Focus PAUL DINI PRÉSENTE BATMAN
Un article de TORNADO
VO : DC COMICS
VF : URBAN COMICS
PAUL DINI PRÉSENTE BATMAN est une collection en trois tomes regroupant le travail du scénariste Paul Dini sur le personnage du Caped Crusader dans les années 2006 – 2011, d’abord au sein de la série DETECTIVE COMICS (issues #821-824, 826-828, 831, 833-834, 837, 841, 843-850, 852 (et BATMAN #645)), puis d’une série limitée intitulée BATMAN : STREETS OF GOTHAM (issues #1-4, 7, 10-14, 16-21).
Dans l’ensemble, cette collection s’articule en trois parties plus ou moins distinctes. Raison pour laquelle l’article en fera de même.
À noter que le scénariste a œuvré sur d’autres récits du Batverse avec la série LES SIRÈNES DE GOTHAM (GOTHAM CITY SIRENS – 2009) et le graphic novel original DARK KNIGHT – A TRUE BATMAN STORY (2016), une itération plus ou moins autobiographique !
Auparavant, bien sûr, Paul Dini s’était illustré sur la mythique série animée des 90’s, ainsi que sa déclinaison en comics (notamment le cultissime MAD LOVE), et un peu plus tard sur une adaptation en jeu vidéo, BATMAN ARKHAM ASYLUM. Bref, un auteur important -voire mythique- au sein du Batverse.
© DC Comics
1° partie : DC COMICS : Histoires de détective !
Le titre de l’article l’annonce franchement : Paul Dini souhaite revenir aux fondamentaux en se focalisant non pas sur l’action et les tatanes, mais bien sur le travail initial du justicier en costume de chauve-souris, à savoir celui de détective !
Le scénariste nous concocte pour l’instant une suite d’épisodes autonomes, construits sous la forme de récits en un ou deux numéros maximum. Un esprit feuilletonnesque que l’on n’avait pas vu depuis longtemps si l’on excepte… la série animée, bien sûr !
Peut-être parce qu’il aime beaucoup ces personnages en particulier, et alors qu’il va mettre en scène, dans un épisode (dédié à Robin) un Joker particulièrement retord et effrayant, Paul Dini va s’appliquer à offrir une possibilité de rédemption à trois vilains. Ce sont tour à tour le Sphinx, le Pingouin et surtout Harley Quinn (rappelons que la belle est une création de notre scénariste !) qui vont ainsi apparaitre en quête d’une nouvelle chance de s’intégrer à la ville de Gotham sous un jour plus lumineux, en essayant plus ou moins de passer du bon côté…
Au rayon des reproches, j’ai pu lire que certains lecteurs avaient regretté le choix de réaliser une série d’épisodes indépendants, sans fil rouge et sans grande histoire de fond pour les relier, empêchant ainsi l’ensemble de rester marquant pour la continuité… Il est quand même affligeant de constater à quel point une grande partie du lectorat mainstream est désormais formatée par les habitudes de la politique éditoriale des comics de super-héros, où la sacro-sainte continuité, facteur factice de qualité jouant sur la notion d’événementiel, fait figure de critère d’évaluation exclusif. Le résultat est proportionnel à ce niveau d’aveuglement quand on constate que ce premier tome du run de Paul Dini va passer pour anecdotique, alors que c’est un bijou absolu, quand on va lui préférer d’autres sagas infiniment médiocres (on reparle du père Morrison ?), sur le prétexte qu’elles sont des marqueurs pour la continuité. La suite va me donner raison puisque Dini va s’attaquer à un pan non négligeable de la dite-continuité, et que ce sera nettement moins bon.
© DC Comics
Pour l’heure, cette première série d’épisodes est un éblouissant exercice de style. Des épisodes écrits et réalisés avec une classe ultime. Des récits inspirés, denses et resserrés sur un panel de concepts vraiment attractifs, où le héros se concentre sur des affaires impliquant non pas les habituels truands des ruelles sordides, mais au contraire les nantis corrompus de la haute société bling-bling de Gotham (ou quand l’inspecteur Columbo devient la référence évidente) !
