités d’écriture.
À force de le lire, je pense avoir bien compris sa vision de la violence. A contrario l’approche d’un Cronenberg
sur le même sujet au cinéma m’étonnera toujours. Ses films sont toujours sujets à des réflexions différentes.
« Quelle est la finalité du truc ? J’aimerais que l’on m’explique. J’suis peut être pas assez intelligent pour comprendre. »
Dans le contexte de la série, c’est un exemple de supplice infernal, avec une répétition renvoyant par exemple à Sisyphe ou Tantale.
Merci JB pour l’explication mythologique.
En tout cas, la chose qui ne m’étonne pas chez Ennis c’est son esprit tordu pour nous renvoyer au supplice de Tentale😀.
Mais la question nodale dans tout cela est de savoir qu’avait donc fait ce malheureux pour mériter ça !☹️
Quelle est la finalité du truc ?
Déplaçons un peu la question.
Garth Ennis est un auteur connu et reconnu qui rien qu’avec les adaptations de THE BOYS et PREACHER peut probablement vivre tous frais payés jusqu’à la fin de sa vie. Il continue pourtant d’écrire et surtout pour des éditeurs indépendants alors que DC et Marvel tueraient pour avoir un auteur de sa trempe en lieu et place de leurs tocards habituels.
Gageons donc que Garth écrit d’abord pour lui-même, que la violence de ses BD montrent son attachement viscéral à ce médium et qu’il a probablement besoin de sortir toute cette rage par son art.
Peut-être a t-il fait un cauchemar d’un homme qui ne pourrait pas mourir en se suicidant et que cette angoisse de mort l’inspire pour écrire une nouvelle histoire.
Nous parlions hier de la famille comme thématique Ennis. J’en vois une autre : survivre à la mort, celle êtres aimés dans un monde qui ne nous aime pas.
Alors, je n’ai jamais lu CROSSED et n’en ai nullement l’intention. En revanche, si beaucoup de comics d’Ennis traitent de la violence, certains le font avec classe et pas de manière gratuite. Par exemple ses comics de guerre où la violence est un véritable sujet de réflexion sur la nature, la folie des hommes, l’absurdité des conflits et la destinée humaine.
Et sinon, pour un lecteur lassé des comics édulcorés par le CCA et les super-héros manicchéens, la découverte de cet auteur a été un sacré vent de fraicheur pour un lecteur comme moi. Et oui, je l’avoue, je m’éclate lorsque je le vois défoncer au km des super-héros dans leurs tripes. 🙂
Il faut donc de tout pour faire un monde.
« En revanche, si beaucoup de comics d’Ennis traitent de la violence, certains le font avec classe et pas de manière gratuite. Par exemple ses comics de guerre où la violence est un véritable sujet de réflexion sur la nature, la folie des hommes, l’absurdité des conflits et la destinée humaine. »
Oui Tornato, tu as parfaitement raison. Parfois le sujet de la violence traité par Ennis prête à réflexion. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé tout ce qu’il a écrit sur le Punisher et sur N. Fury. Surtout quand cela touche le cadre du récit de guerre . Je l’ai dit hier, il excelle dans ce domaine et à beaucoup de connaissances historiques.
Mais c’est juste parfois ☹️
Je n’ai pas encore su sa série BATTLEFIELDS (bientôt en VF !) mais ses WAR STORIES, c’est brillant. Pas d’humour, pas de trash, juste des histoires sur la guerre et la complexité des conflits armés. Là, il montre qu’il est un auteur de premier plan.
Coucou
Je pense un peu comme Surfer.
D’ailleurs sans lire l’article on voit « Ennis », puis on jette un oeil et on voit « tête exploée » , »gamin qui mange du caca dans les toilettes »
Allez…je m’en passe.
Et en fait je ne comprends même pas comment son lectorat ne se lasse pas de toute cette crasse.
Je comprends qu’à un moment Ennis a été un vent de fraicheur par rapport aux comics consensuels. Mais bon pour ma part j’ai lu quelques trucs de lui et c’est bon j’ai eu ma dose à vie quoi. Je comprends mal qu’on se complaise là dedans.
mais bon chacun ses goûts. Il écrit ce qu’il veut.
C’est juste son succès qui m’agace. Comme quoi plus t’es trash et sordide mieux c’est. Tout le monde crie au génie quand le mec imagine juste des horreurs. Pourquoi ? Parce que c’est pas censuré ?
Faisons une BD qui ne dépeint qu’un viol pendant 30 pages alors. Il y en aura toujours pour dire que l’horreur de la chose est là pour dénoncer. Mais franchement qui passerait un bon moment ?
Tiens d’ailleurs au risque d’être en désaccord avec tout le monde, j’ai été bien content de constarer que pas mal de gens intéressés par la série THE BOYS se sont penchés sur le comics et ont dit « houlà c’est écrit par un ado de 15 ans ou quoi ? Bite couilles poil sperme, lol. Série TV 10 fois mieux »
C’est sympa d’entendre un autre son de cloche et de voir Ennis s’en prendre un peu pour son grade qu’il ne mérite pas tellement selon moi.
