LE DIABLE DANS TOUS SES DETAILS : INTERVIEW GREG WRIGHT 

LE DIABLE DANS TOUS SES DETAILS (DAREDEVIL vol 1 #234-280)

PARTIE 5 : INTERVIEW GREG WRIGHT 

Une interview réalisée et traduite par DOOP O’MALLEY

Peut-être ne connaissez-vous pas bien le travail de Gregory Wright. Et pourtant, ce scénariste/éditeur et coloriste de talent, récompensé de nombreuses fois pour son travail, a été l’un des nombreux acteurs de chez Marvel à partir des années 80.

En tant que scénariste, Gregory n’a pas eu de chance car la majeure partie des séries qu’il a réalisées en tant que scénariste n’ont jamais été publiées en France (SILVER SABLE, NICK FURY, MORBIUS, DEATHLOCK). À peine a-t-on pu découvrir son travail dans un arc de Daredevil publié à l’époque dans SPECIAL STRANGE.

En revanche, vous n’avez pas pu passer à côté de son travail de coloriste (même si souvent il n’était pas crédité en VF). C’est simple, il a quasiment tout colorié chez Marvel. Certains épisodes de SPIDER-MAN par Todd Mcfarlane, GHOST RIDER, PUNISHER WAR JOURNAL, le SENSATIONAL SPIDER-MAN de Mike Wieringo, le THOR de John Romita et Dan Jurgens, le CAPTAIN AMERICA de Kubert et Jurgens, les DEFENDERS d’Erik Larsen, des épisodes de X-FACTOR, de UNCANNY X-MEN. La liste se compte par centaines. Il a aussi travaillé sur NIGHTWING, BATMAN, ZERO HOUR ou encore les TEEN TITANS.

Auteur à multiples facettes, Gregory Wrighti a aussi travaillé sur les annuals de Daredevil que nous avons déjà chroniqués. De par sa connaissance particulière du staff éditorial de Marvel auquel il a participé de très nombreuses années, il nous propose aujourd’hui de revenir sur cette période, avec en point d’orgue son travail sur Daredevil, mais aussi l’ambiance dans les bureaux de Marvel, Mark Gruenwald, Archie Goodwin et les autres.

© Marvel Comics

Une première question pour commencer ce retour sur Daredevil. Je sais que vous êtes très ami avec DC Chichester, que nous allons interviewer prochainement, avez-vous été embauchés chez Marvel au même moment ?

DG, aussi connu sous le prénom de Dan et moi-même nous connaissons et sommes les meilleurs amis du monde depuis presque 40 ans. Nous nous sommes rencontrés à l’université, plus précisément à la NYU Film School. Il a été embauché chez Epic (une branche un peu plus adulte de Marvel, NDT) après un stage particulièrement réussi durant sa troisième année. Marvel voulait tellement embaucher Dan qu’ils lui ont même proposé un travail à mi-temps pour lui permettre de terminer ses études. Quand nous avons été diplômés, c’est lui qui m’a suggéré de postuler pour une place d’assistant éditeur qui venait juste de se libérer chez Epic. Bon, c’était plus un travail de secrétaire et de réceptionniste, mais c’était un début.

Après vos débuts chez Epic, vous êtes devenu l’assistant de l’éditeur Mark Gruenwald. Qu’est-ce que ça fait de travailler avec des personnes aussi talentueuses que Mark ou encore Archie Goodwin, le rédacteur en chef d’Epic?

Travailler avec Archie Goodwin et Mark Gruenwald a été une expérience fabuleuse. Archie était fidèle à sa réputation : incroyablement généreux. Il m’a appris un nombre incalculable de choses sur la manière de raconter une histoire dans les comics. Et c’était la même chose dans partout chez Epic. Tout le monde était ravi de partager avec moi son expérience. Archie était terriblement drôle et il me traitait toujours d’égal à égal alors que j’étais juste un petit gars qui n’y connaissait pas grand-chose. Il me donnait à lire des titres Epic et puis s’asseyait avec moi afin que l’on puisse échanger sur ce que l’on venait de lire. Mes impressions, sur ce que je pensais de ceci, pourquoi c’était écrit comme ça… il me donnait de précieux conseils. C’est lui qui a fait en sorte que Mark Gruenwald m’embauche. J’ai vraiment été chanceux de travailler pour Archie, avec Archie, ou même de l’avoir embauché en tant que scénariste lors de mes fonctions éditoriales. Et ce de mes débuts chez Epic jusqu’au jour où il a malheureusement disparu. C’était un véritable ami et un mentor qui me manque terriblement.

Quant à Mark Gruenwald, il était tout simplement l’âme de Marvel Comics. Lorsque je suis passé des bureaux d’Epic à ceux de Mark, j’ai été véritablement surpris de découvrir à quel point les choses étaient différentes chez Marvel. Chez Epic, les histoires appartenaient entièrement à leurs créateurs. De telle sorte que nous ne pouvions pas, en tant qu’éditeurs, procéder aux changements que nous voulions sans la validation des créateurs. Ils étaient les véritables maîtres et décideurs leurs comics. Tout notre travail consistait chez Epic à être au service des artistes et des auteurs pour leur permettre de réaliser le meilleur comic-book possible. Cela impliquait aussi de faire en sorte qu’il soit impeccablement imprimé. On s’intéressait véritablement à la production.
Du côté de chez Marvel, les éditeurs étaient intégralement responsables des comics qu’ils géraient et pouvaient faire les changements qu’ils voulaient. Ils pouvaient redessiner ou réécrire les histoires, les dialogues, changer les dessins, effacer des cases en entier sans jamais demander l’autorisation aux créateurs. C’était un changement ENORME. J’ai toutefois essayé d’insuffler un peu de l’esprit d’Epic dans mon travail d’éditeur chez Marvel. Au minimum, je demandais toujours aux auteurs s’ils voulaient réaliser eux-mêmes les changements. Mark était assez pointilleux et en charge de la continuité Marvel. Il a édité le MARVEL UNIVERSE HANDBOOK (Marvel de A à Z) et connaissait tout sur n’importe quel personnage. Travailler pour lui a été une introduction assez forte dans le travail au quotidien chez Marvel. Comme Archie, il adorait m’apprendre tout ce qu’il savait et j’étais friand de tous les conseils qu’il pouvait m’apporter. Mark m’a donné un nombre impressionnant de responsabilités, bien avant que je ne le mérite. Il me laissait m’occuper de tout l’aspect artistique tandis qu’il gérait plutôt les scénaristes. On a vraiment bien travaillé tous les deux et nous sommes devenus de véritables amis. Tout comme Archie, il était largement à la hauteur de sa réputation. Mark a été un ami et un mentor très précieux et son décès a été pour moi un véritable coup de massue. À chaque fois que je songeais à quitter l’univers des comics, Mark me ramenait toujours à la raison. Et lorsqu’il est parti, cela a été vraiment très difficile de continuer. Mais j’ai toujours gardé en tête le souvenir de nos conversations lors de mes coups de moins bien et je m’y suis accroché, essayant d’honorer sa mémoire ainsi que celle d’Archie à travers mon travail.
J’ai été très chanceux.

L’un des tout premiers comics où Greg a réalisé une partie des couleurs, mais aussi des crayonnés et de l’encrage.
© Marvel Comics

Plus généralement, quelle était l’atmosphère du Marvel Bullpen (le nom des bureaux de Marvel) à l’époque ?