Le tout, emballé façon film noir de circonstance (normal pour une histoire de détective…), est ponctué d’étonnantes fulgurances, avec des passages d’une violence ne destinant pas du tout la chose à un jeune public impressionnable !
Au niveau des protagonistes, c’est un défilé roboratif de personnages plus ou moins habituels (Catwoman, le Chapelier fou, Black Mask, Scarface, Dr Ésope, Tweedeldee & Tweedeldum) qui se télescopent avec une fluidité, une spontanéité, une truculence et un naturel devenus rares dans le giron du comic-book super-héroïque. On notera également la participation de Zatanna, autre personnage qu’affectionne Dini, à qui il prête un passé commun avec Bruce Wayne, et la possibilité d’une idylle (ainsi qu’une atmosphère « pulp » particulièrement sympathique)…
Certains épisodes peuvent prétendre trôner instantanément sur l’autel des meilleurs one-shots de l’histoire éditoriale du caped-crusader. De la vraie belle écriture, élégante et inspirée. Le top du top.
À la partie graphique, on voit se succéder J.H. Williams III (qui ne dessine hélas qu’un seul et premier épisode), Joe Benitez et surtout Don Kramer, qui livre un boulot impeccable, tout en ombres portées, ce qui est bien évidemment parfait pour ce genre d’histoire… Les couvertures sont signées Simone Bianchi.
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2° partie : Faites un maximum de bruit pour le retour de… Silence !
Où Paul Dini renonce à sa formule de récit en un ou deux épisodes pour se consacrer au retour d’un ennemi devenu culte à cause d’un comic-book devenu culte à cause d’un dessinateur culte…
Dans SILENCE, écrit par Jeph Loeb et dessiné par le maestro Jim Lee, Batman rencontrait un nouvel ennemi appelé Silence, en vérité un ami d’enfance ayant découvert la double identité de Bruce Wayne et déterminé à le faire chuter. Un événement éditorial doublonné par la résurrection de Jason Todd, le second Robin jadis assassiné par le Joker.
Tout le monde sait que dans la sacro-sainte continuité des comics de super-héros, les personnages ressuscitent et reviennent de manière chronique, pour le meilleur et pour le pire. Ainsi, il fut confié au scénariste Judd Winick, un temps aux commandes de la série Batman (vers 2005), le retour du retour de Jason Todd, devenu Red Hood. Et celui de Silence échoua donc à Paul Dini dès 2007. Dans les deux cas, les scénaristes auront un gros boulet au pied puisque le cultissime comic-book de Jeph Loeb & Jim Lee était avant tout un gros gloubiboulga particulièrement tarabiscoté, dont la fin lâchait dans la nature tous les personnages sans explication claire sur la réalité de leurs identités et de leur passé respectifs (étaient-ils morts ou vivants ? That was the question) !
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Sans surprise, Paul Dini (comme Judd Winick avec Red Hood) ne fait pas de miracle avec ce personnage. Il se lance pour le coup dans une longue saga intitulée LE CŒUR DE SILENCE. Soyons sincère : Si l’ensemble n’est pas mauvais grâce à une écriture toujours aussi fine, voire sophistiquée (il faut voir ce que fait Dini avec le thème du « cœur », décliné sous toutes ses formes), le scénariste s’enlise très vite dans le tricotage et les multiples rebondissements pour la simple raison que cet antagoniste prend ici toute la place et qu’il représente une véritable plaie en termes de script ! Difficile, en effet, de revenir sur un personnage si mal défini à la base, noyé dans une continuité complètement déglinguée à la longue ! Dini se prend donc rapidement les pieds dans les innombrables fils laissés en masse par ses prédécesseurs et fait comme il peut pour justifier le retour d’un personnage qui s’avère plus embarrassant qu’autre chose…
Pis encore : En se rattachant à la continuité, Dini est désormais obligé de se connecter à la série principale. Et alors là tout se gâte très vite puisque celle-ci est dirigée par le scénariste Grant Morrison, qui mène à ce moment-là, de front, la série BATMAN et le gigantesque crossover FINAL CRISIS. Le problème ? Si Morrison s’éclate sur FINAL CRISIS en décortiquant l’histoire éditoriale de DC Comics, il y fait mourir Batman, lequel se fait remplacer dans sa propre série par Dick Grayson dans un incommensurable bordel et une suite d’épisodes psychédéliques balancés en vrac sous acide sans aucune linéarité ! Si Morrison avait voulu punir un scénariste qu’il détestait en lui confiant une série qu’il était en train de bousiller, il ne s’y serait pas pris autrement et, donc, Paul Dini doit désormais écrire la sienne dans des conditions apocalyptiques, la moindre étant la disparition pure et simple de son personnage principal !