Pour le coup, A Walk through hell est très éloigné de Preacher ou The Boys : aucun humour potache (en fait, aucun humour), mais des protagonistes pour lesquels on éprouve de l’empathie mis face à l’horreur absolue (mais jamais gratuite) – enfin, c’est mon avis. Ça m’a beaucoup rappelé l’atmosphère de films comme LA MALEDICTION dans sa noirceur et la fatalité des événements
Le seul truc d’Ennis que j’ai aimé (mais j’ai pas lu ses WAR STORIES) c’est RED TEAM.
Parce que pour une fois j’ai eu l’impression qu’il avait un truc à raconter et pas juste un caca nerveux à faire pour se moquer des trucs qu’il n’aime pas (les 3/4 de sa bibliographie c’est de la parodie de super héros. Pour quelqu’un qui n’aime pas il en fait beaucoup la pub et ne semble pas pouvoir se détacher du truc. )
Pour moi tout était dit dans THE PRO et ensuite il n’a fait que ressasser la même chose. C’est devenu « dépassé » très vite pour moi, et pénible.
Je saisis pas qu’on puisse aimer lire des moqueries pendant 10 ans. C’est juste lourd à force. Et son humour d’ado qui a découvert le foutre, ça va 5min quoi…
Tu as une vision très très caricaturale du travail d’Ennis.
Non, 3/4 de sa bibliographie, ce n’est pas de la parodie de super-héros.
D’ailleurs, je parviens à considérer qu’il s’agit d’un des très grands scénaristes de comics de ces dernières dizaines d’années en évitant la plupart de ses productions parodiques (je n’ai pas lu The boys par exemple et je n’ai pas envie, The Pro n’a pour moi aucun intérêt,…).
Il y a à boire et à manger chez Ennis comme chez la plupart des scénaristes mais quand il est bon, je le trouve très largement meilleur que la moyenne.
La réduction de l’oeuvre d’Ennis a du trash ado, à du sordide et de la crasse, c’est le discours facile de ceux qui ne voie l’oeuvre que par un prisme déformant partial et partiel. Après, on peut dire qu’Ennis tend parfois le bâton pour se faire battre. Oui, certainement. Mais bon, on peut aussi aller au-delà de ça.
Mais bon, je ne cherche pas à te convaincre, hein…
Bonjour Bruce.
Une semaine Ennis … je souffre. Bon ce n’est pas l’enfer mais pas loin.
Ton article présentent bien les qualités et défauts de l’œuvre mais le pitch ne m’intéresse pas. Pas comme cela, pas par Ennis, pas envie de lire cela en ce moment en plus, de cette manière.
Mais je n’ai pas perdu mon temps car la BO est superbe.
Belle explication Bruce:👍
« Gageons donc que Garth écrit d’abord pour lui-même, que la violence de ses BD montrent son attachement viscéral à ce médium et qu’il a probablement besoin de sortir toute cette rage par son art. »
Il a besoin d’un exutoire! Si ça peut le calmer pourquoi pas 😀.
Toujours est-il qu’un gus qui bouffe son bras ou alors un enfant démembré c’est trop pour mon petit cœur ☹️. On vva le laisser à ses délires
Moi j’ai bien aimé ! J’ai retrouvé le Ennis que j’avais aimé sur Preacher, Hitman. Un peu trop verbeux. Et j’aime énormément Sudzuka !
Hello,
J’ai la conviction que celui qui fait le récit c’est le destinataire, donc le lecteur.
Sans rien retirer au talent singulier de Garth Ennis, ni à l’exutoire ou à l’intérêt particulier que l’on peut trouver à la lecture de ses comics, je rejoins Surfer et Fletcher sur le fait que ce n’est pas ce que j’ai envie de lire maintenant.
Enfin comme pour les récits guerriers qui ne m’invitent jamais à envahir la Pologne, je suis hermétique à la dialectique monothéiste du bien et du mal.
Envisager le pire, espérer le meilleur pensait Hannah Arendt (curieusement reprise à son compte par Le Child pour en faire la maxime de Jack Reacher)
Merci pour le coup de lumière pour un récit ambitieux.
C’est cool, tu ne me donnes pas envie de lire cette série ! Du temps et du fric économisés ! 😉
En fait, je ne suis pas complétiste de Garth Ennis. Mes deux séries préférées de cet auteur risquent de rester PREACHER et PUNISHER MAX.
THE BOYS, déjà, y’avait un truc qui faisait que j’adhérais pas totalement…
Ici, les dessins semblent fonctionnels mais fades. Et puis, si c’est pour se promener en enfer, je préfère attendre plus tard…
@Zen Arcade : j’ai eu la chanson de rencontrer Ennis ce WE pour une interview. Stay tuned !
J’ai littéralement étais habité par cette lecture.
Ennis en grande forme et très inspiré. Le dessin, froid, chirurgical rempli son rôle à merveille. C’est sans concession, une fin vraiment noir pour une histoire dans ce que l’humanité fait de pire.
Si vous ne l’avez pas encore lu quelques conseils:
Lusmord, album OTHER en fond. Lisez le d’une traite. Plutôt le soir, seul.
Un seul reproche ; le prix de l’édition en france… Mais franchement, il y a de quoi le relire souvent et alimenter de long débat sur la fin et « ceci »…
Bon courage et bon chance.