Faire partie du staff de Marvel, c’était tout simplement fantastique ! Lorsqu’on pense au Bullpen Bulletin, on imagine que tout le monde est impliqué, même les freelancers (auteurs engagés par Marvel qui sont rémunérés à la page ou au numéro, NDT) mais en réalité le groupe était essentiellement constitué des gens de la production. Ceux qui coupaient, collaient, repassaient sur les dessins pour effectuer des corrections sur le lettrage, les couleurs et qui faisait en sorte que le comics soit imprimé en temps et en heure. Le staff était rempli de gens extraordinaires, tous hyper talentueux et très drôles. Beaucoup ont d’ailleurs fini comme scénaristes ou dessinateurs freelance.

Malheureusement, mes débuts ont coïncidé avec les derniers jours de Jim Shooter en tant qu’éditeur en chef. Une période assez sombre. Mais en dehors de ça, c’était juste génial ! Après que Shooter ait été remplacé par Tom De Falco, les choses se sont significativement améliorées, moralement parlant. On a connu une recrudescence de la créativité. Les créateurs qui refusaient de travailler avec Shooter sont rapidement revenus. C’était une période absolument fantastique et si j’avais eu le superpouvoir de faire en sorte que cela ne change jamais, je l’aurais fait sans hésiter.

Comment êtes-vous devenu coloriste ?

À l’époque, on ne gagnait pas beaucoup d’argent en tant qu’éditeur ou assistant et pour espérer survivre à New York, vous aviez besoin de faire du travail en freelance. Le staff était de plus incité à faire du travail en freelance afin de progresser en tant qu’éditeur. Il était important d’apprendre les règles du métier de tous les côtés.

Je ne dessinais ni n’encrais très bien et mon lettrage était encore pire. Lors de mes études de cinéma, j’écrivais tout le temps et donc c’était à la base ce que je voulais faire. Mais cela a pris énormément de temps avant d’être reconnu en tant que scénariste.

Lors de mon passage chez Epic, Archie avait pour habitude de réaliser ses éditoriaux sous forme de petits cartoons. C’est lui qui a décidé de me les faire colorier de sorte que je puisse gagner un peu plus d’argent. C’était facile, trois ou quatre couleurs seulement…mais c’était fun et surtout très créatif. Et vous n’imaginez pas à quel point ca m’a donné un ENORME coup de boost de voir mes cartoons publiés. De fait, lorsque je suis passé chez Marvel, j’ai continué à effectuer de petites corrections sur les couleurs des comics que nous éditions, entre autres.

Une fois, un certain nombre d’entre nous ont été réunis afin d’aider un autre éditeur à sortir un comics en entier en UNE SEMAINE parce que les auteurs étaient en retard. Nous avons donc retravaillé les crayonnés et encré des pages lors de plusieurs nuits sans sommeil. Pour information, le numéro 5 de MARK HAZZARD : MERC est l’un des seuls comics au monde qui contient un peu de dessins et d’encrage de ma part. Il y avait des gens vraiment très talentueux qui y ont participé. Mais surtout j’étais l’un des trois assistants (avec John Wellington et Maddie Blaustein qui s’appelait Adam à l’époque) à avoir réalisé les COULEURS de tout le comics en une seule nuit ! C’est là que j’ai découvert que la colorisation était une compétence qui me convenait bien et à travers de laquelle je pouvais aussi utiliser mes connaissances en cinématographie.

C’est pour cette raison que lorsque Mark a eu besoin d’un coloriste pour l’annual 2 des VENGEURS DE LA COTE OUEST, je l’ai supplié de me donner ma chance. Je détestais le coloriste que nous avions à l’époque sur le titre et j’étais persuadé de pouvoir faire au minimum un meilleur travail que lui. Je lui ai donc proposé de le faire GRATUITEMENT pendant le weekend et que s’il n’aimait pas mon travail, nous aurions le temps de le faire recoloriser par quelqu’un d’autre. Mark ne pouvait pas refuser cette offre. J’ai donc passé mon weekend à colorier l’annual, Mark a aimé mon travail et l’a finalement acheté. Et les planches ont commencé à faire le tour des bureaux de chez Marvel ! C’est à partir de ce moment que j’ai pu travailler pour d’autres éditeurs. Jim Salicrup m’a immédiatement associé à la colorisation de la revue MARVEL AGE et c’est là que j’ai appris à imiter le style de nombreux autres coloristes. En effet, la revue était composée de plusieurs morceaux d’histoires issus de comics différents. C’était très formateur en soi et cela voulait surtout dire que j’avais obtenu un travail régulier de la part de Jim. C’est vraiment là que ma carrière a décollé.

Premier comics réalisé en à peine un weekend ! WEST COAST AVENGERS ANNUAL 2
©Marvel Comics

Coloriste, éditeur et finalement scénariste. Je crois que la première histoire où vous êtes crédité en tant que scénariste est une histoire secondaire de la série STARBRAND puis des histoires de SOLO AVENGERS. Avez-vous toujours voulu écrire ? Comment avez-vous obtenu ce travail ?

J’ai toujours voulu écrire. J’écrivais d’ailleurs mes propres comics quand j’étais jeune même si je n’aurais jamais pensé faire un jour partie de cette industrie. J’écrivais tout le temps à la fac…des courts métrages et des scripts entiers de films. De fait, travailler autour de tous ces créatifs chez Marvel m’a donné naturellement envie d’écrire des comics. ET puis, Mark demandait des histoires à tout le monde ! J’ai donc obtenu quelques épisodes dans SOLO AVENGERS. À l’époque, les assistants éditeurs étaient encouragés à écrire. Mark pensait que c’était un moyen d’apprendre le métier sous toutes les coutures. De plus, les éditeurs avaient souvent besoin d’histoires courtes pour leurs annuals, et les scénaristes réguliers n’avaient pas souvent envie de les écrire. De fait, ce n’était pas si difficile d’obtenir une histoire ici ou là. Faire partie de l’équipe signifiait que vous étiez disponible pour travailler la nuit et réaliser des corrections dans l’urgence. C’était un sacré avantage, mais cela laissait les scénaristes freelance de côté.

La première histoire que j’ai vendue était sur le CHEVALIER NOIR pour SOLO AVENGERS. Je l’ai écrite avec mon ami Dwayne McDuffie bien avant qu’il soit dans le staff et bien avant qu’il n’aide à la création de MILESTONE. Alan Davis a dessiné cette histoire mais elle n’a pas été terminée et n’a été publiée que quelques années plus tard dans une autre revue. La deuxième histoire que j’ai écrite, toujours avec Dwayne, était une histoire de WONDER MAN que Jackson Guice a dessinée. Je ne sais pas si c’est ma première histoire publiée ou pas, mais la première fois où j’ai été crédité seul en tant que scénariste est définitivement la backup de STARBRAND dessinée par Kieron Dwyer. Je mets un point d’honneur à colorier chaque histoire que j’écris. En effet, j’ai tendance à penser à la couleur quand j’écris une histoire et en réalisant moi-même la colorisation, cela me permet de faire en sorte que celle-ci fonctionne visuellement mieux. Et puis … cela me permettait aussi d’avoir un peu plus d’argent (rires) !

Passons maintenant à votre travail sur Daredevil. Les premiers numéros où vous êtes crédité en tant que coloriste sont les épisodes 261, 266 et 267 qui se déroulent lors du crossover INFERNO ainsi que la rencontre avec Mephisto. Apparemment, vous remplaciez la coloriste Christie (Max) Scheele. Est-ce que c’est difficile de remplacer au pied levé un coloriste régulier ? Avez-vous des guides de couleurs qui peuvent être utilisés d’un numéro (ou d’un coloriste) à l’autre ?