© DC Comics
LE CŒUR DE SILENCE s’achève donc sur un sentiment de frustration pour le lecteur. Si l’ensemble n’est pas mauvais, il est tellement inférieur à la première série d’épisodes que l’on ne peut que regretter un tel changement de cap. Et votre serviteur d’avoir envie de jeter des sceaux d’eau à la figure de tous les lecteurs qui continuent de plébisciter les comics marquants pour la continuité à coup d’événementiel factice, qui obligent les scénaristes qui écrivent tranquillement des chefs d’œuvres dans leur coin, de s’y rattacher au forceps en nivelant leur travail par le bas…
À la partie graphique, l’ensemble est illustré par Dustin Nguyen, qui est désormais installé sur la série de manière exclusive et qui s’occupe également des couvertures (qui sont très réussies et immédiatement identifiables comme étant celles de leur créateur). Son style s’est affiné et s’est légèrement « cartoonisé », au service d’une lecture fluide et d’un découpage dynamique et efficace, pour un résultat très agréable. Mais je ne transige pas : Paul Dini reste bien meilleur sur ses épisodes one-shot !
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3° partie : Tout se jouera dans la rue…
Et donc Batman est mort. Grant Morrison l’a fait mourir de manière totalement factice et WTF dans FINAL CRISIS et ménage son retour pseudo-événementiel dans une mini-série incompréhensible, insupportablement et ridiculement tarabiscotée intitulée LE RETOUR DE BRUCE WAYNE.
Pendant ce temps, Paul Dini doit continuer d’écrire son histoire sans son personnage principal et choisit donc de la déporter dans une série parallèle : STREETS OF GOTHAM.
Force est de constater que c’est un bon choix : En se focalisant sur les personnages secondaires qui hantent la ville de Gotham, le scénariste retrouve son inspiration et peut écrire de très bons petits récits en réduisant considérablement la participation du justicier en costume de chauve-souris, toujours remplacé, à l’époque, par Dick Grayson (le premier Robin). Bruce Wayne (lequel est remplacé par… Silence !) effectuera son retour dans les derniers épisodes, mais l’ensemble est clairement dédié à des personnages secondaires qui vont et viennent dans un récit à la fois très fluide, dynamique et ponctué de scènes d’une étonnante violence où le sang et les tripes se mêlent à diverses tortures et autres meurtres d’enfants (mention spéciale au personnage de Zsasz, un psychopathe particulièrement malsain et terrifiant) !
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Ici, Paul Dini mélange avec une certaine harmonie les deux styles de narration que l’on trouvait sur les deux tomes précédents en livrant, de nouveau, de petits récits ramassés sur deux ou trois épisodes, mais cette fois réunis sur le même fil rouge. Certains lecteurs ont reproché le choix de l’éditeur de ne publier que les épisodes écrits par Dini, en sautant les intermèdes réalisés par d’autres auteurs, mais personnellement je n’ai pas remarqué une sensation de manque particulier dans le déroulement du récit.
Au programme, trois histoires principales, avec tout d’abord le jeune Damian Wayne aux prises avec un trafic d’enfants destinés à se battre à mort dans des arènes clandestines le temps de quelques paris. Dini écrit un Damian beaucoup plus intéressant, humain et sensible que la version de son créateur Morrison (chez qui il est une insupportable tête à claque ambulante). On fait également la connaissance d’un personnage assez original et touchant (et pourtant casse-gueule !) nommé Abuse. Tout à fait le genre de personnage (un enfant qui se transforme en colosse, genre Shazam) qui deviendra ridicule sous la plume d’auteurs moins talentueux.
C’est ensuite au tour du Charpentier (une très jolie vilaine…) d’entrer dans la danse, le temps de trois épisodes honorables quoiqu’un poil moins palpitants, où l’antihéroïne doit se sortir d’un mauvais coup du sort (elle est employée par un autre vilain bien plus vilain, qui utilise ses services à ses dépens). Une nouvelle fois, Paul Dini semble s’appliquer à ramener un personnage plutôt négatif sous un jour plus solaire.
On termine avec un dernier récit plus ambitieux, qui va faire converger tous les fils des épisodes précédents vers une conclusion satisfaisante alors que le vrai Batman effectue enfin son retour. Paul Dini se révèle très habile en ce qu’il enrichit dans le même temps passé et continuité tout en terminant son run de manière élégante. En réunissant Batman et Silence une ultime fois, il insère de nombreux flashbacks convoquant le passé de leur famille respective, et boucle enfin l’interminable parcours de l’embarrassant vilain au visage (plus tellement) bandé… Au dessin, Dustin Nguyen reste à la barre pour le plus grand plaisir du lecteur.
Notre article est terminé. Votre serviteur recommande chaudement ces trois tomes publiés chez Urban Comics qui représentent selon lui un sommet de l’histoire éditoriale du Caped Crusader, malgré quelques fluctuances dues aux impératifs éditoriaux, à une époque où le personnage était sous l’égide du scénariste Grant Morrison. Inutile de préciser qu’avec le recul, le meilleur de cette période se trouve ici…
© DC Comics
BO : Bill Withers : LONELY TOWN, LONELY STREET
Merci pour ce marathon ! Je crois que, comme toi, je préfère le début du run et les histoires courtes, redéfinissant parfois les personnages (le nouveau Ventriloque, la rédemption de Harley Quinn), ainsi que Streets of Gotham, à l’atmosphère très noire.
Coeur de Hush a le désavantage de conclure une histoire médiocre interrompue par Infinite Crisis (une confrontation entre Batman, Hush et le Joker qui s’achevait de manière incertaine dans Batman: Gotham Knight) mais pave le chemin vers Streets of Gotham.
A mon sens, la véritable conclusion du run de Paul Dini est Gotham City Sirens, avec comme point d’orgue l’histoire où Harley infiltre Arkham pour assassiner le Joker.
Merci JB. Il me manque cette référence à GOTHAM KNIGHT (que je n’ai pas lu. Qui sont les auteurs ?) pour que mon article soit vraiment légitime, du coup.
« Coeur de Hush a le désavantage de conclure une histoire médiocre interrompue par Infinite Crisis« . J’irai même plus loin en disant que le personnage n’a été jusque-là écrit que de manière médiocre, dès le départ (et c’est pourtant un fan de Jeph Loeb qui parle !) !
Par contre j’ai lu tout l’arc sur Red Hood par Judd Winnick, que je cite au milieu, réalisé à la même époque que le run de Dini, qui a été porté aux nues par certains fans parce que ça meublait bien la continuité, mais que j’ai trouvé médiocre (au point de ne même pas avoir envie d’en écrire un article). Encore un de ces petits auteurs, dont les fans de comics mainstream juraient qu’il valait le Top du Top, et qui a fait un gros Pshit au final…
Bon, tu vas vraiment finir par me convaincre de me faire ce GOTHAM CITY SIRENS…
L’auteur de la série Batman Gotham Knights à l’époque était AJ Lieberman, sur un récit qui s’est trainé sur 2 ans (n°50 à 74) et marquait le retour de Hush après le récit de Loeb. L’histoire a été publiée en VF dans les mags de Panini Comics
Ah oui, d’accord. Le mag BATMAN de Panini : J’avais toute la collec (y compris les HS, et ensuite l’intégralité du mag SUPERMAN & BATMAN). Mais je n’ai pas tout lu (c’était très inégal, et il y avait vraiment beaucoup de choses) et j’ai fini par tout revendre (absolument TOUT). Le run de cet auteur, je l’ai zappé…
C’est très cool GOTHAM CITY SIRENS. Ce sont à nouveau des histoires courtes comme le premier tome de Paul Dini présente Batman. Sans Batman ok, mais bon…(d’ailleurs on y croise Hush. Je comprenais pas à l’époque pourquoi il était là à jouer les Bruce Wayne. Surement parce que pendant ce temps…le vrai était mort ?…)
Moi j’ai gardé que ces 2 tomes de tout ce bazar.