À l’époque, je réalisais déjà les couleurs de nombreux comics qui étaient en retard, la nuit. Et cela incluait déjà DAREDEVIL. Je devais apprendre à imiter n’importe quel coloriste affecté à n’importe quelle série, ce qui était sacrément formateur, surtout quand il fallait analyser et reproduire le travail de coloristes aussi talentueuses que Christie Scheele, Petra Scotese ou Glynis Oliver. J’ai aidé à la colorisation de BEAUCOUP de numéros de DAREDEVIL sans en être crédité. J’aimais énormément les dessins sur cette revue tout comme l’écriture d’Ann Nocenti. Lorsque Christie ne pouvait réaliser un épisode, on m’appelait pour le faire car je pouvais particulièrement bien l’imiter et que mon propre style était assez similaire au sien. Ce n’était pas si difficile d’apprendre à leur ressembler car j’avais constamment leurs planches sous les yeux et qu’en plus la colorisation était SIMPLE à l’époque. Parfois même, le travail de remplacement que j’effectuais était plus apprécié que le travail du coloriste régulier et l’artiste demandait à m’avoir moi comme coloriste principal. Mais cela n’est pas arrivé sur DAREDEVIL car Christie est une fantastique coloriste.

Johnny le dur à cuire! Daredevil #261.
© Marvel Comics

Etiez-vous déjà ami avec l’éditeur de la série, Ralph Macchio, à l’époque ?

Oui. Ralph et moi sommes de bons amis et nous passions beaucoup de temps ensemble, que ce soit des déjeuners, des diners ou des soirées. On restait souvent très tard dans les bureaux de Marvel pour profiter du calme afin de réaliser plus de travail. Mais il ne m’a jamais engagé à cause de notre amitié…il fallait véritablement qu’il apprécie votre travail pour vous en donner. Il a pu me demander de réaliser quelques remplacements ici où là pour me faire plaisir, mais il aimait beaucoup mon travail et m’a donc donné ENORMEMENT de boulot. Et puis, j’étais quelqu’un de régulier et les artistes appréciaient mes couleurs.

Lisiez-vous les épisodes de DAREDEVIL à l’époque ? Que pensez-vous du travail de John Romita Jr, Al Williamson et Ann Nocenti ? Aviez-vous des contacts avec eux à l’époque ? C’est même vous qui avez réalisé les couleurs du tout dernier épisode de John Romita Jr.

J’adore le personnage de DAREDEVIL. C’est l’un de mes préférés. Evidemment, j’avais lu le run de Miller et Mazzucchelli qui a été publié juste avant celui d’Ann. J’ai beaucoup aimé le travail de cette dernière sur le personnage. C’était un sacré challenge de passer derrière Miller mais elle a réellement tracé sa voie sur la série. C’était véritablement quelque chose d’unique et de spécial. J’espérais que Rick Leonardi allait devenir le nouvel artiste régulier après ses deux épisodes avec Ann … dont j’ai colorié quelques pages, mais une fois que j’ai pu voir ce que John Romita jr réalisait, j’étais persuadé qu’ils formeraient une équipe fantastique. Je suis un véritable fan du travail de John et d’Al (Williamson) sur la série. C’est l’une de mes équipes artistiques préférées !
Ann travaillait dans les bureaux de Marvel. De fait, je la croisais et discutais avec elle tous les jours. John passait souvent dans les bureaux et en tant qu’éditeur, j’embauchais Al le plus souvent possible. Donc oui, j’étais en contact avec tout le monde et tout le monde s’entendait à merveille. J’aurais été extrêmement heureux de pouvoir travailler indéfiniment avec cette équipe ! 

Votre première incursion sur le personnage était dans l’ANNUAL 5, où vous avez écrit trois histoires courtes avec des artistes comme Jim Lee, John Romita jr ou Whilce Portaccio. Comment avez-vous obtenu ce travail et étiez-vous en relation avec ces artistes ?

C’était effectivement mon premier travail sur DAREDEVIL en tant que scénariste. C’est aussi la première fois que j’ai vraiment cherché du travail en tant que scénariste freelance après mes deux épisodes de SOLO AVENGERS et de STARBRAND. Ralph avait besoin d’histoires de complément pour son annual et voulait des récits mettant en scène des personnages secondaires de la série. Moi j’avais une affection particulière pour ces personnages et je lui ai donc soumis 3 histoires. Il les a appréciées et m’a embauché !

J’ai demandé si John Romita jr pouvait dessiner l’histoire des Fat Boys… et j’ai même suggéré que Jim Lee et Whilce Portaccio, alors débutants (et avec qui je suis devenu ami) réalisent les deux autres histoires. Comme tu as pu le voir, ils ont fait un travail fantastique ! Ils étaient tous les deux de passage à New York à l’époque et ont probablement réalisé leurs planches sur place. Ce qui a été VRAIMENT génial, c’est que Ralph et certains autres éditeurs m’ont avoué préférer mes trois histoires courtes à l’histoire principale de l’Annual. Ralph m’a dit qu’il voulait désormais que ce soit MOI qui écrive toutes les histoires principales mais aussi les back-ups des Annuals de Daredevil. C’était une SACREE perspective pour moi !

DAREDEVIL ANNUAL 5.
Une histoire sur les Wild Boys réalisée avec Jim Lee !

Plus généralement, comment écrit-on pour un ANNUAL ? Avez-vous des restrictions ? Etes-vous en contact avec le scénariste régulier ou simplement l’éditeur ?

Réaliser des Annuals, c’est particulier… Il y a énormément de restrictions. On doit utiliser les personnages tels qu’ils sont écrits dans la série principale et on doit aussi tenir compte des évènements de la série. À moins que l’Annual ne soit destiné à réaliser des changements dramatiques sur le personnage ou la continuité, la plupart du temps il s’agit d’histoires assez oubliables. À l’époque, Marvel utilisait les annuals pour faire des crossovers. Et comme la majorité des scénaristes réguliers DETESTAIENT écrire ce genre de choses, cela donnait aux scénaristes débutants pas mal d’opportunités de percer.

Mon interlocuteur privilégié était bien évidemment l’éditeur, mais je demandais toujours leur avis aux scénaristes réguliers pour être sûr que je n’allais pas allais écrire quelque chose qui pourrait interférer avec leurs plans. Ann a toujours été adorable avec moi et proposait souvent des suggestions qui rendaient les histoires ou les personnages plus forts. Dan Chichester a eu exactement la même attitude lorsqu’il a repris le personnage.

Dans de nombreux annuals, vous avez choisi d’écrire sur les Wild Boys ou les Fat Boys, même Buschwacker. Est que ces personnages font partie de vos préférés ?

ABSOLUMENT. Les Fat Boys, les Wild Boys, Buschwacker et Ben Urich sont définitivement mes personnages préférés pour ce genre d’histoires courtes. On se moquait souvent de mon obsession pour les histoires des Fat Boys, mais le traitement d’Ann sur ces personnages me touchait particulièrement et comme elle ne les utilisait pas, j’ai continué d’écrire des histoires que je trouvais assez poignantes sur eux. Et cerise sur le gâteau après John Romita jr, j’ai eu l’honneur de travailler avec l’incroyable June Brigman.

Toujours l’annual 5 avec cette fois-ci une histoire mettant en scène les Fat Boys dessinée par John Romita jr et Klaus Janson
©Marvel Comics

Quel type de scénariste êtes-vous ? Réalisez-vous plutôt des scripts détaillés ? Ou simplement un synopsis pour que le dessinateur fasse lui-même le découpage ? Des vignettes ? Ou alors adaptez-vous votre manière d’écrire en fonction de l’artiste ?