J’ai jamais accroché à Coeur de Silence.
Merci Tornado pour cet article plus que bienvenu ! J’ai en effet raté ça chez Urban, ou disons qu’à l’époque je n’avais pas connaissance de Paul Dini en tant qu’auteur. J’ai donc lu certaines choses ici, mais dans leurs versions d’été à bas prix et sans doute parfois incomplètes (je pense à GOTHAM CITY SIRENS, sympa malgré des dessins assez frustes). Pour cette raison, je te rejoins sur COEUR DE SILENCE. Même si j’aime bien le dessin de Dustin Nguyen, l’histoire m’a semblée poussive et sans intérêt autre que de faire perdurer un personnage peu convaincant. Ce fut une déception.
Je suis en pleine lecture du run de Tom King et je me demande si finalement, nos goûts ne divergeraient pas totalement entre Bruce, toi et moi. On le savait déjà mais j’avoue être perplexe devant tant de haine pour Morrison de ta part et pour King de la part de Bruce. Je crois qu’il va falloir que je me mette vraiment à relire le run de Momo pour en faire un article.
J’avais adoré le TRUE STORY de Dini, et beaucoup apprécié MAD LOVE, mais tout ça prend sens après avoir vu BTAS (pas encore en entier mais un bon tiers donc pour ma part). A noter que les nantis, on les voit déjà mis à mal dans YEAR ONE. Je prendrai bien le premier tome de ce triptyque maintenant, en plus y a JH Williams III…
Je suis en train de regarder, entre autres, la série ANGEL, spin-off de BUFFY, et en voyant un épisode de la première saison, je me suis mis à noter les intrigues qu’on voyait souvent dans ce genre de fiction. Et les plots « trafic d’enfants » et « destinés à se battre à mort dans des arènes clandestines » reviennent tellement souvent en fait…
Si je comprends bien ta conclusion, il n’y a en fait pas de run de Paul Dini sur Batman. Mais des épisodes complémentaires d’une autre collection (Detective Comics, la signification même de DC…), où il brille sur des épisodes courts et ramassés. C’est pas évident à suivre tout ça, merci encore pour cet article concis et habité, plein de jolies formules.
Et bien si, il y a un run de Dini. Mais c’est surtout sur les premiers épisodes (ceux du tome 1 de la collection PAUL DINI PRÉSENTE BATMAN) et sur STREETS OF GOTHAM (le tome 3). Tout l’arc du « retour de Silence » au milieu (le tome 2) est effectivement parasité par l’obligation de Dini de coller aux séries principales, de ramener le personnage casse-gueule de Silence, et de jongler entre ce qu’il veut écrire de son côté, et ce qu’écrit Morrison qui tient les reines de la série principal et de l’event du moment (FINAL CRISIS).
Je n’éprouvais pas de haine pour Morrison avant. J’étais même plutôt client (CF mes articles ici même). Mais avec le temps, j’ai fini par ne plus pouvoir supporter l’évolution de son écriture, trouvant en plus que tout ce qu’il a fait sur Batman (à partir des années 2000) est mauvais, écrit sous acide et sacrifié sur l’autel du délire arty (l’histoire est un gros portnawak, avec la mort/résurrection la plus nulle de l’histoire des comics).
Donc, le run de Dini c’est :
1 – Des épisodes courts et ramassés (effectivement), sans fil rouge autre que leur concept (Batman enquête sur les nantis qui pourissent Gotham de l’intérieur parce que « nul n’échappe à la loi » (comme dans Columbo)).
2 – Le retour de Silence : Une suite d’épisodes formant un arc assez long, handicapé par des contraintes éditoriales
3 – La série STREET OF GOTHAM, manifestement créée pour le laisser boucler son run selon ses objectifs, avec la double contrainte de mener à terme l’arc dédié à Silence entre de nouveaux épisodes courts et ramassés (effectivement – bis) et celui de mettre en scène Dick Grayson à la place de Bruce Wayne, alors qu’il avait commencé la série avec Bruce Wayne, mort et ressuscité juste au moment de boucler son run…
-> « mort et ressuscité juste au moment de boucler son run » = Je voulais plutôt dire « mort en plein milieu de son run, et ressuscité juste au moment de le boucler »…
Quand j’y pense, c’est beaucoup d’investissement financier et émotionnel pour suivre tout ça, dans toutes ses déclinaisons. Je tenterai peut-être de m’acheter ces Dini (à moins que le 2 soit totalement édité dans mon édition d’été), après tout j’ai les Tom King. Je vais aller chercher sur wikipedia tiens, voir si je relie les points correctement.
Sinon Silence revient dans le run de King, je viens de le voir dans le TPB n°7 (mais ce n’est pas scénarisé par King).
SILENCE revient surtout dans l’interminable série hebdomadaire BATMAN ETERNAL.
Bravo. Je pense tout pareil. Du bon comics bien troussé , accessible, fait avec amour du lore, du bon Batman.
100% d’accord.
Ce premier tome du run de Paul Dini va passer pour anecdotique, alors que c’est un bijou absolu : j’ai également énormément apprécié ces histoires de détective au premier degré, avec une partie graphique très solide.
Tout comme toi, Le retour de Silence ne m’a pas laissé un bon souvenir, une volonté de faire de al continuité avec un personnage creux.
Streets of Gotham : peut-être un peu mieux, mais suffisant pour que je retrouve l’enthousiasme suscité par le premier tome.
À nouveau, Paul Dini prouve son amour pour les personnages dans un récit mal équilibré qui à vouloir honorer le passé et faire avancer le présent propose un mariage de la carpe et du lapin pour 2 époques qui tirent le récit dans des sens opposés, plutôt que de se répondre. Les illustrations sont déchirées un autre type de dichotomie : entre les influences du dessin animé Batman (avec le même sens de l’épure), et un style plus noir, parfois tenté par l’abstraction d’aplats géométriques.
Ah Batman à son meilleur et ce doux souvenir qui me rappelait l’anime sur papier avec la chance que cela soit dessiné par des artistes de renom.
j’aime énormément cette première partie de run.
je les relis chaque année.
cœur de Silence était moyen pour ma part mais j’ai beaucoup aimé la fin.
merci pour ce partage qui me motive à relire cette belle série !
Bonsoir.
jolie. Je me rappelle avoir lu certains de ces épisodes et avoir en effet bien aimé l’écriture de Dini. Mais j’étais à l’époque aveuglé par la continuité ou du moins les longs récits plutôt. Je m’y remettrais bien du coup. Je suis plus convaincu par ce type de récit que ceux de Sean Murphy (désolé Cyrille).
HUSH de Loeb est un pétard mouillé. Scénaristiquement c’est assez mauvais je trouve. Toute la hype est du eux dessins de Jim Lee (qui signait là son deuxième travail pour DC, après la vente de ses personnages Wildstorm il me semble).
J’aime beaucoup Dustin Nguyen dont le style a subit une belle évolution (voir son remarquable travail avec Jeff Lemire sur DESCENDER et ASCENDER).
LA BO : très bon (je ne connaissais pas).
La BO : je ne connaissais pas ce titre, je kiffe. Va falloir que j’écoute plus de Bill Withers.
@Fletcher : si tu dois être désolé pour quelqu’un, ce sont les auteurs de WHITE KNIGHT, pas moi 😉
Ah ben quand même ! 🙂
Je suis très preneur de ce genre de run auto-contenu. Le label Tornado : des histoires adultes écrites par des adultes. Choppage obligé lors de mon prochain run à Paris.
Et merci de rappeler que Morrison écrit comme un pied.