Très bonne question. Chez Marvel, on vous apprend à écrire avec ce que j’appelle le STYLE MARVEL. Cela signifie que vous écrivez un synopsis de quelques pages à peine qui raconte toute l’histoire, divisant les scènes en plusieurs pages, parfois avec beaucoup de détails, parfois pas du tout. Et c’est à l’artiste de gérer tout le reste. Mais… les artistes n’apprécient pas toujours cette méthode… particulièrement ceux qui viennent de chez DC et qui sont habitués à avoir un script détaillé où tout est indiqué et divisé en pages et en cases. De fait, j’ai dû adapter ma manière d’écrire en fonction de l’artiste. J’ai d’abord commencé à écrire des synopsis et puis je me suis finalement retrouvé à les transformer en scripts complets car je travaillais souvent avec de nouveaux artistes qui avaient du mal à gérer les synopsis. Sans compter tous ces gars qui ne dessinaient que des pleines pages ! Je réalisais donc des scripts détaillés tout en précisant que les artistes qui étaient capables de gérer un synopsis et de diviser par eux-mêmes les scènes en planches et en cases pouvaient l’utiliser comme ils le voulaient et changer mon script s’ils avaient de meilleures idées. Le problème, c’est que réaliser un synopsis demande généralement plus de créativité de la part du dessinateur, ce qui permet souvent d’obtenir de meilleures planches. Un script complet rend parfois les artistes un peu paresseux et ils ne font pas autant d’efforts que s’ils devaient eux-mêmes réaliser la planche à partir de scripts peu détaillés. Moi j’aime bien cette idée de trouver un équilibre entre ces deux manières de faire.

La plupart du temps j’ai été assez chanceux car les artistes avec lesquels je devais travailler trouvaient toujours un compromis favorable à tout le monde. J’ai quelquefois réalisé des croquis…mais uniquement pour les dessinateurs débutants. Après, lorsque l’on travaille, par exemple, pour un comics plus léger du style Archie Comics, on n’attend des artistes que des compositions assez légères. Devoir réaliser des esquisses vous aide véritablement à comprendre comment donner plus de rythme à votre histoire et ne pas demander des choses impossibles à dessiner en raison d’un espace assez restreint.

J’ai remarqué que dans plusieurs de vos annuals, vos histoires courtes étaient liées par des références. Par exemple, on peut lire dans l’une des histoires consacrées aux Fat Boys un morceau de votre deuxième histoire sur les Wild Boys. Comment vous est venue cette idée de lier les histoires courtes d’un même annual entre elles ?

Il y a eu plusieurs séries TV et de films anthologiques qui faisaient la même chose. Et je pensais que c’était assez intéressant à réaliser. Des histoires croisées. Un exemple qui me vient en tête est le film STEPHEN KING’S CAT’S EYE. Je me suis dit que comme j’allais écrire toutes les histoires, ces dernières devaient être d’une manière ou d’une autre liées afin de faire en sorte que l’annual ne soit qu’une seule et même grande histoire. J’ai vraiment beaucoup aimé ce challenge.

DAREDEVIL ANNUAL 6 avec l’un des personnages préférés de Greg, Ben Urich. Dessins de Cam Kennedy
© Marvel Comics

Vous avez écrit toutes les histoires de l’annual numéro 6 (le crossover LIFEFORM). Même si les épisodes sont plutôt auto-contenus, avez-vous travaillé étroitement avec les autres scénaristes du crossover (Mike Baron, Peter David et Ron Marz) ?

Bizarrement, pas du tout…C’était plutôt une course de relais. Je ne suis pas certain de qui a eu l’idée en premier…mais c’était vraiment le premier annual dont j’ai réalisé l’histoire principale. En réalité, Marvel avait décidé que certains Annuals allaient être regroupés ensemble via une sorte de fil rouge. Je pouvais donc écrire tout ce que je voulais dans la mesure où je reprenais l’histoire là où Mike Baron l’avait laissée. Ensuite c’est Peter David qui reprenait l’histoire après la mienne. On avait tracé les grandes lignes, de fait on savait ce qui allait arriver dans les annuals des autres. C’était vraiment un regroupement étrange. PUNISHER et DAREDEVIL, ça fait sens, mais HULK ? Et le SURFER D’ARGENT ???

Dans l’annual DAREDEVIL numéro 7, vous avez créé (avec Jackson Guice) le personnage de CRIPPLER que vous avez encore utilisé dans l’annual 8 puis dans votre série SILVER SABLE. C’était un personnage assez étrange pour l’époque, avec un côté très « œil pour œil ». Quel était le plan de base avec le CRIPPLER ?

Je voulais réaliser une série avec CRIPPLER en tant que personnage principal. Le problème, c’est qu’il était trop sombre. Je veux dire par là que CRIPPLER est un sadomasochiste avec un sens de l’humour assez décalé et décapant. Il était extrêmement violent. Et encore plus avant que je ne l’introduise dans la série SILVER SABLE. Marvel n’était tout simplement pas prêt pour un personnage comme celui-ci dans une série mensuelle, mais on m’a laissé le droit de l’utiliser dans toutes les séries que j’écrivais. Quand on m’a demandé de faire une proposition pour la série SILVER SABLE, j’ai eu l’idée de faire en sorte que son Wild Pack soit composé uniquement de personnages uniques et non pas de soldats interchangeables. Crippler a été le premier personnage que je me suis promis d’utiliser si l’on m’offrait la série…Et c’est ce qui s’est produit !

THE CRIPPLER, une création originale qui n’a pas eu de série régulière ! Il faut dire qu’un héros SM et violent… C’est compliqué ! (DAREDEVIL ANNUAL 7, © Marvel Comics)

Dans le même annual, vous avez écrit une histoire très émouvante avec les Fat Boys, les armes et les enfants. C’est un sujet qui vous touche ?

J’ai toujours pensé que les auteurs et les artistes avaient une obligation de raconter des histoires qui pouvaient éduquer les lecteurs tout en les divertissant. J’ai une tendance à écrire sur les faits qui me touchent et que je trouve importants. Et les récits avec des personnages plus jeunes sont généralement un bon vecteur permettant de véhiculer ce genre de propos. Il y avait à l’époque trop de faits divers sur des enfants qui avaient réussi à mettre la main sur une arme à feu et qui avaient tiré sur quelqu’un, accidentellement ou pas. Et ça m’ennuyait beaucoup. Il me semblait que c’était un thème qui pouvait de plus bien coller avec les Fat Boys. Ce que je voulais, c’était réaliser une histoire avec un enfant qui prendrait une suite de mauvaises décisions qui conduiraient à une conclusion fatale. J’espérais raconter une histoire qui ferait réfléchir le lecteur, sans leur faire la morale ou leur dire quoi penser. Et puis j’ai eu la chance de travailler avec la formidable June Brigman. Elle est connue pour son travail sur PUISSANCE QUATRE, qui mettait en scène de jeunes enfants super-héros. Elle possède un réel talent pour amener de l’émotion et une sorte de réalité expressive dans les personnages qu’elle dessine. L’histoire n’aurait pas aussi bien fonctionné sans sa narration graphique et la manière dont elle a représenté les personnages.

Dans le même annual, vous avez utilisé le Baron von Strucker comme méchant de votre histoire principale. Était-ce une volonté d’introduire via ce personnage le futur run de Dan (DG) Chichester. Connaissiez-vous à l’époque les plans qu’avait Dan pour Daredevil ?

HAHAHA. C’est une histoire très drôle. Comme je l’ai dit, Dan est l’un de mes amis les plus proches. C’est moi qui l’ai engagé pour écrire la série SHIELD lorsque j’en étais l’éditeur. J’aimais ce qu’il faisait dans cette série et en plus Nick Fury est, comme Daredevil, l’un de mes personnages préférés. Ann Nocenti quittait alors la série et Dan et moi avions tous les deux fait des propositions pour reprendre le titre. Et aucun de nous ne connaissait les projets de l’autre. Et nous avons eu tous les deux, sans le savoir, la même idée pour Daredevil. Sauf que Dan avait une meilleure approche que moi à l’époque et c’est lui qui a hérité du titre. Ralph Macchio, l’éditeur, m’avait appelé pour me dire qu’il adorait ma proposition, mais qu’il préférait l’autre…celle de Dan ! Ça nous a beaucoup surpris d’apprendre que nous avions non seulement tous les deux postulé pour le titre, mais qu’en plus notre approche était assez similaire. Dan a alors demandé à ce que je continue à écrire tous les annuals. De fait, pour cet annual en particulier, nous nous sommes concertés et nous avons élaboré le crossover THE VON STRUCKER GAMBIT. J’ai écrit la première partie, Dan et moi avons écrit la deuxième dans l’annual PUNISHER et Dan a écrit tout seul la partie 3 pour l’annual CAPTAIN AMERICA. De fait, nous avions eu tous les deux l’envie de faire du Baron Von Strucker l’un des acteurs les plus puissants de l’univers Marvel. Dan et moi avions notre propre petit monde dans un coin de l’univers Marvel et nous utilisions nos propres personnages assez souvent.

Une histoire sur les armes à feu et les enfants superbement mise en images par June Brigman !
©Marvel Comics

Passons à l’annual 8 avec un personnage que vous aimez beaucoup : Deathlock, puisque vous réalisiez le scénario de la série à l’époque. En quoi l’écriture de Deathlock est différente de l’écriture de Daredevil ?

Dwayne McDuffie et moi avons cocréé le personnage de Deathlock version Michael Collins que j’ai écrite dans cet annual. Comme je présidais alors à la destinée de Deathlock, j’avais la liberté de pouvoir écrire des histoires qui pouvaient affecter le héros dans sa continuité. Contrairement à Daredevil, où j’étais obligé de l’utiliser dans sa propre continuité et de le laisser dans la position où je l’avais trouvé sans l’altérer de manière significative.

Deathlock est un personnage très différent dans l’écriture car contrairement à Daredevil, c’est un héros par défaut et un pacifiste. Son but principal est de retrouver son corps humain et de retourner dans sa famille. Comme il est coincé dans un corps cybernétique, il essaye d’empêcher les compagnies technologiques de créer d’autres cyborgs comme lui. Daredevil, d’un autre côté, cherche constamment les ennuis. Les histoires de Deathlock étaient plus orientées vers la science-fiction, tandis que Daredevil étaient plus urbaines et centrées sur les crimes.

Cet annual est un nouvel exemple de la politique de Marvel pour les annuals. Ils choisissaient un thème pour les annuals et regroupaient ensemble un groupe de séries qui n’avaient absolument rien en commun. Avec une histoire qui ne correspondait pas non plus aux personnages. Cela a commencé dans l’annual PUNISHER, continué dans DAREDEVIL, WONDER MAN puis les GARDIENS DE LA GALAXIE. Il n’y avait aucun moyen de relier ces séries entre elles. Comme j’étais coincé avec cette histoire et totalement conscient qu’un justicier aveugle ne pouvait absolument rien faire qui soit compatible avec un ordinateur, j’ai introduit dans l’histoire le personnage de Deathlock. Ce dernier faisant sens au sein d’une histoire consacrée aux virus informatiques.

DG Chichester est arrivé à produire un peu plus tard une histoire de Daredevil qui implique la technologie et qui fonctionne : TREE OF KNOWLEDGE.

DAREDEVIL ANNUAL 8 : Couverture de Joe Quesada et Al Williamson
© Marvel Comics

Dans l’annual 9, vous avez introduit le personnage du DEVOURER avec Scott McDaniel. Cette année Marvel avait décidé de créer dans chaque annual de nouveaux vilains mis en valeur par des cartes à collectionner. Quelle était votre intention avec ce personnage ? Car contrairement à d’autres de vos créations, ce dernier est plutôt lié à la magie et à la mythologie.

J’ai une réelle fascination pour l’histoire Maya et Inca. À l’époque, je lisais énormément de livres sur les dieux Mayas et j’avais vraiment envie de pouvoir les introduire dans une histoire. Et c’est cet annual qui m’en a donné l’occasion, même si ce n’est pas un personnage qui fait vraiment sens dans une histoire de Daredevil. C’est le problème de ces histoires imposées pour les Annuals, qui souvent ne collent pas vraiment avec l’ambiance du titre. D’ailleurs le personnage a mieux fonctionné dans une de mes histoires ultérieures. (L’arc FATHOM OF HUMANITY, NDT). 

Dans le même Annual, vous avez tenté quelque chose de différent avec l’histoire « ON THE CLOCK » où vous avez tenté de raconter une journée ordinaire dans la vie de Daredevil heure après heure. Comment avez-vous écrit cette histoire ?

J’ai écrit un script complet, c’est-à-dire que j’ai décrit chaque page et chaque case dans le détail. C’est l’artiste Andrew Paquette qui a décidé de réaliser les cases verticalement sans bordure…ce qui était assez audacieux à l’époque. Cela a énormément apporté à l’histoire, même si elle était pourtant scriptée dans le détail. J’aurais bien aimé travailler plus avec lui mais cela n’a jamais pu se faire.

Et puis, en plein milieu de l’arc TREE OF KNOWLEDGE, vous écrivez votre premier numéro de Daredevil, la série régulière. J’imagine que cette affectation était due au fait que l’équipe en place était en retard. Cela n’a pas dû être très facile d’écrire un épisode fill-in à l’intérieur d’une arche narrative. Je suppose que vous avez eu de nombreuses discussions avec DG Chichester sur cet épisode.

C’était un épisode assez étrange à faire… surtout parce qu’il n’y avait strictement AUCUNE raison pour DG Chichester de faire une pause…il avait énormément de temps pour écrire l’épisode. Je pense que c’est arrivé en même temps que lui et Scott McDaniel réalisaient le crossover BATMAN/DAREDEVIL…que j’ai colorié. Scott avait besoin de faire une pause pour un numéro et Dan ne voulait pas qu’un autre artiste travaille sur l’histoire avec lui. Alors il m’a demandé de faire un INTERLUDE dans lequel j’ai toutefois pu rajouter un composant supplémentaire à l’histoire principale. Dan et moi avons travaillé sur un scénario qui pourrait fonctionner sans changer ce qui avait été prévu pour la suite et que l’on pouvait facilement référencer. C’est amusant car nous avons discuté de ce numéro avec Dan il n’y a pas si longtemps car nous n’étions plus sûrs du tout de sa conception. Scott avait besoin d’une pause, mais pas Dan ! 

L’arc en cinq parties HUMANITY’S FATHOM réalisé durant la pause de DG Chichester et Scott McDaniel sur Elektra.
© Marvel Comics

Alors que Dan Chichester et Scott McDaniel réalisaient la mini série Elektra, vous avez logiquement pris la main sur la série principale avec HUMANITY’S FATHOM, une histoire en 5 parties. Dans ces numéros, vous utilisez un grand nombre de vos personnages favoris comme Buschwacker, DEVOURER et Deathlock mais aussi le roi des égoûts, créé par Frank Miller. Quel était votre but avec cette histoire ?

J’étais absolument ravi de pouvoir écrire une arche narrative complète dans DAREDEVIL. J’avais à l’époque une certaine fascination pour ces personnes qui avaient choisi de vivre sous terre dans les égouts de New York et j’avais lu de nombreux livres à leur sujet. C’était pour moi une réelle opportunité de pouvoir écrire une histoire située dans ce monde-là. De fait, le Roi des Egouts était un vilain parfait pour cette histoire. Et en plus, il était lié au Caïd à travers sa femme Vanessa : c’était parfait ! J’ai ainsi pu créer des personnages que je pensais réutiliser, ou que Dan pourrait utiliser plus tard dans la série. J’ai aussi laissé des éléments pour le retour du Caïd. Après, j’ai dû introduire dans l’histoire le personnage de Blackwulf afin de le mettre en avant pour la sortie de sa série régulière. Il n’était pas vraiment raccord avec mon histoire, mais je trouve que ça fonctionne quand-même pas mal.

Était-ce temporaire ou est-ce que cela devait durer plus longtemps ? Comment avez-vous travaillé avec l’artiste Tom Grindberg ? Etes-vous fier de cette histoire ?

Cela a toujours été pensé comme une histoire en cinq parties. J’ai adoré travailler avec Tom Grindberg. C’est moi qui ai spécifiquement demandé à ce qu’il réalise les dessins car nous cherchions depuis longtemps à faire quelque chose tous les deux. J’ai écrit pratiquement un script complet, mais Tom a pris quelques libertés concernant l’agencement des planches et la narration graphique, ce qui a rendu la collaboration encore plus forte. J’étais vraiment satisfait de cette histoire, mais cela m’a juste donné envie d’écrire encore plus d’histoires de Daredevil… mais ce n’était pas ma série, j’étais juste là pour combler un vide de cinq mois.

La dernier épisode de HUMANITY’S FATHOM avec DEATHLOCK, BUSHWACKER et THE DEVOURER, une création originale de Wright et McDaniel.
©Marvel Comics

Quelques mois plus tard, Ralph Macchio et DG Chichester ont quitté la série. Ce n’était pas ce qu’ils désiraient. Quelle a été votre réaction ?

Je ne dirais pas vraiment qu’ils ont quitté la série. Daredevil a été transféré de chez Ralph vers le bureau de Bobbie Chase lors d’une refonte de l’équipe éditoriale qui a eu lieu durant une réunion des rédacteurs en chef. Dan a été débarqué de la série au même moment sans qu’on le prévienne. Il a donc continué à écrire quelques épisodes sous le nom d’Alan Smithee. J’étais véritablement en colère de voir la série retirée des mains de Ralph et Dan sans qu’ils ne soient préalablement prévenus !

Je crois que vous avez quitté Marvel peu de temps après. Quels ont été vos travaux suivants ? Avez-vous continué à colorier des séries pour Marvel et DC ?

Je n’ai pas du tout quitté Marvel ! J’ai simplement arrêté d’écrire pour eux car les séries dont j’étais responsable, SILVER SABLE, DEATHLOCK, NICK FURY et MORBIUS étaient sur le point d’être annulées parce que Marvel considérait qu’elles ne se vendaient pas assez. Les séries étaient pourtant rentables (et leurs chiffres de vente seraient aujourd’hui considérés comme plus que corrects) mais Marvel ne voulait rien d’autre que des séries capables de vendre des centaines de milliers de numéros par épisode.

J’en ai eu aussi marre que certains éditeurs nous demandent constamment de créer de nouvelles séries simplement pour pouvoir vendre des numéros 1. Tout comme ces artistes qui refusaient d’utiliser leurs dessins pour raconter une histoire et qui se contentaient juste de réaliser des planches avec un seul dessin dessus, au point de ne plus avoir la moindre cohérence visuelle. Très souvent je me suis retrouvé à devoir réécrire des dialogues afin d’expliquer ce qui se passait car cela n’apparaissait pas sur les planches. Après quelques incidents de ce type, je me suis vraiment demandé si mon travail d’écriture n’était pas constamment gâché par le rendu final et j’ai donc décidé de me consacrer uniquement à la colorisation pour un moment.

Cela a été une très sage décision dans la mesure où l’on a commencé à m’offrir des séries importantes et que je me suis retrouvé à travailler énormément pour Marvel, DC, Dark Horse et Image. J’ai pu travailler avec Tim Sale sur de nombreux projets Batman et j’ai travaillé sur quasiment tous les crossovers DC/MARVEL ainsi que les crossovers DC/DARK HORSE. J’avais la possibilité de réellement choisir les titres sur lesquels je voulais travailler et combien je voulais en faire tous les mois. C’était un véritable rêve ! Je savais que cela n’allait pas durer éternellement mais j’ai essayé d’en faire le plus possible tant que cela durait.

La série SILVER SABLE a duré 35 épisodes avant d’être annulée
©Marvel Comics

Quels sont vos moments préférés de cette époque ? Avez-vous une histoire que vous avez particulièrement appréciée (l’une des vôtres ou de quelqu’un d’autre) durant votre travail sur Daredevil ?

J’ai vraiment beaucoup aimé l’arc FATHOMS OF HUMANITY, ainsi que mes histoires pour SILVER SABLE et DEATHLOCK. J’ai réalisé des histoires plutôt controversées et crée un nombre incroyable de personnages différents qui étaient très fun à écrire. J’ai été assez perturbé lorsque j’ai obtenu le titre NICK FURY AGENT DU SHIELD car mes instructions étaient de remettre un peu d’ordre suite au chaos qu’a causé le départ de DG Chichester du titre… mais ils ont décidé d’annuler la série avant que j’aie fini d’écrire toute l’histoire que j’avais planifiée sur une année. Je devais condenser 6 mois d’histoire en seulement 2 numéros et c’était véritablement très frustrant et pas satisfaisant du tout. Mais je suis quand même fier de ce que j’ai pu faire avec John Heebink.

Et quelle est votre activité présente ? Avez-vous quelque chose de prévu ? De futurs projets ?

Je travaille toujours dans l’industrie du comics, mais à mi-temps. Il y a quelques années, Marvel s’est débarrassé de tous ses coloristes traditionnels et a embauché des studios pour réaliser les couleurs sans même consulter les éditeurs. DC a suivi le mouvement quelques années plus tard mais nous a quand-même donné la possibilité de réaliser nos propres couleurs par ordinateur. J’ai travaillé sur NIGHTWING et quelques autres projets avant qu’ils ne choisissent de relancer NIGHTWING avec une autre équipe. Après ça, j’ai quitté les comics pendant deux ans… totalement écœuré par la manière dont j’ai été traité après tant d’années de bons et loyaux services. J’ai commencé à travailler avec des enfants qui nécessitaient des besoins particuliers à l’école et je me suis concentré sur des travaux plus confidentiels sur lesquels je pouvais véritablement donner le meilleur.

Heureusement, le lettreur Richard Starkings publiait un comics appelé ELEPHANTMEN et m’a offert l’opportunité de réaliser de nombreux numéros en tant que coloriste. C’est vraiment l’un de mes meilleurs travaux. J’ai aussi commencé à travailler sur des comics plus indépendants que j’adorais et réalisé une mini-série BANE avec Graham Nolan. Graham et moi avons travaillé sur les titres GIRLS OF DIMENSION 13, MONSTER ISLAND, ALIEN ALAMO et plus récemment THE GHOSTS OF MATECUMBE KEY ! Nous commençons à travailler sur un nouveau projet « creator owned » très bientôt. Je travaille aussi sur le retour d’un vieux personnage que j’aime profondément avec d’anciens collègues de travail. J’ai eu une carrière vraiment passionnante, avec de nombreux hauts mais aussi des bas assez dévastateurs. Mais pour l’instant, je suis toujours capable de travailler dans cette industrie avec des personnes que j’aime pour des projets où je peux donner mon meilleur.  

Une de mes musiques préférées est BIRDLAND par BUDDY RICH et son orchestre !

Je tiens à particulièrement remercier Gregory pour sa patience et sa disponibilité. En dehors d’avoir contribué à la légende de Marvel Comics durant deux décennies, c’est aussi une personne d’une gentillesse incroyable, qui m’a apporté énormément de soutien pour cette toute première interview.

24 comments

  • JP Nguyen  

    Je viens de survoler l’interview et elle semble aborder des tas de points qui intéressent un lecteur de comics de ces années-là. Je vais prendre le temps de tout lire avant de commenter davantage mais c’est une grosse interview d’un auteur pas archi-connu mais prolifique. C’est le genre d’interview qu’on peut lire dans SCARCE et c’est chouette.

    • Doop O Malley  

      Merci JP ! Il a répondu à tout et je trouve que c’est hyper intéressant sur les coulisses.

  • JB  

    Merci pour cette interview !
    Un parcours très intéressant du point de vue de la personne concernée, avec une vision de l’intérieur des bureaux EPIC et Marvel.
    J’ai bien aimé la remarque sur la volonté de coloriser ses propres histoires, afin de correspondre à sa propre vision.
    Toujours dans les petites touches d’humanités, les relations positives entre les auteur/autrice de la série principale et les scénaristes débutants dans les annuals.
    Dommage que Deathlok version Michael Collins soit relativement peu apparu en VF (à part Maximum Carnage et Beyond, où l’a-t-on vu ?), j’avais adoré sa dichotomie pacifiste/arme de guerre.
    J’avais également lu Silver Sable & the wild pack, très sympa et qui, de mémoire, s’était grosso modo arrêté après un crossover avec les autres séries de « mercenaires (Cage et Terror Inc).
    En tant que coloriste, mine de rien, Gregory Wright aura conféré une identité visuelle à Starman ou à l’ère des Midnight Sons

    • Doop O Malley  

      Oui.. Clairement, son importance a été amoindrie par la non publication de ses écrits en VF.

    • Fred le Mallrat  

      Tu as la mini originelle chez Hachette, aprés il me semble aussi que les premiers numeros de l ongoing sont dispos numériquement donc panini pourrait continuer les intégrales. Ils ont jamais dit qu’elles étaient finis (comme inhumans, BP ou recmment warlocket Nick Fury même si Fury c est un manque de disponibilité du materiel qui en est responsable et donc ca peut repartir)
      https://www.bedetheque.com/BD-Marvel-Comics-Le-meilleur-des-Super-Heros-La-collection-Hachette-Tome-92-Deathlok-371978.html

  • zen arcade  

    Impressionnante interview.
    Je mentirais si je disais que son contenu m’intéresse mais bravo à toi, Doop.

    • Doop O'Malley  

      Merci Zen. Effectivement, c’st pas le genre de truc pour toi mais j’ai vraiment eu de la chance avec cet auteur, qui a été super sympa et très encourageant ! Mauvaise nouvelle : Celle de Chichester est trois fois plus longue !!!! Ca a été un travail de dingue. Bon, j’ai eu de la chance d’avoir eu une confirmation au même moment où j’étais en train de tout relire/décortiquer dans la série. Cela m’a permis d’avoir déjà un oeil particulier sur son travail pour pouvoir préparer les questions. Et après y’a eu les réponses et … la traduction… Le temps que ça m’a pris, un truc de dingue. Non seulement faut traduire, être sûr de ne pas mal réinterpréter les propos, Réduire éventuellement les doublons. Et puis une fois que c’est fait, tu te rends compte que c’est juste pas du français. Là faut tout réecrire quasiment phrase après phrase. Un vrai métier !

      • Fred le Mallrat  

        Chichester semble souvent loquace. J avais fait des recherches récemment aprés avoir relu son Captain America/Punisher et il se livre souvent.

  • Ollieno  

    J’aime bcp ses Silver Sable qui auraient mérités plus d’exposition. (Série porté conjointement par Steven Butler, qui sera retiré de la série pour reprendre Spectacular version Clone – mais continuera les couvertures).

    Deathlock avec McDuffie était très bon, mais je ne ai toujours pas la fin du run …

    en regardant mes fichiers .. Il a aussi co-écrit (en urgence) le premier She-Hulk suite au départ de Byrne, avec Starkings (son futur employeur sur Elephant men ^^) , et mis en image par Bryan Hitch.

    Ses derniers travaux comics sont un peu plus difficiles à trouver, en dehors de Girls from Dimension 13 sortie chez Aftershock, le reste est chez Compass Comics… financement participatifs chez Indiegogo…(donc FdP hors de prix).

    Ses Propos concordent avec ce que certains autres ont put rapporter sur la période Marvel 86-93 (il aurait put charger un peu la mûle, concernant le débarquement de Ralph Macchio de ses titres, liés au fait qu’il était l’un des rares à travailler ‘bien’ avec shooter) …

    Coïncidence? sérendipité ? The Merc.. je regardais hier , la seule série New U , que je n’ai pas suivie à sa sortie, ni complétée par la suite (contrairement à Spitfire et Psi-Force) série dont je n ‘ai que 2 numéros ..et pas ce numéro 5 ^^

    (Dans 2 Ans le New U fêtera ces 40 ans et la marvel nous prépare à mon avis des trucs, surtout que les titres étaient loin d’être mauvais, même chez les 4 sacrifiés).

    • JB  

      Les « 4 sacrifiés » sont-ils les titres qui ne vont pas jusqu’à The Pitt ? Je pense à Mark Hazzard (qui a quand même droit à sa conclusion), Spitfire (recyclée dans DP7), Nightmask et Kickers Inc., ces 2 derniers occupant finalement une place prépondérante dans The Draft/The War
      Cet univers a eu un triste destin : finir avec le très mauvais crossover Starblast (incompréhensible en VF car il nécessitait d’avoir lu Quasar)…

      • Fred le Mallrat  

        En même temps il depuis été recyclé dans l univers 616 avec un Nightmask, un starbrand ou un DP7 (de memoire) 616…

      • Ollieno  

        La série est lancée avec 8 titres.
        – Starbrand (LE TITRE de shooter)
        – Nightmask
        – Justice
        – Spitfire
        – Kickers, inc (DeFalco+Frenz)
        – Merc / Marc Hazzard
        – DP7 (Le titre de Gruenwald)
        – Psi-Force

        Shooter quitte la marvel en cours d’année, et 4 des titres sont abandonnées .. pour des raisons de méventes (par forcément corroborées par les chiffres).

        4 titres sont stoppés, sans trop d’annonce (et encore moins de cérémonies) à l’épisode 12.
        – Merc, le perso est tué dans l’annual qui sort et se glisse entre les épisodes 11 et 12. (et un nouveau perso devait prendre le rôle titre).
        – Nightmask stoppé, alors que le Couple Thomas et Bagley commencaient à donner une stabilité au titre (le plus intéressant des 8 titres)
        – Kickers, Inc Après que DeFalco/Frenz aient été poussés du titre, les épisodes (majoritairement) écrits par Kavanagh et Altaville embourbent un peu la série.
        – Spitfire, seul titre ayant 13 numéros, a déjà été remaniée à mi parcours, continue de se chercher.

        Les 4 restants,
        – Starbrand est confiés à John Byrne qui pour raison de vengeance contr Shooter prend le titre phare et va détruire tout le New Univers, (la série sortira toute les 6 semaines, après avoir été passé bimestriel au départ de Shooter (l’épisode 7 est terminé par Roy Thomas). Et les 2 épisodes de Bobbie Chase deviennent un annual.
        – Gruenwald et Ryan gardent leur titre (DP7) qu’ls meneront au bout.
        – Justice après avoir été un titre « hors des clous » va être rebooté (réécriture des origines) au 15 (par Gruenwald et PaD) , ce qui donnera un super série urbaine par PaD et Lee Weeks.
        – Psi-Force reste Psi-Force, (j’ai toujours eu du mal avec le titre, même si j’ai aimé l’arrivée de Lim à l’époque sur le titre) c’est le seul titre qui montre un peu le reste du monde.

        Une fois que Byrne détruit la ville de naissance de Shooter, tout est fait pour mettre un terme à l’univers… et quand les titres passent en ‘New format’ les editeurs (ils sont 3 editors de mémoire pour 4 titres) en profitent pour insérer des back-up revenant sur les autres séries.
        The Pitt, puis The Draft, et enfin The War sont planifiés…
        – Byrne/Gruenwald/S.Buscema/Drake sur the pit, c’est pas mauvais
        – the Draft -> Gruenwald/Nicieza/Trimpe et 5 encreurs pour 45 pages de dessins ont sent déjà que c’est fait en urgence….
        – The War, ou on rappelle Doug Murray, adjoint à Tom Morgan (homme à tout faire / Fill-in marvel de l’époque ) et Paul Mounts (pour mettre de la couleur qui remplit les vides de décors) on sent que personne n’en a rien à faire ^^

        oui, Gruenwald ira dire un bonjour à ses personnages dans Quasar etle Cross Over Starblast,
        Tony Bedard ira aussi leur rendre visite avec les Exiles.
        De nouvelles histoires (one shot) seront publiés pour les 20 ans des titres. (Nightmask, Starbrand, DP7, Justice, Psi-Force) et une histoire de Kickers sera sérialisée (ainsi que pour Merc et Spitfire)…
        Warren Ellis sera mis sur le projet de relance / Reboot de l’univers après les 20 ans (abandonné car Ellis a quitté le projet de mémoire).

        Et Hickman a ramené ds versions de Starbrand et Nightmask dans l’unives 616 …

        (des reliés de certaines séries, et pas que Starbrand sont sortis depuis)

        donc en 2026, pour les 40 ans …. on peut attendre des trucs.

        • JB  

          On peut aussi mentionner les Troubleshooters de Al Ewing (principalement apparus dans son titre Ultimates 2), avec d’autres versions « 616 » de personnages du New Universe.
          Sinon, lors de Secret Wars, j’avais espéré un retour de la Shadowline Saga avec l’apparition des personnages dans Squadron Sinister.

        • Présence  

          Pour mémoire, il existe deux articles sur Star Brand sur le site, la phase Shooter et la phase Byrne :

          brucetringale.com/de-lautre-cote-de-la-fenetre-star-brand-1/

          brucetringale.com/cest-la-catastrophe-star-brand-par-john-byrne/

  • Bruce lit  

    C’est une belle leçon d’humilité que tu me donnes Doop car moi qui ose me prétendre expert en Daredevilie, voilà que je n’avais jamais entendu parler de Greg Wright.
    Bon, sans vouloir l’offenser il n’ a pas contribué à des histoires inoubliables non plus hein…mais c’est très intéressant de se plonger dans cette interview quasiment professionnelle qui nous plonge dans les coulisses de Marvel.
    J’aimerais un jour me dire qu’un jour nous sortirions un recueil de toutes nos interviews et celle-ci serait référencée. Malheureusement je me renseigne depuis des mois et il n’y aurait pas d’éditeurs qui serait preneur de ce genre d’ouvrage. Mais sait-on jamais en auto financement ?
    J’apprends que Wright a été le coloriste de ELEPHANTMEN qui m’a toujours intrigué. C’est bien ?

    • Doop O Malley  

      elephantmen j’avais trouvé ça très bon. j’ai l’intégrale mais j’ai arrêté. si je peux je reviens dessus. mais a long terme 😘. et Greg Wright tu le retrouves partout. il a fait les Avengers de Perez, le Thor de romita. starman. je suis sur que tu as des dizaines de comics de lui en fait. Merci pour les compliments.

  • Fletcher Arrowsmith  

    Salut Doop

    je passe en coup de vent (j’ai lu l’itw dans la nuit ;….).

    Très intéressant. C’est une réelle réussite pour une première itw. Comme Bruce, Greg Wright ne pas laisser de réelles souvenirs en tant que scénariste mais plus en tant que coloriste. Mais cela n’enlève rien à la qualité de son travail. Je reste impressionné de voir toutes les cordes qu’il possède à son arc.

    D’ailleurs c’est ce que j’ai apprécié dans cette proposition : tu sors des sentiers battus et on sent ton amour pour cette période mais aussi pour Marvel (et ses créateurs de l’ombre ?). En tout cas ton enthousiasme est communicatif, cela se lit 🙂

    Merci pour ce bon moment de lecture.

    • Doop O'Malley  

      Merci Fletch ! C’était vraiment sympa !

  • Jyrille  

    Je tenais juste à dire bravo à Doop pour le boulot abattu car c’est une très belle (et longue, je crois qu’elle m’a pris une grosse demi-heure de lecture) interview que voilà. Comme Zen, je ne suis pas la cible car je ne connais ni cet auteur ni tout ce que vous racontez tout au long de ces questions. Je crois que je vais tout de même rouvrir les DD que j’ai pour voir si je trouve son nom crédité ici ou là… En tout cas je suis complètement largué donc je pense que je ferais l’impasse sur l’interview de Chichester.

    Tu fais bien de rappeler tout le travail que cela t’a demandé, et je pense que tu dois être très fier de cet article (et si ce n’est pas le cas, sois-le ! 🙂 ). Souviens-toi de notre tentative de traduction de l’article MONSTER de BWS : que de questions nous nous posâmes…

    La BO : ça claque. Je n’avais aucune idée que le Buddy Rich group reprenait ce titre emblématique du Weather Report. C’est donc très tard dans les années 70 que Buddy Rich tabassait encore. Tu sais de quand date cette vidéo ? Si vous ne le saviez pas, il est considéré comme un des batteurs les plus importants ayant existé.

  • Présence  

    Très belle interview d’un scénariste dont je n’ai pas lu beaucoup d’histoires.

    Toutes les questions et les réponses m’ont parlé.

    En particulier : la manière d’adapter son script au dessinateur, la gentillesse et la générosité d’Archie Goodwin et Mark Guenwald, et les petites piques contre les dessinateurs s’économisant dans les planches, ne racontant pas l’histoire, ce qui oblige le scénariste à densifier ses cartouches et phylactères.

  • Ludovic  

    Wow ! gros morceau cet interview ! j’aime bien parce qu’il parle d’une époque de Marvel et de l’état de la production des comics d’une époque que finalement, je connais peu et que j’ai peu lue. Il faudrait que je comble un jour toutes ces lacunes !

    • Doop O'Malley  

      Les EPIC COLLECTION en VO sont là pour toi ! Moi ça m’a vraiment permis d’avoir quasiment la totalité des grandes séries de l’époque limite dans leur intégralité !

  • Eddy Vanleffe  

    interview très intéressante mais assez triste aussi.

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